Subotica prit sans doute de l'importance au moment desinvasions tatares de1241-1242, qui provoquèrent un afflux d'habitants venus des villages voisins. Une localité nomméeZabadka est mentionnée pour la première fois en1391 à l'emplacement de l'actuelle Subotica ; la ville appartenait alors auroyaume de Hongrie. Plus tard, elle fit partie des possessions de la familleHunyadi, l'une des plus importantes de lanoblesse hongroise. Le roiMatthiasIer de Hongrie, fils duvoïvode transylvainJean Hunyadi, donna la ville à l'un de ses parents :János Pongrác Dengelegi, qui, redoutant une invasion de l'Empire ottoman, érigea une forteresse à Subotica en1470. Après labataille de Mohács en1526, le royaume de Hongrie s'effondra et Subotica passa sous l'autorité de l'Empire ottoman. La majorité de la population hongroise se réfugia au nord dans ce qui restait de la Hongrie.Bálint Török, un noble local qui avait dirigé Subotica, s'échappa également de la ville.
Dans ce qui devint alors laHongrie ottomane, la situation militaire et politique restait confuse et Subotica passa sous le contrôle demercenaires serbes, lespandoures, recrutés dans leBanat voisin, qui étaient au service du généralJános Szapolyai,voïvode deTransylvanie qui devint plus tard roi de Hongrie sous le nom de JeanIer. Le chef de cespandoures,Jovan Nenad, perdit le sens des réalités et se proclama « empereur » à Subotica. De là, il contrôla pendant un temps laBačka, le nord du Banat et une petite partie de laSyrmie. Mais Bálint Török lui reprit Subotica et Jovan Nenad transféra sa capitale àSzeged. Quelques mois après, à l'été1527, l'empereur auto-proclamé fut assassiné et sespandoures se dispersèrent.
LesOttomans contrôlèrent la ville de1542 à1686. Les Turcs y encouragèrent l'installation de colons venus de tous lesBalkans. Les nouveaux arrivants étaient principalement desSerbesorthodoxes, qui cultivèrent la terre extrêmement fertile de la région. En1570, Subotica comptait 49 foyers et, en1590, 63. En1687, la région fut peuplée par desDalmatescatholiques, que l'on appelle aujourd'huiBunjevci et qui, comme les Serbes, parlent leserbo-croatechtokavien.
Le, le princeEugène de Savoie remporta une bataille décisive contre lesTurcs àSenta. Intégrée aux possessions desHabsbourg, Subotica fit partie de la province desconfins militaires, secteur deTisa-Pomorišje. Dans l'intervalle, eut lieu le soulèvement deFrançois II Rákóczi. Dans la région de Subotica, Rákóczi participa à la bataille contre lesMilices nationales Rac,Rác (deRascie) étant un terme désignant lesSerbes et par extension lesBunjevcis.
Dans lesconfins militaires, les familles de soldats serbes bénéficiaient de privilèges particuliers en raison des services rendus à l'empire des Habsbourg. Subotica, qui était d'abord une ville de garnison, se développa progressivement et devint une cité commerçante. Elle obtint officiellement le statut de ville en1743. Après ce changement de statut, de nombreux Serbes se plaignirent de la perte de privilèges que cela entraînait pour eux et quittèrent la cité ; quelques-uns d'entre eux fondèrent la localité d'Aleksandrovo, d'autres émigrèrent dans lesprincipautés danubiennes où les toponymesSîrbi ouSîrba témoignent de leur installation, et enRussie où ils s'installèrent dans la province créée pour eux : laNouvelle Serbie ; ils y fondèrent une localité qui porta elle aussi le nom deSubotica. À la suite de ce nouveau statut, Subotica fut appeléeSainte-Marie puis, en1779, l'impératrice d'AutricheMarie-Thérèse dota la ville du statut de « ville libre royale » ; en remerciement, les habitants de Subotica donnèrent à leur ville le nom deMaria-Theresiopel.
