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| Autre nom | Les Insus (2015–2017) |
|---|---|
| Pays d'origine | |
| Genre musical | Rock |
| Années actives | 1976–1986 1994[1] 2015–2017 (Les Insus) |
| Labels | Pathé,Virgin Records |
| Membres | Jean-Louis Aubert Louis Bertignac Richard Kolinka Corine Marienneau |
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Téléphone est ungroupe derock français, formé le et dissous le.
Composé deJean-Louis Aubert (guitare et chant),Louis Bertignac (guitare et chant),Corine Marienneau (basse, chant et guitare) etRichard Kolinka (batterie), il connaît un énorme succès dès ses débuts avec plusieurs tubes et des tournées très populaires. Il est aussi l'un des rares groupes français à s'exporter dans d'autres pays. En dix ans d'activité, entre 1976 et 1986, le groupe donne plus de quatre cent soixante-dix concerts et sort cinqalbums studio. Il est le deuxième plus gros vendeur de disques pour un groupe derock français (derrièreIndochine), avec plus de six millions d'exemplaires vendus.
Entre 2015 et 2017, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka se réunissent sous le nomLes Insus ? pour interpréter le répertoire de Téléphone. Les premiers concerts de fin 2015 sont suivis par une grande tournée en 2016, des festivals en 2017, et une finale auStade de France le. Corine Marienneau est remplacée à la basse par Aleksander Angelov.
Au milieu desannées 1970, les groupes derock français (Ange,Magma,Triangle,Zoo,Les Variations et tant d'autres), malgré leur succès et leur popularité auprès de la jeunesse, ne reçoivent aucune promotion de leurs maisons de disque et n'ont de ce fait aucune reconnaissance médiatique en radio ou télévision. L'explosion dumouvement punk enGrande-Bretagne change cet état de fait et Téléphone en sera le principal bénéficiaire.
L'histoire de Téléphone commence le auCentre américain de Paris,boulevard Raspail[2]. Ce soir-là doit avoir lieu un concert des jeunesJean-Louis Aubert etRichard Kolinka, deux musiciens qui ont déjà fait partie de quelques groupes, dont J'adore et Semolina (avec lequel ils sont parvenus à sortir un uniquesingle, face APlastic Rocker, face BEt j'y vais déjà). Ils ont préparé le concert avec une ardeur toute juvénile : pose d'affiches,concert gratuit et improvisé à la sortie dulycée. Seul problème : ils n'ont personne pour les accompagner. Ils font donc le tour des amis et parviennentin extremis à trouver deux musiciens compétents et libres :Louis Bertignac (ami très proche de Jean-Louis Aubert) et sa petite amieCorine Marienneau, tous deux anciens membres du groupeShakin' Street qu'ils viennent de quitter. Kolinka expliquera :« J'avais un groupe avec Jean-Louis, Semolina, et notre chanteur-bassiste s'est barré deux semaines avant notre premier concert au Centre américain. Du coup, j'ai appelé Louis que je connaissais » et Louis Bertignac précise :« c'est moi qui ai intégré Téléphone. Et je me suis ramené avec Corine, ma fiancée de l'époque »[3].
Les futurs Téléphone sont déjà au complet le, même s'ils n'ont encore qu'un « ! » (point d'exclamation) en guise d'appellation[4]. Mais des tensions existent entre eux dès le début, tout d'abord parce que Richard avait un passif envers Bertignac — alors que celui-ci accompagnaitJacques Higelin en tournée, il avait oublié de mettre Kolinka et Aubert sur la liste des invités[5] —, et puis parce que Jean-Louis ne voulait pas de femme dans le groupe. Malgré cela, les musiciens jouent ensemble, mais décident que ce sera une formation éphémère qui se séparera après le concert, onze jours plus tard. Ils répètent beaucoup dans la cave des parents de Richard Kolinka — sa mère,Ginette Kolinka, est une survivante ducamp d'Auschwitz —, du 2 au, juste avant le concert[5].
