Dans le monde de latauromachie,suave désigne la capacité d'untaureau de lidia à charger franchement et sans détour, ce qui est un signe denoblesse des taureaux decaste et qui définit aussil'alegria propre au taureau de caste. Le terme a plusieurs synonymes : pastueño ou claro[1].
Le taureau suave se manifeste d'abord par sa vivacité, sa promptitude à charger, ce qui permet desfaenas plus variées et un nombre depasses plus élevé. Les taureaux suaves sont très appréciés des toreros artistes, ils entrent pour une bonne part de l'art du torero gitan comme c'était le cas pourCagancho[2], ou plus récemment pourJulio Aparicio Díaz[3], ouJavier Conde[4].
L'animal s'engage à fond dans le jeu du torero. C'est en particulier une caractéristique des taureaux de combat d'Amérique latine et plus spécifiquement des taureauxmexicains, souvent plus légers, mais plus vifs, et detrapío plus équilibré[5]. Ils sont à l'origine du renouveau des toreroscapeadors comme Julián López Escobar « El Juli » qui a d'abord toréé auMexique où le bétail suave autorise un très grand nombre de passes decape ce qui lui a permis d'en inventer de nouvelles[6].
Très appréciés des toreros-vedette (figuras), les taureaux suaves sont sélectionnés par les éleveurs au cours detientas qui portent essentiellement sur les vaches dans de petitesarènes privées[7]. L'alegria (ou suavité) se mesure soit sous lapique soit au moment despasses. L'éleveur note les réactions de la vache sur son carnet d'élevage. Il garde les plus vives, tandis que les vaches non sélectionnées partent pour la boucherie[7]
Larivalité entre aficionadostoristas, amateurs de taureaux durs, difficiles à toréer, et aficionadostoreristas, amateurs de taureaux suaves, avait relégué ces derniers au second plan. Mais depuis l'arrivée des toreros capeadors commeSébastien Castella etJuan Bautista, en France, ouJosé Tomás en Espagne, les goûts du public ont évolué en faveur de l'esthétique au détriment de la violence. C'est pourquoi unganadero, s'il veut survivre, est contraint de privilégier la suavité des géniteurs au détriment de l'agressivité[8].