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TéwodrosII

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Pour les articles homonymes, voirThéodôros etThéodoreII.

TewodrosII
ዳግማዊ ቴዎድሮስ
Illustration.
Titre
Roi des rois d'Éthiopie

(13 ans, 2 mois et 2 jours)
PrédécesseurSahle Dengel
SuccesseurTekleGiyorgisII
Biographie
Nom de naissanceKassa Hailou
Date de naissance
Lieu de naissanceCharghe,Province du Qwara,Éthiopie
Date de décès
Lieu de décèsMeqdela,Province du Wello,Empire éthiopien
PèreHailou Welde Giyorgis
MèreWoyzero Attetegab
ConjointTewabech Ali
Tiruwork Wube
EnfantsPrinceAlemayehou
Monarques d'Éthiopie
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TewodrosII (enamharique :ዳግማዊ ቴዎድሮስ,Degmawi Tewodros ; également appeléዓፄ ቴዎድሮስ,Atsé TewodrosÉcouter), 1818 -, néKassa Hailou (en ge'ez :ካሳ ሃይሉ), est un militaire et unhomme d'Étatéthiopien,roi des rois(negusse negest) du jusqu'à sa mort. Il est également connu sous son nom de cavalierAbba Tateq (en ge'ez :አባ ታጠቅ). En raison de ses exploits militaires, Tewodros II est aussi surnomméMeysaw (en ge'ez : መይሳው, en français : « le courageux »).

Kassa Hailou naît en 1818 à Charghe dans laprovince du Qwara, vers l'ouest deGondar, alors capitale d'unEmpire éthiopien divisé par les guerres des seigneurs duZemene Mesafent (Temps des Juges, 1769-1855)). Son père, Hailou Welde Giyorgis, est gouverneur de sa province natale et un militaire tout comme son oncle Kenfou Hailou. Après une brève éducation dans un monastère, Kassa Hailou intègre l'armée de Kenfou puis celle de Goshou Zewde du Godjam. Vers 1845, face à la fulgurante ascension de Kassa Hailou,Menen lui offre le poste de gouverneur du Qwara et la main de sa petite-fille, Tewabetch Ali.

En 1852, Kassa Hailou se lance dans une campagne pendant laquelle il bat les seigneurs du nord les uns après les autres. Le, Kassa Hailou est couronné sous le nom deTewodrosII. Son couronnement marque la fin du Zemene Mesafent, le début de l'histoire moderne du pays et l'initialisation du processus de centralisation achevé sousHaile SelassieIer. Ainsi, il ne se contente pas d'unifier le nord du pays ; il lance deux campagnes, la première vers leWello et la seconde vers leChoa. En 1856, Tewodros II règne sur l'ensemble de l'Empire éthiopien véritablement unifié.

Durant son règne, il introduit diverses réformes de modernisation. Il publie des édits contre l'esclavage, bâtit les premières routes et organise un système politique et fiscal centralisé. Il constitue une véritable armée nationale, remplaçant les diverses forces régionales. Cette vague de réformes inquiète les seigneurs locaux, habitués à un pouvoir impérial faible et, dès 1860, plusieurs chefs entrent en rébellion.

La même année, il perd le soutien de l'Église éthiopienne orthodoxe, en ordonnant la redistribution de ses terres aux paysans. Au fur et à mesure, lenegusse negest voit son pouvoir déstabilisé. Il réprime les mouvements de révolte, et il enferme des Européens à la suite d'un différend diplomatique avec leRoyaume-Uni.

En, le Royaume-Uni organise une expédition menée parRobert Napier (1810-1890), afin de libérer les captifs enfermés à la forteresse deMeqdela. Le, l'ultime assaut est lancé sur le quartier général du roi des rois, qui a refusé de se soumettre formellement au Royaume-Uni. Tewodros saisit alors son revolver et se donne la mort. S'il n'a su appliquer la majorité des réformes engagées, Tewodros II reste pour les Éthiopiens un dirigeant remarquable et un grand militaire, défenseur d'une patrie unifiée et moderne.

Vie privée et familiale

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Article connexe :Alemayehou Téwodros.

Tewodros II est le fils de Hailou Welde Giyorgis, gouverneur de laprovince du Qwara et militaire décédé lors d'une confrontation contre lesSoudanais[1]. Sa mère vend dukosso[Note 1]. Après le départ de son mari, elle entre dans les ordres et vit dans l'observance du vœu de pauvreté[1]. Son oncle, ledejazmach Kenfon est également un militaire réputé. Tewodros est un parent dudejazmach Marou duDembiya, un des grands chefs duZemene Mesafent décédé en 1827, lors de la bataille de Kossober[2].

Tewodros se marie en 1847[3] avecTewabech Ali, une « jeune princesse duYedjou » qui « avait quinze ans et se faisait remarquer tant par sa beauté que par ses qualités du cœur et d'esprit »[4]. Il devient ainsiamatch[Note 2] du plus puissant desras du Zemene Mesafent : rasAliII[4]. Les jeunes époux s'aiment sincèrement, mais les relations avec la famille de Tewabetch sont mauvaises. Ainsi, lors de sa révolte contre Ali etMenen, grand-mère de Tewabetch, Téwodros est soutenu par son épouse.

LeulAlemayehou Téwodros, fils deTewodrosII.

En 1856, après sa campagne dans leChoa, Tewodros II est informé du mauvais état de santé de sa femme[5]. Il compte la voir, mais Tewabech décède, en 1858, alors qu'il est en route ; en son honneur, Téwodros compose cette complainte[6] :

Je vous en prie, demandez-moi, avant qu'elle ne s'éloigne,
Si Etégé Tewabetch ne fut pas à la fois épouse et servante !
Celle qui était dans le secret de bien des choses est morte hier ;
Elle qui me servait, comme un repas, le remède [à mes préoccupations].

En, Tewodros rencontre sa deuxième épouse[7]. Alors qu'il se repose près de l'église de Deresgé, un soldat croise une femme, dont il s'empresse de parler au roi en ces termes : « Sire, j'ai trouvé une femme dont le visage est aussi radieux que le soleil[8]. » La jeune fille, amenée au palais, est présentée à la cour. Il s'agit deTiruwork Wube, la fille dudejazmachWube Hayle Maryam[8]. Téwodros la contemple et déclare : « En vérité, cette personne-là est de l'or pur »[8]. Le mariage est également politique puisque Wube, son beau-père, est un ancien dirigeant duTegré, région qui sort d'une rébellion[9].

Tewodros a une fille, Alitash, et un fils,Alemayehou. Il marie sa fille avecMenelik, lorsque ce dernier est élevé àMeqdela, entre 1856 et 1865[10]. Son fils est né en 1861, il grandit avec Menelik à la cour impériale. Il l'élève à la dignité dedejazmach[11] vers 1865. Il le couronneLeul le[12]. Après l'expédition de Napier, Alemayehou est emmené auRoyaume-Uni, où il meurt en 1879.

Jeunesse deTéwodrosII

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Naissance et éducation

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Tewodros II naît en 1818[3],[13], sous le nom de Kassa Hailou, à Charghe[14], dans la province duQwara, gouvernée par son père Hailou Welde Giyorgis[13]. Sa mère se nommewoyzero Attetegeb[13]. Sa région natale se trouve dans le Nord-Ouest de l'Empire éthiopien, à la frontière avec leSoudan ; elle abrite de nombreuxcontrebandiers et subit les raids desÉgyptiens et des Soudanais[15]. Son oncle est Kenfou Haylou, un militaire réputé souvent aux prises avec les Égyptiens et les Soudanais[1],[16]. Si ses origines familiales expliquent comment cet autodidacte[2] s'est procuré une base territoriale - le Qwara - elles n'ont toutefois pas joué un rôle essentiel lors de son ascension au pouvoir[13].

Vers 1820, à la suite du départ de Hailou, Attetegeb se retrouve seule avec son fils qu'elle emmène àGondar[15]. Elle vend dukosso - une profession qui fait l'objet de moqueries blessantes - et son revenu modeste ne lui permet pas d'élever son enfant correctement. Elle le confie à Kenfou, oncle de Tewodros, qui l'envoie à l'école du monastère de Tekle Haymanot, entre Gonder et leLac Tana[13]. À la suite d'un conflit entre factions locales, le monastère est détruit et tous les élèves de l'école meurent émasculés à l'exception de Téwodros[1] qui retourne chez son oncle. Dans la cour dudejazmach Kenfou, Tewodros reçoit ses premières leçons d'administration, de stratégie et tactique militaire[15]. Il y poursuit son éducation et apprend à lire et à écrire[13]. Téwodros est un grand lecteur, intéressé par lalittérature éthiopienne, l'histoire ancienne et contemporaine de l'Europe[15]. Il étudie l'œuvre deWilliam Shakespeare[13]. Marqué par sa formation religieuse, il approfondit ses connaissances de laBible[13]. Pour l'époque, Téwodros possède une très bonne éducation[13].

