Leslangues officielles du Tchad sont l'arabe et lefrançais, et plus d'unecentaine de langues sont parlées sur le territoire national, qui abrite plus de 200 groupes ethniques différents. Le Tchad est un payslaïc où laliberté religieuse est garantie par la loi ; l'islam (55,3 %) et le christianisme (40,6 %) sont les deux principales religions pratiquées.
Le Tchad est l'un des plus grands pays enclavés du monde, à la fois dans le centre et le Nord de l'Afrique. Il couvre une superficie de 1 284 000 kilomètres carrés[9], située entre les latitudes 7° et 24° N, et les longitudes 13° et 24° E. Par sa superficie, il est classévingt-et-unième plus grand pays du monde, et le cinquième du continent africain. Il est légèrement plus grand que d'autres pays de labande sahélienne tels que leNiger ou leMali, mais plus petit que leSoudan.
Au nord du Tchad, on retrouve laLibye. À l'est, se trouve le Soudan. À l'ouest, le Tchad est limitrophe avec leNiger, leNigeria et leCameroun. Enfin, au sud, les frontières tchadiennes sont ouvertes sur laRépublique centrafricaine.
Géomorphologie, climat et répartition de la population
Le Tchad compte19,32 millions d'habitants en 2023, avec un tchadien sur huit vivant dans la capitale,N'Djaména. Cette ville, la plus grande du pays, est à 1 700 km du port maritime le plus proche, qui est àDouala, auCameroun[10]. En partie en raison de cette distance de la mer et du climat largementdésertique du pays, le Tchad est un pays de faible densité humaine. Il connaît pourtant d'importants contrastes, et notamment trois grandes zones, aux limites variables en fonction des saisons, jusqu'à parfois même engendrer une quatrième zone.
Le centre du pays est constitué par un plateau, profondément creusé par lesvallées de deuxcours d'eau, leLogone et leChari, les principaux cours d'eau du pays qui se jettent dans lelac Tchad depuis le sud-est. Ces deux systèmes fluviaux prennent leur source dans les hauts plateaux pluvieux de laRépublique centrafricaine et duCameroun, des régions qui reçoivent plus de 1 250 millimètres de précipitations par an. Alimenté par des rivières de la République centrafricaine, ainsi que par les rivièresBahr Salamat,Bahr Aouk etBahr Sara du sud-est du Tchad, le fleuve Chari est long d'environ 1 200 kilomètres. Depuis ses origines près de la ville deSarh, le cours moyen du Chari se fraie un chemin à travers un terrainmarécageux ; le cours inférieur du Chari est rejoint par la rivière Logone près de N'Djaména. La rivièreLogone est formée par des affluents provenant du Cameroun et de la République centrafricaine. Plus court et plus petit en volume que le Chari, il coule vers le nord-est sur 960 kilomètres ; son volume varie de cinq à quatre-vingt-cinq mètres cubes par seconde. À N'Djaména, le Logone se jette dans le Chari, et les deux cours d'eau combinés s'écoulent ensemble sur trente kilomètres à travers un large delta et dans le lac Tchad. À la fin de la saison des pluies, en automne, le fleuve déborde de son lit et crée une immense plaine d'inondation dans ledelta[11].
Dans une rue de Mao (Tchad), le 17 avril 2012.
Le tiers nord du pays fait partie du désert duSahara, qui occupe une immense place, séparant ainsi physiquement les populations du Nord du Tchad avec celles du Sud. Il y pleut rarement et de manière peu régulière avec des précipitations de moins de200 millimètres par an. Le climat est rude et peu propice à l'agriculture. La densité est très faible, avec environ 1 habitant au km2[12]. Le Sahara tchadien est en fait un large bassin délimité à l’est par leplateau de l'Ennedi et au nord par les montagnes duTibesti. Ce dernier, près de la frontière avec laLibye et difficilement accessible, est un massif volcanique de près de 75 000 km2, dans lequel culmine le volcanEmi Koussi qui se situe à 3 415 mètres d'altitude et constitue le plus haut sommet du pays[13]. Dans l'Est, on trouve l'Ennedi, un plateau culminant à 1 450 mètres[14].
Le Sud, enfin, est une région plate et très argileuse, en raison de la couverture sédimentaire formée par l'érosion des roches enclimat tropical. Lorsqu'il pleut, en été et en automne, cette région tropicale se transforme en un immense marécage qui engendre une impossibilité de circuler, notamment entre le Logone et le Chari et dans leSalamat. Le fleuve Chari est deux fois plus grand que lors de la saison sèche. La végétation y est foisonnante. En moyenne, c'est ici, dans le Sud-Ouest, que les densités de population sont les plus élevées.
Selon leDictionnaire de l'origine des noms et surnoms des pays africains d'Arol Ketchiemen, le Tchad est surnommé « le cœur mort de l'Afrique », en raison de son enclavement au centre du continent et de son climat particulièrement désertique[19].
Préservation des espaces naturels et de la vie sauvage
Ladéforestation intensive et la destruction des espaces naturels ont entraîné la perte d'arbres tels que les acacias, lesbaobabs, lesdattiers et lespalmiers. Cela a également causé la perte d'habitat naturel pour de nombreux animaux sauvages. Les populations d'animaux sauvages comme les lions, les léopards et les rhinocéros ont considérablement diminué depuis lesannées 1980. C'est essentiellement dû à la présence humaine et à ses activités de chasse et d'élevage, qui entrent en contradiction avec l'intérêt de long terme de la préservation des espaces naturels. Des missions de sensibilisation et de formation des populations locales ont été organisées par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture afin d'associer aux efforts internationaux de développement durable les agriculteurs, les agro-éleveurs et les éleveurs tchadiens présents sur place, notamment au sein duparc national de Zakouma[24].
Autre menace pesant sur lafaune et laflore tchadiennes : ladésertification. Dans le cadre de l'effort national de conservation des espaces verts, plus de 2 000 000 arbres[25] ont été replantés pour freiner l'avancée du désert, ce qui a par ailleurs un impact positif sur l'économie locale grâce à l'exploitation des arbres fruitiers et des forêts d'acacias, qui permettent de produire de lagomme arabique.
Le, à l'occasion du sommet « Défi climatique et solutions africaines » en marge de laConférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP 21), Idriss Déby alerte la communauté internationale sur le besoin de financement pour l'avenir dulac Tchad, dont la surface a été divisée par huit depuis 1973 :« La question du lac Tchad est ancienne. À toutes les rencontres sur le climat depuis 20 ans, ce dossier a été évoqué […] depuis Copenhague, Rio et aujourd'hui Paris. Je ne suis pas sûr que, jusqu'à aujourd'hui, nous ayons trouvé des oreilles, tout au moins des actions concrètes[27]. »
À la fin desannées 1990, de nombreuses expéditions scientifiques ont d'ailleurs mis en évidence des traces préhistoriques d'activités proto-humaines, avec notamment la découverte d'Abel, un fossile d'hominidé qui aurait vécu entre 3,5 et3 millions d’années avant Jésus-Christ[28].
C'est aussi au Tchad qu'a été découvert un crâne de primate fossile, surnomméToumaï, que certainspaléoanthropologues considèrent comme l'un des premiers ancêtres de l'espèce humaine[29].
Ces royaumes ont laissé leur empreinte à travers des autorités traditionnelles qui se superposent parfois aux autorités administratives contemporaines[33]. Les chefs traditionnels héréditaires portent généralement le titre desultan dans le Nord musulman, de mbang ou gong dans le Sud animiste et chrétien ; l'autorité coutumière et religieuse du sultan s'étend sur plusieurscantons, celle du simple chef sur un seul canton. Parfois contestés, selon les époques et les circonstances, ils peuvent être perçus comme de simples auxiliaires de l'administration ou des figures publiques importantes[34].
L'État du Tchad, dansses frontières actuelles, est une création de lacolonisation européenne, sesfrontières résultant de négociations entreFrançais etAllemands dans lesannées 1880[35]. La domination française ne devient effective qu'à partir de 1897 quand trois colonnes venues d'Afrique du Nord et duCongo français se rejoignent dans la région tchadienne, battent Rabah qui est tué en 1900, puis soumettent le Ouaddaï en 1911. La confrérie musulmane de laSanousiyya, puissance montante de la périphérie saharienne, est repoussée vers le désert en 1913[36]. Un Territoire Militaire des Pays et Protectorats du Tchad est créé en1900[37].
