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Architecture gothique

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Cathédrale Notre-Dame de Reims (XIIIe siècle –XIVe siècle).

L'architecture gothique est unstyle architectural d'originefrançaise qui s'est développé à partir de la seconde partie duMoyen Âge enEurope occidentale. Elle apparaît enÎle-de-France et enHaute-Picardie auXIIe siècle. Elle se diffuse rapidement au nord puis au sud de laLoire et enEurope jusqu'au milieu duXVIe siècle et même jusqu'auXVIIe siècle dans certains pays. L'esthétique gothique et ses techniques se perpétuent dans l'architecture française au-delà duXVIe siècle, en pleine période classique, dans certains détails et modes de construction. Enfin, un véritable renouveau apparaît avec la vague de l'historicisme duXIXe siècle jusqu'au début duXXe siècle. Le style a alors été qualifié denéogothique.

Nom et étymologie

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L'architecture dite « gothique » apparaît au début duXIIe siècle dans ledomaine royal français et les seigneuries ecclésiastiques qui lui sont associées (Laon,Noyon,Beauvais) ainsi que dans les chapelles de l'ordre du Temple, probablement sans porter d'appellation particulière jusqu'auXVe siècle, car ce nouveau style n'est d'abord que le développement rationnel de techniques de construction utilisées dans des constructions romanes.

Comme l'écritSuger après l'inauguration de l'abside de l'abbatiale Saint-Denis, il voulait faire entrer plus de lumière dans l'église car « Dieu est lumière ». C'est le développement vertical des constructions avec l'augmentation des surfaces vitrées qui va en faire une architecture originale. Toutefois, Burkhard von Hall, moine de l'abbaye Saint-Pierre deWimpfen im Tal, rapporte dans une chronique de Wimpfen, écrite vers 1280/90, la nouvelle construction de l'église de cette abbaye, commencée en 1269, et qualifie la technique utilisée d'opus francigenum, c'est-à-dire, littéralement, une « mise en œuvre française »[1].

  • Cathédrale de Laon – transition du gothique primitif (avec tribunes) au gothique classique (avec triforium sans fenêtres).
    Cathédrale de Laon – transition du gothique primitif (avec tribunes) au gothique classique (avec triforium sans fenêtres).
  • Basilique Saint-Denis - Claire-voie et triforium du gothique rayonnant sur le déambulatoire du gothique primitif.
    Basilique Saint-Denis - Claire-voie et triforium du gothique rayonnant sur le déambulatoire du gothique primitif.
  • Cathédrale d'Amiens – transept avec nef (à droite, 1220–1236, gothique classique) et chœur (à gauche, 1236–1269, gothique rayonnant).
    Cathédrale d'Amiens – transept avec nef (à droite, 1220–1236, gothique classique) et chœur (à gauche, 1236–1269, gothique rayonnant).
  • Chœur (1248–1304) de la cathédrale de Cologne, gothique rayonnant (triforium avec fenêtres).
    Chœur (1248–1304) de lacathédrale de Cologne, gothique rayonnant (triforium avec fenêtres).

Plus tard, vers 1500, on a opposé volontiers en Europe le gothique tardif ou flamboyant, qualifié de « moderne », au style italianisant, qualifié de « à l'antique »[2]. Le terme « gotico » est, semble-t-il, utilisé pour la première fois par le peintreRaphaël (ou parBramante ou encoreBaldassarre Peruzzi) en 1518 dans un rapport adressé à un pape (LéonX ouJules II) sur « la conservation des monuments antiques » : l'auteur de ce texte considère que les arcs en ogive de l'architecture gothique rappellent la courbure des arbres formant les cabanes primitives des habitants des forêts germaniques — un mythe qui réapparaîtra chez lesromantiques — et fait référence, de manière neutre, à l'art gothique duXVe siècle, désignant par contre l'« art français » médiéval sous le termeart tudesque[3]. « Gotico » est ensuite repris avec une connotation péjorative par le critique d'artGiorgio Vasari en 1530, qui fait, lui, référence ausac de Rome par les « barbares »Goths. L'art gothique était donc l'œuvre de barbares pour les Italiens de la Renaissance, car il aurait résulté de l'oubli des techniques et des canons esthétiques gréco-romains.

L'art gothique a également été critiqué par quelques auteurs français tels queNicolas Boileau,Jean de La Bruyère,Molière ouJean-Jacques Rousseau, avant d'être réhabilité par des architectes commeFrancesco Borromini ouJan Blažej Santini-Aichel, inventeur du stylebaroque gothique[4].

« [Le] fade goût des ornements gothiques,
Ces monstres odieux des siècles ignorants,
Que de la barbarie ont produit les torrents… »

— Molière

La définition du style gothique et la détermination de ses origines ont amené les historiens de l'art à poser la question du passage de l'art roman à l'art gothique. En France, à la fin duXIXe siècle, l'existence d'un style de transition a été débattue. En Allemagne, à la même époque, la discussion porte sur la dénomination d'un style de transition roman-gothique ou d'un style mixte.

Dans lesannées 1950, les historiens de l'art Hans Swarzenski etLouis Grodecki créent le terme « style 1200 »[5] pour désigner un art médiéval romanisant et protogothique situé entre le roman et le gothique, notamment dans la sculpture.

Dans lesannées 1960,Erwin Panofsky énonce l'idée d'un compromis a posteriori, où les monuments dits de transition représenteraient en fait un compromis entre style roman ancien persistant et le style gothique nouvellement introduit.

L'identité très forte du gothique est autant philosophique qu'architecturale. Elle représente probablement, de ces divers points de vue, l'un des plus grands accomplissements artistiques duMoyen Âge.

Esthétique de l'architecture gothique

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Cathédrale Saint-Étienne de Toul, façade duXVe siècle (gothique flamboyant).
Église Saint-Eustache de Paris (transition gothique/Renaissance).

Même s'il est courant de définir l'architecture gothique par l'usage de l'arc brisé (l'« ogive » des anciens antiquaires qui remplace l'arc en plein cintre) permettant aux murs de gagner en hauteur, la voûte surcroisée d'ogives qui permet à l'édifice de prendre en largeur et l'arc-boutant pour étayer la maîtresse voûte, on ne saurait réduire un style architectural précis, ou tout autre art, à des caractéristiques techniques. L'époque gothique est marquée par leur utilisation de plus en plus systématique qui permet, entre autres, d'évider plus largement les murs, ce qui conduit lesmaîtres d'œuvre, dans leur quête effrénée de la lumière, à la quasi-disparition de la paroi et à son remplacement par d'immenses verrières dans l'architecture rayonnante[6].

À l'encontre d'une idée reçue, l'arc brisé, la voûte sur croisée d'ogives et l'arc-boutant ne sont pas des inventions gothiques. Ils sont utilisés bien avant l'apparition des premiers bâtiments gothiques[note 1],[note 2] en particulier dans les constructions réalisées par les Templiers en France. Caractéristiques de l'époque gothique, l'arc brisé et l'arc-boutant sont employés dans l'architecture romane de Bourgogne et généralisés très tôt par les cisterciens, la voûte sur croisée d'ogives apparaît dans l'architecture romane normande[7].

De nombreux autres procédés architecturaux ou décoratifs ont été employés. L'alternance depiles fortes et piles faibles rythme lanef et renforce ainsi l'impression de longueur, d'horizontalité. Le rapport hauteur/largeur de la nef accentue ou diminue la sensation de hauteur de la voûte. La forme des piles, la décoration deschapiteaux, la proportion des niveaux (grandes arcades,triforium, fenêtres hautes) participent tous à l'expression de l'esthétique de l'architecture gothique :

Ainsi, les éléments architecturaux ont été mis au service de choix et de recherches esthétiques. Ils n'ont été que des outils pour obtenir les effets recherchés. Pour élever les nefs toujours plus haut, il a fallu améliorer la technique de l'arc-boutant. Pour augmenter la lumière et évider les murs, l'usage de l'arc brisé était mieux adapté. Les piles fasciculées ont homogénéisé l'espace et donné une sensation de logique aux volumes.

Enfin, l'esthétique de l'architecture gothique est généralement associée à unepolychromie, à l'intérieur et à l'extérieur, notamment pour les sculptures, les arcs et les moulures, mais aussi fréquemment sur les parois. Ces décors ont fait l'objet des recherches de l'archéologie du bâti, discipline qui a pris son essor dans lesannées 1990. Contrairement à la vision que le public en a aujourd'hui, les églises à l'époque gothique sont parfois revêtues d'une épaisse couche d'enduit ou de mortier ornés d'unfaux appareil ou de couleurs produites par des pigments, de la feuille d'or ou des inclusions de matériaux polychromes (voire pour les toitures par des tuiles vernissées ou des tables de plomb polychromes). Cette ornementation chromatique, tout en contribuant à la protection de l'église, notamment du gel, participe à l'effet de transparence, favorisant la confusion visuelle entre la paroi et l'enveloppe et niant la réalité lithique de l’édifice sous le voile d'uneluminance incarnée[9].

Historique

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Cathédrale de Sées : vue de la nef vers le chœur.

Le style gothique apparaît essentiellement enÎle-de-France et en Haute-Picardie[10], les tout premiers édifices « protogothiques » naissant dans la région francilienne. La principale hypothèse pour expliquer ces lieux de naissance francilien et picard est qu'ils sont essentiellement peuplés à cette époque de monumentspaléochrétiens, notamment de cathédrales à murs fins, charpentées et percées de nombreuses baies. Ces régions sont donc déjà préparées aux choix techniques et esthétiques du gothique. De plus, elles voient l'avènement desCapétiens et la consolidation de l'État qui, à mesure de l'annexion desfiefsféodaux, impose comme symbole du pouvoir royal le renouvellement de ces édifices. Enfin, elles sont à la frontière de régions dynamiques au niveau des inventions architecturales : laBourgogne (arc brisé inventé à l'abbaye de Cluny, arcs-boutants inventés à Cluny), la voûte surcroisée d'ogives du monde anglo-normand (cathédrale de Durham,abbaye de Lessay). Lieu de passage, de brassage, l'Île-de-France et la future Picardie voient les premiers maîtres gothiques synthétiser toutes ces influences[11].

Le style évolue dans le temps : au gothique dit « primitif » (XIIe siècle) succèdent en France le gothique « classique » (1190-1230 environ), puis le gothique « rayonnant » (v.1230 - v.1350) et enfin le gothique « flamboyant » (XVe siècle /XVIe siècle). EnFrance, l'arrivée en1495 d'une colonie d'artistes italiens àAmboise va donner naissance à un style hybride de structure gothique et de décorRenaissance, c'est lestyle Louis XII[12],[13].

Son expansion géographique se fait essentiellement en Europe occidentale et l'architecture gothique se décline en de nombreuses variantes locales : gothique angevin, normand, perpendiculaire, etc.

Tableau des principaux édifices religieux gothiques en France
VilleDates (début de construction)Hauteur sous nef (en mètres)Hauteur tour ou plus hauteflèche
(en mètres)
Longueur totale (en mètres)
Sensenviron 1135
24,4
78 (tour nord)
113
Saint-Denis1135
28,92 (voûte 13°)
90 (future flèche nord façade reconstruite)
108,16
Noyonenviron de 1140
22
66 (tour nord)
103
Rouenvers 1145 à 1506
28
151
144
Cambrai1148 (détruite en 1794)
27 (nef)
114 (tour)
131
Laon1155
25
60,5 (tour façade sud du transept)
110,5
Arras1160 (détruite en 1799)
30
75 (tour du nord)
120
Paris1163
35
69 (2 tours de la façade)96 (flèche détruite le 15 avril 2019, reconstruite à l'identique)
128
Saint-Quentin1170
34
83 (flèche)
123
Lyon1175
32,5 (nef)
44 (tour)
80
Soissons1176 à 1479
31 (chœur)
66 (tour Sud)
116
Strasbourg1190 à 1439
31
142,11
111
Bourges1192
38
65 (tour Nord)
118
Chartres1194
37,5
115 (clocher gothique)
130
AngersXIIe siècle
24,7
75 (2 tours façade)
90
Troyes1208 -XVIIe siècle
29,50
62,34 (tour)
114
Reims1211
38
87
149
Toul1210-1220
30
62
100
Auxerre1215
30
68 (tour nord)
98
Le Mansenviron 1220
24 (nef), 34 (chœur)
64 (tour)
120
Amiens1220-1269
42,50
68,19 (tour nord) 112,70 (flèche)
133,50 (intérieur)
145 (hors œuvre)
Beauvais1225-1569
48,50
67,2 (bâtiment) - Ancienne tour (démolie) 151,6
70
Metz1235 à 1520
41,77
93
123
Orléans1287 à 1829
31,75
114
136,10 (intérieur)
143,85 (hors œuvre)

Avant le gothique : l'art roman

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Articles détaillés :Architecture romane etArt roman.
Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay (nef romane, chœur au transition du gothique primitif au gothique classique).

Depuis la fin duXe siècle, les églises sont construites dans le styleroman commun à une grande partie de l'Europe occidentale : les nefs sont souvent couvertes d'unevoûte en berceau ; les murs sont épais et soutenus par descontreforts massifs situés à l'extérieur. Le nombre et l'ampleur des fenêtres sont limités et l'intérieur des édifices est décoré par desfresques aux couleurs vives.

Les historiens d'art actuels, se basant sur les découvertes de l'archéologie de la construction, tendent à diminuer la rupture entre les styles roman et gothique, en démontrant que l'héritage antique n'a pas été complètement oublié du style gothique. Les sculpteurs et les architectes s'inspirent souvent des méthodes romaines. La maîtrise précoce de l'art duvitrail se retrouve dans les églises duhaut Moyen Âge dont les verrières prennent place à des endroits précis de l'édifice, en lien probablement avec la liturgie. La quête de lumière s'intensifie dans l'architecture carolingienne qui fait un usage accru du vitrail, lequel investit toutes les baies des édifices religieux[14]. Les murs épais des églises romanes peuvent être percés dans leur niveau supérieur de larges baies qui apportent davantage de lumière, caractéristique notamment des grandeséglises normandes de la seconde moitié duXIe siècle[15].

Le gothique primitif ou protogothique : 1130-1180

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Article détaillé :Occident au XIIe siècle.

Bien que des éléments techniques utilisés par les maîtres d'œuvre de l'époque existent depuis de nombreux siècles (ogive), l'édification du chœur et de la façade de labasilique Saint-Denis et de lacathédrale Saint-Étienne de Sens sont généralement considérés comme les premiers jalons majeurs dans la genèse de l'esthétique gothique en architecture[16],[17].

Les premiers édifices gothiques apparaissent vers les années1130-1150 enÎle-de-France et surtout en Picardie.

À cette époque, la croissance démographique (en lien avec la croissance agricole et commerciale) commande une augmentation de la taille des édifices religieux (les cathédrales de Trèves et de Genève auIVe siècle sont cependant immenses, au regard de leur population, ce qui traduit une autre motivation : l'orgueil des évêques ou abbés à l'origine de la construction de ces premiers édifices gothiques puis le « patriotisme urbain »[18]). La religion, le culte desreliques sont une composante essentielle de la vie des fidèles.

La diffusion des innovations techniques rend le travail plus productif. Enfin, les villes et le commerce se développent, ce qui entraîne l'émergence d'une richebourgeoisie qui souhaite s'émanciper du pouvoir de la seigneurie féodale dès leXIe siècle par l'obtention defranchises (droit d'impôts, de justice, etc.) et l'exemption dedroits seigneuriaux précisées dans les chartes de communes. Cette bourgeoisie souhaite s'émanciper aussi du pouvoir ecclésiastique en tenant ses conseils municipaux non plus dans les églises, mais dans leshôtels de ville dont lesbeffrois concurrencent les clochers. Au gré des circonstances, ces trois pouvoirs s'affrontent ou s'allient (il peut même y avoir concurrence entre le clergé cathédral et celui des autres églises paroissiales dont la responsabilité de la collecte et l'administration des fonds pour sa construction est assurée par leconseil de fabrique) pour le financement de nouvelles églises et cathédrales.

Ces sources de financement sont essentiellement les revenus de l’évêque (c'est lui qui est toujours à l'initiative de ces premiers édifices gothiques, lechapitre de chanoines prendra le relais au milieu duXIIIe siècle à mesure que les chanoines jouent un rôle plus important), les dons de nobles (donations en « pure, perpétuelle et irrévocable aumône » ou demande de messes), de bourgeois (notamment pour leur salut), de corporations (se faisant par exemple représenter dans les vitraux en retour) et les contributions de tous les fidèles (quêtes,indulgences, transport des reliques…)[19].

  • Cathédrale Saint-Étienne de Sens.
    Cathédrale Saint-Étienne de Sens.
  • Déambulatoire de la basilique Saint-Denis.
    Déambulatoire de la basilique Saint-Denis.
  • Basilique Saint-Denis.
    Basilique Saint-Denis.

