La population se concentre sur environ 3 % du territoire, le reste du pays étant au moins constitué à 97 % par laforêt amazonienne, et plus de 90 % de la population se concentre sur la côte qui donne sur l'océan Atlantique.
La graphieSurinam[9], employée depuisCandide deVoltaire[10], est toujours celle utilisée dans de nombreux guides touristiques[11] ou certains organes de presse[12],[13].
L'ex-Guyane néerlandaise gagne son indépendance desPays-Bas en 1975, après avoir été déclarée autonome en 1954[8]. Le pays change finalement de nom en 1987. L’origine de son nom esthydronymique, leSuriname est en effet le cours d’eau le plus important du pays[17].
Le pays peut être divisé en deux principales aires géographiques : la zone côtière des basses terres du nord, qui a été cultivée et où vit la plupart de la population, et la partie sud constituée deforêts tropicales humides et desavanes peu habitées et qui couvrent environ 80 % de la surface du pays.
Les frontières terrestres du pays demeurent toutefois incertaines, principalement dans le sud du pays où des différends territoriaux ont lieu avec la Guyane française à l'est et avec le Guyana à l'ouest le long des fleuvesMarowijne etCorantijn. Toutefois, le 15 mars 2021, les différends entre le Suriname et la Guyane française semblent avoir été réglés[18],[19].
Le Suriname est, avec laGuyane (qui le jouxte sur une frontière de 510 km) et une partie duBrésil, une des régions du monde les plus riches enbiodiversité, mais celle-ci est en rapide recul, au moins en termes de surface disponible. Le pays couvre 2 % de laforêt amazonienne.
Laforêt tropicale et les milieux naturels sont de plus en plusécologiquement fragmentés et remplacés par des plantations (riz, arbres), des villages et des infrastructures. La naturalité des milieux diminue fortement autour des implantations humaines et le long des routes et pistes.
L'orpaillage illégal y est en plein développement (maintenant très visible sur les dernières images satellitaires deGoogle Earth par exemple). Les gigantesques mines debauxite fournissent 80 % des recettes d’exportation, non sans un impact majeur sur la forêt. Dans les grandes cultures deriz et debanane, on utilise beaucoup depesticides (insecticides en particulier) qui sont d'autant plus rapidement évaporés ou lessivés par les eaux superficielles que le climat est chaud et humide.
Selon l'ONU, bien que la situation économique semble s'améliorer depuis les années 2000, 50 à 60 % de la population manquent des ressources nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels, ce qui encourage l'économie informelle et l'orpaillage illégal dans le pays, comme dans les pays voisins, l'exploitation illégale ou inadaptée de la forêt et du gibier. Le gouvernement du Suriname a établi un plan pluriannuel de développement jusqu’en 2010 pour tenter de vaincre la pauvreté.
Depuis1999, laFrance a inscrit le Suriname dans ce qu'elle nomme lazone de solidarité prioritaire, un mécanisme de développement économique, qui a notamment permis une coopération avec laGuyane et la France métropolitaine via le Programme opérationnel de coopération transfrontalière 2007-2013 « Amazonie »[21],[22].
Les premiers contacts entre Européens etautochtones se font en 1500, lors d’expéditions espagnoles sur les côtes (Pinzón). Des expéditions britanniques sont menées bien plus tard (1595-1616) parWalter Raleigh. À partir de 1616, les premières colonies permanentes néerlandaises s’installent sur les estuaires del’Essequibo, de laBerbice puis de laDemerara (en actuel Guyana). En 1630, des Britanniques s’implantent à l’embouchure du fleuve Suriname, ce qui mènera en 1651 à la création de la prospère et éphémère colonie britannique, parAnthony Rowse et LordFrancis Willoughby de Parham, gouverneur de laBarbade. Des colons britanniques et des esclaves noirs arrivent alors de laBarbade.
Cette colonie est conquise en 1667 par les Néerlandais, qui cèdent aux Anglais laNouvelle-Néerlande en retour. Jusqu’à la fin duXVIIIe siècle, les Néerlandais deviennent maîtres du littoral des Guyanes, duMaroni à l’Essequibo (soit le Suriname et le Guyana). Les quatre colonies permanentes sont administrées par la Compagnie des Indes occidentales, dont la ville d’Amsterdam devient propriétaire en 1770.
En 1783, après un siècle de révoltes et d'évasion d’esclaves (marronnage), du fait des dures conditions de ces derniers, les Néerlandais signent un traité avec le chef des révoltés Aluku Nengé, surnommé Boni, reconnaissant une véritable autonomie aux Noirs réfugiés dans les zones forestières.
