Pour les articles homonymes, voirTemple de Ptah.
| Nom enégyptien ancien | Hout-ka-Ptah |
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Letemple de Ptah situé àMemphis est le principaltemple égyptien voué auculte dePtah. Il portait le nom d'Hout-ka-Ptah, ce qui signifie enégyptien ancien, leChâteau du Ka[Note 1] de Ptah. Ce temple occupait la majeure partie de l'enceinte principale de la cité.
Un certain nombre d'indices permettent d'en comprendre les principaux développements sans toutefois en assurer un aspect fiable nous permettant d'en donner une restitution complète, car le site en raison de son antiquité, de son rôle dans l'histoire du pays, de son emplacement à la pointe dudelta du Nil non loin de la nouvelle capitale de l'Égypte moderne duCaire qui utilisa largement les sites de la région en tant que carrière, ne présente en effet à ce jour que de rares vestiges épars peu à peu encerclés par le développement urbain de toute la région.
Son emplacement a longtemps été perdu après la destruction de la ville auXIIIe siècle et seuls les témoignages des auteurs classiques et des chroniqueurs duMoyen Âge permettaient d'en attester l'existence et d'en apercevoir la grandeur passée. Actuellement seuls les vestiges de sasalle hypostyle et de sonpylône sont encore visibles, le reste de l'édifice n'ayant toujours pas été retrouvé car probablement enfoui sous la ville deMit-Rahineh qui s'élève de plus en plus près de la zone archéologique du site.
La salle hypostyle a été commandée sous le règne deRamsès II. Sa décoration s'est poursuivie sous le règne de son fils et successeurMérenptah comme l'attestent les dédicaces qu'il fit sculpter sur le soubassement degranite des murs de la salle.Ramsès III y rajoutera également son empreinte en y inscrivant satitulature à la suite de ses illustres ancêtres.
La salle hypostyle et le pylône furent rajoutés au temple de Ptah déjà existant et qui s'est ainsi vu agrandi sur un modèle proche dugrand temple d'Amon-Rê deKarnak, preuve de l'attention nouvelle et particulière que lesramessides portèrent à la vieille divinité memphite.
Pour restituer une image de ce complexe religieux il convient donc de consulter les descriptions d'historiens, de géographes ou de savants de l'Histoire qui ont pu visiter le site soit dans l'Antiquité, alors que le temple déjà millénaire fonctionnait encore, soit celles plus tardives des voyageurs arabes qui parcoururent ses ruines. Les premières tentatives d'identification ont été réalisées et entamées à partir duXVIe siècle. À la fin duXVIIIe siècle les savants deBonaparte ont authentifié le site et ouvert la voie aux premières explorations. Puis les fouilles archéologiques sont venues peu à peu rendre à cet héritage des traces tangibles esquissant ainsi un tableau un peu plus précis bien que certains pans entiers de l'ensemble restent encore dans l'ombre.

La grande enceinte dont le tracé a pu être relevé et certains vestiges et fondations explorés lors de différentes fouilles réalisées auXIXe siècle puis auXXe siècle, était bâtie en brique crue et dans son développement principal actuellement connu remonte à la fin de laBasse époque voire de lapériode Ptolémaïque.
Elle forme un périmètre quadrangulaire irrégulier orienté est-ouest nord-sud dont le mur oriental, le plus long côté de l'enceinte, mesurait plus de six-cents mètres de longueur. L'angle sud-ouest a été plus particulièrement étudié en raison de la présence des ruines d'un petit temple dédié àPtah-qui-est-au-sud-de-son-Mur ainsi que d'une chapelle deSéthi Ier. Le tracé présente à cet endroit la forme d'unredan et d'unetour d'angle démontrant qu'au moment de sa restauration, à la fin de l'époque pharaonique et peu de temps avant la conquête romaine, le mur adoptait probablement cette forme constituée d'une succession de larges bastions formant saillie. Ce type d'enceinte est caractéristique de l'époque et se retrouve sur d'autres grands sites contemporains le long duNil.
L'enceinte agrandie est certainement venue englober les principaux lieux de dévotion qui s'étaient établis tout autour du grand temple dePtah. Elle devait impressionner par son étendue et sa puissance et son entrée principale se trouvait au sud, le temple étant alors tourné vers l'orientation du monde selon les anciens Égyptiens. Une porte monumentale ouvrait sur la cité populeuse, riche de son passé de capitale politique du pays depuis des générations, et de sa proximité des grandes nécropoles royales de l'Ancien Empire.
Trois autres accès étaient placés aux trois autres points cardinaux et ouvraient sur les différents quartiers principaux de la ville. La zone des palais à l'est, les nécropoles à l'ouest et au nord sur la seconde grande enceinte de Memphis. L'identification de ce tracé et des principaux accès correspond à la description qu'en a faite l'historien grecHérodote qui visita le site à l'époque de la seconde invasion perse soit peu de temps avant la prise du pouvoir parAlexandre le Grand puis les Ptolémées.
Il est possible que ce tracé ait alors repris un schéma plus ancien de l'urbanisme du site. En effet, en raison de la sainteté des lieux et du rôle prépondérant que jouait le dieuPtah dans le couronnement et les jubilés royaux, cette enceinte a connu divers développements liés aux adjonctions et agrandissements réalisés par les différents pharaons qui voulaient laisser un témoignage de leur piété envers la vieille divinité memphite.
Thoutmôsis IV puis son filsAmenhotep III entament un programme architectural de vaste ampleur àMemphis, y bâtissant despropylées et reconstruisant le sanctuaire du dieu. Les traces de ces édifices indiquent que la majeure partie de ces agrandissements se situèrent à l'ouest de l'Hout-ka-Ptah, du côté du district d'Ânkh-Taouy, réputé pour ses champs cultivés qui s'étalaient jusqu'au pied du désert deSaqqarah.
L'étude du site a révélé que leNil, qui devait alors couler non loin du temple de laXVIIIe dynastie, s'est déplacé au fil des siècles vers l'est dégageant de nouvelles terres permettant un élargissement de la cité et de ses sanctuaires dans cette direction[1]. Sous lesXIXe puisXXe dynasties le grand temple dePtah s'y développa et du même coup son enceinte qui suivit les agrandissements successifs que lesRamsès commandèrent en l'honneur du grand dieu deMemphis dont le culte avait une grande importance.
Lors de laTroisième Période intermédiaire, c'est une nouvelle fois la partie occidentale dutéménos qui reçoit les attentions des pharaons desXXIe etXXIIe dynasties. Ils commandèrent à leurgrand prêtre de Ptah de nouveaux monuments et agrandirent probablement le périmètre sacré.Sheshonq Ier fait ainsi bâtir pour le temple du dieu une avant-cour, dotée de colonnades et d'un pylône, qui est baptisée leChâteau de Millions d'Années de Sheshonq, l'aimé d'Amon.
