Tanoutamon, ou Tantamani[3], est le dernier pharaon de laXXVe dynastie, couronné dans le temple d'Amon duGebel Barkal. Il est roi de Napata etpharaon de 664 à 656 av. J.-C.
Tanoutamon commence son règne en 664 AEC sur un royaume en mauvaise posture face aux Assyriens d'Assurbanipal qui ont envahi l'Égypte et nomméNékao Ier, roi de Saïs, comme représentant et intermédiaire privilégié des chefs duDelta[4]. Ainsi, peu après le départ de l'armée assyrienne, Tanoutamon envahit l'Égypte dans l'espoir de rétablir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire. Tanoutamon descend le Nil depuis la Nubie et réoccupe toute l'Égypte, y comprisMemphis, où il vainc et tue Nékao Ier et le représentant des Assyriens, tandis que le fils de Nékao Ier,Psammétique Ier fuient vers l'Assyrie.
Cela conduit à un nouveau conflit avecAssurbanipal en 663 AEC. Les Assyriens, menés parAssurbanipal, reviennent en force en Égypte. Ils livrèrent une bataille rangée au nord deMemphis, près du temple d'Isis, entre leSérapéum etAbousir. Tanoutamon est vaincu et s'enfuit en Haute-Égypte. Quarante jours après la bataille, l'armée d'Assurbanipal arrive àThèbes. Tanoutamon avait déjà quitté la ville pour Kipkipi, un lieu qui reste incertain mais qui pourrait êtreKôm Ombo, à quelque 200 km au sud de Thèbes[5]. La ville de Thèbes est conquise, « écrasée (comme par) une tempête » et fortement pillée[5],[6]. L'événement n'est pas mentionné dans les sources égyptiennes, mais il est connu par les annales assyriennes[7], qui rapportent que les habitants ont été déportés. Les Assyriens emportent un important butin d'or, d'argent, de pierres précieuses, de vêtements, de chevaux, d'animaux fantastiques, ainsi que deux obélisques recouverts d'électrum d'un poids de 2 500 talents (environ 75,5 tonnes)[5],[6]. Le sac de Thèbes a été un événement capital qui s'est répercuté dans tout le Proche-Orient ancien. Il est mentionné dans le livre de Nahum, chapitre 3, 8-10[6]. Une prophétie du livre d'Isaïe y fait également référence.
Entre 670 et 655 AEC, les va-et-vient des armées koushite et assyrienne entraînent un vacance du pouvoir royal sur Thèbes. Ainsi, le quatrième prophète d'AmonMontouemhat et la divine adoratrice d'AmonChepenoupet II prennent le pouvoirde facto, cette dernière est à l'origine d'un programme architecture àThèbes mais aussi àMédamoud[11].
Quant àMontouemhat, il apparaît comme un véritable prince local, arborant sur ses nombreuses statues les titres « gouverneur de la Haute-Égypte en entier », « grand supérieur du pays entier », ou encore « directeur des gouverneurs des villes »[1]. Selon ses dires : « J'étais le gouverneur de Thèbes, la Haute-Égypte tout entière était sous mon autorité, la frontière méridionale allant jusqu'àÉléphantine, la septentrionale jusqu'àHermopolis »[1]. Toutefois, cette autorité sur un aussi large territoire semble plutôt honorifique, les sources assyriennes montrant que des villes commeThinis,Hermopolis etAssiout étaient sous l'autorité de responsables locaux[1].
Tanoutamon semble être le fils deChabaka etQalhata[12],[13]. Les documents assyriens appellent Tanoutamon unfils de Chabaka et font référence à sa mère,Qalhata, comme étant une sœur deTaharqa. Certains égyptologues ont interprété le texte assyrien comme indiquant que Tanoutamon était un fils deChabataka, mais il est aujourd'hui plus courant de considérer Tanoutamon comme un fils de Chabaka[14].
Il épouse peut-êtreMalaqaye(en) et ses demi-sœurs Piânkharty et Isetemkhebyt. Le fils deTaharqa,Atlanersa, lui succède mais uniquement dans sa capitale deNapata. Ses descendants sont à l'origine des pharaons deNapata et de la civilisationméroïtique.
Tanoutamon est enterré dans la nécropole royale d'El-Kourrou sous lapyramide « KU 16 »[1]. Le tombeau de Tantamani était situé sous une pyramide, aujourd'hui disparue, sur le site d'El-Kourrou. Il n'en reste que l'entrée et les chambres, magnifiquement décorées de peintures murales.
↑ab etcDan'elKahn, « The Assyrian Invasions of Egypt (673-663 B.C.) and the Final Expulsion of the Kushites »,Studien zur Altägyptischen Kultur,vol. 34,,p. 251–267(JSTOR25157757)