LaSuisse romande,Romandie ou plus rarementSuisse française, est la partiefrancophone de laSuisse. Les habitants de la Suisse romande sont appelésRomands.
La majeure partie de la Romandie appartient au domaine linguistiquefrancoprovençal ou arpitan, une langue presque disparue en Suisse et en France mais protégée et parlée enVallée d'Aoste, dont lepatois est très similaire à l'arpitan suisse, et qui est encore parlée dans quelques rares villages valaisans (Evolène) et fribourgeois[3].
Seule l'Ajoie, au patois reconnu comme patrimoine culturel de la République jurassienne appartient au territoire de la famille des langues d'oïl en tant que branche dufranc-comtois.
L'adjectifromand est une réfection deroman d'aprèsnormand, où le suffixe-mand est l'adaptation française du germaniquemann « homme », emprunté aunorrois deNormandie. Le même phénomène explique les graphies modernesflamand etallemand.
Roman s'applique à ce qui est relatif aux peuples conquis parRome, notamment à la langue qu'ils parlaient. En conséquence, les linguistes désignent parromanes les langues issues dulatin tardif en usage sur le vaste territoire de laRomania à la fin de l'Antiquité et dont les formes modernes les plus répandues sont l'espagnol, leportugais, lecatalan, leprovençal, l'occitan, lefrançais, l'arpitan, l'italien, leroumain et leromanche.
Le terme « Suisse romande » apparaît en 1723 dans le titreHistoire de la Suisse romande de l'historienvaudoisAbraham Ruchat[6], ouvrage qui ne sera publié qu'ultérieurement.
LesSuisses alémaniques appellent parfois les Romands lesWelsches, et la Suisse romande leWelschland.Welsch vient du germaniquewalh-isk-, dérivé dewalh-, et a sans doute désigné d'abord lesVolques, puis lesCeltes en général, et enfin lesGallo-Romains ; on retrouve ce mot partout où les peuples de langue germanique avaient des voisins de langue romane ou celtique (non seulementwelsche,welsh mais aussiwallon etgaulois se rattachent à la racinewalh-).
La Suisse romande comptait environ 1,93 million d'habitants fin, soit 24 % de celle de la Suisse et aurait passé le cap des deux millions durant l'année 2013[12]. Population francophone par canton :
Canton
2015
2017
2019
2020
2021
Superficie (partie francophone, en km²)
Berne
105 378
107 041
110 133
114 735
115 155
540,95
Fribourg
213 636
219 404
224 527
226 977
229 783
1238,54
Genève
481 868
492 548
502 999
505 716
507 590
282,48
Jura
72 597
73 179
73 620
73 725
73 773
838,55
Neuchâtel
178 059
178 398
176 814
176 141
176 046
802,93
Valais
242 463
247 212
250 474
252 915
255 857
2592,72
Vaud
767 294
788 573
801 557
811 497
819 331
3212,03
Selon une étude de l'Office fédéral de la statistique (OFS)[13], la Suisse pourrait compter 10,2 millions d'habitants en 2045. Cette progression résulterait principalement des flux migratoires à venir. Plusieurs scénarios ont été étudiés par l'OFS pour la période 2015-2045. Le scénario le plus optimiste (solde migratoire et fécondité plus élevés) prévoirait une population de 11 millions d'habitants en 2045.
Dans le scénario pessimiste, le nombre d'habitants se monterait à 9,4 millions pour la même année.
Cette croissance démographique ne serait pas la même dans les différents cantons[14]. En Suisse romande, les cantons de Vaud, Valais et surtout Fribourg ont connu et continueraient de connaître une croissance supérieure à la moyenne (de même que le Tessin et la plupart des cantons alémaniques se rattachant à l’espace métropolitain zurichois, ex : Thurgovie et Argovie). La population continuerait ainsi de croître surtout en Suisse latine (ainsi que dans la métropole zurichoise), contrairement à la métropole bâloise, au canton de Berne et à celle des autres cantons dont la croissance démographique serait plus modeste.
Une exception pour l’arc jurassien, dont l'augmentation serait beaucoup plus modeste, voire négative.