Le jour du concert, surFR3, Richard Kolinka annonce ce concert comme la célébration de la victoire aux Élections présidentielles américaines de 1976, ce qui attire un public enthousiaste de six cents personnes[5],[2]. La première partie est assurée parOlive, un ami d'Aubert et de Bertignac. Quand vient leur tour, les futurs Téléphone jouent quelques compositions de Jean-Louis Aubert (dontHygiaphone etMétro, c'est trop !) et des reprises derock anglais (The Who,The Rolling Stones, etc.). Artistiquement, l'expérience se révèle marquante : les quatre musiciens déclareront plus tard avoir ressenti lors de ce premier concert unealchimie aussi mystérieuse qu'excitante, qui les pousse en fin de compte à rester ensemble.
Avec l'aide d'un copain d'Aubert,François Ravard, qui fait office demanager, ils partent donc à la recherche d'engagements. Ils jouent dans lesMJC, les soirées dansantes et bientôt les salles de spectacle. Le groupe, avec un son sans concession inspiré des groupes anglais, fait donc sensation partout où il passe. Ils jouent leur premier concert sous leur nouveau nom de Téléphone (faire la promotion d'un groupe dénommé « ! » s'étant révélé une tâche pour le moins ardue), le auGibus[6], prestigieux club parisien, puis deviennent des habitués des fins de soirée aux studios deRadio France avecJean-Louis Foulquier.
Les mois qui suivent voient l'ascension fulgurante du groupe. Le, à l'initiative de laRATP, le groupe donne un concert gratuit aumétro République. Il en résulte un énormeembouteillage et le blocage de laligne 11 du métro de Paris[7]. Le, ils assurent la première partie d'Eddie and the Hot Rods auPavillon de Paris, leur volant la vedette. Le, profitant de la défection deBlondie, ils jouent à l'Olympia en première partie du groupe américainTelevision[7]. Le concert remporte un très grand succès et des critiques enthousiastes dans la presse. Dès le lendemain, le groupe enregistre son premier45 toursTéléphone !,en public auBus Palladium avecAndy Scott. Le 45 tours,auto-produit à deux-mille exemplaires, est vendu cinqfrancs à la sortie des concerts par le groupe, puis réédité par le label Tapioca. Il comprendHygiaphone etMétro (c'est trop). Le disque, pourtant sorti sans aucune autrepromotion que les concerts du groupe, remporte un succès très encourageant[8]. Un mois plus tard, à la suite d'un article paru dans le magazineRock & Folk, Téléphone est approché par lamaison de disquePathé-Marconi. Le, moins d'un an après sa formation, le groupe signe un contrat pour trois albums[9]. Les titres étaient signés Téléphone/Aubertignac (mot-valise formé des deux noms Aubert et Bertignac).

Dans la foulée de cette signature, Téléphone sort, le, unalbum portant le nom du groupe, toujours sans autre promotion que ses concerts. Enregistré en dix-sept jours à l'Eden Studio deLondres et produit par Mike Thorne, le disque se vend à plus de trente-mille exemplaires en quelques mois. Il atteint la deuxième place du classement de ventes d'albums en France[10]. L'année suivante, soutenu par lamaison de disques qui décide de lui assurer une promotion digne de ce nom, ce premier album deviendradisque d'or[11]. LesingleHygiaphone représente déjà — avecMétro, c'est trop — l'efficacité et le dynamisme rock du groupe Téléphone. C'est en soi une véritable révolution dans le rock français. On n'avait jamais entendu jusque-là un groupe de rock français, chantant en français, aussi proche de l'esprit et du son desRolling Stones.
Le groupe part pour sa première tournée française. Les prestations sont souvent explosives, parfois aussi en dehors de la scène. Le, un concert gratuit donné devant cinq-mille fans auPavillon de Paris tourne au drame quand un jeune homme est poignardé à la sortie du concert et meurt de ses blessures. Deux rames de métros sont ensuite détruites[12]. Toutefois, la causalité de ces faits ne concerne pas directement la prestation de Téléphone.
En, Téléphone est finaliste du tremplin télévisuelBlue Jean 78 (présenté surAntenne 2 parJean-Loup Lafont). Lors du direct, ils ne sont classés que deuxièmes, derrièreMona Lisa, un groupe derock progressif. Cependant, à la surprise générale et sans aucune explication, c'est bien Téléphone qui est déclaré vainqueur la semaine suivante[13]. Téléphone devient le phénomène musical français du moment, incarnant à lui seul lerock français (laissant loin derrière Ange, ou Magma qui étaient les seuls vendeurs de disques de rock français). Il tourne même enAngleterre en février et en première partie deSteve Hillage[14].