Premières réalisations

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Même si elle ne fut consacrée qu'en 1163, les travaux de lacathédrale Saint-Étienne de Sens ont commencé en 1135 et de fait elle est considérée comme la première des cathédrales gothiques. Néanmoins, les premiers essais ne concernent pas les cathédrales.

Les églises et abbatiales deSaint-Martin de Paris (chœur de 1130) et deSaint-Germer-de-Fly (1135) présentent déjà quelques traits du gothique. Elles sont antérieures à l'abbatiale deSaint-Denis, mais celle-ci est une des premières constructions religieuses encore debout à se démarquer nettement du styleroman[11].

L'abbayebénédictinede Saint-Denis est un établissement prestigieux et riche grâce à l'action deSuger, abbé de1122 à1151. Ce dernier souhaite rénover la vieilleéglisecarolingienne afin de mettre en valeur les reliques desaint Denis dans un nouveau chœur : pour cela, il souhaite une élévation importante et des baies qui laissent pénétrer la lumière.

Suger décide d'achever la construction de sa nouvelle abbatiale en s'inspirant du nouveau style entraperçu dans lacathédrale Saint-Étienne de Sens. En1140, il fait édifier une nouvelle façade occidentale du type « harmonique », en s'inspirant des modèlesnormands de l'âge roman, comme l'abbatiale Saint-Étienne de Caen qui offre un bel exemple defaçade harmonique normande, rompant avec la tradition carolingienne dumassif occidental. En1144, la consécration du chœur de la basilique marque l'avènement d'une nouvelle architecture. Reprenant le principe dudéambulatoire àchapelles rayonnantes en le doublant, il innove en prenant le parti de juxtaposer les chapelles, autrefois isolées, en les séparant par un simple contrefort. Chacune des chapelles comporte de vastes baies jumelles munies devitraux filtrant la lumière. Le voûtement adopte la technique de lacroisée d'ogives qui permet de mieux répartir les forces vers lespiliers.

Le premier art gothique s’étend durant la seconde partie duXIIe siècle dans le Nord de la France. Leclergé séculier est alors tenté par un certain faste architectural. Saint-Denis passe pour le prototype : mais ce parti, très audacieux, ne sera pas immédiatement compris et suivi (façade harmonique, doubledéambulatoire,voûtes d'ogives). LacathédraleSaint-Étienne deSens est un autre exemple initiateur de ce mouvement, moins audacieux que Saint-Denis : alternance des supports (piles fortes et piles faibles), voûtes sexpartites, murs qui restent relativement épais - l'utilisation des arcs-boutants ne se généralisera qu'à lapériode gothique classique (même s'ils font leur première apparition attestée àSaint-Germain-des-Prés[20], dès lesannées 1150, jusqu'à la découverte de cet élément architectural en 1130 àCluny[11]). Toutefois, des innovations telles que l'absence detransept qui unifie l'espace et un éclairage plus abondant, peuvent être constatées.

L'élévation du gothique primitif se fait alors sur quatre niveaux :grandes arcades,tribunes,triforium et fenêtres hautes, lestribunes devenant ainsi l'une des caractéristiques principales des années 1140-1180 comme auxcathédrales de Laon,Noyon,Saint-Germer-de-Fly et bien que remanié àSenlis... Les apports de Sens sont compris plus vite que ceux de Saint-Denis. La cathédrale de Sens va avoir davantage de répercussions et rapidement de nombreux édifices vont suivre son exemple, au nord de laLoire dans un premier temps.

Lacathédrale de Laon présente encore une forme « archaïque » en conservant une élévation à quatre niveaux, dont des tribunes. Le contrebutement de la nef, malgré des voûtes sexpartites et une alternance piles fortes / piles faibles, n'est pas encore pleinement résolu.

Tableau des principaux édifices du gothique primitif en France
VilleÉdificeDébut des travaux[21]Fin des travaux (gros-œuvre)Date de la consécration
SensSaint-Étienne1135Entre1490 et15171164
NoyonNotre-Dame de Noyon11451235
SenlisNotre-Dame de Senlis1151inconnue
LaonNotre-Dame de Laon11551235
SoissonsSaint-Gervais-et-Saint-Protais (bras sud dutransept)1176Fin duXIIe siècle

Le gothique classique : Chartres contre Bourges 1180-1230

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Historique

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Dès l'époque dePhilippe-Auguste, à la fin duXIIe siècle, lamonarchie française s'affirme avec une expansion de son pouvoir et de son territoire : faisant suite à sa rivalité avecles Plantagenêt, l'Aquitaine et laNormandie sont rattachés à la France dès le début duXIIIe siècle, l'achèvement de lacroisade des albigeois, en 1229, se termine par l'annexion ducomté de Toulouse en 1271[22]. LeSaint-Empire romain germanique perd également son prestige au profit duroi de France à la suite de labataille de Bouvines. La France s'impose ainsi comme la première puissance de l'occident chrétien qui se manifeste par les deuxcroisades du règne deLouis IX et la fondation de la premièreuniversité d'Europe à Paris.

Les caractéristiques

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Le gothique classique ouvre ce qu'on appellera auXIIIe siècle, le « Siècle des cathédrales ». Il correspond à la phase de maturation et d'équilibre des formes (finXIIe siècle-1230 environ). Des centaines d'églises sont construites ou modifiées dans les villes et villages ou pour les monastères en tenant compte des nouveaux principes dès la fin duXIIe siècle. Dans les cathédrales, le rythme et la décoration se simplifient et l'architecture s'uniformise : l'élan vertical est de plus en plus prononcé tandis que l'arc boutant, qui enjambe les bas-côtés pour transmettre la poussée de la voûte centrale, devient un organe essentiel. Son utilisation systématique permet àChartres, la création régulière grâce à lavoûte sexpartite et l'abandon du principe de piles alternées très marqué àSens. C'est dans ledomaine royal de ladynastie capétienne en pleine affirmation que le style trouve son expression la plus classique[23].

Pour cette période, on commence à connaître le nom desarchitectes, notamment grâce auxlabyrinthes (Reims). Lesmaîtres d'œuvre rationalisent la production en ayant progressivement recours à la préfabrication despierres de taille en carrière et à la standardisation[24] des modules de maçonnerie[25]. La mise au point desarcs-boutants permet de supprimer les tribunes qui jusqu'alors jouaient ce rôle. Les autres pays d'Europe commencent à s'intéresser à cette nouvelle forme architecturale comme enAngleterre àCanterbury etSalisbury ou enEspagne àTolède etBurgos.

Opposition du modèle chartrain et du modèle de Bourges

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Cathédrale Notre-Dame de Chartres, nef et chœur (1194-1230).

Leshistoriens de l'art envisagent très tôt le projet ambitieux de lacathédrale Notre-Dame de Chartres comme étant le prototype du « gothique classique » : c'est le « modèle chartrain » où l'on va rechercher l'équilibre entre les lignes verticales et les lignes horizontales ainsi que la planitude des murs.

La construction de la cathédrale chartraine s'inscrit dès 1194 dans un contexte d'émulation générale faite d'échanges et detransferts d'expérience[26] : rendu possible grâce au perfectionnement du contrebutement et à la meilleure maîtrise de lacroisée d'ogives, on sacrifie lestribunes si caractéristiques desannées 1140-1180. Le grand vaisseau adopte désormais une élévation à trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes. De l'étagement sur un seul plan, on obtient une planitude nouvelle de la paroi murale.

La base des piliers se réduit par rapport à lacathédrale Notre-Dame de Noyon et letore inférieur plus écrasé commence à déborder de l'aplomb du socle. La mise en place d'un nouveau type de pilier à quatre colonnes engagées va pouvoir créer une répétition à l'infini tout en augmentant visuellement l'élan vertical. Les grandes arcades enarcs brisés sont agrandies et profilées d'un méplat reposant entre deuxtores sur des colonnes à supports engagés. Pour ne pas rompre l'élan des lignes verticales, les crochets deschapiteaux sont désormais remplacés par des bagues de feuillages appliquées à lacorbeille. L'abandon duvoûtement sexpartite au profit d'unvoûtement quadripartite dit « barlong », est une grande innovation créant une ordonnance régulière obtenue par la suppression définitive de l'alternance des supports. Elle est pourtant subtilement rappelée en tant que motif décoratif, par la variation du dessin des piliers qui sont alternativement circulaires et octogonaux[27]. Letriforium à quatre arcades brisées, soulignées par deuxbandeaux profilés en amandes, devient ici continu, créant ainsi une « puissante horizontale »[28]. Autre nouveauté, les murs ne devenant plus un soutien mais plutôt une clôture, les fenêtres hautes peuvent dorénavant occuper toute la largeur du mur développant ainsi l'espace réservé aux verrières[29] : composées de deuxlancettes géminées systématiquement brisées, ces fenêtres atteignent maintenant la même hauteur que les grandes arcades, amenant ainsi plus de lumière à l'édifice. Elles sont surmontées d'une grande rose à huit lobes qui permettent l'épanouissement de la technique du vitrail[30]

Lacathédralegothique type présente unefaçade dite « harmonique », c'est-à-dire encadrée de deux tours symétriques. Sa composition extérieure reflétant ses dispositions intérieures, elle montre troisportails richement ornées ouvrant sur unenef et deuxbas-côtés ou, exceptionnellement, comme àBourges, cinq portails correspondant à cinq vaisseaux. Au-dessus, elle est percée d’une granderose ou alors d’une immense verrière en tiers-point. Unegalerie coupe horizontalement l’élévation ; ajourée de niches habitées par les statues des rois et prophètes de l’Ancien testament, elle est dite « galerie des rois ».

La façade harmonique parfaite est cependant assez rare. Si l’on compte celles à tours inachevées, dissymétriques ou terminées postérieurement à l'époquegothique, seule une quarantaine de cathédrales enEurope montrent une telle disposition. Cette façade constitue déjà la première page d’un gigantesque livre d’histoire religieuse, proposant au fidèles de découvrir l'Ancien Testament gravé dans la pierre des portails.

Cette « élévation à trois niveaux » ne sera pourtant pas reconnue comme un acte fondateur du gothique classique. C'est bien la transformation de la perception des volumes et de l'espace intérieur par la planitude des murs et par cet équilibre nouveau entre les lignes verticales et les lignes horizontales qui marquera une réelle avancée. L'esthétique définie aura une grande postérité. Le « modèle chartrain » sera non seulement repris àReims et àAmiens mais également à l'étranger, enAngleterre d'abord, dans les cathédrales deCanterbury etSalisbury, puis enEspagne àBurgos et plus tard dans leSaint-Empire romain germanique, à lacathédrale de Cologne.

Cathédrale de Bourges, intérieur (1195-1230).

Face au « modèle chartrain », lacathédrale Saint-Étienne de Bourges, dès 1195, représente une autre esthétique : contrairement à la cathédrale de Chartres, les effets recherchés sont essentiellement des jeux de volumes avec une perspective longitudinale et un profil pyramidal.

Henri de Sully,archevêque de Bourges fait une donation au chapitre de la cathédrale de Bourges pour la construction d'un nouvel édifice. L'archevêque est frère d'Eudes de Sully,évêque de Paris, d'où une similitude de plan et d'élévation avec lacathédrale Notre-Dame de Paris. Si l'idée d'un doubledéambulatoire est reprise, letransept est ici supprimé, contribuant à la sensation d'unité de l'espace et de longueur de l'édifice, totalement dépourvu de l'axialité appuyée qui caractérise le « modèle chartrain ». Nouveauté de l'époque, toutes les moulures et les chapiteaux ont la même hauteur, avec deux diamètres seulement de colonnettes, quelle que soit leur position dans l'édifice[31]. Si, comme à Chartres, lestribunes sont sacrifiées pour une élévation à trois niveaux, on reste pourtant fidèle comme à la cathédrale Notre-Dame de Paris, à lavoûte gothique sexpartite, ce qui entraîne dans la nef centrale, l'adoption d'une alternance de piles faibles et fortes qui sera habilement dissimulée par la présence de huit colonnettes engagées sur un cylindre. Cette plasticité se maintiendra d'ailleurs enBourgogne, àSaint-Étienne d'Auxerre ou àNotre-Dame de Dijon.

L'effet obtenu surprend aussi bien par l'absence de transept que par une ouverture visuelle sur le doublebas-côté se prolongeant autour duchœur : en résulte une perspective longitudinale avec une impression d'immense espace intérieur libéré de tout cloisonnement et dont les volumes ouvrant les uns sur les autres entrent en totale opposition avec le « modèle chartrain » qui met surtout l'accent sur la hauteur et l'axe menant au chœur[31]. On aboutit ainsi au profil pyramidal de la coupe transversale, les cinq nefs étant hautes respectivement de9 mètres, 21,30 mètres et 37,50 mètres[31] depuis les bas-côtés extérieurs jusqu'à la nef centrale. En complément, lemodèle de Bourges offre une recherche nouvelle sur la lumière : les collatéraux intérieurs, dotés de triforiums, ont une élévation à trois niveaux et la disposition des nefs, chacune pourvue de fenêtres hautes, permet d'apporter un éclairage latéral s'additionnant à celui du sommet de la nef centrale et du chœur.

Malgré toutes ces innovations, le modèle de Bourges aura peu de postérité : il ne sera seulement repris qu'àSaint-Julien du Mans, remanié àSaint-Pierre de Beauvais et ne se retrouvera à l'étranger qu'àSainte-Marie de Tolède.

Tableau des principaux édifices du gothique classique en France
Ville bénéficiaireÉdificeDébut des travaux[21]Fin des travaux (gros-œuvre)Date de la consécration
Le MansSaint-Julien du Mans115814301254
SoissonsSaint-Gervais-Saint-Protais1176Deuxième moitié duXIIIe siècle
ChartresNotre-Dame de Chartres1194vers 12201260
BourgesSaint-Étienne de Bourges11951230
ToulSaint-Étienne de Toulvers 12101497 (façade)vers 1400
ReimsNotre-Dame de Reims121112751360
AmiensNotre-Dame d'Amiens122012641455

Le gothique rayonnant : 1230-1380

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LeXIIIe siècle : le siècle des cathédrales

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Encore une fois, ce style est né à Saint-Denis avec la réfection des parties hautes duchœur de l'abbatiale en1231. Il s'impose réellement à partir des années1240, notamment à laSainte-Chapelle de Paris ; les édifices alors en chantier prennent immédiatement en compte cette nouvelle « mode » et changent partiellement leur plan[32]. Le gothique rayonnant va se développer peu à peu jusqu'en1350 environ, et se répandre dans toute l'Europe avec une certaine homogénéité. Des architectes français seront employés jusqu'à Chypre ou en Hongrie[33].

Les églises deviennent de plus en plus hautes. Sur le plan technique, c'est l'utilisation d'une armature de fer (technique de la « pierre armée ») qui permet des bâtiments aussi vastes et des fenêtres aussi grandes[34].

Les fenêtres s'agrandissent jusqu'à faire disparaître le mur : les piliers forment un squelette de pierre, le reste étant de verre, laissant pénétrer une lumière abondante. La surface éclairée est encore augmentée par la présence d'untriforium ajouré comme àChâlons. ÀMetz, la surface vitrée atteint 6 496 m2. Les fenêtres sont en outre caractérisées par desremplages d'une grande finesse qui ne font pas obstacle à la lumière, fondés sur l'exploitation de figures simples tracées au compas fournissant desfigures lobées à trois, quatre, cinq découpes ou plus. La rose, déjà très utilisée auparavant, devient un élément incontournable du décor (Notre-Dame de Paris,transept ; façade de lacathédrale de Strasbourg).

On notera aussi une certaine unité spatiale : les piliers sont tous identiques ; la multiplication deschapelles latérales permet aussi d'agrandir l'espace de la cathédrale.

Le pilier est le plus souventfasciculé, c'est-à-dire entouré de multiples colonnettes rassemblées en faisceau. Contrastant avec la tendance du pilier fasciculé, tout un groupe de cathédrales et grandes églises adoptent cependant des piles cylindriques à l'imitation de lacathédrale Saint-Étienne de Châlons.

LeXIVe siècle : vers une rupture ?

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LeXIVe siècle est un siècle marqué par les problèmes économiques et une crise agricole liée au début dupetit âge glaciaire. Divers troubles sociaux éclatent non seulement àParis, avec les bourgeois menés par le prévôtÉtienne Marcel mais également dans le monde paysan avec laJacquerie ou dans les milieux artisanaux déjà structurés de la Flandre[35]. À ceci s'ajoute lapeste noire qui décime le tiers de la population européenne alors que laguerre de Cent Ans monopolise les financements et installe l'insécurité, ne favorisant plus les réalisations coûteuses. La frénésie de construction entamée auXIIIe siècle perd nettement de son souffle. Il y a d'ailleurs davantage de restaurations. On se contente souvent d'ajouter des chapelles entre les contreforts des bas-côtés : avec le développement de ladevotio moderna, elles sont construites et décorées aux frais d'un donateur, d'une confrérie ou d'un particulier.

