Larégion du Tōhoku(東北地方,Tōhoku-chihō?) est une desrégions du Japon.Tōhoku signifie « nord-est » enjaponais ; cette région couvre en effet le nord-est de l'île deHonshū, l'île principale du Japon. Cette région est parfois également nomméeMichinoku(みちのく?).
Ces montagnes sont entrecoupées de trois bassins effondrés formant des vallées d'axe nord-sud, souvent coupées de l'océan par le relief et ordonnées en un réseau noueux de cols bas, où se concentrent l'essentiel de la population. Les côtes sont généralement rocheuses et très découpées, ayant empêché sur une large partie du littoral l'installation du port. Les habitants de cette région se sont donc répartis d'une façon originale par rapport au reste du Japon, avec une importance de l'intérieur, et donc une dépendance historiquement aux transports terrestres plutôt que maritimes et à l'agriculture plutôt qu'à la pêche.
Le climat y est relativement rude, très enneigé et brumeux. Le versant occidental connaît des hivers très froids et un été court mais chaud et étouffant. Le versant oriental subit plus nettement l'influence océanique duPacifique, et connaît donc des précipitations plus importantes. L'intérieur est plutôt de typecontinental et est plus sec.
Après que le pouvoir japonais a commencé à y étendre son influence auVIIe siècle, il y crée laprovince de Mutsu en712 (correspondant à la partie sud-est de la région actuelle). Dans le cadre des réformes cadastrales réalisées par leDaijōkan de l'impératrice régnanteGemmei, cette province est divisée en deux en la cinquième année de l'èreWadō (712), la partie orientale gardant le nom deMutsu et celle occidentale est rattaché à la jusque-là minusculeprovince de Dewa (créée en708 à partir de la limite nord de laprovince d'Echigo).
Ces deux provinces vont ensuite s'étendre tout au long desVIIIe et IXe siècles jusqu'à l'extrémité nord deHonshū pour couvrir l'actuel territoire de la région, notamment grâce aux conquêtes sur lesEmishi deSakanoue no Tamuramaro. Celui-ci avait en effet été mandaté par l'empereurKammu en791 pour conquérir ce peuple aborigène du nord deHonshū qui échappait encore à l'autorité impériale. En récompense de ses victoires, il reçoit en797 le titre desei-i-taishōgun. Des découvertes récentes montrent qu'une migration desEmishi a eu lieu du nord de Honshū versHokkaidō entre leVIIe et le VIIIe siècle, et est peut-être le résultat direct de cette politique de conquête. Cependant, de nombreuxEmishi (souvent considérés comme les ancêtres des actuelsAïnous) restent dans la région de Tōhoku en tant que sujets de l'empire, et établissent plus tard des domaines Fushu indépendants. Cependant, il n'existe aucune preuve historique queSakanoue no Tamuramaro soit allé plus loin au nord que lapréfecture d'Iwate, la conquête ayant pu se faire ensuite par vagues successives.
À la fin de l'époque de Heian, surtout auxXIe et XIIe siècles, la région est sous la domination du clan desŌshū Fujiwara. Leur capitale,Hiraizumi dans l'actuellepréfecture d'Iwate, à l'origine simple fortin, devient auXIIe siècle une cité florissante après avoir fait venir de nombreux artisans deKyōto, avec qui elle rivalisait en splendeur et sophistication. Ils dirigeaient un royaume quasi indépendant qui tirait sa richesse du minage de l'or, du commerce dechevaux et de leur situation d'intermédiaires dans le commerce de produits de luxe importés d'Asie continentale et des états des natifsEmishi-Aïnous. Ils sont néanmoins vaincus et la région conquise en1189 par leshogunMinamoto no Yoritomo, fondateur du premierbakufu (ou gouvernement militaire des shoguns), le « shogunat de Kamakura », faisant entrer le Japon dans son « ère féodale ».
