Différents tempos sur unmétronome.Les deux premières mesures de la sonate XI deMozart (K. 331). Le tempo,Andante grazioso, est noté par Mozart avant l'invention dumétronome. L'indication complémentaire « = 120 » est une notation de l'éditeur, qui elle peut varier d'une partition à l'autre.
Enmusique, letempo (enitalien :tempo « temps » ; aupl.tempos, ou, plus rare,tempi, selon le pluriel italien), appelé aussimouvement, est la vitesse d'exécution d'uneœuvre[1] ou, plus exactement, lafréquence de lapulsation, ce battement régulier« qui sert d'étalon pour construire les différentes valeurs rythmiques[2] ». L'indication du tempo ou l'indication de mouvement, suivant l'époque musicale, peut être précisée ou non par lecompositeur sur lapartition autographe. En l'absence d'indication, on utilise l'expression« sans indication de tempo », laissant le choix de la vitesse d'exécution au libre arbitre au musicien.
Rarement précisé avant les années1600 et dans les musiques extra-européennes[3], le tempo est souvent indiqué depuis le début duXIXe siècle (avec l’invention dumétronome) en nombre de pulsations par minute ; et, moins précisément, par un terme évocateur ou descriptif, en italien dans le contexte de lamusique baroque,classique etromantique et en anglais dans le contexte dujazz.
Bien que renvoyant au même phénomène, le « tempo » se distingue en musique du « temps », qui désigne l'écoulement temporel entre deux pulsations[2]. C'est ainsi qu'un tempo rapide détermine destemps courts tandis qu'un tempo lent détermine des temps longs. Le tempo se distingue également des « temps » qui sont les unitésmétriques de la musique mesurée[4].
Le tempo échappe à une détermination rigoureuse et varie selon l'importance et la qualité de l'orchestre, au tempérament duchef d'orchestre ou de l'interprète, aux caractéristiques acoustiques de la salle, aux réactions du public[5]. Un même tempo peut sembler trop lent ou trop rapide selon l'interprète et les conditions d'audition, tout en restant tout à fait respectable les unes autant que les autres[3]. Affirmer que letempo juste est pris par l'interprète, est donc bien difficile[5].
En 1634,Girolamo Frescobaldi publie un recueil (Canzoni da sonar nouvelle édition duprimo libro, 1628) où il indique des variations de tempos selon les valeurs de note[6].
Anciennement, lepouls humain était le système de référence (entre 75/80 battements par minute)[6]. En 1806, l'invention dumétronome semble mettre un terme à l'imprécision. Mais il n'en est rien :Beethoven, pourtant enthousiaste de l'invention deMælzel, revient de nombreuses fois sur ses propres indications — laissant supposer que le métronome était défectueux ou qu'il n'avait pas testé la musique avec[3]. Par exemple pour le premier mouvement de laNeuvième symphonie, indiquant d'abord « 108 oder 120 Mælzel », incompatible avec l'indicationAllegro ma non troppo un poco maestoso, puis « 88 » qui est encore extrêmement rapide[8]. Le cas n'est pas rare, surtout si le compositeur devient l'interprète de ses œuvres[8] (par exempleCramer indiquait des tempos affolants, mais ne jouait jamais sesÉtudes à l'allure indiquée sur les partitions — qui peuvent être le fait de l'éditeur, sans clairement être indiqué[3]).
Les termes italiens (Adagio, Andante, Allegro…), apparaissent vers 1600 et donnent l'intention du compositeur et non celui du tempo[8]. Littéralement le termeAllegro signifie « joyeux »[3].
AuXVIIIe siècle, lecompositeur prend l'habitude d'indiquer le tempo par des termes italiens adéquats (voir la liste ci-dessous), dont la valeur reste toutefois trèsrelative.
Par exemple, dans l'absolu, il est extrêmement difficile de déterminer la vitesse exacte d'unandante : tout ce qu'on peut dire, c'est que cette indication renvoie à un tempo plus lent qu'unallegro, mais plus rapide qu'unlargo, etc.