Disparition des chapiteaux dans le chœur de la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne (1336-1354).

Les réalisations de cette époque sont encore qualifiées de « rayonnantes » sans que rien de précis ne vienne justifier cette appellation. Abandonnant l'art monumental, on note une miniaturisation dans la sculpture où les thèmes profanes se développent. On découvre le réalisme et la sculpture devient progressivement indépendante de son support[36]. L'aspect purement décoratif est de plus en plus recherché et si l'esprit de raffinement l'emporte sur la simplicité robuste, l'évolution stylistique reste pourtant mesurée, sans doute liée à la baisse du nombre de constructions.

Le Midi semble plus créatif que les vieux foyers septentrionaux dont les édifices les plus marquants ont été élevés un siècle plus tôt : les réalisations de la famille deJean Deschamps restent prépondérantes comme àNarbonne,Rodez,Carcassonne,Clermont ouBordeaux. Au nord, des chantiers d'envergure se développent toutefois àSaint-Urbain de Troyes et sur la façade de lacathédrale de Strasbourg.

Certaines innovations qui seront importantes au siècle suivant, se font déjà jour : l'évolution générale se fait vers un évidement extrême des murs et lechapiteau étant progressivement abandonné, lesnervures desvoûtes viennent alors se prolonger directement dans lescolonnettes despiliers (Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne). Le désir de multiplier les lignes ascendantes conduit à diminuer le diamètre descolonnes engagées qui tendent à se confondre avec de simplesmoulures. La base des piliers dont lascotie est supprimée, prend à la fin de la période, l'allure d'une assiette renversée[36].

Letriforium ajouré enclaire-voie, généralisé dès le milieu duXIIIe siècle, se voit réduit par l'espace croissant réservé à l'ouverture des fenêtres hautes. Cette évolution est visible dans la technique de l'arc-boutant : on s'aperçoit que les seules parties qui travaillent sont l'extrados qui transmet la poussée desvoûtes et l'intrados qui la soutient. Les parties intermédiaires et lesécoinçons, se voient ainsi de plus en plus évidés, ajourés derosaces ou de trèfles à quatre lobes (basilique Saint-Urbain de Troyes)[36].

Le gothique international : l’âge des princes, 1380-1420

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Article détaillé :Gothique international.

Historique

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Les Très Riches Heures du duc de Berry (1412-1416, Chantilly).

Les conditions générales des années 1380-1420 n'apparaissent guère propices à un nouvel épanouissement. À la suite desfamines et surtout des implacablesépidémies de peste qui se sont succédé dès le milieu duXIVe siècle, s'est instaurée une véritable dépression démographique. S'y adjoint une instabilité politique : si les victoires deCharlesV n'avaient plus laissé aux Anglais que la possession de cinq villes dans le royaume, les conflits de laguerre de Cent Ans reprennent de plus belle lorsqu'en 1392, son filsCharlesVI donne des signes d'aliénation. Les grandsducs de France se disputent alors le pouvoir. Dès 1405, la guerre civile entreArmagnacs etBourguignons est telle qu'elle conduit à l'intervention étrangère et auTraité de Troyes de 1420 par lequel, à peine conscient, le roi déshérita son filsCharlesVII au profit du roi d'AngleterreHenriV.

Parallèlement, la crise pontificale qui touche lecatholicisme aboutit augrand schisme d'Occident, divisant pendant quarante ans la chrétienté catholique en deux courants rivaux tout en laissant les fidèles sans véritable guide spirituel. Deux successions pontificales simultanées, l'une àRome et l'autre àAvignon, provoquent alors une crise profonde du sentiment et de la pensée religieuse : malgré son élection, chaque tenant en titre étant qualifié d'antipape par ses adversaires.

Au milieu de cette tourmente, pourtant, un certain nombre de princes tels que les frères du roi,Jean de Berry,Louis d'Anjou etPhilippe le Hardi se comportent en grands mécènes : au temps des souverains va succéder l'âge des princes. Se dressent alors de somptueuses résidences où la décoration souvent remarquable témoigne d'un progrès des aménagements intérieurs déjà esquissés sous Charles V.

Au cours de ce mouvement, les cours européennes les plus puissantes cherchent également à s'étonner les unes les autres à travers leurs constructions, dans le seul but d'affirmer leur pouvoir. Celui-ci impose une nouvelle esthétique en faisant appel à une génération d'artistes tous très jeunes[37]. La mobilité d'architectes de renom, dont le prestige dépasse les frontières de la France, permet de diffuser en retour les innovations artistiques du temps, effaçant pour un temps, les spécificités nationales, créant ainsi un style international.Charles IV àPrague, les frères de Charles V, lespapes àAvignon ou encore lesVisconti àMilan, interviennent désormais directement sur l'activité artistique, d'où le terme de « style aristocratique »[38]. Cette recherche nouvelle d'élégance précieuse annonce d'ailleurs les commandes futures de bourgeois enrichis au cours duXVe siècle. Dès cette époque, l'intervention du monde laïque commence d'ailleurs à déterminer les axes de l'évolution des formes qui deviennent tributaires des commanditaires.

Au cours de cette période, si l'architecture gothique, désormais au service de la propagande politique, reste fidèle aux formes duXIVe siècle, elle s'engage pourtant sur des voies audacieuses dont les éléments nouveaux, au rôle déterminant, seront pleinement exploités au siècle suivant[35].

Les caractéristiques

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Chœur de la cathédrale Saint-Guy de Prague (1344-1420) par Mathieu d'Arras puis Peter Parler.

Entre la fin duXIVe et le début duXVe siècle, le gothique international[39] est une phase transitoire de l'art gothique témoignant de la proximité de caractères présents dans l’art de régions parfois fort éloignées, de l’Europe occidentale. Pouvant s'exprimer à l'échelle d'une cité[35], c'est un art brillant pliant les formes traditionnelles de l'architecture au rythme d’une écriture souple, tout en privilégiant les courbes et le raffinement : art de cour, il témoigne du goût prononcé de la société princière pour les fastes et le cérémonial. Certains historiens de l'art ont parfois remis en doute son caractère international[40], préférant même le considérer,« à de nombreux égards, [comme] non réellement pertinent […] dans la mesure où il tend à aplanir les différences comme les détails de la transmission [artistique] »[41], préférant désigner ce mouvement comme unstyle aristocratique, terme qui le définit également avec justesse[42].

Laguerre de Cent Ans et legrand schisme d'Occident provoquèrent la désagrégation progressive du mécénat religieux et royal, si présents durant leMoyen Âge et qui tendait jusqu'alors à maintenir des écoles locales. Désormais, ce sont les princes qui s'attachent à leur service un nombre croissant d’artistes, d'architectes ou de sculpteurs portant alors le titre de « valet de chambre » de « l'hôtel du prince ». Celui-ci n’impliquait pas par lui-même de fonction particulière, mais indiquait que l'artiste possédait un rang et en recevaient une pension tout en restant libre de répondre aux commandes d'autres cours princières. Ces artistes étaient donc aussi hommes de cour et en adoptaient l’esprit et les mœurs. Nul doute que le raffinement de l’art de l’époque en ait été redevable. Les enluminures desFrères de Limbourg dansLes Très Riches Heures du duc de Berry de leur mécèneJean de Berry sont un reflet des constructions nouvelles de l'époque et de cette vie de cour partagée avec la société princière. La mobilité d'architectes de renom, dont le prestige dépasse les frontières de laFrance, permet de diffuser en retour les innovations artistiques du temps, avant que l'affirmation desystèmes corporatifs stricts du début duXVe siècle, ne réaffirment les spécificités nationales.

ÀPrague, l'EmpereurCharles IV, qui avait opté dans un premier temps pour une conception française en faisant appel àMathieu d'Arras, à lacathédrale Saint-Guy, y renonce, au profit d'une conception révolutionnaire.Peter Parler à la fin duXIVe siècle, abandonne le principe de la travée pour une conception unitaire du volume, affirmée par le dessin dutriforium et surtout par le mode de couvrement. Cette dominante monumentale marque l'ensemble de la production. Elle apparaît avec netteté dans le domaine de la sculpture où l'on abandonne la formule éclatée de la première moitié du siècle pour accompagner à nouveau l'architecture (chartreuse de Champmol). La conséquence en est une conception plastique qui rejoint celle du début duXIVe siècle mais qui demeure originale[37].

Tour Jean-sans-Peur, 1410, Paris.

Dès les années 1380, le mécénat deJean de Berry, frère deCharles V le Sage, s'illustre par l'édification de bâtiments d'aspect monumental, déjà marqués par les débuts de l'art gothique flamboyant dont l'architecteGuy de Dammartin est un des initiateurs[43]. Dans laSainte-Chapelle de Riom, le remplage des fenêtres forme des courbes et des contre-courbes, articulées ensoufflets etmouchettes, ce qui en fait l'un sinon le premier exemple ce nouveau style. Aupalais des comtes de Poitiers, la reconstruction de la tour Maubergeon est l'occasion pour l'architecte d'adopter une traduction monumentale du nouveau style flamboyant afin de réaliser pour le prince, un édifice hautement symbolique, offrant à la ville l'image d'une tour à l'architecture raffinée et porteuse d’un message iconographique fort[43]. Au premier étage, l'ancienne salle du sénéchal, transformée en une « salle à parer », manifeste cet abandon progressif des chapiteaux, réduit ici à de simples moulures. L'ogive peut pénétrer alors sans interruption dans la colonne qui la supporte. Lespiliers octogonaux se modèlent d'arêtes à angles vifs, montant alors d'un seul jet depuis le sol jusqu'à se fondre dans les voûtes. Faisant le lien avec ces travaux,Jean de Berry fait reprendre le pignon sud de la « Grande salle » qui est en connexion avec la tour Maubergeon. On reconstruit l'estrade noble surmontée d'une triple cheminée monumentale créée pour l'occasion et composée d'un triple conduit extérieur détaché du mur. Ses dimensions monumentales, 10 m de long sur 2 m, manifestent de cette monumentalité recherchée à l'époque en provoquant l'étonnement.Guy de Dammartin avait déjà fait l'expérience de la même commande pour le pignon sud de la « Grande salle » dupalais de Bourges. Cependant, alors qu'à Bourges la triple cheminée était couronnée d’une arcature aveugle, celle du palais des comtes de Poitiers est dominée par un ouvrage décoratif s'apparentant davantage à l'art de l'orfèvre qu'à celui du maître-maçon : s’opposant à la masse horizontale des trois cheminées, une triple arcature surmontée de gâbles se détache devant un grand fenêtrage de quatre jeux de lancettes formant une puissante source d’éclairage et comportant les mêmes soufflets et mouchettes qu'à laSainte-Chapelle de Riom.

Dernier vestige de l'hôtel de Bourgogne, la tourtour Jean-sans-Peur, fut construite entre 1409 et 1411 à la demande duduc de Bourgogne, après l’assassinat deLouisIer d'Orléans, frère cadet du roiCharles VI. À la suite de son accession auduché de Bourgogne,Jean sans Peur souhaite marquer symboliquement sa prise de pouvoir par la construction de cethôtel, en réalisant un grandescalier à vis, inspiré de celui construit sousCharles V le Sage auLouvre. Typique de ce style aristocratique, les dernières innovations architecturales y sont utilisées au service de la propagande politique. L'élimination progressive duchapiteau, observé àNarbonne puis au palais des comtes de Poitiers, a favorisé peu à peu la comparaison entre la colonne et le tronc d'arbre dont les nervures évoqueraient des branches[44]. Cette analogie qui s'exprime clairement dans le décor végétal de cette voûte d'escalier à vis, n'est pourtant pas gratuite puisqu'elle n'est reprise qu'à des fins héraldiques. Chaque plante représentée symbolise ainsi un membre de lafamille de Bourgogne : si d'un pot central, partent des branches dechêne sur lesquelles grimpe duhoublon, rejointes par des branches d'aubépine naissant des murs, le chêne ne représente rien d'autre quePhilippe le Hardi, l'aubépine, sa femmeMarguerite d’Artois et le houblon, Jean sans Peur leur fils.

Dans le mécénat deLouis d'Anjou, troisième frère deCharlesV, si les mêmes tendances flamboyantes deRiom sont reprises au niveau des remplages de lachapelle du château d'Angers, la vraie nouveauté s'exprime lors de la reconstruction duchâteau de Saumur, surnommé « château d'amour » par leroi René. Dans un contexte civil, la multiplication nouvelle des ornements de couronnement et le percement de fenêtres dans lescourtines duchâteau fort véhicule une notion inédite de luxe alors que l'abondance des ouvertures et des motifs architecturaux participe à la féerie du château. Déjà à la fin duXIVe siècle, cette propriété quasi-magique du palais largement ouvert sur l'extérieur était apparue lorsqueGuillebert de Mets évoquait la fastueuse demeure parisienne de Jacques Ducy, alors clerc à lachambre des comptes[45].

La dominante monumentale marquant l'ensemble de la production artistique de l'époque dont la sculpture, apparaît avec netteté lorsquePhilippe le Hardi, fait appel en 1383, au maître d'œuvreClaus Sluter pour réaliser près deDijon le chantier de sachartreuse de Champmol. Les quelques éléments sculptés qui nous sont parvenus, montrent cette volonté d'accompagner à nouveau l'architecture. Par ailleurs, la Vierge à l'enfant au pilier central du portail, reflète la tradition de l'époque sous influence flamande : jambe d'appui et jambe libre, drapé en volutes, sensation de tension, d'énergie et de « dialogue » entre la Vierge et son enfant.

Le gothique flamboyant : 1420-débutXVIe siècle

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Galerie

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Historique

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La construction du Temple parJean Fouquet (vers 1420) : Dans ce chantier de la cathédrale, métaphore de l'édifice religieux en tant queJérusalem céleste, des peintres sur un échafaudage, le long de la façade de droite entre les rosaces, terminent le revêtement polychrome.

À partir duXVe siècle, la reprise de l'activité artistique de chacune des grandes capitales européennes, se fait sentir dans tous domaines, avec cependant, une nette prédominance pour l'architecture. À nouveau, c'est elle qui retient l'attention générale en provoquant la réunion d'artistes tels queJean de Beauce, lesfrères Grappin,Simon Moycet puisMartin Chambiges. Reprenant les innovations artistiques apparues lors dugothique international, l'affirmation dessystèmes corporatifs stricts du début duXVe siècle, réaffirment dès lors les spécificités nationales.

En France, alors que le roiCharlesVI meurt de sa folie, son filsCharlesVII, ne peut se fairesacrer àReims, alors sous contrôle anglais. Faute de soldats, il se retrouve d'ailleurs dans l'incapacité de reprendre le contrôle de la totalité du territoire et n'hérite en1422, que d'un petit morceau duroyaume de France, alors partagé en trois parties : Le duché duduc de Bedford qui règne depuis les terres anglaises, leduché de Bourgogne et le royaume dit « deBourges » de Charles VII.

À la suite de l'intervention deJeanne d'Arc, la tendance s'inverse pourtant. Après avoir délivréOrléans, assiégée par les Anglais, elle redonne de l'espoir et du courage aux partisans de Charles VII. Traversant les terresanglo-bourguignonnes, lachevauchée vers Reims permet au roi de confirmer sa légitimité en se faisantsacrer àReims le dimanche. Dès lors en position de force, Charles VII parvient, au cours dutraité d'Arras de 1435, à renverser l'alliance entre lesducs de Bourgogne et deBedford à son avantage. Dès 1444, il peut signer latrêve de Tours, première étape vers la fin de laguerre de Cent Ans qui s'achèvera à labataille de Castillon en 1453. Son filsLouisXI lui succède en 1461, c'est un homme complexe et un fin diplomate qui saura imposer son pouvoir et régner sur un vrai royaume. Cependant, trop occupé à unifier laFrance, il ne sera pas un grand commanditaire, laissant lesgrands feudataires du royaume et quelques grandsbourgeois, dontJacques Cœur, assumer ce rôle.

Cette fin des hostilités avec l'Angleterre, amène à la reconstruction d'un pays meurtri. Elle touche les campagnes et les villes, dont les bâtiments, jusque-là de bois, sont désormais en pierre. Signe des temps, l'architecture des bâtiments est souvent monumentale : il y a une volonté affichée d'éblouir et de marquer la puissance urbaine retrouvée à cette époque par des emprunts au vocabulaire architectural des édifices religieux[46].