Les colonies sont reprises par les Britanniques de 1796 à 1799, menant aux traités par lesquels les trois colonies de l’Essequibo, Berbice et Demara (soit le Guyana) restent à la Grande-Bretagne, et celle du Suriname aux Pays-Bas. Ainsi, en 1816, les colonies passent sous l’administration des Pays-Bas, faisant ainsi perdre tous leurs privilèges à la Compagnie des Indes occidentales et à la ville d’Amsterdam. Un gouverneur est alors nommé par La Haye.
Vente d'esclaves dans la cour d’une demeure bourgeoise de Paramaribo en 1831[23].
Pendant l'occupation britannique, entre 1796 et 1816, de nombreux esclaves noirs, déjà anglophones, et en provenance des Antilles britanniques, arrivent au Suriname. Leur présence explique le développement decréoles à base d'anglais, comme lesranan, ou lesaramaka. Ces créoles s'étendent avec lemarronnage dans le pays, au détriment du néerlandais, langue des colonisateurs qui reviennent en 1817.
L’esclavage est aboli tardivement, en 1863 (en 1794 puisen 1848 dans les colonies françaises). Les colons font alors venir des travailleurshindoustanis (accord avec Londres),javanais etchinois. Comme pour lesIndes néerlandaises (l'actuelle Indonésie), le Suriname a le statut d'une colonie commerciale. Les colons blancs néerlandais sont rares, mais ils arrivent cependant à instaurer la languenéerlandaise comme langue coloniale, contrairement à l'Indonésie, car il y a plusieurs ethnies différentes, et donc des langues différentes. L'anglais sera utilisé comme seconde langue administrative et commerciale.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1945, le Suriname est mis sous tutelle des Américains et de la Grande-Bretagne, car les Pays-Bas sont occupés par l’Allemagne. La colonie coopère alors avec les alliés et l’administration coloniale néerlandaise. À la suite de la libération des Pays-Bas en 1945, des mouvements populaires émergent pour demander l’indépendance. Enfin, en 1954, la colonie du Suriname reçoit de la couronne néerlandaise un statut d’autonomie interne (sous forme d’assemblée législative élue au suffrage universel).
À la fin des années 1960, des tensions fortes éclatent entre le Suriname et le Guyana, ancienne colonie britannique, autour d'un désaccord frontalier près de l'aéroport de Tigri, construit par le Suriname. Le Guyana a envoyé une petite force tenter de prendre le contrôle de ce territoire, échangeant des tirs avec la police surinamaise, distincte des forces néerlandaises, contrainte de se replier[24].
L’acte d’indépendance est adopté le par le parlement surinamais[8]. Le gouvernement est alors celui deHenck Arron, qui remporte en 1973 l’élection générale pour acquérir l’autonomie gouvernementale. Survient alors un exode des Hindoustanis, surtout vers lesPays-Bas.
Le, à la suite d'uncoup d’État, unedictature militaire menée principalement parDesi Bouterse s'installe. La prise du pouvoir par les militaires, largement soutenue par la population, vise officiellement à lutter contre la corruption, le chômage (qui frappe alors 18 % de la population active), et à remettre de l'ordre dans les affaires publiques. Cependant, « les plans politiques étaient vagues, aucune discussion idéologique n'avait eu lieu en préparation du coup d’État », note l'historienne Rosemarijn Hoefte[25]. LesPays-Bas suspendent l'aide au développement accordée à leur ancienne colonie, déstabilisant ainsi l'économie surinamaise. Dans le même temps, la chute des cours de labauxite, principale exportation surinamaise, accentue la crise économique. Le régime est rapidement confronté à plusieurs soulèvements, tantôt conduits par une partie de l’armée, tantôt par des civils[26]. Une répression violente est mise en place, se manifestant notamment le, lors del’assassinat de quinze opposants au régime militaire àFort Zeelandia.
Une révolte desBushinenges à l'été 1986, conduite parRonnie Brunswijk, un des gardes du corps de Bouterse, cause le début d’uneguerre civile. Les forces gouvernementales répliquent, notammenten massacrant des dizaines decivils bushinenges dans le village natal de Ronnie Brunswijk, proche de lafrontière française. La communauté internationale fait pression pour instaurer un régime démocratique. Le gouvernement signe la paix avec les Bushinenge le lors de l'accord de paix de Kourou, mais sa mise en application est retardée parDesi Bouterse qui reprend le pouvoir par un nouveau coup d'État, le. L'année suivante, il perdles élections(en) face àRonald Venetiaan qui devient président de la République en1992.
La démocratie est alors rétablie et l’aide néerlandaise reprend. L'élection présidentielle suivante, en 1996, porteJules Wijdenbosch à la présidence de la République. Ronald Venetiaan remportera l'élection présidentielle de, ainsi que celle de 2005 (dans une coalition de huit partis, comprenant 29 députés sur 51).
Le se tient le procès des auteurs présumés des « massacres de décembre 1982 » (24 suspects, dont Dési Bouterse, qui refuse de se présenter devant le tribunal).