La conquête française du Tchad dura dix-sept ans, causant de nombreux morts. Les troupes françaises se sont appuyées sur des auxiliaires locaux et ont instrumentalisé des divisions et tensions locales. Les pillages faisaient également partie de la stratégie des conquérants[38]. Les perturbations de la vie économique causées par la conquête française ont entraîné davantage de morts que les combats eux-mêmes. Les campagnes militaires dans le nord du Tchad ont eu des conséquences catastrophiques, notamment le pillage et le massacre du bétail, et une famine a provoqué un nombre indéterminé de décès. Le général Hilaire estime que la population duOuaddaï est passée de 700 000 habitants en 1912 à 400 000 en 1914[38]. La pacification ne sera jamais totale et l'administration militaire française doit, à plusieurs reprises, écraser des résistances locales[38]. En particulier, la guerre de Bouna (ou guerre du Mandoul), en 1928-1929, fait entre plusieurs centaines et 20 000 morts[38].
En1920, la France obtenant le contrôle total du territoire, érige le Tchad en colonie dans le cadre de l'Afrique-Équatoriale française (AEF)[39]. La particularité de la domination française au Tchad est caractérisée par une absence de politique d'unification du territoire, au sens administratif, et une modernisation relativement lente par rapport aux autres colonies françaises[39]. La colonie n’a pour ressources que son propre budget provenant des impôts et taxes, tandis que la scolarisation des enfants reste marginale[38]. La France maintient les sultanats et crée de nouvelleschefferies pour encadrer la population dans laculture du coton qui est imposée aux populations du Sud, letravail forcé pour la construction des routes et laconscription pendant les deux guerres mondiales[36].
Après la Seconde Guerre mondiale, en1946[41], la France accorde au Tchad le statut de territoire d'outre-mer et à ses habitants le droit d'élire deux représentants à l'Assemblée nationale,René Malbrant etGabriel Lisette. Une assemblée locale tchadienne, appelée le Conseil représentatif et rassemblant trente membres élus par les Tchadiens, est également constituée la même année, en parallèle.
Le Tchad devient ensuite unerépublique autonome en1958. En1960, elle fait partie de l'éphémèreUnion des républiques d'Afrique centrale puis accède à l'indépendance le[40].François Tombalbaye, chef du PPT, devient le premier président. Deux ans plus tard, Tombalbaye interdit les partis d'opposition et instaure un système de parti unique. L'autocratie et une gestion froide et brutale exacerbent les tensions inter-ethniques[42]. Homme des territoires du sud, issu de l'ethnie Sara, François Tombalbaye doit bientôt faire face à la révolte de peuples du Nord, en majoritémusulmans. En1965, leFront de libération nationale du Tchad, déclenche des manifestations qui se transforment rapidement en guerre civile. Trois ans plus tard, en1968, faute de calme revenu, le Président sollicite l'aide des troupes françaises mais l'opération Bison (1969-1972) ne peut venir à bout de la rébellion. Tombalbaye est renversé et tué en1975 mais l'insurrection continue. Le pouvoir échoit augénéralFélix Malloum, qui doit pourtant rapidement céder sa place àGoukouni Oueddei à la suite de la première bataille de N'Djaména en1979[43].
Régimes de Goukouni Oueddei et Hissène Habré (1979-1990)
En1980, les factions rebelles dirigées parHissène Habré prennent la capitale et l'État tchadien, ses services publics, l'armée, les administrations centrales, s'effondrent. Pourtant, la seconde bataille de N'Djaména permet à Goukouni Oueddei d'évincer son rival,Hissène Habré, avec l'aide décisive du dirigeantlibyenMouammar Kadhafi.
En, le Tchad et la Libye proclament leur fusion[44]. Celle-ci ne sera jamais effective, Goukouni Oueddei choisissant d'y renoncer sous la pression de la France et de États-Unis. Lestroupes libyennes se retirent dans le cadre d'un accord conclu avec legouvernement français. En juin1982, Goukouni Oueddei est renversé à son tour par Hissène Habré, soutenu par les services de renseignement français et les mercenaires deBob Denard[45].
Le nouveau président doit faire appel l'année suivante, en1983, au soutien des forces françaises (opération Manta) pour l'aider à contenir une nouvelle invasion libyenne et la percée des rebelles de Goukouni Oueddei. En1987, une contre-offensive desforces tchadiennes et françaises contraint finalement les troupes libyennes à évacuer le pays, à l'exception de labande d'Aozou qui est restituée au Tchad seulement en1994[46].
Dans le cadre de sa présidence, Habré crée une police politique, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), responsable de milliers d'enlèvements et d'assassinats politiques. Les investigations internationales, qui permettront de poursuivre Hissène Habré pourcrimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de torture, permettront d'établir que son régime serait responsable de la mort de plus de 40 000 personnes[47]. Entre1982 et1985, les mouvements d'auto-défense créés dans le sud sont ainsi brutalement réprimés. Lors du mois de « septembre noir » de1984, des villages entiers sont pillés et incendiés[48]. En1987, une rébellionHadjaraï est écrasée dans le sang. Hissène Habré n'en conserve pas moins le soutien de Paris jusqu'en1990 jusqu'à ce qu'il soit renversé parIdriss Déby, l'un de ses généraux, le1er décembre 1990, avec le soutien de la France. Hissène Habré se réfugie au Sénégal où il sera condamné à l'emprisonnement à perpétuité en 2016[49].
Idriss Déby, président du Tchad entre 1996 et 2021.
Dès sa prise de pouvoir, Idriss Déby cherche à réconcilier les différents groupes rebelles et réintroduit le multipartisme au Tchad. Il fait adopter unenouvelle constitution par référendum et remporte en1996 l'élection présidentielle.
En 2003, les recherches de gisements pétroliers permettent au Tchad de lancer les premières phases d'exploitation de son sous-sol, entraînant avec elles l'espoir que le Tchad puisse enfin connaître une phase d'essor économique et de développement humain[50].
Toutefois, alors que le président Déby fait modifier la constitution pour supprimer la limite de deux mandats présidentiels, uneguerre civile éclate, contestant cette mainmise sur le pouvoir. Le président réussit à se maintenir au pouvoir et à être réélu, lors d'élections contestées boycottées par l'opposition. Entre2006 et2008, les forces d'opposition rebelles tentent plusieurs fois de prendre la capitale par la force, mais échouent systématiquement[51].
Le, des combats éclatent entre les troupes du président de la République et une faction de la rébellion, leFront uni pour le Changement (FUC), dans la périphérie de N'Djaména[52]. Idriss Déby Itno accuse leSoudan, en pleineguerre du Darfour, de soutenir ses adversaires, à l'aube des élections présidentielles[53]. Malgré l’opposition et les appels au boycott, le 3 mai 2006, Idriss Déby Itno est réélu au suffrage universel avec 64,67 % des votes exprimés[54].
Le, les rebelles, en provenance du Soudan frontalier, s'emparent de la capitale du Tchad,N'Djaména, à l'exception dupalais présidentiel où le président Idriss Déby Itno semble s'être cloîtré[55]. LaFrance décide d'évacuer une partie de ses ressortissants[56]. Le 4 février 2008, leConseil de sécurité de l'ONU condamne les attaques contre le gouvernement tchadien[57], dont l'armée rencontre des difficultés à repousser les rebelles[58]. La France,via l'opération Épervier, apporte alors une aide logistique qui permet d'assurer la stabilité régionale au Tchad[59].
Mais les rebelles mènent une guerre de mouvement dans l'Est du Tchad, afin de faire tomber le gouvernement au pouvoir. Les attaques répétées ont pour conséquence de provoquer enjuin 2008 un combat opposant pour la première fois la mission militaire européenneEUFOR et les rebelles au sud d'Abéché, autour de la ville deGoz Beïda[60]. Ennovembre 2008, dans l'Est du pays, deux véhicules militaires belges sont brûlés, à la suite de tirs provenant d'hélicoptères soudanais[61].
Contingent de la mission militaireEUFOR au Tchad en 2007-2009.
En a lieu une autre offensive de la rébellion partant duSoudan, toujours dans l'objectif de renverser Idriss Déby[62]. Le contingent militaire français de l'opération Épervier est suppléé, entre 2007 et 2009, par la force d'interposition EUFOR, forte de 3 000 soldats, mandatée par l'Union européenne à la demande de la France, en principe neutre mais qui assure un soutien de fait au régime du président Déby[63],[59].
