Construits par lepharaonRamsès II, (XIXe dynastie) vers 1260 av. J.-C. pour commémorer sa victoire à labataille de Qadesh, ils étaient destinés à sonculte ainsi qu'à celui dedieux égyptiens et de son épouseNéfertari. Situé à l'origine sur les collines sacrées de Méha et d'Ibshek, le chef-d'œuvrenubien deRamsès II est démonté entièrement et reconstruit plus haut, au bord du lac, sur une colline artificielle à l'abri de la montée des eaux dulac Nasser. Concrètement, la façade du temple, son intérieur, et tout le pourtour de la montagne l'abritant sont découpés en blocs, puis réassemblés en un endroit plus sûr.
Labataille de Qadesh[1] a eu lieu vers 1275 av. J.-C., en l’anV du règne deRamsès II. Elle a été menée par le pharaon dans le cadre de la poursuite de la démonstration militaire qu’avait instaurée son père, le pharaonSéthi Ier. Elle a vu s’affronter Ramsès II au roi hittiteMuwatalli. Une fois arrivés sur les terres de larégion de Syrie, lui et son armée sont victimes d’un piège. LesHittites parviennent à séparer les divisions et à les encercler. Lesbas-reliefs présents dans le grand temple relatent que, alors qu’il était complètement acculé, Ramsès II trouva un char abandonné sur le champ de bataille, s’en empara et parvint à gagner la bataille. Il graciera plus tard les deux chevaux du char qui l’avaient accompagné dans son épopée et s’en occupera personnellement.
Ramsès II lance le chantier dès le début de son règne, il tient à reprendre l’œuvre du pharaon qui lui sert de modèle,Amenhotep III, qui avait fait bâtir des sanctuaires monumentaux en hauteNubie[2]. Il souhaite ainsi renouer avec la prospérité qui régnait sous le règne de son prédécesseur, les temples doivent combler les dieux, assurer grâce au bon cycle des crues duNil la sécurité alimentaire de ses sujets.
Le petit temple consacré àNéfertari fut le premier à être découvert[Quand ?]. Quant au grand temple dédié àRamsès II, il fut découvert le 22 mars 1813 par l’historien suisseJean Louis Burckhardt. Celui-ci le découvrit par hasard, en s’éloignant quelque peu du petit temple qu’il était venu visiter. À une centaine de mètres à l’est, il aperçut la façade du grand temple à moitié ensablée qui ne laissait transparaître que le haut des quatrestatues à l’effigie deRamsès II[3]. Ce n’est que quatre ans plus tard, le, que l’explorateur italienGiovanni Battista Belzoni parvint à désensabler et ouvrir l’entrée du grand temple.
Le grand temple est unhémispéos construit à l'origine dans la colline de Méha. Il est voué auculte d'Amon, deRê, dePtah et deRamsès II déifié. À l'époque du pharaon, lors du lever de soleil des et, les rayons du soleil éclairaient lenaos au fond dusanctuaire et trois des quatre statues de la façade du temple. La quatrième statue, jamais éclairée et située à l’une des extrémités dusanctuaire, est celle dePtah, un dieu funéraire et dieu des ténèbres, devant toujours rester dans l’ombre[4]. Actuellement, depuis le déplacement du temple, les trois statues sont éclairées les et, et le naos est éclairé avec un décalage de 40 cm.
Le présidentégyptienGamal Abdel Nasser projette la construction duhaut barrage d'Assouan sur leNil afin de produire de l'électricité, d'augmenter les surfaces cultivables et d'éliminer la crue duNil en aval du barrage. L'appel à la sauvegarde des monuments de laNubie est lancé par l'UNESCO le. Ainsi naît la notion du « patrimoine universel ». Le principe essentiel est de déplacer les sanctuaires hors des lieux menacés pour les exposer à nouveau, le plus près de leur site d'origine dans la même orientation, à l'abri des eaux du futurlac Nasser[5].
La coopération internationale est mise en œuvre dès 1959 par le ministre égyptien de la CultureTharwat Okasha(en) et l'égyptologue françaiseChristiane Desroches Noblecourt qui utilisent ce patrimoine de l'Égypte pharaonique comme ambassadeur envoyé dans des expositions internationales (Washington 1961, Paris 1967) afin de collecter des fonds pour sauver les temples de Nubie[6],[7].Jean Bourgoin, ingénieur, est le chef de ce projet pour l'UNESCO. Le directeur scientifique des travaux pour le compte de l'UNESCO était l'archéologue polonais Kazimierz Michałowski du Centre d'archéologie méditerranéenne de l'Université de Varsovie.
Scène de réassemblage des colosses de la façade dugrand temple d'Abou Simbel lors du sauvetage des deux temples.
L'un des projets visant à sauver les temples d'Abou Simbel reposait sur l'idée deWilliam MacQuitty de construire un barrage d'eau douce transparente autour des temples, l'eau à l'intérieur étant maintenue à la même hauteur que le Nil. Il devait y avoir des chambres d'observation sous-marines. En 1962, l'idée a été transformée en proposition par les architectesJane Drew etMaxwell Fry et l'ingénieur civilOve Arup[8], qui considéraient que l'élévation des temples ignorait l'effet de l'érosion du grès par les vents du désert. Cependant, la proposition, bien que reconnue comme extrêmement élégante, a été rejetée.
Le chantier est commencé en[9] par une équipe multinationale d'archéologues, d'ingénieurs et d'opérateurs d'équipement lourd qualifiés travaillant ensemble sous la bannière de l'UNESCO ; il a coûté quelque quarante millions de dollars américains à l'époque (soit 300 millions de dollars en 2017). Entre 1964 et 1968, l'ensemble du site a été soigneusement découpé en grands blocs (jusqu'à trente tonnes, vingt tonnes en moyenne), démonté, soulevé et remonté à un nouvel emplacement, soixante-cinq mètres plus haut et deux-cents mètres en retrait du fleuve, dans l'un des plus grands défis d'ingénierie archéologique de l'histoire[10]. L'ensemble de la montagne n'est pas tronçonné et réassemblé dans son entièreté. Au lieu de cela, une fausse montagne vide et en béton armé est érigée, mais effectivement dissimulée par les tronçons provenant de tout autour du relief naturel original. Les temples d'Abou Simbel sont inaugurés, sur leur nouvel emplacement, en[9].
Victoire en Nubie : La Campagne internationale de sauvegarde d’Abou Simbel, de Philæ et d’autres trésors culturels, publication de l'UNESCO, 1992,(ISBN92-3-202-3830)