Enfin, le, lesélections législatives placent la coalition de Dési Bouterse en tête, mais sans majorité absolue. Celui-ci est néanmoins élu président de la République en juillet.
Il est réélu à la suite desélections législatives du, où il obtient une majorité absolue, mais cela ne permet pas sa réélection en tant que président de la République. Il est réélu pour un deuxième mandat de président de la République le, en passant des alliances.
Le Suriname est une démocratie établie par la Constitution de1987. Le corps législatif est l'Assemblée nationale, composée de51 membres élus tous les cinq ans.
L'Assemblée nationale élit leprésident de la République, chef de l'exécutif, par une majorité des deux tiers. Si aucun candidat n'atteint une telle majorité, le président est élu par l'Assemblée du peuple, une institution de340 personnes composée de l'Assemblée nationale et de représentants régionaux.
Le droit au Suriname est fondé sur unsystème juridiqueciviliste, basé notamment sur le système juridique civiliste des Pays-Bas, pays dont le Suriname a obtenu son indépendance en1975. Le Code civil du Suriname constitue le texte de loi fondamental du pays (outre la Constitution)[27].
Le gouvernement du Suriname peut délivrer deux décorations aux individus, nationaux ou étrangers, dont l'action civile ou militaire a bénéficié au pays ou à la nation surinamaise. L'Ordre de l'Étoile jaune est la plus haute distinction.
Le Suriname est divisé en dixdistricts, qui constituent la plus grande division administrative du pays. Seul le district de Sipaliwini ne bénéficie pas de capitale et est plutôt administré directement par le gouvernement national depuis la capitale, Paramaribo. Chaque district est dirigé par un commissaire de district qui est nommé par le président. Ce dernier peut également le démettre de ses fonctions. Chaque district est subdivisé enressorts, qui constituent en quelque sorte des entités municipales. Il s'y compte un total de 62 ressorts.
LesMarrons (descendants d'esclavesafricains évadés) représentent environ 21,7 %, alors que lesCréoles, d'ascendance mixte européenne et africaine, et lesJavanais (« importés » des anciennesIndes orientales néerlandaises) représentent respectivement 15,7 % et 13,7 %, presque le même pourcentage que lesmétis (13,4 %)[29].
Il reste par ailleurs quelques familles juivesséfarades, descendantes de réfugiés expulsés d'Espagne en 1492 et duPortugal en 1495, venus auXVIIe siècle via lesPays-Bas, l'Italie (Granas) ou leBrésil. Elles ont bénéficié, sous la colonisation britannique, puis néerlandaise, d'une certaine autonomie, dans une localité appeléeJodensavanne, qu'elles avaient mise sur pied en 1652 sur la Savannah, près de la crique de Cassipora[31].
En raison du grand nombre degroupes ethniques dans le pays, il n'y a pas de religion principale. La plupart des Hindustanis sont hindous, mais il y a également des musulmans et des chrétiens parmi eux. La plupart des Créoles et des Marrons sont chrétiens.
Selon lePew Research Center, en 2010, 51,6 % des habitants du Surinam sontchrétiens principalementcatholiques (29,3 %) etprotestants (21,2 %), alors que 19,8 % sonthindous, 15,2 % sontmusulmans et que 5,3 % pratiquent unereligion populaire[32]. Il y a aussi desbaha'is, et desahmadis en petits nombres. Dans l'intérieur du pays, il subsiste quelques groupes autochtones animistes, ou qui mêlent des pratiques animistes avec le christianisme.
Le Suriname connaît une grave crise économique, avec une inflation élevée et une dette extérieure ayant explosé. Ses réserves de pétrole pourraient représenter 20 milliards de recettes en 20 ans pour l'État[33].
En 2022, environ 20 000 Brésiliens et 10 000Noirs marrons cherchent de l'or dans les forêts de l'intérieur du pays, difficiles d'accès et non contrôlées par l’État.
En outre, deux mines sont exploitées par les multinationalesIamgold etNewmont[25].
Les 40 000 Brésiliens (environ 8 % de la population) parlent le portugais, mais très peu parlent le néerlandais. Lepapiamento, créole à base de portugais, et parlé surtout auxAntilles néerlandaises, est aussi présent au Suriname, mais avec un nombre de locuteurs plus restreint.
Philippe Boré,Balades au Suriname, Le guide de Paramaribo et de l'écotourisme au Suriname. Édition Curieux de nature. 264p. 2009.(ISBN978-2-9511548-5-8) (seul guide touristique en français) www.randoguyane.com
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Michiel van Kempen,Een Geschiedenis van de Surinaamse Literatuur. Paramaribo: Okopipi, 2002, (4 vols.) (Histoire de la littérature 1598-1975, résumé en français.) (L'édition néerlandaise, parue en 2 vols., contient aussi un chapitre sur les années 1975-2000 : Breda : De Geus, 2003.)