Sa population s'élève à 947 952 habitants selon le recensement de 2014[3]. Il existe une importante diaspora tangéroise dans le monde, notamment dans le sud de l'Espagne et dans leBenelux. Une grande partie des Tangérois est originaire duRif. Tanger est donc à la fois une ville andalouse,jeblia etrifaine de par les liens historiques qu'elle a noués avec les deux ethnies habitants leRif, à savoir lesJbalas et lesRifains. Tanger a connu une incroyable immigration de la part desRifains durant lexixe siècle et lexxe siècle. LesRifains formaient plus d'un quart de la population tangeroise en 1957, d'après une estimation de D. M.Hart. LesJbalas forment eux aussi une part très importante de la population tangeroise. Enfin, depuis plusieurs décennies déjà, une importante population venue des autres régions duMaroc est arrivée à Tanger pour travailler et continue d'y affluer.
D'abord établie sur la colline de lakasbah, la ville de Tanger s'est progressivement étendue sur les massifs la bordant à l'ouest en direction ducap Spartel (plateau du Marshan, Vieille Montagne) puis, au long de la plage, en direction ducap Malabata. En dépit de ces reliefs, son site ne présente pas de réseau hydrographique notable.
Le climat de Tanger est du typeméditerranéen, tempéré par l'influence océanique ; L'automne, l'hiver et le printemps sont doux, voire frais (18 degrés en journée et 7 degrés la nuit en moyenne) et assez humide. Les inter-saisons sont modérément pluvieuses. L'été est très sec avec des températures relativement modérées (30 degrés en journée).
En général, les précipitations sont comprises entre 600 et 1 000 mm par an. La ville est cependant souvent sujette à des perturbations météorologiques : de mi-octobre jusqu'au début mai, des vents forts, des orages violents et des pluies diluviennes peuvent facilement survenir.
En été, un vent chaud provenant duSahara,le sirocco communément appelé « chergui » au Maroc, élève fortement la température et assèche l’atmosphère, car c’est un vent venu de l’est.
Eugène Delacroix - Vue de Tanger. entre 1852 et 1853
Dans lesmythologiesberbère etgrecque,Tingis était une déesse et l'épouse du géantAntée[5] Ce dernier vivait enLibye dont il était roi et défiait tous les voyageurs et passants à la lutte ; il était invincible tant qu'il restait en contact avec sa mère laTerre. Il fut vaincu parHéraclès, alors que celui-ci était à la recherche despommes d'or du jardin des Hespérides lors de sesDouze Travaux, le demi-dieu ayant eu l'idée de le soulever de terre pour l'étouffer à mort. Il fut ainsi le seul à réussir à battre Antée[6].
SelonPlutarque, lesAmazigh croyaient qu'Héraclès épousa Tingis après la mort d'Antée, et qu'elle enfanta de luiSophax[7]. Selon le mythe, Sophax fonda alors la ville de Tanger (qui était connue sous le nom de Tingis selon les sources anciennes) qu'il nomma ainsi en hommage à sa mère[8].
Tanger, à sa baseTangis ou plus généralement « lelibyen tinjit », selon Mercier, a pu désigner enlibyque non seulement un fleuve mais toute masse d’eau[9],[10].
Après une présencephénicienne, dont il subsiste deux petitesnécropoles, lesCarthaginois firent de la ville un comptoir important auIVe siècle av. J.-C. En, à la chute de Carthage, la ville est incluse auroyaume de Maurétanie. Tanger (Tingis) prend une telle importance, qu'elle devient, vers leIer siècle, le chef-lieu de la provinceromaine deMaurétanie tingitane. C'est l'une des principales métropoles dudiocèse d'Hispanie, qui regroupe les provinces espagnoles et la Tingitane après la réforme administrative de l'empereurDioclétien. C'est sous son règne qu'eurent lieu les martyres desaint Marcel et desaint Cassien. La ville est fortement christianisée dans les siècles suivants.
Appelés par le comteBoniface qui aurait même organisé leur passage, lesVandalesariens, accompagnés d'Alains, peuple et armée, soit 80 000 personnes, franchissent le détroit de Gibraltar en 429[11] en échange de la promesse d'un soutien militaire au comte[12]. Bien vite en désaccord avec Boniface, ils battent les Romains et ne peuvent être contenus autour de Tanger etCeuta (alorsSeptem Fratres)[13]. Mais ils préfèrent se tourner vers ce qui deviendra leroyaume vandale d'Afrique (Algérie orientale et Tunisie actuelles)[12].
