Cet article décrit l'évolution et les particularités du syndicalisme dans les Postes ettélécommunications en France, longtemps unifiées sous l'appellation dePostes, télégraphes et téléphones (PTT).
Lesyndicalisme des PTT enFrance est né au début duXXe siècle dans les conditions particulières de la réglementation de lafonction publique. Alors que le droit syndical est reconnu en 1884[1] pour les salariés de tous les secteurs d'activité économique, l'État lui-même dénie ce droit à ses agents. L'importance grandissante des activités de communication sous monopole étatique[2] la Poste et le télégraphe, auxquelles s'ajoute progressivement le téléphone, pousse l'Administration à des recrutements nombreux. Dans l'effervescence du syndicalisme révolutionnaire français des années 1900-1910[3] une fraction importante des fonctionnaires des Postes et Télégraphes ne se satisfait plus d'être tenue à l'écart du droit commun aux autres salariés. De 1900 à 1946, la revendication de la reconnaissance de leur syndicalisme et de son rattachement à laCGT, en particulier, accompagne les nombreuses doléances des fonctionnaires de l'Administration des PTT[4]. À l'inverse de la plupart des autres fonctionnaires, les postiers et les télégraphistes utilisent une forme d'action, qui elle aussi ne leur est pas légalement reconnue : lagrève[5]
Les conditions de l'émergence du syndicalisme français des PTT ont fait que des fédérations syndicales propres aux PTT ont été créées et se sont développées dans chaque centrale syndicale, comme dans le secteur de l'Éducation nationale. Cependant, depuis la fin des années 1980, dans un cadre juridique nouveau, à la suite de laréforme des PTT de 1990, la tendance est au regroupement des forces, au sein de chaque Confédération, des salariés des deux opérateurs « historiques »,La Poste etFrance Télécom devenueOrange en 2013, avec les salariés de l'ensemble des entreprises du secteur des activités de communication.
Les PTT,Postes, télégraphes et téléphones en France n'existent plus en tant que tels depuis le vote par leParlement de la loi 90-568 du diteloi Quilès. Celle-ci crée deux établissements publics distincts :la Poste d'une part etFrance Télécom d'autre part. Cependant le terme générique PTT est le plus proche d'une réalité que lègue l'histoire sociale duXXe siècle. Souvent employés, y compris par les syndicalistesCGT qui utilisèrent les termes deFédération postale pour désigner laFédération nationale des travailleurs des PTT-CGT, les termes « postal » ou « postier » sont réducteurs à une partie seulement des salariés du secteur. Ils excluent la spécificité des "télégraphistes", fiers de leur technicité. Le terme télécommunication paraît anachronique pour les fonctionnaires des années 1900... L'Administration des PTT elle-même, a varié dans son appellation. Les Postes, Télégraphes et Téléphones, constitués en administration autonome à la fin duXIXe siècle ont, durant tout le siècle suivant, posé problème aux politiques comme aux juristes : administration publique, service public ou entreprise publique à caractère industriel et commercial ? La création en1923 dubudget annexe des PTT est une première réponse. La loi institue en même temps un organisme consultatif, leConseil supérieur des PTT, où prennent place des représentants élus du personnel. C'est une première dans une fonction publique française qu'on dit sclérosée. Mais le budget annexe ne permet pas une réelle autonomie des PTT, faute d'une réelle volonté politique. Pourtant dès les années 1960-1970, dans les faits, la séparation des PTT en deux branches distinctes est mise en place, malgré les protestations de certains syndicalistes. La loi de 1990 a mis en texte une réalité, et sans doute préparé d'autres évolutions pour leXXIe siècle. Dans l'esprit du public, le terme PTT survit, mais pour combien de temps ? Toutes les fédérations syndicales importantes tendent vers l'abandon de ce vocable…
Le syndicalisme dans les PTT est né aux alentours de 1900. Il s'est très vite distingué du syndicalisme de l'ensembleFonction publique et s'est doté d'organisations spécifiques à la "corporation", qui tiennent leur légitimité du nombre des agents concernés et des luttes particulièrement vives menées au sein de l'Administration des PTT. Lesgrèves des PTT, en1909, marquent durablement les relations sociales dans ce service de l'État. Plus proche de notre époque, leconflit de l'automne 1974 paralyse l'économie durant plusieurs semaines. Le syndicalisme, toujours puissant dans les deux branches professionnelles, est souvent tenté, conforté par l'histoire, de privilégier le "rapport de force" conflictuel sur la négociation. Le "dialogue social" est rendu difficile dans l'entreprise de main d'œuvre qu'est la Poste, par la fragmentation du syndicalisme, l'étendue du territoire, le nombre des salariés (près de 300 000 àla Poste) et le bureaucratisme des structures de l'organisation. ÀFrance Télécom (plus de 140 000 salariés), dont le secteur d'activité est ouvert à une concurrence forte d'autres opérateurs, les défis technologiques et les modes de gestion ont déstabilisé les anciennes structures syndicales.
