Le pays couvre 945 087 km2 et compte 62,09 millions d'habitants en 2021, essentiellementbantous. Sa capitale estDodoma, située dans l'intérieur des terres, mais le principal pôle économique est l'ancienne capitaleDar es Salam, située sur la côte. Leslangues officielles sont leswahili et l'anglais, l'arabe est aussi parlé dans les îles deZanzibar etPemba.
Le mot « Tanzania » est unmot-valise créé à partir de la première syllabe de « Tanganyika » et de la première syllabe de « Zanzibar », les noms des deux pays qui ont fusionné pour former l'État actuel, et du suffixe « -ia », classique pour les noms de pays anglais[5].
En 1953,Julius Nyerere, un enseignant né en 1922, passé par l'université de Makerere enOuganda puisÉdimbourg au début des années 1950 pour terminer ses études, prend à 31 ans la tête de la TAA (Tanganyika African Association), qu’il transforme rapidement en un véritable parti politique – l'Union nationale africaine du Tanganyika (TANU) – qui prône l’indépendance. Celle-ci est accordée par leRoyaume-Uni le, sans aucune violence. Julius Nyerere est un court temps Premier ministre, puis à la suite des élections de, devient le premier président de la république du Tanganyika.
L’indépendance de Zanzibar et Pemba est obtenue le. Le nouvel État commence par être contrôlé par les partis initiés par les Britanniques (une coalition du ZNP et de petits partis de Pemba). Mais, à peine un mois plus tard, en, les tensions communautaires qui couvent depuis des années se libèrent et le parti ASP (Parti Afro-Shirazi), étant écarté depuis longtemps du pouvoir alors qu’il est majoritaire dans les urnes, déclenche unerévolution. Celle-ci fait de nombreuses victimes dans les rangs des communautés arabes et indiennes. On estime à environ 10 000 le nombre de personnes qui furent massacrées dans la nuit du 11 au à Zanzibar. À la suite de ce renversement, SheikhAbeid Karume, chef de l’ASP, devient président de la république de Zanzibar.
Le, le Tanganyika et Zanzibar fusionnent pour former la république unie de Tanzanie.Nyerere devient le président de cet État nouvellement créé, tandis qu'Abeid Karume, restant président de Zanzibar, devient le vice-président de la Tanzanie. Dans les faits, même si l’union est bien célébrée avec le reste du pays, Zanzibar a conservé jusqu'à aujourd’hui une large autonomie. En pratique, c’est le gouvernement central tanzanien qui s’occupe des domaines « nationaux » de la politique à Zanzibar : défense, intérieur, affaires étrangères, tandis que le gouvernement local zanzibarite traite des sujets comme l’éducation ou l’économie.
Julius Nyerere, le.Un décortiqueur pèle la couche externe de tiges de la plante pour un traitement ultérieur des fibres. 1964,Tropenmuseum.
Soucieux d’accélérer l’émancipation des Africains par rapport au monde occidental, inspiré des expériences communistes en Chine, Nyerere s’engage résolument dans une politique socialiste. En, lors de ladéclaration d'Arusha, il définit les principes et doctrines qu’il souhaite voir suivre par le pays. Selon l’idéal de Nyerere, lesocialisme africain doit conduire à la création d’une société égalitaire, juste, solidaire, qui trouve dans ses propres ressources les moyens de son autosuffisance. L’éducation est la priorité numéro un. Il faut dire qu’il y a urgence dans ce domaine : la Tanzanie ne produit à cette époque que 120 diplômés par an.
Les premières mesures concrètes d’application de cette politique ne tardent pas à arriver. Les principales industries et sociétés de services sont nationalisées, les impôts augmentés pour une plus grande répartition des richesses et les discriminations raciales abolies. C’est sur le plan de l’agriculture, principal secteur économique du pays, que les changements sont les plus forts. Appelées Ujamaas, c’est-à-dire cofraternités, des communautés villageoises sont organisées sur des principes collectivistes. Des incitations financières encouragent la formation de coopératives. En,Bibi Titi Mohammed et l'ex-ministre Michael Kamaliza sont arrêtés avec quatre officiers de l'armée. Ils sont accusés d'avoir fomenté un coup d'État. À Zanzibar, l’Afro-Shirazi Party mène une politique autoritaire, à tendance ouvertement révolutionnaire. Les propriétés arabes et indiennes sont nationalisées. Quelques désaccords apparaissent même entre Nyerere et Karume, ce dernier voulant se rapprocher davantage du monde communiste que le président tanzanien qui cherche, lui, à ménager au maximum les relations avec les Occidentaux. En 1972, Karume est assassiné par des opposants au régime. Des obsèques nationales lui sont rendues, en présence de Julius Nyerere[6].
