Pour le film, voirTaxman (film).
| Sortie | |
|---|---|
| Enregistré | , et Studios EMI,Londres |
| Durée | 2:36 |
| Genre | Hard rock |
| Auteur-compositeur | George Harrison |
| Producteur | George Martin |
| Label | Parlophone |
Pistes deRevolver
Taxman est une chanson desBeatles, écrite parGeorge Harrison. Elle ouvre leur septième albumRevolver, paru le enGrande-Bretagne et trois jours plus tard auxÉtats-Unis. Le guitariste chante à la première personne, endossant le rôle d'unpercepteur d'impôts dont il fait une critique acerbe. Contrairement à l'habitude, lesolo de guitare, entendu deux fois dans la chanson, est joué parPaul McCartney, et non Harrison.
Le rapport deGeorge Harrison avec l'argent est particulier au sein des Beatles. En effet, dès leurs débuts, il est le seul à relire entièrement les contrats, afin de savoir très exactement combien ils gagnent. Il prend peu à peu ses distances avec l'argent au fur et à mesure de son intérêt croissant pour les religions orientales[1].
Harrison trouve l'idée de la chanson en constatant le peu d'argent qu'il lui reste après avoir payé ses impôts aupercepteur (taxman en anglais). La fin des tournées mondiales effrénées lui permettant enfin d'examiner avec attention sa comptabilité, il s'aperçoit effectivement que ses revenus sont imposés au taux maximal, à savoir 96 %, et qu'il n'est pas aussi riche qu'il le pensait[2]. Il explique ainsi avoir écritTaxman à partir du moment où il a compris que la majeure partie de l'argent que les Beatles gagnaient était perdue en taxes[3] :« J'ai découvert que je payais une quantité d'argent énorme au percepteur. Tu es si heureux quand tu commences enfin à voir que tu gagnes de l'argent. Puis tu découvres le percepteur »[4].
La version finale et enregistrée de la chanson a été beaucoup retravaillée. La première version montrait une totale absence d'humour. Les rimes étaient également plus pauvres,« get some bread » rimant avec« before you're dead ». Elle ne faisait pas non plus mention duPremier ministre britanniqueHarold Wilson et du leader de l'opposition,Edward Heath. Ces deux hommes politiques ne sont ajoutés que lors de l'enregistrement, devenant ainsi les deux premières personnes vivantes à être citées dans une chanson des Beatles[2].
John Lennon a expliqué dans son interview au magazinePlayboy en1980 qu'il a injecté quelques idées dans la chanson[3]. Cependant, il n'est pas cité lorsque George Harrison relate la genèse de la chanson dans son autobiographie,I, Me, Mine, fait qui le contrariera beaucoup[2].
Le jeudi, lesBeatles sont auxstudios EMI pour une longue séance de douze heures, au cours de laquelle ils travaillent surAnd Your Bird Can Sing etTaxman. Quatre prises rythmiques de cette dernière sont enregistrées, mais le groupe discute encore beaucoup de la meilleure structure pour la chanson[5]. Le lendemain, ils décident malgré tout de repartir de zéro et enregistrent une nouvelle piste rythmique. Les vocaux viennent s'ajouter et la chanson commence à prendre forme, mais est encore bien différente du résultat final. Par exemple, les« Ah ah, Mister Wilson, Ah ah, Mister Heath » moqueurs chantés parPaul McCartney etJohn Lennon ne sont pas encore présents ; à la place, ils chantent trois fois et très rapidement« Anybody gotta bit of money? »[5]. Cette version est disponible sur la compilationAnthology 2.
Contrairement à l'habitude, c'est Paul McCartney qui joue lesolo de guitare, alors que c'était plutôt le rôle de Harrison, guitariste attitré du groupe. Audible après les deux premierscouplets et lepont — on l'entend en fait deux fois, puisqu'il est directement copié à la fin du morceau[5] —, le solo satisfait beaucoup George Harrison, expliquant que McCartney y a ajouté une« petite touche indienne » pour lui[3].