Il semble en revanche que le mur sud soit aligné sur celui de l'enceinte du palais et du temple édifiés à laXIXe dynastie parMérenptah le fils deRamsès II. Cela démontrerait alors que la limite méridionale dutéménos était donc déjà identique à cette époque encore plus ancienne de l'histoire du temple. D'autres hypothèses militent davantage pour leNouvel Empire pour des enceintes séparées qui étaient reliées entre elles par des voies processionnelles.
De telles voies ont pu être identifiées notamment au sud du site, où l'une d'elles lui est parallèle et rejoint un petit temple dédié au dieu principal deMemphis, là où l'enceinte tardive marque son angle sud-ouest. Une autre partant de la grande porte méridionale du temple, pointait probablement vers l'enceinte d'un temple dédié àHathor. Dans les années 1970, un petit temple-reposoir ou un sanctuaire d'une des formes de la déesse a été retrouvé le long de cette voie sacrée[2]. Il devait former une des étapes sur le chemin emprunté par les barques divines lors de certaines grandes processions.
L'Hout-ka-Ptah occupait alors le centre de ce complexe de temples qui habitaient littéralement la cité antique.

C'est toujoursHérodote qui nous donne le témoignage le plus éloquent de l'aspect des entrées du temple de Ptah. Selon cette évocation, au nord de l'enceinte se trouvait un grand propylée construit par un roi qu'il nomme Moéris et que la plupart des égyptologues s'accordent à identifier avecAmenemhat III de laXIIe dynastie[3].
Cette partie de l'aire sacrée dePtah correspondrait donc au développement le plus ancien du sanctuaire et de fait c'est à proximité qu'ont été découvertes des statues royales dont certaines dédiées à despharaons de l'Ancien Empire desIVe etVe dynasties. On citera pour exemple des statues deKhéphren, deMykérinos, deNiouserrê et deMenkaouhor. De petit format elles sont exposées auMusée du Caire et ont longtemps constitué les seuls portraits des pharaons de cette période jusqu'aux découvertes récentes faites enAbousir et àSaqqarah[4].
D'autres remontent auMoyen Empire ce qui, outre le fait que cela correspondrait au texte de l'historien antique, indiquerait probablement l'emplacement d'un sanctuaire dédié au culte des ancêtres du roi. On peut en effet rapprocher la découverte de ces reliques de celles retrouvées dans les temples deKarnak àThèbes[Note 2], ceux d'Abydos[Note 3], ou encore deSarabit al-Khadim dans leSinaï où précisément les souverains de laXIIe dynastie firent édifier une chapelle affectée au culte de leurs prédécesseurs sur le trône d'Horus, ornée de textes dédicatoires et de statues royales.
C'est probablement dans ce secteur qu'il conviendrait de placer les grandes stèles portant les annales historiques des dynasties dont plusieurs fragments ont été retrouvés hors contexte mais que les égyptologues identifient comme provenant deMemphis. On citera notamment la fameusepierre de Palerme qui enregistre les annales officielles depuis les premières dynasties jusqu'au règne deNéferirkarê Kakaï de laVe dynastie, dont les morceaux sont aujourd'hui dispersés entre le Musée dePalerme, leMusée du Caire etcelui de Petrie àLondres. Un autre fragment analogue a été découvert réutilisé comme soubassement d'un des grands [[Colosses de Ramsès II |colosses deRamsès II]], et enregistre cette fois les annales du règne d'Amenemhat II. La pierre est toujours sur le site dans les ruines du pylône occidental du temple dePtah qui comprend de nombreux remplois provenant de différents sites de la région et du temple même.
Dans la partie nord-est de l'enceinte les sondages deJoseph Hekekyan au milieu duXIXe siècle ont permis de mettre au jour destalatates, signe d'un remploi duNouvel Empire, pour l'édification d'une nouvelle partie du temple à l'époque ramesside. Ces petites pierres en calcaire, de format régulier, sont caractéristiques d'un édifice construit sous le règne d'Akhenaton. Elles attestent ainsi les sources qui plaçaient àMemphis un temple dédié au culte du dieuAton que les chercheurs s'accordent à placer à l'est de l'Hout-ka-Ptah, non loin du quartier palatial de la cité.
Au terme de cette aventure religieuse, sous la pression duclergé traditionnel du pays, les successeurs du pharaonréformateur, s'appliquèrent à démanteler systématiquement les temples qu'il avait fait construire dans les principales cités du pays, offrant ainsi des matériaux de remplois faciles à utiliser pour de nouveaux édifices tous consacrés aux anciennes divinités. Cette partie du temple de l'Hout-ka-Ptah devait donc dater des derniers règnes de laXVIIIe dynastie ou plus probablement des débuts de la suivante, dont les premiers pharaons,Ramsès Ier,Séthi Ier et surtout son fils le grandRamsès sont les principaux destructeurs de l'œuvre d'Akhenaton, et les grands restaurateurs deMemphis et de ses cultes.
Il se trouve une stèle àAbou Simbel queRamsès II érigea en l'honneur du dieuPtah et qui évoque les grands travaux que le roi entreprit dans l'Hout-ka-Ptah. Cette stèle datée de l'an 35 du roi, commémore le rapprochement de l'Égypte et duHatti symbolisé par le traité de paix et le mariage entre pharaon et la fille du roi hittiteHattusili,miracle que Ramsès attribue au dieu memphite[5].
C'est pour l'en remercier qu'il commande un grand programme architectural dans la cité du dieu[6]. Après avoir évoqué ces faits qui couronnent la diplomatie égyptienne, Ramsès déclare :
« Ton sanctuaire dans la ville de Memphis a été agrandi. Il a été orné par des ouvrages d'éternité et par des travaux d'exécution parfaite dans la pierre, ornés d'or et de joyaux. J'ai ordonné qu'une cour soit ouverte pour toi au nord, avec au-devant un splendide pylône. Ses portes atteignent le ciel. Le peuple fait ses offrandes et ses prières à cet endroit. J'ai construit pour toi un splendide sanctuaire à l'intérieur de l'enceinte. L'image de chaque dieu est exaltée dans ce lieu saint inaccessible. »
Au nord-ouest de l'enceinte,William Matthew Flinders Petrie identifia une porte. Selon l'archéologue cette porte était déportée à cet endroit en raison de la présence dulac de Ptah, fameux bassin évoqué par les sources anciennes sur lequel se déroulaient des processions nautiques, et qu'il situe à l'emplacement d'une dépression qui immédiatement au nord de l'enceinte de l'Hout-ka-Ptah sépare le temple de Ptah de la grande enceinte nord qui abrite letemple de Neith.
Cependant, de grands débris de colosses en granite ont été retrouvés plus au centre de l'enceinte, démontrant qu'à cet endroit se trouvait probablement un grand portail. Ils ont été d'abord repérés puis mesurés par les savants de l'expédition d'Égypte à la fin duXVIIIe siècle avant d'être embarqués pour l'Europe. Ils sont actuellement visibles auBritish Museum deLondres et témoignent de la présence d'une statue royale monumentale en position debout.