« Thérésianople, que j'atteignis après une marche de vingt lieues, m'apparut avec le cachet de dépopulation et d'immensité de la contrée dont elle est la capitale. Elle a tous les caractères qui distinguent les villes hongroises. Ses rues sont démesurément larges et longues. À leur extrémité, la vue que rien n'arrête s'égare dans le vague. On respire je ne sais quel air de désert dans ces places où camperaient des armées entières ; dans ces rues sans pavés où se montrent de rares habitants, marchant à la suite les uns des autres sur des planches posées, mais non fixées sur des poutres, afin d'éviter une boue liquide et profonde ; entre ces maisons basses séparées entre elles par de vastes espaces ; dans ces églises consacrées aux différents cultes entre lesquels se partage une insuffisante population, et qui dominent ces amas d'habitations que l'on ne décore du nom de villes qu'en raison du nombre de leurs habitants. Placée au milieu d'une contrée cultivée et bien peuplée, Thérésianopole passerait pour une ville incommode ; ce serait un contresens. Capitale d'un désert, elle est ce qu'elle doit être. Le bon goût non moins que la raison avouent cette conception de la grande reine qui lui donna son nom. »
Le statut de « ville libre royale » donna une nouvelle impulsion à Subotica. Au cours duXIXe siècle, sa population doubla deux fois, la localité attirant de nombreux habitants venus de tout l'empire d'Autriche. Cet afflux provoqua d'importants changements démographiques : dans la première moitié duXIXe siècle lesBunjevci constituaient encore la majorité de la population mais un nombre croissant deHongrois s'installa dans la ville. En1775, unecommunauté juive s'était établie à Subotica ; elle se développa elle aussi dans la première moitié du siècle. Ce processus ne fut pas interrompu par larévolution hongroise de 1848-1849. Le, à la bataille deKaponya, les Hongrois et Allemands de Subotica repoussèrent une armée serbe venue deSombor. Dans l'esprit de la révolution hongroise, fut créé le premier journal de la ville ; appeléHonunk állapota (l'« état de notre patrie »), il fut publié enhongrois par l'imprimerie locale de Károly Bitterman.
À la création de l'empire d'Autriche-Hongrie en1867, Subotica fut intégrée à lapartie hongroise de l'Empire. En1853, fut construit leThéâtre national et, après1867, de nombreuses écoles ouvrirent leurs portes. En1869, la ville fut desservie par lechemin de fer. La première centrale électrique fut construite en1896, accélérant le développement de la ville et de la région, alors à majorité hongroise, pour laquelle ce fut un « âge d'or ». À la fin duXIXe siècle et au tout début duXXe siècle, Subotica connut une période architecturale particulièrement brillante, avec la construction de bâtiments dans un styleArt nouveau. Parmi les édifices de cette époque, on peut signaler lasynagogue de la ville, construite en1902, cette synagogue est la deuxième plus grande d'Europe[4], elle fut totalement rénovée en[4].
Pendant laSeconde Guerre mondiale, en1941, le royaume de Yougoslavie fut envahi et partagé par lespuissances de l'Axe ; le, Subotica fut occupée et, peu après, annexée par laHongrie avec toute laBačka. Sous le régime deMiklós Horthy, la ville perdit 7 000 habitants, principalement lesJuifs. Avant la guerre, 6 000 Juifs vivaient à Subotica ; la plupart d'entre eux furent déportés pendant laShoah, principalement àAuschwitz. De nombreuxPartisans yougoslaves furent également mis à mort par les forces de l'Axe.
Après la guerre, Subotica fit partie de la nouvellerépublique fédérative socialiste de Yougoslavie. Elle connut ensuite une période d'industrialisation. Dans lesannées 1990, pendant lesguerres de Yougoslavie et lors de laguerre du Kosovo, de nombreux réfugiés serbes vinrent à Subotica, chassés deCroatie, deBosnie-Herzégovine et duKosovo ; parallèlement, de nombreux citoyens d'origine hongroise ou croate quittèrent Subotica, en raison de la crise économique que traversait la Serbie et des pressions politiques exercées par le régime deSlobodan Milošević ; des Serbes, originaires de la cité, la quittèrent aussi pendant cette période. Depuis le départ de Milošević, beaucoup des chefs politiques de Subotica appartiennent à des partis politiques opposés au gouvernement central deBelgrade.