Le travail sur la chanson est achevé le, avec desoverdubs d'une cloche et des allusions à Wilson et Heath[5]. Sur le pressage français initial deRevolver le décompte du début (« One, two, three, four ») a disparu[6], sans doute parce qu'il a été pris pour des informations techniques de début de bande.
DansThe Beatles As Musicians, Walter Everett émet l'hypothèse que ce « One, two, three, four » prononcé d'une voix sinistre serait un écho volontaire du « One, two, three, four » joyeux qui introduitI Saw Her Standing There surPlease Please Me marquant ainsi la désolation du musicien et sa désillusion. Le décompte d'intro de cette chanson a connu le même sort, supprimé de l'album par un technicien, lorsqueVee-Jay Records publia l'albumIntroducing… The Beatles.
Dans la chanson,George Harrison incarne non pas une victime du système mais unreceveur des impôts particulièrement zélé, prêt à taxer tout et n'importe quoi : la rue si on conduit une voiture, le siège si on essaie de s'asseoir, la chaleur si on a trop froid, les pieds si on veut se promener. Ce collecteur explique également que« si 5 % paraissent insuffisants » (pourcentage restant des revenus après taxation), il faut plutôt le remercier de ne pas tout prendre[7].Harold Wilson etEdward Heath, alors respectivement Premier ministre et leader de l'opposition, sont cités dans la chanson d'une façon moqueuse pour leur contribution aux lois sur l'imposition.
Plus loin, lesdroits de succession — paiement des impôts après sa mort, un comble pour Harrison — sont également repris, dans le passage« Now my advice for those who die: declare the pennies on your eyes » (« Maintenant mon conseil pour ceux qui meurent : déclarez lespennies sur vos yeux »)[8].
Au cours de sa carrière solo, George Harrison a lui-même interprété sa chanson à plusieurs reprises, et les paroles ont dû évoluer en fonction des problématiques de l'actualité. Ainsi, lors de sa tournée auJapon en1991, les politiciens cités sont le BritanniqueJohn Major, l'AméricainGeorge Bush père, et le RusseBoris Eltsine. Les thèmes abordés comprennent également laTVA et les personnesobèses, dont letaxman est prêt à taxer le surpoids[9].
Le morceau ouvre l'albumRevolver par un « One, two, three, four, one, two » prononcé par McCartney[10]. On peut entendre quelqu'un tousser à l'arrière. Labasse et laguitare rythmique entament en premier la partie musicale. Harrison commence à chanter, et la structure reste régulière jusqu'au premier refrain où Starr commence à jouer. Les 75 premières secondes suivent ce schéma, avec les jeux de basse et de guitare qui restent les mêmes, répétés plusieurs fois et un jeu de batterie plus important pendant les refrains. Puis, le groupe, en chœur, lance un « Taxman » qui introduit le premier solo de guitare qui dure une dizaine de secondes. La suite du morceau reprend la structure décrite plus haut, jusqu'à la fin, où le deuxième solo (identique au premier) clôt la chanson par uneffet de fondu.
Taxman est sortie, le, enlyrics video, réalisée parDanny Sangra, deux semaines avant la mise en marché de l'album remixé. Comme pour le reste de celui-ci, on a utilisé unalgorithme d'intelligence artificielle, développé par laWingNut Films Productions Ltd dePeter Jackson et utilisé pour le documentaireThe Beatles: Get Back, afin d'effectuer la séparation des sons d'origine[11]. Elle est aussi rajoutée, l'année suivante, à la compilationThe Beatles 1962–1966 aussi connu du nom « Album rouge »[12].
George Harrison reprend son titre le comprenant plusieurs variations dans le texte et les arrangements. Une répétition a été filmée pour la presse, dont la chaîneMTV, enregistrée austudios de Shepperton en préparation du spectacle auRoyal Albert Hall afin de promouvoir leNatural Law Party[13].
D'autres artistes ontrepris la chanson parmi lesquels :
Revolver (1966) | |
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| Face 1 | |
| Face 2 | |
| Ajouts à la réédition de 2022 | |
| Discographie des Beatles | |