Plusieurs clans se partagent la région par la suite. Durant l'époque Sengoku (qui dure du milieu duXVe siècle jusqu'au début duXVIIe siècle), les possessions des différents clans se fixent plus ou moins ainsi jusqu'à la fin de l'époque d'Edo :
Le, la région est frappée parun séisme dévastateur, demagnitude de 9 dont l'épicentre se situe au large des côtes est face à la ville deSendai. Il est probablement le plus violent de l'histoire du Japon, et l'un des plus puissants séismes meurtriers jamais enregistré sur la planète depuis1900. Il est suivi d'untsunami tout aussi meurtrier.
Rizières dans la région d'Aizu, à l'ouest deFukushima.
L'économie de la région repose principalement, et traditionnellement, sur l'agriculture, le Tōhoku ayant longtemps eu une réputation de « grenier du Japon » : la région a historiquement fourni les marchés deTokyo-Yokohama et deSendai enriz et en autres produits agricoles. La riziculture est dominante dans les plaines de l'intérieur. À l'heure actuelle, la région de Tōhoku procure 20 % de la production nationale de riz, bien que le climat, plus rude que dans d'autres régions de production, ne permette qu'une récolte annuelle, comme àHokuriku.
Dans le Nord, les arbres fruitiers prévalent avec surtout les pommesFuji etMutsu d'Aomori (exportées dans tout l'Extrême-Orient, la ville deHirosaki servant de centre pour le commerce de la pomme au Japon), mais aussi duraisin et descerises. Letabac est également produit en culture industrielle. Une des spécificités de la région consiste en l'emploi ancien des chevaux : élevés déjà à l'époque de Heian, ce qui en fit l'une des sources de richesse desŌshū Fujiwara, ils servent d'animaux de trait depuis l'époque d'Edo. Leur importance se manifeste à travers l'architecture de l'habitat rural : les maisons montrent ainsi souvent une écurie formant une aile en retour sur la façade.
Kokeshi.Théière traditionnelle enfonte, typique de Tōhoku.
Autre activité traditionnelle très développée, l'artisanat, et les spécificités de la production locale, fut favorisé par l'isolement de la région. Il est fondé sur l'utilisation de la paille de riz (sandales, sacs, nattes), du bois (jouets, poupées, objets laqués), du métal (bouilloires enfonte). Leskokeshi sont originaires de la région, créées à la fin de l'ère Edo, et toujours fabriquées artisanalement sur place, principalement àŌsaki,Zaō (préfecture de Miyagi), etTsuchiyu Onsen(en) (préfecture de Fukushima)[1].
Morioka a acquis une réputation mondiale pour ses productions artisanales, notamment lafonte traditionnelle depuis leXVIe siècle : lenambu tekki(南部鉄器?) avec son procédétatarafuki(鈩吹き?), enrichissement en oxygène à l'aide d'énormes soufflets, permettait d'obtenir un acier de très grande qualité, et les célèbres théières en fonte de Morioka. Mais aussi ses activités de tissage nambu kodai katazome(南部古代型染?) et de teintures nambu kodai shikonzome(南部古紫紺染?), seslaqueshidehira-nuri(秀衡漆?) etjōbōji-nuri(浄法寺漆?), et ses céramiqueskokuji-yaki(小久慈焼?).
L'industrie, assez limitée, a bénéficié de la présence du plus grand champ pétrolier du Japon (celui d’Akita Yuden, dans la plaine et lapréfecture du même nom, produisant 50 000 barils par an soit 20 % de la production totale du pays), autrefois le charbon de la région de Jōban, sur la côte au sud deSendai, près d'Iwaki dans lapréfecture de Fukushima (la principale mine deHonshū, exploitée de1897 à l'après-Seconde Guerre mondiale) et l'énergie hydro-électrique.
Kakunodate, surnommé le « PetitKyōto du nord », avec ses nombreuses maisons desamouraïs et lehanami, ou la coutume japonaise d'apprécier la vue des fleurs et notamment ici dessakura qui y prolifèrent ;