En politique extérieure, la Tanzanie donne son appui à la guérilla lumumbiste au Congo et l'OUA établit son siège àDar es Salaam et plusieurs mouvements révolutionnaires ont une représentation dans le pays (l'ANC, laZANU, laSWAPO, leMPLA et leFRELIMO). Parallèlement, les relations se détériorent avec les pays occidentaux ; en 1965 la Tanzanie rompt ses relations avec leRoyaume-Uni et expulse hors du pays les troupes britanniques en réaction au soutien de Londres à un régime ségrégationniste enRhodésie, tandis que l’Allemagne de l'Ouest rompt ses propres relations avec la Tanzanie à la suite de l'ouverture dans le pays d'une ambassade de l’Allemagne de l'Est. Les aides économiques qui étaient accordées par certains pays occidentaux sont coupées. D'autre part, les forces coloniales portugaises bombardent le Sud du pays pour couper les voies d’approvisionnement du FRELIMO mozambicain, soutenu par le gouvernement de Julius Nyerere[7].
Pendant ces années, la Tanzanie reçoit l’aide de laChine, bien qu'étant elle-même en voie de développement. C’est avec un soutien chinois que la ligne de chemin de fer TAZARA de Dar-es-Salaam à la Zambie est construite en 1975. C’est aussi sur le modèle des communes chinoises que sont créés 800 villages collectifs, regroupant des populations d’origines ethniques et tribales différentes, et déplacées de force en camion. On estime qu’en quatre ans, de 1973 à 1976, 9 millions de personnes sont ainsi déplacées. Une telle politique a pour effet de casser brutalement les repères humains et communautaires des individus et porte gravement atteinte aux droits humains fondamentaux.
Ces politiques dirigistes et utopiques apportent de moins en moins les résultats escomptés. Le premier choc pétrolier de 1973 assombrit fortement les perspectives économiques du pays. Les productions manufacturière et agricole régressent, la planification de l’économie par l’administration est inefficace. Sur le plan politique, les partis TANU de Nyerere et l’ASP se rapprochent et fusionnent en 1977 pour former leChama cha Mapinduzi (CCM), c’est-à-dire le parti de la Révolution. Malgré les difficultés économiques, le pays est en paix et reçoit de nombreux réfugiés venus des pays voisins en guerre ou fuyant le régime d'Idi Amin Dada en Ouganda. Nyerere refuse que la politique d'africanisation de l’administration ne favorise que les seuls Tanzaniens et autorise l'accès aux emplois publics aux étrangers. Beaucoup obtiennent également la nationalité tanzanienne, y compris des réfugiés blancs[7].
Les relations de la Tanzanie avec ses voisins africains, en particulier ceux du nord,Ouganda etKenya, se détériorent au fil des années. Les intentions étaient pourtant bonnes puisque ces trois pays ont formé en 1967 l'East Africain Community (Communauté d'Afrique de l'Est) dans le but de constituer à terme un marché économique commun. Les premières coopérations visent notamment à uniformiser la politique des changes et de contrôle des devises. Mais le Kenya, proche des pays occidentaux, s’éloigne de plus en plus de la Tanzanie soutenue par les communistes chinois, et la frontière entre ces deux pays est même fermée de 1977 à 1983. En Ouganda, le dirigeantIdi Amin Dada, qui nourrit des ambitions d’expansions territoriales, reproche à son voisin tanzanien d’héberger des opposants à son régime.L’Ouganda attaque la Tanzanie à la fin de l’année 1978, et envahit les environs du lac Victoria. Les Tanzaniens, avec l’aide du matériel militaire chinois, parviennent, au bout de plusieurs mois d’efforts et au prix de lourdes pertes humaines, à reprendre les territoires perdus et occupent même l’Ouganda pendant presque deux ans, renversant le régime d'Idi Amin Dada.