Les mesures prises permettent de restituer une œuvre monolithique d'une vingtaine de mètres de hauteur, représentant pharaon debout dans l'attitude de la marche. Ces dimensions considérables laissent imaginer la grandeur du portail nord du grand temple, même s'il est certain que la tête de ce géant dépassait largement l'élévation du monument qu'elle ornait. Elle devait être visible de loin à l'instar d'un obélisque placé au-devant d'un pylône.
Le sphinx de grande dimension au nom deRamsès II, actuellement conservé au musée de l'université de Pennsylvanie, a été mis au jour parPetrie[7] lui-même. Il atteste la présence d'undromos dans le même secteur.
C'est à proximité qu'a été découverte la dyade représentantRamsès II figuré debout au côté dePtah-Taténen[Note 4]. Les fouilles du mur nord ont ainsi révélé à cet endroit un espace de près de trente-cinq mètres de large sur onze de profondeur qui cadre bien avec les dimensions d'un grand portail. Des jambages d'une porte monumentale ainsi qu'un linteau aucartouche d'Amenemhat III[8] confirmèrent à l'archéologue qu'il venait de dégager le portail qu'avait vuHérodote. En explorant l'intérieur de l'enceinte à cet endroit, Petrie mit au jour une colonnade constituée de quatre rangées de cinq colonnes dont seules subsistent les bases de plus de quatre mètres d'épaisseur. Cette colonnade devait donc former un kiosque d'accueil dans la cour.
L'état de cette partie de l'édifice ne permet pas de donner une description plus poussée des lieux, la grande majorité des pierres en calcaire ayant déjà été prélevées. Elles n'ont laissé que d'infimes traces alors que seules restent les pierres engranite ou enquartzite inutilisables pour les carriers qui exploitèrent le site. Cette découverte démontre néanmoins que le temple dans son extension nord possédait au moins une grande porte dotée de sphinx, de statues royales et de dignitaires placées au-devant d'elle ou dans une cour, peut-être protégée par un kiosque à colonnade.

SelonHérodote, le portique oriental serait dû à un autre roi nomméAsychis dont l'identification reste incertaine[9].
Ce grand portail précédé de colosses ouvrait sur la zone des palais royaux située à l'est de la grande enceinte. Parmi les effigies royales qui se dressaient devant cette porte monumentale on compte uncolosse en granite deRamsès II mesurant plus de douze mètres de la tête du roi coiffée dupschent, orné des deux plumes deTaténen, aux pieds qui ont été fixés sur une nouvelle base surélevant encore davantage le colosse.
Retrouvée en 1854 parJoseph Hekekyan, cette statue colossale monolithique a été usurpée parRamsès IV à laXXe dynastie. Brisée en trois morceaux, elle est restée longtemps dans la palmeraie deMit-Rahineh, constituant longtemps avec l'autre colosse couché deRamsès II et le grand sphinx d'albâtre les seuls vestiges visibles de l'antique temple dePtah[10].
L'ensemble a pu être reconstitué et la statue a été officiellement transférée auCaire en 1950 afin d'orner le centre de la place face à la gare principale duCaire lui donnant ainsi le nom deMidan Ramsès. Exposé à la pollution de la mégalopole pendant un demi-siècle, leConseil suprême des Antiquités égyptiennes a décidé de transférer la statue àGizeh afin de la restaurer et d'accueillir les visiteurs du futurGrand Musée égyptien qui ouvrira ses portes en 2020 non loin descélèbres pyramides.
Ce portail oriental du temple devait donner sur une grande cour ou un parvis doté également de statues royales et de dignitaires dont plusieurs débris ont pu être retrouvés. C'est également à cet endroit qu'a été retrouvée la grande stèle d'Apriès, pharaon de laXXVIe dynastie, aujourd'hui exposée dans le musée en plein air du site. Cette stèle portait un décret du roi en faveur de l'Hout-ka-Ptah et de ses domaines, réglant les taxes et revenus du sanctuaire.
Petrie effectua une série de sondages et de fouilles selon un axe partant de l'ouest vers l'est afin de reconnaître les vestiges du temple dePtah. Le site bien que complètement bouleversé par les carriers duMoyen Âge a livré néanmoins des vestiges qui permettent de reconstituer un schéma chronologique confirmant l'ancienneté du temple. Aux niveaux les plus profonds de ces sondages, déjà baignés par les eaux de la nappe phréatique, les fouilleurs ont découvert quelques objets de l'Ancien et duMoyen Empire, comme des ustensiles en cuivre, des poteries et autres menus indices de ces hautes époques de l'occupation du site. Ils déterminèrent également le niveau des fondations du temple de laXVIIIe dynastie mettant au jour des éléments au nom d'Amenhotep III pouvant appartenir au sanctuaire du dieuPtah[11].
Un peu au nord de l'emplacement du grand colosse de granite, se trouvaient les vestiges d'un grand pylône. Les éléments découverts comme des morceaux de la corniche à gorge qui couronnait l'édifice, sont au nom deRamsès VI. De grande dimension, le monument que cette corniche ornait était imposant. Les deux blocs d'angle portant les cartouches du roi séparés par des séries de palmes stylisées sont en granite rouge d'Assouan. Cela explique leur conservation mais surtout indique le luxe des matériaux employés pour cet édifice devant lequel se dressait autrefois le [[Colosses de Ramsès II|colosse deRamsès II]].

À proximité deux tambours de colonnes en granite également ont été exhumés, vestiges probables d'une colonnade. Ils portent latitulature deRamsès II.
Tout autour des fragments statuaires de diverses époques ont été retrouvés, trait caractéristique des temples égyptiens qui dans leur partie d'accueil, outre les statues et stèles royales, étaient littéralement envahis par les offrandes des dignitaires du royaume et du peuple deMemphis.
Ces ensembles statuaires, le plus souvent constitués de statuettes, étaient fréquemment rassemblés et enterrés rituellement par les prêtres ce qui, lorsqu'on découvre une telle cachette, offre aux égyptologues un puits d'information appréciable pour le site. C'est à partir de telles découvertes fortuites auXIXe siècle que les habitants deMit-Rahineh ont pu fournir enantiquités les touristes et collectionneurs qui commencèrent à sillonner l'Égypte.
La découverte dePetrie ne provient pas de l'une de ces grandes cachettes. Ce sont bien des ex-voto mais découverts à l'emplacement même où ils avaient été dressés, non loin de la porte orientale dutéménos dePtah[12]. Plus à l'est encore, l'archéologue mit au jour un parvis dont les dépôts de fondation étaient datés du règne dePtolémée IV.