En 1978, le groupe découvre que la quasi intégralité des droits d'auteurs revient à Jean-Louis Aubert seul. En effet, les chansons lui sont intégralement créditées, à l'exception deFlipper qui a été coécrit avec Louis Bertignac. La situation est finalement corrigée : par la suite, l'ensemble du groupe est crédité pour la musique, et l'auteur (Aubert le plus souvent) pour les paroles. Le chanteur touche ainsi 40 % des parts et les autres 20 %[15].

Le nouvel album,Crache ton venin, sort le. Enregistré en seulement quinze jours aux Studios Red Bus deLondres et produit parMartin Rushent, c'est l'album de la consécration : il finiradisque de platine, avec plus de quatre-cent-mille exemplaires vendus[11] et atteindra la2e place des ventes d'albums en France[10], porté par le titreLa Bombe humaine dont le refrain, repris en chœur par tous les adolescents de l'époque, exprime l'angoisse du nucléaire et de la guerre froide tout autant que la nécessité de prendre en main son destin.
Ce deuxième album est davantage un travail collectif :Jean-Louis Aubert est toujours le chanteur du groupe, mais les autres musiciens commencent à composer et à chanter également. Le succès n'a pas entamé le son de Téléphone, toujours résolumentpop rock and roll, ni de l'attitude des musiciens ou des paroles des chansons, pourtant critiquées par certains, qui les jugent « trop simplistes ». Le groupe rétorque que lerock est une musiqueadolescente qui n'a pas à être trop intellectualisée.
Pour la pochette de l'album,Jean-Baptiste Mondino photographie les quatre membres nus[16]. La censure les oblige à mettre en place un système coulissant la pochette intérieure pour choisir le Téléphone que l'on préfère, habillé ou mis à nu[17].
Le groupe appuie également sa popularité sur les concerts, très nombreux et énergiques : au cours du printemps 1979, il réalise plus de soixante dates. L'une d'entre elles est filmée parJean-Marie Périer pour le documentaireTéléphone Public, qui sort en salles le. Le, Téléphone joue à lafête de l'Humanité devant cent-mille participants. Le goût de la provocation du groupe ne plaît pas à tout le monde : arrivant dans unelimousine auxvitres teintées, les quatre musiciens sont pris à partie à cause des masques deJacques Chirac,Valéry Giscard d'Estaing,François Mitterrand etGeorges Marchais qu'ils arborent[18]. Le classement annuel du magazine musicalBest place Téléphoneno 1 des groupes français en 1979 et également l'année suivante.
Le sort lefilm documentaireTéléphone public, deJean-Marie Périer. Il montre le groupe lors d'un concert auPalais des sports de Paris en, entrecoupé d'extraitsd'interviews des membres du groupe (en individuel) et d'extraits du concert à lafête de l'Humanité, en septembre de la même année[19]. Ce documentaire a été réédité enDVD en.
En 1980, le groupe songe à retourner en studio pour élaborer le troisième album qui doit être réalisé dans l'urgence car il est constamment en tournée, mais n'a pas envie de se poser. Téléphone préfère rester en « ville », pour que le son de l'album fasse ressortir les influences de l'atmosphère underground de la scène rock dontPatti Smith et lesRamones, et à la nuit froide dans la ville noire de New York.
Le groupe accompagné deMartin Rushent (producteur de l'album précédentCrache ton venin) répète d'abord au studio Pathé-Marconi à Paris en juillet, puis àBerlin (oùDavid Bowie a enregistré les albumsLow,Heroes etLodger) et part enregistrer à New York au studio mythique de Jimi Hendrix, lesstudios Electric Lady[20]. Corine interdit au groupe les groupies et les drogues pendant les sessions qui sont considérées comme les meilleures dans son histoire, en témoignent certaines versions de répétitions présentes dans le triple disque de raretés dans le coffretAu cœur de Téléphone en 2015[20].
