Taux de mortalité dans le monde par pays pour 1 000 habitants en2023.
Enécologie des populations, letaux de mortalité (outaux brut de mortalité) est le rapport entre le nombre annuel dedécès et lapopulation totale moyenne sur une période et dans un territoire donné. Cette mesure statistique est notamment utilisée endémographie humaine.
Le taux de mortalité sert notamment à l'étude de ladémographie humaine, de pair avec lanatalité et lafécondité. Il renseigne en particulier sur les conditions sanitaires générales d'un pays.
Le taux de mortalité se distingue dutaux de morbidité, qui est le nombre demalades annuels rapporté à la population, et dutaux de létalité, qui est le nombre de décès rapporté au nombre de malades.
Les causes de mortalité sont toutes les causes possibles pouvant engendrer la mort d'un individu. Si les possibilités sont infinies au niveau individuel, les données agrégées au niveau de la population offrent des régularités observables.
La typologie des causes possibles de mortalité proposée par l'OMS (CIM-10) peut être simplifiée de la manière suivante[1] :
Le suivi à échelle nationale du nombre et des causes de décès, a longtemps été du ressort d'autorités religieuses (ou militaires en situation de guerre). Il pose encore des questions difficiles de confidentialité et d'organisation (Le suivi des causes de décès implique divers acteurs (médecins, mairies, Inserm, Insee) et un parcours administratif complexe ; la cause du décès est une information sensible et confidentielle, devant être traitée avec des précautions particulière), malgré l'informatisation, les statistiques définitives sur les causes de décès sont publiées avec un certain retard et la numérisation/dématérialisation des procédures est encore incomplète[2].
On a vu avec lacanicule de 2003 que l'INSEE ou l'INSERM n'étaient pas en capacité d'informer le gouvernement ou la population de la mortalité induite par ce type d'événement sanitaire[3]. La Pandémie de Covid-19 a été mieux suivie.
Historiquement, quelques grandes étapes ont été[2] :
1539 : l’édit de Villers-Cotterêts, de François 1ᵉʳ, généralise l’enregistrement des naissances et des décès, dans chaque paroisse, via le registres des baptêmes et des sépultures tenus par le curé[2].
dans les années 1770, Les intendants du roi (Louis XV) organisent la remontée de ces données vers le pouvoir central (Paris)[2] ;
1893: Création d'un système international de classification des causes de décès, initié par le statisticienJacques Bertillon[4] ;
1907: Introduction en France de l'information sur la cause de décès dans lebulletin de décès (d'abord remplie par l’officier d’état civil, d'après les déclarations du médecin traitant, du médecin d’état civil ou de la famille, et intégrée dans la Statistique générale de la France (SGF, lancée en 1833, qui sera remplacée par l’Insee en 1946). Des statistiques sur les causes de la mort, par sexe et par âge ont été publiées par la SGF à partir de1925)[2] ;
1968: L'Inserm est chargé d'établir la statistique des causes de décès, ce qui implique de de ré-apparier les deux bulletins, via un circuit complexe et une anonymisation, procédures qui implique un délai de deux à trois ans pour la mise à disposition d'observateurs extérieurs alors que cette information peut être décisive pour l'épidémiologie[5].
Aujourd’hui, quand un décès survient, la famille (ou un substitut) doit le déclarer à la mairie dans les 24 heures et l'officier d'état civil consigne cette information dans le registre des décès[2]. En 2019, 88% des bulletins de décès étaient transmis électroniquement par les mairies à l'INSEE, contre 18% descertificats médicaux. L'Insee collecte et d'analyse ces données puis publie un décompte annuel (début janvier, pour l'année précédente, avec une marge d'erreur estimée inférieure à 0,1%, corrigée quelques mois plus tard, avec une analyse plus détaillée par sexe, âge, département, etc. un bulletin mensuel donne aussi une estimation du nombre de décès du mois précédent pour les villes grandes et moyennes qui transmettent leurs bulletins de décès via internet[2].
Lapandémie de Covid-19 a imposé de créer une méthode nouvelle d'évaluation du nombre de morts : le Système d'information pour le suivi des victimes d'attentats et de situations sanitaires exceptionnelles (SI-VIC, conçu antérieurement, pour suivre les victimes d'attentats, puis adapté au suivi pandémique, avec comme limite qu'il ne retient que les décès constatés à l'hôpital alors que de nombreux décès avaient lieu au domicile ou en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), décès qui ne sont pas systématiquement déclarés dans le SI-VIC[2]. Cet outil sous-estime donc la mortalité induite par le virus. En 2018, un peu plus de la moitié des personnes meurent à l’hôpital (53 %), près d’un quart à domicile (24 %), et une sur sept en maison de retraite (Ehpad) (13 %) (le reste mourant dans un lieu public ou un lieu non précisé dans le bulletin de décès)[2].
L’absence d’eau potable est à l’origine de nombreuses épidémies, notamment dans les pays confrontés à une urgence humanitaire :Choléra,typhoïde,hépatite, mais aussi ladiarrhée, pourtant facilement traitée dans les pays occidentaux, qui tue à elle seule 1,8 million d’enfants par an. 1,6 milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable et 2,6 milliards n’ont pas accès aux conditions élémentaires d’hygiène.