Le généralmusulmanMoussa Ibn Noçaïr, gouverneur duMaghreb au service desOmeyyades deDamas, s'intéresse à Tanger pour sa position stratégique et c'est donc de là qu'en 711 commence laconquête de l'Espagne par les troupes deTariq ibn Ziyad (un lieutenant d'Ibn Noçaïr), à quiGibraltar doit son nom (Djebel Tarik, la « montagne de Tarik »). Pendant les cinq siècles qui suivent, des dynasties différentes se disputent la souveraineté de Tanger. LesIdrissides deFès, lesOmeyyades de Cordoue, s'affrontent pour sa domination pendant plus d'un siècle. En 1075, lesAlmoravides en deviennent maîtres jusqu'en 1149, date à laquelle la ville passe auxAlmohades avant de devenirmérinide en 1274[14].
En 1880, laconférence de Madrid tente de définir les relations entre les grandes puissances au sujet du Maroc. Poussé par lechancelier Bülow, qui entend rappeler de claire façon que l'Allemagne ne se laissera pas mettre à l'écart et que la France ne peut modifier l'état politique du Maroc sans l'autorisation d'une nouvelle conférence internationale,Guillaume Il débarque, le, du yacht impérialSMYHohenzollern I à Tanger pour quelques heures et dénonce, après un entretien avec l'oncle du sultan, les visées françaises et espagnoles sur le Maroc, ce qui provoque une crise diplomatique : c’est lacrise de Tanger. En 1906, laconférence d'Algésiras redéfinit les positions de chacun enAfrique reconnaissant l'indépendance du sultan et affirmant l'égalité des signataires dans le domaine économique. En 1923 les négociations aboutissent à en faire unezone internationale affranchie de droits de douane. Le, le statut définitif de Tanger est signé par le Royaume-Uni, l'Espagne, laBelgique, lesPays-Bas, les États-Unis, le Portugal, l’Union soviétique et la France, auxquels se joindra l’Italie un peu plus tard.
La ville possède désormais son autonomie financière. On la dote d'une administration internationale, en particulier d'une assemblée législative, composée de dix-sept fonctionnaires internationaux (quatre Français, quatre Espagnols, trois Britanniques, deux Italiens, un Américain, un Belge, un Néerlandais, un Portugais) désignés par leursconsuls respectifs et de neufMarocains (six musulmans, troisisraélites). Le sultan nomme unmendoub chargé de promulguer les textes législatifs et qui remplit les fonctions depacha.En juin 1940, après la défaite française face aux offensives de laWehrmacht, les troupesespagnoles de Franco occupent Tanger et imposent, en mars 1941, l'installation du consul duTroisième Reich à la Mendoubia (résidence dumendoub, représentant dusultan auprès de l'administration internationale tangéroise), où flotte désormais ledrapeau nazi. En mars 1944, l'Espagne fait évacuer les Allemands de la Mendoubia, sous la pression desAlliés, avant de retirer, le, ses troupes de la ville, qui récupère ainsi son statut international. Entre 1939 et 1950, Tanger a vu sa population tripler et atteindre plus de 150 000 habitants.
Le, le sultanMohammed V, accompagné du prince héritier Moulay Hassan (qui deviendra plus tardHassan II), prononce à Tanger le premier discours qui fait référence à un Maroc unifié et indépendant rattaché à la nation arabe. En 1956, avec l'indépendance du Maroc, la conférence de Fédala (8 au) rend Tanger au Maroc. Une charte royale maintient la liberté de change et de commerce jusqu’en 1960, année où le gouvernement marocain abolit les avantages fiscaux et où Tanger se retrouve avec un statut identique à celui des autres villes du Royaume. Afin d'éviter une fuite importante des capitaux, le port de Tanger est doté d'unezone franche.
La ville connaît en 2015 la révolte dite des bougies, qui eut lieu pour protester contre le prix et le manque de qualité des services d’Amendis, l’entreprise française à laquelle le Maroc a confié la sous-traitance de l’eau dans cette région[22].
Histoire de Tanger
Coupure de 50 centimes.
Bombardement de Tanger en par la flotte française.
Première tentative portugaise pour s'emparer de la ville.
1458
Deuxième tentative portugaise pour s'emparer de la ville.
1464
Troisième tentative portugaise pour s'emparer de la ville.
1471
Les Portugais s'emparent de Tanger.
1492
Un grand nombre d'Andalous musulmans et juifs sont chassés d'Espagne et duPortugal. Ils transitent par Tanger et beaucoup d'entre eux y restent ou s'installent dans les régions voisines.
1580
Tanger passe, avec le Portugal, sous domination espagnole.