Enregistré pendant l'été 1980 au studioPathé àBoulogne-Billancourt et à l'Electric Lady deNew York,Au cœur de la nuit, le troisième album de Téléphone, sort le : classé à la3e place des ventes d'albums en France[10], il est rapidement certifiédisque d'or[11]. Un seul single,Argent trop cher est tiré de l'album : celui-ci devient le premier titre classé de Téléphone, atteignant la16e place des charts[21].
Après un court passage enItalie, le groupe entame début 1981 une grosse tournée française : trois-mille personnes par soir en moyenne et une quantité impressionnante de matériel. En,François Mitterrand devient le premierprésident de gauche de laVe République. Téléphone, qui n'a jamais fait mystère de ses tendances politiques, participe au gigantesque concert organisé le,place de la République à Paris, pour célébrer la victoire en partageant l'affiche avecJacques Higelin. La chansonFaits divers, interprétée en direct, tient lieu degénérique dujournal télévisé de la nuit surAntenne 2. En juillet, Téléphone tourne enAllemagne et enAngleterre aux côtés d'Iggy Pop[14].
C'est dans cette période que Corine connaît une relation courte et tumultueuse avec Jean-Louis Aubert après avoir été délaissée par son compagnon Louis qui passe son temps à fréquenter les groupies (tout comme son compère)[22].
Après trois disques chezPathé-Marconi, le groupe signe fin 1981 chezVirgin, en échange d'une avance de cinq millions de francs. Le patron de Virgin,Richard Branson, a l’intention de faire de lui un groupe de dimension internationale[23]. En effet, malgré quelques tournées à l'étranger, Téléphone reste dans une large mesure un phénomène purementfranco-français. En, Téléphone part àToronto pour enregistrer son quatrième album,Dure Limite, produit parBob Ezrin, qui s'est précédemment occupé des artistesAlice Cooper,Lou Reed,Pink Floyd,Kiss ouPeter Gabriel[24]. Le33 tours est révélé le.
Fortement soutenu par son label, qui fait entre autres réaliser par le cinéasteJulien Temple une vidéo pourÇa (c'est vraiment toi), avec des sosies de personnalités telles queMargaret Thatcher ouSid Vicious, le disque est le plus grand succès de l'histoire du groupe : classé numéro un des ventes d'albums en France[10], il dépasse les sept cent mille ventes[25].Ça (c'est vraiment toi) se classe15e des ventes de singles etCendrillon atteint la13e place[21]. Pourtant, à cette époque, la concurrence commence à exister en France : de nouveaux groupes derock français, tels queTrust (dont le succès commence à décliner) etIndochine, marchent sur les plates-bandes de Téléphone. Le référendum 1981 du magazine musicalBest place même Trust en première position devant Téléphone. C'est aussi la modenew wave desboîtes à rythme et dessynthétiseurs, à laquelle le groupe résiste en conservant un son très rock, même si certains jugent le dernier album trop produit.
Le, les membres de Téléphone réalisent un rêve en faisant la première partie desRolling Stones devant quatre-vingts-mille spectateurs à l’hippodrome d'Auteuil. Mais le trac et des problèmes techniques gâchent quelque peu la fête[26]. La tournée française, entamée début octobre, ne se passe pas non plus idéalement : le, Bertignac se casse laclavicule en chahutant avec Kolinka. Le groupe joue pendant une demi-heure à trois, mais le reste de la tournée doit être décalé de quinze jours[27]. Sous l'impulsion de Branson, le groupe fait une série de pas vers le public étranger. La version « export » de l'albumDure Limite — avec six titres en langue anglaise — est réalisée pour le marchéanglo-saxon mais ne sera pas distribuée. Les textes anglais devaient être signés parLou Reed, mais Aubert, guère satisfait du résultat, s'y colle finalement lui-même. En 1983, le groupe part pour une tournée internationale :Allemagne,Italie,Grèce,Portugal et surtout lesÉtats-Unis où le succès est au rendez-vous àLos Angeles et àNew York. Le succès de la tournée est moins bon àChicago : seuls deux spectateurs sont présents au début du concert, ce qui ne les empêchera pas de jouer quand même[28]. Les organisateurs n'avaient pas prévu que Chicago n'était pas du tout une ville de musique rock.
