Selon l’explorateurAlfred Métraux, leTangata manu (« homme-oiseau ») est, pour un an, l’arbitre des conflits entre clans (iwi) sur l’île de Pâques. À ce titre, il est « neutre » et sacré. Pour devenirTangata manu, leHopu (représentant de chaque clan) doit plonger dans l’océan à partir de la falaise d’Orongo, nager à l’aide d’une gerbe detotora jusqu’à l’îlot rocheux inhabité deMotu Nui (« grand rocher »), s’y poster et attendre la ponte du premier œuf de la saison desterneManutara, le recueillir, nager à nouveau vers l’île de Pâques et gravir la falaise deRano Kau pour le ramener à l’ariki nui (« grand guerrier » : le « roi » de l’île).
Le filmRapa Nui (1994) retrace cette tradition mais la représente comme une violente compétition où l’on doit gagner contre les autres et où le côté sacré est complètement ignoré. En fait, chaque nageur se postait devant un nid, et selon lamythologie pascuane c’est le dieuMake-make qui désignait leTangata manu de l’année au moyen du premier couple de sternes à pondre. Cet unique œuf recueilli, tout le monde rentrait indemne. En outre, dans le film, le vainqueur fait du chef de son clan l’ariki nui, alors que cette dignité était héréditaire au sein de la lignée Miru, descendant, selon latradition orale, du fils aîné deHotu Matu'a, le découvreur légendaire de l’île.
Le dernier rituel duTangata manu s’est tenu le en présence du missionnairePicpucien françaisEugène Eyraud qui a fortement contribué à éradiquer les croyances indigènes au profit duchristianisme.
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