Sur un territoire qui s'étend des marais de la côte est de l'île jusqu'aupiémont de la chaîne desBukit Barisan vivent des populations dispersées en petits groupes qui se désignent elles-mêmes sous le nom d'Orang Darat, c'est-à-dire « peuples de la terre ».chasseurs-cueilleurssemi-nomades, ces populations cultivent lesagou et troquent des produits de la forêt contre du sel et des métaux fournis par leurs voisins paysans sédentaires, Batak, Minangkabau etMalais.
Sumatra est séparée de l'île deJava par ledétroit de la Sonde (mer de Java) et de lapéninsule Malaise par ledétroit de Malacca. Les terres de l'île sont très fertiles, notamment à cause de l'activité volcanique importante de la région. Sumatra est en effet située sur laceinture de feu et a été frappée par de très violents séismes, commecelui de 2004. Sur la liste des vingt plus grands séismes (en magnitude), six ont un épicentre situé à Sumatra. La région a été également le siège d'une éruption massive : celle dulac Toba il y a 73 000 ans.
L'île a été en grande partie couverte par la forêt tropicale, mais l'activité économique et les constructions illégales menacent son existence.
De récentes études génétiques réalisées à partir de dents retrouvées dans la grotte de Lida Ajer à l'Ouest de Sumatra ont montré que des hommes anatomiquement modernes étaient présents à Sumatra entre - 73 000 et - 63 000 ans[4].
Des fouilles effectuées dans l'embouchure du fleuveMusi, en aval dePalembang dans le sud de Sumatra, aux alentours de 2000 ont révélé l'existence de deux sites portuaires qui dateraient duIer siècleapr. J.-C.
Il y a dans l'épopée indienne duRamayana, écrite entre leIIIe siècle avant notre ère et leIIIe siècle après, le nom deSuvarnadvipa, « l'île de l'or », qui désigne probablement Sumatra car l'or était sans doute déjà exploité dans la région de Barus sur la côte ouest de l'île.
Ptolémée (vers 90-168), un des précurseurs de la géographie moderne, mentionne dans son traitéLa géographie uneChersonèse d'Or ou « péninsule de l'or », dont il est pensé qu'elle désigne lapéninsule Malaise ou Sumatra.
Barus sur la côte nord-ouest de Sumatra est un port connu depuis longtemps comme un lieu d'où provenaient lecamphre et lebenjoin. La présence d'un évêché chrétien de ritenestorien y est attestée dès leVIIe siècle, celle d'une ligue de marchandstamouls auXIe siècle.
Une expédition menée en 1275 par le roi Kertanegara deSingasari contre le royaume de Malayu, c'est-à-direJambi dans l'est de Sumatra, est mentionnée dans leNagarakertagama, poème épique écrit en 1365 sous le règne du roiHayam Wuruk (1350-1389) deMajapahit dans l'est de l'île deJava. Une statue trouvée dans le centre de Sumatra porte une inscription datée de 1286 qui précise que cette statue est un présent de Kertanegara au « peuple de Malayu et son roi ».
En 1282, le roi de Samudra, situé dans l'actuelAceh, envoie en Chine deux émissaires portant des noms arabes. Dans son voyage de retour de la cour de Kubilai Khan à Venise en1292,Marco Polo fait escale à Perlak, voisin de Samudra, et note que le souverain de ce port est musulman, ce qui n'est pas le cas de « Basma » et « Samara ». On[Qui ?] a essayé d'identifier, sans certitude, Samara à Samudra et Basma àPasai, une autre principauté voisine. Barus et Samudra sont mentionnés dans liste des quelque cent « contrées tributaires » de Majapahit énumérée dans leNagarakertagama.
Le voyageur marocainIbn Battuta fait escale à Samudra à l'aller et au retour de son voyage en Chine en 1345-1346. Il note que le souverain est musulman de l'école shafi'ite.Adityawarman (1356-1375), un protégé de Majapahit, introduit le système de gouvernement royal en paysMinangkabau (situé dans l'actuelleSumatra occidental). Selon la tradition, peu avant 1400, Parameswra, un prince de Sriwijaya, fonde le port deMalacca sur lapéninsule Malaise.
Deux pierres tombales musulmanes àMinye Tujuh en Aceh témoignent de la transition en train de s'opérer dans le pays. Toutes deux rédigées en malais, l'une est écrite dans un alphabet d'origine indienne qualifié de « proto-sumatranais », l'autre en arabe. Elles signalent le décès d'une fille du sultan Malik al Zahir. Les deux inscriptions portent une date enère Saka et en ère de l'Hégire, mais diffèrent d'une dizaine d'années, l'une mentionnant l'équivalent de 1380apr. J.-C. et l'autre, 1389.
Les souverains de Malacca se convertissent bientôt à l'islam. Le grand amiral chinoisZheng He, qui mènera sept expéditions vers l'Inde, le Moyen-Orient et l'Afrique de l'Est entre 1405 et1433, musulman, fait plusieurs fois escale à Malacca.
Essor des royaumes musulmans et arrivée des Européens
En1511, une flotteportugaise, partie deGoa enInde sous le commandement du vice-roiAfonso de Albuquerque, s'empare deMalacca, qui était devenu le plus grand port d'Asie du Sud-Est, en quelque sorte un précurseur de l'actuelleSingapour. Le Sultan Mahmud se réfugie dans l'île de Bintan, puis fonde une nouvelle capitale àJohor à la pointe sud de lapéninsule Malaise.