En 1984, Téléphone est un groupe fatigué. La pression commerciale, les tournées mondiales incessantes et le demi-échec récent, notamment dans certaines villes desÉtats-Unis, commencent à entamer l'ambiance au sein du groupe. Cette fatigue se retrouve dans le son d’Un autre monde, son nouvel album. Enregistré au cœur de la campagne anglaise, dans le studio deGlyn Johns qui a travaillé avec plusieurs des idoles du groupe :Rolling Stones,Who,Led Zeppelin,Eric Clapton, le disque est de loin leur plus mélancolique[29]. Il marque aussi l'arrivée d'un son plus moderne et moinsrock, avec dessynthétiseurs : avant l'enregistrement, Jean-Louis Aubert, malade d'une infection rénale, découvre le synthétiseur et décide de l'intégrer dans le son du groupe pour l'album. Le groupe voulait à l'origine travailler avec le producteurSteve Lillywhite (qui produit notamment les albums de U2) avant d'opter pour Glyn Johns[30].
L'album est un succès commercial : classé à la2e place des ventes d'albums en France[10], il dépasse les 600 000 exemplaires vendus et reçoit undisque de platine[11], notamment grâce à la chanson qui donne son titre au33 tours. Celle-ci devient un tube fin 1984, atteignant la5e place auTop 50 et restant classé 25 semaines d'affilée[31], porté par leclip réalisé parJean-Baptiste Mondino, alors en pleine ascension. Cette chanson sera également utilisée comme introduction lors de meetings duParti socialiste. En, Téléphone entame ce qui sera sa dernière tournée mondiale : les concerts s'enchaînent auJapon, enBelgique, auxPays-Bas, enAngleterre, auDanemark, et bien sûr enFrance, où le groupe remplit leZénith de Paris cinq soirs d'affilée du 9 au[32]. Mais les musiciens, qui se fréquentent de moins en moins en dehors de la scène, ont du mal à prendre plaisir en jouant, d'autant plus que la tournée avait mal démarré en raison d'une bagarre entre Jean-Louis et Richard lors du deuxième concert, à Montpellier[30]. Le dernier concert a lieu àDax à la fin d'une tournée Arènes dans le Sud.
Le, Téléphone reçoit des mains deDavid Gilmour (dePink Floyd) le Prix de la Musique vivante créé par laSACEM, tandis que l'albumUn autre monde remporte quelques mois plus tard la premièreVictoire de la musique de l'Album rock de l'année.
Au second semestre 1985, le groupe entre en studio pour produire un nouvel album. Mais la tension s'est accentuée entre les musiciens, et seul le singleLe jour s'est levé sort en avant-première pour faire patienter les fans. Ce sera leur dernier succès :no 4 auTop 50, classé dix-neuf semaines fin 1985[33]. Depuis quelques mois déjà, les membres du groupe s'éloignent de Téléphone, collaborant de plus en plus à des projets extérieurs :Corine Marienneau etLouis Bertignac participent à labande originale du filmSubway, et Corine fait une apparition aux côtés deGérard Lanvin dans le filmMoi vouloir toi dePatrick Dewolf.
Le, le manager de Téléphone annonce que les musiciens vont prendre une année sabbatique pour mener à bien leurs projets personnels. LelabelVirgin précise :« En aucun cas ce congé de douze mois ne signifie la séparation du groupe ». Pourtant, moins d'un mois plus tard, le, la séparation est actée[34]. Le groupe se retrouve une dernière fois dans un café à Belleville, et Louis Bertignac annonce son départ car il ne trouve pas assez rock les nouvelles chansons écrites par Jean-Louis Aubert pour le projet d’album qui ne verra jamais le jour[35]. Le groupe se scinde en deux : Corine, ne supportant plus Jean-Louis, décide de suivre Bertignac dans sa carrière, tandis que Richard Kolinka continue aux côtés de Jean-Louis. La session d'enregistrement initialement programmée par Jean-Louis pour l'album avorté de Téléphone est finalement utilisée quinze jours plus tard pour l'enregistrement du singleJuste une illusion de Jean-Louis Aubert avec Richard à la batterie[36],[37].
Un disquelive enregistré auZénith, intituléLe live, sort quelques mois plus tard, et les membres du groupe se concentrent, chacun de leur côté, sur leurs carrières solo. Au total, Téléphone aura sorti cinquante-neuf chansons officielles.