Le « gothique flamboyant » est plus un style qu'une période, le qualificatif « flamboyant » aurait été employé pour la première fois parEustache-Hyacinthe Langlois, antiquaire normand, pour décrire les motifs en forme de flammes articulés ensoufflets etmouchettes, se développant en nombre dans lesremplages desbaies, lesrosaces ou sur lesgâbles de l'époque.

Appelé parfois abusivement « gothique tardif » ou « gothique baroque », il est probablement apparu en Angleterre, avec des fenestrages flamboyants dès le milieu duXIVe siècle. En France, c'est à laSainte-Chapelle de Riom, dans lesannées 1380, queGuy de Dammartin se fait l'un des initiateurs de ce nouveau style[43]. On en voit également les prémices, à Paris, lors de l'édification, à la même époque, deNotre-Dame-de-Bonne-Nouvelle (reconstruite auXIXe siècle)[47] et lors de la réalisation de la rose de laSainte-Chapelle de Vincennes. LaChampagne restée un temps en retrait, se plie au nouveau style lors de l'arrivée, vers 1450, de maîtres maçons tels que Florent Bleuet, actif à lacathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes et à labasilique Notre-Dame de L'Épine.

Historiquement, le style gothique flamboyant, aboutissant à la phase transitoire duStyle Louis XII, peut être considéré comme la dernière manifestation d'un art duMoyen Âge, s'opposant d'une certaine manière au mouvement qui, amorcé dès leconcours du dôme de Florence en 1418, distingue une école d'architecture proprement italienne, donnant lieu à laPremière Renaissance.

Caractéristiques

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Voûtes de lachapelle du Saint-Esprit de Rue (vers 1515).

Par rapport à la période précédente, la structure des édifices reste la même ; mais leur décor évolue vers une ornementation exubérante, caractérisé par une grande virtuosité dans lastéréotomie (taille de la pierre). La technique de la « pierre armée » de la période rayonnante fait place à la « pierre taillée » : cela explique par exemple que lesrosaces soient de dimensions plus modestes[34], même si elles se font plus aériennes reposant sur des structures plus légères comme dans laSainte-Chapelle de Vincennes.

Les façades flamboyantes présentent la caractéristique d'être ouvragées sur plusieurs plans, dont la surcharge décorative, recouvrant les surfaces de leurs motifs va parfois jusqu'à étouffer la sculpture et diluer les lignes de l'architecture (Tour du Beurre[48] àRouen)[49]. Les motifs curvilinéaires, lesarabesques développées en courbes et contre-courbes dominent désormais lesremplages, en évoquant, comme disaitMichelet« des flammes, des cœurs ou des larmes » (transept de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors). Parallèlement, la brisure des arcs s'assouplit, s'abaisse progressivement enanse de panier ou se redresse enaccolade surmontés de gables comme dans les réalisations deJean de Beauce à laTrinité de Vendôme, ou d'arcs en cloches (maison des Têtes de Valence,Croisillon sud, cathédrale de Senlis)[12].

Le même esprit inventif présidant le style gothique flamboyant se manifeste dans les plans et les élévations des églises, tantôt à nef unique, tantôt à troisvaisseaux d'inégale hauteur, tantôtéglises-halles.

À l'intérieur des édifices duXVe siècle : l’élévation est souvent réduite à deux niveaux[12]. Les grandes arcades s’allongent encore, surmontées detriforiums soit aveugles (église Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors) ou alors incorporés en tant queclaires-voies aux fenêtres hautes, dont ils ont les mêmesmeneaux verticaux (Saint-Ouen de Rouen,cathédrale de Sées).

Chœur (1489-1495), église Saint-Séverin de Paris.

À partir d'une réflexion sur les monuments duXIIIe siècle, on aboutit à une remise en cause des recherches sur la transparence et sur la lumière et à un retour à la muralité (château de Vincennes)[37] : S'il est vrai que les murs tendent parfois à disparaître en une immense verrière, à la suite de la dimension croissante des fenêtres à réseaux flamboyants (Bras Sud de labasilique de Saint-Nicolas-de-Port), ils peuvent également reprendre de l'importance entre les ouvertures pour permettre un éclairage diffus car laspatialité évolue désormais à travers une recherche de fusion entre les volumes et la lumière[37]. Les grandes arcades qui ne récusent plus une certaine muralité, créent de ce fait, un espace intermédiaire qui permet par une ornementation et un éclairage différenciés, de définir des espaces sociaux et culturels privilégiés (co-cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation de Bourg-en-Bresse,basilique de Saint-Nicolas-de-Port,basilique Notre-Dame de Cléry).

Leschapiteaux sont parfois réduits à des bagues décoratives, ou disparaissent, laissant les moulures de l'ogive pénétrer sans interruption dans la colonne qui la supporte (salle des gros piliers duMont Saint-Michel). Lespiliers qui se creusent, ondulent enspirales (cathédrale de Rodez) ou se modèlent d'arêtes à angles vifs, montent alors d'un seul jet depuis le sol en se fondant aux voûtes[49]. Un type très répandu, notamment dans l'Est de laFrance, est lepilier rond lisse, de forme archaïque, sanschapiteau, et qui reçoit sur sonfût lesnervures à des niveaux différents. Cet épanouissement desnervures, apparu dès legothique international, évoque l'image d'un palmier (pilier du chœur de l'église Saint-Séverin deParis)[12]. AuXVIe siècle, on rencontre lepilier à quatre ressauts[12]. En général, les multiplescolonnettes qui flanquaient lespiliers sont remplacées par desnervures prismatiques tendant à se fondre avec le mur tandis que leurbase prend des formes diverses : buticulaires, torsadées ou encore évoquant la forme de flacons polygonaux[49].

Cathédrale Notre-Dame de Sées, vers 1494.

Latravée n’apparaît plus désormais comme l’élément fondateur du volume intérieur : Cette dominante monumentale marque l'ensemble de la production duXVe siècle. Elle apparaît avec netteté dans le domaine dela sculpture où l'on abandonne la formule éclatée des siècles précédents pour accompagner à nouveau l'architecture[37]. Dès l'époque dugothique international,Peter Parler avait abandonné àSaint Guy de Prague, le principe de la travée pour une conception unitaire du volume, affirmée par le dessin dutriforium et surtout par le mode de couvrement. La conséquence en est une conception plastique qui rejoint celle dugothique rayonnant mais qui demeure originale. Si la structure des voûtes sur croisée d'ogives ne disparaît pas comme enAngleterre, le couvrement se complique, avec l’apparition deliernes et detiercerons. Les nervures alors se multiplient, s'entrecroisent, se recoupent avec une grande fantaisie, tout en s'enrichissant comme sur les voûtes de lachapelle du Saint-esprit de Rue, declefs pendantes appeléscul-de-lampe, véritable prouesse technique (portail deGuillaume Le Roux àNotre-Dame de Louviers)[49].

EnFrance, les continuations de ce style qualifiées de « gothique tardif », aboutissent, dès 1495, à une phase transitoire appeléeStyle Louis XII, intégrant peu à peu des éléments italiens, dont l'aboutissement sera l'acceptation totale, vers 1530, de laPremière Renaissance. Dans certaines régions pourtant, telles que laLorraine, laBretagne ou laNormandie, le stylegothique flamboyant peut subsister jusqu'à la fin duXVIe siècle. Il est alors imputé à un certaintraditionalisme, concernant tout particulièrement leséléments décoratifs, (basilique de Saint-Nicolas-de-Port ouSaint-Maclou de Rouen). Ses derniers feux ne s'éteindront d'ailleurs qu'au cours desXVIIe – XVIIIe siècles, dans un mouvement appelé le « Gothique des temps modernes »[50] : c'est ainsi que lacathédrale Sainte-Croix d'Orléans qui, détruite en 1599 par leshuguenots, sera reconstruite dans le style gothique flamboyant d'origine[51]. On peut même citer, au début duXVIIIe siècle, un projet d'église pour les Célestins d'Orléans par Guillaume Hénault, en gothique flamboyant.

À la même époque, l'Angleterre développe une expression architecturale particulière, appeléegothique perpendiculaire. Apparu dès le milieu duXIVe siècle au cloître deGloucester, ce courant du gothique est marqué par les réalisations deThomas de Cambridge. Certaines régions germaniques, quant à elles, préfèrent se tourner vers un gothique particulièrement sobre, aux surfaces blanches subtilement fragmentées en formes géométriques polygonales. L'Albrechtsburg deMeissen, réalisé par Arnold deWestphalie, ainsi que de nombreux édifices deSlavonice, aujourd'hui enTchéquie, expriment clairement cette nouvelle recherche.

Exemples d'édifices flamboyants

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Hôtel des archevêques de Sens, construit dansle Marais , près de l'hôtel Saint-Pol, entre 1475 et 1519.

Édifices religieux

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Gloire et vitrail du Chœur de l'église Saint-Merri (Paris 4e)
Gloire et vitrail du chœur de l'église Saint-Merri de Paris.
Église Notre-Dame du Sablon de Bruxelles : statues d'apôtres (1641-1646) dans la grande nef (débutXVIe siècle).

Édifices civils

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Le styleLouisXII : transition entre art gothique et Première Renaissance, 1495-1530

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Article détaillé :Style Louis XII.

Le styleLouisXII (1495 à 1525/1530)[12],[13] est un style de transition, un passage très court entre deux époques éblouissantes, lapériode Gothique et laRenaissance. Il qualifie une époque où l'art décoratif partant de l'arc ogival et du naturalisme gothique s'acheminera vers le plein cintre et les formes souples et arrondies mêlés de motifs antiques stylisés typiques de laPremière Renaissance : il y a encore beaucoup degothique auchâteau de Blois, il n'y en a plus autombeau deLouisXII à Saint-Denis[13].

Dès 1495, une colonie d'artistes italiens fut installée àAmboise et travailla en collaboration avec des maîtres maçons français. Cette date est généralement considérée comme étant le point de départ de ce nouveau mouvement artistique. D'une façon générale, la structure reste française, seul le décor change et devient italien[53]. Il serait regrettable pourtant de déterminer ce nouveau style au seul apport italien : Des relations existent entre la production architecturale française et celle duplateresque espagnol[54] et l'influence du Nord, surtout d'Anvers est notable aussi bien dans lesarts décoratifs que dans l'art de lapeinture et duvitrail[49].

Corniche Renaissance à oves sur le logis et « tempietto » surmontant la « tour du lion » (Meillant, vers 1510).

Les limites du styleLouisXII sont assez variables, en particulier lorsqu'il s'agit de laprovince en dehors duVal de Loire. Outre les dix-sept années du règne deLouisXII (1498-1515), cette période comprend la fin du règne deCharlesVIII et le commencement de celui deFrançois Ier, faisant débuter le mouvement artistique en 1495 pour le faire s'achever vers 1525/1530[13] : l'année 1530 correspondant à un véritable tournant stylistique, qui faisant suite à la création parFrançois Ier, de l'École de Fontainebleau, est généralement considérée comme la pleine acceptation dustyle Renaissance[53],[13]. Dans les travaux décoratifs de la fin de la période deCharlesVIII, on observe une tendance bien marquée à se séparer de l'arc ogival pour se rapprocher duplein cintre. L'influence des réalisations deBramante à Milan pourLudovic Sforza est perceptible dans la partie inférieure de l'aileCharlesVIII auchâteau d'Amboise[53] : Si la partie supérieure du bâtiment estgothique, la façade dupromenoir des gardes présente telleune loggia, une série d'arcades en plein cintre qui marque des travées rythmées de pilastres lisses. En général, les formes ornementales n'ont déjà plus la gracilité particulière de l'époque ogivale, le rythme des façades s'organise de façon plus régulière avec la superposition des ouvertures en travées et la coquille, élément important de la décorationRenaissance, fait déjà son apparition. Cette évolution est particulièrement perceptible auchâteau de Meillant dont les travaux d'embellissement voulus parCharles II d'Amboise débutent dès 1481 : si la structure est restée pleinementmédiévale, la superposition des fenêtres en travées reliées entre elles par un cordon à pinacles, annonce le quadrillage des façades sous laPremière Renaissance. De même, on remarque l'entablement à oves classique surmonté d'unebalustradegothique et le traitement enTempietto de la partie haute de l'escalier hélicoïdal avec sasérie d'arcatures enplein cintre munies de coquilles[55].

Si à la fin du règne deCharlesVIII, l'apport d'ornements italiens viennent enrichir le répertoire flamboyant, il y a désormais sousLouisXII toute une école française qui s'ouvre à l'Italie avec de nouvelles propositions, établissant ainsi les principes d'un style de transition[13].

Éléments italiens dans l'encadrement et le soubassement de la claire-voie (1513-1529),clôture de chœur de la cathédrale Notre-Dame de Chartres.

En sculpture l'apport systématique d'éléments italiens voire la réinterprétation « gothique » de réalisations de larenaissance italienne est manifeste auSaint sépulcre de Solesmes où la structure gothique reprend la forme d'un arc de triomphe romain flanqué depilastres à candélabres lombards. Les feuillages gothiques désormais plus déchiquetés et alanguis comme à l'hôtel de Cluny deParis, se mêlent à destondi avec portraits d'empereurs romains auchâteau de Gaillon[53].

En architecture, l'utilisation de la « brique et pierre », pourtant présente sur les édifices dès leXVIe siècle, tend à se généraliser (château d'Ainay-le-Vieil,aile Louis XII du château de Blois, l'hôtel d’Alluye de Blois). Les hauts toits à la française avec tourelles d'angles et les façades àescalier hélicoïdal font perdurer la tradition mais la superposition systématique des baies, le décrochement des lucarnes et l'apparition de loggias influencées de lavilla Poggio Reale et duCastel Nuovo deNaples sont le manifeste d'un nouvelart décoratif où la structure reste pourtant profondémentgothique. La propagation du vocabulaire ornemental venu dePavie et deMilan a dès lors un rôle majeur tout en étant ressentie comme l'arrivée d'une certaine modernité[56].

Dans cet art en pleine mutation, les jardins deviennent plus importants que l'architecture : l'arrivée àAmboise d'artistes italiens dontPacello da Mercogliano fut à l'origine sousCharles VIII de la création des tout premiers jardins de laRenaissance française grâce à de nouvellescréations paysagistes, l'installation d'uneménagerie et des travaux d'acclimatation agronomique conduites à partir de 1496 aux « Jardins du Roy » alors situés au sein dudomaine royal de Château-Gaillard[57]. En 1499,LouisXII confia la réalisation des jardins duchâteau de Blois à la même équipe qui fut engagée par la suite parGeorges d'Amboise pour réaliser des parterres sur différents niveaux sous sonchâteau de Gaillon[58].

Le styleLouisXII montre que l'on veut désormais autant étonner les Français que les Italiens : c'est à partir de la fantaisie avec laquelle sont incorporées lesnouveautés italiennes dans les structures encore toutesmédiévales françaises que naîtra vers 1515/1520 laPremière Renaissance[56].

Dès 1530, déclin de l'art gothique face à la Renaissance

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  • Église Saint-Eustache de Paris (1532-1633)
  • Structure gothique mais ornementation Renaissance.
    Structuregothique mais ornementationRenaissance.
  • Architecture hybride de la nef.
    Architecture hybride de la nef.
  • Voûte flamboyante sur arcs en plein cintre.
    Voûte flamboyante sur arcs en plein cintre.
  • Piliers Corinthiens sur structure gothique.
    Piliers Corinthiens sur structure gothique.
  • Cathédrale Notre-Dame du Havre (1575-1610)
  • Façade principale.
    Façade principale.
  • Nef (1575-1610).
    Nef (1575-1610).
  • Contreforts de la tour (1540).
    Contreforts de la tour (1540).
  • Architecture hybride à pilastres de style dorique et corniche à triglyphes, surmontés de croisées d'ogives (1575-1610).
    Architecture hybride àpilastres de styledorique et corniche àtriglyphes, surmontés decroisées d'ogives (1575-1610).

Alors que leshumanistes de laRenaissance souhaitent un retour aux formesclassiques héritées de l'Antiquité, exprimant à leurs yeux un modèle de perfection, le terme « gothique » est employé pour la première fois, parGiorgio Vasari afin de désigner en1550, avec une connotation péjorative l'artmédiéval : il donne ainsi la paternité de ce style, aux peuplesGoths dont les armées barbares dirigées parAlaric avaient envahi lapéninsule italienne puispillé Rome en 410.

Dans ce contexte, les recherches décoratives « baroque » de la fin dustyle gothique flamboyant, se voient opposées à la mesure toute classicique apparue un siècle plus tôt àFlorence. Pour autant, les exubérantes dentelles de pierre deSaint-Maclou de Rouen restent bien contemporaines des réflexions antiquisantes de lachapelle des Pazzi deFlorence etLéonard de Vinci meurt alors que s'achève seulement la façadeflamboyante dela Trinité de Vendôme[49].