Subotica fait partie des 23 « villes » (au singulier :Град /Grad ; au pluriel :Градови /Gradovi) qui, en plus deBelgrade, sont officiellement définies par la loi sur l'organisation territoriale de la république de Serbie votée par l'Assemblée nationale du pays le ; cette entité territoriale porte le nom de ville de Subotica (enserbe :Град Суботица,Grad Subotica) et comprend, outre la cité de Suboticaintra muros, tout son territoire métropolitain, qui compte 18 localités périrubaines.
Les localités suivantes possèdent une majorité absolue ou relative deHongrois : Subotica (en hongrois : Szabadka), Palić (en hongrois : Palicsfürdő), Hajdukovo (en hongrois : Hajdújárás), Bački Vinogradi (en hongrois : Bácsszőlős), Šupljak (en hongrois : Alsóludas), Čantavir (en hongrois : Csantavér), Bačko Dušanovo (en hongrois : Zentaörs) et Kelebija (en hongrois : Alsókelebia). D'autres localités possèdent une majorité absolue ou relative deSerbes : Bajmok, Višnjevac, Novi Žednik et Mišićevo. Plusieurs localités sont habitées par une majorité deBunjevcis et deCroates : Mala Bosna, Đurđin, Donji Tavankut, Gornji Tavankut, Bikovo, Stari Žednik et Ljutovo.
Au total, en comptant lesSerbes et lesCroates, 77 961 locuteurs parlent une langue slave dans la municipalité de Subotica, soit 52,53 % de la population totale.
Lebunjevac est également parlé à Subotica, mais, au recensement serbe de 2002, il ne figurait pas comme une langue séparée ; les locuteurs bunjevac étaient comptabilisés sous la rubrique « autres langues ». En tenant compte de cette rubrique, leur nombre dans la municipalité était estimé à 8 914[11].
Le serbe est la langue la plus utilisée dans la vie quotidienne, mais le hongrois est également utilisé par près d'un tiers de la population dans ses conversations quotidiennes. Les deux langues sont également largement utilisées dans la signalisation commerciale et officielle[12]
Subotica est le siège dudiocèse catholique romain de laBačka serbe. La région de Subotica est la partie de la Serbie qui compte le plus grand nombre de catholiques. La ville elle-même est à près de 70 % catholique. Leslangues liturgiques utilisées dans les églises catholiques sont principalement lehongrois et lecroate. On dénombre huit paroisses catholiques, un centre de spiritualitéfranciscaine, avec deux communautés de moines et de religieuses franciscains. Il existe aussi une communauté de religieusesdominicaines et deux congrégations de religieusesaugustiniennes. Le diocèse de Subotica possède la seule école secondaire catholique de Serbie, lePaulinum.
Parmi les autres communautés chrétiennes, les membres de l'Église orthodoxe serbe arrivent en deuxième place ; Subotica dispose de deux églises orthodoxes. Les protestants sont également représentés dans la ville, avec deux communautés, l'uneluthérienne, l'autrecalviniste.
Lacommunauté juive de Subotica est, par son importance, la troisième de Serbie, après celles deBelgrade et deNovi Sad. La ville possède unesynagogue construite en1901 dans un style caractéristique de l'art nouveau hongrois. Avant laSeconde Guerre mondiale, la communauté juive comptait environ 6 000 membres, dont un millier seulement survécut à laShoah. Aujourd'hui, environ 200Juifs vivent encore à Subotica.
En tant que ville (enserbe :Град etGrad), Subotica est désormais dotée d'un maire (gradonačelnik) élu pour quatre ans, qui exerce des fonctions représentatives etexécutives, ainsi que d’un gouvernement ou conseil municipal (enserbe :gradsko veće). Une assemblée municipale (skupština grada), composée de 67 membres, est élue pour quatre ans en même temps que le maire ; elle représente lepouvoir législatif de la ville.