Lesmétronomes mécaniques sont constitués d'unbalancier muni d'unemasse coulissante ; la position de cette masse détermine lafréquence propre et donc la période des oscillations. Le balancier est gradué par de petites encoches permettant d'indiquer la position de la masse coulissante donnant un tempo déterminé. Les encoches devant être suffisamment éloignées les unes des autres, il n'est pas possible de mettre une centaine d'encoches sur le balancier. Les graduations suivantes sont couramment utilisées :
Les tempos sont espacés de deux pulsations par minute aux faibles cadences (de 30 à 60), puis de trois (de 60 à 72), de quatre (de 72 à 120), de six (de 120 à 144), de huit (de 144 à 240) et enfin de douze (de 240 à 252).
Termes conventionnels italiens et allemands des principaux tempos
Les indications métronomiques ci-dessous sont des moyennes, ayant évolué au fil des siècles. Pour un même tempo, un compositeur peut donc choisir entre différentes appellations. Les nombres correspondent au nombre de pulsations par minute. Cette unité de référence pouvant varier selon les morceaux, elle est soit indiquée par un symbole ( blanche, noire, croche…), soit induite par lamesure (/2 : à la blanche, /4 : à la noire, /8 : à la croche…).
Les tempos de base peuvent être affinés, principalement par l'ajout d'un suffixe au terme italien (-ino,-etto,-issimo, -amente, …).
Larghissimo : superlatif deLargo, indication la plus lente de mouvement (< 40),
Grave : équivalent delargo, on trouve égalementGravemente (~ 40),
Lentissimo : très lent (< 48),
Adagissimo : et parfois le superlatifAdagiosissimo, très lent (~ 52),
Larghetto : moins lent queLargo, mais désigne surtout unLargo de petite dimension (56 - 64),
Adagietto : un peu plus rapide queadagio ouAdagio de dimension modeste (68 - 76),
Andantino : entreAndante etModerato, mais aussiAndante de petite dimension,
Vivo : s'emploie seul à la place deVivace ou pour compléter une autre indication,
Vivacissimo : le plus vite possible, complète aussi une indication précédente.
Ces indications de mouvement peuvent également être suivis d'un qualificatif indiquant le caractère du morceau (moderato, assai, molto,espressivo,grazioso, …) ou faire référence à des pièces de genre, notamment en danse (Tempo di minuetto,Tempo di valse,Tempo di mazurka, …).
Termes conventionnels anglais utilisés dans la musique jazz
De façon analogue, une accélération du tempo peut être signalée, soit par une nouvelle indication métronomique, soit par divers termes italiens, tels que :
animato (litt. « animé ») ;
accelerando (abrégé enaccel. ; litt. « en accélérant ») ;
doppio (litt. « double », c'est-à-dire le double du tempo initial) ;
Après un ralentissement ou une accélération, le retour au tempo initial peut être signalé, comme précédemment, soit par une nouvelle indication métronomique, soit par divers termes italiens, tels que :
tempo primo (abrégé enTo Io ; litt. « premier tempo ») ;
a tempo (abrégé ena To ; litt. « au tempo ») ;
lo stesso tempo ouistesso tempo (litt. « le même tempo ») ;
Il arrive que le tempo soit suspendu. C'est le cas tout d'abord lorsqu'unpoint d'orgue est placé sur (ou sous) une figure, indiquant le prolongement de ladite figure au gré de l'interprète. D'autres fois, il s'agit de la suspension du tempo de tout un passage, laquelle peut être signalée, une fois encore, par divers termes italiens ou latins, tels que :
ad libitum (abrégé enad lib., du latin « à volonté ») ;
a piacere (litt. « à plaisir ») ;
rubato (c'est-à-dire sans rigidité métronomique) ;
Lerécitatif (très employé dans l'opéra) est uneforme musicale dénuée de tempo : les valeurs musicales n'y sont qu'indicatives et l'interprète doit essayer avant tout d'imiter le rythme libre du langage parlé.