Lepeuple tchétchène(entchétchène :Нохчий,Nokhchi, enrusse :Чеченцы) forme le plus grandgroupe ethnique natif duCaucase du Nord avec, selon le recensement russe de 2010, 1 431 360 représentants[11], dont 1 206 551 enTchétchénie[12] pour à peu près un total de2 millions de représentants dans le monde. Ils ont pour langue letchétchène et pour religion prédominante l'islam sunnite.
Les Tchétchènes sont l'un des peuples Nakh qui vivent dans les hautes terres duNord-caucase depuis lapréhistoire[13]. Il existe des preuves archéologiques de la continuité historique remontant à3000 avant J-C[14].
Amjad Jaimoukha note dans son livreLes Tchétchènes :« Certaines autorités pensent que la nation Nakh était une progéniture desHourrites et desUrartéens, bâtisseurs des magnifiques civilisations duProche-Orient, qui ont eu de profondes influences sur les autres cultures de la région »[15]. Selon certaines données, les Tchétchènes sont génétiquement, linguistiquement et anthropologiquement considérés comme les descendants desUrartéens[16],[17].
Au Moyen Âge, la Tchétchénie est dévastée par lesinvasions mongoles du XIIIe siècle , les invasions des khazars du VI-XIe siècle et celles deTamerlan au XIVe.
Les invasions du Caucase par Tamerlan à la fin du XIVe siècle ont été particulièrement coûteuses pour le royaume tchétchène de Simsir, allié de laHorde d'Or et anti-timurides. Son chef Khour Ela a soutenu KhanTokhtamych pendant labataille de la rivière Terek[18]. Ces événements ont joué un rôle clé dans la formation de la nation tchétchène et de sa société à orientation martiale et basée sur les clans[19].
Le Caucase était une zone concurrente majeure pour deux empires rivaux voisins : l'Empire ottoman, à l'ouest du Caucase, et l'Empire perse (Safavides) à l'est et au centre. Les Tchétchènes, cependant, ne sont jamais vraiment tombés sous la domination de l'un ou l'autre empire[20].
Depuis lors, il y a eu diverses rébellions tchétchènes contre le pouvoir russe/soviétique en 1865-1866, 1877, pendant laguerre civile russe et laSeconde Guerre mondiale, ainsi qu'une résistance non violente à larussification et aux campagnes decollectivisation et anti-religion de l'Union soviétique. En 1944, tous les Tchétchènes, ainsi que plusieurs autres peuples du Caucase, sontdéportés sous l'ordre du dirigeant soviétiqueJoseph Staline vers lesRSS kazakh etkirghize. Au moins un quart - et peut-être la moitié - de l'ensemble de la population tchétchène a péri dans le processus, et un coup sévère a été porté à leur culture et à leurs archives historiques[23],[24]. Bien que "réhabilités" en 1956 et autorisés à revenir l'année suivante, les survivants ont perdu leurs ressources économiques et leurs droits civils et, sous les gouvernements soviétiques et post-soviétiques, ils font l'objet de discriminations officielles et non officielles et de discours publics discriminatoires[25]. Les tentatives tchétchènes de recouvrer l'indépendance dans les années 1990 après lachute de l'Union soviétique ont conduit à lapremière et à ladeuxième guerre avec le nouvel État russe, à partir de 1994.
La majorité des Tchétchènes se trouve dans laRépublique tchétchène de la fédération deRussie, dans le Nord-Est du Caucase. Des groupes important se trouvent également dans les régions voisines (Ingouchie, Daghestan) ainsi qu’àMoscou.
À l’étranger on trouve des populations tchétchènes enTurquie et auMoyen-Orient (Jordanie,Syrie etIrak), descendants de Tchétchènes qui ont été déportés lors de laguerre du Caucase auXIXe siècle, ainsi qu’auKazakhstan, descendants de Tchétchènes déportés sousJoseph Staline. Dans les années 1990 et 2000, les deux guerres de Tchétchènie ont poussées certaines familles de civils (dont femmes et enfants) qui étaient menacées par les bombardements russes, à immigrer avec le statut de réfugié de guerre enEurope, particulièrement enFrance,Belgique et enAllemagne. D'autres ont également émigré en tant qu'opposants et réfugiés politiques, fuyant les pérsecutions du gouvernement russe ainsi que du gouvernement tchétchène local deRamzan Kadyrov, allié de la Russie.