Sa vie deshefta

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Malgré sa participation aux campagnes, les relations avec Kenfou sont difficiles. Son oncle, propriétaire du fief duDembiya, souhaite léguer ce territoire à un de ses fils et non à Tewodros[16]. Vers 1839[15],[16], Kenfou décède et ses deux fils sont défaits par ledejazmach Goshou du Damot et duGodjam. Téwodros décide de quitter leQwara pour rejoindre les rangs de ce dernier[13]. Frustré par l'absence de progression au sein des troupes de Goshou, il retourne dans sa province natale[15], la seule région où il peut revendiquer un quelconque héritage politique[17]. Arrivé dans le Qwara, il apprend qu'à la mort de Kenfou, Menen Liben Amade, dirigeante duBégemeder[3] et épouse deYohannes III, souverain de l'Empire éthiopien, s'est approprié le Dembiya[16]. Cette usurpation a été le fait de son fils, RasAliII du Yedjou[18], un des plus puissants seigneurs de guerre duZemene Mesafent. La présence de Tewodros ayant inquiété le gouverneur du Qwara[17], les officiers de Menen font pression pour qu'il quitte la province[19]. Ils arrivent à leur fin puisque Téwodros, souhaitant faire valoir son droit de succession[Note 3] décide d'entrer en rébellion ; il part vers les basses terres à l'ouest et entame une vie deshefta[16],[Note 4].

La décision de Tewodros d'entrer en rébellion est un moment capital de la vie du futur roi. Cette période deshefta constitue la phase « la plus formatrice de sa vie »[16]. Durant celle-ci, il confirme certains de ses traits de caractères notables, dont la générosité ; en effet, il redistribue une partie des sommes amassées aux paysans afin qu'ils acquièrent des charrues[16]. Le partage des gains lui assure l'établissement d'une base politique qui ne cesse de s'élargir[17]. Ces gestes annoncent, d'après Bahru Zewde, la décision d'exproprier les terres de l'Église en faveur des paysans[16]. Sa vie deshefta l'amène également à affronter les Égyptiens ; ces conflits le marquent et sont à l'origine de son « obsession » envers les « Turcs »[Note 5] et de sa volonté de libérerJérusalem de l'empriseottomane[16]. Ayant débuté avec à peine douze hommes, il parvient rapidement à rassembler 300 hommes talentueux[17]. Ses premières expéditions militaires sont réussies. Tewodros utilise sa tactique habituelle : après avoir annoncé une incursion – jamais celle prévue en réalité – il part avec 5 à 600 cavaliers le soir, marche la nuit et arrive le matin par surprise sur l'ennemi[18]. Il prospère au-delà de ses propres attentes ; en 1837, il va jusqu'à mener ses hommes vers la frontièresoudanaise[20].

Entrée en politique

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TewodrosII supervisant la traversée duNil bleu.

Les attaques contre les caravanes affectant directement les impôts perçus parMenen, celle-ci ne peut rester indifférente[19]. Par ailleurs, les seigneursyedjous s'inquiètent et font pression sur l'épouse deYohannesIII[16]. « Trop efficace pour être ignoré et trop puissant pour être soumis »[21], Tewodros est invité par Menen à rejoindre l'armée de son fils, lerasAli, en pleine confrontation avec les princes voisins[17]. Se trouvant en position de force, Tewodros temporise et parvient à obtenir le poste de gouverneur duQwara, province sous son contrôle militaire[16], ainsi que la main de la princesse Tewabetch, fille du ras Ali[17], qu'il épouse en 1847[3]. D'après Marcus, Tewodros tire de cette entrée en politique une leçon importante qu'il n'oubliera jamais : la seule force militaire l'a hissé à un tel niveau[17].

Le nouveau gouverneur du Qwara demeure insatisfait : sa province reste amputée duDembiya, principale ressource financière de la région[4]. Par ailleurs, bien qu'il soit devenuamatch de Ras Ali, la cour ne cesse de l'humilier en raison de ses origines modestes. Avec le soutien de Tewabetch, il se rebelle contre Menen et envahit le Dembiya[17]. À cette occasion, on le surnommeAbba Tateq[22],[Note 6] qui devient plus tard son nom de cavalier. Menen, inconsciente de l'importance du mouvement mené par Tewodros, envoie une force inadéquate, sous le commandement dudejazmach Wandyerad[23], qui subit deux défaites[17]. Trop occupées dans leGodjam, les forces de Menen et Ali ne peuvent venir en renfort[17]. Le front oriental subissant toujours plus d'offensives, elle décide de marcher vers l'est avec ses troupes, laissantGondar sans défenses.

En, Tewodros saisit l'occasion et occupe la ville[17]. Il y nomme ses propres administrateurs, demande et perçoit les impôts revenant, en temps normal, à Ali ; en outre, il pille l'entrepôt royal et accapare la nourriture des terres voisines[19]. À son retour, Menen veut en finir mais le, au nord dulac Tana, elle perd une bataille au cours de laquelle elle est blessée à la cuisse[22]. Elle est emprisonnée avec son épouxYohannesIII[17]. L'accueil que Tewabetch réserve aux otages royaux touche Menen, prête à racheter sa libération. Après une négociation avec Ali, les deux hommes parviennent à un accord. Téwodros obtient une réponse positive à toutes ses exigences : il est élevé à la dignité dedejazmach[24] et le Dembiya réintègre le Qwara[4]. En échange, il accepte de rejoindre l'armée d'Ali[19].

Pendant ces années dedejazmach, Tewodros vit sa première expérience militaire impliquant un armement moderne. En, à Dabarki[25], alors qu'il tente de récupérer des territoires éthiopiens occupés parMuhammad Ali, vice-roi d'Égypte, il mène ses 16 000 hommes à l'assaut du camp fortifié[25]. Impressionné par la discipline de la mousqueterie ennemie et l'efficacité de l'artillerie, son unique défaite[19] le marque et en tire « du point de vue militaire, d'excellentes leçons »[20]. Elle explique sa volonté d'équiper l'armée éthiopienne d'un tel armement et de former ses troupes aux tactiques de guerre modernes[25]. Plus tard, il s'entoure de conseillers égyptiens puisbritanniques, dontJohn Bell (?-1860)[16].

Marche vers le trône impérial : batailles et couronnement

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Rupture avec le rasAliII

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De retour du Soudan, Tewodros fait punir les hommes ayant profité du départ pour se révolter. En outre, il consolide son autorité sur tout leQwara, se plaçant en position de force par rapport à ses rivaux régionaux[7]. En, les premiers signes d'une rupture entre Tewodros et lerasAliII se font sentir lorsque le premier ne se présente pas àDebre Tabor après une convocation du second[25]. De 1850 à 1851, Tewodros passe brièvement par l'Agewmeder[7] et retourne ensuite dans le Qwara. En 1852, l'affrontement avec Ali a lieu, un événement marquant le début de l'ascension vers le trône impérial.

À partir de 1852, Tewodros va se lancer dans une série de batailles durant lesquelles il bat les grands seigneurs duZemene Mesafent les uns après les autres. À chaque affrontement, il fait preuve d'un « extraordinaire talent de chef militaire et stratège »[23]. Tout commence au début de l'année 1852, Tewodros met fin à l'accord avec le ras Ali[Note 7],[24] en refusant de se joindre à une expédition vers leGodjam[25]. Il décide de lancer une armée à la poursuite de Téwodros, retiré dans le Qwara où il prépare son armée[7]. Pendant plusieurs mois, les deux armées se rencontrent lors de brèves escarmouches[24]. En, le poste de gouverneur du Qwara est attribué à Goshou par Ali[24], son nouvel allié qu'il envoie affronter Téwodros.

Victoires sur les seigneurs du Zemene Mesafent

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Articles détaillés :Batailles de Gour Amba,Gorgorabishén,Ayshal etAmba Jebeli.
Localisation des principales batailles de 1853 à 1855 (frontières contemporaines).
Forteresses dans leFasil Ghebi de Gonder.

Le, lors de labataille de Gour Amba, Tewodros affronte son ancien supérieur, ledejazmach Goshou Zewde, seigneur duGodjam. Le conflit dure un jour et Goshou perd la vie[23]. Outre la portée militaire de ce succès, la victoire est également symbolique. Gour Amba se trouvant à proximité deGonder, capitale de l'empire, on lit les intentions de Tewodros d'étendre son contrôle sur le centre du pays[23]. « Stupéfait » par le succès de Téwodros,Ali évacue Gonder avec ses administrateurs malgré l'attitude conciliatrice du vainqueur qui pénètre plus tard dans la ville[24]. Il fuit versDebre Tabor et appelle des troupes duWello, duTegré, duYedjou et du Godjam[26].

En, Tewodros apprend la constitution d'une alliance entre leras Ali et ledejazmachWube Hayle Maryam ainsi que l'envoi prochain de deux importantes armées[24]. En mars, informé du siège prévu par ses ennemis, Tewodros quitte Gonder et campe avec son armée à trois heures de marche au sud de la ville[24]. Le, a lieu labataille de Gorgorabishén[7], entre l'armée de Téwodros et les troupes sous commandements dudejazmach Berou Aligaz du Yedjou[26]. Dans les armées du Ras Ali et Wube, on compte plusieursdejazmach. « Kassa, un homme, mène une bataille contre leZemene Mesafent »[26], un affrontement « capital » au cours duquel il tue lui-même trois des cinqdejazmach ennemis pendant l'affrontement[24]. Après ce deuxième succès, Tewodros occupe à nouveau Gondar et compte bien poursuivre les deux commandants, Ali et Wube.