Lesmaladies infectieuses sont responsables de 17 millions de décès par an, ce qui représente un tiers de la mortalité. Elles représentent 43 % des décès dans lespays en voie de développement, contre 1 % dans les pays industrialisés, notamment lesida, lepaludisme et larougeole, cette dernière étant responsable de la mort d’environ un million d’enfants par an.
SelonJean Ziegler (rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 à), la mortalité due à lasous-alimentation représentait 58 % de la mortalité totale en 2006 : « Dans le monde, environ 62 millions de personnes, toutes causes de décès confondues, meurent chaque année. En 2006, plus de 36 millions sont mortes de faim ou de maladies dues aux carences enmicronutriments »[6].
Le nombre de morts violentes (homicides,suicides,accidents) varie beaucoup selon les pays et les époques (guerre, démantèlement de l’État...) ; par exemple, en 2000, l’OMS enregistrait 221 morts violentes pour 100 000 habitants enRussie (soit 18 % des décès), 105 morts violentes pour 100 000 habitants enColombie (24 % des décès), et seulement 33 morts violentes pour 100 000 habitants auRoyaume-Uni (soit 3 % des décès)[7].
L’OMS a défini vingt facteurs de risques[8], qui représentent la majorité des causes de décès[9]. Parmi ces facteurs les principaux sont :
Lasous-alimentation : plus de 3 millions de décès d'enfants dans lespays en développement (1,8 million en Afrique et 1,2 million en Asie), soit 60 % des décès d'enfants, et 170 millions d'enfants ont un poids insuffisant ;
Les pratiques sexuelles dangereuses (c'est-à-dire sanspréservatif) : 2,9 millions de morts ; 40 millions de personnes sont infectées par leVIH (sida), essentiellement en raison de pratiques sexuelles dangereuses (99 % des infections en Afrique, 94 % en Amérique centrale et 13 % en Asie orientale) ;
Depuis les années 1990, des rapports (ex :La santé en France duHaut Conseil de la santé publique) intègrent lamortalité prématurée (grossièrement définie comme« la somme des décès survenus avant 65 ans »[11]) et lamortalité évitable (définie par trois composantes :« causes de décès liées aux comportements à risque, causes de décès liées au système de soins et autres causes de décès »)[11].
« La France se caractérise par des taux de décès prématurés très élevés alors que les niveaux de mortalité sont très favorables après 65 ans. Concernant la mortalité évitable, les indicateurs liés aux comportements à risque sont défavorables en France, alors que les indicateurs liés au système de soins semblent très favorables »[11].
En France, on comptait 750 décès pour 100 000 habitants en 2004[12], avec une espérance de vie de 77,2 ans pour les hommes et de 84,2 ans pour les femmes en 2006[13]. Un quart des décès ont lieu avant l'âge de 65 ans.
Le taux de mortalité en France, après une légère diminution au début des années 2000, augmente progressivement depuis 2015[14]. Le taux de mortalité infantile reste relativement stable, autour de 3,8 pour mille[15].
Année
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Décès (milliers)
540,6
541,0
545,2
562,5
519,5
538,1
526,9
531,2
542,6
546,0
551,2
545,1
569,9
569,2
559,3
593,7
593,9
606,0
614
Taux de mortalité
8,9
8,8
8,9
9,1
8,3
8,5
8,3
8,3
8,5
8,5
8,5
8,4
8,7
8,7
8,4
8,9
8,9
9,1
9,2
Mortalité infantile
4,5
4,6
4,2
4,2
4,0
3,8
3,8
3,8
3,8
3,8
3,6
3,5
3,5
3,6
3,5
3,7
3,7
3,9
3,8
Note : à compter de 2014, les chiffres comprennentMayotte.
La Bretagne est la région la plus affectée par lecancer de la prostate, mais c'est aussi la région où le taux de progression des différents cancers est le plus faible[17]. De nombreux départements agricoles ont des taux de cancers supérieurs à la moyenne nationale, et on enregistre depuis 2008 le plus fort taux au monde de cancer de la prostate enMartinique &Guadeloupe (contamination par lechlordécone, uninsecticide).
Les inégalités régionales montrent que les causes de maladies ne sont pas à chercher seulement au niveau individuel ou génétique, mais aussi sans doute au niveau environnemental[18][réf. incomplète].
Une modification dumode de vie permettrait de réduire la mortalité dans les pays développés. Une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge (Royaume-Uni), en partenariat avec leMedical Research Council, a mené une enquête sur 20 244 individus pendant 14 ans (1993-2007), dont 1 987 sont décédés en cours d'enquête, afin de déterminer l'impact du mode de vie sur l'espérance de vie[19]. L'étude conclut que le « mode de vie idéal » majore l'espérance de vie de 14 ans par rapport au cumul de quatre facteurs de risque[20] :
Le cumul des quatre facteurs de risque multiplie le risque de décès par 4,4 ; trois facteurs, par 2,5 ; deux facteurs, par près de 2 ; et un seul facteur, par 1,4. Selon le professeur Kay-Tee Khaw, premier signataire de l'étude,« c'est la première fois que l'on analyse l'effet cumulé des facteurs de risque sur la mortalité »[20].