La commune fait partie de lacommunauté de communes de la Terre des Deux Caps qui regroupe 21 communes et compte 22 332 habitants en 2021 et avec ses 150 habitants au dernier recensement de 2022, la plus petite commune de la communauté de communes.
Les falaises du paysage actuel sont issues de matériaux sédimentaires mis en place durant l'ère secondaire.Il y a quelque 160 millions d'années, le Pas-de-Calais correspond alors à une mer calme et peu profonde : lieu de dépôts de sédiments (argiles, calcaires, sables qui donnent les grès et argiles actuels) qui constituent le matériau du cap Gris Nez. Vers 145-100 millions d'années, le Boulonnais est une vaste plaine couverte de forêts de gymnospermes et de fougères parcourues par des dinosaures comme l'Iguanodon deBernissart. Vers 100-66 millions d'années (Crétacé supérieur), lors d'une remontée du niveau de la mer, des micro-algues (coccolithes, squelette calcaire) se déposent et constituent la craie affleurant au cap Blanc Nez (cf. lamer de la Craie au climat chaud et humide des périodes duCénomanien et duTuronien). La mer se retire à nouveau. Des dépôts continentaux détritiques (d'érosion) se mettent en place. Les paysages correspondent alors à une plaine deltaïque avec une mer peu profonde et le climat est encore tropical.
Des mouvements tectoniques font affleurer ces roches et l'érosion se met à l'œuvre pour façonner les falaises (géomorphologie). Du point de vue géodynamique, Tardinghen se trouve dans un secteur à la limite entre une région subsidente - laplaine maritime flamande - et une région de soulèvement – le Boulonnais – où affleurent les dépôts duJurassique. La commune est environ à la jonction du bassinWeald-Boulonnais (cf. laboutonnière du Boulonnais des géographes[3]) et du bassin houiller duKent.
La baie de Wissant est formée par les dépôts récents, d'âgeHolocène, dans un contexte d'érosion et d'accumulation littorale. Quatre unités géomorphologiques se dessinent : l'estran, lecordon dunaire, le marais tourbeux actuel et l'anciennefalaise marine (falaise morte). Tardinghen fait partie d'une plaine maritime.
Le cap Blanc-Nez, la Manche et les marais vus de la route du Châtelet.
Littoral de la commune de Tardinghen, entre les deux caps du Pas-de-Calais.
Embouchure du ruisseau du hameau du Châtelet, plage de Tardinghen.
La dune blanche bordière et le cap Blanc-Nez (terrain d'activité des surfeurs, kitesurfeurs et véliplanchistes).
Si l'essentiel du canton de Marquise est compris dans le bassin versant dela Slack (petit cours d'eau qui se jette dans la Manche), les trois communes d'Audinghen, Tardighen et Wissant sont drainées par de très petits bassins côtiers qui s'ouvrent sur la mer du Nord. Le ruisseau du Châtelet donne la limite entre les communes d'Audinghen et de Tardinghen et se prolonge par le ruisseau des Anguilles dans le marais de Tardinghen. Ce ruisseau a connu des phases d'abandon et d'aménagements durant la Seconde Guerre mondiale qui ont eu des incidences sur les niveaux d'eau du marais. La limite entre Wissant et Tardinghen est constituée par le ruisseau du Phare.
La ligne de rivage a reculé d'environ trois cents mètres depuis 1945. Le cordon dunaire protégeant le marais arrière littoral d'une invasion marine est susceptible de se rompre lors d'une forte tempête (en période d'équinoxe par exemple) et la probabilité de cet événement augmente avec laremontée du niveau marin et les modifications climatiques actuelles. Le cordon dunaire littoral protecteur, constitué auXIVe siècle, devrait disparaître au cours duXXIe siècle.
Les traces du recul sont nettement visibles dans le paysage dunaire. Les fourrés d’argousiers qui constituent habituellement une végétation d’arrière dune (dune grise) se trouvent en position littorale. De profondes brèches (sifflevent) entaillent les dunes et des falaises dunaires de plus de deux mètres de hauteur et témoignent également de l’érosion. Enfin, plusieursblockhaus de laSeconde Guerre mondiale, auparavant dans les dunes, se retrouvent basculés sur la plage. À l'instar d'autres sites de la Manche et de la mer du Nord, des bancs de tourbes holocènes affleurent sur de larges surfaces lors des fortes marées rappelant d'anciennes positions du rivage et d’un abaissement de l’estran.
