LesVikings y débarquent vers l'an mille, établissant une colonie nomméeVinland, et une première exploration pour le compte de l'Empire britannique y est faite vers 1497 parJean Cabot, un navigateur vénitien parti deBristol. Une première colonisation est effectuée en1583 parHumphrey Gilbert avec la fondation de Saint-Jean de Terre-Neuve mais elle disparaît quelques années plus tard et la colonisation britannique attend jusqu'en 1610 pour devenir à temps plein, avec le gouverneurJohn Guy àCuper's Cove (aujourd'huiCupids) dans la baie de la Conception.
L'île se situe dans le golfe du Saint-Laurent, mais sa côte nord-est borde lamer du Labrador, une partie de l'océan Atlantique.
Les côtes de l'île de Terre-Neuve sont très irrégulières et comportent de nombreux caps, baies et péninsules. Les péninsules les plus importantes sont :
Les zones côtières, particulièrement l'Est et le Nord-Est de l'île, sont battues par les forts vents de l'Atlantique Nord et on n'y retrouve qu'une végétation basse et très rustique. En s'éloignant de la côte, on entre dans uneforêt boréale constituée principalement de conifères nordiques et parsemée de lacs, de marais et de tourbières. Le terrain est vallonneux et peu propice à la culture, sauf dans les vallées de quelques rivières où l'on retrouve de meilleures terres et un climat un peu plus clément.
La côte nord-ouest de Terre-Neuve est remarquable par son terrain escarpé, sesfjords et ses lacs entourés de hautes falaises. C'est là qu'on retrouve leparc national du Gros-Morne, l'un des sites touristiques principaux de Terre-Neuve.
Au dernier maximum glaciaire (env. 20 000 ans), Terre-Neuve est totalement couverte par les glaces venues duLabrador et labanquise s'étend jusqu'auGrands Bancs sur l'ensemble de la plate-forme continentale. Il y a 16 000 ans, le secteur des Grands Bancs, à l'est de l'île, est libéré des glaces. Vers 14 000 ans, le retrait glaciaire libère largement legolfe du Saint-Laurent et quelques petits secteurs côtiers au nord de celui-ci sur Terre-Neuve (baie de Saint-Georges). Il y a 13 000 ans, la majorité de la bordure côtière est accessible sauf sur la péninsule de Saint-John's et dans la portion où l'inlandsis joint encore le Labrador et l'archipel. Vers 12 000 ans, toutes les côtes ne sont plus englacées mais une calotte de glace couvre la majorité des terres intérieures (voir série de cartes du retrait glaciaire[1],[2]).
Ce sont donc les côtes qui ont pu être visitées saisonnièrement par les peuples autochtones pendant quelques milliers d'années à la fin de la période glaciaire. Puis la remontée duniveau marin a modifié le trait de côte et des terres précédemment libérées ont disparu. La libération des glaces et la fonte du pergélisol pour rapides qu'elles aient pu être n'a pas autorisé toutes les ressources que lesBéothuks pouvaient utiliser lors des premiers contacts par les Européens.
Le climat de Terre-Neuve est océanique à amplitude thermique relativement faible de typetempéré froid[6]. Des précipitations importantes sont enregistrées toute l'année variant de plus de 1 400 mm dans la capitale deSaint-Jean de Terre-Neuve, dans le sud-est de l'île, à 1 158 mm àCorner Brook sur la côte ouest. Laclassification de Köppen est de type Dfb[6]. Les hivers sont neigeux dans l'ouest, alors que dans l'est il y a un mélange depluie, deneige et depluie verglaçante, le tout dû à de nombreusestempêtes du Cap Hatteras. Le printemps et l'automne sont pluvieux et brumeux, alors que les étés sont frais.