Jusqu'en 2011, le Tchad alimentait un flux migratoire important vers la Libye : on estime qu'au moins 500 000 Tchadiens vivaient dans ce pays en 2006. Les échanges transsahariens assuraient une relative prospérité à des villes frontalières commeAbéché[65]. Cependant, depuis lapremière guerre civile libyenne en 2011, l'instabilité de ce pays rend ces échanges aléatoires ; lafrontière entre la Libye et le Tchad est devenue une zone de non-droit dominée par les contrebandiers et les groupes armés[66].
Depuis 2015, l'armée tchadienne est engagée dans le conflit contre le groupe djihadisteBoko Haram, répandu dans le Nord duNigeria et duCameroun. En représailles, ce groupe a commis plusieurs attaques en territoire tchadien[67].
Le, un Conseil militaire de Transition dirigé parMahamat Idriss Déby Itno, alors général de l'armée tchadienne et fils du présidentIdriss Déby Itno, prend le pouvoir à la suite du décès de ce dernier, tué alors qu'il menait une contre-offensive avec l'armée contre le FACT, un groupe armé libyen[69].
Le président tchadienMahamat Idriss Déby Itno est le fils d'Idriss Déby, qui a dirigé le Tchad de 1990 à 2021.
Cette prise du pouvoir ne respecte pas laConstitution de la république du Tchad, promulguée le 4 mai 2018, qui est alors suspendue par l'armée, en même temps que l'Assemblée nationale est dissoute[69].Au moment de prendre le pouvoir, l'armée promet que des élections libres et démocratiques seront organisées au Tchad sous dix-huit mois, après une période de transition[70]. Uneélection présidentielle se déroule en avec la candidature et la victoire du général Mahamat Idriss Déby. L'un des principaux opposants,Yaya Dillo Djérou, est abattu pendant la campagne par l'armée et la victoire de Mahamat Idriss Déby est contestée par son principal rivalSuccès Masra.
Le Tchad dispose d'un gouvernement d'union nationale de transition, formé le 14 octobre 2022. Il dispose de l'administration, conduit et exécute la politique de la Nation définie par le Conseil des ministres. Le gouvernement d'union nationale de Transition a pour mission d'assurer l'exécution des lois, de veiller au bon fonctionnement des services publics, et à la bonne gestion des finances publiques, du domaine de l'État, des entreprises et des organismes publics.
Le Tchad est unerépublique. Saconstitution prévoit unpouvoir exécutif fort dirigé par un président de la République qui domine le système politique. Ce dernier a le pouvoir de nommer le Premier ministre[71]. Il exerce une influence considérable sur les nominations des généraux, des magistrats, des préfets[72] et des chefs des entreprises para-étatiques du Tchad[50]. En cas de menace grave et immédiate, le président de la République, en accord avec l'Assemblée nationale, peut déclarer l'état d'urgence. Il est élu directement par vote populaire pour un mandat de cinq ans. En 2005, les limites constitutionnelles des mandats ont été supprimées, permettant au président de la République de rester au pouvoir au-delà de la limite précédente de deux mandats[73].
Le système juridique du Tchad est basé sur ledroit civil français et ledroit coutumier tchadien lorsque ce dernier n'interfère pas avec l'ordre public ou les droits constitutionnels des citoyens. Malgré la garantie de l'indépendance de la justice par laconstitution, le président de la République nomme la plupart des principaux responsables judiciaires[74]. La Cour suprême est composée d'un président, nommé par le président de la République, et de 15 conseillers, nommés à vie par le président de la République et l'Assemblée nationale. La Cour constitutionnelle est dirigée par neuf juges élus pour un mandat de neuf ans. Elle a le pouvoir de réviser les lois, les traités et les accords internationaux avant leur adoption.
L'Assemblée nationale élabore les lois. Elle est composée de 155députés élus pour quatre ans[25] et tient des sessions régulières deux fois par an, en mars et en octobre. Elle est présidée parHaroun Kabadi depuis le[75]. Des sessions spéciales peuvent également se tenir sur convocation du Premier ministre. Les députés élisent un président de l'Assemblée nationale tous les deux ans. L'Assemblée doit approuver le plan de gouvernement du Premier ministre et peut forcer ce dernier à démissionner par un vote majoritaire de défiance. Toutefois, si l'Assemblée nationale rejette le programme de l'exécutif deux fois en un an, le président de la République peut dissoudre l'Assemblée et demander de nouvelles élections législatives.
À la suite de la prise de pouvoir d'Idriss Déby Itno en décembre 1990, des élections présidentielles sont organisées en 1996 et 2001[76]. Unréférendum est organisé le 6 juin 2005 pour modifier la Constitution de 1996 sur plusieurs aspects préalablement votés par l'Assemblée nationale le 23 mai 2004[77][78]. L'élément le plus important est la modification de l'article 61 qui met fin à la limitation des mandats. Désormais, le président de la République peut se représenter plus de deux fois.
À l'issue de laguerre civile tchadienne de 2005-2010, sans surprise, le 25 avril 2011, Idriss Déby Itno est réélu pour un quatrième mandat dès le premier tour de l'élection présidentielle avec près de 88,7 % des voix, face au ministreAlbert Pahimi Padacké (6 %) et l'opposant Nadji Madou (5,3 %)[79]. Cette année-là a lieu la dernière élection législativeà ce jour[Quand ?], remportée par leMouvement patriotique du salut (MPS), qui détient depuis une large majorité des sièges de l'Assemblée tchadienne.
En, Idriss Déby Itno, candidat à sa succession, est à nouveau investi par son parti, le MPS, et promet d’instaurer de nouveau une limitation des mandats à la présidence de la République, déclarant que« la réintroduction du principe de limitation de mandats présidentiels dans la Constitution doit être posée, car il y va de la vitalité de notre jeune démocratie »[80]. Idriss Déby Itno est réélu le 10 avril 2016, pour un cinquième mandat consécutif, malgré les contestations de l'opposition[81].
Idriss Déby Itno est ensuite réélu pour un sixième mandat le 20 avril 2021 avec près de 80 % des voix. Face à lui, trois des neuf candidats en lice avaient décidé de se retirer en appelant au boycott du scrutin[82]. Mais Idriss Déby Itno meurt de ses blessures, quelques heures seulement après sa réélection[83], à la suite d'affrontements dans le Nord du pays entre l'armée tchadienne et les rebelles duFront pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), un groupe politico-militaire basé en Libye, fondé en 2016 et composé principalement de membres de l'ethnieGorane, à laquelle appartient l'ancien président de la RépubliqueHissène Habré[76].
La mort du président tchadien a entraîné la dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement, ainsi que le remplacement de la direction nationale par un conseil militaire de transition composé d'officiers militaires et dirigé par son fils le généralMahamat Idriss Déby. Le conseil militaire déclare que des élections seront organisées à la fin d'une période de transition de 18 mois, soit à l’automne 2022[84].
Aucune élection législative n'a plus été organisée depuis 2011, les suivantes ayant en effet été repoussées à plusieurs reprises, pour différentes raisons telles que lamenace djihadiste ou lapandémie de coronavirus depuis 2019. Le renouvellement de l'Assemblée nationale aurait finalement dû se tenir le 24 octobre 2021 mais le décès d'Idriss Déby Itno a bouleversé le calendrier.
La politique étrangère du Tchad est marquée par les enjeux sécuritaires et par son lien avec la France, qui a conquis le pays en 1900 avant qu'il ne devienne unecolonie française en 1920. Le Tchad devient indépendant en 1960, mais la coopération entre les deux gouvernements français et tchadien reste importante. La France soutient Idriss Déby Itno lors de son élection en 1990[85] et intervient militairement à de nombreuses reprises[86]. À la mort de ce dernier, l'Élysée s'attriste de la perte d'un« ami courageux » tout en soulignant l'importance d'une« transition pacifique » au Tchad et son« ferme attachement à la stabilité et à l'intégrité territoriale » du pays[45].
En1999, le Tchad s'engage dans ladeuxième guerre du Congo, en soutenant le gouvernement deKinshasa. Plusieurs milliers de soldats sont envoyés par Idriss Déby soutenir les troupes deKabila[90].
