LeTaureau est uneconstellation duzodiaque traversée par leSoleil du au. Dans l'ordre du zodiaque, la constellation se situe entre leBélier à l'ouest et lesGémeaux à l'est. Le Taureau était l’une des 48 constellations identifiées parPtolémée.
Le Taureau céleste sur une tablette d'époque séleucide.
Ce qui va devenir la constellation de GU4.AN.NA, « le Taureau céleste », prend naissance dans l’étoileAlpha Tauri, au cœur de ce qui très tôt est vue commeIs lê ou « Mâchoire d’Ilû, [le Taureau céleste] » elle va ensuite englober un astérisme présent dès les premiers textes, à savoir mul.MUL, « l’Astre par excellence », qui correspond à M 45, soit lesPléiades. La figure qui nous est familière et qui apparaît sous la forme d’un tronc de taureau, intègre aussi l'espace de GIGIR =Narkabtu, « le Chariot »[3],[4],[5]. La figure duTaureau mésopotamien contient donc trois astérismes distincts dans lequel GIGIR =Narkabtu, « le Chariot », reste toutefois secondaire. Parmi eux, le poids de la figure de mul.MUL se fera sentir longtemps puisque dans les horoscopes mésopotamiens, soit à la fin du1er millénaire, le2e signe zodiacal s’écrira aussi bien GU4.AN.NA que mul.MUL que de l’un des abréviations de ces deux termes[6].
Dans l’Épopée de Gilgamesh, récit mythologie qui est une des œuvres les plus anciennes de l’humanité, GU4.AN.NA =Alap šamê, « le Taureau céleste », est envoyé sur terre par AN /Anu, le père des dieux, pour dévaster la ville d’Uruk à la demande de sa filleIštar, dépitée queGilgameš, le roi de cette cité, ait pu refuser de façon très méprisante, ses avances amoureuses[7].
PourÉratosthène, leTaureau pourrait être soit la forme bovine utilisée parZeus afin de commettre le rapt d’Europe ou le taureau blanc envoyé parPoséidon àMinos[9]. Pour d'autres, il serait leTaureau d'airain (selon les versions, seuls les sabots seraient d'airain ou le corps entier), lagorgone qui inspira le tyranPhalaris pour la construction d'un instrument de torture de même nom, dominé parJason et qui sera tué plus tard parThésée à Marathon. D'un autre côté, on trouve un écho du récit deÉpopée de Gilgamesh dans l’un des douze travaux demandés parEurysthée, roi d’Argolide, à d’Héraclès. Le septième d’entre eux consiste en effet à dompter le taureau que le dieuPoséidon a déchaîné pour saccager l’île deCrète afin de punir le roiMinos de ne pas avoir tenu sa promesse de le lui sacrifier un taureau[10].
Dans l'espace grecΤαύρος, il faut aussi tenir compte de deux astérismes connus, lesHyades et lesPléiades (voir les pages correspondantes).
Les Romains reprirent simplement le grecΤαύρος dont ils firentTaurus à partir sesAratea, c'est-à-dire la traduction desΦαινόμενα Phnomènes d'Aratos, à partir deCicéron[10].
Il faut distinguer le ciel traditionnel qui comprend lesmanāzil al-qamar ou « stations lunaires », et ciel gréco-arabe, c’est-à-dire celui que les astronomes classiques ont repris des Grecs auIXe siècle de notre ère.
Le groupe الفنيق والقلائصal-Fanīq wa-l-Qilā’iṣ, le « Chameau mâle et les Jeunes Chamelles » dans le ciel arabe traditionnel.La figure développée de الثريّاal-Ṯurayyā dans le ciel arabe (Dessin de Roland Laffitte, 1998).La figure de الثورal-Ṯawr, « le Taureau », dans une édition du traité deᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī duXVe s.
Dans le ciel arabe traditionnel, nous avons deuxmanāzil al-qamar ou « stations lunaires » dabs l'espace duTaureau gréco-arabe.
Les Arabes héritèrent de la figure babylonienne sous le nom de الثورal-Ṯawr par le canal de l’araméenṮawra pour le signe du zodiaque. C’est seulement ensuite qu’ils adoptèrent l’arpentage grec du ciel et connurent la constellation grecque deΤαύρος, à son tour nommée الثورal-Ṯawr.
Les Anciens Arabes plaçaient ainsi sur cet espace la figure d’al-Ṯurayyā, dont le centre est situé sur laIIIe des stations lunaires oumanāzil al-qamar, correspondant auxPléiades. Par la suite, quand les constellations se formèrent dans le ciel arabe traditionnel, الثريّاal-Ṯurayyā devient une immense figure, intégrant l'astérisme primitive de la constellation, soit الثريّاal-Ṯurayyā, et sa suivante, الدبرانal-Dabarān. La figure se continue dansPersée et coïncide pour finir avec leW deCassiopée.
Quand ils adoptèrent le formatage grec du ciel, les astronomes traducteurs arabes de laΜαθηματική σύνταξις de Ptolémée, à savoiral-Ḥağğāğ b. Maṭar etIsḥāq b. Ḥunayn, n'eurent pas de peine à faire correspondre au nom grecΤαύρος, le nom arabe الثورal-Ṯawr qu'ils possédaient déjà[11].