Depuis quelques années le syndicalisme des anciens PTT se donne pour objectif de couvrir les salariés de l'ensemble des entreprises du secteur des activités postales et de télécommunication. Il aspire à dépasser le strict périmètre des activités dévolues à la Fonction publique, pour faire face à la "libéralisation" du marché des services publics.
Ledroit syndical dans les PTT, comme dans l'ensemble de laFonction publique française, n'a été véritablement reconnu que par leStatut de la Fonction publique adopté en1946. Cependant dès la fin de la première guerre mondiale, il est un fait acquis: les syndicats participent aux organismes mis en place dans l'Administration, comme lesconseils de discipline ou lescommissions d'avancement de grade. Aux PTT, parmi les 28 membres duConseil supérieur des PTT, institué en1923, les représentants du personnel, au nombre de 6, sont élus sur des listes présentées par les organisations syndicales. Seule la référenceCGT est bannie des Bulletins officiels présentant les candidats! Pourtant, bien que formellement unifié au sein d'une "fédération postale", le syndicalisme des PTT est jusqu'en1945 un assemblage, au sommet, de trois syndicats nationaux corporatifs, héritiers, pour deux d'entre eux des Associations Générales mises en place au début duXXe siècle, avec l'aval du socialiste "ministériel"Alexandre Millerand, qui est chargé du Ministère du Commerce, de l'Industrie et des PTT de1899 à1902, dans legouvernement Waldeck-Rousseau. Ledroit de grève, par contre, est fermement interdit aux fonctionnaires jusqu'à sa reconnaissance globale par le préambule de laConstitution de la4eRépublique.
Les agents des PTT peuvent se rassembler dans des Associations Générales. Toutefois il existe une exception: dès 1899, les ouvriers des PTT qui travaillent à l'installation et à l'entretien des lignes télégraphiques aériennes ou souterraines) constituent unSyndicat national des Ouvriers des PTT, qui s'affilie à laCGT. En 1914, il compterait 5 000 membres parmi un personnel d'environ 9 000 ouvriers. Les ouvriers des services techniques des centraux télégraphiques ou téléphoniques, ceux de l'Imprimerie des timbres-poste, située alors boulevard Brune à Paris,14e, les ouvriers des garages postaux relèvent de ce Syndicat, qui délègue des représentants à chaqueCongrès de laCGT.
Les « agents », c’est-à-dire les « commis » des guichets des bureaux de poste, les commis du tri et des centraux télégraphiques, ainsi que les « dames employées » des guichets et du téléphone, se regroupent dans l'Association générale des agents des PTT : 22 000 adhérents en 1914, pour un effectif de 40 000 fonctionnaires. Les commis des PTT, ainsi que les dames-employées sont recrutés par concours national. Ils ont le même niveau d'études que les instituteurs ou les institutrices. C'est parmi eux que le syndicalisme postier puise une forte proportion de ses dirigeants. Certains d'entre eux, après leurs débuts militants à l'A.G., se tournent vers le militantisme politique, où leur culture leur permet parfois de "faire carrière" d'élu local ou national. Ainsi, plusieurs des pionniers du syndicalisme postier, que les luttes sociales ont aguerris, en particulier ceux qui à la suite desgrèves de l'année 1909 ont subi des sanctions lourdes, figurent après 1918 parmi les candidats socialistes ou communistes aux élections à la députation. À laChambre des députés, entre 1919 et 1950, le groupe socialisteSFIO, le groupecommuniste et celui duParti d'unité prolétarienne, comptent plusieurs postiers"révoqués de 1909":Jean-Louis Chastanet,Jean-Baptiste Canavelli,Clovis Constant,Jules Hippolyte Masson,René Plard. Plusieurs autres ont fait leurs débuts dans ce syndicalisme postier bien particulier :André Barthélémy,Léon Dagain,Charles Lussy,Auguste Pageot,Robert Philippot,Alexandre Piquemal,Louis Sellier.