La guerre a coûté cher, environ 500 millions de dollars, et au début des années 1980, sans réelle industrie, avec un secteur agricole improductif, la Tanzanie est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Nyerere commence à modifier progressivement sa politique dirigiste menée depuis le milieu des années 1960. Avec l’intervention de plus en plus grande de laBanque mondiale et duFMI, les incitations financières à la production collectiviste sont en partie réorientées vers un investissement pour les grandes fermes de l’État et pour les infrastructures routières. En 1984, la possibilité d’une propriété privée des moyens de production apparaît et la société est, très progressivement, libéralisée.
En 1985, Nyerere, le mwalimu (l’instituteur), choisit de se retirer de la politique, après avoir conservé le pouvoir pendant 24 années. C’estAli Hassan Mwinyi, alors président depuis 1980 de l’archipel de Zanzibar, qui prend sa succession. Malgré l'échec de sa politique de développement économique, Nyerere conserva jusqu’à sa mort en 1999 l’estime de beaucoup de Tanzaniens et d’une partie de la communauté internationale. On lui reconnaît en effet le mérite d’avoir posé les bases d’un État démocratique pluriethnique.
Ali Hassan Mwinyi accélère l’ouverture et la libéralisation progressive du pays. En 1992, il autorise le multipartisme. En 1995, les premières élections multipartites ont lieu, même si elles sont entachées de sérieux doutes sur leur régularité. Elles voient la victoire deBenjamin William Mkapa, un des disciples de Nyerere, qui est réélu en 2000. Mkapa doit faire face à de nombreuses difficultés qui grèvent le décollage tant espéré du pays : crise économique, épidémie du SIDA ou encore afflux de réfugiés qui fuient les guerres du Burundi.
À Zanzibar, des velléités indépendantistes émergent parfois, mais jusqu’à présent, l’Union tanzanienne est préservée.
Après les élections de,Jakaya Kikwete devient le nouveau président de la République, le quatrième depuis la création de la Tanzanie. Il effectue les deux mandats que lui permettent la constitution. Le parti au pouvoir, leChama cha Mapinduzi, choisit ensuiteJohn Magufuli comme candidat à la succession pour lesprésidentielles de 2015[8]. John Magufuli l'emporte et devient ainsi le cinquième président de la république de Tanzanie[9]. Celui-ci acquiert une popularité, notamment grâce à sa lutte contre le gaspillage de l'argent public et contre la corruption, mais fait preuve également de dérives autoritaires, contre ses opposants, contre les libertés individuelles, contre la presse, etc.[10]. Il est réélu pour un second mandat en[11]. Il meurt en fonction en mars 2021 et sa vice-présidenteSamia Suluhu lui succède.
Depuis 2016, les autorités ont intensifié leurs efforts en matière de protection des espèces menacées. Les populations d’éléphants et de rhinocéros sont depuis en augmentation[12].
Laconstitution actuelle, adoptée le, a été révisée en.
Leprésident de la république, qui est aussi le chef de l'État, est élu ausuffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Celui-ci nomme le Premier ministre, qui représente le gouvernement devant leParlement, et les ministres parmi les membres du Parlement ou parmi dix personnes non élues.
L'Assemblée nationale, le parlement monocaméral, compte 274 sièges, adopte leslois s'appliquant à la totalité de la République ou uniquement aux 21régions continentales (île de Mafia comprise), les cinq régions formant leGouvernement révolutionnaire de Zanzibar pouvant adopter certaines lois spécifiques car disposant de son propre Parlement. Les parlementaires sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans.
Lepouvoir judiciaire est sensiblement plus compliqué car disposant de cinq niveaux combinant les institutions tribales, islamiques et de laCommon law : tribunaux de première instance, tribunaux de districts, Cour magistrale, Haute Cour et enfin Cour d’Appel.