Une fois la séparation actée, Jean-Louis Aubert entame une carrière solo, toujours accompagné de Richard Kolinka à la batterie. Ils se font d'abord connaître sous le nom Aubert'n'Ko, puis sous le seul nom de Jean-Louis Aubert.
De leur côté, Louis Bertignac et Corine Marienneau forment un nouveau groupe, Les Visiteurs.
Plusieurs chansons écrites du temps de Téléphone et non retenues sur les albums sont finalement enregistrées par Jean-Louis Aubert et Richard Kolinka pour l'albumPlâtre et Ciment, et par Louis Bertignac et Corine Marienneau pour l'albumBertignac et les Visiteurs. Les deux albums se vendent mal, même si le singleCes idées-là de Bertignac se vend bien, de même que les singlesJuste une illusion etLes Plages d'Aubert.
Le deuxième album de Jean-Louis Aubert,Bleu Blanc Vert, se vend mieux quePlâtre et Ciment, tout en confirmant que l'aventure Téléphone est bel et bien terminée pour lui dans sa chansonVoilà, c'est fini. Par contre, l'albumRocks des Visiteurs passe complètement inaperçu à sa sortie.
Corine Marienneau arrête sa carrière musicale en 1991, mettant fin à l'aventure des Visiteurs. Louis Bertignac continue en solo et sort en 1993 l'albumElle et Louis, qui est un nouvel échec. La même année, Jean-Louis Aubert publieH, qui est une véritable réussite commerciale. Les deux artistes se lancent chacun dans une tournée qui trouvera son public.

Le, lors d'un concert de Louis Bertignac auBataclan, le groupe au complet se retrouve sur scène, comme en témoigne l'enregistrement deCrache ton venin dans le coffretAu cœur de Téléphone (2015).
Bertignac et Aubert ont conservé de bonnes relations, et se retrouvent régulièrement, comme à l'Olympia en 2005, où Aubert monte sur scène pour jouer quelques morceaux avec Bertignac, ou auTéléthon de cette même année. Le, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka se retrouvent sur le plateau deTaratata surFrance 2 pour jouerÇa (c'est vraiment toi)[38].
Par contre, des tensions insurmontables — que Louis Bertignac qualifie de« quasiment inexplicables » — subsistent entre Jean-Louis Aubert et Corine Marienneau, empêchant toute reformation du groupe au complet.
Au printemps 1999, une tentative de reformation est amorcée sur une suggestion du producteur Bertrand de Labbey. Les quatre membres du groupe se retrouvent un soir de fin juillet dans les studios La Loupe — où Jean-Louis Aubert a l'habitude d'enregistrer ses albums solo. Durant la soirée, quand bien même tout a bien commencé, une querelle se dessine entre Corine Marienneau et Jean-Louis Aubert au sujet du bassiste qui pourrait prendre la relève de Corine si les trois hommes désiraient se produire dans un club après un concert. Louis Bertignac, qui avait assuré qu'il pourrait jouer le rôle de modérateur, est sorti de la pièce pour prendre un appel au moment où la querelle éclate. Le ton monte entre Jean-Louis et Corine et la querelle se prolonge jusqu'à six heures du matin. En début d'après-midi, Richard Kolinka et Louis Bertignac reçoivent un appel de Jean-Louis qui annonce : « Je ne fais plus le groupe. ». « Je nous ai vraiment trouvés minables… », commente Kolinka[39].
Dans une interview du, Jean-Louis Aubert affirme avoir« donné son accord » pour une reformation, souhaitant que« ça se fasse dans le plaisir. Ce n'est pas refaire qui m'intéresse, mais faire des nouvelles chansons ». Mais plus tôt en 2006, Corine a sorti son autobiographieAu fil du temps où elle s'en prend à Jean-Louis Aubert. Lors de l'enterrement de son amiOlive, Aubert adresse à Marienneau un simple "Bonjour madame". C'est la dernière fois qu'ils se croisent. Depuis, il a rompu tout contact avec elle[40] et toute reformation du groupe à quatre est désormais impossible.