Le Tchad a été élu membre non permanent duConseil de sécurité des Nations unies de 2014 à 2016[91]. Pour les Occidentaux, il constitue un rempart et un allié stratégique dans le combat contre ledjihadisme. Son armée aguerrie maintient un certain ordre sur les frontières de pays faillis comme laLibye, leSoudan et laRépublique centrafricaine et participe aux opérations en Afrique sahélienne aux côtés des militaires français de l'opération Serval et de l'opération Barkhane. Avec laMauritanie, leMali, leNiger et leBurkina Faso, le Tchad est également membre duG5-Sahel dont le but est de lutter contre les groupes armés djihadistes présents dans la région[49].
Le, le président Déby se rend enIsraël[92],visite d'État rendue à N'Djaména par lePremier ministre israélien le[93] en vue du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays[94], rompues officiellement en1972, quoique la coopération mutuelle n'ait jamais cessé[93].
Sur les sujets liés à la sécurité de l'État tchadien, faisant de la lutte contre le terrorisme un axe fort de son engagement politique, le présidentIdriss Déby débloque 4,57 millions d'euros en2015[95] pour venir en aide à la région dulac Tchad, cibles de certains groupes terroristes comme celui deBoko Haram. Toujours dans ce même objectif,Idriss Déby augmente la participation du Tchad à laForce multinationale mixte (MNJTF), une force armée composée duNiger, duNigeria, duBénin et duCameroun[96]. En 2020, l'armée tchadienne assure avoir infligé de lourdes pertes au groupe djihadiste[67].
Le, quelques heures après la fin de la visite au Tchad du ministre des affaires étrangères français,Jean-Noël Barrot, le gouvernement tchadien a déclaré « mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française »[98].
Selon les pays occidentaux et les organisations non gouvernementales, les droits de l'homme au Tchad sont considérés comme étant fréquemment bafoués.
Ainsi, parmi les problèmes importants en matière de droits de l'homme, le bureau de la démocratie, des droits de l'homme et du travail dudépartement d'État américain évoque en2021[99] :
des exécutions illégales ou arbitraires ;
des exécutions extrajudiciaires commises par le gouvernement ou en son nom ;
des disparitions forcées commises par le gouvernement ou en son nom ;
destortures et des cas de traitements ou de peines cruels, inhumains ou dégradants commis par le gouvernement ou en son nom ;
des conditions de détention dures et dangereuses pour la vie ;
l'existence de prisonniers ou de détenus politiques ;
de graves problèmes d'indépendance du pouvoir judiciaire, d'ingérence arbitraire ou illégale dans la vie privée ;
lacensure ainsi que de sérieuses restrictions à laliberté d'expression et des médias, notamment des violences ou des menaces de violence ;
des arrestations ou des poursuites injustifiées à l'encontre de journalistes ;
de sérieuses restrictions à la liberté d'Internet ;
des interférences substantielles avec laliberté de réunion pacifique et laliberté d'association, notamment des lois trop restrictives sur l'organisation, le financement ou le fonctionnement des organisations non gouvernementales et de lasociété civile ;
l'incapacité des citoyens à changer pacifiquement de gouvernement par le biais d'élections libres et équitables ;
des restrictions graves et déraisonnables à la participation politique ;
l'absence d'enquête et de responsabilité en matière de violence fondée sur le genre, y compris, mais sans s'y limiter, la violence domestique ou entre partenaires intimes, la violence sexuelle, les mariages d'enfants, précoces et forcés, les mutilations génitales féminines et autres pratiques néfastes ;
les crimes impliquant des violences ou des menaces de violence à l'encontre de membres de groupes ethniques minoritaires ;
les crimes impliquant des violences ou des menaces de violence à l'encontre de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers ou intersexuées ;
et l'existence ou l'utilisation de lois criminalisant les relations sexuelles entre adultes consentants de même sexe.
Le rapport du département d'État américain ajoute, que selon des informations qu'il a en sa possession, les autorités tchadiennes cherchent néanmoins à lutter contre l'impunité généralisée en poursuivant ou en sanctionnant certains responsables gouvernementaux ayant commis des atteintes aux droits humains ou participé à des actes de corruption.
De son côté,Amnesty International explique en2021[100] que la répression des détracteurs du gouvernement se poursuit. D'après l'ONG, les autorités tchadiennes détiennent arbitrairement des défenseurs des droits humains et des militants de la société civile, et violent le droit à la liberté d'expression. Ces dernières interdisent également certaines manifestations et les forces de sécurité font un usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques défiant l'interdiction. Les femmes et les filles continuent à subir violences et discriminations. Enfin, une grande partie de la population a un accès très limité à l'alimentation et aux soins de santé.
Transparency International classe le Tchad dans les 20 pays les plus corrompus au monde[101]. Ainsi, parmi les 180 pays concernés par le rapport de l'ONG qui établit un indice annuel de perception de la corruption, le Tchad occupe le160e rang en2020. Le pays est également qualifié de« non libre » dans l'étude annuelle de Freedom House sur les droits politiques et les libertés civiles dans le monde[102]. L'étude de l'ONG attribue au Tchad une note de 1/40 pour les droits politiques et de 14/60 pour les libertés civiles, soit un total de 15/100 (contre 17/100 en2021).
En fin d'année 2017, le Tchad entame une réforme institutionnelle mettant en place une nouvelle organisation administrative du territoire[103]. À cette occasion, le nombre de régions a été réduit à 12 en septembre 2017[72]. Les régions sont divisées en départements, soit 61 départements sur tout le territoire tchadien, administrés par un préfet, eux-mêmes subdivisés en sous-préfectures. Au plus petit niveau se trouvent les cantons. Chaque entité territoriale est dirigée par une assemblée élue, mais aucune élection n'a encore eu lieu pour installer ces assemblées locales. Ces unités administratives ont été pensées pour être des relais de l'État à un niveau local.
La ville deN'Djaména, qui a un statut spécial étant la capitale du pays, est divisée en 10 arrondissements.
Le, l'État tchadien publie une nouvelle ordonnance portant création des unités administratives et des collectivités autonomes, qui découpe le territoire national en 23 provinces, 107 départements et 377 communes[103]. Les noms des anciennes régions restent identiques mais on les nomme désormais « provinces ».
La dernière réforme majeure date du 4 juillet 2024 et fait l'objet de l'ordonnance n° 001/PR/2024 qui restructure les unités administratives. Selon cette ordonnance, le Tchad est divisé en 23 provinces, 120 départements et 454 sous-préfectures.
Écusson de l'équipe nationale tchadienne de football, aux couleurs nationales bleu, jaune et rouge.
Le drapeau du Tchad est un drapeau tricolore, aux trois couleurs nationales : bleu, or et rouge.
Historiquement, on doit au dernier gouverneur de lacolonie française du Territoire du Tchad l'origine de ce drapeau, dont les couleurs rappellent, pour le bleu, lelac Tchad, pour l'or, le soleil et le sable, et pour le rouge, le symbole du sacrifice national. On reconnaît par ailleurs ledrapeau français, dont le blanc a été remplacé par le jaune, couleur duSahara, qui occupe une très grande partie du territoire tchadien[104]. Le drapeau est adopté le[105]. Il ne faut pas le confondre avec celui de laRoumanie ou celui d'Andorre, très proches, mais dont les teintes sont légèrement différentes.
L'hymne national du Tchad estLa Tchadienne. Il s'agit d'unhymne écrit parLouis Gidrol, un père jésuite tchadien, etPaul Villard, physicien français, dont les travaux ont permis de mieux comprendre la radioactivité[107]. L'hymne est composé de quatre couplets, tous suivis par un refrain. Habituellement, seul le premier couplet est chanté, suivi du refrain.
À partir de1870, lesarmoiries du Tchad sont adoptées, représentant unechèvre et unlion d'or qui portent un chevron aux couleurs du drapeau du Tchad (bleu, or et rouge)[108]. Les deux animaux sont une représentation symbolique des deux parties du pays : au Nord, la montagne et la chèvre, au Sud, le lion et les grandes plaines[109]. L'écu est dominé par un soleil rouge levant. Les lignes d'eau, bleu profond, représentent lelac Tchad. Les armoiries du Tchad sont reprises sur tous les documents officiels et les titres sécurisés, notamment sur les passeports tchadiens.
L'Ordre national du Tchad, dont les insignes sont aux couleurs nationales[110], est la plus haute décoration nationale tchadienne. Elle a été créée par l'ancien président,François Tombalbaye, et récompense de manière honorifique les services émérites rendus à la nation. Inspiré de l'ordre national de la Légion d'honneur français, il comprend les grades de chevalier, d'officier et de commandeur, ainsi que deux dignités, celle de grand officier et celle degrand-croix.