La récente création de la Tanzanie par l'union de deux pays tend constamment à le déstabiliser mais ladémocratie est préservée grâce à l'héritage de son premier président, le charismatiqueJulius Nyerere, qui est resté trente ans au pouvoir sans installer de régime autoritaire oudictatorial. Cette stabilité a permis par exemple l'installation duTribunal pénal international pour le Rwanda àArusha, chargé de juger les criminels de guerre lors dugénocide rwandais de 1994.
Fondées en 1964, les forces de défense tanzaniennes ont un total de 27 000 membres actifs sous ses drapeaux[13]. Leur budget est de 19,68 millions de dollars, soit 0,2 % duPNB en 2005.
Évolution du PIB réel par habitant.Représentation graphique des exportations de la Tanzanie dans 28 catégories de couleurs.Marché alimentaire àStone Town,Zanzibar.
L'économie de la Tanzanie est, à bien des égards, typique d'unpays en développement. Essentiellement axée sur l'agriculture et l'industrie minière, elle dispose d'une baseindustrielle quasi inexistante et peu compétitive. En 2009, l'agriculture représentait ainsiplus de 25 % duPNB, plus de 30 % desexportations et 70 % desemplois. Le tourisme y constitue une source appréciable et croissante de devises. En 2025, la Tanzanie est classée en121e position pour l'indice mondial de l'innovation[14].
L'installation progressive des empires coloniauxallemand puisbritannique relègue cependant la région hors des grands axes de développement. L'accession à l'indépendance, au début desannées 1960, voit la jeune république unie du Tanganyka et de Zanzibar (son nom d'origine) se tourner vers un « socialisme africain » d'inspirationmaoïste qui se révèle rapidement être un échec : plutôt que de décoller et se moderniser, l'économie du pays s'effondre. La remise en question qui s'ensuit, à partir du milieu desannées 1980, conduit progressivement le pays à revenir sur la scène économique régionale. La libéralisation franche opérée dans les premières années duXXIe siècle, couplée à des efforts degouvernance, permet l'arrivée massive d'investisseurs étrangers dans tous les secteurs de l'économie. Pour la première fois de sa jeune histoire, ce pays chroniquement sous-développé semble toucher les premiers dividendes de ses efforts. Le potentiel touristique de la Tanzanie, avec son littoral composé de superbes plages sur l'océan Indien, la région nord qui comprend le Kilimandjaro, le cratère de Ngorongoro et les plus grandes réserves animales d'Afrique, la présence de la plupart des grands lacs du continent et sa stabilité politique, est également très important et continue à se développer.
Les transports tanzaniens s'effectuent principalement par laroute, avec un complément par lerail. Leréseau routier est cependant mauvais, et peu nombreuses encore sont les voiesgoudronnées : lasaison des pluies rend nombre de pistes impraticables pendant des jours, voire des semaines, et le seul lien entre lacôte et lelac Tanganyika durant cette période est ferroviaire. Letransport aérien est hors de portée pour l'immense majorité de la population. Il sert essentiellement letourisme pour ce qui est des connexions internationales, et s'appuie sur un plus grand nombre de pistes de terre pour le trafic régional.
La plupart des routes tanzaniennes revêtues se situent dans l'Est et le Sud-Ouest du pays. Dans le reste du pays, des pistes (parfois en gravier) constituent l'essentiel d'un réseau où l'on peut occasionnellement trouver des sections goudronnées mais isolées.
Avec 3 700 km devoies ferrées réparties sur quatre corridors principaux[16], la Tanzanie est, comparativement à certains autres pays africains, bien desservie. Conséquence indirecte d'un climat qui peut être cruel avec les routes, c'est lerail qui a longtemps été privilégié pour relier lacôte à l'intérieur du pays. Seul le sud-est du pays ne dispose pas deréseau ferré, et les liaisons internationales se limitent à laZambie, l'Ouganda et leKenya. Plusieurs projets d'extension vers les autres voisins sont à l'étude.
Le pays dispose de plusieurs ports sur sacôte orientale et sur lesGrands Lacs, mais ces deux régions ne sont pas connectées, le transport fluvial étant inexistant dans le centre. La Tanzanie dispose d'une tradition maritime bien établie,Zanzibar ayant été pendant des siècles leport le plus important de toute la côte africaine de l'océan Indien ; sonarrière-pays s'étendait jusqu'au bassin duCongo. Les marchandsswahilis utilisaient desdhows pour commercer le long descôtes, tradition encore bien vivante de nos jours.