Collégiale Saint-Pierre d'Aire-sur-la-Lys, la nef (1492-1634) : abandon progressif du style gothique dans les parties hautes, même si les croisées d'ogives perdurent.

C'est pourquoi il serait caricatural de résumer le début duXVIe siècle comme l'opposition de deux univers artistiques que tout sépare[49] : une recherche de synthèse est même opérée enFrance au cours de la phase transitoire dustyle Louis XII, renouvelant la structuremédiévale grâce aux apports italiens[53]. Loin d'être un exemple isolé, ce phénomène s'illustre jusqu'enItalie même, où le chantier de lacathédrale de Milan prolonge à l'envi le décorgothique jusqu'au seuil duXVIIe siècle. C'est d'ailleurs presque à regret que les raffinements gothiques des palais vénitiens (ex. : laCa d'oro) cèdent face à laRenaissance[49].

Si l'art gothique ne meurt pas immédiatement, à l'arrivée des premiers artistes italiens àAmboise en1495 il n'en donne pas moins des signes de décadence[12]. Malgré quelques beaux succès dans la première moitié duXVIe siècle, le processus transitoire duStyle Louis XII, impose peu à peu les formes de laPremière Renaissance[59]. À partir des années1515 les formes gothiques se diluent alors progressivement dans ledecorum italien : c'est ainsi qu'à l'église Saint-Eustache deParis, une ornementation classicisante vient masquer la structure gothique[34]. Si à l'exemple de lacathédrale du Havre ou de lacollégiale d'Aire-sur-la-Lys[60], certains édifices achevés à la fin duXVIe siècle subissent de plein fouet les influences de l'art de laRenaissance, ils n'en restent pas moinsgothiques par leur architecture.

Malgré ces survivances, le coup fatal est donné en1526 avec la création parFrançois Ier de l'École de Fontainebleau : cette nouvelle vague d'artistes italiens, plus nombreux qu'auparavant, a une grande influence sur l'art français en créant une véritable rupture du fait des innovations de ces artistes, aussi bien dans la décoration intérieure que dans l'application plus savante des ordres antiques en architecture. Lesarchitectes qui, à l'époque dustyle Louis XII et de laPremière Renaissance, sont desmaîtres-maçons traditionalistes et pleins de verve, deviennent à partir des années 1530 des savants et des lettrés. Parmi les plus célèbres, on peut citerPhilibert Delorme,Pierre Lescot,Jean Bullant,Jean Goujonetc. S'opère alors un véritable tournant stylistique, généralement considéré comme la pleine acceptation de laRenaissance, préférant la beauté des lignes à la richesse de l'ornementation[12].

Le dédain pour l'art gothique va alors croissant car on ne comprend plus ses formes. Son rejet est tel qu'on projette même de détruire lacathédrale Notre-Dame de Paris pour la remplacer par un nouvel édifice plus moderne. Si laRévolution empêche ce projet de se concrétiser, elle provoque pourtant la vente et l'abandon des biens de l'Église, ce qui entraîne la disparition à jamais de nombreux chefs-d'œuvre de l'architecturegothique, dont la plus grande partie sont desabbayes mais aussi plusieurscathédrales commeNotre-Dame-en-Cité d'Arras,Notre-Dame de Cambrai ou laNotre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège enBelgique.

Le gothique des temps modernes :XVIIe et XVIIIe siècles

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Les réalisations destyle gothique auxXVIIe et XVIIIe siècles sont surprenantes, incongrues et dérangent nos habitudes de classifications. Durant cette période pourtant, il arrive en milieu rural qu'une église ou qu'une petite chapelle soient édifiées dans un style gothique tardif : Citons pour exemples la chapelle Saint-Samson deTrégastel, dont le chantier entrepris à la fin duXVIe siècle, ne sera achevé que vers 1630, ou encore au début duXVIIIe siècle, le projet deGuillaume Hénault pour les Célestins d'Orléans en style gothique flamboyant. La survivance de ce style est alors imputée à un certaintraditionalisme, pour ne pas parler d'archaïsme. Mais en milieu urbain, où les constructeurs ont le choix et connaissent ce qui se fait de mieux, le choix de bâtir dans unstyle gothique démodé paraît plus surprenant[50]. Si les chantiers de cette période font souvent suite aux destructions survenues lors desguerres de religion, le recours presque systématique austyle gothique paraît curieux. Représentant trois exemples majeurs de cette tendance, les cas descathédrales deNarbonne, deNantes et d'Orléans peuvent nous apporter une réponse à cette interrogation.

Cathédrale de Narbonne, le transept, amorcé au débutXVIIIe siècle.

À lacathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne, les travaux se poursuivent normalement jusqu'en 1340 mais quand il devint nécessaire pour les achever d'abattre une partie desremparts, les édiles de la ville bloquèrent le projet. Ajouté à laGrande Peste et au manque de moyens, cette décision provoque un tel ralentissement que la construction est finalement abandonnée en 1587, date de laconsécration. C'est en1708 seulement que sous la volonté de l'archevêqueCharles Le Goux de la Berchère de nouveaux travaux sont entrepris dans une tentative d'achèvement de l'édifice. Un projet grandiose prévoyait l'édification d'une nef gothique à neuf travées surmontée d'undôme à la croisée des transepts, indiquant la volonté de suivre certains usages contemporains. Après la mort de l'archevêque en 1719, les travaux sont continués par son successeur mais faute de financements suffisants, restent en suspens, malgré une reprise entre 1839 et 1842. Les restes de ces réalisations forment aujourd'hui lacour Saint Eutrope. Lors de la reconstruction au début duXVIIIe siècle, on reprend lespiliers cylindriques duchœurgothique en plus massifs afin de supporter les voûtes de la futurenef. La décoration est toutefois différente. La sculpture duMoyen Âge, passée de mode est modifié par desmouluresclassicisantes : dans lechœur, de finescolonnettes allègent lespiliers, au contraire dans lanef du début duXVIIIe siècle, elles sont remplacées par despilastresclassiques très peu saillants. Par ailleurs, le traitement dutriforium à quatreogives est beaucoup plus sec que celui duchœurgothique duXIVe siècle, conformément à ce qui se pratiquait auxXVIIe et XVIIIe siècles dans lesmoulurations des arcs brisés. Si l'élévation à trois niveaux et surtout la forme pentagonales des chapelles auvoûtement en croisées d'ogives et aux arcs brisés, indiquent une volonté de continuité avec le reste de l'édifice, en revanche, certains éléments n'appartiennent plus au vocabulaire architectural ou décoratifgothique : baie enlinteau en forme d'arc,pilastres excessivement plats,corniches de formeclassique,chapiteaux ioniques etfronton enplein cintreetc. Cette fidélité au stylegothiquemédiéval et l'application d'éléments destyle classique contemporain, définissent ainsi cegothique duXVIIe – XVIIIe siècle[50].

Fidélité au gothique mais placage d'éléments classiques,XVIIe siècle,bras sud de la cathédrale de Nantes.

À lacathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, si la façade est achevée dès la fin duXVe siècle, puis les tours en1508, lanef et lescollatéraux resteront inachevés à partir du début duXVIe siècle, laissant un chantier ouvert. Pour autant, les travaux sont repris dans le bras sud dutransept, en plein cœur duXVIIe siècle, dans une volonté de poursuivre lescroisées d'ogives àarcs-boutants de lanef, et de respecter son ornementationgothique. Un projet d'achèvement duXVIIe siècle (dont il reste unemaquette) envisageait même de poursuivre ce style, en ajoutant untransept au nord ainsi qu'unchevet court, adossé auxremparts[61]. L'édifice ne sera toutefois achevé que dans le courant duXIXe siècle[61]. Une fois encore, àSaint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, les réalisations duXVIIe siècle n’altèrent en rien ni la qualité, ni la cohérence du gothique initial, même si, comme àNarbonne, on note une interprétation classicisante dessculptures médiévale lors des réalisations modernes de l'édifice[61].

Devise latine de Louis XIV, finXVIIe siècle, transept sud de la cathédrale d'Orléans.

Durant ladeuxième guerre de religion, un petit groupe dehuguenots fanatiques, s'introduit dans la cathédralemédiévaleSainte-Croix d'Orléans au cours de la nuit du 23 au et fait sauter les quatrepiliers de lacroisée des transepts. Lespiliers s'effondrent, entraînant leclocher, la sphère de cuivre le surmontant, lesvoûtes duchœur, et lanef. Seules restent intactes leschapelles absidiales rayonnant autour duchœur, ainsi que les deux premièrestravées de la grandenef. Des travaux de déblaiement et d'aménagement provisoires seront effectués rapidement[51]. Le, le roiHenriIV revient deBretagne, après avoir signé l'édit de Nantes qui va mettre fin auxguerres de religion. ÀOrléans, il promet de lancer, aux frais de l'État, la reconstruction de lacathédrale enstyle gothique. Il scelle la première pierre le, en apposant une plaque sur un despiliers subsistants. Le, le roi et la reineMarie de Médicis posèrent la première pierre du nouvel édifice. Lechœur est terminé en1623. En1627, on jette lesfondations dutransept gothique qui sera achevé en pleineépoque baroque, en1636. Letransept nord est achevé en1643, et letransept sud en1690. Leurs façades à l'élévation classicisante, comportent alors la marque duRoi Soleil, introduisant l'art moderne de l'époque dans l'édifice destyle gothique flamboyant. Son portrait et sa deviseNec pluribus impar figurent également, avec la date d'achèvement de1679, au centre de larosace située au-dessus duportail dutransept sud. Ladevise peut se traduire par :« Il suffirait à [gouverner] plusieurs [royaumes] »[62]. L'architecteÉtienne Martellange y œuvra auXVIIe siècle, suivi auXVIIIe siècle par [[Jacques Gabriel (1667-1742)|Jacques V Gabriel]] qui créa lesstalles et laclôture du chœur etLouis-François Trouard. En1739, commence l'édification duportail « gothique » occidental surmonté des deuxtours, en prolongement de la grandenef. La vieillefaçade romane, qui a survécu à toutes les destructions est pourtant démolie. La nouvelle réalisation, jusqu'à la base des tours, est terminée en1773. Les deux premiers étages des tours sont construits durant les dix années suivantes, alors qu'il faut renforcer leportail qui menace de s'effondrer. LaRévolution suspend les travaux, il ne manque à l'édifice « gothique » que ses deux tours. On ne reprend finalement les travaux qu'en1817. Le roiCharles X inaugure l'achèvement des travaux le, pour le400e anniversaire de lalevée du siège des Anglais, parJeanne d'Arc et son armée : unperron monumental mêlantfestons d'inspirationgothique et élémentsnéo-classique prend place devant lacathédrale, parallèlement à la percée de la nouvelle rueJeanne d'Arc et à la création du grandparvis de lacathédrale.

On peut conclure avec ces trois exemples pris àNarbonne,Nantes etOrléans, que la volonté de continuer les édifices dans le style gothique initial, même avec des aménagements au goût du jour, a pu vouloir affirmer la continuité de l'église, dans des régions très marquées par leprotestantisme, à travers lacathédrale, édifice majeur et symbolique dumonde catholique. Du reste, l'architecturegothique devient dès cette époque, sous l'influence d'historiens et d'architectes tels queSoufflot, le symbole même de l'église enFrance. On peut citer l'opinion deMontesquieu qui pourtant n'aimait pas ce style :« Il semble que legothique convienne mieux auxéglises qu'une autrearchitecture, la raison m'en paraît de ce que legothique n'étant pas en usage, il est plus différent de notre manière de bâtir des maisons ; de façon que leculte de Dieu semble plus distingué des actions ordinaires »[50]. De même l'architectebordelais Jean-Baptiste Lartigue ayant conçu en1776 un projet de façade gothique pour la cathédrale de sa ville, appuya son choix par les considérations suivantes :« Nos templesgothiques offrent par leur légèreté apparente et par leur élévation prodigieuse, des beautés que l'on ne retrouve ni àSaint Roch, ni àSaint-Sulpice, ni dans les églises modernes dugenre grec : Ici notre esprit admire…, mais dans leséglises gothiques, c'est l'âme qui est émue »[63].

AuXIXe siècle, le romantisme réhabilite le gothique : le néo-gothique

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Article détaillé :Style néogothique.

La construction d'édifices caractéristiques de l'architecture gothique n'avait pas complètement cessé auXVIe siècle, tant enAngleterreOxford), qu'enFranceTours) ou enItalieBologne). En Angleterre, l'architectebaroqueChristopher Wren construisit la Tom Tower pour le collège deChrist Church (Oxford) et son étudiantNicholas Hawksmoor ajouta les tours occidentales à l'abbaye de Westminster, toutes en style gothique en 1722.

La cathédrale de Cologne, commencée auxXIIIe (chœur) etXIVe siècle (façade) puis continuée auXIXe siècle en respectant les plans précis du Moyen Âge.

Lorsqu'auXVIIIe siècle naquit lemouvement romantique, l'intérêt pour l'ensemble duMoyen Âge, y compris l'architecture gothique, se développa et ce mot perdit sa connotation négative. Des amateurs commeHorace Walpole créèrent des demeures avec détails « gothick ». Le roman deVictor Hugo,Notre-Dame de Paris relance l'intérêt pour les cathédrales d'Île-de-France.

S'inspirant des travaux de recherche deJean-Baptiste Antoine Lassus et d'Eugène Viollet-le-Duc, de nombreux édifices, notamment religieux, imitent le style médiéval : à Paris un exemple fameux est l'église Sainte-Clotilde. Dès 1840, labasilique Notre-Dame de Bonsecours près deRouen, inaugure l'ère des églises néogothiques, suivie de peu àNantes par l'église Saint-Nicolas. Suivent, entre autres, le Sacré-Cœur deMoulins, l'église Saint-Vincent-de-Paul (Réformés-Canebière) àMarseille, l'église Saint-Paul de Strasbourgetc., sans oublier, notamment, la finition de cathédrales jamais achevées comme àMoulins et surtout àClermont-Ferrand avec ses hautes flèches.

EnAllemagne, lacathédrale de Cologne est un cas particulier, elle fut terminée de 1842 à 1880 en suivant le projet médiéval. La nef, dont la base avait été construite au Moyen Âge, fut terminée en élévation sur le modèle du chœur, comme elle était prévue à l'origine, idem pour le transept. La très haute façade occidentale à deux tours fut construite en respectant scrupuleusement un grand plan surparchemins (de 4,05 m de hauteur) très précis du projet d'origine, datant duXIVe siècle et parvenu exceptionnellement jusqu'à nos jours. De cette façade, la plus ambitieuse jamais entreprise au Moyen Âge, seule la tour sud avait été commencée jusqu'à 50 m de hauteur sur des fondations de 14 m de profondeur. Atteignant désormais 157 m de hauteur et construite en pierre jusqu'aux fleurons des deux sommets, la cathédrale de Cologne est devenue pour un temps la plus haute construction de l'humanité lors de son achèvement en 1880, telle que l'avaient conçu et rêvé les bâtisseurs médiévaux. Elle dépassa ainsi la flèche néogothique en structure métallique de lacathédrale de Rouen (151 m), avant d'être dépassée elle-même en 1890 par une autre flèche néogothique en pierre, celle de l'église principale d'Ulm (161 m). En revanche, en l'absence de plan, les deux façades du transept ont dû être inventées auXIXe siècle mais en s'inspirant des éléments de la façade occidentale afin d'assurer au mieux l'unité et l'harmonie de l'édifice.

Les innovations techniques permettant aux constructions de s'affranchir de certaines contraintes qui dictaient leur forme, une nouvelle architecture réinterprète son patrimoine historique et, après le néo-classique, lenéogothique fait son apparition, particulièrement enAngleterre suivie par lesÉtats-Unis dans lesannées 1840. Ce style était utilisé pour les bâtiments nouveaux comme les gares (gare de Saint-Pancras àLondres), les musées (musée d'histoire naturelle de Londres,Smithsonian Institution) et lepalais de Westminster. À la suite d'Oxford, ce style connaît un grand succès dans les universités américaines, telles queYale.

Le succès du néo-gothique se prolongea jusqu'au début duXXe siècle dans de nombreuxgratte-ciel, notamment àChicago et New York. En Europe, le monument le plus célèbre s'inspirant de l'héritage gothique tout en s'en démarquant très nettement dans le style organique propre à Gaudi est probablement laSagrada Família àBarcelone (Espagne).

Les différentes formes locales

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AuXIIe siècle, les innovations de l'architecture du premierart gothique, apparues simultanément àSaint Denis et àChartres, sont en fait contemporaines de l'apogée de l'art roman et même, dans certaines régions (sud-est de laFrance etSaint-Empire Romain Germanique) légèrement antérieures à la grande floraisonromane. Ainsi, observe-t-on un grand décalage entre la préciosité des formesgothiques, enÎle-de-France et dans certaines zones de l'Europe où la nouvelle esthétique s'impose ponctuellement, et la résistance plus ou moins forte de régions entières à toute innovation. Il est d'ailleurs parfois difficile d'apprécier une transition nette entreroman etgothique tant ils coexistent ou se mêlent[49].