En2021, la population totale du Tchad est estimée à 16 818 391 habitants, soit une croissance démographique de 3,53 % par an[10].
La population est jeune puisqu'en2020 presque la moitié des habitants du pays a moins de 14 ans, ces derniers représentant 46,49 % de la population totale. Les 15-64 ans représentent un peu plus de la moitié de la population totale (51,01 % en2020) et les plus de 65 ans sont peu nombreux (seulement 2,50 % de la population totale en2020)[111].
L'espérance de vie à la naissance est de seulement 54 ans en2019, mais elle ne cesse de progresser puisqu'elle est de 38 ans en1960, de 48 ans en2000 et de 57,5 ans en2018[112].
Ainsi, la plupart des tchadiens vivent dans les zones fertiles, au sud des fleuvesLogone etChari[115]. Près de 50 % de la population du pays vit dans le cinquième le plus méridional du territoire, ce qui en fait la région la plus densément peuplée. Seulement 27 % des Tchadiens vivent en ville, et près de la moitié des urbains résident àN'Djaména, la capitale, qui compte 1 896 032 habitants en 2016[116]. Les autres grandes villes sontMoundou (Logone Occidental) avec 158 221 habitants, Sarh (Moyen-Chari) avec 133 757 habitants etAbéché (Ouaddaï) avec 83 155 habitants.
D'après une étude réalisée et publiée par le Comité américain pour les réfugiés et les immigrants (en), en 2007 le Tchad accueille 294 100 réfugiés et demandeurs d'asile, un très grand nombre d'entre eux (242 600) arrivant duSoudan voisin afin de fuir laguerre au Darfour[117], et le reste venant de laRépublique centrafricaine[118].
Selon le recensement de 2009, lesnomades représentent 3,4 % de la population totale du pays, soit 368 066 personnes. Lors d'un recensement précédent en 1993, ils étaient 353 489, soit 5,7 % de la population totale du pays[122]. Ils sont particulièrement présents dans l'extrême nord, où la vie sédentaire est rarement possible en raison du manque de points d'eau. Depuis les années 1970, la sécheresse et les bouleversements politiques les ont amenés à chercher des ressources en Libye enrichie par la rente pétrolière et où ils forment des communautés importantes, comme travailleurs migrants, marchands de bétail,passeurs de migrants, constituant un maillon important desflux migratoires vers l'Europe[65]. LesToubous, un peuple d'éleveurs nomades, vivent en grande partie dans le désert et forment des clans parfois ennemis. Clans et familles sont largement dispersés entre le Tchad, laLibye, leNiger et parfois le Soudan ; ils jouent un rôle important dans le commerce transfrontalier, souvent sous forme de contrebande, et prennent une part active aux conflits de la région, aussi bien au Tchad qu'en Libye[123].
Le pays est finalement très disparate (population claire d'origine arabe et populations noires, modes de vie nomades ou sédentaires, religion musulmane, chrétienne et animiste, dialectes locaux, conditions climatiques diverses), ce qui engendre une opposition entre le nord et le sud[14].
Seules 18 d'entre elles sont parlées par plus de 50 000 personnes, ce qui rend la communication difficile dans le pays. Certes, le Tchad a deux langues officielles qui sont le français, depuis l'indépendance en 1960, et l'arabe classique, depuis 1993, mais ce ne sont pas des langues uniformément répandues dans le pays car la plupart des habitants, qui ne souhaitent pas abandonner leur dialecte, ne les parlent pas.
Lefrançais et l'arabe classique sont enseignés à l'école en tant que seconde langue. Le français est rarement lalangue maternelle des tchadiens mais il reste la langue de l'administration et des affaires. C’est donc dans le Sud, plus urbanisé, que l'on parle davantage français. L'arabe est la langue maternelle de près de 10 % de tchadiens, notamment dans le nord du pays, mais c’est un arabe dialectal, appeléarabe tchadien, différent de l'arabe classique enseigné à l'école, qui est pratiqué. La communication est encore davantage complexifiée par le fait que l'on dénombre plusieurs dialectes en arabe tchadien.
Le Tchad est un pays diversifié sur le plan religieux. Selon diverses estimations, en2010, 52 à 58 % de la population est musulmane, tandis que 39 à 44 % est chrétienne[125]. Enfin, environ 10 % de la population pratiquel'animisme[125], une religion basée sur la croyance suivante : les objets, les lieux et les créatures possèdent tous une essence spirituelle distincte[126]. La constitution prévoit unÉtat laïque et garantit laliberté de religion. Les différentescommunautés religieuses coexistent généralement sans problème[127].
Parmi les musulmans, 48 % se déclarentsunnites, 21 %chiites et 23 % musulmans non confessionnels. En outre, la majorité des musulmans du pays (55 %) sont adeptes d'une branche modérée de l'islam mystique (soufisme). Son expression la plus courante est laTijaniyah, un ordre suivi par 35 % des musulmans tchadiens qui incorpore certains éléments religieux africains locaux. Une petite minorité de musulmans du pays a des pratiques plus fondamentalistes qui, dans certains cas, peuvent être associées ausalafisme[128].
Parmi leschrétiens, 22 % sontcatholiques et 17 %protestants[129]. Les catholiques représentent la plus grande dénomination chrétienne du pays. La plupart des protestants, y compris laWinners' Chapel basée au Nigeria, sont affiliés à divers groupes chrétiens évangéliques. Des membres des communautés religieusesbahaïstes ettémoins de Jéhovah sont également présents dans le pays. Ces deux confessions sont considérées comme des religions nouvelles dans le pays, introduites après l'indépendance de1960[130].
Vaccination d'un enfant dans un camp de réfugiés en 2005.
L'accès aux soins de santé de base est limité au Tchad et le pays connaît une forte prévalence de la malnutrition, du paludisme et des épidémies[131]. Les indicateurs de santé sont relativement médiocres avec peu de possibilités d'amélioration en raison de la faiblesse des politiques de santé actuelles et des pénuries de soins[réf. nécessaire]. Les principales causes de décès au Tchad sont lesinfections des voies respiratoires inférieures, lepaludisme et leVIH/sida[132]. Le taux de prévalence nationale du VIH dans le pays est bien supérieur à la moyenne mondiale, soit de 3,4 %, mais similaire à celui de certains pays voisins[133].
Les cliniques locales ne disposent souvent pas des médicaments nécessaires ou d'un personnel qualifié suffisant. En outre, les traditions culturelles s'opposent souvent à la dispensation de soins médicaux spécialisés. Par exemple, les mères préfèrent souvent emmener leur enfant malade chez un chef religieux plutôt que dans une clinique de santé. Lamalnutrition est endémique dans une grande partie du Tchad, près de la moitié des décès d'enfants dans le pays étant liés à cette condition, qui survient dans un contexte de manque de soins de santé préventifs et primaires, y compris de soins de santé maternelle et infantile[134]. De nombreuses raisons expliquent ce dernier point, comme le faible nombre de naissances assistées par un professionnel de santé, aggravé par le nombre élevé de grossesses précoces (164,5 naissances pour 1 000 adolescentes de 15 à 19 ans) qui entraînent souvent des complications pour ces jeunes femmes[9].
Au Tchad, l'accès aux soins est assuré par quatre mécanismes principaux : le paiement direct, l'accès gratuit à certains services, l'assurance maladie et lamutuelle de santé[135]. Le paiement direct est le mécanisme le plus courant de financement des soins de santé, puisqu'il représente environ 50% des dépenses totales de santé. La gratuité des soins de santé concerne la chirurgie d'urgence, les soins obstétriques et médicaux[136]. Financée entièrement par l'État avec l'appui de ses partenaires, cette mesure est introduite dans les hôpitaux en2008 dans le cadre de la nouvelle politique sociale du chef de l'État. D'autres mesures de gratuité sont appliquées à certaines maladies (paludisme chronique, sida,tuberculose, etc.) et à des groupes de population spécifiques tels que les personnes vivant avec le VIH, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes[137]. Les mutuelles de santé, en cours de mise en place dans les régions du sud, sont en phase expérimentale depuis2015[138]. L'accès aux soins de base reste de toute manière un défi majeur pour la plupart des populations, pour des raisons socio-économiques et géographiques[139].
Femmes à la recherche d'eau potable dans la région deMaro, au Tchad, dans une région désertique.
