Né au34 rue du Faubourg Poissonnière, d'un employé de commerce mort alors qu'il était encore enfant, René Armand Prudhomme fait ses études aulycée Bonaparte (devenu Condorcet) avec l'intention d'être ingénieur, mais une crise d'ophtalmie le contraint à les interrompre. Après avoir travaillé auCreusot, dans lesusines Schneider, de 1858 à 1860[2] (il était ami d'Henri Schneider, avec qui il avait fait ses études au lycée Bonaparte[3]), il se tourne vers le droit et travaille chez un notaire. L'accueil fait à ses premiers poèmes au sein de la Conférence La Bruyère, société étudiante dont il est membre, l'encourage dans ces débuts littéraires.
Son premier recueil,Stances et Poèmes (1865), est loué parSainte-Beuve et lance sa carrière. Il renferme son poème le plus célèbre,Le Vase brisé, élégante métaphore du cœur brisé par un chagrin d'amour[réf. nécessaire].
Au fil de sa carrière, Sully Prudhomme se détourne progressivement du genre sentimental de ce premier recueil — qu'on retrouvera encore dansLes Épreuves (1866) etLes Solitudes (1869) — pour adopter un style plus personnel alliant une recherche formelle qui le rattache au Parnasse (il contribue auParnasse contemporain deLeconte de Lisle) avec un intérêt pour les sujets scientifiques et philosophiques. Il donne notamment une traduction en vers du premier chant duDe Natura Rerum deLucrèce (1878-79). Son ambition philosophique s'exprime dans des poèmes commeLa Justice (1878) etLe Bonheur (1888). Il est élu membre de l'Académie française en1881.
Son éditeur,Alphonse Lemerre, commande au peintrePaul Chabas (1869-1937), une vaste composition peinte représentant tous les poètes duParnasse que Lemerre édite. Ce tableau,Chez Alphonse Lemerre, à Ville D'Avray a été exposé au salon de 1895 et représente, autour de Sully-Prudhomme,Paul Bourget,Alphonse Daudet,Leconte de Lisle,Jules Breton ou Daniel Lesueur (nom de plume deJeanne Loiseau). La toile a pour cadre le jardin de la propriété que l'éditeur a achetée au père deCamille Corot en 1875.
AprèsLe Bonheur, Sully Prudhomme délaisse la poésie pour s'intéresser exclusivement à l'esthétique et à laphilosophie. Il publie deux essais d'esthétique :L'Expression dans les beaux-arts (1884) etRéflexions sur l'art des vers (1892), une suite d'articles surBlaise Pascal dans laRevue des deux Mondes (1890),Le Problème des causes finales en collaboration avecCharles Richet (1902), un article sur « La Psychologie du Libre-Arbitre » dans laRevue de métaphysique et de morale (1906).
En novembre 1891,Goncourt fait dans sonJournal une description de Sully Prudhomme en une vingtaine de lignes dont les dernières sont celles-ci :« Au fond, un homme d'un commerce doux, onctueux, d'une sociabilité presque prêtreuse »[4].
Sa santé avait été durablement ébranlée par laguerre de 1870. Sur la fin de sa vie, elle le contraignit à vivre une forme de réclusion àChâtenay-Malabry, souffrant d'attaques de paralysie et travaillant àLa Vraie Religion selon Pascal (1905).
Le premier timbre français honorant Sully Prudhomme a été émis les 15 et avec mention« premier jour » à Paris et àOllans (Doubs, lieu de villégiature du poète), sans mention« premier jour » àChâtenay-Malabry.
↑« Centenaire de Sully-Prudhomme », article de Lucien Taupenot paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 152 de décembre 2007, pages 22 et 23.
↑« Sully-Prudhomme au Creusot (1858-1859) », article de Lucien Taupenot paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 108 de décembre 1996, page 2.
↑Edmond de Goncourt,Journal : mémoires de la vie littéraire. Tome 3 : 1887-1896, R. Laffont (coll. Bouquins),, 1466 p.,p. 637
↑Le Figaro, G. D., mardi 10 décembre 1901,Le Prix Nobel et M. Sully-Prudhomme, pages 1 et 2.
↑Le Figaro,M. Sorel, 10 décembre 1901,C'est à la France que revient, dit-on, le prix Nobel littéraire…, page 2.
↑Le Figaro, 12 décembre 1901,Revue des Journaux - M. Sully-Prudhomme lauréat, page 2.
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)