En, Tewodros entre à Debre Tabor, capitale du ras Ali et met la ville à sac. Il poursuit ensuite son beau-père, parti se réfugier vers le Godjam[24]. Le, Ali est défait par Tewodros à labataille d'Ayshal, une des « plus sanglantes »[26] de l'époque. Les historiens considèrent cet affrontement comme la fin du Zemene Mesafent[27],[24] ou du moins l'enclenchement du processus conduisant à sa fin, un processus s'achevant définitivement par le couronnement de Tewodros en 1855. À la suite de cette bataille, « le Zemene Mesafent était virtuelle terminé : un homme dominait à nouveau l'Éthiopie »[26]. Après la défaite, Ali fuit en territoire yedjou où il meurt en 1856[26]. Ayshal marque également fin de la suprématie d'Ali et des Yedjous au pouvoir à Gonder depuis le milieu du siècle précédent[4]. En 1854, grâce à cette victoire, Tewodros est devenu maître de tout le nord-ouest de l'Empire[28]. Néanmoins, il ne s'arrête pas à un « pareil exploit »[29], plusieurs grands princes du Nord sont toujours en liberté. En, Tewodros part vers le Godjam pour lutter contre Berou Goshou, ayant échappé à la déroute de Gorgorabishen, et lui inflige une défaite lors de labataille d'Amba Jebeli. Berou, vaincu, décide d'abord de fuir mais en il abdique et finit en prison où il reste pendant quatorze ans[30]. Plus tard, Téwodros écrase Faris Ali duLasta[24].

Accord avec l'Abouna Selama et bataille de Deresgé

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Articles détaillés :Abba Selama etBataille de Deresgé.
La croix deTewodrosII.

À la même époque, Tewodros tient à préparer son couronnement ; il lui reste un seul seigneur à combattre dans le nord de l'empire : ledejazmachWube Hayle Maryam. AprèsAyshal, ce dernier a cherché à obtenir la réconciliation avec Tewodros en lui envoyant des présents. Ce dernier, alors en campagne vers leLasta et leGodjam, doit protéger l'arrière de l'armée et accepte l'offre de Wube[30]. Il le laisse repartir auTigré mais exige la venue de l'AbounaSelama[31] versGondar. Selama est venu d'Égypte à la demande de Wube, qui souhaite se faire couronner. Or Téwodros compte également obtenir le consentement du plus puissant religieux d'Éthiopie avec lequel il veut préparer la reconstruction de l'empire[30]. Les deux hommes s'accordent sur la nécessité d'une Église solidement unie. À l'époque, une dispute théologie oppose les partisans de la doctrinetewahedo[Note 8] à ceux favorables la doctrinesost lidet[Note 9].

Pour mettre fin à cette polémique, le concile d'Amba Chara est organisé en ; il est présidé par Tewodros en personne[30]. Aux opposants à la doctrinetewahedo, il demande : « Reconnaissez-vous l'Aboun comme votre chef régulièrement nommé ? ». Ceux-ci répondent par l'affirmatif et Téwodros ajoute alors : « En ce cas, mes enfants, ceux qui pensent autrement que l'Aboun sont des séditieux »[32]. Il les laisse ensuite pendant trois jours, sans eau ou nourriture, pour que finalement ils abjurent leurs erreurs[32]. L'accord imposé par Tewodros aboutit à la condamnation de la théoriesost lidet ; en outre la doctrinetewahedo devient l'unique acceptée dans l'empire[33]. En appuyant ces réformes, Tewodros gagne le soutien de l'Abouna Selama, l'unique homme nécessaire pour le couronnement[33].

Vers la fin de l'année 1854, Tewodros II est oint commeNégus par Selama[33]. Par ailleurs, Tewodros et Tewabetch formalisent leur mariage en recevant tous deux la communion[34].

Au nord de Gonder, un homme n'apprécie guère ces récents changements : ledejazmach Wube. Celui-ci refuse de reconnaître le titre de négus attribué à Tewodros, qu'il décide de confronter[35]. Ce dernier envahit le Semien sans difficulté et marche en direction de Wube qui vient de quitter le Tegré[35]. Le, Tewodros remporte labataille de Deresgé, proche de la capitale du « dernier granddejazmach du Zemene Mesafent »[33]. Ce succès est décisif puisque deux jours plus tard, Téwodros devient officiellementnegusse negest de l'Empire éthiopien.

Couronnement à Deresgé Maryam

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Le[33], en l'absence d'un quelconque rival dans le nord de l'Éthiopie[35], Kassa Hailou, gouverneur duQwara est couronné roi des rois(negusse negest) sous le nom deTewodrosII[27] par l'abounaSelama. Assez ironiquement, la cérémonie se déroule dans l'église Deresgé Maryam, queWube Hayle Maryam a prévu pour son propre couronnement, en présence de l'abouna Selama qu'il a fait venir pour son intronisation[27]. Le couronnement de Tewodros constitue un tournant capital de l'histoire éthiopienne. Tout d'abord, d'un point de vue plutôt symbolique, il met fin à la continuité de ladynastie salomonide, qui a régné sur l'empire depuis 1270[36]. Initialement, il choisit de se démarquer de ce passé ; leZemene Mesafent a grandement affecté l'image de cette dynastie[37]. Plus tard durant son règne, Tewodros prétendra avoir une ascendance salomonide plutôt douteuse[37]. Cette question de légitimité posera des problèmes à Tewodros puisqu'elle attise la volonté des seigneurs locaux de ne pas se soumettre à un souverain «non-salomonide»[36]. Ensuite, cet événement achève le processus, débuté àAyshal en 1853, mettant définitivement un terme à la période du Zemene Mesafent.

Les historiens considèrent le comme le début de l'histoire moderne de l'Éthiopie[2]. Ainsi,Richard Pankhurst affirme que « la montée de Kassa Hailou a marqué l'ouverture d'une nouvelle ère cruciale de l'histoire éthiopienne[3]. »

En choisissant le nom deTewodrosII, Kassa réalise une prophétie inscrite dans leFekkare Iyasous, un traité religieux apocryphe. Elle fait référence au règne deTewodrosI, un souverain du début duXVe siècle qui aurait distribué les terres aux paysans. Au cours des années 1830, elle ressurgit dans le monde rural dévasté par les guerres incessantes du Zemene Mesafent[33]. D'après la prophétie,TewodrosI se relèverait un jour, afin d'instaurer un règne juste et sans guerre durant lequel « chacun profitera pleinement du bonheur de l'abondance et de la paix. »[38]. Par ailleurs, ce dirigeant anéantirait l'islam et s'emparerait deJérusalem[39].

Il est probable que Tewodros, un homme religieux, a lui-même été convaincu d'être ce dirigeant prophétique qui devra « changer le cours de l'histoire de l'Éthiopie »[7]. Lors du couronnement, il annonce sa volonté d'unifier et relancer le pays. Sven Rubenson, auteur d'une biographie sur Téwodros, d'écrit l'état d'esprit dunegusse negest lors de son arrivée sur le trône :

« Tewodros avait senti comme aucun de ses prédécesseurs que l'anarchie politique, le laxisme moral et le retard technologique de son peuple menaçait la survie nationale. Les réformes qu'il annonça, la politique qu'il tenta de mettre en œuvre, la ténacité avec laquelle il s'attaqua aux problèmes, montrent que son objectif était rien moins qu'un renouveau national associé à la transformation de son pays en un état moderne[40]. »

Règne de Tewodros : unité et modernité

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Campagnes du Wello et du Shewa

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Carte de l'Empire éthiopien dans les années 1850.
En 1856, après les deux dernières campagnes d'unification, Tewodros contrôle leTegré, leBégemeder, leWello, leGodjam et leChoa (Shewa).

À peine sorti de deux années de conflits, le nouveau roi des rois compte poursuivre ses expéditions, son « premier et plus grand objectif »[9]. D'après Bahru Zewde, le fait que Tewodros n'ait point perçu sa victoire sur les chefs régionaux du Nord comme l'accomplissement de ses objectifs prouve la « largeur de sa vision »[27]. Si lavictoire de Deresgé marque la fin définitive duZemene Mesafent, les campagnes vers leWello et leChoa amorcent un processus de déplacement vers le sud du pouvoir politique éthiopien achevé par le couronnement deMenelikII en 1889[27],[Note 10]. Les indépendances du Wello et du Shewa « menaçaient son rêve d'une Éthiopie unie et centralisée »[41] et c'est donc « logiquement »[42] qu'il mène ces expéditions.