En 2016, l'âge légal à partir duquel les jeunes filles peuvent se marier passe de 16 à 18 ans[140]. Malgré cela, lesunions précoces restent répandues[141].
Lapolygamie est courante et concerne environ 39 % des femmes tchadiennes en union. Le nombre de femmes vivant en union polygamique augmente avec l'âge : la proportion est de 28 % pour les 20-24 ans alors qu'elle est à près de 50 % pour les plus de 30 ans. Cependant, entre 15 et 19 ans, près d'une femme en union sur cinq, soit 19 %, a déjà une co-épouse ou plus[142]. La polygamie est encadrée par la loi, qui prévoit que la femme peut refuser cette pratique dans son contrat de mariage[143].
Bien que la violence à l'égard des femmes soit interdite, laviolence domestique est courante ; elle est très intégrée par les femmes qui considèrent majoritairement qu'il est normal que les maris battent leur femme si elle ne respecte pas les comportements attendus pour son genre — 89 % d'entre elles trouvent au moins une raison justifiant ces violences —, et dans des proportions supérieures à ce qu'en pensent les hommes[144]. Les mutilations génitales féminines sont également interdites, mais la pratique est répandue et profondément ancrée dans la tradition : 45 % des femmes tchadiennes subissent une excision, avec les taux les plus élevés chez lesArabes, lesHadjaraï et lesOuaddaï (90 % ou plus). Des pourcentages plus faibles sont signalés chez les Sara (38 %) et les Gorane (2 %)[145].
Les femmes ne bénéficient pas d'égalité des chances en matière d'éducation et de formation, ce qui rend difficile la concurrence pour les emplois relativement rares du secteur formel. Bien que les lois sur la propriété et l'héritage basées sur le code français ne soient pas discriminatoires à l'égard des femmes, les chefs locaux tranchent la plupart des cas d'héritage en faveur des hommes, selon la pratique traditionnelle[146][source insuffisante].
Selon la loi, l'éducation est universelle, obligatoire et gratuite de cinq à douze ans, les parents devant payer des frais de scolarité aux écoles publiques au-delà duniveau primaire. L'enseignement primaire gratuit est proposé pour la première fois en1973. Néanmoins, bien que la fréquentation soit obligatoire, 34,4 % des enfants entre 6 et 11 ans sont déscolarisés et plus de 800 000 enfants entre 9 et 14 ans ne vont pas à l'école[147]. Parmi les adultes de plus de 15 ans, le taux d'alphabétisation en 2016 est de seulement 22 %.
L'éducation tchadienne est confrontée à des défis considérables en raison de la dispersion de la population du pays, de la pauvreté, du manque d'enseignants ou d'infrastructures, mais également dutravail des enfants. Car, même si le code du travail stipule que l'âge minimum pour l'emploi dans le secteur formel est de 14 ans, dans la pratique, le travail des enfants, y compris le travail forcé, constitue un grave problème. En effet, en2015, 55,90 % des enfants âgés de 7 à 14 ans travaillent[148].
Pendant la guerre civile de 2005-2010, lespersonnes déplacées fuyant le conflit affluent dans les quartiers pauvres des grandes villes, se regroupant souvent sur des bases ethniques où des chefs informels constituent un pouvoir parallèle à l'avantage des groupes proches du gouvernement[51].
Le Tchad est souvent désigné comme peu coopératif en matière d'amélioration des droits humains[150], avec des abus fréquents tels que des emprisonnements arbitraires, des exécutions extrajudiciaires[151] et des limites aux libertés civiles, imposées par les forces de sécurité et les milices armées, ce qui bloque un certain nombre d'investissements étrangers[152]. Des organisations ont dû mettre fin à leur présence locale à la suite d'assassinats ciblant les travailleurs humanitaires[153].
Les conflits externes et internes depuis 2003 entraînent unecrise humanitaire : en 2007, le Tchad accueille plus de 280 000 réfugiés soudanais, 55 000 venus de laRépublique centrafricaine et plus de 170 000 déplacés internes[154]. En 2022, leHCR compte 387 000 réfugiés soudanais, 124 000 centrafricains, 49 000 venus du Cameroun, 20 000 du Nigeria et plus de 406 000 déplacés internes[155].
Évolution duPIB du Tchad entre 1950 et 2018.Développement du PIB par habitant des pays du Sahel.Une boutique de cadeaux àN'Djaména, 2018.Un tailleur et sa boutique en 2005.
Le dynamisme ou les difficultés de l'économie tchadienne sont intimement liés à la production depétrole, qui représente un quart de son produit intérieur brut depuis les premières découvertes d'hydrocarbures[9], exploitées dès2003[158]. Dès lors, depuis2004, le pétrole représentait plus de 80 % des exportations nationales, permettant à la balance commerciale de devenir nettement excédentaire.
Si le pétrole a permis à l'économie tchadienne de croître de 10 à 15 % par an, en moyenne, la chute du cours des matières premières et le contexte de forte insécurité causée par le terrorisme islamiste qui touche le Tchad, ou leNigeria, leNiger et leSoudan, pays limitrophes, en même temps que l'effondrement de laLibye, l'instabilité politique de laRépublique centrafricaine et son statut de pays isolé, sans accès à la mer, ont freiné, voire cassé les efforts decroissance économique. À nouveau, en 2020, lapandémie de Covid-19 a isolé le pays sur le plan international, ralentissant tous les plans de développement et les échanges internationaux, tout en faisant chuter lesprix du pétrole.
Sur le plan institutionnel, leFonds monétaire international est très impliqué au Tchad, et s'est engagé en2022 à investir près de 570 millions de dollars entre2022 et2025[159]. La dette publique tchadienne, qui a fait l'objet d'un moratoire duG20 pendant lacrise sanitaire de 2020 jusqu'à la fin 2021, est par ailleurs en cours de restructuration[160]. En parallèle, en2021, le Tchad, comme laZambie et l'Éthiopie, a fait une demande d'annulation de dette dans le cadre du cadre commun mis en place par les pays du G20 et duClub de Paris pour restructurer voire annuler la dette despays les moins avancés.
Au-delà de l'exploitation pétrolière, le pays est essentiellement agricole[161]. Lesecteur secondaire est relativement réduit, malgré la présence d'industriels liés aux activités deBTP, de production debière et de boissons. Il représente environ 17 % du PIB. Lesecteur tertiaire, quant à lui, dépend du secteur bancaire et des télécommunications, représentant environ 40 % du PIB[162].
Répression d'une manifestation à N'Djaména contre la hausse du prix de l'essence, 22 janvier 2018.
Lacorruption reste forte au Tchad, malgré de nombreux programmes de lutte contre les marchés illicites, leblanchiment d'argent et la captation de la valeur publique par des tiers. C’est l'objectif de l'« opération Cobra », initiative lancée sous la présidence d'Idriss Deby en2012, dont l'objectif est de sécuriser les circuits de recettes et de dépenses et de contrôler les procédures de préparation, de passation et d'exécution desmarchés publics. L'impact reste faible, seulement 38 millions d'euros ayant pu être récupérés, ciblant près de 400 personnes incriminées[163]. L'indice de perception de la corruption publié par l'ONG Transparency International en 2021 classele Tchad164e sur 180, avec une note de 20 sur 100[164], bridant très largement le développement du pays[165].
La production agricole est concentrée essentiellement dans les régions humides du Sud et du bassin du lac Tchad. La culture ducoton a longtemps été la principale ressource d'exportation mais, depuis les années 1980, la baisse des cours mondiaux et la suppression des subventions la rendent peu rentable. Les paysans se recentrent vers uneagriculture maraîchère destinée aux marchés urbains :mil,sorgho,riz,arachide,taro,igname,patate douce,manioc. L'épuisement des sols, le manque d'eau pour l'irrigation et, dans la zone sahélienne, les conflits entre éleveurs et agriculteurs limitent le développement agricole[167]. Depuis laprivatisation de la compagnie nationaleCotontchad en 2018, passée sous le contrôle du groupesingapourienOlam, la production de coton connaît une reprise notable, passant de 17 000 tonnes en 2016-2017 à 115 000 en 2019-2020[168].
Palmiers dattiers au Tchad en 2017.
