Enpsychologie traditionnelle, letempérament est une sorte de fondement de lapersonnalité, considéré souvent commehéréditaire. Au cours de l'histoire, des auteurs ont classifié les tempéraments humains en divers types caractéristiques. En médecine grecque antique,Hippocrate puisGalien proposent unethéorie des quatre tempéraments sur les caractères autour de quatre tempéraments basés sur les fluides corporaux dithumeurs : sanguin, colérique, mélancolique et flegmatique.
Les Grecs de l'antiquité s'interrogeaient sur les principes constituant toute choses. La plupart considéraient que tout ce qui existe dans la nature est constitué de quatre éléments ou principes que sont l'air, la terre, le feu et l'eau[1].
Hippocrate (v. 460-v. 370av. J.-C.), en particulier dans "De la nature de l'homme"[2], effectue une classification des troubles mentaux en relation avec ces quatre éléments à qui il associe quatrehumeurs (fluides corporaux): le sang, la bile noire, la bile jaune et le flegme correspondant ainsi àquatre tempéraments qui sont respectivement le sanguin, le mélancolique, le colérique et le flegmatique. Selon lui, la différence entre les individus est liée à la prédominance de l'un de ces quatre tempéraments[3]. Il réunit ainsi les maladies de l'âme et du corps, les maladies sont physiques, et ainsi il participe à démystifier la maladie mentale, qui était jusque-là, plutôt liée à des manifestations démoniaques.
« Le corps de l’homme a en lui sang, pituite, bile jaune et noire ; c’est là ce qui en constitue la nature et ce qui y crée la maladie et la santé. Il y a essentiellement santé quand ces principes sont dans un juste rapport de crase, de force et de quantité, et que le mélange en est parfait ; il y a maladie quand un de ces principes est soit en défaut soit en excès, ou, s’isolant dans le corps, n’est pas combiné avec tout le reste. »
En 1929, le psychiatre allemandErnst Kretschmer estimait qu'une théorie complète des tempéraments devrait englober, en plus d'observations sur le caractère, les différentes données d'observations cliniques : la corpulence, la gestuelle et le rythme du système végétatif[5].
« Le philosophe françaisFouillée fut l'un des premiers à donner une base scientifique à la théorie classique des tempéraments. Se fondant sur la notion d'assimilation qui est l'une des plus profondes caractéristiques de la vie, Fouillée expose avec une grande clarté qu'un organisme peut être le siège soit d'une assimilation prépondérante, c'est-à-dire d'une intégration ou processus anabolique, soit, au contraire, d'une désassimilation ou désintégration dominante, déterminant un processus catabolique . »[6] La conception de l'anabolisme et du catabolisme appliquée au tempérament se retrouvera ensuite chez Allendy et chez Pende.
Approfondissement de la notion avec Thomas et Chess
Les études plus récentes ont mené à une autre définition du mot « tempérament ». Ce dernier fait référence à la façon innée avec laquelle une personne interagit et répond à son environnement[7]. Dès les premiers jours de la naissance, il est possible d’identifier des styles de réponses propres à l’enfant[8]. Thomas et Chess ont commencé desétudes longitudinales[Quoi ?] aux années 1950 qui ont contribué au développement du concept du tempérament[8].
Ils ont proposé une définition du tempérament selon neuf caractéristiques différentes[9]:
le niveau d’activité (la proportion des périodes d’activité aux périodes d’inactivité)
l’adaptabilité (la facilité avec laquelle l’enfant s’adapte à son environnement et aux changements)
l’approche/retrait (la réponse de l’enfant face à un nouvel objet, environnement ou individu)
la durée et persistance de l’attention (le temps consacré à une activité et l’effet des distractions)
la distractibilité (le degré avec lequel des stimuli externes affectent le comportement de l’enfant)
l’intensité des réactions émotionnelles (le niveau d’énergie de la réponse positive ou négative de l’enfant)
la qualité de l’humeur (la quantité de comportements agréables par rapport aux comportements désagréables)
la rythmicité (la régularité des fonctions biologiques telles que l’appétit, le sommeil et l’excrétion)
le seuil de réceptivité (l’intensité des stimuli requis pour susciter une réponse de l’enfant)
Selon les réponses de l’enfant pour chacune des caractéristiques décrites précédemment, trois types de tempérament peuvent être identifiés : facile, lent à démarrer(slow to warm up) ou difficile[10] (voir Tableau 1). Un enfant dit « facile » est généralement de bonne humeur, calme et s’adapte facilement aux changements. L’enfant qui est « lent à démarrer » fait preuve d’une certaine résistance passive face aux nouveautés, présente peu de réactions intenses et s’adapte lentement aux changements. Un enfant dit « difficile » est généralement de mauvaise humeur et réagit vigoureusement et négativement aux changements. Il est à noter que ces trois types de tempérament serviraient à décrire des tendances générales puisqu’une minorité d’enfants présentent toutes les caractéristiques d’un type en particulier (Zeanah & Fox, 2004). Considéré inné et dépendant de facteurs génétiques, le tempérament de l’enfant est stable mais peut être modifié par son environnement social et physique[7].
Tableau 1
Profil des 3 types de tempérament selon Thomas et Chess[10].
« Je dis en effet que l’homme n’est absolument ni air, ni feu, ni eau, ni terre, ni telle autre substance dont l’existence n’est pas manifeste dans le corps. Mais laissons dire là-dessus ce que l’on veut ; toutefois ceux qui soutiennent de telles opinions ne me paraissent pas avoir des notions positives. Ils ont tous même idée, mais n’arrivent pas au même terme et n’en tiennent pas moins même raisonnement. Ils disent que ce qui est un, étant à la fois l’un et le tout ; mais ils cessent de s’entendre sur les noms : suivant l’un l’air est à la fois l’un et le tout, suivant l’autre c’est le feu, suivant un autre l’eau, suivant un autre la terre, et chacun appuie son raisonnement de témoignages et d’arguments qui sont sans valeur. »
« Le corps de l’homme a en lui sang, pituite, bile jaune et noire ; c’est là ce qui en constitue la nature et ce qui y crée la maladie et la santé. Il y a essentiellement santé quand ces principes sont dans un juste rapport de crase, de force et de quantité ... »
↑a etbM. Maziade, « Le tempérament de l’enfant, les différences individuelles et les forces environnementales »,Santé mentale au Québec,vol. 8,no 2,,p. 61-67