En, en pleine période dejeûne, Tewodros lance la conquête du Wello[27]. La campagne est particulièrement dure, en raison de la coalition formée par les sept clans wellos, habituellement en conflit[41]. En outre, la confrontation se poursuit durant lasaison des pluies[Note 11]. Finalement, l'armée de Tewodros surmonte la forte résistance et à la suite de la prise deMeqdela le, l'expédition prend fin[27]. C'est sur ce point stratégique et symbolique dans la vie deTewodrosII[Note 12] que lenegusse negest fait construire une forteresse devenue plus tard, le centre du gouvernement[27]. Afin d'empêcher une rébellion, Tewodros capture plusieurs chefs wellos vaincus[43] et les enferme à Meqdela, où il les détient comme otages[42].

La victoire dans le Wello permet à Téwodros de protéger l'arrière de son armée qui part à la conquête du « bijou de la couronne éthiopienne » : le Choa[43]. Traditionnellement écarté des conflits du Zemene Mesafent en raison de sa distance géographique[43], le Choa, royaume prospère et pacifique apparaît comme une province, où coulent « le lait et le miel » par rapport au nord de l'Éthiopie, dévasté par les conflits incessants[44].

Après une marche « surprise » depuis le Wello, en pleine saison des pluies, l'armée de Tewodros arrive à la frontière du Choa en[42]. Divisées, les forces shewannes cèdent face à la rapide progression du roi des rois[42]. Vers la mi-octobre, Tewodros remporte la bataille de Balla Warqa contre l'armée deHaile Melekot Sahle Selassié, négus du Choa. La campagne du Choa dure environ cinq mois[27]. Elle diffère de celle du Wello puisque plusieurs provinces cèdent sans résistance, dont leMenz, le Gedem et l'Efrata, tandis que d'autres zones sont protégées par Seyfou Sahle Selassie, frère de Haile Melekot[27]. En, les forces impériales menées par leras Engeda sortent victorieuse de la bataille de Barakat[45]. Le[44], Haile Melekot meurt et Tewodros cherche à capturer son fils,Menelik, devenu le point de rassemblement de la résistance shewanne[46]. En, il entre àAnkober, où il est accueilli par le clergé et les chefs locaux ayant accepté la soumission. Menelik, capturé, est ramené à Meqdela avec d'autres dignitaires shewans[46] ; il assure toutefois à la population locale, touchée, qu'il le traitera comme un fils[44]. Téwodros remplace l'administration au pouvoir[47]. Refusant d'attribuer le titre denegus au nouveau dirigeant du royaume, il « ressuscite » celui demeridazmatch et nomme Haile Mikael, gouverneur de la province nouvellement conquise[46].

Avec la conquête du Choa, Tewodros a reconstitué en trois ans unempire divisé pendant plus de deux siècles[11]. Au début de l'année 1856, il contrôle leGodjam, le Wello, leBégemeder, leTegré et le Shewa[48] ; en dominant la totalité de l'Empire, il devient « le dernier des princes du Zemene Mesafent et le premier Empereur du nouvel âge »[47]. Il change de capitale, qu'il transfère deGondar àDebre Tabor, à 95 km au sud-est[9]. Par ailleurs, il fait de la « forteresse naturelle » de Meqdela - 110 km à l'est de Debre Tabor - son quartier général[9].

Premières mesures du nouveau roi

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Un groupe d'esclaves
Téwodros a été le premier roi à lutter contre l'esclavage en Éthiopie.

L'avènement de Tewodros constitue le point de départ de l'histoire de l'Éthiopie moderne, en raison des diverses réformes souhaitées par le roi des rois[46]. Pour comprendre cette volonté modernisatrice, un élément le différenciant de ses prédécesseurs[49], il est nécessaire de rappeler la jeunesse du roi. Tewodros est né dans leQwara, une province subissant des raids venant duSoudan et la population locale est « irritée par l'indifférence » du pouvoir central[50]. Le clergé est également divisé et « verse dans le régionalisme doctrinal » menaçant la cohésion de l'Église orthodoxe éthiopienne, une institution symbolisant l'unité nationale[50]. Enfin, les campagnes sont ravagées par les guerres entre seigneurs locaux[50]. Ainsi s'explique la détermination du jeune Kassa, aujourd'hui roi des rois, à mettre fin auZemene Mesafent[49]. D'aprèsWalter Plowden, Téwodros est fermement résolu à restaurer la gloire de l'Empire éthiopien[39], une tâche à laquelle il se croit véritablement destiné. Les premières années de son règne sont caractérisées par la compassion, la justice sociale et un engagement afin d'améliorer la vie des pauvres[33],[51].

Téwodros est le premier constructeur de routes du pays[52]. Suivant une coutume éthiopienne, qui veut que le chef montre l'exemple, en commençant le travail, lenegusse negest participe activement aux ouvrages[52]. Il travaille durement « de l'aube jusqu'à la nuit » et « de ses propres mains, il retire des pierres » et « nivèle le terrain ». Les autres travailleurs n'osent pas se reposer ou manger, alors que Tewodros « montre l'exemple et partage les difficultés »[52]. Il est également le premiernegusse negest s'attaquant aucommerce d'esclaves, devenu « endémique »[53].

Ses divers édits contre la traite et le trafic en font « le précurseur de l'anti-esclavagisme en Éthiopie »[32]. Pendant une de ses campagnes dans le Godjam, il libère tous les esclaves du marché de Basso. Dans le Wello, il interdit à ses soldats de revendre les esclaves capturés[53]. Néanmoins, les marchands d'esclaves opèrent en marge de la loi, par des routes secrètes, loin du centre de décision[32].

D'un point de vue culturel, le règne de Tewodros voit le développement de la littératureamharique. Au plus haut niveau de l'État, Bahru Zewde souligne la qualité linguistique de la correspondance dunegusse negest[53]. Il est le premier souverain à faire écrire des chroniques royales en amharique[54], langue qui devient définitivement « la langue nationale »[55]. Il promeut l'usage de l'amharique à la place duguèze, et encourage la traduction de laBible[52]. Plus généralement, il souhaite assurer le respect de règles religieuses mais également culturelles. Il demande aux membres de la cour de se vêtir de manière plus élégante. En outre, Téwodros, homme profondément religieux, exige que ces partisans donnent plus de valeur à l'institution du mariage[52].

Sa politique administrative marque le début d'une période de centralisation achevée sousHaïlé Sélassié Ier. Il crée un système fiscal et judiciaire centralisé, dont les fonctionnaires sont payés en nature par le gouvernement, ôtant ainsi une partie du pouvoir aux entités locales[56]. Toutefois, Tewodros n'a pas entièrement renouvelé la classe dirigeante, certaines dynasties précédemment installées ont su rester en place[46]. Dans leTigré, par exemple, Tewodros nommedejazmachKassa Mercha, descendant de Sabagadis et issu de la famille au pouvoir ; dans leChoa, la nomination de Haile Mikael s'inscrit dans la continuité de la dynastie deSahle Selassié[46]. Ces choix marquent une volonté de Tewodros de ne pas froisser les divers seigneurs. Dans certaines provinces, il préfère néanmoins désigner des proches, c'est le cas duras Engeda placé à la tête duGodjam[57]. Initialement, le système semble fonctionner, puisque même les dirigeants issus des dynasties au pouvoir durant le Zemene Mesafent se plient à l'autorité royale. Dans le Choa,Meredazmatch Hayle Mikaél paie régulièrement son tribut[57].

Quant à la province du Tigré, elle constitue la principale source de revenu du trésor impérial ; Tewodros reçoit de cette région 200 000 thalers Marie Thérèse annuellement contre 50 000 duBégemeder[57]. En revanche, d'autres chefs locaux semblent être tentés par la rébellion, une crainte qui pousse Tewodros, toujours guidé par son objectif unitaire, à réformer l'armée impériale.

Modernisation de l'armée

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Au milieu duXIXe siècle, l'armée éthiopienne nécessite un renouvellement de son armement.

En raison de son rôle politique fondamental et particulièrement dans le cas de Tewodros, l'attention du roi se porte sur l'armée. En effet, à défaut de pouvoir revendiquer une ascendancesalomonide, il a su se hisser au sommet de l'État par son seul talent militaire[57]. Afin de renforcer les troupes impériales et assurer l'objectif d'unification nationale, Tewodros entreprend, ce queWalter Plowden surnomme, la « grande réforme »[9]. Elle concerne trois domaines : l'organisation, la discipline et l'armement[57]. Ces mesures « populaires » ainsi que les victoires de Téwodros permettent accroissement de son autorité[56]. Les réformes permettent aux habitants du pays de vivre dans une « relative sécurité »[9].

Au niveau de l'organisation, Tewodros souhaite remplacer les différentes forces régionales héritées duZemene Mesafent par une armée nationale unique[56]. Les soldats, venus des diverses provinces, se retrouvent dans un unique régiment au sein d'une hiérarchie, elle-même modifiée par le roi des rois[58]. Plusieurs titres militaires, toujours utilisés par l'armée éthiopienne, sont créés tels queyasser aleqa[Note 13] ouyamssa aleqa[Note 14],[58].