Enfin il y a la "catégorie" la plus nombreuse, 55 000 fonctionnaires, appelés jusqu'en 1919 les « sous-agents », qui deviennent à cette date les « employés » : ce sont les facteurs et les agents de manipulation et de transport du courrier. Ils se reconnaissent dans deux organisations distinctes, une A.G. des sous-agents, modérée et majoritaire, bien implantée parmi les facteurs ruraux, et unSyndicat national des sous-agents, né au cours d'une grève des facteurs parisiens en. Ce syndicat illégal, mais qui rassemblerait près de 9 000 membres adhère à laCGT en 1910, malgré la sanction que ce ralliement implique : il n'est pas reconnu par l'Administration forte en la matière de la jurisprudence duConseil d’État.
Au moment desgrèves qui secouent les PTT à la fin du MinistèreClemenceau, en1909, les trois organisations qui mènent le mouvement, AG des agents, Syndicat des sous-agents et Syndicat des ouvriers, se rassemblent dans uneFédération nationale des PTT, autonome, qui disparait en 1914.
La fin des hostilités en 1918 s'accompagne d'un essor du mouvement syndical. En décembre, l'AG des agents se transforme en Syndicat national des agents des PTT. Puis le, les trois syndicats nationaux (Agents, Employés et Ouvriers) s'unissent dans une structure fédérative, où chacun garde son autonomie. Ainsi naît laFédération nationale des travailleurs des PTT de France et des colonies. Elle adhère à laCGT, sitôt sa création. Elle constitue dès1920, une des fédérations-clefs (selon la classification utilisée parAnnie Kriegel) de la Confédération. On estime à 43 500 le nombre de ses adhérents, chiffre important, qui donne à voir un taux de syndicalisation de la profession avoisinant les 30 %. À la direction de cette fédération chacun des trois syndicats nationaux est représenté. Ainsi en, le secrétaire général est un "employé",Léon Digat, le secrétaire général-adjoint est un "agent",Joseph Lartigue, et un troisième secrétaire est issu du syndicat des "ouvriers",Antoine Tournadre. Les débats sur le ralliement auxComités syndicalistes révolutionnaires (CSR), puis autour de l'adhésion à l'Internationale syndicale rouge entrainent, lors du2e Congrès de la fédération, en, un partage des forces en faveur du maintien dans laCGT: 159 voix contre 129, sur 350 mandats.
La Résistance au sein des PTT est multiforme. Aucune synthèse n'a été faite, qui prenne en compte tous les réseaux, les actes relevant des résistances locales, les sabotages des lignes télégraphiques, la coupure des câbles souterrains, le renseignement, la participation syndicaliste dans les institutions vichystes et la résistance des syndicalistes eux-mêmes. Cette dernière est fortement entravée par le ralliement àRené Belin de certains dirigeants de la Fédération postale et par l'attentisme, pour le moins passif à l'égard du nouveau régime, des autres membres de la direction fédérale. L'exclusion des anciens syndicalistes unitaires de la Fédération des PTT en prive ceux-ci d'un moyen d'action et d'une légitimité indiscutable. De plus à l'automne 1940, plusieurs syndicalistes "unitaires" et communistes sont révoqués de l'administration au même titre que les juifs et les francs-maçons. C'est le cas deMarie Couette,Jean Lloubes,Léonard Garraud,René Bontemps, tandis que d'autres sont arrêtés telJean Grandel.