Les problèmes d'accès à l'eau potable (seulement 48 % des citadins ont accès à l'eau potable, 2 % à des installations sanitaires, et pour les ruraux, moins de 4 % des Tchadiens ont accès à l'eau potable dans un rayon de moins d'un kilomètre[169]), ladéforestation et l'avancée duSahara empêchent à la fois les populations de vivre dans des conditions de vie saines, mais aussi et surtout le développement de l'agriculture, qui reste très pénalisée par lasécheresse d'un pays en partie désertique. Ainsi, dans la bande sahélienne, lesrendements des cultures sont très faibles, et la plupart des animaux élevés connaissent des conditions de vie difficiles, bloquant une partie du processus de reproduction et réduisant le tonnage des troupeaux.
Le secteur touristique du Tchad est peu développé, même s'il est perçu comme un levier important pour valoriser les atouts naturels et culturels du pays. Plusieurs parcs nationaux constituent en effet une curiosité attractive au niveau international, notamment ceux deZakouma et deManda. Il y a aussi leParc national de Sena Oura. La plupart des étrangers se rendant au Tchad pour des raisons touristiques s'y rendent d'ailleurs pour aller chasser desgrands mammifères dans les parcs.
Dans la capitale, àN'Djaména, lemusée national du Tchad, créé en1962, est consacré à la présentation publique du patrimoine tchadien. On y trouve des ossements préhistoriques, des objets de la période coloniale et des expositions sur l'habitat et les métiers artisanaux[164].
Pour se rendre au Tchad, les touristes doivent avoir des passeports et des visas valides, ainsi qu'une preuve de vaccination contre la fièvre jaune[171]. En2000, on comptait 43 000 arrivées touristiques, pour une capacité hôtelière de 677 chambres d'hôtels et 1 250 lits cette année-là[172].
L'accès à l'énergie est extrêmement limité : en2019, seulement 8,4 % des Tchadiens ontaccès à l'électricité et, en2016, seulement 3,1 % ont accès aux combustibles non solides comme lefioul pour la cuisine et le chauffage[173]. Legaz est disponible pour la cuisson dans la capitale, où il est utilisé par 25 % des ménages, mais dans leszones rurales, le combustible bois est utilisé presque exclusivement[174].
La consommation d'électricité par habitant est l'une des plus faibles au monde et les tarifs sont parmi les plus élevés. Le Tchad ne possède que 48 000 kW de capacité de production d'électricité installée en2016[157]. Le réseau électrique du Tchad se limite àN'Djaména et souffre de fréquentes pannes. Le pays ne dispose pas d'une stratégie nationale en matière d'énergie électrique et la production d'électricité reste très localisée. LaSociété nationale d’électricité (SNE) manque de capacités techniques et humaines pour répondre à la demande croissante en raison du vieillissement des infrastructures et du manque de financement.
Les principaux sous-secteurs des énergies renouvelables sont l'énergie solaire ainsi que la production et ladistribution d'électricité. La situation du Tchad dans leSahel, qui se caractérise par un ensoleillement exceptionnel, surtout pendant lasaison sèche, et l'absence de sources de combustibles de substitution comme lecharbon, font de l'énergie solaire un secteur d'exportation et d'investissement intéressant.Actuellement[Quand ?], le Tchad produit de l'électricité en consommant du pétrole. Avec la baisse du coût des nouvelles centrales solaires, le gouvernement du Tchad et les partenaires de développement comme laBanque mondiale donnent la priorité à l'énergie solaire dans tout le pays[9]. Les machines et les pièces pour la transmission et la distribution d'électricité sont également en demande.
Quant au sujet du pétrole, le Tchad se classe au dixième rang des pays africains en matière de réserves pétrolières, avec 1,5 milliard de barils de réserves prouvées en2018 et une production de plus de 140 000 barils par jour en2020[175]. Le pétrole est la première source de revenus publics du Tchad, et environ 90 % de la production pétrolière est exportée[176]. La production pétrolière du pays est dominée par laChina National Petroleum Corporation in Chad (CNPCIC), le consortiumEsso Exploration & Production Chad Inc. (EEPCI) dirigé parExxonMobil,GlaxoSmithKline Inc. (EEPCI),Glencore et Taiwanese Chinese Petroleum Corp (opérant sous le nom d'OPIC). D'autres compagnies pétrolières explorent de nouveaux blocs[177]. EEPCI a inauguré la production de pétrole tchadien en2003 et possède une participation majoritaire dans l'oléoduc Tchad-Cameroun de 1 100 km par lequel toutes les exportations de pétrole tchadien atteignent le port deDouala, auCameroun. Une co-entreprise entre CNPCIC et la société pétrolière d'État du Tchad, laSociété des Hydrocarbures du Tchad (SHT), raffine du pétrole pour l'exportation et la consommation intérieure dans une raffinerie de 20 000 barils par jour située à 40 km de N'Djaména[178]. C'est en grande partie grâce à la Banque mondiale que l'oléoduc peut commencer sa construction, en2003, avec une condition néanmoins : 70 % des revenus pétroliers doivent être consacrés à des projets de développement et de réduction de la pauvreté. L'accord prend fin en 2008, faute d'investissements concrets de la part des autorités tchadiennes[158].
En2012, le Tchad compte environ 58 aéroports, dont seulement 9 avec des pistes bitumées[181]. En2015, environ 28 332 passagers sont transportés par les compagnies aériennes régulières du Tchad. Il existe des vols entre N'Djaména,Sarh, Mao etMandoul mais la majorité de la population tchadienne n'a pas les moyens financiers de prendre l'avion pour se rendre dans d'autres villes. Les bus et lestaxis-brousse (taxis collectifs) sont opérationnels entre les villes du Tchad et ce sont les moyens de transport les moins chers. Dans le Nord, les routes ne sont que des pistes à travers le désert et le transport se fait surtout avec l'aide des animaux (chameaux, chevaux, ânes). Seulement, les nomades sont de plus en plus contraints à la sédentarité, en raison du réchauffement climatique qui entraîne une pénurie d'eau et donc décime les bêtes[50].
Il n'existe pas dechemins de fer au Tchad, bien que des négociations soient en cours pour construire des chemins de fer reliant leCameroun au Tchad[182]. Letransport fluvial au Tchad est limité au sud-ouest, avec les fleuvesLogone etChari, qui se jettent dans le lac Tchad un peu plus au nord, en passant par la capitale où ils s'unissent. Ils ne sont navigables que lors de la saison des pluies.
Le Tchad était historiquement l'un des pays les moins avancés en matière de télécommunication. Ainsi, en 2000, il n'y avait que 14 lignes téléphoniques fixes pour 10 000 habitants dans le pays, l'une des densités téléphoniques les plus faibles au monde[183]. En 2022, le système de télécommunication est basique et coûteux, avec des services de téléphonie fixe fournis par la compagnie de téléphone publiqueSotel Tchad, que trois opérateurs redistribuent localement : Tigo, racheté en 2019 parMaroc Telecom[113],Airtel et Salam (l'offre de Sotel Tchad).
En 2020, près de 9 millions de tchadiens étaient abonnés à une offre de téléphone, essentiellement mobile. Le taux de pénétration d'internet est passé de 48,9 % à 55,5 % entre 2019 et 2020. Le secteur télécom a généré un chiffre d'affaires cumulé de 152 milliards de francs CFA en 2020 (230 millions d'euros)[184].
L'audiovisuel tchadien est en plein changement. Il est désormais hébergé, depuis2019, dans la plus haute tour de la capitale, située dans le quartier administratif, et est doté de matériel extrêmement moderne et performant. L'Office national des médias audiovisuels (Onama) est né endécembre 2018 après un vote unanime des députés. L'objectif à l'époque est de remplacer l'Office national de radio et télévision du Tchad afin de tourner la page des déficits financiers passés. Le but est aussi d'apporter plus d'éthique et de modernité dans le fonctionnement des médias tchadiens. Enfin, le dernier objectif est de permettre un meilleur accès de la population à la télévision[185]. Si auparavant la seule chaîne de télévision était la chaîne publiqueTélé Tchad, aujourd'hui on dénombre plusieurs chaînes dont une chaîne d'information continue[94].
La radio a une portée de diffusion beaucoup plus grande, mais elle connaît aussi de nombreux problèmes matériels. Les radios privées manquent de moyens pour entretenir le matériel qui est onéreux et beaucoup finissent par cesser d'émettre, privant ainsi la population de leur principal accès à l'information[23].
Femme tchadienne vendant du lait.Boule de céréale avec sauce de gombo sec accompagné par kawal.