Relevé météorologique de Saint-Jean de Terre-Neuve-altitude:134 m (période 1961-1990)
Terre-Neuve est relativement pauvre enmammifères, avec seulement 14espèces indigènes. Les Béotucks et Mi'kmaqs chassaient lecaribou. Depuis les quatre derniers siècles, douze espèces ont été introduites par l'Homme. Lesongulés comme lecaribou des bois (Rangifer tarandus caribou) et l'orignal (Alces americanus). La population d'élans d'Amérique (orignaux) a été introduite comme source de nourriture puis s'est développée de manière presque incontrôlée en l'absence de prédateur autre que l'Homme. On trouve toutes sortes d'animaux différents comme les caribous, les élans ou les ours noirs, d'autres comme les rats musqués, les castors et les loutres. Ou encore les renards, les lynx et les loups.
Toundra d'altitude etforêt boréale sont les deux formations végétales principales.
Leparc national du Gros-Morne héberge 711 espèces de plantes vasculaires, 401 espèces debryophytes (mousses ethépatiques) et de 400 espèces delichens soit 60 % de laflore présente sur l'île. Les côtes du parc sont composées en majorité d'épinette blanche (Picea glauca) et de sapin baumier (Abies balsamea). La plaine côtière porte de nombreusestourbières àsphaignes avec des aulnes (Alnus sp.) et des bas marais àCarex avec des mélèzes laricins (Larix laricina). Les sols humides sont également colonisés par l'épinette noire (Picea mariana) et les forêts ayant un sol plus sec par le sapin baumier.
La sarracénie pourpre (Sarracenia purpurea), plante insectivore, est la fleur choisie par lareine Victoria qui souhaitait la voir gravée sur le premier penny de Terre-Neuve. Elle figura jusqu'en 1938 sur les pièces de la province puis fut désignée commeemblème floral en 1954.
La côte sud-est, à quelques exceptions près, est inaccessible par la route. Les principales communautés de la côte sud sontBurgeo etHarbour Breton, qui sont les points de départ des navires côtiers assurant la desserte des communautés — petits villages de pêche — privées de route.
Le territoire de Terre-Neuve est totalement couvert par l'inlandsis laurentidien à l'époque où les premiers hommes traversent ledétroit de Béring. L'inlandsis s'étend jusqu'au sud des Grands Lacs américains actuels lors du maximum glaciaire (22 000 à 18 000 ansAP), c'est la dernière glaciation, laglaciation wisconsinienne (80 000 à 6 000 ansAP)[11],[12],[13]. Le front glaciaire à la fin du Wisconsinien et au début de l'Holocène amorce son retrait il y a une vingtaine de milliers d'années. La fonte de la calotte glaciaire de Terre-Neuve s'achève à l'Holocène.
Les premiers signes d'occupation de l’île datent d’environ 8 000 ans et correspondent à une culture desarchaïques maritimes, pêcheurs et chasseurs d’animaux marins jusqu'il y a 4 000 ans. Vers850 av. J.-C., les paléo-Inuits occupent l’île durant environ 700 ans. Ils sont ensuite supplantés par lescultures Dorsets et Recent Indian, possibles ancêtres desBéothuks (voir aussi Little passage).
Il existe à Terre-Neuve quelques agglomérations du peuple autochtoneMi'kmaqs, datant d'après la colonisation européenne. La plus importante est la réserve deConne River dans le Sud de l'île. La population indigène originelle de Terre-Neuve, lesBéothuks, au départ peu nombreuse, s'est officiellement éteinte en1829, pour un ensemble de raisons, dont plusieurs sont liées à la colonisation européenne.
Histoire des cultures arctiques (900-1500).
Objets béothuks (col de manteau, peigne en os),British Museum.
Représentation d'un camp béothuk.
Reconstitution archéologique de Béothuks dans un musée terre-neuvien.
Les côtes méridionales furent probablement explorées pour la première fois autour de l'an mil parLeif Erikson, fils d'Érik le Rouge,Viking d'Islande. Les Vikings du Groenland avecÞorfinnr Karlsefni tentent une colonisation de Terre-Neuve (l'avant-poste deStraumfjörðr auVinland, désignation scandinave de Terre-Neuve ou de la Nouvelle-Écosse) comme l'attestent les vestiges del'Anse aux Meadows (inscrit aupatrimoine mondial par l'Unesco) et depointe Rosée). En1014 naît Snorri, fils de Thorfinn Karlsefni, et Gudrid, sans doute le premier Européen né au Vinland.