Au cours duXIXe siècle, durant les premières guerres batailles contre l'Empire russe, les tchétchènes furent l'objet de fascinations de la part d'écrivains, poètes et romanciers russes ayant observés ce peuple durant leurs voyages et séjours dans le Caucase. Le généralErmolov rapportait dans ses écrits les tchétchènes comme étant « une véritable horde de bandits », l'écrivain russeLéon Tolstoï décrivait les tchétchènes comme étant « Ce que tous les Tchétchènes, petits et grands, ressentaient, était plus fort que la haine. Tout simplement, ils ne reconnaissaient plus les Russes pour des chiens que pour des hommes, ils éprouvaient tant de dégoût, de répulsion, d'horreur devant la stupide cruauté de ces êtres que leur désir de les exterminer comme celui d'exterminer les rats, les araignées venimeuses, les loups, était un sentiment aussi naturel que l'instinct de conservation ». Le poète russeMikhaïl Lermontov décrivait les tchétchènes comme des barbares ensanglantés portant toujours un couteau avec eux, les écrits de Lermontov au sujet des tchétchènes sont devenus une berceuse que l'on apprend et raconte depuis aux enfants russes « Dors, le grand méchant tchétchène est en train d'aiguiser son couteau mais ton Papa veille ». Le poète russeAlexandre Pouchkine décrivait quant à lui les tchétchènes comme un peuple de montagnard rebelle, insoumis et impossible à pacifier[26],[27].
Au Moyen Âge, la plaine de Tchétchénie est dominée par lesKhazars puis lesAlains. Avec une présence remontant au XIVe siècle, l'islam s'est progressivement répandu parmi les Tchétchènes[28],[29], bien que la religion traditionnelle Tchétchène soit encore très présente jusqu'au XIXe siècle.
Aujourd'hui, les Tchétchènes sont majoritairement musulmans[30]. La plupart de la population suit soit la jurisprudenceShafi'i ou leHanafi[31]. L'école de jurisprudence Shafi'i a une longue tradition parmi les Tchétchènes, et reste donc la plus pratiquée[32].
A la fin des années 2000, cependant, deux nouvelles tendances sont apparues en Tchétchénie. Un vestige radicalisé du mouvement séparatiste armé tchétchène est devenu dominé par lessalafistes (populairement connus en Russie sous le nom dewahhabites et présents en Tchétchénie en petit nombre depuis les années 1990), abandonnant pour la plupart lenationalisme au profit dupanislamisme et fusionnant avec plusieurs autres insurrections islamiques régionales pour former l'émirat du Caucase. Dans le même temps, la Tchétchénie sous le régime autoritaire deRamzan Kadyrov, soutenu par Moscou, a mené sa propre contre-campagne controversée d'islamisation de la république, le gouvernement local promouvant et appliquant activement sa propre version d'un soi-disant« islam traditionnel », y compris l'introduction d'éléments de lacharia qui remplacent les lois officielles russes[33],[34],[35].
↑"Chechnya i Rossiya: obshchestva i gosudarstva: Sb. materialov konferentsii. Pod red. D.Furmana. M .: Polinform-Talburi." English translation: "This sounds extremely unexpected, but it is. The Chechen nation is the ethnic root part of the Caucasian race, one of the oldest sources of human civilization, the fundamental principle of spirituality, passed through the Hurrian, Mittani, Urartian cultures.",(ISBN978-5-93516-004-3)
↑JamesMinahan,One Europe, Many Nations: A Historical Dictionary of European National Groups, Greenwood Publishing Group,(ISBN978-0-313-30984-7,lire en ligne),p. 168
Mariel Tsaroieva,Anciennes croyances desIngouches et Tchétchènes : peuples du Caucase du nord (texte remanié d'une thèse d'Histoire des religions, INALCO), Paris, Maisonneuve & Larose,, 423 p.(ISBN2-7068-1792-5).
Laurent Vinatier,Tchétchènes : une diaspora en guerre (texte remanié d'une thèse de sciences politiques), Paris, Pétra,, 289 p.(ISBN978-2-84743-085-1).
Amjad Jaimoukha,The Chechens: A Handbook, Londres; New-York, Routledge,.
Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger,National Minorities In Europe, Purdue University Press, 2004(ISBN978-3700314431) : « The Peoples of Europe by Demographic Size », table 1,p. 11f.