La baie de Wissant, les marais et la Ferme de la Source.Paysage vu de la route du Châtelet.
Le marais actuel est protégé par le cordon dunaire de l'invasion marine. Il est constitué principalement par uneroselière gérée pour labiodiversité régionale et des pâtures.
Une succession de marais arrière-littoraux a existé sur ce littoral au cours de l'Holocène. En effet, durant tout l’Holocène, ces milieux sont soumis aux modifications climatiques, inscrites dans le tracé du littoral, l’organisation fluviale, la modification du drainage avec apparition de tourbe ou au contraire d’épisodes érosifs. Les tourbes d’âgeatlantique actuellement sur l’estran (Tardinghen, la Pointe-aux-Oies, ou encore vers Cucq-Balançon, etc.) sont des reliques d’anciens marais arrière-littoraux de l’optimum climatique de l'Holocène et tributaires des variations de niveaux marins. Les anciennes forêts marécageuses, chênaies-aulnaies, ont disparu sous la progression des champs de dunes (il y a quelque 5 500 à 3 500 ans)[8] et les invasions de la mer.
Dans la plaine maritime, les horizons humiques et les tourbes enregistrent la diminution des taux de pollen d'arbres (il y a 7 000 à 2 000 ans) avec la progression du rivage vers le sud. Les marais en arrière des cordons dunaires actuels sont d’origine essentiellement climatique et auXXe siècle de maintien souvent anthropique[9].
Ces paysages, qui concernent30 communes, s’étendent le long de la côte, d’Équihen-Plage àSangatte, sur une bande d’environ50 kilomètres de long et d’un maximum de5 kilomètres de large, l'autoroute A 16 étant la frontière à l'est. Ils sont constitués, d’une part, par les falaises d’Opale où se trouve legrand site des Deux Caps qui, avec lecap Blanc-Nez, culmine à150 mètres, ces falaises offrent un belvédère sur le détroit duPas de Calais avec la possibilité de voir les côtes d’Angleterre, et d’autre part, vers l’intérieur des terres, avec les paysages littoraux qui jouxtent ceux des coteaux calaisiens et du pays de Licques, d'un paysage alternant collines, vallons et bocages.
L’occupation des sols se répartit en43 % de cultures pour les paysages arrière-littoraux,20 % de sols artificialisés,20 % de prairies et forêts et10 % de plage.
Lescrans constituent une des particularités de ces côtes à falaises. Les crans sont des vallées suspendues qui se sont retrouvées le « nez en l’air », soit du fait de l’affaissement du détroit du Pas de Calais[Note 5], soit par la baisse du niveau de la mer[Note 6] comme le cran d’Escalles, le cran Mademoiselle, le cran Poulet, le cran Barbier, le cran des Sillers, le cran de Quette et le cran aux Œufs, situés, eux, sur la commune d’Audinghen[23].
LesDeux Caps forment un important site naturel touristique du Nord-Pas-de-Calais, labelliséGrand Site de France depuis 2011. La labellisation a été obtenue grâce au travail depuis 1978, des collectivités territoriales et de l’État afin de réhabiliter et préserver le patrimoine, d'accueillir le public (un million de visiteurs par an). Le label du neuvièmeGrand Site de France (Cf. code de l’environnement, loi Grenelle 2, 2010) a ainsi été attribué au Conseil général du Pas-de-Calais, animant le projet en partenariat avec le parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, le syndicat mixte de gestion des espaces naturelsEden 62 et leConservatoire du littoral. Huit communes sont concernées[24].
Les prairies du marais de Tardinghen sont gérées par les agriculteurs, les huttiers s'occupent des mares.Le marais, en grande partie propriété du Conservatoire du Littoral, bénéficie d'un plan de gestion réalisé par le Syndicat Mixte Eden 62.
La concentration d'une mosaïque d'habitats et de végétations (estran, dunes grises ou blanches, boisements, plan d'eau de la carrière, roselière) est assez remarquable et favorise la biodiversité.