À la suite desélections locales serbes de 2008, les 67 sièges de l'assemblée municipale de Subotica se répartissaient de la manière suivante[13] :
Saša Vučinić, membre duParti démocratique duprésidentBoris Tadić, qui conduisait la liste Pour une Subotica européenne, variante locale de lacoalitionPour une Serbie européenne soutenue par le président, a été élu maire (enserbe :Gradonačelnik) de la ville de Subotica récemment constituée[14] ; il est assisté par le maire adjoint Pero Horvacki[15]. Slavko Parać a été élu président de l'assemblée municipale[16] et Čaba Šepšei vice-président de l'assemblée[17].
Subotica possède plusieurs musées. Lemusée municipal a été créé le et il a ouvert ses portes le dans le célèbrePalais Raichle, un édifice typique de laSécession hongroise ; aujourd'hui installé dans les bâtiments de l'hôtel de ville, il abrite des collections d'archéologie et d'histoire, ainsi qu'une galerie de peintures[19]. Parmi les autres musées, on peut citer la galerieVinko Perčić, fondée en1996 et installée dans un bâtiment de styleéclectique remontant à1894[20]. La bibliothèque municipale de la ville et les archives municipales constituent un autre centre d'intérêt de Subotica. La ville possède aussi de nombreuses associations culturelles, serbes, hongroises ou croates.
Subotica et les localités accueillent un certain nombre d'événements culturels, notamment un Festival international des théâtres d'enfants[21].
Subotica dispose de plusieurs établissements d'études élémentaires, secondaires et supérieures. UnCollège des professeurs y a été fondé en1689, ce qui en fait un des établissements les plus anciens du pays et de la région.
La ville proprement dite possède 13 écoles élémentaires (enserbe, au singulier :основна школа etosnovna škola), ainsi que deux établissements plus spécialisés comme l'école de musique et l'école spéciale Žarko Zrenjanin ; d'autres établissements de ce niveau existent également dans les localités dePalić,Hajdukovo,Novi Žednik,Tavankut,Čantavir,Bajmok etĐurđin[22].
L'école technique de Subotica
LeLycée de Subotica, aujourd'hui dédicacé àSvetozar Marković, a ouvert ses portes en1795[23] ; on y dispense des cours enserbe, encroate et enhongrois[24]. Parmi les autres établissements d'études secondaires, on peut citer le lycée philologiqueDezső Kosztolányi, le lycée classique Paulinum, où l'on enseigne les langues anciennes[25], l'école technique de SuboticaTehnička Škola, encore appeléeMESŠC[26], l'école d'économieBosa Milićević, l'école secondaire polytechnique, l'école de chimieLazar Neśić et l'école secondaire de médecine[27].
Subotica ne possède pas d'université mais on y trouve un certain nombre d'établissements d'études supérieures, dont la plupart sont des antennes de l'université de Novi Sad. Lafaculté de génie civil a ouvert ses portes dans la ville en1974[28] ; lafaculté d'économie, dont l'origine remonte à une cinquantaine d'années, a été intégrée en2010 à l'université de Novi Sad[29]. L'école supérieure d'électro-mécanique et de programmationVTŠ a été créée en1960[30]. Subotica accueille aussi lafaculté de formation des enseignants en langue hongroise de l'université de Novi Sad et un collège de formation pour les écoles maternelles[31].
Parmi les autres sociétés de la ville, on peut citer Pionir, Bratstvo[40], Zorka, 29. Novembar, Yucom,Interšped[41] et Agroseme Panonija[42].
En, le producteur de bijoux Swarovski a signé un accord pour la construction d'une usine dans la ville ; 600 seront créées et 25 millions d'euros investis[43].
Outre la ville de Subotica elle-même, avec son architecture, ses musées et ses diverses manifestations culturelles, le territoire de la ville abrite un certain nombre de sites touristiques. La ville dePalić, par exemple, possède de nombreuses villas datant de fin duXIXe siècle et du début duXXe siècle, ainsi qu'un jardin zoologique, qui est un des plus beaux deSerbie. Les bords dulac de Palić sont un lieu de promenade et de villégiature appréciés. Lelac Ludaš, situé non loin de Subotica, a été classé parmi les sitesRamsar pour la conservation deszones humides en Serbie[44].