Vingtième lettre de l'alphabet latin, qui se range dans la catégorie des explosives à titre de dentale forte non aspirée. Dans leslangues indo-européennes, leT apparaît le plus souvent comme une réduction du son primitivement complexe que représentent en grec lezêta (ζ = τσ) ou la variante à éléments intervertis στ. Les exemples les plus apparents de cette origine sont fournis par l'état phonétique que montre le latintego pourstego « couvrir », auprès du grecστέγω, même sens.
Indépendamment de cette réduction, bien des faits tendent à prouver que let a passé par le stage de l'aspirée correspondante figurée par le thêta grec(θ), avant d'arriver au son que nous lui connaissons. Une chose sûre, c'est que l'aspirée dentale, déjà désaspirée en grec dans les formes à redoublement commeτίθημι pourθίθημι, a complètement disparu du latin où let en tient lieu, comme danspatior « souffrir » auprès deπάϑος « souffrance ». Même mouvement dans les langues germaniques où leth des anciens dialectes a cédé la place auT(ou aud) qui lui correspond dans les formes modernes.
Souvent aussiT s'adoucit end, ainsi qu'on le voit parἕϐδoμoς « septième » auprès deἑπτά « sept » ;ὄγδοος « huitième » auprès deὀκτώ « huit » ; lat.mendax « menteur » auprès dementior « mentir » ;pando « étendre » auprès depatulus « étendu » ; ail.darre, idée de sécher, durcir auprès destarr, même idée ;drangen « presser, serrer » auprès destreng, même idée, etc. En ce qui concerne ces exemples empruntés aux langues germaniques et qui ont pour effet de montrer l'adoucissement dut après la chute des dans le groupe initialst, il est facile de se rendre compte qu'ils suggèrent une tout autre explication du mouvement des consonnes dans ces langues, que celle que l'on a tirée de la prétendue loi dite de Grimm.
Formes majuscules et minuscules manuscrites de la lettre T dans leDictionnaire des abréviations latines et française d'Alphonse Chassant.
Dans le passage du latin au français,t a généralement conservé sa valeur phonétique. Exemples :temps auprès detempus, même sens ;imiter auprès deimitor, m. s. ;chant auprès decantus, m. s. Signalons toutefois l'assimilation des éléments du groupe latinet donnanttt comme dansjetter auprès dejactare, m. s. ; et la perte de la dentale dans les verbes enuto. Exemples :muer auprès demuto, m. s.,statuer auprès destatuto, m. s., etc.
Enfin, dès l'époque latine, à ce qu'il semble,t, devant le groupe vocaliqueio, a subi le phénomène d'assibilation auquel est due la prononciation française defaction,factieux, etc., comme si ces mots étaient orthographiésfacsion,facsieux.
Il peut également être muet dans les mots commechat.
Let épenthétique est unemodification phonétique qui consiste en l'apparition, à l'intérieur d'un mot ou groupe de mots, de cette lettre supplémentaire qui permet de clarifier, faciliter, ou rendre plus "naturelle" l'élocution. Un exemple typique en français est let deva-t-on ouy a-t-il.
Le signehiéroglyphique égyptien représentait un bras étendu portant sur la main un objet, qui était ungâteau. Ce signe, correspondant au sontu, se déforma beaucoup en passant dans l'écriture hiératique, et encore davantage dans l'écriture desPhéniciens, où il fut réduit à deux traits s'entrecroisant. Le T prit de bonne heure, chez les Grecs et les Romains, la forme qu'il a gardée depuis. La forme de l'alphabet étrusque parait directement dérivée, comme plusieurs autres, de l'alphabet phénicien.
Le Toncial est caractérisé par l'arrondissement de lahaste, à sa partie inférieure, et par la courbure de la tête vers la gauche de la haste, qu'elle rejoint souvent vers le milieu de sa hauteur. Souvent la tête est une ligne très déliée et la haste une ligne très épaisse et massive (fig. 2 duVe siècle). Transporté dans les écritures minuscules, le T oncial a donné la forme semi-onciale. La tête du T semi-oncial devient plus ondulée à mesure qu'on avance dans le Moyen Âge. Le T entre dans beaucoup de ligatures de l'écriture capitale et de l'écriture onciale, notamment celle de NT, qui subsiste, à la fin des mots et à la fin des lignes des manuscrits, jusqu'auXIIe siècle.
Dans lesécritures gothiques, le T majuscule a deux formes, celle de la capitale et celle de l'onciale, qui ont été usitées simultanément pendant toute la durée du Moyen Âge. Les deux extrémités de la tête du T capital sont terminées par des lignes retombantes, qui descendent presque au niveau de la base, surtout dans les écritures d'Allemagne. Le T de forme onciale a sa base repliée en une volute très arrondie et dont le côté gauche est toujours beaucoup plus fort que le côté droit. Quelquefois le côté droit de cette volute est réduit à une simple ligne très fine (fig. 2 des majuscules du xin" siècle et fig. 8 du frontispice). La tête du T gothique majuscule se compose généralement d'une ligne ondulée et très renflée dans sa partie centrale. Dans la cursive gothique, la haste est très recourbée et la tête très oblique, ce qui fait généralement confondre cette lettre, surtout auxXIVe et XVe siècles, avecl'e minuscule et cursif. La tête se termine souvent par un trait de fioriture qui rejoint la base (fig. 2 de la minusc. et de la curs. duXVe siècle).