Les Églisescatholique etorthodoxe affirment que la succession apostolique est assurée par laconsécration épiscopale. Dans la plupart desÉglises protestantes, la succession dans la foi revêt plus d'importance que la notion d'autorité inhérente à la succession par consécration.
Autant l'Église primitive a été historiquement fondée par des disciples deJésus, autant il est difficile de cerner l'organisation interne de ces premières communautés. Toujours est-il qu'une structure hiérarchique est attestée à la fin duIer siècle dans laPremière épître de Clément, évêque de la ville de Rome, aux Corinthiens[1]. PourClément (mort vers 98), lespremiers apôtres ont consacré leurs propres disciples afin qu'ils continuent lamission dontJésus les a chargés[1]. Cette doctrine soutient également que les preuves indiquent que cette pratique a existé dès les deuxième ou troisième générations[1], déjà constituée d'épiscopes, depresbytres et dediacres.
Ce système se fonde sur l'obligation de préserver la continuité dans la transmission dudépôt de la foi confié par le Christ aux apôtres[2]. Aux presbytres est due la soumission car ils sont les détenteurs légitimes de l'investiture apostolique[2]. Clément illustre ce principe avec un verset duLivre d'Isaïe qu'il adapte pour les besoins de sa démonstration : « Depuis de longs siècles déjà l'Écriture parlait desévêques et des diacres ; elle dit en effet : "J'établirai leurs évêques dans la justice, et les diacres dans la foi" (Is 60:17)[2]. » À cette justification, il ajoute un parallèle avec la discipline des armées romaines, mais aussi avec le statut des officiants duTemple de Jérusalem[2].
AuIIe siècle, tradition et succession prennent une importance théologique et acquièrent leur signification technique[3]. C'est ainsi que dans un écrit rapporté auIVe siècle parEusèbe de Césarée,Hégésippe de Jérusalem (115-180), pour défendre la foi de l'Église, se sert du principe de la succession des évêques dont il dresse la liste jusqu'à Anicet[3]. DansContre les hérésies datant duIIe siècle,Irénée de Lyon (130-202) affirme que la doctrine véritable peut être connue de tous et dans toutes les Églises, grâce à la succession des évêques gardiens de la tradition apostolique, et choisit pour illustre son propos de fournir pour l'Église de Rome la liste des évêques qui se sont succédé depuis les apôtres Pierre et Paul jusqu'à l'évêque contemporain de Rome,Éleuthère[3],[4],[5].Tertullien (155-220) considère que la succession ininterrompue des évêques des Églises locales est le signe de leur caractère apostolique.Clément d'Alexandrie parle de la succession épiscopale remontant aux apôtres. En outre, laTradition apostolique présente les évêques dans la continuité du ministère apostolique. Enfin,Eusèbe de Césarée (265-339), membre influent duconcile de Nicée, accorde une place capitale à la succession apostolique, en tant que garantie de la vérité de la tradition et rappelle souvent la succession des évêques dans les quatre principaux sièges que sont Rome, Antioche, Jérusalem et Alexandrie[3].
Le motgrec ἐκκλησία (ekklêsia, du verbe ἐκκαλέωekkaleô, convoquer, rassembler) ne prend le sens de « bâtiment » ou métaphoriquement d'« institution » qu'à partir duIIIe siècle[8]. Auparavant, il s'agit d'une assemblée réunie pour prendre des décisions, par exemple l'Ecclésia, l'assemblée « nationale » de l'Athènes classique.
Elle reconnaît auxÉglises orthodoxes la succession apostolique. Pour autant, elle ne reconnaît pas lesministères des Églises orthodoxes parce qu'ils ne reconnaissent pas l'autorité du pape (cf. la déclarationDominus Iesus du).
En revanche, labulleApostolicae Curae du deLéon XIII rappelle que l'Église catholique considère de manière irrévocable les ordinations anglicanes comme « nulles et sans valeur ».
À la question de l'existence d'une succession apostolique en dehors de l'Église orthodoxe, laCommunion orthodoxe donne des réponses variables : son absence totale en dehors de l'orthodoxie, le principe d'« incertitude » et la doctrine de sa réalité en dehors de l'orthodoxie.
Les Églises issues de laRéforme se limitent au fait que chaque baptisé est « prophète, prêtre et roi », et accordent beaucoup moins d'importance à la succession apostolique qu'à celle de la foi[12] : lasuccessio fidei, ou encoresuccessio fidelium (« succession des fidèles »). Cette succession se conçoit avant tout comme un« retour constant au témoignage apostolique »[13].Luther, dans ses95 Thèses, insiste sur la nécessité de retrouver la pureté de l'Église primitive et son organisation naturelle selon les préceptes de l'apôtre Paul. Cette approche« oblige l'Église à témoigner de l'Évangile de Jésus-Christ de manière authentique et missionnaire dans la fidélité au message apostolique (1 Cor 15:1-3) auquel elle doit son existence. Là où l'Esprit de Dieu fait de ce message apostolique une vérité pour les hommes (Jn 16:13), l'apostolicité de l'Église se réalise commesuccessio fidelium au fil des générations »[13].
↑abc etdMichel-Yves Perrin,« Aux origines du "Siège apostolique" (jusqu'en 311) », dansYves-Marie Hilaire (dir.),Histoire de la papauté : 2 000 ans de mission et de tribulations, Points/Histoire,,p. 23-32.
↑Richard E. Rubenstein,Le Jour où Jésus devint Dieu, La Découverte,, 285 p.(ISBN9782707134103).
↑Annick Martin (Université de Rennes II),« La christianisation de l'Egypte », dans Roselyne Dupont-Roc etAntoine Guggenheim,Après Jésus, l'invention du christianisme, Paris, Albin Michel,, 701 p.(ISBN978-2-226-45033-3),p. 550 à 557.
Jean Chélini,Histoire religieuse de l'Occident médiéval, 1968, Nouvelle bibliographie, 1991, rééd. coll. « Pluriel », 1997
Michel-Yves Perrin,« Aux origines du "Siège apostolique" (jusqu'en 311) », dansYves-Marie Hilaire (dir.),Histoire de la papauté : 2 000 ans de mission et de tribulations, Points/Histoire,,p. 23-32