| Nom de naissance | Suzanne-Louise-Marie Marion |
|---|---|
| Naissance | Saint-Servan (Ille-et-Vilaine) |
| Décès | (à 82 ans) Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) |
| Genre musical | Chanson |
Suzy Solidor,nom de scène deSuzanne Marion, est unechanteuse,actrice etromancièrefrançaise née le àSaint-Servan (Ille-et-Vilaine) et morte le àCagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).
Nommée « la Madone des matelots »[1], est une figure emblématique desannées 1930. Symbole de lagarçonne des « Années folles », elle a contribué à populariser auprès du grand public, le milieulesbien parisien, célébrant par l'interprétation de plusieurs chansons les amourssaphiques (par exemple :Ouvre, ouObsession)[2].
Suzy Solidor naît de père inconnu àSaint-Servan-sur-Mer (commune aujourd'hui rattachée àSaint-Malo) dans le quartier de la Pie. Sa mère, Louise Marie Adeline Marion, âgée de près de trente ans, est alors domestique deRobert Henri Surcouf, avocat, député de Saint-Malo et armateur, descendant de la famille du célèbrecorsaire .
Pour échapper à sa condition de fille-mère, Louise Marion épouse le Eugène Prudent Rocher qui reconnaît la petite Suzanne, alors âgée de sept ans. Celle-ci prend dès lors le nom de Suzanne Rocher. La famille s'installe dans le quartier deSolidor à Saint-Servan, qui va inspirer plus tard son nom de scène à Suzy. Elle est à cette époque, la voisine deLouis Duchesne,chemin de la Corderie, sur la cité d'Aleth.

Suzy Solidor apprend à conduire en 1916 et passe son permis l'année suivante, ce qui à l'époque est exceptionnel pour une femme. Peu avant l'armistice de 1918, promue chauffeur des états-majors, elle conduit des ambulances sur le front de l'Oise puis de l'Aisne[3],[4].
Après la guerre, elle s'installe à Paris. À cette époque, elle rencontreYvonne de Bremond d'Ars, célèbre et très mondaine antiquaire, laquelle devient sa compagne pendant onze ans. « Ce fut Bremond d'Ars qui la première lança Solidor en tant qu’œuvre d'art et qui la présenta au public commeimage / icône (...)Elle m'a sculptée, déclare elle-même, Solidor »[5].
Après leur séparation en 1931, Suzy Solidor entretient plusieurs relations avec d'autres femmes, notamment avec l'artiste peintre Tamara de Lempicka[6]. Solidor noue une aventure amoureuse avec l'aviateurJean Mermoz[4] qui lui offre un magnifique bijou, cœur de diamants traversé par une flèche de rubis. Le pilote fait également réaliser d'elle, un portrait parPaul Colin[7].
Elle se tourne vers la chanson en 1929 et adopte peu après, le pseudonyme sous lequel elle devient célèbre. Elle fait ses débuts àDeauville, au cabaretLe Brummel[8]. Son répertoire se compose essentiellement de chansons de marins et d’œuvres plus sensuelles, équivoques et audacieuses. Sa voix grave, quasi masculine (« une voix qui part du sexe » selon Jean Cocteau[9]), son physique androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits. Surnommée « l'Amiral », icône de la chanson maritime, elle se produit en 1933 avec succès àL'Européen puis ouvrerue Sainte-Anne « La Vie parisienne », un cabaret « chic et cher », lieu de rencontres homosexuelles, où chante entre autres le jeuneCharles Trenet.
En 1930, elle ouvrequai Voltaire un magasin d'antiquités et d'objets d'art premier, appelé La Grande Mademoiselle, avec le soutien deHenri Saulnier-Ciolkowski et de son épouse Marie-Ange, cette dernière reprenant la gestion de l'échoppe en 1933, où se croisent de nombreux artistes[10],[11].
Sa réputation lui vaut d'apparaître en 1936 dans l'adaptation cinématographique du roman sulfureux deVictor Margueritte,La Garçonne. Elle devient parallèlement l'égérie des photographes des magazines de mode et des peintres, sa silhouette sculpturale inspirant plus de 200 d'entre eux[12], parmi lesquelsJean-Denis Maillart,Raoul Dufy,Maurice de Vlaminck,Yves Brayer,Francis Picabia,Man Ray,Jean-Gabriel Domergue, Félix Labisse,Jean-Dominique Van Caulaert,Kees van Dongen,Arthur Greuell,Foujita,Suzanne Van Damme,Marie Laurencin,Francis Bacon etJean Cocteau. Son portrait le plus célèbre est un tableau d'inspiration cubiste, signé par l'artiste peintreTamara de Lempicka en 1935, laquelle accepte la commande sollicitée par Yvonne de Brémond d'Ars, dans l'hypothèse où Suzy pose nue.La chanteuse la pluscroquée du siècle a dit d'elle-même, avec humour : « Je suis plus à peindre qu'à blâmer »[1].
Durant l’Occupation, son cabaretLa Vie Parisienne, rouvre en[13]. Le lieu est fréquenté par de nombreux officiers allemands. Suzy Solidor ajoute à son répertoire une adaptation française deLili Marleen, chanson allemande adoptée par les soldats de laWehrmacht, avant de l'être par lesarmées alliées, qu'elle interprète de façon régulière à l'antenne de la stationRadio-Paris.
On retrouve Suzy Solidor parmi les vedettes régulièrement invitées à l'antenne de la chaîne de télévision allemandeFernsehsender Paris, jusqu'à la libération de la capitale[14].
SelonAndré Halimi,« elle mériterait un brevet d'endurance pour l'inlassable activité qu'elle mena pendant l'Occupation, car elle passe d'un cabaret à l'autre, d'une radio à l'autre, d'un music-hall à l'autre »[15]. Ces activités lui valent d'être traduite à laLibération devant lacommission d'épuration des milieux artistiques, laquelle lui inflige un blâme et lui impose une interdiction d’exercer de 5 ans[16]. Elle cède alors la direction de son cabaret à la chanteuseColette Mars laquelle y a fait ses débuts et part chanter aux États-Unis.
De retour à Paris, Suzy Solidor ouvre en le cabaret « Chez Suzy Solidor »,rue Balzac à proximité, près desChamps-Élysées, qu'elle dirige jusqu'au début de l'année 1960, avant de se retirer sur laCôte d'Azur. Elle s'installe àCagnes-sur-Mer où elle inaugure la même année un nouveau cabaret, « Chez Suzy », décoré avec 224 de ses portraits.
Elle s'y produit jusqu’en 1967 avant de prendre la direction d'un magasin d'antiquités, place du château du Haut de Cagnes où elle accueille un temps Michèle Mochot, la jeune maîtresse du coupleDebord-Bernstein.
Continuant sa collection de portraits, elle en commande un nouveau àFrancis Bacon, lequel accepte de la peindre en 1957, pour rembourser une dette de jeu. Elle déteste ce tableau et le met en vente en 1970 ; Bacon le rachète et le détruit[17].
En, elle offre une quarantaine de ses portraits à la ville deCagnes-sur-Mer, figurant depuis parmi les œuvres remarquables dumusée-château Grimaldi dans le Haut de Cagnes[18].
Suzy Solidor meurt à l'âge de 82 ans, le àCagnes-sur-Mer et est inhumée au cimetière ancien de la même ville[19].
Suzy Solidor est le sujet principal de la chansonSad Songs du groupeThe Christians et de la pièceAll I Want is One Night écrite par Jessica Walker[20].