La prospérité de Malacca reposait sur un réseau commercial dans lequel les Portugais n'arrivent pas à s'intégrer. Malacca périclite rapidement.
Vers1780, les mines sont épuisées. L'importance grandissante de nouvelles sources de profit comme le café, le sel, les textiles, se traduit par l'essor de la région des hautes terres, notamment lepays d'Agam, qui commerce avec les Anglais basés dans leur comptoir dePenang, fondé en1786, et les Américains.
Cette nouvelle économie permet aux riches marchands d'Agam de faire lehajj, le pèlerinage deLa Mecque. Ces marchands cherchent dans laloi islamique la protection nécessaire à leur commerce, leurs biens, leurs personnes. La conquête de La Mecque en1803 par lesWahabites puritains inspirent un groupe de pèlerins. À leur retour, cesPadri (« gens de Pedir », du nom du port d'Aceh d'où les pèlerins embarquaient pour La Mecque) entreprennent d'imposer par la violence une réforme de la société minangkabau. Ils dénoncent le jeu et les combats de coqs, la consommation d'opium et d'alcool, le tabac et le bétel, et enfin les traditions matrilinéaires. En1815, la famille royale deTanah Datar, qui résistait au mouvement, est massacrée. La noblesse minangkabau demande l'aide des Hollandais. Ceux-ci attaquent les Padri, dirigés par ImamBonjol, en1821. Laguerre des Padri ne prendra fin qu'en 1838 avec la capture d'Imam Bonjol.
En1820, lesultanat d'Aceh à la pointe nord de Sumatra produit plus de la moitié dupoivre mondial. Européens et Américains profitent de la concurrence que se livrent les différents princes qui leur vendent ce poivre. Un de ces princes,Tuanku Ibrahim, émerge comme le plus puissant d'entre eux. En1854, il lance une expédition et soumet les sultanats deLangkat, Deli (l'actuelleMedan) etSerdang, menaçant les Hollandais, qui occupent déjà le reste de Sumatra.
Letraité de Londres de 1824, signé entre les Anglais et les Hollandais, accorde à ces derniers le contrôle des territoires revendiqués par les Européens au sud deSingapour. Sumatra est ainsi séparée de la péninsule malaise, à laquelle elle était liée.
En1871, les Hollandais signent avec les Anglais leTraité de Sumatra. Les Hollandais cèdent leurs possessions en Afrique de l'Ouest aux Anglais. En échange, ils ont les mains libres pour Aceh. En1873, le consul américain à Singapour rencontre un émissaire d'Aceh pour discuter d'un traité entre les deux pays. Les Hollandais décident d'attaquer Aceh. Commence une longue guerre. Le sultanMuhammad Daud Shah se rend en1903, mais lesulama (oulémas), chefs religieux, poursuivent la résistance. LesIndes néerlandaises ont atteint leur forme définitive en1908.
Sumatra se situant dans une forte zone à risque sismique, l'île étant situé entre deux plaques tectoniques (indienne et asiatique), il y a eu plusieurs séismes au large de Sumatra:28 mars 2005,12 septembre 2007,30 septembre 2009 et surtout le26 décembre 2004 qui a engendré untsunami d'une puissance dévastatrice inégalée, emportant avec lui plus de 250 000 personnes dans l'Océan Indien dont près de la moitié, 130 000 personnes environ, sont mortes sur les côtes de l'île de Sumatra, notamment à Banda Aceh. Il s'agit là de l'un des cataclysmes les plus importants auxquels Sumatra a dû faire face, l'intégralité de sa capitale économique ayant été rayée de la carte ainsi que toute sa façade maritime ouest, à l'époque impraticable et complètement détruite.
Il y a eu enfin le tremblement de terre du 11 avril 2012[5].
Les risques majeurs pour les forêts de Sumatra sont leur exploitation pour l'industrie du papier et le développement des grandes plantations depalmiers à huile. D’ailleurs chaque année, des incendies d’origine criminelle réduisent en cendres des pans entiers de jungle. Ces incendies géants brûlent forêt tropicale ettourbières. Les émissions de CO2 ne sont pas sans conséquences, participant largement au réchauffement climatique. Les fumées causent des problèmes de santé graves jusqu’en Malaisie, à Singapour ou encore en Thaïlande. En 2015, pendant 5 mois, des incendies géants ont consumé des milliers de kilomètres carrés de forêts, un épaissmog enveloppait l'île, les fumées étaient même visibles depuis l’espace.Les incendies d'Indonésie de 2015 résultent de laculture sur brûlis utilisée pour la production d'huile de palme, dont l'Indonésie est le plus grand producteur mondial.
Chaque année, lors de la saison sèche, d’immenses incendies sont allumés volontairement par les entreprises de culture de l’huile de palme afin de planter des palmiers à huile[7].
Comme ailleurs en Indonésie, de nombreuses régions de Sumatra se caractérisent par la beauté de leurs paysages, l'agrément de leur climat, l'originalité de leurs cultures.
Ces langues sont donc parlées, d'une part dans la partie occidentale de la province deSumatra du Nord, d'autre part dans la chaîne d'îles qui s'étire au large de la côte ouest de Sumatra.
Les autres langues de Sumatra, tout en étant également des langues malayo-polynésiennes, appartiennent à d'autres groupes, dits :
Gayo, langue du sud de la province d'Aceh qui forme un groupe à elle toute seule,
↑Si on compte l'Australie comme un continent, alors l'île de Sumatra est la sixième île par superficie. Par contre, si on inclut l'Australie comme "île", alors l'île de Sumatra est la septième île par superficie.