Les catalogues internationaux contiennent aujourd'hui des d'étoiles provenant des deux ciels arabes, le traditionnel et le gréco-arabe.
Au Moyen Âge, les clercs latins connaissaient le nom d’Taurus par les encyclopédies et les quelques manuscrits desAratea, c’est-à-dire les versions latines desΦαινόμενα d’Aratos, à leur disposition, mais ils connurent dès l’an mil le nom arabe de cette figure. C’est ainsi qu’on le trouveAra Ataur, Altor dans l’Uranometria deJohann Bayer (1603)[12]. Le nom figure encore dans plusieurs catalogues jusqu’à ce que la nomenclature approuvée en 1930 par l’Union astronomique internationale (AUAI) ne chasse définitivement les appellations autres queTaurus, à l’exception du grecΤαύρος.
Ces 2 宿xiù sont à la base de 2 constellations (星官xīng guān) déjà établies dans l’Antiquité chinoise et recensées dans le 石氏星经Shí shì xīng jīn, « le Canon astral de Maître Shí », élaboré par l'école astronomique deShi Shen (ca. 350 av. è. c.)[13].
Aldébaran se repère soit à partir d'Orion (dans le prolongement des « trois rois mages »), ou par sa proximité avec lesPléiades. C'est l'étoile brillante qui domine l'axe Orion - Pléiades. Aldébaran peut également être identifiée directement par le « V » dont elle marque une des extrémités.
Aldébaran (α Tauri), rouge et brillante, l’une desétoiles de première magnitude, se trouve au milieu de cette constellation. Derrière elle se trouvent lesHyades, l’amas ouvert le plus proche de la Terre, qui, avec Aldébaran, forme un « V » marquant la tête du Taureau. Les cornes s’étendent à l’ouest, marquées parElnath (β Tauri, traditionnellement partagée par le Cocher) et ζ Tauri. Vers le milieu de la constellation se trouve un desamas ouverts les plus connus, facilement visible à l’œil nu, lesPléiades.
La partie Nord-Est de la constellation contient deux étoiles brillantes mais assez isolées, qui ne paraissent pas rattachées au centre. En prolongeant la branche du « V » où se trouve Aldébaran, on tombe sur ζ Tau, le nez du Taureau, qui semble se regrouper avec la massue d'Orion et les pieds des Gémeaux. De son côté, Elnath (β Tau), la corne Est, se situe dans le prolongement de l'autre branche du « V », et semble plutôt se regrouper avec le Cocher pour former un petit hexagone.
La « colonne vertébrale » est dans le prolongement arrière de Aldébaran et sa branche du « V ». On tombe successivement sur λ Tau et ο Tau, qui marque la fin de la constellation. Entre la colonne vertébrale et l'arc d'Orion, la partie Sud-Ouest ne contient pas d'alignement. On peut y voir un corps de taureau et quelques pattes, la forme imaginée variant avec les conditions de visibilité.
Elnath est la deuxième étoile de la constellation et porte logiquement la dénomination β Tau. Mais, étant située à la frontière du Taureau avec leCocher, elle est parfois désignée par γ Aur.
La constellation du Taureau contient, entre autres, deuxamas d’étoiles proches, lesHyades et lesPléiades, suffisamment lumineux pour être clairement visibles à l’œil nu.
LesHyades sont distantes d’environ cent-cinquante années-lumière, ce qui en fait l’amas ouvert le plus proche duSystème solaire (si on exclut l’amas de laGrande Ourse qui semble n’être qu’un ensemble d’étoiles individuelles non liées). La plupart de ses membres se situent dans un diamètre de dix années-lumière et se déplacent à peu près dans la même direction. Bien qu’Aldébaran se trouve apparemment au centre de l’amas, elle n’en fait pas partie et est en fait deux fois plus proche.
Les Pléiades (également notéesM45) sont probablement l’amas le plus connu. En fait, on peut distinguer à l’œil nu de six à douze étoiles distinctes, parmi les cinq cents qui le composent. L’amas est distant de trois cent quatre-vingts années-lumière.
Un autre objet visible au télescope est lanébuleuse du Crabe, un vestige desupernova au nord-est deζ Tauri. L’immense explosion, visible le4 juillet 1054, a été assez brillante pour être observée de jour. On en trouve des mentions dans des recueils historiques chinois et dans despoteries amérindiennes.
↑Abraham Sachs & Hermann Gunter,Astronomical Diaries and Related Texts from Babylonia [Österreichische Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-Historische Klasse Denkschriften, 195. 3 vols., Wien: Verlag der Österreichische Akademie der Wissenschaften, 1988-1996], t. I,p. 18.
↑ Ératosthène,Le Ciel, mythes et histoires des constellations, Pascal Charvet (dir.), Paris : Nil Éditions, 1998,p. 83.
↑a etb André Le Bœuffle,Les Noms latins d’astres et de constellations, éd. Paris : Les Belles Lettres, 1977,p. 154-159.
↑Claudius Ptolemäus, Der Sternkatalog des Almagest. I. Die arabischen Übersetzungen, éd. par Paul Kunitzsch, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1986,p. 278-279.
↑ (la)Johann Bayer,Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 23r.
↑(en) Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker,The Chinese Sky During the Han, Leyde / Cologne : Brill, 1997,p. 15-21)