En outre, Tewodros II réduit le nombre de soldats de l'escorte impériale, un détachement causant souvent un retard et posant de nombreux problèmes logistiques[58]. Enfin, Tewodros introduit un salaire pour les soldats, auxquels il interdit lepillage[58]. Les soldats des armées féodales ont pris l'habitude de réclamer des paysans locaux, un dîner et un lit[56]. Cette pratique, expliquée par l'absence de revenus réguliers, est sévèrement réprimée par lenegusse negest[58].

Soldats éthiopiens (XIXe siècle)
Avec la réforme de l'armée, Tewodros introduit une nouvelle organisation, un meilleur armement et une discipline plus stricte.

Tewodros instaure une solde, leqallabe[Note 15],[56]. Tout soldat abusant de l'hospitalité d'un paysan est puni[56]. Un jugement dunegusse negest a eu un grand retentissement à l'époque[56] : un soldat ayant ordonné à une paysanne d'égorger une poule, elle se présente devant le roi avec douze poussins privés de leur mère[56]. Le soldat a été condamné à les avaler[Note 16],[56]. À la paysanne, une vache est offerte[56].

Tewodros souhaite instaurer une discipline de fer[58]. Ainsi, durant la campagne duWello, les soldats entrant en combat sans ordres se voient amputés de certains membres[58]. Lors de l'expédition duShewa, les mutins ont été fusillés[58]. D'après Bahru Zewde, de telles mesures n'ont guère prouvé leur efficacité, au contraire elles auraient renforcé une « spirale de violence »[58].

Concernant l'armement, l'arsenal de Tewodros II est principalement constitué d'armes récupérées sur le champ de bataille après une victoire[58]. Il tente de créer des manufactures d'armes en important les nouvelles technologies d'Europe[58]. Aux missionnaires européens, il ordonne de fabriquer des armes[53] et fonde en parallèle une école à Gafat, où l'on forme les étudiants à l'élaboration de matériel militaire[53]. Par ailleurs, la véritable première documentation d'unarsenal, créé àMeqdela, date du règne de Téwodros. On compte 15 canons, 7 mortiers, 11 063 fusils, 875 pistolets et 481 baïonnettes auxquels s'ajoutent les munitions[53].

Oppositions et diplomatie

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Difficile réforme de l'Église éthiopienne

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Pour permettre la mise en œuvre des réformes, Tewodros II veut s'assurer une base financière stable[59]. À cette époque, l'Église orthodoxe éthiopienne est une des institutions les plus riches en capital[60]. Initialement, les relations entre l'Église éthiopienne et Téwodros sont bonnes ; en échange de sa bénédiction lors du couronnement, l'abounaSelama a reçu le soutien du roi des rois en faveur de la doctrinetewahedo[Note 17],[59]. En plein processus d'unification politique, Tewodros souhaite voir une Église également unie[59]. Bahru Zewde n'hésite pas à parler de « concordat »[61] pour décrire cet esprit de collaboration qui va toutefois se dégrader[59].

Initialement bonnes, les relations entre Tewodros et l'abounaSelama, plus généralement l'ensemble du clergé se détériorent à la suite de la réforme de l'Église.

Il y a tout d'abord une différence de caractère et de comportement entre Tewodros II, perçu comme pieux, croyant et respectueux de la foi face à un clergé jugé corrompu, malhonnête et en proie aux divisions doctrinales[59]. Tewodros est un homme véritablement religieux souhaitant restaurer la chrétienté dans l'Empire, mettre fin à lapolygamie, leconcubinage, tout en encourageant la conversion des non-chrétiens[62]. Il déclare un jour :

« Sans le Christ, je ne suis rien »[63].

Par ailleurs, certaines pratiques agacent le roi qui ne comprend pas, par exemple, le fait que les prêtres retirent leur turban[Note 18] dans le Saint des Saints d'une Église et non face à leur souverain[59]. C'est durant l'annonce d'une réforme sur la propriété des terres que le roi entre en conflit avec l'Église éthiopienne orthodoxe[59]. En 1856, il s'adresse en ces termes au clergé :

« Que dois-je manger et avec quoi puis-je nourrir mes troupes ? Vous avez pris la moitié de la terre en tant quemesqel merét et l'autre moitié en tant querim etgadam[Note 19],[59]. »

En fait, Tewodros II souhaite récupérer ces terres, afin de les redistribuer aux paysans payant des impôts ; finalement, il espère accroître les moyens financiers pour ces réformes. En 1860, la mesure est partiellement mise en application entre en vigueur[64] et Téwodros exproprie une partie terres de l'Église[59]. La même année, il annonce une nouvelle réforme : la réduction du nombre de religieux parparoisse qui selon lui, ne doivent compter que deuxprêtres et troisdiacres[60],[65]. En outre, il menace de supprimer la classe desdebtera, « élément éclairé du clergé »[65] auxquels ils réservent ces vers les moins flatteurs :

« Ces flâneurs,
ces useurs de nattes,
qui enturbannent leurs têtes,
et se contorsionnent la hanche. »[Note 20],[65].

D'après Tewodros II, certaines paroisses sont en sureffectif ; il ne s'en prend nullement à la totalité du clergé puisqu'une partie reste exemptée d'impôts[66]. Son objectif est de viser, selon ses propres parles : « ceux qui rôdent de village en village, traînant une canne, et qui ne sont que des flâneurs. »[66]. Ce « mépris sarcastique » dévoile en fait la profonde « amertume » de Tewodros face au conservatisme du clergé[65] qui décide de s'engager dans une lutte contre le roi des rois. L'Église commence à monter les paysans contre le souverain, qu'elle qualifie d'« illégitime arriviste »[60]. L'abouna Selama s'érige en « champion de la résistance », un des motifs qui le conduit à être emprisonné en 1864[65].

Troubles internes

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Rébellions régionales

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Représentation deTewodrosII donnant audience.

Face aux mesures de centralisation, les chefs locaux des diverses régions reprennent les armes. Tadla Gwalou, dans leGodjam ; Tesso Gobezé, dans le Walqayt ; Seyfu Sahle Selassie et Bezabeh, dans leChoa ; ledejazmach Liben Amade et l'opposant de longue date Amade Bashir, leWello sont tous en rébellion[67]. Les forces duLasta, menées parWagshumGobezé, réussissent même à brièvement occuper Gonder[67] et bientôt le Semien et le Wegera se révoltent à leur tour[48]. Pendant le début de règne, seul Kassa du Tigré s'est montré fiable et respectueux envers le roi des rois[68].

Sa supériorité militaire lui permet de soumettre rapidement les mouvements de révolte mais à peine a-t-il terminé dans une province, qu'un nouveau mouvement se lève[69]. Aux rébellions, s'ajoute le mécontentement grandissant des paysans face la présence des soldats qu'ils doivent nourrir[60]. La série de campagnes a aggravé le processus de paupérisation et dépeuplement[60]. Il perd définitivement le soutien d'une partie des paysans lorsqu'il annonce la création d'un nouvel impôt finançant le système de garnison national[47]. Ces réactions ont désolé Tewodros II, un « homme du peuple »[60] qui a souhaité assurer à son pays un bon niveau de vie et un règne juste[60].

Au cours du début des années 1860, il réprime divers mouvements de rébellion surtout dans leTigré et leBégemeder. En, il bat et tue Agaw Negussé, un dirigeant du Nord. Dans l'ensemble, il reste relativement impuissant face à la perte de l'autorité impériale. En 1865,Menelik s'échappe deMeqdela où il a été élevé à la cour ; malgré son affection envers Tewodros II, il retourne dans le Choa et déclare l'indépendance de son royaume[70]. Gobezé, fils de l'ancien dirigeant du Lasta a repris pouvoir dans cette province[70] ; quant au Tegré, il est passé sous le contrôle deKassa Mercha[70]. De 1866 à 1867, il lance série de campagnes de pacification à Gonder contre Tesso Gobeze et dans le Godjam contre Tadla Gwalu. Ces expéditions conduisent de nombreux soldats à déserter les rangs de Tewodros[71]. En 1867, le Bégemeder reste l'unique province sous son contrôle[72]. En, Tewodros quitte et brûleDebre Tabor ; il part vers Meqdela, où il s'installe jusqu'à son décès[73].

L'État souhaité par Tewodros II ne fonctionne pas[74]. Désireux d'assurer un ordre politique et juridique, il constate que seule sa force militaire lui assure le respect, ce qu'il a toujours voulu éviter à son peuple[74].

Éloigné de la mer et donc des ports, il ne peut acquérir de nouvelles armes aussi rapidement que les chefs du Tigré ou du Choa[39]. En outre, les soldats de l'armée impériale fuient et désertent, en raison de la dureté de la discipline instaurée[67]. En 1866, son armée qui a compté dans le passé 100 000 hommes n'en comprend plus que 10 000[67].

En 1867, la mort de l'Abouna Selama en captivité provoque la colère des chrétiens orthodoxes du pays[75]. Les mouvements de révolte gagnent tout le pays à tel point que Téwodros ne peut se déplacer que sur la route Debre Tabor – Meqdela[67]. Vers la fin de l'année 1867, cet unique axe de déplacement devient trop risqué et le roi s'installe définitivement à Meqdela[67].