De nouvelles rumeurs de reformation naissent le[41], mais elles sont démenties quelques semaines plus tard[42]. Le suivant, selon la radioEurope 1, le groupe doit se reformer (sans Corine Marienneau) pour trois concerts auStade de France en 2012[43]. Le jour même, Louis Bertignac réfute ces affirmations, mais assure que le groupe se reformera« avant de mourir », expliquant que lui et Aubert sont, pour le moment, trop occupés pour les trois ans à venir.
« On en a parlé avec Jean-Louis et on se disait qu’on serait vraiment cons de mourir sans le faire. Une tournée est envisagée d’ici à 2013. Le temps de la mettre au point. »
— Louis Bertignac,, dans une interview àNice-Matin[44]
Dans un article du[45],Le Parisien annonce qu'au moins dix concerts seraient prévus pour 2012 (dont trois au Stade de France).
« Il y a beaucoup de vrai, mais l'article est faux car ce n'est pas pour 2012. Ce qui est vrai, c'est qu'on en a parlé entre nous, que notre manager a pris des contacts avec différents tourneurs pour étudier les propositions, mais c'est tout pour l'instant. Rien n'est signé. »
— Jean-Louis Aubert, réagissant au micro de la radioLe Mouv'
Le, le groupe se réunit, sans Corine, le temps d'une soirée privée pour un concert d'environ quarante-cinq minutes auBus Palladium[46].Jean-Louis Aubert,Richard Kolinka etLouis Bertignac, rejoints parAxel Bauer à la basse, jouent entre autresLa Bombe humaine,New York avec toi, Flipper etUn autre monde.

En 2015, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka forment un nouveau groupe, sans Corine Marienneau, intituléLes Insus ?[47] (pour « insupportables », jeu de mots — insus et portable — etpied de nez au nom de groupe originel)[48],[49]. La guitare basse est tenue par Aleksander Angelov, présenté comme musicien additionnel et non comme membre du groupe[50]. Le répertoire desInsus ? est exclusivement celui de Téléphone.
Jean-Louis Aubert explique que l'origine du nomLes Insus ? est liée à Wikipédia :
« C'est le surnom que je donne à Wikipédia. Quand je ne sais pas quelque chose, j'ai l'« insu portable », c'est-à-dire, j'ai tout ce que je sais pas dans mon portable. Et donc je cherchais quelque chose qui fasse référence au téléphone portable, et… ça me paraissait bien. D'ailleurs, c'est une de mes applications préférées[51]. »
Le point d'interrogation est un autre clin d’œil à Téléphone, qui au début était désigné par un simple point d'exclamation.
Après une répétition privée le au bar des Amis,Les Insus ? se produisent en concert auPoint Éphémère, àParis, le vendredi[52]. D'autres concerts suivent : d'abord à Lille le[53], puis auTransbordeur deVilleurbanne, près deLyon, le[54],[55].
Le,Les Insus ? annoncent une véritable tournée en France du au dans plusieurs grandes villes et plusieurs festivals[56],[57]. Le, ils annoncent une tournée des festivals durant l'été 2017 et un final au Stade de France le. Finalement, il y aura encore deux concerts àLa Réunion les 6 et.
L'album de la tournée,Les Insus Live, sort le[58]. À l'issue de la tournée, le groupe se dissout, chacun retournant à sa carrière solo[58]. Par la suite, Jean-Louis et Louis se retrouvent de temps à autre, à l'exemple d'un concert virtuel en visioconférence sur Facebook lors du premier confinement en 2020.
Après la séparation, la maison de disques Virgin/EMI publie de nombreuses compilations, à commencer par la compilationRappels sortie en 1991 (comportant le singleLe jour s'est levé inédit en album) suivie d'un second volume en 1993 avec deux versions inédites de répétitions de la chansonAu bout du rouleau, qui proviennent des sessions deDure limite où elle a été refusée par le producteur (la chanson sortira plus tard dans une nouvelle version sur le deuxième album solo de Jean-Louis AubertBleu Blanc Vert en 1989). Toujours en 1993, sortTéléphone - L'intégrale, un coffret regroupant les six albums du groupe, accompagné de cinq inédits live qui proviennent des concerts du à l'Olympia, du 17 au Palais des Sports de la Porte de Versailles et du 18 au Palais des Sports de Saint-Ouen. Ce coffret est suivi en 1994 d'une double compilationLa totale.