1640
Tanger redevient portugaise, lors de l'indépendance du Portugal.
Les Anglais fortifient la ville pour résister aux attaques du seigneur de guerreKhadir Ghaïlan.
1678
Le sultanMoulay Ismaïl entreprend le siège de la Ville.
1684
Les Anglais détruisent les fortifications et abandonnent la ville à Moulay Ismaïl qui reconstruit de nouvelles fortifications faisant de la cité un rempart face au monde extérieur.
1757-1790
Règne du sultan SidiMohammed ben Abdallah qui, pour protéger ses sujets, entreprend le cantonnement des diplomates occidentaux à Tanger.
1794
Création de l'École de la Mission catholique espagnole.
Les Espagnols créent le réseau de téléphone interurbain.
1885
Création d'une école française (l'Institution Robinet).
3 octobre 1904
Signature d'un accord secret, entre l'Espagne et la France, pour délimiter les zones d'influence. Tanger aura un statut particulier.
31 mars 1905
Visite diplomatique deGuillaume II qui est reçu par les autorités marocaines à Tanger pour s'opposer aux ambitions secrètes de la France et de l'Espagne sur le Maroc. Le Sultan ne fera pas le déplacement pour le rencontrer.
7 avril 1906
Laconférence d'Algésiras, détermine les zones d'influence française et espagnole. Tanger aura un statut spécial.
1909
Construction d'un collège français pour jeunes filles (futur lycée Saint-Aulaire).
Deuxième pôle économique duMaroc aprèsCasablanca, Tanger dispose d’une activité industrielle diversifiée comprenant les industries textiles, chimiques, mécaniques, métallurgiques et navales. La ville compte actuellement quatre zones industrielles, dont deux avec un statut de zone franche : la zone franche de Tanger et la zone franche portuaire. L’infrastructure de Tanger est particulièrement développée, incluant unport qui gère à la fois le flux de marchandises et de passagers (plus d’un million de voyageurs par an) et intègre également un port de plaisance et un port de pêche.
Gare de Tanger-Ville.
Une rame à grande vitesse Alstom de l'ONCF en gare de Tanger Ville.
L'autoroute, opérationnelle depuis 2005, connecte Tanger àRabat et aux autres grandes villes marocaines. L’aéroport de Tanger-Ibn Battouta se trouve à Boukhalef, à 15 kilomètres au sud-ouest du centre-ville, avec une capacité récemment augmentée à 1,5 million de passagers par an[24]. Sa capacité sera portée à 3,2 millions de passagers par an avec l'inauguration du Terminal 3[25]
Station balnéaire d’importance, Tanger offre une infrastructure touristique variée, avec des hôtels et autres services, une longue plage de plus de 7 km, et unemédina (ville ancienne) où le commerce artisanal est florissant, proposant notamment des articles enmaroquinerie, bois, argent, vêtements traditionnels, et chaussures.
Point de vue sur le port de Tanger Med en août 2023
Avec l'ouverture du portTanger Med, la ville se positionne comme un carrefour du commerce maritime international. Depuis mai 2010, la majorité du trafic maritime est transférée vers le port de Tanger Méditerranée (Tanger Med), situé à environ quarante kilomètres à l'est de Tanger[26]. Leport de Tanger Ville, orienté vers le tourisme, se trouve en face de la Kasbah.
Les années 2007 et 2008 furent marquées par l'achèvement de nombreux projets majeurs, notamment le deuxième portTanger Méditerranée et ses zones industrielles, leStade Ibn-Batouta de 45 000 places, uncentre d'affaires, des installations touristiques, l’aménagement du centre-ville et la création de nouvelles lignes autoroutières et ferroviaires. La ligneLGV Tanger-Casablanca a été conçue pour réduire le temps de trajet versCasablanca, capitale économique du pays.
LaLGV Tanger-Casablanca, inaugurée le, relie désormais Tanger à Casablanca (350 kilomètres) en passant parRabat en seulement1 h 30 au lieu de5 h 30 auparavant[27].
Enfin, l'agriculture dans la région de Tanger est principalement céréalière, répondant aux besoins du secteur tertiaire.
La ville de Tanger connaitra bientôt l'ouverture du plus grand Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d'Afrique du Nord.Les travaux de construction sont en cours, et presque terminés.L’établissement sera doté d’une capacité de 865 lits et pourrait être livré avant la fin du mois d’octobre 2020[28].
Un nouveau terminal du port en eau profonde accueille lesferries depuis le second trimestre 2009.Saipem SA etBouygues Construction, au travers de ses filiales (Bymaro -Bouygues Maroc), réalisent deuxdigues de 1 230 mètres de long chacune, huit postes d'appontement pour les ferries ainsi qu'une plate-forme logistique de42 hectares[29].