D'une façon générale, l’architecture gothique tend à effacer progressivement les particularismes locaux, d’ailleurs moins marqués durant l’époque précédente. Il est encore facile de rattacher la plupart deséglises « ordinaires » à des écoles régionales mais lescathédrales, constructions hors normes échappent le plus souvent aux influences locales. En effet, les bâtisseurs de plus en plus qualifiés se déplacent de chantiers en chantiers sur des distances parfois importantes et diffusent dans l’ensemble des provinces une architecture directement inspirée des grands édifices dressés dans le domaine royal descapétiens.

Lescathédrales gothiques se divisent plutôt schématiquement en deux grandes familles; séparées par une ligne théorique reliantBordeaux àLyon, celles du Nord sont généralement prestigieuses et souvent avant-gardistes, tandis que celles du Sud sont relativement austères et peut être plus « provinciales ». Mais cette division reste effectivement théorique et un certain nombre decathédrales occitanes y échappent.

En France

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Le gothique angevin (milieuXIIe siècle - milieuXIIIe siècle)

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Voûtes de l'abbaye de la Boissière deDénezé-sous-le-Lude (1212).

La naissance de l’architecture gothique dénommée « angevine » s’est produite dans le même temps que celle de l’Île-de-France (opus francigenum). Elle est liée à un contexte politique particulier, celui de l'apogée atteint par la dynastie française desPlantagenêt. Placée aux portes du conflit franco-anglais qu'illustrent à leur manière la brillante cour poitevine d'Aliénor d'Aquitaine et labataille de Poitiers[64], cette province est durant la période gothique au carrefour d'influences multiples, dont lacathédrale Saint-Pierre de Poitiers, un des édifices les plus méconnus de la première génération gothique, témoigne à merveille. Legothique angevin s’est ainsi répandu enAnjou, enTouraine, enLimousin, enPoitou, enAquitaine, dansle Maine et jusque dans leroyaume de Naples et deSicile, où lamaison d'Anjou-Sicile va régner pendant plus de deux siècles, depuisCharlesIer d'Anjou auXIIIe siècle jusqu'auroi René auXVe siècle. Contrairement à l'Île-de-France, ce style d'architecture se caractérise par des façades àportail unique. La plupart du temps, les édifices à nef unique, conservent dans leur élévation le principe traditionnel desbas-côtés aussi élevés que lanef, décloisonnant l'espace intérieur supprimant par là même,tribunes ettriforium[49]. Sur les murs, les retombées des voûtes ont été réduites à de fines colonnettes engagées offrant peu de saillie. Parfois, comme dans la nef de lacathédrale du Mans ou dans l'église Notre-Dame de la Couture du Mans, des statues venaient souligner l'amorce des ogives desvoûtes, selon une innovation décorative dite « angevine » qui, en réalité, niait la logique épurée de l'élévation de l'avant-nef deSaint-Denis[49]. Quant auchevet des églises, il ne comporte presque jamais d'arcs-boutants : on peut citer le cas de lacathédrale Saint-Pierre de Poitiers dont le chevet est composé d'un simple mur vertical de près de50 mètres de haut.

Ce sont surtout les voûtes qui distinguent le style gothique angevin. Apparu dès le milieu duXIIe siècle, leur système devoûtement est une combinaison d'influences du renouveau gothique (voûte d'ogives) et de l'architecture romane de l'ouest de la France (églises à files decoupoles comme lacathédrale Saint-Front de Périgueux ou lacathédrale Saint-Pierre d'Angoulême). Lesogives y ont un profil puissant, parfois composé d'un méplat entre deuxtores ou plus rarement d'un seul et très gros tore comme àMareuil[49]. Lancées sur un plan simple proche du carré ou couvrant un espace barlong, les croisées d’ogives angevines présentent un profil très bombé, sous l'effet duplein cintre des ogives héritées destraditions romanes (laclef de voûte est sensiblement plus haute de trois mètres que lesdoubleaux et lesformerets), se différenciant ainsi des voûtes plus plates d'Île-de-France (clef de voûte au même niveau que les doubleaux et les formerets)[64]. Leur poussée plus verticale fait qu'elles n'ont pas besoin d'être contrebutées par des arcs-boutants, de simples contreforts suffisent. Les croisées d'ogives ont toujours les arcs diagonaux redivisés par desliernes, de manière à retrouver des secteurs identiques[65]. C'est ainsi que les voûtes angevines sont la plupart du temps armées de huitnervures qui rayonnent autour d'une clef de voûte ronde. De cette manière, les états d'avancement de construction peuvent se réaliser sans coffrage suivant les dimensions[65]. Ce type de voûtement ànervures multiples concerne en Anjou une quarantaine d'édifices. Dès leXIIIe siècle, apparaissent des nervures encore plus nombreuses et plus gracieuses retombant sur les hautes colonnes rondes, comme à l'abbaye Saint-Serge d'Angers.

Voûtes de la grande salle des malades, ancien hôpital Saint-Jean d'Angers (1188).

Parmi les plus beaux exemples de voûtes angevines peuvent être cités lacathédrale Saint-Maurice d'Angers, lacollégiale Saint-Martin d'Angers[66], lacollégiale Saint-Martin de Candes et l'ancienhôpital Saint-Jean d'Angers, actuelmusée Jean-Lurçat.

À Poitiers,Aliénor d’Aquitaine fit construire dans le palais des comtes de Poitiers, la magnifique « salle du Roi » ou « salle des pas perdus », à la fin duXIIe siècle. Le rattachement définitif de la province audomaine royal ne met nullement un terme à la créativité desmaîtres d'œuvre mais un nouveau courant se manifeste et s'impose au moins pour les grands édifices. L'influence du gothique du Nord se fait déjà ressentir dans la tentative de surhausser la nef de la cathédrale de Poitiers et la création des trois portails sculptés en façade mais les expressions les plus courantes de l'introduction du style francilien se manifeste dans l'apparition de remplages rayonnant dans les baies et par l'abandon des voûtes d'ogive bombées. Les vestiges du mécénat du ducJean de Berry sont là pour en témoigner ; tandis qu'à travers le reste de la province, une chaîne de villes moyennes, tellesLoudun,Thouars,Bressuire,Parthenay ouFontenay-le-Comte, reconstruisent bon nombre de leurs églises dans le style gothique. Plus au sud, de puissantes abbayes, commeCharroux,Saint-Maixent,Maillezais etNotre-Dame des Fontenelles, introduisent largement auxXIIIe et XIVe siècles l'architecture nouvelle dans la reconstruction partielle ou totale de leur abbatiale[64].

Parmi les édifices religieux de style gothique angevin, àNaples, l'on peut citer laBasilique Sainte-Claire de Naples, l’église San Domenico Maggiore et labasilique San Lorenzo Maggiore[67].

Le gothique normand (fin duXIIe siècle - début duXIIIe siècle)

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Article détaillé :Architecture romane normande.
Voûtes du déambulatoire de Notre-Dame de Coutances.

Laduché de Normandie desPlantagenêts, avec sesprélats Normands, est très tôt associée au mouvementgothique dont le premier exemple apparaît dans la nef de lacathédrale deLisieux (1167-1174). Cette précocité s’explique par le commanditaire de l'ouvrage, l'évêqueArnoul de Lisieux.Prélat de premier plan, il découvre les nouveautés architecturales du gothique naissant lorsqu'il se rend à la consécration de laBasilique Saint-Denis[68] le. Ses bonnes relations avec l'abbé Suger, l'incita sûrement à faire appel à un maître d’œuvre français.

À la suite de ses victoires face àJean sans Terre,Philippe-Auguste annexe le territoire audomaine royal en 1204 : L'influence de l'art gothiquefrancilien survient alors rapidement dans l'architecture militaire : depuis Paris, la forteresse médiévale duchâteau du Louvre — devenupalais du Louvre à laRenaissance — inspire non seulement lesdonjons deRouen et deLillebonne mais aussi les tours Talbot deFalaise et duchâteau de Gisors.

Pour autant, les éléments traditionnellement normands résistent dans l'architecture religieuse, tout particulièrement enBasse-Normandie, où l'on se contente le plus souvent d'adapter les procédés architecturaux nouveaux aux édifices de l'époque romane. En effet, jusqu'au deuxième quart duXIIe siècle, un grand nombre d'églises avait leurs nefs couvertes decharpentes ; c'est alors qu'elles reçurent des voûtes gothiques surcroisées d'ogives. Hérités de cette époque, les plans des églises ont souvent une ampleur remarquable avec un transept très saillant, tandis que l'utilisation d'un type devoûte surbaissée, encadrée par des arcs enplein cintre, rend la pesée si forte qu'elle nécessite des murs très épais[12].

Le cloître de la « merveille » du mont Saint-Michel (1225-1228).

Le chœur de l'abbatiale Saint-Étienne de Caen est le premier édifice construit après la fin du duché (1204). Néanmoins, les survivances normandes sont toujours visibles dans la nef : la coursière (galerie de circulation au niveau des fenêtres hautes) et la largeur de la nef centrale sont typiquement normands[12]. La reconstruction du chœur de lacathédrale de Bayeux (vers 1230) respecte également cette tradition normande : arcs brisés très aigus,tympans ajourés de trèfles, voussures, absence de statues, lumière.

Le cloître de la Merveille dumont Saint-Michel reconstruit dans le style architectural normand, avec tailloirs des chapiteaux circulaires, écoinçons enpierre de Caen, motifs végétaux, est achevé en1228.

ÀCoutances, la reconstruction de la nef précède celle du chœur (vers 1220-1235). Ces deux parties de l'édifice sont de style normand : les chapiteaux àtailloir circulaire évidé, les arcs élancés et leurmodénature accentuée sont des signes évidents de la résistance au style gothique français. De même, latour-lanterne est une spécificité normande. Le style régional apparaît aussi sur la façade de la cathédrale, qui offre des lignes verticales vertigineuses.

L'extrémité du chœur de lacathédrale de Lisieux édifiée auXIIIe siècle, révèle également un revirement par rapport à la nef de style francilien. Lemaître d’œuvre, différent du temps d'Arnoul de Lisieux, imposa le style gothique normand : les colonnes qui composent lesarcades sont doubles, les tailloirs prennent une forme circulaire ou polygonale, destrilobes percent les murs. Surtout, le style gothique apparaît beaucoup plus évolué et élancé : untriforium remplace les faussestribunes de la nef, les arcades se resserrent, les colonnes s'affinent, les moulurations se perfectionnent.

Église Saint-Étienne de Caen (controverse desXIIIe siècle ou alors de 1316 à 1344).

Dans l'ensemble, toutes les cathédrales normandes sont construites sur un même plan qui comporte une nef, desbas côtés simples, un transept, des chapelles rayonnantes ouvrant sur ledéambulatoire. La chapelle de la Vierge, disposée dans l'axe de l'église, est une véritable petite église annexée à la grande (abbaye de la Trinité de Fécamp). Les églises rurales sont composées d'une nef terminée par unchevet plat comme on peut en trouver enAngleterre. Le caractère le plus frappant de ce style d'architecture est la brisure très aiguë des arcs enlancette, surtout dans les chœurs,portails etclochers tandis que lescroisées d'ogives sont presque toujours réalisées sur plan barlong. Ces dispositions seront conservées dans les monuments du gothique rayonnant auquel appartiennentSaint-Ouen de Rouen,Saint-Pierre de Caen (bien que le chœur soit duXVIe siècle) et dans les édifices du gothique flamboyant :Saint-Maclou de Rouen,Caudebec-en-Caux,Notre-Dame de Saint-Lô, le chœur de l'église abbatiale du Mont-Saint-Michel,Saint-Jacques de Lisieux,Saint-Jacques de Dieppe,Notre-Dame d'Alençon, les deux églisesSaint-Martin etSaint-Germain d'Argentan.

Les différences portent sur des détails d'exécution, comme la construction de chapelles latérales entre les contreforts de la nef ou les piliers losangés à nervures continuant celles de la nef, les arcs- boutants doubles et à double volée (Saint-Ouen) ou encore l'arc quint-point que l'on trouve auXVIe siècle dans la piscine de l'abbaye de Saint-Wandrille. Ce qui caractérise surtout l'école de Normandie à toutes les époques du gothique, ce sont les clochers, remarquables par la hauteur des flèches et desclochetons ; les plus belles flèches sont celles deSaint-Étienne de Caen, deNotre-Dame de Coutances, deBayeux, deSecqueville-en-Bessin, deSaint-Pierre-sur-Dives, deLangrune, deBernières et de Saint-Pierre de Caen.

Toutes ces grandes églises ont un caractère commun, de la croisée dutransept s'élève presque toujours unetour-lanterne très ajourée et souvent richement ornée : si cestours-lanternes sont très répandues enEurope depuis l'époque romane, c'est véritablement avec le gothique normand et anglo-normand qu'elle a pris le plus d'ampleur et où sa présence s'est montrée la plus régulière. Presque toujours conçue pour être la plus haute tour de l'église, elle dépasse dans la plupart des cas, les deux flèches de lafaçade harmonique occidentale, même si l'état d’achèvement de certains édifices n'a pas toujours permis d'atteindre ce but (il manque souvent la partie sommitale). On la retrouve auXIIIe siècle, dans de nombreuses églises normandes telles que Saint-Martin de Langrune-sur-Meret,Saint-Ouen de Rots,Notre-Dame d'Étretat etNotre-Dame-des-Labours de Norrey-en-Bessin, dans de nombreuses abbayes dontla Trinité de Fécamp etSaint-Pierre-sur-Dives et dans presque toutes les cathédrales de la province dont lacathédrale de Lisieux, de Notre-Dame de Coutances, deRouen ou d'Évreux. Lacathédrale de Sées n'en comporte pas, mais elle était prévue à l'origine.

Cette architecture a grandement influencé l'art gothique en Angleterre, où la présence d'une tour centrale est la règle. On la retrouve également enEspagne, à la cathédrale deBurgos, enSuisse à lacathédrale de Lausanne ou encore dans legothique scaldien desFlandres. En France, laPicardie et l'Artois, semblent les régions les plus perméables à l'influence normande, notamment par l'adoption duchevet plat et de latour lanterne àNotre-Dame de Laon tandis que les cathédrales aujourd'hui disparues deCambrai ou d'Arras (non achevée) s'ornaient d'une tour centrale à l'intersection de leurscroisillons.

Le gothique méridional

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Article détaillé :Gothique méridional.
Article connexe :Liste des édifices en brique du gothique méridional.
Montage photographique de l'intérieur de lacathédrale saint Jean Baptiste de Perpignan avec vision d'ensemble des peintures murales deJacques Pauthe (1866-1874).

Legothique méridional, également appelé gothique toulousain, ou encore gothique languedocien, désigne un courant de l'architecture gothique développé dans leMidi de la France, principalement dans les régions où se développa lecatharisme et qui eurent à subir la répression religieuse et militaire venue du Nord. Les régions concernées sont donc les départements actuels de laHaute-Garonne (Toulouse), leTarn (Albi), leTarn-et-Garonne (Montauban), l'Ariège, leGers, l’Aude, lesPyrénées-Orientales, l'Hérault, ainsi que ponctuellement dans d'autres départements limitrophes. Une autre partie, adjacente, de l'autre côté des Pyrénées, concerne l'Aragon et laCatalogne, avec des similitudes mais des origines différentes marquées par l'influencemudéjare.

Clocher de lacathédrale Saint-Antonin de Pamiers.

Après l'éradication politique de l'aristocratie cathare lors de lacroisade des albigeois (1209-1229), il restait à reconquérir les esprits. Outre la mise en place de l'Inquisition, la « reprise en main » par la hiérarchie catholique donna lieu à de nombreuses constructions ou reconstructions d'édifices religieux mais aussi civils. Le clergé cathare, dont« les parfaits », avait tant combattu le luxe de l'Église catholique romaine que l'on mit dès lors l'accent sur un style architectural plus austère et plus dépouillé[69] que dans le Nord duroyaume de France.Le gothique Méridional s’afficha ainsi comme un art militant, pensé comme une arme majeure de l’Église dans son combat contre la dissidence cathare ; il retournait contre cette dernière son parti-pris d’austérité et il offrait à la prédication un espace approprié.