L’avifaune qui survole la commune (et le détroit) est riche en espèces pélagiques (Fou de Bassan,Puffins fuligineux,des Anglais etdes Baléares, quatre espèces de labbes en particulier leLabbe à longue queue, plongeons, alcidés, …) et côtières (anatidés, limicoles, laridés et sternidés comme laMouette de Sabine, lePhalarope à bec large…). Le suivi est concentré sur les oiseaux marins mais celui de la migration terrestre (passereaux, rapaces) depuis le haut de la falaise du Gris Nez est possible (migrateurs longeant la côte ou traversant le détroit)[25]. Laroselière de Tardinghen constitue un habitat de première importance pour les oiseaux nicheurs ou migrateurs sur le secteur (par exemple pour leBalbuzard pêcheur et leBlongios).
Avant la Seconde Guerre mondiale, lepâturage extensif et la fauche en juin étaient les principales vocations du marais. Les roseaux entraient dans la confection les toitures des habitations. Puis, lagrande douve du foie, en décimant les troupeaux, a mis fin au pâturage extensif. L’arrêt de l’entretien des wateringues a alors provoqué une fermeture du milieu et une extension de la roselière.
La vocation principale actuelle du site concerne les activités de loisirs (chasse et pêche). Sur la partie Ouest, quelques huttes sont encore utilisées et sur la portion Est, l’accueil du public (sentiers de découvertes et observatoires) est privilégié. Le dérangement de la faune reste faible car la plupart des visiteurs préfère la plage à l’observatoire installé à l’autre extrémité du site. L'acquisition progressive par le Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres des dunes permet d'enrayer le développement de l’habitat de loisir (caravanes et bungalows). La portion Ouest est gérée par des associations de pêcheurs et de chasseurs, en platières destinées à la chasse de la bécassine.
La partie Est fait l’objet d’un plan de gestion (Eden 62, 1996) ayant pour objectif le maintien de l’eau dans la prairie et la roselière jusqu’au mois de juin - la digue et l’écluse ont été restaurées à cet effet – et, le maintien des habitats d’intérêt patrimonial (prairie humide et roselière) par pâturage extensif (poneys etvaches Highlands) pour conserver des milieux ouverts en faveur d'une diversité alimentaire. La roselière est fauchée et des mesures de gestion destinées à limiter le boisement ont été engagées : saules, aulnes et bouleaux, pionnières hygrophiles, sont gérés pour éviter l'installation de végétations plus pauvres en biodiversité. Le contrôle hydrologique du marais gouverne la stabilité et la diversité des zones humides.
Dans ce cadre, la commune fait partie de trois espaces protégés :
leparc naturel régional des Caps et Marais d'Opale naît en 2000 du regroupement des parcs du Boulonnais et de l'Audomarois. Tardinghen fait partie des 154 communes constitutives de ce vaste territoire (130 000 hectares), réservoir de biodiversité et de paysages régionaux. Plusieurs étapes ont jalonné la mise en place du parc, avant le renouvellement de la charte du parc (2013-2025)[27],[28]. En 1978, l’association Espace naturel régional[29] est chargée d’étudier la possibilité d’un nouveau PNR. En 1986, Tardinghen fait partie du PNR du Nord-Pas-de-Calais[30],[31] et à ce titre au cœur des paysages protégés au sens de l'UICN.
L’inventaire deszones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire.
Le territoire communal comprend deux ZNIEFF detype 1[Note 7] :
lebois et friches calcaires entre Audresselles, Bazinghen et Wissant, d’une superficie de726 hectares et d'une altitude variant de15 à 118mètres. Site constitué d’habitats non exploités (ourlets, végétations marnicoles plus ou moins hygrophiles, friches calcicoles…) ainsi que de boqueteaux de feuillus, battus par les vents venant de la mer[35] ;
ledunes du Chatelet et marais de Tardinghen, d’une superficie de752 hectares et d'une altitude variant de0 à 43mètres. Ce site se distingue par la présence de sables dunaires fossiles plus anciens plaqués sur les argiles, les sables et les marnes de la falaise fossile de la Motte du Bourg[36].
Leréseau Natura 2000 est un réseau écologique européen de sites naturels d’intérêt écologique élaboré à partir des directives « habitats » et « oiseaux ». Ce réseau est constitué dezones spéciales de conservation (ZSC) et dezones de protection spéciale (ZPS). Dans les zones de ce réseau, lesÉtats membres s'engagent à maintenir dans un état de conservation favorable les types d'habitats et d'espèces concernés, par le biais de mesures réglementaires, administratives ou contractuelles[37].
Sur la commune, un site Natura 2000 de type B est défini ensite d'importance communautaire (SIC) : lesfalaises duCran aux Œufs et du cap Gris-Nez, dunes du Chatelet, marais de Tardinghen et dunes deWissant, d’une superficie de1 059 hectares dont 79 % de superficie marine, et d'une altitude variant de0 à 55mètres[38].