Lutte contre les religieux

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Sceau deTewodrosII

Si les relations entre Tewodros II et l'Église orthodoxe éthiopienne sont mauvaises, celles avec les autres religions sont désastreuses. À l'origine, lescatholiques, lesmusulmans et lesjuifs jouissent de libertés religieuses[64] ; mais à la suite de la détérioration de la situation interne, lesmissionnaires et religieux d'Éthiopie subissent également la pression du roi.

Les contacts avec les missionnairesprotestants s'expliquent par l'intérêt de Tewodros II pour l'artisanat et sa volonté d'introduire en Éthiopie les technologies modernes[34]. Les rapports entre le roi des rois et les protestants semblent plutôt bons[61]. Contrairement aux catholiques, ils paraissent favoriser la réforme interne de l'Église éthiopienne orthodoxe[76] à la conversion. En 1855, il accepte d'accueillir un groupe de jeunes artisans venus de l'Institut des Missionnaires de Chrischona, enSuisse[77]. Ils ont été bien reçus par Téwodros auxquels ils apportent en présent des livres religieux, la plupart enamharique[77] bien qu'il eût préféré du matériel militaire. Leurs activités évangéliques sont limitées par le souverain à des populations non chrétiennes telles que les juifs[76]. Par ailleurs, ils ne sont pas préparés à répondre aux ordres de Tewodros lorsqu'il exige qu'ils manufacturent des armes[76].

Bien que les missionnaires ne soient pas formés pour cette tâche, ils se mettent au travail, suivant les requêtes de Téwodros[77]. Au début des années 1860, ils achèvent un petitmortier ; rapidement, Téwodros leur demande de construire uncanon bien plus puissant[78]. Toutefois, les protestants n'ont pas été épargnés par la vague de répression contre les Européens[76]. C'est d'ailleurs un de ces missionnaires, Henry A. Stern, qui attise la « fureur anti-européenne » du roi des rois, en raison de remarques « indécentes »[76]. Il a rédigé un livreWandering among the Falashas dans lequel il écrit que la mère de Tewodros était « tellement pauvre qu'elle en fut réduite à vendre dukosso »[79]. Plus tard, plusieurs missionnaires, dont Henry Stern, sont emprisonnés àMeqdela[76].

Les rapports avec les catholiques ont toujours été mauvais, pour deux raisons principales :

  • l'influence qu'ils exercent dans le Nord de l'Éthiopie peut constituer une menace sur l'autorité de Tewodros II ;
  • ils s'identifient à un pouvoir séculier : laFrance[61].

La dégradation des relations à la suite d'un conflit personnel entreJustin de Jacobis et l'abounaSelama, débouche sur l'expulsion du premier en 1854 et la persécution de ses partisans éthiopiens[61]. Ces actions conduisent les catholiques, mais également les Français, à préparer le renversement de Tewodros[61]. Ils se réjouissent lorsque dans l'Agew, négus du Semien acceptent de collaborer avecParis en échange de livraisons armes[76],[34]. Negussé renforce le contrôle sur leTigré, discute avec la France et les catholiques[64]. Mais l'échec de sa rébellion et sa mort en 1860 retirent un allié de poids à Paris[76].

Les relations de Tewodros II avec l'islam sont particulières. Bien que les musulmans pratiquent librement leur religion, le roi des rois soutient leur conversion au christianisme orthodoxe. La méfiance de Tewodros envers cette religion remonte à sa jeunesse, son père fait partie des nombreux Éthiopiens qu'il a vu périr lors des confrontations avec les Soudanais. En outre, la situation géopolitique d'unEmpire ottoman présent sur la côte lamer Rouge l'inquiète.

En, Tewodros proscrit l'islam dans tout l'Empire éthiopien ; il s'en prend ainsi aux commerçants musulmans, participant à un vaste mouvement de protestation, et qui ont refusé de reprendre leur activité professionnelle. Par ailleurs, en tant que principauxmarchands d'esclaves, ils n'ont pas permis la mise en application des édits d'abolition publiés par le roi[75].

Diplomatie Tewodros et emprisonnement des Européens

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Rêve d'une coalition chrétienne

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Installés sur la Mer Rouge, lesOttomans constituent la principale menace aux yeux de Tewodros.

De nombreux éléments expliquent la conduite des affaires diplomatiques par le roi ; les trois principaux facteurs sont :

  • sa volonté de constituer un blocchrétien avec l'Europe afin de se défendre de l'« encerclementmusulman » ;
  • l'envoi par l'Europe de diplomates « médiocres » ;
  • d'« incroyables omissions et bévues » de la part desBritanniques[80].

Tewodros II ne connaît guère les enjeux diplomatiques de l'époque. Si, personnellement, la religion joue un facteur déterminant dans ses choix politiques, il ne sait point qu'elle ne compte nullement pour les grandes puissances. Par ailleurs, il ignore l'existence du racisme dans les cours européennes, aux yeux desquelles un « monarque africain n'était rien de plus qu'un chef de tribus avec des titres pompeux. »[81].

Lorsqu'il invoque la « solidarité chrétienne contre l'Égypte musulmane »[82], on s'aperçoit de l'importance de la religion dans la rhétorique diplomatique de Tewodros mais également de sa méfiance envers les États musulmans de la région[74].

Face aux révoltes internes, Tewodros II cherche à utiliser la diplomatie, pour regagner un soutien national[74]. Il fait appel aux puissances européennes, notamment auRoyaume-Uni, afin d'obtenir une aide technique et militaire[74]. LesFrançais acceptent d'apporter une assistance, si Téwodros autorise plus de missionscatholiques en Éthiopie, une « non-réponse équivalant à un refus »[83]. LaRussie, épuisée par laguerre de Crimée, ne peut envoyer une quelconque aide. L'« amertume »[83] de Tewodros II, qui a appris le scénario de ce conflit[Note 21], l'a conduit à nommer Sébastopol[Note 22] un des mortiers construits par les missionnaires[83].

En parallèle, les rapports avec l'Égypte et, plus généralement, les États musulmans se détériorent. En 1856, il découvre que lepatriarche Qerilos, en visite depuisAlexandrie, et l'abounaSelama ont demandé une assistance militaire à l'Égypte au nom du roi des rois. Le patriarche copte a accepté d'être ambassadeur de l'Égypte auprès de Tewodros II[84] sans en informer ce dernier, qui ordonne l'emprisonnement des deux religieux égyptiens[82]. Le premier est relâché en[84] mais le deuxième meurt en détention en 1867[75]. Par ailleurs, Tewodros apporte son appui à des réfugiéssoudanais tel que Wad Nimr, fils de Makk Nimr, leader d'une révolte contre les Égyptiens afin de déstabiliser leur autorité dans la région[82]. Plus que la menace par l'ouest, c'est celle venant de lamer Rouge qui l'inquiète et qui le pousse à rechercher l'aide européenne[82].

À la suite du refus des autres puissances, c'est avec le Royaume-Uni que Tewodros II cherche à établir des contacts diplomatiques[82]. Sans doute, sa proximité avecJohn Bell, que Tewodros a nomméLiqe Mekwas, etWalter Plowden, le premier consul britannique en Éthiopie, justifient cette « affection »[82]. Ce sentiment « peut-être injustifié d'admiration et sympathie »[85] est loin d'être réciproque. Finalement, le pays avec lequel Tewodros aurait souhaité établir des liens forts est devenu son pire ennemi, et même le responsable de sa chute.

Détérioration des rapports avec le Royaume-Uni

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Le, Tewodros envoie deux lettres, relativement similaires, à des dirigeants européens ; l'une à la reineVictoria et l'autre àNapoléonIII. Il annonce que les « Turcs » refusent de céder des territoireséthiopiens et qu'il demande une aide pour les chasser[85]. Le roi des rois donne la lettre pour la souveraine britannique au capitaine Cameron, consul britannique nommé en 1862. Il y rappelle les paroles dePlowden etJohn Bell, tous deux morts en 1860, assurant à Tewodros II que Victoria est « une grande reine » qui « aime les chrétiens »[85]. En se basant sur ces dires, il exprime lui-même son « amour » pour leRoyaume-Uni[85]. Il précise également que la présence des « Turcs » l'empêche de passer par lamer Rouge et d'envoyer un ambassadeur[86].

Caricature représentant le Royaume-Uni menaçantTewodrosII

Le, la lettre de Tewodros II arrive àLondres[86] mais ne convainc nullement les Britanniques. Pour ceux-ci, lesOttomans représentent un allié de poids contre la menace russe sur leur empire colonial indien[86]. LeForeign Office, sans avoir pris la peine de rédiger une réponse[86], transmet le message à l'Indian Office, où il est mis de côté[86]. Le, Cameron reçoit une lettre du secrétaire aux affaires étrangères, Earl Russel, lui annonçant la réponse négative du Royaume-Uni, aux requêtes de l'Éthiopie[86]. Par ailleurs, on lui ordonne de rester àMassaoua (Metsewa), jusqu'à nouvel ordre[86]. L'absence de réponse renforce la conviction de Tewodros que les Britanniques l'ignorent volontairement[79].