Les lignes de ferries sur lesGrands Lacs sont gérées par les compagnies ferroviaires nationales des États riverains, lelac Victoria profitant du trafic le plus dense. L'activité sur lelac Tanganyika a décliné du fait de la guerre aurépublique démocratique du Congo voisin, mais un solide trafic commercial reste entre les villes deKigoma,Bujumbura (Burundi) et Mpulungu (Zambie), notamment grâce auMV Liemba, ancien navire de guerreallemand bâti en 1913, coulé en 1916 et renfloué (et en activité) depuis 1927.
La compagnie nationale aérienne,Air Tanzania, relie les principales villes du pays, et de petits opérateurs privés commencent à s'intéresser à certaines de ces lignes intérieures. Les trois aéroports internationaux sont àDar es Salam,Kilimandjaro (Arusha) etZanzibar.
La Tanzanie est dotée d'une large variété de sources d'énergie :biomasse,gaz naturel,hydroélectricité,charbon,énergie solaire ouéolienne. Dans les faits, la plupart de ces ressources ne sont pas exploitées, moins de 10 % de la population aaccès à l'électricité et, dans les zones rurales, 20 % du temps de travail est consacré quotidiennement à la collecte debois, qui représente près de 92 % de l'énergie produite[17]. Le reste se répartit entre produits pétroliers (< 7 %) et hydroélectricité (< 2 %)[18]. En juin 2025, le Premier ministreKassim Majaliwa inaugure la première usine moderne de traitement du cuivre du pays. Celle-ci sera exploitée parMinerals Access Systems Tanzania[19].
La compagnie nationale d'électricité, laTanzania Electric Supply Company (TANESCO), est responsable de 98 % de l'électricité produite dans le pays[18], essentiellement par le biais de barrages, notamment ceux de Kihansi et Kidatu, qui à eux deux fournissent près de 40 % du total. Ceux-ci sont touchés par la sécheresse récurrente depuis quelques années, poussant le gouvernement à investir plus lourdement dans des sources alternatives alors que seuls 400 des 3 800 MW d'énergie hydroélectrique théoriquement disponibles sont construits : avec 11 à 13 % de progression annuelle, les besoins en électricité sont réels et croissants[17].
L'énergie thermique, gérée pour l'essentiel par deux société privée (IPTL et Songas), se base sur du pétrole lourd d'importation et, depuis peu, l'exploitation du gaz issu du gisement deSongo Songo directement connecté à une centrale à turbine à gaz de Dar es Salaam, ville qui consomme près de la moitié de la production nationale d'électricité à elle seule. Mais les capacités se développent : la station d'Ubungo, à Dar es Salaam, consomme près de 300 millions de m3 de gaz de Songo Songo, et il est prévu que la demande pour celui-ci grimpe jusqu'à 900 millions de m3 vers 2010, notamment grâce à l'installation de nouvelles centrales ou la reconversion de centrales au fioul, comme à Mtwara[18].
De nombreuses villes sont encore dépendantes de générateurs audiesel vieillissants : en 2004, 18 capitales de districts attendaient encore leur raccordement[18]. Une faible quantité d'énergie est importée de laZambie et de l'Ouganda voisins pour les villes frontalières.
Le pétrole, malgré divers projets d'exploration en cours, est presque entièrement importé : la dernière raffinerie du pays, aux installations obsolètes, a fermé en 2000. L'effort se porte sur le raccordement rapide des zones qui ne le sont pas, de manière à ralentir la déforestation. Dans cette optique de protection, les énergies solaire et éolienne ne sont pas exploitées, et le charbon n'est pas utilisé à la pleine mesure de son potentiel non plus, notamment dans l'industrie.