Toujours selon l’OFS, il est prévu que beaucoup de nouveaux résidents s’installent dans les cantons de Vaud, Fribourg, Valais et Genève, ainsi qu’au Tessin.
La Suisse du futur sera encore un peu plus latine, romande et lémanique qu’en 2015. Une tendance en faveur d'un rééquilibrage politique et économique, entre la Suisse romande et la Suisse alémanique dans son ensemble. Par exemple, le canton de Genève compterait très vite plus d’habitants que le canton de Saint-Gall, quatrième canton alémanique en nombre d'habitants. Ceci produira un basculement relatif du centre de gravité du pays vers l’ouest alors même que le déclin de l'arc jurassien créera un nouveau déséquilibre au sein de la Romandie.
Pour une population de 1 050 229 habitants en 2022[15],[4] lecanton de Berne est constitué de 10,6 % de francophones. Certains sont localisés et regroupés comme dans leJura bernois, d'autres vivent dans des villes bilingues (Bienne). La capitale fédérale et son agglomération accueillent également une petite minorité (Berne ville : 6,4 %, Köniz : 5,5 %, Muri : 7,2 %)[16]. Le reste des francophones est dispersé dans le reste du canton.Détail :
Dans le système fédéral suisse, la Suisse romande n'a pas d'existence politique autonome, mais regroupe sept cantons ou parties de cantons, lesquels sont indépendants avec leurs propres institutions. Ceux-ci collaborent néanmoins dans des domaines concrets au travers de nombreuses conventions et concordats intercantonaux.
La Suisse étant un pays qui recourt de façon extensive à ladémocratie directe lors de consultations populaires qui ont lieu plusieurs fois par année, les différences de sensibilités politiques entre Romands et Alémaniques se sont manifestées clairement lors de votations comme celles qui ont porté sur l'intégration éventuelle de la Suisse dans l'Espace économique européen (EEE), ou dans la politique d'immigration et d’asile. Ces différentes sensibilités politiques, sans doute liées en partie à une différente appartenance culturelle, ont fait naître une véritable frontière imaginaire qui n'est pas seulement linguistique, mais également politique et culturelle, populairement appelée « barrière de röstis » ouröstigraben[18],[19].
La littérature romande, dont les figures majeures sontJean-Jacques Rousseau,Benjamin Constant,Alexandre Vinet,H.-F. Amiel,C.-F. Ramuz,Jacques Chessex,Maurice Zermatten, reste vivante et bien étudiée, notamment grâce aux volumes dirigés par Roger Francillon (Histoire de la littérature en Suisse romande, 4 vol., Lausanne, 1996-1999, repris en un vol., Genève, 2015). Voir aussi, sous la direction de Corinne Blanchaud, leDictionnaire des écrivains francophones classiques, Belgique, Canada, Québec, Luxembourg, Suisse romande, Paris, 2013.
La Suisse romande est dotée d'un terroir riche et varié composé de nombreuses spécialités culinaires. Ainsi, on peut y déguster des mets au fromage telles que les célèbresfondue etraclette[25] originaires des cantons de Fribourg, Vaud et du Valais. Outre ces plats à base de fromage, la Romandie compte également de nombreux mets confectionnés avec des légumes accompagnés de viande ou de poisson, comme lepapet vaudois, une recette qui réunit poireaux, pommes de terre et saucisses dans un plat unique[26]. Sur les rives des lacs romands, c'est le poisson qui est à l’honneur, avec par exemple les filets de perches meunières du Léman. Les spécialités sucrées ne sont également pas en reste. On peut donc citer à titre d'exemple les fameuses meringues accompagnées de crème double du canton de Fribourg[27] ou encore lesbricelets.
« Comment est née l’appellation de Suisse romande ? Quels étaient alors les territoires concernés ?Geopolitis revient sur ce moment de l’histoire suisse au cœur de laPremière Guerre mondiale dont on célèbre en ce moment le centenaire. À partir du minutage 07:13, l’émission se poursuit par une interview du professeurGeorges Andrey, historien et enseignant émérite de l’université de Fribourg. Présentation : Xavier Colin. »