Non loin un peu plus au sud mais à l'extérieur de l'enceinte principale,Mérenptah a fait édifier son propre temple consacré àPtah ainsi qu'un vaste palais cérémoniel. Cet ensemble temple+palais précédé d'un nouveau grand portail le tout sur un axe nord-sud a été fouillé auXXe siècle. Un plan assez précis notamment de la partie palatiale en a été relevé, ce qui est rare pour cette région. Letemple de Ptah de Mérenptah lui n'a été dégagé que sur sa partie d'accueil. Il ouvrait par une grande porte orientée vers le sud qui donnait sur une cour à ciel ouvert précédant la zone des sanctuaires qui reste encore à explorer dans la partie septentrionale de l'édifice.
La plupart des éléments de cet ensemble exceptionnel se trouvent aujourd'hui au musée de l'université de Pennsylvanie ainsi qu'auMusée du Caire. À cette occasion le roi fait probablement rebâtir le mur d'enceinte des principaux sanctuaires déjà existant, mur dont un bassin à libation d'un certain Amenemhat, scribe du port de Memphis, pourrait nous donner un témoignage. Trouvé dans le sanctuaire du petit temple dePtah au sud de son Mur deRamsès II, il représente un mur crénelé, formé de bastions et deredans ornés de grandes oreilles, nous révélant un aspect très singulier de l'enceinte du temple deMemphis[13].

Selon cette hypothèse soutenue par l'égyptologueRudolf Anthes, l'enceinte et donc l'aire du temple du dieuPtah aurait alors été considérablement agrandie et aurait ainsi occupé une grande partie de la cité, englobant ou se rattachant ainsi les petites fondations de son père et grand-père[14].
D'autres égyptologues penchent eux pour des enceintes séparées mais orientées et reliées entre elles selon un point central constitué par le grand temple dePtah et son enceinte qui resta de tout temps un objet de culte populaire.
Lesurvey deMemphis réalisé à partir des années 1980 par l'Egypt Exploration Society, a confirmé par des relevés précis que le portail oriental se trouve dans l'axe de la partie occidentale du temple dePtah constituée par le grand pylône et la salle hypostyle deRamsès II[Note 5], démontrant que les deux parties étaient donc liées et appartenaient au même édifice.
Ainsi grâce à ces découvertes, il a été possible de restituer à l'est du temple dePtah un vaste portail d'accueil édifié sous lesramessides et continuellement embelli par la suite. Il précédait le temple de laXVIIIe dynastie et était constitué d'un grandpylône égyptien, construit soit entièrement en granite soit doté d'éléments de cette pierre dure importée des carrières du sud du pays. Précédé de plusieurs statues royales dont le grand colosse en granite deRamsès II, son parvis était orné d'une multitude de statues de différentes dimensions ainsi que de stèles. Cette porte donnait dans une cour à colonnade dont une partie était également en granite. Au-delà s'élevait le temple de laXVIIIe dynastie qui abritait le sanctuaire du dieu.
La partie méridionale du temple selon les descriptions et les vestiges retrouvés sur place, était l'une des plus riches en monuments et comptait les embellissements d'un roi qu'Hérodote nommeSésostris, dont les exploits et les monuments qui lui sont attribués par l'auteur permettent d'identifier àRamsès II et enfin les agrandissements réalisés parPsammétique Ier qui aurait bâti les propylées sud[15].
De fait, un grand nombre des éléments lapidaires qui forment la collection du petit musée en plein air deMemphis proviennent de ce secteur.
Le grand sphinx monolithe de Memphis a été découvert auXIXe siècle un peu au nord-est de l'emplacement du grand portail du sud à l'intérieur de l'enceinte. Il est l'un des plus grands exemples de ce genre statuaire encore présent sur son site d'origine. Datant de laXVIIIe dynastie par son style, on hésite encore à le dater précisément car il nous est parvenu anépigraphe.
Si lors de sa découverte, à l'instar du grand colosse deRamsès II, lesphinx était alors renversé et enfoui sous des mètres d'alluvions, ce qui le protégea partiellement des assauts du temps, son socle qui devait porter les inscriptions dédicatoires, plus exposé aux intempéries s'est érodé, effaçant tout indice utile pour en assurer la datation précise. Tout au plus en comparant les styles et les conventions de représentation en usage aux différentes époques, peut-on dire qu'il aurait été sculpté aux alentours du règne d'Amenhotep II ouThoutmôsis IV.
L'emplacement de sa découverte et sa taille colossale suggère qu'un monument important existait dans la partie sud-est de l'Hout-ka-Ptah.

Le colosse couché deRamsès II reste le monument principal de cette partie du temple qui nous soit parvenu et par sa qualité et sa taille il évoque à lui seul les proportions des monuments qu'il devait orner ou précéder.
Fait d'un bloc de calcaire siliceux, il mesure près de onze mètres sans compter le bas des jambes manquantes ainsi que son socle. Au contraire de nombre de statues sculptées pour d'autres souverains et qui ont été réinscrites au nom du glorieux souverain de laXIXe dynastie, le colosse de Memphis est un exemple éloquent de la maîtrise de la statuaire des ateliers royaux du règne de Ramsès. Les proportions du corps apparaissent comme harmonieuses, le visage encadré dunémès surmonté dupschent, présente des traits fins et dessinés, caractéristiques des meilleurs exemplaires de portraits connus pour le règne deRamsès II[Note 6].
Cette représentation colossale de pharaon devait probablement dominer le grand portail sud du temple dont l'aspect échappe encore aux fouilles archéologiques menées dans le secteur, ses fondations ayant été perdues. Seule la taille du colosse permet d'envisager une porte ou unpylône égyptien de plus d'une dizaine de mètres de hauteur, précédé d'un parvis sur lequel se trouvait le colosse de Ramsès.

De l'aménagement du temple au-delà de cet accès monumental, il ne reste rien de tangible aujourd'hui, le secteur étant envahi depuis longtemps par les maisons modernes de la ville deMit-Rahineh qui occupe encore à l'heure actuelle le centre de l'enceinte et interdit toutefouille pour le moment.
Selon la description d'Hérodote une grande cour suivait cette entrée monumentale. Bâtie parPsammétique Ier, elle était bordée par des portiques dont les piliers étaient ornés de colosses probablementosiriaques symbolisant la royauté du dieu dont la taille atteignait près de sept mètres de hauteur ce qui devait porter l'élévation des portiques à près d'une dizaine de mètres de hauteur. Ces portiques distribuaient chacun une partie précise du temple.
Dans la partie orientale devait donc se trouver un important monument puisque c'est dans cette zone que fut découvert le grand sphinx.
Dans la partie occidentale non seulement se trouvaient les chapelles royales deSéthi Ier et des souverains de laXXVe dynastie, mais également un édifice non moins important puisqu'il s'agit de la maison d'embaumement des taureaux sacrésApis.
Au-delà de cette comparaison entre sources historiques et découvertes archéologiques, il est impossible d'être plus précis concernant l'aspect méridional de l'Hout-ka-Ptah.

Les tables d'embaumement du taureau sacréApis ont été donc retrouvées au sud-ouest à l'intérieur de l'enceinte dans un édifice qui dans son dernier état remonte au règne deNectanébo II. Ce monument dédié aux rites de momification du dieu taureau est édifié non loin du grand temple de Ptah. Il a été fouillé à la fin duXXe siècle établissant que l'édifice existait déjà à laXXIe dynastie et qu'il fut plusieurs fois remanié par la suite notamment sous laXXVIe dynastie[16].