En 1996, pour les vingt ans du groupe, la maison de disque publie un nouveau best-of, suivie de l'intégrale20e anniversaire dont le contenu est similaire au précédent coffret qu'elle remplace, à l'exception du septième disque qui comporte encore des inédits live de la même série de concerts, et des nouveaux titres studios dont le singleLe jour s'est levé et la face BQuelqu'un va venir,Tout ça c'est du cinéma (publiée en version courte sur le best-of, elle provient des sessionsAu cœur de la nuit) et la compositionJe brûle, de Corine Marienneau, restée à l'état d'ébauche et qui provient des sessions deDure limite. La publication de cette dernière sans l'autorisation du groupe sera une source de tensions entre les anciens membres qui annulent la reformation du groupe pour la tournée des vingt ans[59].
En 2000 sort l'album liveParis '81, qui reprend les enregistrements de la série des trois concerts de dont certains sont sortis dans les deux intégrales, le tout remixé parGlyn Johns avec qui le groupe a enregistréUn autre monde. En 2003 et 2004, sortent deux triples albums reprenant l'intégralité discographie du groupe :L'intégrale studio etPlatinum Collection (dont le son est remastérisé et compressé).
En 2006, la maison de disquesEMI ressort la discographie de Téléphone en version remastérisée, ainsi que le nouveau best-ofTéléphone illimité avec en second disque des inédits live, le tout supervisé par Corine. Cette dernière a passé des centaines heures à écouter les enregistrements des concerts du groupe laissés à l'abandon pour ne garder que le meilleur[59].
En 2015, EMI lance la campagne de remastérisation (supervisée par Corine Marienneau) de la discographie de Téléphone intituléeAu cœur de Téléphone qui sort sous la forme d'un coffret de dix CD avec les sept albums du groupe (Le Live etParis '81 compris) accompagné de trois CD comportant des raretés live, le singleLe jour s'est levé avec sa face BQuelqu'un va venir,Tout ça c'est du cinéma et des extraits des sessions d'enregistrement à l'état d'ébauche dont la version acoustique deCendrillon ou l'inéditMa guitare est une femme interprétée sur scène aux débuts du groupe, mais non retenue pour le premier album, le tout pouvant être vendu séparément et accompagné par la sortie d'une triple compilation homonyme comportant les titres connus du groupe sur les deux premiers disques et des raretés sur le troisième. Cette campagne coïncide avec le début de la tournée des Insus, reformation du groupe sans Corine.
La même année, inspirée par le succès des deux albums hommage àJean-Jacques Goldman, la maison de disques publie un album-hommage, intituléÇa c'est vraiment nous, où de nombreux artistes français reprennent les tubes de Téléphone. Le disque est très mal accueilli par la critique et le public, en particulier les fans du groupe.
Après la séparation du groupe, la maison de disques Virgin/EMI a publié de nombreuses compilations et intégrales, avec parfois la présence d'inédits. Surfant parfois sur des évènements ponctuels — comme les 20 ans du groupe ou la formation des Insus —, la plupart de ces compilations — au contenu souvent très semblable — ne sont plus en vente et ne sont pas disponibles en numérique.
CD 1 :Téléphone
CD 2 :Crache ton venin
CD 3 :Au cœur de la nuit
CD 4 :Dure Limite
CD 5 :Un autre monde
CD 6 :Téléphone le live
CD 7 :Live inédits
CD 1
CD 2
CD 1 :Téléphone
CD 2 :Crache ton venin
CD 3 :Au cœur de la nuit
CD 4 :Dure Limite
CD 5 :Un autre monde
CD 6 :Téléphone le live
CD 7 :Inédits anniversaire
CD 1 - Best of
CD 2 - Live
CD 1 :Téléphone
CD 2 :Crache ton venin
CD 3 :Au cœur de la nuit
CD 4 :Dure Limite
CD 5 :Un autre monde
CD 6 :Téléphone le live
CD 7 :Paris '81
CD 8 : Extraits des sessions de travail
CD 9 : Extraits live parus surTéléphone illimité (2006)
CD 10
CD 1
CD 2
CD 3
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