Au, Tardinghen est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[39].Elle est située hors unité urbaine[40] et hors attraction des villes[41],[42].
La commune, bordée par laManche, est également une commune littorale au sens de la loi du, diteloi littoral[43]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique dulittoral, tel le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si leplan local d’urbanisme le prévoit[44].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (84 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (83,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (59 %), prairies (23,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (8,2 %), forêts (5,2 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (2 %), zones agricoles hétérogènes (1,4 %), zones humides côtières (0,7 %)[45]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
En 2009, le nombre total de logements dans la commune était de 115 contre 106 en 1999[a 1]. 60,8 % correspondaient à des résidences principales, 37,3 % des résidences secondaires et 1,9 % des logements vacants[a 2].La proportion des résidences principales (propriétés de leurs occupants) était de 76,6 %, en hausse sensible par rapport à 1999 (65,3 %)[a 3].
Tardinghen est accessible par deux routes départementales : la route de la Motte au Bourg (D 940) et la route d’Ausques (D 249).Le territoire de la commune est soustrait aux perturbations de l’autoroute A16.L’important réseau des chemins vicinaux permet le développement de la randonnée.
AvecAmbleteuse,Audinghen etWissant, communes de lacommunauté de communes de la Terre des Deux Caps, la commune intègre, en 2024, la liste des communes vulnérables au recul du trait de côte. Elle figure dans le projet de décret modifiant le décret n° 2022-750 du établissant la liste des communes dont l’action en matière d’urbanisme et la politique d’aménagement doivent être adaptées aux phénomènes hydrosédimentaires entraînant l’érosion du littoral[46],[47],[48].
Le nom du village est attesté sous les formesTerdingehem en 1070[49],[50],Terdingahem ouTerdinghehem, plusieurs fois mentionnés dès l'an 1084, dans leschartes de l’abbaye d'Andres,Terdengehem auXIIe siècle[51],Terdhinghem en 1218[51].
Il s'agit d'un type toponymique germanique composé des élémentsTard-[52] ouDardus[51] avec le suffixe-inga et l'appellatif-hem suffixé. La signification globale en serait « demeure de la famille deTardo» (-inga = « les Gens » ;-hem « maison, foyer »,Tard- ouDardus : nom de personne). Ce type de composé-inga & hem est caractéristique et extrêmement répandu dans les Flandres, soit avec la graphie originale-inghem commeMatringhem, Honninghem, etc., soit avec une graphie partiellement ou totalement francisée-inghen,-enghien commeAudinghen,Leubringhen,Hervelinghen,Bazinghen, Leulinghen (pour ne citer que des communes avoisinantes).
Le Boulonnais a fait l'objet de nombreuses recherches paléolithiques dès la seconde moitié duXIXe siècle : dessilex taillés sont signalés en 1864 sur la plage de Châtillon (Sud de Boulogne-sur-Mer) et en 1865, des fossiles sur la plage deSangatte. Des rognons de silex du Pléistocène moyen, sommairement taillés, sont découverts à la Pointe-aux-oies (Wimereux[53]). Cette séquence a été comparée à celle de la carrière du Fart à Wissant où ont été trouvés des ossements d'éléphants archaïques et d'une forme ancienne d'hippopotame.
Il y a quelque 500 000 ans, des êtres humains occupent ce territoire alors que la Terre subit des périodes de glaciations (Quaternaire). Le Nord de l'Europe (y compris les îles britanniques) est recouvert d’une calotte glaciaire et la mer du Nord et la Manche, émergées, sont couvertes d’une steppe toundra.
La baie de Wissant, au cœur dupas de Calais a toujours été un site d’accueil des populations (voir Histoire du site).
Les populations néolithiques sont présentes sur la côte des Deux Caps.Au sommet du Mont d’Hubert (Blanc Nez), un imposant fossé du Néolithique moyen sans aucun bâtiment néolithique identifié atteste cette présence. Le mobilier archéologique y est abondant (céramiques, faune dont plusieurs milliers de litres de coquillages marins et restes humains).
