Tarquin l'Ancien ouLucius Tarquinius Priscus est le cinquième des septrois légendaires de laRome antique, et le premier roi romain d'origineétrusque. La tradition romaine lui attribue d'importants travaux d'aménagement de la cité romaine (Forum Romain,Circus Maximus, les égouts (Cloaca Maxima). Il aurait régné de 616 à Il serait mort assassiné après un long règne de 38 ans.
Selon l'historien romainTite-Live, Tarquin l'Ancien s'appelaitLucumon[1], il était fils deDémarate, unCorinthien réfugié àTarquinia, et était marié à l'ambitieuseTanaquil, uneÉtrusque de souche qui appartenait à une grande famille de Tarquinia. Le frère de Lucumon,Arruns, étant mort prématurément, il hérite de la totalité de la fortune paternelle. Cependant, méprisé malgré sa fortune[2] en raison de l'origine étrangère de Lucumon, le couple s'installe à Rome, où Lucumon se rebaptise lui-même :« Lucius Tarquinius Priscus »[3].
Toujours selon Tite-Live, son arrivée à Rome s'accompagna d'un prodige marquant son élection divine :
« Ils [Lucumon et Tanaquil] étaient déjà à la hauteur duJanicule ; Lucumon était assis dans lacarriole en compagnie de sa femme quand unaigle descendit en planant et lui enleva son bonnet, puis revint au-dessus de la voiture en menant grand tapage et reposa adroitement le bonnet sur sa tête comme si un dieu l'avait chargé de cette restitution. Après quoi, il s'envola haut dans le ciel. Tanaquil savaitinterpréter les signes célestes comme tous les Étrusques et aurait vu dans cette scène un heureux présage. Serrant son mari dans ses bras, elle lui dit de s'attendre à un destin exceptionnel et à une brillante ascension : elle lui expliqua que l'oiseau était venu de telle partie du ciel et servait de messager à tel dieu ; le prodige avait concerné le haut de sa personne ; l'oiseau avait retiré de la tête d'un homme une parure qu'il avait remise en place sur l'ordre d'un dieu. »
Le nouveau venu réussit à s'y imposer par son habileté tant politique que rhétorique et sans doute par son immense richesse[4],[5], y compris auprès du roiAncus Marcius, pour qui il sait se rendre indispensable.Tite-Live[6] rapporte qu'il fut le premier à faire campagne pour obtenir le pouvoir et à rechercher les suffrages de laplèbe par des discours. Tarquin insiste pour que l'élection du nouveau roi se déroule au plus vite et il prétexte une partie de chasse pour éloigner les fils presque majeurs d'Ancus Marcius, dont il est le tuteur, pour se donner le champ libre. Cependant, les fils d'Ancus Marcius sont écartés du trône, mais ne sont pas tués. Il est élu en à l'immense majorité du peuple pour succéder à ce dernier[7],[8],[9].
Une fois roi, son sens politique ne l'abandonne pas : il nomme cent nouveauxsénateurs (qu'on appelle« sénateurs de second rang »[10]) qui lui apportent un soutien inconditionnel, il distribue des terrains autour du forum à des particuliers. Plusieurs campagnes militaires marquent son règne : d'abord une nouvelle guerre contre lesSabins. Surpris par l'attaque brutale de ceux-ci alors qu'il est en train de faire construire un mur de protection en pierres autour de Rome, Tarquin renforce sa cavalerie et finit par les écraser. Différentes batailles suivent contre leLatium vetus : il enlève d'abordApiolae (dont il rapporte un important butin), puisCorniculum,Ficula l'Ancienne,Cameria,Crustumerium,Amériola,Médullia etNomentum avant de conclure la paix.
Tarquin meurt après 37 ans de règne, assassiné à coups de hache par deux bergers[12], en-578[13], victime de la vengeance des fils dépossédés d'Ancus Marcius. Mais ceux-ci ne pourront jamais reprendre le pouvoir grâce à une habile manœuvre de Tanaquil, qui prépare la transition en laissant croire que Tarquin n'est pas mort et en invitant la population à obéir à Servius Tullius, ce qui permet à ce dernier de consolider son pouvoir et de succéder à Tarquin. Les fils d'Ancus Marcius, croyant Tarquin toujours vivant, voyant leur complot découvert et Servius Tullius investi du pouvoir, s'exilent àSuessa Pometia, une ville duLatium.
« VI. - La royauté passa ensuite aux mains de Tarquin l'Ancien. Ce prince doubla le nombre des sénateurs, fit élever un cirque à Rome, et institua lesJeux Romains qui subsistent encore à notre époque. En même temps, il vainquit aussi les Sabins, leur enleva une partie de leurs terres, qu'il ajouta au territoire de la ville de Rome, et, le premier entra avec les honneurs du triomphe dans la Ville. Il fit des murs et des égouts, il commença leCapitole. La trente-huitième année de son règne, il fut tué à l'instigation des fils d'Ancus, le roi auquel il avait lui-même succédé. »
La traditionannalistique et historique grecque et romaine à son propos est mise en doute par l'historien Dominique Briquel[15].
« En fait, comme pour les périodes plus hautes, la version des faits donnée par l'annalistique comporte une grande part d'élaboration artificielle. Pour aucun des trois règnes que racontent les historiens, ceux de Tarquin l'Ancien, deServius Tullius et deTarquin le Superbe, le récit traditionnel ne peut être considéré comme fidèle à la réalité des faits. »
Contrairement aux rois latins et sabins censés l'avoir précédé selonTite-Live, Tarquin l'Ancien fut fort probablement un personnage réel ayant bien étéroi de Rome à la fin duVIIe siècle av. J.-C. et au début dusiècle suivant. Cependant, certains faits mentionnés par les historiens romains demeurent suspects et sont sujets à caution. En effet, il semble fort peu probable que Tarquin l'Ancien soit arrivé pacifiquement àRome et soit devenu serviteur d'Ancus Marcius pour ensuite être élu roi après la mort de ce dernier. En réalité, il semble qu'il ait d'abord été un chef de guerreétrusque originaire deTarquinia qui aurait pris Rome en616 av. J.-C. et en serait devenu le roi, le site étant intéressant à contrôler d'un point de vue économique et militaire. Les auteurs romains postérieurs transformèrent la réalité historique afin de cacher la défaite romaine. Il est aussi important de garder à l'esprit que la prise de Rome par Tarquin l'Ancien ne résulte pas d'une conquête de la cité étrusque de Tarquinies, mais de l'initiative d'un chef de guerre noble conquérant à titre privé, sûrement avec l'appui de la minoritéétrusque habitant déjà à Rome avant son règne[17].
La durée officielle de son règne (38 ans), très longue pour l'époque, est également peu probable[18]. En revanche, laCloaca Maxima et leCircus Maximus que la tradition lui attribue semblent bien avoir été construits sous son règne (vers600 av. J.-C.).