Cette crainte ne se base guère sur de « folles hypothèses » ; d'aprèsRichard Pankhurst, la politique britannique est « pro-égyptienne »[87]. Dans les faits, on constate des prises de contacts entre le Royaume-Uni et l'Égypte et des intérêts commerciaux communs.

En 1863, Cameron se rend au Soudan, en territoire occupé par les Égyptiens, pour étudier un projet de plantation de coton[88]. Téwodros voit en ces gestes la reconnaissance par Cameron de l'occupation des Égyptiens, ainsi qu'un parti pris évident[79]. En, Cameron reçoit une lettre du secrétaire d'Earl Russell, James Murray, lui rappelant qu'il a été nommé pour Metsewa et non pour l'Éthiopie[79]. Une remarque incorrecte, puisqu'il a été désigné consul de Sa Majesté en Éthiopie[79].

Des prisonniers européens à Meqdela : (debout)Henry Aaron Stern (en), M. Rosenthal, (assis)Hormuzd Rassam, Mme Rosenthal et son bébé, Dr. Blanc, Capitaine Charles Cameron, (au sol) Kerans, lieutenant Prideaux, Pietro, 1895

Néanmoins, Tewodros II a interprété cette décision comme un changement de la politique britannique en faveur de l'Empire ottoman, qui occupe alors Metsewa[79].

ÀJérusalem, ville symbolique pour Téwodros II, alors que le Royaume-Uni a l'habitude de protéger le couvent éthiopien, le nouveau consul britannique, appuyé par ses supérieurs, ne proteste pas lors de la saisie par les Ottomans de l'édifice religieux[87]. Le choix par le Royaume-Uni de soutenir clairement l'Empire ottoman constitue le point de départ de la querelle avec lenegusse negest[61]. Après plus d'un an d'attente, Téwodros, « profondément offensé de l'absence de réponse »[89], perd patience.

Le, il emprisonne Cameron et d'autres membres du personnel diplomatique dans la forteresse de Meqdela[87]. Ce geste, provoqué par le manque d'alternatives, exprime son mécontentement[89] ; il compte « réveiller »[80] les Britanniques, restés silencieux à ses appels. En effet, le Royaume-Uni réagit peu après ; la lettre de Téwodros est recherchée, puis retrouvée. Une réponse rédigée « à la hâte »[90] est remise àHormuzd Rassam qui rencontre Téwodros le, près dulac Tana[83]. Le Royaume-Uni demande la libération des otages, et promet une aide militaire en échange. Insatisfait par la réponse, Tewodros fait emprisonner Rassam àMeqdela, désormais surnommée l'« Hôtel des Ambassadeurs »[84].

En,Martin Flad, un missionnaire envoyé par Tewodros à la cour d'Angleterre, représente le dernier espoir d'une pacification des relations[83]. En, le roi des rois reçoit une lettre indiquant que le Royaume-Uni accepte d'envoyer une aide militaire, si les otages sont libérés et amenés à Metsewa[91]. Néanmoins, la femme de Flad, alors en Éthiopie, informe son mari que les Européens sont à nouveau emprisonnés[92].

Vers, les Britanniques exigent la libération des prisonniers et le transfert vers Metsewa[92]. Or, Tewodros II ne contrôle plus la route vers cette ville[91] ; les campagnes incessantes et les révoltes continues ont très fortement limité ses déplacements. Il ne répond pas à l'ultimatum britannique reçu le[91] et le Royaume-Uni décide d'envoyer uneexpédition punitive, afin de libérer les captifs.

Mort de Tewodros II

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Expédition britannique

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Article détaillé :Expédition britannique en Éthiopie.
Les soldats éthiopiens tirant le mortier Sébastopol vers le haut de la forteresse, sous les yeux deTewodrosII (à l'arrière-plan).

Les problèmes de communication avec Tewodros II et l'absence de réponse à leur ultimatum conduisent leRoyaume-Uni à envoyer, en, une expédition de 32 000 hommes sous le commandement de SirRobert Napier[67]. Les Britanniques sont parfaitement au courant de la situation en Éthiopie et des révoltes en cours. En 1867, l'armée de Tewodros, qui a auparavant compté 100 000 soldats, en comprend 5 000 à 10 000[75]. Lenegusse negest, après ses ultimes campagnes, arrive àMeqdela en, deux semaines à peine avant l'arrivée des 5 000 hommes de Napier, sa « force de frappe »[73], le 21.

Le corps expéditionnaire a progressé deMassaoua (Metsewa) sans opposition, avec la coopération deKassa Mercha[93], la sympathie deGobezé et la passivité deMenelik[70]. Les forces britanniques sont surtout soutenues par Kassa Mercha duTigré, qui leur assure des moyens de transports adéquats et des provisions[94].

Le, au pied de Meqdela[12], se déroule l'unique affrontement entre les troupes impériales et les Britanniques : la bataille d'Arogé[70] qui s'achève par une défaite et une retraite éthiopienne[12].

Le jour suivant, le, Napier écrit à Tewodros, auquel il promet « un traitement honorable » s'il libère les prisonniers européens et s'il se « soumet à la reine d'Angleterre »[95]. Lenegusse negest, « un homme extrêmement fier », refuse d'accepter « une telle humiliation »[95]. C'est dans ces conditions que Téwodros rédige une « lettre remarquable »[95], « un document téwodrossien par excellence, cristallisant »[94]. Formellement adressée au commandant de l'expédition, elle semble constituer un document à visée plus vaste, une sorte de « dernier testament au peuple éthiopien »[95] :

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, un seul Dieu dans la Trinité et l'Unité, Kassa qui croit au Christ… […] quand je disais à mes compatriotes, « Acceptez l'impôt et soyez disciplinés », ils refusaient et se brouillaient avec moi. Mais vous m'avez vaincu, grâce à des hommes soumis à la discipline. Les gens qui m'aiment et me suivaient se sont enfuis, m'abandonnant, parce qu'ils avaient peur d'une simple balle. Lorsque vous les avez attaqués, je n'étais pas parmi les fuyards. Hélas, croyant être un grand personnage, j'ai poursuivi le combat, avec une artillerie sans valeur… Si Dieu me l'avait permis, je comptais commander à tous : Si Dieu m'en empêchait, [je prévoyais] de mourir… Vous autres qui avez passé la nuit dernière à vous réjouir, puisse Dieu ne pas vous rendre comme moi, et à plus forte raison comme mes ennemis éthiopiens. J'avais espéré marcher sur Jérusalem et en expulser les Turcs. Celui qui a soumis des hommes ne sera pas soumis à son tour par d'autres hommes »[96].

Après avoir dicté « ces mots héroïques »[95], Tewodros tente de mettre fin à ses jours, mais, au dernier moment, ses soldats lui enlèvent le pistolet de la main[97]. Les négociations avec les Britanniques se poursuivent, le roi des rois veut résoudre pacifiquement ce conflit. Il envoie du bétail à Napier pour la célébration dePâques[97]. Après avoir été informé de l'arrivée du présent chez Napier, il libère des prisonniers[97]. Toutefois, le commandant de l'expédition britannique ne peut accepter le bétail, ceci le forcerait à négocier[98]. Informé de ce refus, Téwodros tente d'abord de fuir de Meqdela, mais, la forteresse étant encerclée, il retourne à l'intérieur[98].

Les soldats britanniques découvrent Tewodros II après son suicide.

Il ordonne la libération des missionnaires et des prisonniers politiques de longue date[99].

À la vue des captifs, les observateurs étrangers deFrance, deRussie, d'Arabie, deHollande, d'Autriche, et d'Espagne sont surpris en les voyant en bonne santé et en entendant l'un d'eux déclarer : « Nous étions fort bien nourris et logés ; ce que nous craignions, c'était une saute d'humeur de l'empereur[100]. »

Le, à15 h 00[96], les Britanniques lancent l'ultime assaut sur la forteresse. Comprenant l'inutilité de toute résistance, le roi des rois laisse partir ses derniers partisans en déclarant :

« C'en est fini ! Plutôt que de tomber entre ses mains je préfère mettre fin à mes jours ! »[98]

Tewodros II saisit son revolver, offert par la reine Victoria[96], le porte à la bouche et se donne lamort[98].

En entrant dans la forteresse, les soldats anglais voient à terre l'homme qu'ils ont cherché à capturer et pour lequel ils ont préparé une expédition ayant coûté 9 millions delivres sterling[99]. Furieux, Napier ordonne le pillage de Meqdela[100]. Le, les Britanniques quittent un pays à nouveau divisé ; après quelques mois, en,Wagshum Gobezé duLasta, appuyé par une forte armée de 60 000 soldats, se proclame empereur sous le nomTekle Giyorgis II[101].