La proximité des rivages du Sud de l’Angleterre invite les archéologues à s’interroger sur d’éventuels contacts entre les groupes humains de part et d’autre du détroit, alors que le mode de vie néolithique s’implante de manière pérenne sur le territoire anglais. Des pirogues fluviales du Néolithique sont connues dès le IVe millénaire avant notre ère. En revanche, les preuves d’une navigation maritime pour ces périodes si anciennes, en Europe, restaient à découvrir. Il y a 3 500 ans, les sociétés littorales de la Manche et de la mer du Nord vivaient de manière très similaire : les fouilles archéologiques de l’espace transmanche le démontrent. La mer, lieu de passage entre les deux rives, est une idée confortée par la découverte en 1992 d’un des plus vieux bateaux maritimes à Douvres. Les techniques de fabrication montrent la spécialisation de charpentiers de marine, des bronziers et orfèvres[54].
Depuis très longtemps, des trouvailles archéologiques et paléontologiques ont lieu sur l’estran. Cependant, beaucoup se sont pas signalées aux autorités compétentes et une part de l’histoire du site se perd ainsi. De nombreux ossements d’animaux, essentiellement domestiques, des fragments de tuiles gallo-romaines à rebord, divers morceaux de céramiques, des fibules et deux petits bustes en bronze gallo-romains sont par exemple connus.
L’occupation du littoral est clairement attestée à l’âge du fer puis à la période gallo-romaine. À Wissant, le site gaulois de la Motte au Vent a livré quelques fragments de céramique gallo-romaine et surtout un abondant matériel celte (âge du fer). L’habitat gallo-romain du marais de Tardinghen est abandonné à la fin duIIe siècleapr. J.-C. (aucune monnaie duIIIe siècle n’y a été trouvé).
En 1997 (redécouvert en 2005), la découverte d'éléments d'un navire gallo-romain dans la baie de Wissant à Tardinghen - Le Châtelet est exceptionnelle pour la région maritime. La datation des éléments de chêne donne entre leIer siècle av. J.-C. et leIIIe siècle ap. J.-C.[55]. À l’exception de l’épave d’un chaland fluvial découverte en 1808 près d’Abbeville (Somme) et datée de l’époque gallo-romaine, les vestiges de Tardinghen sont les seuls à appartenir à une épave antique régionale d’architecture maritime[56].
On ne connaît que trois autres épaves de navires de mer dont la datation est comprise entre le Ier et le IVe s. ap. J.-C., ce sont les épaves deGuernesey, deBlackfriars I, et de County Hall[56] dans la région élargie. La fourchette chronologique permet de classer les éléments du bateau de la plage de Tardinghen parmi les rares épaves de bâtiments de mer d’époque gallo-romaine connues en Europe septentrionale. La proximité du port antique deBoulogne-sur-Mer et la présence de la flotte de Bretagne (Classis Britannica) dans lepas de Calais placent cette épave dans un contexte archéologique plus large (deux voies romaines aboutissent à Wissant).
Selon le code du Patrimoine (livre V, art. L. 532-1 et 2), au titre de bien maritime, les vestiges de l’épave de Tardinghen appartiennent à l’État. Le bateau fait partie des collections du château-musée de Boulogne-sur-Mer.
Photographie aérienne du Commandement anglais[5] (Cap Gris Nez before opération Undergo 26 sept 1944).
Les Deux Caps conservent les séquelles des conflits des deux guerres mondiales.La commune fait partie de la zone de défense duMur de l'Atlantique (cf. blockhaus) mais contrairement au village voisin d'Audinghen, Tardinghen n'a pas subi de dégradations importantes lors de laSeconde Guerre mondiale.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[63]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[64].
En 2022, la commune comptait 150 habitants[Note 8], en stagnation par rapport à 2016 (Pas-de-Calais : −0,72 %,France horsMayotte : +2,11 %).
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à30 ans s'élève à 25,3 %, soit en dessous de la moyenne départementale (36,7 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à60 ans est de 37,3 % la même année, alors qu'il est de 24,9 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait79 hommes pour73 femmes, soit un taux de 51,97 % d'hommes, largement supérieur au taux départemental (48,50 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[66]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
3,8
90 ou +
1,4
3,8
75-89 ans
9,7
28,2
60-74 ans
27,8
25,6
45-59 ans
26,4
10,3
30-44 ans
12,5
9,0
15-29 ans
6,9
19,2
0-14 ans
15,3
Pyramide des âges du département duPas-de-Calais en 2021 en pourcentage[67]
Les Tardinghenois disposent d'un lieu de cultecatholique : l'église Saint-Martin[72], l'un des sept clochers de laparoisse Notre-Dame-des-Flots (Ambleteuse, Audembert, Audinghen, Audresselles, Hervelinghen, Wissant et Tardinghen)[73] au sein dudoyenné du Boulonnais (Boulogne-sur-Mer) dudiocèse d'Arras[74].