Ce fait semble confirmer l'écrit d'Hérodote qui nous rapporte que cette partie du temple fut aménagée sousPsammétique Ier qui
« fit faire pour Héphaïstos (Ptah), à Memphis, le portique orienté du côté du vent du sud et il fit bâtir pour Apis en face du portique, la cour dans laquelle on le nourrit une fois qu'il s'est révélé ; elle est entourée d'une colonnade et toute ornée de figures ; les colonnes y sont remplacées par des colosses hauts de douze coudées. »
L'un des cultes les plus populaires de Memphis était consacré au dieuApis, hypostase vivante dePtah incarné dans un taureau sacré. Selon la mythologie il apparaissait régulièrement enÉgypte dans un jeune taureau noir portant sur son pelage des signes distinctifs[Note 7]. Lorsque les prêtres le trouvaient, il était alors introduit officiellement dans le temple dePtah lors d'une cérémonie digne du couronnement d'un roi. Un temple-enclos lui était réservé et à cette occasion sa mère devenait elle aussi une hypostase divine, assimilée à une des formes de la déesseIsis, le suivant dans sa nouvelle vie faite de rites et d'offrandes quotidiens, de cérémonies religieuses et participant aux grandes fêtes de la cité et de la région en jouant un rôle essentiel dans le lien qui unissaitPharaon auxdieux.
À sa mort, un deuil national était décrété etApis était alors momifié selon des pratiques spéciales à la nature de sa divinité[Note 8] afin d'être inhumé en grande pompe avec tous les honneurs dus à un dieu dans la nécropole deSaqqarah.
On le conduisait d'abord dans laouâbet, c'est-à-direla place pure[Note 9], pour y être préparé avec la même opulence d'une momification réservée au roi. Le lin le plus fin était employé pour son emmaillotement et des amulettes prophylactiques et autres bijoux précieux y étaient introduits. On recouvrait sa tête d'un masque doré et les imposantsvases canopes contenant ses viscères momifiés ainsi que des centaines de statuettes funéraires ououchebti bucéphales accompagnaient la dépouille.
Une fois le temps nécessaire de préparation du corps divin révolu, un grand cortège quittait la salle d'embaumement, se dirigeait vers le grand temple dePtah, traversait la salle hypostyle et apparaissait alors par la grande porte du pylône occidental devant la foule des pèlerins venus lui rendre un dernier hommage. Le cortège se dirigeait vers les nécropoles afin de déposer le corps du dieu momifié dans untombeau spécialement aménagé pour l'accueillir.
Le fait que le monument dédié aux rites de momification du dieuApis se trouve dans la partie occidentale de l'Hout-ka-Ptah, n'est pas le fruit du hasard, l'occident représentant de tout temps pour les anciens Égyptiens le monde des morts.
Nous savons par les auteurs antiques que letemple del'Apis vivant était situé à proximité. SelonStrabon, c'est dans cette cour qu'était lâché le dieu taureau afin que les pèlerins et les dévots puissent le voir et lui faire des offrandes[17]. Selon cette même source, des combats de taureaux étaient pratiqués en son honneur dans ledromos qui menait au temple. PourStrabon le temple d'Apis est voisin de celui dePtah, ou encore« attenant au temple de Vulcain » comme le rapporteDiodore de Sicile[18]. Bien qu'aucune trace n'en a été retrouvée actuellement, il est tentant de l'imaginer en face de laouâbet, séparé par la grande cour dontHérodote nous a donné une description.

Toujours selonHérodote qui reste la principale source antique concernantMemphis, la partie occidentale du téménos remonterait quant à elle à un roi qu'il nommeRhampsinite. On peut identifier ce pharaon à unRamsès duNouvel Empire au vu des éléments de la biographie de ce roi donnée par les prêtres au visiteur grec[19].
D'autres auteurs antiques, à l'instar deStrabon, purent visiter cette partie du temple à demi profane nous laissant des descriptions enthousiastes pour ses proportions et la richesse des matériaux employés.
Le temple formait à cet endroit un nouvel axe pointant vers l'ouest, en direction du monde occidental des anciens égyptiens, c'est-à-dire du monde des morts. C'est d'ailleurs au-delà de ce mur occidental et de son portail, qu'ont été retrouvées, toujours plus à l'ouest, une nécropole duMoyen Empire, ainsi qu'une autre datant de laXXIIe dynastie. C'est également dans cette zone actuellement sous la ville moderne que se situeraient les autres temples consacrés par différents pharaons duNouvel Empire. Cette partie de la ville nomméeÂnkh-Taouy selon les sources comportait une chapelle ou un oratoire à la déesseBastet ce qui semble concorder avec la présence de monuments des souverains de la dynastie libyenne issue deBubastis.
Les ruines du pylône et de lasalle hypostyle du temple dePtah ont été repérées et relevées sur une carte pour la première fois lors de l'expédition deKarl Richard Lepsius qui visita rapidement le site en 1842, sans pousser plus loin les recherches faute de temps. Peu de temps après,Auguste Mariette à la tête du tout jeuneService des antiquités Égyptiennes procéda alors à un premier dégagement de l'ensemble, puis ses successeurs entre 1887-1888 et 1892, poursuivent les travaux permettant d'en relever les dimensions et un premier plan.
Enfin, SirWilliam Matthew Flinders Petrie entame à partir de 1907 une grande campagne de fouilles et a révélé les principaux vestiges du grand temple dePtah actuellement encore visibles. Il s'agit là des vestiges les mieux connus de l'Hout-ka-Ptah.
Situé au milieu du mur occidental de l'enceinte principale de la ville, le grandpylône du temple mesure soixante quatorze mètres soixante de largeur pour un peu plus de onze mètres d'épaisseur. En comparaison les dimensions du pylône dutemple d'Horus d'Edfou, avec ses soixante dix-neuf mètres de largeur pour trente six mètres de hauteur, laissent aisément imaginer les proportions colossales choisies parRamsès II pour orner le sanctuaire du dieuPtah.

Le témoignage d'Hérodote nous indique que ce monument était précédé de deux colosses d'une hauteur d'une douzaine de mètres[15]. De fait, les vestiges fracassés de telles statues en granite ont été retrouvés sur place et dont certaines parties gisent encore dans un sol marécageux qui a envahi l'essentiel de l'espace occupé par lasalle hypostyle auquel il donnait accès.
L'originalité de ce pylône découvert àMemphis, outre ses dimensions, réside dans le fait qu'il était ouvert en façade par trois grandes portes[Note 10] :
L'ensemble porte les titulatures deRamsès II mais également deSethnakht, fondateur de laXXe dynastie. Le passage qui traversait le massif du pylône quant à lui porte les titulatures successives deMérenptah qui lui succéda etRamsès III.