Le pays s'est doté en 2003 d'une nouvelle politique nationale concernant lestélécommunications principalement axée sur le développement de ses infrastructures et de la formation de la population dans ce domaine[20]. Visant à coordonner des politiques jusqu'ici erratiques, elle montre combien le pays a parcouru un long chemin depuis la promulgation de l'ordonnance d'interdiction des équipements électroniques et télévisions, en 1974 (enanglais :Prohibition Order on Electronic Computers and Television Sets). Promulguée par le premier président du pays,Julius Nyerere, celle-ci reflétait sa vision selon laquelle la présence de la télévision accroitrait le fossé entre riches et pauvres. La première chaîne privée est finalement lancée en 1994, sept années avant la première émission du service public. Les mesures de libéralisation des ondes (radio et télé) de 2001 ne s'appliquent d'ailleurs pas à Zanzibar, qui ne possède pas de médias privés (ceux du continent restant cependant accessibles)[20]. Le manque de professionnels disposant de la formation adaptée fait cependant sentir ses effets, et le gouvernement essaie d'investir plus particulièrement dans ce secteur éducatif (notamment via la création duMosi Institute of Technology, calqué - modestement - sur leMIT américain).
Les progrès enregistrés depuis le début desannées 2000 s'expliquent entre autres par la conjonction de deux facteurs :
la libéralisation du secteur (postes et télécommunications), qui a permis l'arrivée de nouveaux acteurs, et donc de nouveaux investissements. L'opérateur national (TTCL) a également été partiellement privatisé. Les procédures administratives ont été simplifiées, notamment par la mise en place duTanzania Investment Centre, un guichet gouvernemental unique ;
la mise en place d'un cadre réglementaire cohérent, avec deux autorités indépendantes pour les médias et les télécommunications, remplacées en 2005 par laTanzania Communications Regulatory Authority.
Le paysage des télécoms tanzaniens reste quoi qu'il en soit excessivement déséquilibré, avec l'essentiel des infrastructures et investissements toujours concentrés dans la capitale économique. Le manque de moyens est criant, de même que le manque de personnel qualifié : certaines écoles, afin de familiariser leurs étudiants avec le matériel informatique en dépit de la pénurie, donnent leurs cours sur des ordinateurs en bois ou carton[20]. Quand bien même la loi prévoit la mise en place d'une politique d'accès universel pour le monde rural (80 % de la population), celle-ci est laissée faute de moyens aux bons soins du secteur privé, souvent concentré sur les zones urbaines plus denses.
La télédensité du pays est faible, avec moins de 15 lignes mobiles pour 100 habitants en 2006, mais reste en progression constante, notamment à Dar-es-Salaam. Le réseau est désormais dans sa grande majorité numérique et la pénétration dans les zones urbaines s'accélère[20].
En 2005, la partie continentale du pays a modifié son système d'attribution de licences pour copier celui appliqué avec succès par laMalaisie à la fin des années 1990 : d'un système« vertical » (droit d'opérer un réseau de télécoms OU de radiodiffusion et de fournir des services sur celui-ci), on est passé à une approche horizontale (la licence permet de posséder un réseau de télécommunications ET de radiodiffusion, mais une licence distincte est attribuée pour fournir les contenus et services sur ledit réseau). Cette réforme, la première de ce type sur le continent africain, a permis aux investisseurs de se concentrer sur leur métier de base (infrastructures ou services) et sur un maximum de secteurs simultanément. Cette réforme a permis l'augmentation desinvestissements directs étrangers, et devrait favoriser à terme l'arrivée rapide de services téléphoniques par le biais de la télévision câblée, de la télévision par téléphone, et de l'internet sur tous les médias existants : la Tanzanie est le premier pays africain à s'être adapté au phénomène de convergence des technologies.
LaTanzania Telecommunications Company (TTCL) est le seul fournisseur d'accès fixe sur le continent, sonalter ego Zantel, une compagnie privée opérant depuis Zanzibar, visant à prendre pied dans le reste du pays à court terme. La TTCL était en situation demonopole jusqu'à sa privatisation partielle en 2001 : cinq opérateurs mobiles se partagent désormais les licences pour l'ensemble du pays. Conséquence de cette concurrence accrue, les prix des services ont diminué de plus de la moitié en cinq ans[21]. Comme dans la plupart despays en développement, l'absence d'infrastructures dans un pays à la densité de population faible favorise grandement le développement de la téléphonie mobile : 97 % de la population peut en théorie avoir accès à un réseau mobile[22].