Le gothique méridional se caractérise par une expression architecturale marquée par une grande austérité et une forte muralité. Les édifices prennent souvent un aspect militaire et défensif avec l'utilisation decontreforts à la place d'arcs-boutants. Après l'épisode cathare, la reprise en main des fidèles passe par leprêche (d’où la fondation parDominique de Guzmán de l'ordre des Frères prêcheurs). Pour cela, on privilégie lanef unique, qui favorise l'acoustique et place tous les fidèles sous le regard du prédicateur. La nef est bordée de chapelles latérales, logées entre lescontreforts et surmontées des grandesbaies étroites permettant un éclairage réduit (exemples :cathédrale Sainte-Cécile d'Albi,cathédrale Saint-Fulcran de Lodève,cathédrale Saint-Pierre de Montpellier). Toutefois, la présence d'une nef unique n'est pas nécessairement liée à cette volonté mais peut l'être à d’autres considérations, ou à unenef unique préexistante. À l’inverse, la très large nef desJacobins de Toulouse se trouve divisée par une rangée depiliers mais n'en constitue pas moins une seule entité.

Beaucoup d'édifices de ce style ne possèdent pourtant pas debas-côtés et sont couverts par des charpentes reposant sur desarcs diaphragmes (église Notre-Dame-de-l'Assomption de Gruissan).

« Palmier » del'église des Jacobins de Toulouse, 1292, 28 mètres sous clef.

La nef ancienne (début duXIIIe siècle) de lacathédrale de Toulouse marque la naissance du gothique méridional. L'évêqueFoulques la conçut comme un défi monumental et spirituel à la dissidence cathare. Deux éléments structurels fondamentaux concourent alors à définir le gothique toulousain : la nef unique et la croisée d'ogives, entraînant la construction d'une voûte d'ampleur inaccoutumée dans le Midi (19 mètres de largeur). La nef de la cathédrale de Toulouse participe aussi du dépouillement inspiré par saint Bernard en se caractérisant par l'absence de décor sculpté. De ce bâtiment novateur édifié entre 1210 et 1220, dont il reste trois travées sur les cinq d'origine, découleront les recherches architecturales menées dans les couvents mendiants deToulouse et qui culmineront aucouvent des Jacobins de Toulouse et à lacathédrale d'Albi.

L'église du couvent des Jacobins de Toulouse fut considérée comme la plus belle église dominicaine de l'Europe chrétienne par le papeUrbain V, qui lui attribua les reliques du grand penseur dominicainThomas d'Aquin, en 1369. Elle mesure80 mètres de long sur20 mètres de largeur et28 mètres de hauteur, créant un volume intérieur impressionnant. La difficulté de voûter deux vaisseaux de largeur inégale entraîna après 1275 la mise en place d'une file de colonnes cylindriques définissant deux nefs identiques dans les travées droites de l'abside. La greffe d'une abside unique, de plan polygonal, sur une église à deux vaisseaux donna naissance à une voûte étoilée dont l'organisation complexe anticipa de plus d'un siècle sur le gothique flamboyant. La tradition désigne ce chef-d’œuvre du nom de « palmier » car les nervures jaillissent du fût lisse de la colonne comme des palmes[70].

Nef de lacathédrale Sainte Cécile d'Albi (1282 à 1480).

La cathédrale d'Albi revêt un caractère exceptionnel dans la sphère dugothique méridional. En effet, si elle relève par essence d'une expression du gothique bien différente de celle des grandes cathédrales du nord (Chartres,Reims ouBourges), elle n'en reste pas moins un « unicum » au sein même de sa famille. La hauteur de sa voûte,30 mètres, ne lui permet pas de rivaliser avec les géantes du nord commeBeauvais ouAmiens (respectivement 46 et42 mètres) mais s'inscrit totalement dans la moyenne des grands édifices du gothique rayonnant (32 mètres pourStrasbourg, 30 pourSoissons etAuxerre, 28 pourRouen). Ces proportions s'apparentant au gothique septentrional démarquent la cathédrale d’Albi des principales églises du gothique méridional. En effet, aucun autre vaisseau ne dépasse une soixantaine de mètres de longueur (cathédrales de Lavaur,Saint-Bertrand de Comminges,Lodève,Augustins de Toulouse,Saint-Jacques de Montauban) à l'exception du couvent des Jacobins de Toulouse et deSaint-Jean-Baptiste de Perpignan. La hauteur maximale des voûtes de ces églises culmine à28 mètres àSaint-Bertrand de Comminges et aux Jacobins mais la hauteur moyenne se situe entre 20 et25 mètres (Notre-Dame de la Dalbade, couvent des Augustins de Toulouse,cathédrales de Lavaur,Lodève, églises de la ville basse deCarcassonne). En somme, il apparaît que les proportions uniques deSainte-Cécile correspondent à celles d’une grande cathédrale gothique du nord appliquées à une architecture d’esprit méridional[71].

Toute construction utilisant de préférence le matériau local, le gothique méridional des régions de Toulouse, Montauban, Albi fait appel majoritairement à labrique foraine qui est devenue un de ses signes distinctifs. Les bâtisseurs ont utilisé des techniques adaptées à ce matériau, comme l'arc en mitre typique du « gothique toulousain ». La brique se prête à des compositions décoratives géométriques, en revanche il y a peu de sculptures intégrées à l'architecture. Selon le type d'argile employée, les briques peuvent être moulurées ou arrondies par abrasion. Certains édifices utilisent la pierre avec parcimonie pour créer des contrastes de couleurs. Les régions voisines placées sous cette influence mais où domine la pierre ont souvent repris le même vocabulaire architectural.

Si on applique essentiellement le terme de gothique méridional à des édifices de culte, églises et cathédrales, les principes de leur architecture peuvent se retrouver dans des bâtiments servant à d’autres usages : sobriété de la construction, absence ou limitation de la décoration sculptée, aspect massif, éléments de défense. On peut citer entre-autres certains hôtels particuliers et lemusée Saint-Raymond, à Toulouse et lepalais de la Berbie d'Albi.

Les écoles en France

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Île-de-France

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Façade de la cathédrale de Reims.

Berceau de l'art gothique, l'école d’Île-de-France couvre aussi l'Artois et laPicardie et impose ses formules à l'ensemble du territoire français. Référence à la fois nationale et européenne, elle inspire enFrance des monuments d’une grande audace, dont les caractères sont ceux de l’architecture gothique en général. Elle concerne lescathédrales deSenlis,Noyon etBeauvais,Sens,Bourges,Chartres,Amiens,Tours,Paris etStrasbourg.

Champagne

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Elle emprunte à laBourgogne son système de chêneaux couvrant un passage intérieur, à laNormandie ses arcs à lancettes, à laRhénanie ses tours à quatre pignons. On lui attribue volontiers la disposition peu commune deschapelles rayonnantes ouvrant sur lesanctuaire par trois arcades, qu’on observe dans la cathédrale deSoissons. Les cathédrales deLaon,Reims etTroyes relèvent de cette école.

Bourgogne

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Cette école reste fortement attachée à la tradition romane, dont elle conserve de nombreux éléments, tels desvoûtes d’arêtes couvrant les bas-côtés,tours lanternes,portails en plein cintre,corniches à modillons, l’abondance du décor sculpté, etc. Elle connaît un grand rayonnement entre le Sud et l’Est de la France, entreVienne etStrasbourg. Elle offre de belles cathédrales commeAuxerre,Dijon,Nevers, qui, bien que très influencées par celles deChampagne et d’Île-de-France, n’en reproduisent pas la démesure. Ainsi, lacathédrale de Lyon, pourtant primatiale desGaules, montre-t-elle des dimensions particulièrement modestes.

Normandie

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Les cathédrales normandes s’étirent souvent sur plus de 100 m de long. Leursmurs épais et lesvoûtes peu élancées, héritage de l’époque romane, expliquent le peu d’ampleur desarcs-boutants. Leursfaçades sont assez semblables : de vastesporches couvrent d’importantsportails, au-dessus, une grandebaie en tiers-point remplace larose habituelle. La composition est encadrée de tours dont la verticalité est accentuée par de longues et étroites baies en lancettes. Le gothique normand affectionne particulièrement les tours,tours lanternes etflèches, avoisinant souvent les 70 m. En dehors des portails, la statuaire y est rare, l’ornementation intérieure consistant essentiellement dans l’emploi d’abondants motifs géométriques, de lignes architecturales verticales et d’arcs suraigus.

L’école normande a produit les cathédrales deBayeux,Rouen,Coutances. LaBretagne, d’abord inspirée par l’architecture angevine, passera auXIIIe siècle sous influence normande: on rattache ainsi à l’école normande les cathédrales bretonnes deQuimper,Saint-Brieuc etSaint-Malo.

Sud-Ouest

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Cette école est caractérisée par sesvoûtes d’ogives fortement bombées, appelées voûtes Plantagenêt qui évoquent lescoupoles romanes. Les murs, souvent doublés d’arcatures, restent épais et les ouvertures étroites. L’arc-boutant n’est jamais employé, on lui préfère lecontrefort massif. Les plans les plus courants sont ànef unique sur le modèle roman duPérigord et de l’Angoumois, et à trois nefs de hauteur sensiblement égale sur le modèlepoitevin. Cette école aux caractères locaux fortement marqués couvre les provinces de l’Anjou, duMaine et duPoitou, et déborde largement sur laTouraine voir sur l’Auvergne. Les cathédrales d’Angers et dePoitiers en sont les deux plus importantes manifestations.

Clocher « toulousain » de la basilique Saint-Sernin à Toulouse

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Midi

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L'usage commun de labrique et de latuile, l’étroitesse des fenêtres, l’emploi fréquent de l’arc en mitre sont les traits les plus caractéristiques de l’architecture méridionale. Mais le plus singulier demeure leclocher « toulousain » qui trouve son modèle dans le célèbre clocher deSaint-Sernin àToulouse : adaptés à la construction en brique, ses différents niveaux forment une pyramide qui surmonte la ville.

Les églises méridionales montrent unenef unique ou deux vaisseaux d’égale hauteur. Auxarcs-boutants on préfère descontreforts très saillants, entre lesquels on établit souvent de hauteschapelles latérales. Cette école régionale s’étend sur un vaste territoire, comprenant laProvence, leLanguedoc et laCatalogne. Elle produit une quantité de cathédrales :Carpentras,Toulouse,Montpellier,Aix-en-provence,Clermont-Ferrand et la plus célèbre,Sainte-Cécile àAlbi.

L'architecture gothique hors de France

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En Angleterre

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Article détaillé :Architecture gothique anglaise.

Contrairement au reste de l'Europe, le gothique anglais s'est développé en trois phases. On distingue le gothique « primaire », le gothique « curvilinéaire » et le gothique « perpendiculaire ».

Le gothique primaire

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Cathédrale de Salisbury, exemple de style gothique primaire.

Le gothique primaire (ou « Early English gothic ») se développe duXIIe siècle jusqu'en 1250.

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Caractéristiques
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Le développement le plus important et caractéristique de la période du gothique primaire est l'utilisation de l'ogive aussi bien pour la nef que pour des portes et des fenêtres. Les fenêtres cintrées sont étroites par rapport à leur hauteur et sont sans entrelacs. Bien que l'ogive équilatérale soit le plus souvent utilisée, l'ogive en lancette se retrouve fréquemment et est une grande caractéristique du style. Au lieu d'être massif, les piliers sont composés de minces tiges individuelles entourant un pilier central. Des entrelacs avec des trèfles à trois ou quatre feuilles sont introduits dans les rosaces présentes dans la nef et dans le transept. Les feuillages qui ornent les chapiteaux sont d'une grande beauté et s'étendent aux tympans, aux bossages, etc. Dans les tympans, des arches, des travaux héraldiques sont occasionnellement rencontrés.

Exemple notables
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Lacathédrale de Salisbury est un superbe exemple de ce style.

Le gothique curvilinéaire

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Il commence vers1250 et va durer un siècle environ. Le gothique curvilinéaire (ou « 'decorated style' ») se distingue par des baies gothiques très travaillées. Elles comprennent desmeneaux qui séparent les différentes parties de la fenêtre. À l'intérieur du bâtiment, les colonnes sont plus fines et plus élégantes que celles du gothique primaire.

Certains auteurs divisent ledecorated style en deux périodes : tout d'abord legeometric, caractérisé par des fenêtres auxremplages verticaux enlancettes, puis lecurvilinear, qui correspondrait au gothique flamboyant, avec des remplages enmouchettes etsoufflets.[réf. nécessaire]

Caractéristiques
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Le « decorated style » est caractérisé par ses entrelacs de fenêtres. Les fenêtres sont divisées par des meneaux parallèles étroitement espacés. Sur la partie supérieure de la fenêtre, les meneaux se ramifient et se croisent pour former des entrelacs comprenant souvent des trèfles à trois ou quatre feuilles. Le style curvilinéaire était d'abord géométrique puis fluide en raison de l'omission des cercles dans les entrelacs. Cette évolution des entrelacs est souvent utilisée pour délimiter les deux périodes : « geometric » et « curvilinear ».

Les intérieurs de cette période comportent souvent de hautes colonnes aux formes plus élancées et plus élégantes qu'au style précédent. Les voûtes deviennent plus complexes grâce à une augmentation du nombre de nervures.

Le gothique perpendiculaire

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Article détaillé :Gothique perpendiculaire.
Voûtes en éventail de l'abbaye de Bath.

Typiquement britannique, le gothique perpendiculaire voit le jour vers1340, lors de la transformation du chœur de lacathédrale de Gloucester et de la construction de son cloître.

Ce style se caractérise par une redéfinition des volumes intérieurs et des masses extérieures. De grandes baies distribuent largement la lumière dans les salles et les nefs, suivant des lignes horizontales et verticales qui sont à l'origine du terme « perpendiculaire ». Apparaissent également lesvoûtes en éventail (enanglais :fan vaults) qui cassent le verticalisme des lignes architecturales, créant un effet dynamique très décoratif. Ces voûtes sont particulièrement remarquables dans la chapelleHenri-VII de l'abbaye de Westminster, l'abbaye de Bath, lacathédrale de Peterborough etKing's College Chapel deCambridge. À l'extérieur, lesarcs-boutants sont parfois supprimés.

Abandonné vers1520, le gothique perpendiculaire connaît un certain regain dans la seconde moitié duXVIIIe siècle, tel lepalais de Westminster vers 1850.

En Belgique et aux Pays-Bas

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Le gothique brabançon

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Article détaillé :Gothique brabançon.

Le style gothique brabançon est une variante que l'on retrouve dans plusieurs monuments situés sur le territoire duBrabant historique, c'est-à-dire enBelgique (provinces de Brabant et d'Anvers) ainsi qu'au sud desPays-Bas (province deBrabant-Septentrional), et dans les régions avoisinantes. Né auXIIIe siècle sous l'influence du gothique français, le gothique brabançon ne tarde pas à acquérir des caractéristiques propres.

Le gothique tournaisien

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Legothique tournaisien (parfois appelé gothique scaldien) est un style architectural gothique primitif ou romano-gothique de transition, typique de l'anciencomté de Flandre.

Le gothique mosan

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Article détaillé :Gothique mosan.

Legothique mosan est le nom d'un style local de l'architecture gothique qui s'est développé dans laprincipauté de Liège duXIIIe auXVIe siècle.

Dans le Saint-Empire romain germanique et l'État de l'ordre Teutonique

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Église Sainte-Élisabeth de Marbourg (église-halle de pierre).

Le gothique rhénan

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S'inspirant duplan roman-rhénan hérité des cathédralesottoniennes à deux chevets, cette forme architecturale, bien que souvent abandonnée à la période gothique, se retrouve dans certains édifices — principalement enLorraine —, mais également dans les régions voisines, comme l'Alsace, laChampagne-Ardenne ou encore laFranche-Comté.

C'est le cas :

Par ailleurs, le gothique rhénan a conduit plus tard à la construction de flèches audacieuses, comme celle de lacollégiale Saint-Thiébaut de Thann, ou celles de lacathédrale Notre-Dame de Strasbourg. Cestours dotées d'une flèche sont typiques de l'architecturegermanique.

LeSondergotik

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Église Sainte-Marie de Lübeck (briques, structure et plan basilical).
Église Sainte-Marie de Gdańsk (église-halle de briques).

Ce terme fut créé parKurt Gerstenberg en 1913 dans un contexte politique de confrontations nationalistes. Aujourd'hui il est controversé. Il s'applique à trois types d'édifices distincts, individualisés, mais qui peuvent aussi être une combinaison des deux ou trois types suivants :

De nombreux édifices religieux allemands ont adopté le style gothique et certaines de ses réalisations dans les pays germaniques sont des œuvres d'art exceptionnelles, comme : la cathédrale de Cologne (au plan inspiré de celui d'Amiens), l'église principale d'Ulm (plus haute flèche néo-gothique en pierre du monde; légalement toujours une paroisse ordinaire), lacollégiale de Fribourg-en-Brisgau (cathédrale depuis 1821/1827), les cathédralesde Ratisbonne,de Vienne (Autriche), dePrague (Bohême), etc., toutes construites dans un style peu différencié de celui que l'on trouve en France.