Dans cet aspect ce monumental portail d'accueil peut être ici aussi rapproché du grand pylône d'Edfou qui présente également trois portes en façade. Cependant pour ce dernier les deux portes latérales sont clairement des portes secondaires, beaucoup plus petites que la porte principale axiale, et elles ouvrent sur un couloir périphérique qui encercle le temple sur tout son pourtour. Elles sont d'ailleurs rejetées de part et d'autre des deux môles du pylône et ne présentent pas d'aménagement spécifiques, alors qu'àMemphis nous avons affaire à trois portes certes de dimensions différentes mais soigneusement aménagées et décorées.
Pour s'en donner une idée on peut davantage comparer cet édifice avec le premier pylône dutemple d'Isis dePhilæ qui présente en façade deux portes principales dénotant deux fonctions différentes liées aux parties du temple qu'elles desservaient. Les trois portes monumentales du pylône du temple dePtah devaient donc elles aussi donner accès à différentes parties spécifiques du temple.
En l'état actuel de notre connaissance de l'édifice la porte axiale donnait accès à unesalle hypostyle dont l'aménagement présente également une grande originalité.
Des débris de différentes stèles ont été retrouvées devant le pylône qu'un vaste espace précédait. Au vu des vestiges retrouvés dans ces environs il pourrait s'agir d'une cour d'assez grande dimension dans laquelle au moins un grand colosse se trouvait. Elle devait comporter une colonnade ou un kiosque constitué de colonnes palmiformes en granite, que le roi avait fait prélever d'un sanctuaire de l'Ancien Empire[Note 11]. L'une de ces colonnes monolithes est exposée au musée de l'université de Pennsylvanie, et est ornée de légendes hiéroglyphiques et de représentations deRamsès II faisant des offrandes àPtah qui est au sud de son Mur.
Du grand colosse qui ornait cette cour ou ce parvis du grand temple, seuls subsistent les bases d'un socle imposant en basalte noir sur fondation en calcaire, placé au nord ouest de l'axe principal de cette avant-cour. Ici encore les légendes hiéroglyphiques donnent latitulature deRamsès II[20].
Juste à l'ouest de ces fondations une portion d'un mur de brique a été mis au jour ainsi que les vestiges d'un monument dont les dépôts de fondation sont au nom deThoutmôsis IV. Il pourrait s'agir des traces dupylône ou de la grande porte que ce pharaon avait fait édifier pour l'Hout-ka-Ptah et dont quelques stèles nous ont conservé le souvenir. Selon ces représentations, les reliefs qui ornaient cet édifice représentent le roi devant le dieuPtah figuré dans sonnaos. Le roi coiffé de la couronne deTaténen apparaît dans l'attitude du massacre rituel des ennemis de l'Égypte[21]. Ce monument devait marquer à l'époque l'entrée de l'enceinte dutéménos dePtah[22].

C'est avec le premier relevé précis du site réalisé lors de l'expédition prussienne de 1842, dirigée parKarl Richard Lepsius que les premières ruines de l'hypostyle sont identifiées. Toutefois le plan de l'ensemble ne pouvait être rendu tant il s'agissait alors d'un amas de blocs de granite renversés pèle-mêle dans une dépression interrompant le tracé de l'enceinte de brique crue du grand temple.
Près de quarante années plus tard sous la direction cette fois deGeorges Daressy, à la suite d'une première campagne d'exploration d'Auguste Mariette, les fouilleurs dégagent l'ensemble et en donnent un premier plan mettant au jour le grand pylône qui apparut donc doté de trois portes le traversant de part en part et non d'une seule.
ÀMemphis, les deux accès latéraux donnent sur deux espaces comparables à des corridors qui sont assez vastes et suffisamment larges pour être dotés de colonnades. Ils mènent directement à la façade du temple au sol surélevé. Le temple devait donc être accessible par trois portes que des rampes desservaient.
En identifiant les murs latéraux du temple les archéologues pensèrent reconnaître qu'ils délimitaient une grande cour bordée de portiques. Dans l'axe de cette dernière trônaient douze bases de colonnes de plus grandes dimensions que celles qui entouraient la place, qui semblaient alignées en forme de « T », dessinant apparemment l'emplacement d'un imposant kiosque d'accueil précédant la façade du temple. Cette dernière était surélevée et dotée également d'un portique à dix colonnes cette fois en quartzite de Moqattam[23].
Un grand nombre de fragments de stèles, de statues, certaines parfois entières, a été mis au jour lors de ces fouilles. De cet ensemble qui ornait le temple on citera notamment les deux grandes statues figurant le dieuPtah et qui sont aujourd'hui exposées auMusée du Caire.
Une décennie plus tardWilliam Matthew Flinders Petrie mena des travaux archéologiques de grande ampleur. Poursuivant le dégagement de l'ensemble il en restitua le plan de manière plus précise, atteignant les niveaux de fondation de l'édifice et découvrant qu'il s'agissait en réalité d'une imposantesalle hypostyle qui existait là où avait été identifiée autrefois une cour à péristyles.
Cette salle présente un plan inhabituel comparé aux grandessalles hypostyles deKarnak ou duRamesséum car si elle est deplan basilical comme elles, celle du temple de Ptah possède une quadruple rangée de quatre colonnes centrales. Ce sont finalement seize colonnes, sans doute campaniformes, qui devaient soutenir à une vingtaine de mètres de hauteur le toit et permettre à la lumière de pénétrer dans la salle par des claustra aménagés dans l'espace libéré grâce au décalage de niveau formé avec les colonnes des bas côtés.
Ceux-ci constitués de trente-quatre colonnes en granite entourent cette allée centrale sur trois côtés au lieu des deux côtés latéraux comme dans les exemples thébains. Seules les bases de colonnes et les premières assises des murs subsistent et permettent de lire le plan d'ensemble et ainsi d'imaginer une restitution convaincante.
Les couloirs latéraux accessibles directement par le grand pylône comportent également des colonnades. Ils desservent la salle hypostyle par deux portes aménagées contre le pylône. Les murs de ces parties latérales comportent sur leur soubassement de granit noir latitulature deRamsès II.
On peut donc en déduire que la salle et son pylône ont été fondés dans la seconde partie du règne deRamsès II et que s'il eut le temps de l'achever comme l'affirment les inscriptions à la gloire du grand pharaon sa décoration fut poursuivie par son fils puis peut-être achevée par le troisième Ramsès, lointain successeur qui chercha en tout à ressusciter la gloire de son ancêtre.
Dernière particularité, la salle ne s'achève pas sur un second pylône ou sur un mur séparant ce grandpronaos de la zone des sanctuaires mais ouvrait sur une seconde salle à colonne, ou en tout cas une colonnade, à laquelle on accédait par un escalier car le sol de cette seconde partie du temple est surélevé. Bien qu'à partir de cet endroit le temple remonte à laXVIIIe dynastie, les colonnes portent la titulature du grand Ramsès ainsi celle deSéthi II, son petit-fils.