Aujourd'hui, les opérateurs sont nombreux et la concurrence a permis une démocratisation des offres. Des cartes prépayées sont vendues dans la rue et permettent un accès à de l'internet mobile sur un réseau de bonne qualité, au moins dans les villes. Les tarifs, résultat de la concurrence de la multitude des offres, sont relativement accessible aux Tanzaniens. En 2017, 74 % de la population possède une ligne de téléphonie mobile[23].
La compagnie de chemins de fer a également déposé une demande de licence pour opérer le long de la ligne Dar es Salaam - Mwanza[24]. Le pays a également été sélectionné pour la mise en route d'un projet-pilote de télécentre à Sengerema (près de Mwanza). Ce projet, mené en coopération avec l'UIT et l'UNESCO (et peut-être laFAO et d'autres acteurs potentiellement intéressés), vise à développer un centre multi-services capable de coordonner les activités commerciales, agricoles et gouvernementales[24].
Le marché est dominé par troisfournisseurs d'accès qui obtinrent leur licence lors du premier appel d'offres en 1996 : les conditions d'obtention se résument à 100 000 dollars de frais, plus 5 % deredevance sur tous les services à valeur ajoutée. Les trois opérateurs dépendent de capitaux internationaux, avec participation locale dans le cas de Datel (coopération entre Nexus International, entité appartenant àFrance Télécom, et TTCL). L'université de Dar es Salaam dispose également d'une licence, mais celle-ci (gratuite) est limitée à la communauté universitaire et elle ne peut en faire commerce avec le grand public[24]. Les fournisseurs d'accès devant passer par les bandes satellitaires pour accéder à l'international, la mise en place d'Eassy (pourEast African Submarine Cable System), un câble sous-marin de 9 900 km en chantier de fin 2008 à mi 2011, relie la côte est-africaine au reste du monde, et devrait permettre de faire baisser les coûts de connexion.
Lescybercafés sont désormais omniprésents dans les villes du pays, mais les efforts du gouvernement pour développer l'accès de la population à internet ont eu, au moins dans les premiers temps, un impact particulièrement limité : l'utilisation voire la connaissance des réseaux reste marginale[25] limitée essentiellement aux zones à forte concentration urbaine.
La Tanzanie est peuplée de 44 929 002 habitants en. Letaux d'alphabétisation est de 69,4 % pour les personnes de plus de 15 ans[23].Sur le continent, 99 % de la population est d'origineafricaine (dont 95 % deBantous répartis en plus de 130ethnies), le 1 % restant étant représenté par desAsiatiques (260 000),Européens (20 000) etArabes (70 000). ÀZanzibar, la population est constituée d'un mélange plus hétérogène d'Africains et d'Arabes. Il y aurait aussi des métis, descendants d'unions entre Africains et Européens, lors de la colonisation allemande entre 1885 et 1919, et lors du mandat britannique entre 1921 et 1962, dont le nombre est inconnu.
Letaux de fécondité est estimé à 5 enfants par femme tandis que letaux de mortalité infantile est de 66,93 pour mille[23]. L'espérance de vie est de 52,85 ans en 2011, environ 14 ans de moins que l'espérance de vie moyenne dans le monde. L'âge moyen total est de 18,5 ans ; il est de 18,7 ans pour les femmes et de 18,2 ans pour les hommes. La croissance démographique annuelle est de 2,5 %.