Lemillet est l'aliment de base de la cuisine tchadienne[190]. Il est utilisé pour faire des boules de pâte que l'on trempe dans des sauces. Dans le Nord, ce plat est connu sous le nom d'alys[191] ; dans le Sud, sous le nom debiya. Le millet est également transformé en crêpes qui sont frites dans l'huile. Les boissons alcoolisées, bien qu'absentes dans le Nord, sont populaires dans le Sud, où les gens boivent de la bière de millet[191], appeléebilli-billi lorsqu'elle est brassée à partir de millet rouge, etcoshate lorsqu'elle est faite à partir de millet blanc. Lesorgho, un autre type de céréale, est également un aliment de base important. Leriz est cultivé dans certaines régions, mais lemaïs et leblé sont rares[192].
Criquets (djaratt) grillés ou frits vendus au Tchad.
Les viandes debœuf,poulet etmouton sont disponibles dans la plupart des régions, en particulier dans le nord, où l'élevage debétail est commun. Les musulmans ne mangent pas de viande de porc, mais celle-ci est consommée à N'Djaména et dans le Sud du Tchad. Le poisson est également populaire. Ils abondent dans les lacs et les rivières du Tchad. Le poisson le plus commun est laperche du Nil, appelée capitaine. Le salanga (petit poisson séché ou salé) et le banda (gros poisson fumé)[193] sont populaires parmi les Tchadiens et sont exportés vers leCameroun et leNigeria.
Un plat de Kissar
Côté légumes, legombo est très apprécié des Tchadiens[194] et est utilisé comme base d'une sauce appeléegumbo. Les feuilles de la plante demanioc sont un autre légume commun. De nombreux fruits poussent dans le sud, comme les mangues, goyaves et bananes. Dans le nord aride, lesdattes et lesraisins secs, qui poussent dans lesoasis, sont utilisés dans de nombreux plats. Lescacahuètes sont un en-cas populaire et sont consommées crues ou grillées. Le carcaje est un thé rouge sucré très apprécié extrait des feuilles d'hibiscus.
Le repas du soir est le repas le plus important de la journée. Il est servi dans une grande assiette posée au milieu d'une natte. Les gens se rassemblent autour de l'assiette et s'assoient sur le sol. En général, les hommes et les femmes mangent séparément.
La musique du Tchad comprend un certain nombre d'instruments tels que le kinde, une sorte deharpe à archet, lekakaki, une longue corne en étain, et le hu hu, uninstrument à cordes qui utilise des calebasses comme haut-parleurs[195]. D'autres instruments sont davantage liés à des groupes ethniques spécifiques. Les Sara préfèrent lessifflets, lesbalafons, lesharpes et les tambours. LesKanembu combinent les sons des tambours avec ceux d'instruments ressemblant à desflûtes. Les Baguirmians enfin utilisent des tambours et ont une danse distinctive dans laquelle les danseurs manient de grands pilons à grains et font semblant de les utiliser sur un autre danseur[196].
Afrotronix coiffé du Dom, symbole du savoir-faire ancestral actualisé en Italie
C'est en1964 que naît Chari Jazz, le premier groupe qui initie la scène musicale moderne du Tchad[197]. Plus tard, des groupes renommés, comme African Melody et International Challal, fondé parMaître Gazonga, tentent de mélanger modernité et tradition en liant instruments traditionnels et électriques. Suivent Tibesti, un autre groupe bien connu, jouant du saï[198], un type de musique qui s'inspire des rythmes folkloriques du sud du pays ; Ahmed Pecos qui crée avec sa guitare des musiques d'inspiration soudanaise ; ou encore Clément Masdongar, un musicien et chanteur tchadien qui se produit également en France. Le très populaire groupe H'sao formé des frères Rimtobaye remporte en 2001 la médaille de bronze aux Jeux de la Francophonie[199]. Succès qui permettra à son fondateur, Caleb Rimtobaye, de lancer le projet afrofuturisteAfrotronix, lui-même récipiendaire de 18 récompenses internationales, et sacré meilleur Dj africain au All Africa Music Awards en 2018 au Ghana et meilleur duo électro en 2019 au Nigéria[200]. Aujourd'hui, la piraterie et le manque de protections légales pour les droits des artistes restent un problème de taille pour le développement de l'industrie musicale tchadienne[197].
Le Tchad est le berceau de plusieurs écrivains importants. Les contes deJoseph Brahim Seid, dontAu Tchad sous les étoiles (1962) et l'autobiographiqueUn enfant du Tchad (1967) sont des classiques tchadiens.Baba Moustapha, décédé en1982 à l'âge de 30 ans, laisse plusieurs œuvres remarquables, dontLe Commandant Chaka, publiée à titre posthume en1983, qui dénonce les dictatures militaires. Parmi les écrivains les plus connus au niveau international figurent encoreAntoine Bangui etKoulsy Lamko[201],Nimrod, Cheik Souleyman, Don Ebert et Nassir Ali Abbasia. La poésie est également une forme d'expression populaire dans le nord.
Néanmoins, depuis les années1970 jusqu'à2016, on compte seulement une soixantaine d'œuvres de fiction écrite par une vingtaine d’auteurs tchadiens[202]. C'est un rendement national très faible. Les auteurs tchadiens sont en effet souvent contraints d'écrire depuis l'exil. Ils génèrent ainsi une littérature dominée par les thèmes de l'oppression politique et du discours historique.
Une nouvelle vague de jeunes cinéastes fait son apparition[204]. Néanmoins, les difficultés restent entières, comme l'explique en2018 le réalisateurIssa Serge Coelo :« On est un peu démoralisés, parce qu'il n’y a pas de soutien ni du public ni de l'État, ni des ministères de tutelle ni des professionnels. On organise donc les choses à notre rythme, on trouve de l'argent comme on peut pour tourner quelques séquences, un petit court-métrage… On peut dire qu'il n'y a pas assez de films tchadiens, on n'en a pas fait beaucoup. On n'a pas de « cinéma », on a juste quelques films et un ou deux ou trois, quatre cinéastes, mais il n'y a pas de cinéma tchadien à proprement parler. Il n'y a pas de fonds pour la production de films, il n'y a pas de salle de cinéma à part Le Normandie qui est maintenant fermé, il n'y a pas de professionnels qualifiés : il nous manque beaucoup de choses. On n'a pas de sociétés de production ou de post-production… »[205].
En raison de sa grande variété de peuples et de langues, le Tchad possède un richepatrimoine culturel. C'est ainsi pour promouvoir cette culture et ces diverses traditions tchadiennes qu'ouvre en1962 leMusée national du Tchad. En2010, la collection permanente déménage dans un bâtiment flambant neuf de la capitale[92], qui peine néanmoins à dissimuler les espaces vides[76]. Le pays réclame le retour de ses trésors archéologiques actuellement présents dans les musées français[92]
L'artisanat tchadien est riche. Il comprend notamment destapis,nattes tissées, tissus, bijoux, tapis de laine, perles, produits en cuir et sculptures en bois. Lescalebasses sont façonnées et gravées pour servir de nombreux usages domestiques et pour fabriquer des instruments de musique. Le village deGaoui, à une courte distance deN'Djaména, est par exemple connu pour sapoterie fine, mais chaque village possède ses propres formes de poteries ou de jarres[187].
Stade MIDI à N'Djaména, Tchad 2025Stade MIDI à l'intérieur, 2025
Lefootball est le sport colectif le plus populaire du Tchad[206]. L'équipe nationale du pays est suivie de près lors des compétitions internationales et les enfants jouent au football dès qu'ils en ont l'occasion. De nombreux joueurs de football tchadiens, commeNambatingue Tokomon etJaphet N'Doram, ont joué pour des équipes françaises.
Dans tout le pays, les Tchadiens aiment lalutte libre[83]. Les combats ont souvent lieu lorsque deux groupes se rencontrent pour abreuver leur bétail. Les participants des deux groupes se mettent par deux en fonction de leur âge. Les combattants s'habillent traditionnellement en peaux d'animaux et se couvrent de poussière. Parmi les tribusSara Kaba du Sud du Tchad, ce type de lutte est connu sous le nom dembilé.
Anniversaire de la prise de pouvoir de l'ancien présidentIdriss Déby en1990. Cette fête fait l'objet de polémique à cause de sa tonalité politique[208] ;
Premier mois du calendrier musulman (année hégirienne), Achoura marque la commémoration du massacre d'al Husayn (fils de Ali et petit-fils du Prophète Muhammad)
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