À l'intérieur de la salle hypostyle de nombreuses statues ont été déposées en ex-voto par les pèlerins et prêtres du dieu, ainsi que des groupes statuaires au nom deRamsès II dont certains fragments sont toujours en place sur le site. C'est donc un programme monumental qui a été commandé pour le grand temple dePtah venant compléter ou sans doute agrandir le vieux temple dePtah. Ce programme atteste bien la volonté des pharaonsramessides d'honorer le dieu deMemphis.
Aujourd'hui, à demi immergées dans un sol devenu marécageux à cause de la remontée des eaux souterraines, seules les fondations et bases de colonnes subsistent et laissent imaginer cette grandiose introduction au sanctuaire.

Du saint des saints du temple de Ptah il ne reste rien de tangible aujourd'hui. Ses vestiges ou fondations sont situés sous la palmeraie et la cité deMit-Rahineh non loin d'un canal moderne qui traverse de part en part la grande enceinte de l'Hout-ka-Ptah.
Nous pouvons toutefois nous donner une idée de sa splendeur grâce aux descriptions données par les voyageurs arabes qui visitèrent les ruines de Memphis et de son grand temple. À cette époque le site présentait encore de nombreux vestiges remarquables et c'est ainsi que plusieurs d'entre eux, parcourant ce champ de blocs renversés, décrivent une chapelle monolithe encore intacte faite d'une pierre aux reflets verts.
CetteChambre-Verte, comme se plurent à la baptiser ces chroniqueurs duMoyen Âge, avait probablement été taillée dans un bloc de basalte vert et produisait une grande impression tant par la qualité de sa pierre et des reliefs qu'elle portait, que par ses proportions. D'une hauteur de près de cinq mètres, pour une longueur de quatre et de trois en façade, ses parois étaient d'une égale épaisseur de un mètre, et l'ensemble reposait sur d'imposants blocs de fondation en granite rouge.
Voici comment l'historien arabeAhmad al-Maqrîzî décrit le monument qui se voyait encore un siècle plus tard :
« On voyait à Memphis (…) une maison de cette pierre dure de granit, sur laquelle le fer ne mord point ; elle était d'une seule pièce. On voyait dessus des figures sculptées et de l'écriture ; sur la face de la porte étaient des figures de serpents qui présentaient leur poitrail[24]. »
Nul doute que cette description correspond à celle dunaos du grand temple de l'Hout-Ka-Ptah, qu'Abdul al-Latif, médecin et non moins célèbre géographe arabe duXIIIe siècle de notre ère, décrit comme « placée dans un magnifique temple construit de grandes et énormes pierres assemblées avec la plus grande justesse et l'art le plus parfait »[25].
À l'intérieur de ce naos monolithe devait se trouver une autre chapelle de plus petite dimension abritant la statue du dieu, objet du culte du temple.
Une évocation de cette chapelle sacrée nous a probablement été transmise par une petite amulette en or trouvée sur la momie du généralOundjebaoundjed, ministre dePsousennès Ier, inhumé dans lanécropole royale de Tanis aux côtés de son maître et souverain. Ce petit bijou représente unnaos en miniature contenant une statuette du dieuPtah enlapis-lazuli. Les parois du naos sont en effet couverts de reliefs miniatures figurant des divinités tandis que le linteau de la porte est orné d'un disque solaire ailé. De chaque côté de la porte on peut voir deux colonnes en forme depilier Djed supportant deux oiseaux coiffés de disques solaires[26]. On peut y reconnaître les deux oiseauxbâ, symbolisant les âmes du dieuRê, ou encore sa progéniture les dieuxShou etTefnout qui ainsi figurés étaient associés au culte du dieuPtah. De telles représentations se retrouvent sur les grands piliers des tombes de dignitaires desXVIIIe etXIXe dynasties mises au jour àSaqqarah[27], nous livrant ainsi un témoignage précieux sur les symboles qui entouraient la divinité au plus profond de son sanctuaire memphite.
Lepilier Djed est un des symboles les plus sacrés de lamythologie égyptienne. Associé au dieuOsiris, il sera rapidement un des symboles du dieuPtah, reliant encore un peu plus ces deux divinités qui par syncrétisme avec le dieuSokaris, formaient à Memphis une seule et même divinité particulièrement honorée dans les grandes nécropoles qui s'étalent à l'horizon occidental de la cité.
Le dieuPtah est souvent représenté tenant un sceptre composite dont l'un des éléments est précisément le pilier sacré en question. Selon la tradition ce pilier était conservé dans le grand temple du dieu à Memphis etPharaon devait régulièrement s'y rendre et y pratiquer un rite connu sous le nomd'érection du djed, rite assurant la restauration de la stabilité de l'univers en même temps qu'il symbolisait la résurrection du dieu.
Lors des fouilles quePetrie effectua au début duXXe siècle, les sondages qu'il pratiqua sur un axe ouest-est à partir de la salle hypostyle du temple afin de découvrir les fondations du temple révélèrent des vestiges du sanctuaire principal du temple. Des blocs de parois sculptés dans un quartzite jaune mettant en scène la déesseSekhmet à laquelle le roi fait offrande, appartiennent à une chapelle ou une salle du sanctuaire édifiée sousAmenhotep III. Elle reposait sur un soubassement de granite rouge de la même époque.
Non loin les fouilleurs découvrirent également des fragments d'une autre chapelle au nom cette fois d'Ahmôsis II fait également de quartzite et de granite. Les parois sculptées présentent des reliefs dont un portrait du roi qui aujourd'hui est exposé aumusée d'Édimbourg enÉcosse[28].
Ce grand sanctuaire devait s'articuler avec les quatre développements du temple auxquels les quatre grands portails donnaient accès. Certains auteurs font un rapprochement direct de ce plan avec celui dutemple d'Amon-Rê deKarnak qui il est vrai présente des analogies avec celui de Ptah de Memphis[29].
On notera cependant l'absence au grand temple de Ptah de vestiges d'obélisques monumentaux, symboles solaires par excellence, qui s'ils avaient existé et en raison de leur matériau y auraient été retrouvés même brisés en morceaux[Note 12]. Pour l'Hout-ka-Ptah de grands colosses ornaient et dominaient les quatre portes principales du temple en lieu et place de ces pointes de granite. Ils indiquaient les quatre axes principaux aboutissant au sanctuaire du temple, point central du culte dePtah.
Le triple accès du pylône occidental est un autre indice du plan du sanctuaire qui devait présenter alors un naos central et principal abritant la statue du dieu Ptah, tandis que des sanctuaires secondaires devaient soit abriter celles de la famille divine que le dieu formait avecSekhmet etNéfertoum, soit des divinités avec lesquelles le dieu Ptah s'assimilait.