Tanger est depuis longtemps une terre d'accueil pour de nombreux artistes et intellectuels.Henri Matisse et avant luiEugène Delacroix y réalisent des œuvres célèbres. Le second évoque son passage dans cette ville, lors deson Voyage en Afrique du Nord, dans son carnet de voyage illustréAlbum du Maroc. L'écrivain américainPaul Bowles l'a nommée « Dream City ».
Cette section contient une ou plusieurslistes. Le texte gagnerait à être rédigé sous la forme de paragraphes synthétiques. Les listes peuvent demeurer si elles sont introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents éléments (juin 2025).
Attirant dans son sillage, en 1953,William S. Burroughs,Allen Ginsberg etJack Kerouac deviennent des habitués de la ville duDétroit faisant la réputation sulfureuse de cette ville de romanciers expatriés[36]. Ceux qui deviendront les noms emblématiques de laBeat Generation, trouvent dans la ville de quoi nourrir leur dégoût duconsumérisme et dupuritanisme américains ainsi qu'une dose de liberté incomparable[37].
C'est à la villa Muniria, un petit hôtel du centre-ville que Burroughs écritLe Festin nu[38], son ouvrage le plus connu.Jack Kerouac qui dormait à l'étage supérieur l'a également aidé à publier son livre grâce àMaurice Girodias, éditeur français qu'ils ont rencontré à Tanger grâce aux contacts de Bowles[39].
Au fil des siècles, Tanger a attiré de nombreuses personnalités issues de domaines variés, notamment la politique, les arts, la littérature et la religion. Certaines y sont nées, d'autres y ont résidé temporairement ou durablement, contribuant ainsi à l'histoire et aurayonnement culturel de la ville. Parmi ces personnalités figurent notamment :
Giuseppe Garibaldi, en exil à la suite des tentatives indépendantistes de 1848 et de laRepubblica Romana, y est accueilli d'octobre 1849 à juin 1850, lorsqu'il part pourNew York viaLondres. Il habita rue Hassan Ibn Al-Fahrat 35 (nom actuel), longtemps appelée rue Garibaldi.
George Apperley (1884-1960), peintre britannique qui a vécu à Tanger où il s'est fait construire une maison dénomméevilla Apperley.
Marthe de Chambrun-Ruspoli (princesse), (-), écrivaine, égyptologue. Elle a publiéL'Épervier divin (Genève, Éd. Mont-Blanc, 1969) etLe Retour du Phénix (Paris, Les Belles Lettres, 1982). Elle était l'épouse du PrinceEdmondo Ruspoli et la mère deMario Ruspoli, réalisateur à la télévision française.
Henri Matisse (résida à Tanger au printemps 1912, à l'automne 1912 et en février 1913). Il logeait au « Grand Hôtel villa de France ». Il y peignit quelques-unes de ses plus belles toiles :Fenêtre à Tanger,Porte de la Casbah,Vue sur la baie de Tanger.
Paul Bowles, écrivain américain, né à New York en 1910, mort à Tanger le. Il y écrivit notammentJournal tangérois 1987-1989,Réveillon à Tanger et surtoutUn thé au Sahara, son ouvrage le plus connu qui inspira le film du même nom àBernardo Bertolucci.
Mohamed Choukri (1935-2003) est l'écrivain tangérois le plus connu de son époque. Dans son roman le plus connu,Le Pain nu, il raconte son quotidien difficile d'enfant des rues dans une langue crue, et sans concessions.
Tennessee Williams, écrivain américain a vécu à de multiples reprises à Tanger entre le début des années 1950 et 1964. Il était très proche de Mohamed Choukri, Paul Bowles et Jean Genet.
Bernard-Henri Lévy, écrivain et philosophe, dont le récit autobiographique,Comédie[41], publié en 1997 auxéditions Grasset, se situe tout entier à Tanger.
Mohamed Métalsi, professeur-chercheur, écrivain né à Tanger.
↑Revue des deux mondes: revue mensuelle fondée en 1829, Soc. de la Revue des Deux Mondes,(lire en ligne)
↑Revue des deux mondes: revue mensuelle fondée en 1829, Soc. de la Revue des Deux Mondes,(lire en ligne)
↑AmédéeHennequin,La conquête de l'Algérie, C.Douniol,(lire en ligne)
↑journal des voyages, des sciences, de l'administration, des mœurs, etc., chez les différens peuples du globe, Soc. de la Revue des Deux Mondes,(lire en ligne)