On relève la présence de plusieursmaladies infectieuses[26] :
L'arrivée de l’enseignement en Tanzanie remonte à l'introduction de l'islam à partir duVIIIe siècle avec l'introduction des écoles coraniques dans les régions côtières. À partir des années 1860-1870, la colonisation a entraîné l'apparition de la scolarisation sur un modèle occidental, l'Allemagne étant la puissance colonisatrice[27].Sa politique d'enseignement est calquée sur ce qu'on appelle l'assimilationnisme.[réf. nécessaire] L’enseignement avant 1914 est essentiellement le fait des missionnaires de plusieurs nationalités (allemands, français, britanniques…) qui interviennent en Tanzanie. Il y avait en 1914 mille écoles missionnaires enseignant à un total de 108 500 élèves, ce qui représentait 95 % de la population scolaire, les 5 % restant étant à l'actif des écoles ouvertes par l'administration coloniale elle-même. Pendant la période coloniale britannique, à partir de 1919, la politique d'éducation gouvernementale est plus affirmée, notamment en direction des filles[28]. Toutefois, le système éducatif est basé sur ledifférentialisme. Cette façon d'enseigner a profondément marqué le modèle éducatif tanzanien. Peu avant l'Indépendance, le système scolaire est en effet caractérisé par une forteségrégation des Européens, des Asiatiques (principalement venus d'Inde) et des Africains, au détriment de ces derniers.Quoi qu'il en soit, les deux puissances colonisatrices n'ont jamais considéré l’enseignement en Tanzanie comme un souci majeur, un point important de leur politique coloniale. Cela a eu une importante conséquence à l’issue de l'indépendance, avec un système éducatif très peu rodé et fragile.
Avec l'arrivée de l'indépendance, etJulius Nyerere au pouvoir, le problème de la discrimination raciale au sein de l’enseignement devient une priorité absolue pour le premier président tanzanien. C'est une volonté de changement radical qui apparait, avec la politique éducative pour l'autosuffisance mise en place à la fin des années 1960.Avec Nyerere au pouvoir, l’enseignement prend une nouvelle forme. Sa vision de l’enseignement crée des désaccords, certains y voyant quelque chose de novateur, d'autres la continuité d'un enseignement pour colonie. Cet enseignement s’appelle en anglaisEducation for Self-reliance, abrégé en ESR.Il est considéré par les dirigeants (à l’instar de nombreux pays africains) comme un moteur du développement mais aussi, et surtout, comme un moyen de construire un certain type de société. Cependant, l’éducation nationale n’a pas permis de constituer le type de société escompté, ceci partiellement en raison de la crise économique des années 1980. Cette crise provoque l’intervention du FMI dans le pays, à la demande du président A.H. Mwinyi, FMI qui examine la structure des institutions éducatives et qui remanie le système moyennant certains plans d'ajustement structurel. Le ministère de l'Éducation nationale voit son budget restreint, ce qui limite encore le champ et la liberté d'action des politiques tanzaniennes en matière d'éducation[29].
Leswahili etl’anglais sont les deux langues officielles en Tanzanie. Toutefois, on compte plus de 120 autres langues et dialectes dans ce pays. Comme la Tanzanie abrite plus de 100 tribus, chacune d’entre elles apprend d’abord sa langue tribale. Ce n’est que plus tard, lorsque les locaux vont à l’école, qu’ils apprennent le swahili (au primaire) et l’anglais (au secondaire)[31].
Les deuxlangues officielles sont lekiswahili ou swahili (appelé Kiunguja à Zanzibar) et l'anglais mais il existe d'autres langues véhiculaires comme l'arabe ou legujarati, cette dernière parlée par des communautés originaires du sous-continent indien. Le pays compte plus de 120 groupes ethniques, chacun ayant conservé sa langue. On note toutefois que l'influence dukiswahili a contribué à un affaiblissement du poids des langues locales. Ce fait est surtout notable en milieu urbain, où l'on assiste à la naissance de la première génération de Tanzaniens ne maitrisant qu'une des langues de leur pays, lekiswahili.35 % des Tanzaniens ont l'anglais en seconde langue, ou ont des notions d'anglais en 2012 (locuteurs dits« partiels »)[réf. souhaitée].De nombreuses femmes sont mères au foyer. Beaucoup contribuent toutefois aux revenus du ménage par des travaux informels, comme vendeuses de repas dans la rue (mama ntilie enkiswahili).
L'islam tanzanien est essentiellementsunnite (environ 53 %), secondairementchiite (26 %) etahmadiyya (20 %)[35]. La répartition des musulmans sur le territoire est inégale : la population deZanzibar est à 98 %[34] ou 99 %[33] musulmane. Les musulmans du groupe ahmadiyya progressent beaucoup depuis 1950.
↑Stephen M. Mutula, Mzee M.M.M. Ahmadi, "Contradictions of Tanzania Government policies on Internet service provision: case study of Dar es Salaam city",Library Hi Tech 20(3):359-369, 2002.