Cette colonisation finit par échouer, lessagas scandinaves relatant des dissensions entre les colonisateurs et des conflits avec les autochtonesskrælings. L'évacuation du village a lieu quelques années plus tard. Selon les récits scandinaves, les dernières expéditions vers leVinland ont lieu auXIIe siècle. Au début duXVe siècle, les colonies vikings au Groenland disparurent à la suite, entre autres, d'un refroidissement climatique (début duPetit Âge glaciaire).
La pièce la plus significative concernant la possible découverte de Terre-Neuve par des pêcheursbretons est une charte de l'abbaye de Beauport à Paimpol, datée de1514, et qui fait état d'un litige entre les moines et les habitants de l'île deBréhat à propos de droits, établis 60 ans auparavant (donc vers1454), de dîme sur la pêche« tant à la coste de Bretaigne, la Terre-Neuffre, Islande que ailleurs »[14].
Vers1472, les rois portugaisAlphonse V et danoisChristian Ier organisent en commun une expédition pour reconnaître les anciennes routes vikings du Vinland. Parmi les capitaines de cette expédition maritime,Alvaro Martins Homem et un certainJoão Vaz Corte-Real. Les navires longent l'Irlande, naviguent au large de l'Islande, passent le long de la côte orientale du Groenland, puis auraient atteint le Labrador avant de s'engager dans l'embouchure du fleuve Saint-Laurent et contourner l'île de Terre-Neuve. Au retour, João Vaz Corte-Real fut nommé gouverneur de l'île deTerceira auxAçores, en récompense d'avoir découvert la « Terra do Bacalhao » la terre de lamorue[15].
Les marinsbasques pratiquaient également la pêche à la baleine. Le légiste bordelais E. Cleirac indique dans son livreUs et coutumes de la mer (1647), que cent ans avant Christophe Colomb, les Basques chassaient déjà la baleine, pratiquaient la pêche à la morue. Il précise que ces marins basques auraient même découvert le grand et le petit banc des morues au large de Terre-Neuve, et effectué la reconnaissance des côtes et rivages du golfe du Saint-Laurent, également cent ans environ avant les navigations de Christophe Colomb[16].
Adolphe Bellet, conseiller du commerce extérieur de la France de la fin duXIXe siècle, affirme quant à lui que les marins basques auraient découvert Terre-Neuve vers 1350, sans y établir pour autant de colonie ni de comptoir commercial, mais en fréquentant régulièrement durant deux siècles les côtes de Terre-Neuve. M. Bellet déplore cependant qu'aucune trace écrite ne permette de confirmer son affirmation. Il fallut attendre 1506 pour voir les Normands deDieppe et deHonfleur y établir leur première colonie[17].
Terre-Neuve a été pendant des siècles une grande région de pêche à lamorue. Mais, en1992, en raison de lasurpêche, les pêcheries se sont écroulées brutalement, coûtant leur emploi à 40 000 Canadiens. Cette même année, le gouvernement canadien a décrété un moratoire sur la pêche à la morue au large de Terre-Neuve dans ses eaux territoriales[18]. La pêche à la morue a été interdite dans tout le Canada atlantique le.
Les icebergs pénètrent jusque dans les rades de l'île. Depuis cinq siècles, les glaces duGroenland n'ont pas empêché les hommes d'exploiter l'aire de pêche la plus riche du monde.