Héritage et mémoire

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Selon Bahru Zewde, trois endroits résument la vie de Tewodros II : leQwara, Gafat etMeqdela. Le premier lui a servi de base politique et militaire ; le deuxième symbolise son zèle modernisateur ; le troisième devient son ultime refuge, lieu de son décès[67]. Dans l'ensemble, le bilan de Tewodros II est mitigé, ses réformes ont manqué de « consistance et méthode »[46] et ont constitué une série de « tentatives avortées »[100]. De façon générale, les mesures impulsées n'ont pu être mises en œuvre[60]. Divers facteurs expliquent cet échec. Tout d'abord lagéographie de l'Éthiopie empêche une communication rapide et la mise en application efficace des réformes[68]. Ensuite, il a été incapable de traduire politiquement une supériorité et une force militaire évidente[80]. Sa simple volonté ne peut redresser un pays ayant vécu plus d'un siècle, déchiré entre seigneurs locaux[46]. Sa tentative de créer une nouvelle classe dirigeante s'est heurtée aux nominations politiques et non « idéalistes » auxquelles il a procédé[60] en maintenant d'anciennes dynasties au pouvoir. Paul Henze précise néanmoins que « s'il avait disposé d'un gouvernement organisé raisonnablement et d'un corps modeste d'administrateurs capables, il aurait eu la chance de mettre en œuvre une partie de son programme idéaliste de réformes et de renouveau »[102]. Ses « objectifs progressistes » se heurtent à des méthodes inadéquates[47] et à un manque de moyens[103] ; sa politique a provoqué des controverses à l'époque[103].

Les historiens retiennent bien plus ses projets et idéaux que ses accomplissements[60] bien que Shiferaw note que ceux-ci ont l'« habitude de remettre en cause la légitimité de Téwodros »[104].

À partir du milieuXXe, Tewodros II devient, aux yeux des Éthiopiens, « le plus populaire de tous les souverains »[105]. Après sa mort, des générations ont continué à voir en lui un homme d'exception, « créant ainsi un véritable mythe autour de son souvenir »[106]. C'est d'abord pour les idéaux qu'il a incarnés qu'il demeure populaire[105].

Les Éthiopiens voient en lui un précurseur du modernisme[105] et un partisan d'une « Éthiopie ré-unifiée et forte »[103]. Il a souhaité rétablir l'unité politique et religieuse de l'Éthiopie ainsi que ses anciennes frontières « du Nil à la Mer Rouge »[60]. Il a voulu moderniser son pays, un processus que peu ont compris à l'époque[60]. Par ailleurs, Téwodros est « le premier centralisateur moderne »[107]. D'après Henze, « il mit fin à un siècle de décrépitude de l'État, proposa une vision d'unité et progrès »[107]. Lors de son couronnement, il a lancé le processus de réunification nationale[104]. « Il avait réveillé suffisamment le pays »[107] pour que ses successeurs poursuivent son œuvre. D'après Marcus, « le règne deMenelikII [1889-1913] représente le triomphe de l'idée de centralisation renouvelée par Téwodros et confirmée parYohannesIV [1872-1889] »[108]. Enfin, l'imagination de toute une génération d'Éthiopiens a été marquée par ce « guerrier extraordinaire » et « ses brillantes victoires sur des armées plus importantes que les siennes »[106].

Tewodros II se donnant la mort. Ce geste est devenu une source d'inspiration pour les artistes éthiopiens.
Portrait juste après sa mort.

Au-delà de ces idéaux et projets, la mort de Tewodros II constitue le geste le plus mémorable de ce « dirigeant remarquable »[39]. En se donnant la mort, il a mis « du baume dans le cœur du peuple »[100] et uneélégie s'est diffusée à travers le pays. Ce poème est encore connu de nos jours en Éthiopie[100] :

Le roi dont le pouvoir s'exerçait d'une frontière à l'autre,
Était-il si glouton qu'il ne fit qu'une bouchée de son pistolet ?
Là-haut à Meqdela, un cri a retenti,
Un homme viril est mort, et je ne sais combien de femmes.
Avez-vous vu la mort du lion,
Qui croit ignominieux de mourir de main d'homme.

Son suicide à Meqdela a constitué pour les artistes, de l'époque aux plus modernes, une source d'inspiration originale et un « motif populaire »[67]. Son décès a suscité la sympathie et l'admiration, non seulement en Éthiopie mais également en Europe comme le mentionne leBulletin de la Société de géographie en 1868[100] :

« Alors surgit un homme nommé Théodros, qui du tout à son courage, et parvint, en Ethiopie, aux honneurs suprêmes. Pendant dix années, cet homme étonna l'Europe par son audace, ses folies, sa sauvage grandeur et sa mort héroïque. Devant ce noble trépas le monde civilisé s'émut, et se demanda quel était ce pays où un homme, empereur vaincu et sans couronne, savait tomber comme un Romain des plus beaux temps de l'histoire, sans que la mort pût effacer sur son visage le sentiment d'exaltation sublime et de suprême défi jeté au destin qui enflamma son dernier regard. »

Arthur Rimbaud a, par exemple, été fasciné par Tewodros et lui a consacré des recherches à la librairie du British Museum, selon le témoignage de sa sœur et plusieurs biographes. Il devait, par la suite, vivre en Abyssinie[109].

Tewodros II s'est assuré une place de haute importance dans l'histoire éthiopienne[98] ; par ce geste, « il a nié aux Britanniques la satisfaction de capturer l'homme contre lequel ils avaient envoyé une expédition aussi importante »[67]. De nombreux auteurs deromans et pièces dethéâtre lui ont rendu hommage ; des intellectuels ont donné son nom à leur fils[105]. Les chanteurs éthiopiens, même les plus modernes, font parfois référence à Tewodros. Pour Berhanou Abebe, Tewodros II reste gravé dans la mémoire collective éthiopienne en raison des « circonstances de sa mort qui ont fait de lui un héros pour avoir refusé l'humiliation de la soumission »[100].

Une statue à l'effigie de Tewodros II est inaugurée àGondar en[110].

Annexes

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Bibliographie

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Ouvrages généraux

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Ouvrages spécialisés

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Documents historiques

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Peintures

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Théâtre

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Roman

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes

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  1. Lekosso est un médicament contre leténia.
  2. « Gendre », enamharique.
  3. En tant que fils de Hailou Welde Giyorgis, ancien gouverneur du Qwara et neveu de Kenfou, propriétaire du fief duDembiya, la légitimité de Tewodros semble acquise.
  4. Shefta est l'équivalentamharique de bandit, les historiens reprennent souvent le terme éthiopien tel quel.
  5. À cette époque, les Éthiopiens désignent par le terme « Turcs » aussi bien lesÉgyptiens que lesOttomans.
  6. En amharique,tateq peut signifier « prépare tes armes » mais également « prépare-toi à partir ». Ce surnom fait suite à une discussion avec Tewabetch pendant laquelle la décision de partir (tateq) de la cour, pour se rebeller, est prise.
  7. Il s'agit de l'accord de 1847, lorsque Téwodros accepte de rejoindre l'armée du ras Ali et par conséquent de se soumettre à ses ordres.
  8. Tewahedo, « unifiée » enge'ez. Cette doctrine confesse l'unité des deux natures, divine et humaine de la personne duChrist, sans confusion ou séparation.
  9. Sost lidet, « trois naissances » en amharique. Elle est soutient que leChrist est né du Père, de l'opération duSaint-Esprit et après neuf mois de laVierge Marie.
  10. L'État éthiopien est né dans le nord du pays et lepremier grand royaume a eu comme capitale la ville d'Aksoum. En établissant sa propre capitale àDebre Tabor puis versMeqdela, Tewodros déplace vers le sud le centre politique national. SousMenelikII, ce processus se poursuit et s'achève avec la fondation d'Addis-Abeba, actuelle capitale du pays.
  11. Suivant la tradition militaire éthiopien, les conflits cessent durant lasaison des pluies.
  12. À la fin de son règne,Meqdela constitue le dernier refuge deTewodrosII.
  13. « Commandant de dix »
  14. « Commandant de cinquante »
  15. « Subsistance en nature »
  16. Chez les Éthiopiens, manger quelque chose n'ayant pas achevé sa croissance provoque le dégoût.
  17. Voirl'accord avec l'Abouna Selama.
  18. Les prêtres éthiopiens portent des sortes de turban
  19. Téwodros fait référence aux trois différentes catégories de terres appartenant à l'Église éthiopienne orthodoxe
  20. Téwodros fait référence aux turbans, et à la danse desdebtera qui battent la mesure en piquant de leurs bâtons la natte de jonc recouvrant lechœur.
  21. La France et le Royaume-Uni se sont alliés avec l'Empire ottoman, une puissance musulmane, pour lutter contre l'Empire russe, un État chrétien.
  22. En référence ausiège de Sébastopol.

Références

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(1851-1855)
Negusse Negest d'Éthiopie
TéwodrosII
(1855-1868)
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(1868-1872)
v ·m
Zagwés
(1137–1270)
Date incertaine
(Zagwé ou salomonide)
Dynastie salomonide
(1270–1755)
Zemene Mesafent
(1755–1855)
Éthiopie moderne
(1855–1974)
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