C'est par le relais des organisations duParti communiste français que se constitue le mouvement résistantLibération nationale PTT, lié au Front national de lutte. Aux noms déjà cités, il faut ajouter d’autres dirigeants syndicalistes unitaires,Henri Gourdeaux,Emmanuel Fleury,Camille Trébosc,Fernand Piccot,Jean Abbadie. Ce mouvement a une importance notable surtout en Région parisienne, où il dirige en août1944 la grève générale des services postaux. Plusieurs de ses dirigeants sont déportés, Jean Lloubes àBuchenwald, René Bontemps àMauthausen, tout comme Léonard Garraud, qui y meurt. L'épouse du dirigeant des facteurs parisiens,Marie-Thérèse Fleury, syndicaliste elle-même, meurt àAuschwitz.
De même les milieux résistants socialistes se regroupent dans plusieurs mouvements, commeAction PTT, dirigé parErnest Pruvost,Maurice Horvais,Simone Michel-Lévy, ou commeEtat-major PTT (EMPTT). Ces mouvements se rassemblent en 1943 dansRésistance PTT, dont l'origine est due à un rédacteur des Services ambulants,Edmond Debeaumarché, déporté par la suite. Ce mouvement semble particulièrement implanté parmi l'encadrement, tout comme un autre réseau de Résistance, étendu au niveau de laFonction publique, le NAP,Noyautage des administrations publiques, spécialisé dans le Renseignement.
Selon certaines sources, 10 000 postiers sur un effectif de 200 000, auraient pris une part active dans les réseaux de Résistance. Cela représenterait 5 % de la profession. D'autres citent le chiffre de 9 %, qui paraît exagéré. Incontestables sont les chiffres suivants qui ne concernent que les agents des PTT :
La réunification syndicale dans la clandestinité, actée pour la CGT dans son ensemble par lesAccords du Perreux, en avril1943 ne se réalise pas aux PTT. Le passif entre anciens confédérés et anciens unitaires ne permet aucune entente. L'ancien confédéréLéon Digat et l'ancien unitaireEmmanuel Fleury trouvent un terrain d'entente, fin 1943. En vain. En, ce sont deux fédérations rivales qui aspirent à la reconnaissance administrative et syndicale. Celle-ci est d'abord acquise par la fédération postale reconstituée par l'ancienne équipe dirigeante de 1939 :Jean Mathé,Aimé Cougnenc,Edmond Fronty. Les communistes, qui dirigent une fédération issue deLibération nationale PTT obtiennent un arbitrage duBureau confédéral de la Cgt: la fédération des PTT est placée sous un système de cogérance, sous l'autorité d'un résistant,Coste, secrétaire général, d'un ancien confédéréAstrie et de l'ancien unitaireEmmanuel Fleury, secrétaires, jusqu’au Congrès qui se réunit du 11 au, àLimoges.
Les documents mis en discussion au congrès de 1945 sont clairs : il s'agit du « premier Congrès de la fédération postale reconstituée ». Pourtant, si on suit la chronologie de la Fédération "postale", c'est le10e congrès de celle-ci depuis 1919, qui se tient. C'est un bouleversement du rapport des forces internes qu'enregistre le vote du rapport. 79 500 voix se prononcent contre la direction des confédérés, 10 588 voix l'approuvent, 5 048 s'abstiennent. Au terme des travaux, le communisteFernand Piccot devient secrétaire général de la fédération Cgt des PTT. Un congrès extraordinaire a lieu en, à la suite desgrèves de l'été de cette même année. L'enjeu est d’importance : la fédération regroupe près de 150 000 adhérents, selon les sources cégétistes. Les résultats des votes confirment le basculement de la fédération CGT des PTT, dans l'orbite des anciens unitaires : 92 156 voix pour, 27 748 contre, 4 815 abstentions.Fernand Piccot est réélu secrétaire général. En1950,Georges Frischmann lui succède. Communiste, il siège aubureau politique duPCF à partir de1954. Il dirige la fédération postale durant 29 ans. Son successeurLouis Viannet, de 1979 à 1982, est lui aussi militant notoire duParti communiste français, tout comme l'ouvrier des timbres,Albert Leguern, qui dirige la CGT-PTT de1982 à1988. La Fédération nationale des travailleurs des PTT-CGT, un temps ébranlée par lascission de 1947, ses effectifs approchant les 45 000 syndiqués en 1953, est demeurée la première force syndicale aux PTT depuis1950 jusqu'à nos jours. C'est également une des plus importantes fédérations de laCGT.Maryse Dumas, qui a été jusqu'en 2009 une "officieuse" numéro"2" de la CGT, était issue de cette fédération. Première femme à accéder à cette fonction aux PTT, elle est de 1988 à 1998, la secrétaire générale de la CGT-PTT. Son successeur a étéAlain Gautheron. CommeMaryse Dumas, il était issu du corps des inspecteurs des PTT, c’est-à-dire de l'encadrement professionnel. C'est de nouveau une femme,Colette Duynslaeger, qui depuis 2004 dirige la CGT des PTT. Cette fédération s'appelle désormais laFédération des salariés du secteur des activités postales et de télécommunications.