En 2009, la population âgée de 15 à 64 ans s'élevait à 109 personnes parmi lesquelles 71 % d'actifs dont 65 % ayant un emploi et 6 % de chômeurs[a 4].
La zone d'emploi comptait 27 emplois contre 22 en 1999 et 73 actifs y avaient un emploi résidant selon l'indicateur de concentration d'emploi[Note 9] qui est de 36,7 %, ce qui signifie que le secteur offrait seulement un emploi pour trois habitants actifs[a 5].
Au 31 décembre 2010, Tardinghen comptait 24 établissements : dix dans l’agriculture-sylviculture-pêche, un dans l'industrie, aucun dans la construction, douze dans le commerce-transports-services divers et un relatif au secteur administratif[a 6].
En 2011, quatre entreprises ont été créées à Tardinghen[a 7] dont une brasserie produisant plusieurs types de bière[76]
L'agriculture est l'activité principale de la commune ; les exploitations sont polyvalentes (élevage, culture et accueil touristique). Une ferme développe une brasserie, une autre un élevage dePrim'holstein champion auConcours général agricole de 2013 (Salon International de l'Agriculture à Paris). La part de l'agriculture est de 41,7 %.
Le tourisme balnéaire et de randonnée régional est traditionnel dans la baie de Wissant auquel s'y ajoute l'observation ornithologique (seawatching[77]). La labellisation du Grand site des deux caps a pour effet une augmentation de fréquentation de ces paysages. La baie de Wissant permet les sports nautiques comme lesurf, lekitesurf et laplanche à voile et la baie est considérée comme un excellentspot de kitesurf et de surf pour l'Europe du Nord. La baie est également le théâtre detraversées de la Manche à la nage.
Au titre de la diversification des activités agricoles préconisée par le ministère de l'Agriculture pour pérenniser les petites exploitations, une ferme a ouvert un terrain deswin golf[76] (golf familial) et un accueil des camping cars.
l'église Saint-Martin : unecloche enbronze, datée de 1605 et classée au titreobjet à l'inventaire des monuments historiques depuis le1er février 1911[78] et un tableau restauré duXVIIIe siècle ;
les milieux naturels : falaises, dunes, marais, etc. ;
Abel Briquet, 1930 -Le littoral du Nord de la France et son évolution morphologique. Armand Colin, Paris, 349 p.
Roland Delmaire (dir.), 1998 -Carte archéologique de la Gaule, le Pas-de-Calais, Paris, tome 2,p. 431
Franck Dufossé, 2004 -Tardinghen. Des origines à 1950. Chronique d’un village, chronique d’une paroisse. Éditions AMA (Association pour la Mémoire d'Audresselles), Bazinghen, Histopale.
Fosse G., 1998 - « L’occupation préhistorique du littoral du Nord-Pas-de-Calais et de son arrière-pays »,Les Amis du Vieux Calais, Archéologie du littoral du Manche - Mer du Nord, actes du1er colloque archéologique de Calais, 160-162,p. 454
Daniel Haigneré, 1881 -Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais, arrondissement de Boulogne-sur-Mer. t. 2, Arras, 1978 (réédition de 1881),p. 285
Alphonse Lavogez, 1903 -Wimereux : guide du littoral boulonnais ; Fac-similé de l'édition de 1903, Wimille : éd. du Petit Fleuve, 2011
Lobez B., 1997 -Cap Gris-Nez et cap Blanc-Nez. Actes Sud (réédité en 2009)(ISBN2742712577)
Meurisse-Fort M., 2007 -Enregistrement haute résolution des massifs dunaires : Manche, Mer du Nord et Atlantique. Le rôle des tempêtes. Thèse de doctorat, Université de Lille 1, Villeneuve-d’Ascq, Publibook, 306 p.
Mortier R., Boels M., 1982, « Histoire de la plaine maritime de Wissant (Pas-de-Calais) depuis le début de l’Holocène ».Annales de la Société géologique du Nord, 101
Pinte P., 1986 - Étude géomorphologique et cartographique des risques naturels du littoral de Wissant à Wimereux (Bas Boulonnais). Mémoire de DEA, Géographie, Université de Lille-Flandre-Artois.