Depuis des siècles, lamorue est abondamment pêchée au Canada par les populations locales, et, à partir de l'époque moderne, par les Européens (colons ou non) qui y trouvent un aliment de choix. En effet, les bancs de Terre-Neuve constituait à l'époque l'un des lieux les plus poissonneux du monde grâce à la conjonction de la rencontre des eaux froides ducourant du Labrador, des eaux chaudes de la dérive nord-atlantique (Gulf Stream) et dufleuve Saint-Laurent provoquant le brassage des eaux et la remontée du fond vers la surface des bancs de nutriments favorisant le développement demicro-organismes[19]. En 1968, cette pêche atteint des chiffres annuels records, passant de 150 000 tonnes dans les années 1940, à 810 000 tonnes. Lasurpêche entraîne le déclin de l'espèce et contraint le gouvernement à mettre en place des quotas de pêche[20]. Depuis la régulation de la pêche à la morue par les autorités canadiennes, les stocks de morues augmentent sensiblement chaque année.
La population globale de phoques du Groenland au Canada est estimé à huit millions d'individus. Selon le MPO[20] et d'autres sources scientifiques, les quelque 500 000 phoques gris seraient l'une des causes de l'incapacité des stocks de morues à remonter. Depuis les années 1960, la population de phoques gris n'a cessé d'augmenter au Canada. Elle est passée de cinq-mille dans les années 1960 à cinq-cent-mille en 2014. Ces mammifères se nourrissent en abondance de divers poissons et notamment de morues.
Lesphoques gris sont visés parPêches et Océans Canada qui les accuse d'être de grands consommateurs de morues et d'en ralentir la reconstitution des stocks, privant ainsi en partie le Canada d'une importante ressource économique. La surpêche internationale de cette ressource halieutique a certainement causé l'effondrement des stocks, mais comme un moratoire existe depuis 1992, les pêcheurs canadiens ne peuvent plus être accusés d'empêcher le retour des stocks existants.
Presque tous les Terre-Neuviens parlent l'anglais. On retrouve à Terre-Neuve une large population d'ascendance irlandaise et anglaise. Une division sociale et politique importante existait autrefois entre catholiques et protestants, mais cela n'est généralement plus le cas aujourd'hui. Sur la côte ouest, dans la région deStephenville, on trouve encore de raresîlots de langue française, parlée par les descendants depêcheurs français, souvent desterre-neuvas, qui s'y étaient installés (voirfrançais terre-neuvien).
Terre-Neuve a une riche tradition folklorique dans laquelle la musique trouve une place importante. La musique terre-neuvienne traditionnelle a une sonorité particulière, dans laquelle ressort clairement l'héritage celtique irlandais. La culture insulaire terre-neuvienne se distingue fortement de celle du reste du Canada et, à un degré un peu moindre, de celle du Labrador.
LeRMSTitanic paquebot de la White Star Line (avec pour architecteThomas Andrews), naufrage la nuit du 14 au à 2 h 20 du matin, au large de Terre-Neuve.
↑Natural Ressources Canada, « Geographic change in the glacial period », 2006[lire en ligne].
↑J. Shaw, D.J.W. Piper, G.B. Fader, E.L. King, B.J. Todd, M.J. Batterson, D.J.E. Liverman, « A conceptual model of the deglaciation of Atlantic Canada »,Quaternary Science Reviews, vol. 25, 2006, p. 2059-2081.
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↑Pierre-André Bourque (université de Laval),Planète Terre -Les glaces duPléistocène, 2010[lire en ligne]
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↑R. Penanguer, « Les Français en Amérique avant Christophe Colomb »,Journal de la Société des Américanistes, Gallica,t. 21,no 1,,p. 275-276(lire en ligne).
↑L.-H. Parias,Histoire universelle des explorations, en 4 volumes, éditions Nouvelle Librairie de France, Paris, 1959, tome 2, p. 359-361.
↑AdolpheBellet,La grande pêche de la morue à Terre-Neuve : depuis la découverte du Nouveau Monde par les Basques auXIVe siècle…, Paris, A. Challamel,,lire en ligne surGallicap. 17-29.
↑Lester R. Brown,Éco-économie, une autre croissance est possible, écologique et durable, p. 23.
↑Musée de Bretagne,Terre-Neuve, Terre-Neuvas, Musée de Bretagne - Éditions Illustria,, 167 p.,p. 49