Pendant les trois années qui suivent la Libération, les PTT sont le champ d'un affrontement entre la direction de la fédération et les anciens confédérés. Finjuillet- début, ceux-ci lancent aux PTT unegrève, qui exprime le mécontentement d'une profession quant à son niveau de vie, mais qui est aussi utilisée contre le ministre d'État chargée de lafonction publique, le communisteMaurice Thorez. Un Comité National de Grève, dirigé parCamille Mourguès est mis en place, pour concurrencer la fédération postale. Transformé enComité d’action syndicaliste en décembre1946, ce comité, qui annonce 15 000 membres, est à la base de laFédération syndicaliste des travailleurs des PTT, créée les 11-. Cette fédération adhère àForce ouvrière en. Plusieurs anciens responsables "confédérés" y prennent place,Jean Mathé,Charles Moreau, mais aucun n'y détient de responsabilités importantes. C'est une des plus importantes de la jeune centrale syndicale. Annonçant 29 000 adhérents en 1952, elle en atteindrait 52 000 en 1964. En août1953, sa présence active dans lesgrèves du secteur public, et son rôle dans la fin du conflit assoient sa visibilité. Sous la Quatrième République, elle bénéficie d'un environnement politique favorable:FO ralliant à elle les postiers socialistes, les députésSFIO, comme le rapporteur du budget des PTTLéon Dagain et le ministre socialiste des PTTEugène Thomas qui a ce secteur en charge durant 77 mois, cumulés entre novembre1945 et lui prêtent une oreille favorable. La puissance de FO-PTT, qui n'est que la seconde force syndicale de la profession jusqu'en 1983, est à son apogée vers 1958-1961. Son leader emblématique estCamille Mourguès, qui reste un des responsables de la fédération des PTT, même après son accession au bureau confédéral deForce ouvrière en 1960. Ses successeurs sontRoger Viaud de 1957 à 1969, puisAndré Fossat[6]. À partir de la fin des années 1960 le déclin de FO-PTT est accompagné par l'affirmation d'une troisième puissance syndicale, laCFDT, issue de laCFTC.D'autres syndicalistes de FO PTT ont accédé au bureau confédéral deForce ouvrière, au temps du long mandat deAndré Bergeron, telJean Rouzier[7]. Rival en 1989 deMarc Blondel pour le poste de secrétaire général deFO,Claude Pitous, considéré comme le successeur désigné par André Bergeron, est issu de la fédération des PTT, qu'il dirige de 1978 à 1982[8]. Il bénéficie en cette occasion du soutien deJacques Marçot, secrétaire général de FO-PTT depuis 1982. Mais il échoue.
Renommée depuis l'année 2000FO communication, cette fédération est dirigéeactuellement[Quand ?] par Christine Besseyre.