Les textes antiques nous informent en effet que le culte deSokaris et de sabarque sacréeHénou se trouvait dans l'Hout-ka-Ptah[Note 13]. Le sanctuaire de Sokaris à Memphis était réputé abriter l'un des tombeaux d'Osiris, celui qui conservait la tête du dieu. Ce sanctuaire était le centre de grandes cérémonies religieuses qui se déroulaient au mois deKhoiak lorsque la passion et la résurrection du dieu était jouée à travers tout le pays dans ses principaux lieux de cultes. La barque sacréeHénou, dont on trouve fréquemment des représentations dans les temples ou sur des éléments votifs consacrés au dieu dans les tombes, contenait une divinité nomméeSânkh-Ptah, c'est-à-direcelui qui vit de Ptah, divinité assimilant les dieuxPtah,Sokaris etOsiris formant une seule entité divine qui était particulièrement honorée àSaqqarah la nécropole principale deMemphis.
Elle était donc conservée dans cette partie du temple qui se nommait laShetyt de Sokar, dont les éléments principaux ont été reproduits dans les temples tardifs deDendérah et d'Edfou[30]. Cet ensemble de salles reliées entre elles était toujours placé à l'ouest du sanctuaire principal du temple. On notera àKarnak l'existence d'un autre exemple bien connu de chapelles affectées au culte de Sokaris cette fois situées au sud-ouest de l'axe principal del'Akhmenou, ou lasalle des fêtes deThoutmôsis III. Lesinscriptions hiéroglyphiques qui couvrent ces différents sanctuaires dédiés à Sokaris font clairement référence au sanctuaire de Memphis comme le lieu où ont été rassemblés les différents membres du dieuOsiris pour procéder à sa momification avec l'aide d'Anubis, d'Isis et deNephtys.
Nul doute qu'à Memphis, dans l'Hout-ka-Ptah, ce sanctuaire dédié àSokaris existait sur un plan plus développé et selon des orientations semblables. On pourrait donc restituer immédiatement au sud-ouest du sanctuaire dePtah uneShetyt de Sokar, lieu où une partie des mystères d'Osiris se déroulait.
On notera que lors des fouilles du Service des antiquités de l'Égypte à la fin duXIXe siècle, des vestiges d'une porte en grès ont été découverts à quelques dizaines de mètres au sud-est de la salle hypostyleramesside, là où primitivement s'élevait le temple. Datant de laXXVIe dynastie, l'un des montants comportaient alors encore une scène représentant un pharaon en adoration devant la grande barqueHénou[31]. Il s'agit peut-être là d'une des portes qui donnaient accès aux salles du sanctuaire deSokaris.
L'autre divinité principale à laquelle Ptah s'identifiait était le dieuTaténen.
Ancienne divinité de la région memphite, cette divinité finit par représenter l'aspect dynamique du dieu Ptah et à ce titre était étroitement lié au mythe de la création de l'univers, symbolisant laterre qui se soulève, la butte primordiale sur laquelle le dieuRê vint à l'existence pour la première fois. Cet aspect solaire du dieu Ptah est représenté par la couronne du dieuTaténen qui comportait le disque solaire encadré de deux hautes plumes. C'est également la couronne que porte le grand colosse en granite deRamsès II qui se dressait devant le portail de l'est du temple.
Ainsi il est probable que le développement oriental du grand temple dePtah était plus particulièrement consacré à ce dieu sous sa forme deTaténen, avec un sanctuaire orienté vers le soleil levant.
En 1970 puis de 1984 à 1990, desfouilles de l'Egypt Exploration Society de Londres ont repris l'exploration de la salle hypostyle et du pylône deRamsès II. C'est à cette occasion qu'ont été découverts les blocs de granite portant les annales du règne d'Amenemhat II. Depuis unsurvey est réalisé annuellement et des études stratigraphiques réalisées par sondage ont permis de mieux comprendre le développement du grand temple[32].
Ces sondages ont démontré que les couches explorées en dessous des fondations du temple situé à l'est de la salle hypostyle sont vierges de toute occupation humaine et correspondent dans leur nature sableuse au lit d'un ancien fleuve qui ne peut être dans cette région que celui duNil.
Ainsi ces résultats démontrent que, bien que reconstruite tardivement et ayant en effet abrité un grand sanctuaire dédié au dieuPtah, la grande enceinte actuellement connue suivait peu ou prou le tracé de l'enceinte du temple ramesside, probablement fondé parSéthi Ier puis magistralement développé par son filsRamsès. Cet agrandissement du sanctuaire dePtah a été rendu possible par le déplacement du cours duNil vers l'est. De nouvelles terres vierges ainsi dégagées étaient particulièrement propices à la fondation d'un nouveau monument. Pour ce faire Ramsès utilisa les vestiges d'édifices plus anciens tombés en désuétudes ou malmenés par l'histoire du pays et puisa largement ses matériaux de construction sur le site de Memphis même, mais également deSaqqarah.
Ces remplois massifs d'anciens monuments pour les nouvelles constructions du règne sont caractéristiques des débuts de l'ère ramesside.
En effet, à la suite de la chute de la dynastie des thoutmôsides,Horemheb puis les premiers ramessides se sont attachés à Memphis comme dans les principales cités de l'Égypte à effacer les cicatrices de l'expérience religieuse d'Akhenaton, démantelant systématiquement ses édifices et les réutilisant dans les fondations et la maçonnerie des monuments qu'ils restaurèrent ou créèrent pour réaffirmer la prépondérance des anciens cultes du pays.
Nous savons par des sources de cette époque qu'un temple deNeb-Maât-Rê uni à Ptah existait à Memphis, et un temple d'Aton y est également attesté. De fait des blocs retrouvés dans la grande enceinte de Memphis peuvent indiquer l'existence, à l'emplacement de la salle hypostyle de laXIXe dynastie, d'un tel édifice de l'époque d'Amenhotep III, lui-même probablement transformé par la suite parAkhenaton en un temple dédié au culte du dieu solaire uniqueAton. Cela expliquerait les découvertes de nombreux vestiges aux noms de ces deux pharaons de laXVIIIe dynastie, qui n'ont pu être rattachés à un contexte archéologique précis en dehors de leur remploi dans des monuments ultérieurs construits eux sur un sol vierge.
Ainsi il apparaît de plus en plus certain que la grande enceinte actuellement connue et les monuments qu'elle abritait, édifices sans cesse embellis par les pharaons qui suivront la fin duNouvel Empire, ne remontent pas aux temps les plus reculés de l'histoire du pays au contraire de la version donnée par les prêtres àHérodote et que la plupart des égyptologues ont cherché à vérifier sur le site.
Cette étude indiquerait ainsi que le temple dePtah des époques précédentes et notamment de laXVIIIe dynastie est donc à rechercher ailleurs, et les dépôts de fondations au nom deThoutmôsis IV découverts à l'ouest du grand pylône deRamsès II sont un sérieux indice pour cette identification. Des fouilles de grandes envergures sont aujourd'hui impossible car l'emplacement théorique de ce temple est recouvert aujourd'hui par les habitations de la petite ville deMit-Rahineh.
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