Révillion S.et al., 2007 - « Découverte d'éléments d'un navire gallo-romain dans la baie de Wissant (Pas-de-Calais), à Tardinghen-Le Châtelet »,Revue du Nord, 89-373, Villeneuve-d'Ascq, 73-88
Rigaux H., 1899 - « Les modifications de la plage de Wissant »,Annales de la Société géologique du Nord, 18.
↑La DREAL distingue, dans la régionNord-Pas-de-Calais, quatre grandes familles de paysages : ceux du Haut Pays, Bas Pays, Littoraux et d’interface. Ces grandes familles de paysages comprennent21 grands paysages régionaux.
↑Depuis la dernièreglaciation, la mer a remonté de plus de100 m de hauteur dans cette région. Lors de la dernièredéglaciation le détroit a été rouvert il y a 9 000 ans environ
↑Les ZNIEFF detype 1 sont des secteurs d’une superficie en général limitée, caractérisés par la présence d’espèces, d’association d’espèces ou de milieux rares, remarquables, ou caractéristiques du milieu du patrimoine naturel régional ou national.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Selon l'INSEE, l'indicateur de concentration d'emploi est égal au nombre d'emplois du secteur pour 100 actifs y ayant un emploi résidant.
↑Le Boulonnais correspond à une demiboutonnière, l'autre moitié étant le Weald anglais. Unecuesta constitue la bordure du paysage.
↑Colbeaux J.-P., Dupuis C., Robaszynski F., Auffret J.-P., Haesarts P., & Sommé J., 1980 - Le détroit du Pas-de-Calais : un élément dans la tectonique de blocs de l’Europe nord-occidentale.Bulletin d’Information des Géologues du Bassin de Paris 17 : 41-54
↑Sommé J., Antoine P., Cunat-Bogé N., Lefèvre D., Munaut A.- V., 1999 - Le Pléistocène moyen marin de la mer du Nord en France : falaise de Sangatte et formation d'Herzeele.Quaternaire 10, 2-3 : 151-160
↑D. Aernouts, A. Héquette, 2003, Les effets des changements bathymétriques à l’avant-côte dans l’évolution du rivage. Exemples le long des côtes du Nord-Pas-de-Calais. X, XXe colloque de l’union des océanographes de France,Hydrodynamique et transport sédimentaire en zone côtière, impacts sur les écosystèmes associés, 8-10 septembre 2003, Marseille.
↑A.-V. Munaut, E. Gilot, 1980, Recherches palynologiques et datations 14C dans les régions côtières du Nord de la France. I- L’Holocène de la Pointe-aux-Oies (Wimereux, Pas-de-Calais).Ann. Soc. géol. Nord, Lille,p. 23-29.
↑V. Vergneet al., 2004, Les tourbes du Nord de la France, note sur les données anciennes et modernes.CSENPC, Lille, 23 p.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑Aude Deraedt, « Recul du trait de côte : Wissant demande son inscription sur la liste des communes socles »,La Voix du Nord,(lire en ligne, consulté le).
↑La série de Wimereux est vraisemblablement d'un âge comparable à celle d'Abbeville : l'Acheuléen (Paléolithique inférieur caractérisé par les bifaces ; voir les fouilles deCagny (Somme), deLumbres (Hesdigneul-lès-Béthune) et Vaudricourt).
↑INRAP 2012 - Un camp de hauteur du Néolithique au cap Blanc Nez[4] (opération : GB 15200101)
↑L’analyse parAMS d’un échantillon de bois a livré une datation auradiocarbone calibrée comprise entre 53 cal AD et 257 cal AD13in S. Révillionet al., 2007
↑a etbS. Révillionet al., 2007- « Découverte d'éléments d'un navire gallo-romain dans la baie de Wissant (Pas-de-Calais), à Tardinghen-Le Châtelet ».Revue du Nord, 89-373, Villeneuve-d'Ascq, 73-88
↑Bertrand Spiers, « Tardinghen: le bilan du maire : Depuis plusieurs semaines, nous rencontrons les élus pour dresser avec eux leur bilan majoral. A Tardinghen, cela n’a pas été possible. Le maire, Thibaut Segard, a refusé tout entretien. Nous dressons donc son bilan sans lui »,La Voix du Nord,(lire en ligne, consulté le).