La division durable du syndicalisme aux PTT ne se limite pas à la scission entreCGT etFO. Les années d'après la Libération sont celles où émerge un troisième pôle syndical, autour de laCFTC. Quasi inexistante avant 1939, laFédération des syndicats chrétiens des PTT- CFTC gagne au cours de la4eRépublique une audience qui recueille l'assentiment de 20 % des postiers. Les grèves de l'été 1953 provoquent des remous au sein des militants CFTC, du fait d'un appel précoce à la reprise du travail. Forte de 20 000 membres, en, lors de son congrès tenu à Lyon, la fédération PTT-CFTC élitCharles Fleury, nouveau secrétaire général. La minorité, qui souhaite une évolution vers la laïcisation de la Centrale syndicale recueille 455 mandats, contre 627 et 15 abstentions. Jusqu'en 1964, ce débat agite les militants CFTC. Après cette date, la CFTC "maintenue" a gardé àla Poste et àFrance Télécom une audience réelle et constante, qui apparaît dans les résultats des élections professionnelles. Le Président duSénat français (en date de 2008), deuxième personnage de laRépublique,Christian Poncelet a fait ses "classes" dans le syndicalismeCFTC. En 2007 la fédérationCFTC desPTT est dirigée parLaurence Decroix, présidente etDaniel Rodriguez, secrétaire général. En 2010, dirigée parJean-Luc Jacques, elle accuse la Poste d'avoir violé le Code du Travail en n'incluant pas les mois ou années passés en CDD dans l'ancienneté de près de 100.000 postiers et intente une action en justice retentissante pour obtenir réparation[9].
En1964, la déconfessionnalisation de laCFTC, donne naissance à une nouvelle force, laCFDT. Aux PTT, le paysage syndical s'enrichit donc de laFédération démocratique des travailleurs des PTT-CFDT[10]. Portée par l'essor des luttes syndicales et la popularisation des idées autogestionnaires, la CFDT-PTT est partie prenante desgrèves de 1968 et de1974 aux PTT. Durant 12 années cruciales, le secrétaire général de la CFDT-PTT estÉmile Le Beller. Cette fédération fusionne avec un syndicat autonome, implanté aux Télécommunications, la FNT (Fédération nationale des télécommunications). Devenuefédération démocratique unifiée CFDT-PTT, puisFédération unifiée des postes et télécoms (FUPT CFDT), elle est à partir de 1980 la seconde force syndicale des PTT. Mais elle connaît deux crises successives. En 1987, le secrétaire généralDenis Tonerre est remplacé brusquement. Puis plus gravement, en 1988-1989, une fraction notable de ses effectifs rejointSud-PTT. Lors de la mise en chantier de laréforme des PTT, par le ministre socialistePaul Quilès, la CFDT PTT joue un rôle actif dans la promotion du changement. Le secrétaire général de la CFDT-PTT, Jean-Claude Desrayaud, qui fait face à la sécession deSud-PTT, est un des interlocuteurs les plus écoutés deHubert Prévot. Ce dernier, haut fonctionnaire est un anciencommissaire général au Plan, mais il est aussi un ancien syndicaliste éminent de laCFDT, où de 1975 à 1982, il est secrétaire confédéral chargé du secteur économique. En 2005, la CFDT PTT a fusionné avec la fédération CFDT de la culture (FTILAC CFDT) et la partie "conseil" de la Fédération des Services pour donner naissance à l'actuelle fédérationF3C CFDT, Communication, Conseil, Culture dont le champ est beaucoup plus large. Le premier congrès de cette fédération nouvelle, en, a eu lieu àDijon. Le second congrès de cette fédération a eu lieu en àStrasbourg
En 2021, la CFDT retrouve un siège cadre au Conseil d’Administration d’Orange.
C'est de l'intérieur de laCFDT que s'opère en1989, une nouvelle scission syndicale. L'aile gauche de laCFDT, au terme de débats internes portant sur le recentrage syndical de la confédération et à la suite d'un conflit social très dur, celui des "camions jaunes" de l'automne1988 est amenée à quitter cette centrale en construisant une sixième fédération syndicale aux PTT:Solidaires Unitaires DémocratiquesSUD-PTT. Avant d'essaimer des groupes SUD dans de nombreux secteurs professionnels, c'est aux PTT que SUD a trouvé son berceau. Fondé, selon les observateurs du mouvement "SUD", par une bande de quatre copains,Annick Coupé,Christophe Aguiton,Christian Chartier,Thierry Renard, le syndicat est dirigé parAnnick Coupé jusqu'en 1999, par une autre syndicaliste,Joëlle Charuel de 1999 à 2002, puis parRené Ollier, selon une volontaire rotation des responsables. Annonçant 15 000 adhérents le syndicatSUD-PTT était devenu la2e force du syndicalisme des postiers et des télécommunicants.
SUD-PTT est aujourd’hui le 5e syndicat d’Orange.
À cette diversité dusyndicalisme, caractéristique qui n'est pas uniquement celle des PTT, comme dans toutes entreprises, il faut ajouter le syndicalisme catégoriel des cadres.
En 2006, laCFE-CGC organise sa transformation en fusionnant dans un seul syndicat ses différentes composantes présentes au sein du groupe France Télécom (Fonction Publique, Salariés de droit privé en maison mère et en filiales) et en abandonnant son statut catégoriel. La Cour de Cassation viendra confirme que sa représentativité ne peut être catégorielle en raison de la présence de fonctionnaires au sein du corps électoral. Ce syndicat prend successivement le nom de CFE-CGC France Télécom puis CFE-CGC Orange.
En, la CFE-CGC et SUD-PTT crée l'Observatoire du Stress et des mobilités forcées, alors que la crise sociale couve à France Télécom. Avec SUD-PTT, la CFE-CGC se porte partie civile dans le "procès des suicides" qui aboutit. En première instance à la condamnation d’Orange et en appel le 30 septembre 2022 à la condamnation de Didier Lombard et de 4 autres dirigeants.
Le syndicat est dirigé par un Président, par ailleurs cadre dirigeant d'Orange,Sébastien Crozier (depuis 2006) et un Secrétaire GénéralThierry Chatelier.
La progression de la CFE-CGC Orange en 14 ans, passant de la 6e à la 1ère place est sans doute l’un des événements syndicaux le plus marquant des dernières années à Orange[11] (ex-France Telecom - Orange).
Elle remporte également le siège Cadre aux élections du Conseil d’administration de 2017, puis de nouveau un siège cadre en 2021. Elle remporte aussi le siège de l’administrateur représentant les salariés actionnaires en 2020 et dispose depuis de deux sièges au Conseil d’Administration.
Le début des années 2000 est marqué pour le syndicalisme aux PTT par la réactivation d'un syndicalisme autonome, jamais disparu totalement depuis la naissance du mouvement syndical. Ainsi, principalement issu deFO, une branche de l'UNSA a acquis le statut d'organisation syndicale représentative aux Télécoms d'abord, à France Télécom dans l'Ouest (Ex DR Bretagne et Pays de Loire) puis en 2005 àLa Poste.
En 2008, la CFE-CGC et l'UNSA décident de faire alliance à France Télécom. La CFE-CGC et l'UNSA France Télécom-Orange présentent des listes communes aux élections professionnelles IRP et Paritaires de et aux élections du Conseil d'Administration d'.
A partir de juillet 2013, le syndicat UNSA du groupe France Télécom-Orange s'associe à la CFDT.
Il est à noter aussi l'existence d'une branche PTT de laCNT, Confédération nationale du travail, animée par quelques militants. Elle n'est pas reconnue par La Poste, parmi les syndicats représentatifs.
Régulièrement, ont lieu dans chacune des deux entreprises, desÉlections professionnelles. Elles permettent d'élire des représentants du personnel siégeant dans les divers Comités et Commissions paritaires, àla Poste, ou les délégués du personnel et les représentants syndicaux dans les comités d'entreprise àFrance Télécom. La loi de1990, a institué àLa Poste, unConseil d'administration de 21 membres, dont 7 sont élus tous les cinq ans par les salariés de l'établissement public. Un même organisme avait été institué à France Télécom. Mais depuis 2004, à la suite de la privatisation de l'entreprise, les élections ont lieu selon un calendrier différent. Les résultats de ces élections donnent à voir l'influence des diverses organisations syndicales et l'évolution de celle-ci.