Hôtel de ville de Wrocław.

Dans le Nord de l'Allemagne, enPologne, et dans les régions autour de lamer Baltique, dans les villeshanséatiques ou influencées par elles, la pierre fait place à la brique, ce qui limite fortement l'emploi de motifs sculptés : c'est leBacksteingotik, legothique de brique que l'on trouve notamment àLübeck (par ex. l'église Sainte-Marie et laHolstentor), àStralsund (par ex. l'hôtel de ville), àGdańsk (par ex. l'église Sainte-Marie),Malbork (laforteresse teutonique de Marienbourg, àToruń (par ex. la maison natale deNicolas Copernic), ou encore àRiga en Lettonie. L'Église Sainte-Marie de Lübeck a un plan basilical, l'église Sainte-Marie de Gdańsk est une deséglises-halle les plus vastes.

L'église-halle comprend en général une nef et des bas-côtés de hauteur égale. Il y a aussi des églises-halles construites en pierre, notamment enWestphalie. De même, ce type d'église se rencontre fréquemment dans l'extrême Nord de la France ainsi qu'en Flandre et aux Pays-Bas. Lacathédrale Notre-Dame de Munich et l'église Saint-Martin de Landshut, en Allemagne du sud, sont des églises-halles gothiques, édifiées en grande partie en brique.

Le gothique cistercien

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Les principesbernardiens de la simplicité, définis dans l'art cistercien bourguignons, sont ensuite exportés, notamment en Allemagne, Pologne et Italie, et maintenus dans la plupart des édifices durant toute l'époque gothique. Ils se caractérisent notamment par l'absence d'arcs-boutants.

Autres

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  • Cathédrale de Magdebourg
    Cathédrale de Magdebourg
  • Chœur de l'église principale d'Ulm
    Chœur de l'église principale d'Ulm
  • Saint-Ulrich-et-Sainte-Afre d'Augsbourg
    Saint-Ulrich-et-Sainte-Afre d'Augsbourg
  • St-Jacques d'Einbeck
    St-Jacques d'Einbeck
  • Ste-Marie de Koenigshofen
    Ste-Marie de Koenigshofen

En Italie

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Historique

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Cathédrale de Milan.

Dès leXIIIe siècle, dans le Nord de l'Italie, les gouvernements locaux s'affranchissent de la tutelle duSaint-Empire romain Germanique avec l'effusion de nouvelles idées (Dante). L'émergence de cités-états provoque leurs sensibles développements urbains avec l'apparition de constructions civiles importantes (Palazzo vecchio de Florence).

Contrairement à laFrance, où s'affirme un pouvoir Royal central, les villesitaliennes ont un développement autonome et deviennent rivales (Florence etSienne).

Dans le Sud de la péninsule, lamaison française d'Anjou-Sicile va régner pendant plus de deux siècles, depuisCharlesIer d'Anjou auXIIIe siècle jusqu’auroi René auXVe siècle. Même si, sous cette influence, lestyle gothique angevin s’est répandu dans lesroyaumes de Naples et deSicile, laréférence impériale romaine reprise au compte du roiFrédéric II de Sicile, se révèle dans le moindre détail des éléments de bon nombre d'édifices qui s'éloignent alors dustyle gothique d'origine.

Puisque l'art gothique venu du nord de l'Europe n'a jamais été entièrement intégré par l'Italie, quelqueshistoriens de l'art considèrent la seulecathédrale de Milan comme monument religieux véritablementgothique de ce pays.

Caractéristiques

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Basilique Santa Maria Novella de Florence).

Apparentés à l'abbaye française deFontenay (Bourgogne), lesCisterciens introduisent dès la fin duXIIe siècle, les premiers élémentsgothiques (abbaye de la Fossanova). Ils sont suivis par lesordres mendiants tels que lesfranciscains (Saint-François d'Assise,Santa Croce de Florence) et lesdominicains (Santa Maria novella de Florence). Mais les usages desordres mendiants et la tradition italienne marque un net infléchissement de l'art français.

SI l'on retrouve bien le particistercien dans la juxtaposition de chapelles non communicantes de part et d'autre de l'abside à trois baies (importance de la trinité), la nécessité de l'accueil des fidèles et l'importance duprêche, provoquent l'élargissement des arcades et l'amincissement des piles afin de décloisonner l'espace et ainsi de ne pas différencier lanef descollatéraux. Cette volonté d'ouverture sur lesbas-côtés et d'élargissement destravées va à l'encontre du développement des lignes ascendantes et de la hauteur croissante des voûtes recherchés par le gothique français.

Du fait des traditionspaléochrétiennes, on préfère lescharpentes auxvoûtes (basilique Santa Croce de Florence). En règle générale, l'arc-boutant est pour ainsi dire inconnu, rendus inutiles par les voûtes bombées d'influenceangevine qui permettent ainsi de simplifier les solutions d'équilibre matériel. Lesclochers, isolés de l'édifice, sont de hautes tours rectangulaires (cathédrale de Florence). Le décor n'est pas, comme enFrance, intimement lié à la structure. Certains édifices, comme lescathédrales de Sienne ou d'Orvieto, intègrent bien des éléments décoratifs empruntés à l'art gothique, mais ce n'est souvent qu'un placage demarbres ou deterres cuites de couleurs. L'extérieur n'est d'ailleurs pas toujours l'expression de l'intérieur. Ainsi, àOrvieto, il y a troispignons en façade alors que la toiture est plate. De même, l'élan ascensionnel des cathédrales françaises est nié par le jeu de polychromie horizontale des assises blanches et noires alternées hérité de la tradition italienneromane (baptistère de Florence).

Lacoupole renvoie aux prototypesromans (cathédrale de Pise) ou auPoitou français. LeDôme de Florence, marquant le début de laRenaissance, est l'édifice le plus justement célèbre : son profil est d'une admirable élégance ; il repose sur untambour octogone ajouré.

Lacathédrale de Milan produit un certain effet grâce aux nombreuxpinacles dentelés de sa toiture, mais l'éclairage reste insuffisant.

L'architecture civile mérite l'attention : lespalais municipaux avec leur immense tour crénelée sont de beau caractère. ÀVenise, les palais ont un fenestrage flamboyant très original appelé « gothique fleuri » que l'on ne rencontre nulle part ailleurs.

Gotico angioano

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San Lorenzo Maggiore àNaples, chœur et déambutaloire à la mode française, nef à la mode italienne avec charpente ouverte.

LeGotico angioano a peu de connexions augothique angevin de l'ouest de la France.

Allié aux papesUrbain IV etClément IV,Charles d'Anjou, frère deLouis IX, s'installe commeroi de Naples et de Sicile et développe un mélange de traditions italiennes et d'influences dudomaine royal français qui est appeléGotico angioano en italien.

En Espagne

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Article détaillé :Architecture gothique en Espagne.
Cathédrale de Burgos.

ÀSéville, lemonumental minaret de la mosquée - désaffecté depuis la Reconquista - s'est vu flanqué d'une cathédrale gothique tardive qui restera la plus vaste du monde. Ses dimensions impressionnantes ont été autorisées par un allègement dû à l'absence de charpente permise par une faible pluviosité. Les cathédrales du nord de la péninsule (àBurgos,León) sont des transpositions de l'art gothique français. Lacathédrale de Palma de Majorque se caractérise par un volume intérieur exceptionnel et des voûtes reposant sur des piliers extrêmement élancés.

cathédrale de Séville, la plus vaste cathédrale gothique du monde.

À partir de 1480 et jusqu'à 1520 se développe le styleplateresque (plateresco en espagnol). C'est un style architectural de transition entre l'art gothique et laRenaissance. La première phase du style plateresque est également appelée « gothique hispano-flamand », ou encore « style isabélin » ou « desRois catholiques », car il s'est développé dans les pays de lacouronne de Castille, sous le règne des « Rois catholiques »,Isabelle de Castille etFerdinand d'Aragon. Les formes du gothique flamboyant sont encore dominantes, et les éléments Renaissance restent peu utilisés ou de façon mal comprise (selon les canons de la Renaissance artistique). On retrouve la prédominance des motifs héraldiques et épigraphiques. L'un des traits de décoration les plus marquants est l'utilisation récurrente des symboles du joug, des flèches et de la grenade, qui font directement référence aux deux monarques espagnols. On retrouve également le motif des boules pour décorer les édifices. Le style isabélin est particulièrement bien représenté par les œuvres des architectes Enrique de Egas, Juan de Álava ou encore Diego de Riaño.

Honoré de Balzac rend hommage au style gothique espagnol, particulièrement à celui de la première cathédrale deCadix, à l'origine gothique.« L'église, due aux libéralités d'une famille espagnole couronne la ville. La façade hardie, élégante, donne une grande et belle physionomie à cette petite cité maritime. N'est-ce pas un spectacle empreint de toutes nos sublimités terrestres que l'aspect d'une ville dont les toits pressés, presque tous disposés en amphithéâtre devant un joli port, sont surmontés d'un magnifique portail à triglyphe gothique, à campaniles, à tours menues, à flèches découpées ? »[75].

Premier gothique (XIIe siècle)

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Exemples notables
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Gothique rayonnant (XIIIe siècle)

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Exemples notables
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Gothique mudéjar

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Ce style résulte de la rencontre des styles chrétiens et musulmans à partir du douzième siècle dans la péninsule ibérique.

Caractéristiques
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Le style mudéjar est caractérisé par l'utilisation principale de la brique. Les formes géométriques typiquement islamiques dominent et apparaissent sur les murs et le sol par des carrelages complexes. On utilise la céramique. L'utilisation du bois pour les toits est caractéristique de ce style, ils sont plats et couverts de nombreux motifs géométriques. On retrouve aussi le stuc peint.

Au Moyen-Orient

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Né à l'époque des Croisades, l'art gothique a laissé quelques témoignages inattendus dans les pays du Levant, comme àChypre[76] où les cathédrales latines deNicosie (cathédrale Sainte-Sophie de Nicosie) etFamagouste (mosquée Lala Mustapha Pacha) furent ensuite converties enmosquées.

Le chantier de la cathédrale

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La motivation

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Entre leXIe siècle et leXIIIe siècle, l’Occident connaît une prospérité économique régulière qui s’exprime par une forte croissance démographique. Celle-ci est particulièrement sensible dans les villes : lieux d’échange, de commerce et de rencontre, elles attirent les populations et concentrent les richesses. Cette population toujours plus nombreuse, que ne peut contenir lacathédrale romane devenue exiguë, explique généralement la dynamique du chantier gothique. Mais parfois, l’ouverture du chantier cathédral doit beaucoup à la rivalité desévêques ou deschanoines, chacun désirant surpasser son voisin par une cathédrale plus majestueuse, plus haute, plus vaste et surtout gothique.

Quelles qu'en soient les motivations et aussi démesuré soit-il, le nouveau projet sera d’autant plus facilement accueilli par la population qu’elle aussi, tout comme leclergé, participera à une émulation générale portée à son paroxysme le jour de l’inauguration. Pour l’occasion l’évêque ne manque pas d’inviter lesprélats desdiocèses voisins : ils viendront souvent accompagnés de leursarchitectes attitrés, qui pourront s’inspirer de l’œuvre achevée, ce qui explique une certaine parenté entre beaucoup de cathédrales contemporaines.

Le financement

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Aucun chantier cathédral ne peut être envisagé sans un financement à long terme car les travaux dureront à l’ordinaire plusieurs décennies : que les fonds viennent à manquer, le chantier s’arrêtera quelques mois voire des années. Parfois, écrasées pendant plusieurs générations sous le poids de leurs dettes, certaines cités, commeBeauvais, devront laisser leurscathédrales inachevées ou reconsidérer avec plus de modestie leur projet initial. Ce financement, qui mobilise d’importants capitaux, implique un montage complexe, intégrant plusieurs sources de revenus, que doit gérer lechapitre, c’est-à-dire l’assemblée deschanoines ou la fabrique, constituée dechanoines et de personnalités civiles.

Cette représentation de boulangers sur un vitrail atteste que cette corporation s'est montrée généreuse (cathédrale de Bourges).

Maître d’ouvrage, lechapitre deschanoines s’occupe de la gestion des ressources et de la bonne marche des travaux. Il finance les expropriations nécessaires à l’établissement de la future cathédrale, règle l’achat des matériaux et leur acheminement, rémunère lamain-d’œuvre et l’architecte qu’il a choisi. Les dépenses sont considérables : aussi la préoccupation première est-elle la recherche d’argent, qui devra alimenter le chantier par un flot si possible continu.

Leschanoines sont souvent les premiers à consacrer une bonne partie de leurs revenus personnels à la cathédrale, etl’évêque doit suivre :Maurice de Sully finance ainsi son chantier deParis. Des ressources régulières, telles qu’impôts,dîmes, taxes, peuvent aussi être affectées à la bonne marche du chantier. Mais aussi importants soient-ils, ces fonds suffisent rarement. Pour faire rentrer l’argent dans les caisses,évêques etchanoines organisent des quêtes et recueillent des dons qui sont parfois en nature : chevaux, ânes, bœufs qui serviront aux charrois; veaux, moutons, volailles, vin, bière qui nourriront les bâtisseurs ; bijoux, colliers, bracelets et médailles qui seront convertis en monnaie, plus négociable. Ils sollicitent les particuliers à chaque instant de leur vie quotidienne en disposant des troncs non seulement dans leséglises mais aussi dans les boutiques et un peu partout dans la cité. Même les plus modestes apportent leur contribution : à défaut de quelques pièces de monnaie, ils pourront toujours offrir une ou plusieurs journées de travail comme manœuvres bénévoles. Quant aux riches seigneurs, ils consacreront une partie de leurs revenus ou de leur patrimoine, contre le privilège très envié de se faire ensevelir sous le dallage de lacathédrale.

Lesreliques peuvent participer de façon significative au financement des travaux : déjà exposées dans la cathédrale en construction, elles y attirent despèlerins d’autant plus nombreux et généreux que la réputation de celles-ci est grande. Souvent, des quêteurs promènent ces reliques en procession à travers lesdiocèses voisins, faisant la promotion de l’édifice à construire et recueillant au passage les offrandes.

Quand la générosité faiblit, l’argent manque :chanoines etévêques doivent faire preuve d’imagination pour relancer la prodigalité populaire. Ils autorisent, par exemple, moyennantaumônes, la consommation de beurre pendant lecarême : les fameuses « tours de beurre » des cathédrales deBourges ou deRouen doivent leur nom à cette pratique. Autre ressource encore, lesindulgences, c’est-à-dire l’effacement partiel ou total des fautes à la suite d’actes pieux tels que desprières,jeûnes,pèlerinages mais surtoutaumônes. Elles se développent particulièrement au milieu duXIIIe siècle, dans le seul but de renflouer le budget de la fabrique. ÀBordeaux, l’archevêqueBertrand de Got, devenu pape sous le nom deClément V, en fera bénéficier son anciendiocèse en 1307 et en 1308.

C’est souvent par rivalité avec la ville voisine que la cité médiévale s’attache à construire. Il arrive parfois que la générosité de certains riches donateurs cherche à faire excuser une fortune dont l’origine n’est guère conciliable avec les préceptes chrétiens. Lescorps de métiers qui généreusement financent l’installation de quarante-cinqverrières dans le déambulatoire deChartres n’en sont pour autant pas moins intéressés : en même temps qu’une œuvre pieuse, ils se font, à la manière de nosmécènes contemporains, une prestigieuse promotion commerciale puisqu’en admirant les splendidesvitraux, les fidèles ne pourront ignorer leurs noms et leurs activités. Mais cette générosité intense est aussi en grande partie désintéressée puisque suscitée par la ferveur de tout un peuple.

L'architecte

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Plaque tombale d'Hugues Libergier dans la cathédrale de Reims.

Souvent, à l'époque romane, l'architecte était un maîtremaçon qui travaillait de façon plus ou moins empirique, aux côtés de ses compagnonstailleurs de pierre dont il se distinguait par l'expérience et un sens de la coordination plus grand. Mais la construction d'une cathédrale est un chantier complexe : l'importance des travaux, la cohérence de l'édifice, son haut niveau de technicité impliquent un savoir important. Le maître maçon devient alors architecte etingénieur, et son statut évolue considérablement vers la fin duXIIe siècle.

Sortant de l'anonymat où il était cantonné durant l'époque romane, l'architecte gothique grave fréquemment son patronyme sur la pierre tombale ou sur le labyrinthe, il signe ses contrats, ses plans, ses livres de comptes, etc. Il devient donc plus facile d'apprécier son rôle dans le chantier d'une cathédrale. Maître d’œuvre, l'architecte gothique doit gérer l'organisation et l'économie du chantier. Il dirige les travaux, choisit les matériaux, coordonne les corps de métiers et paye les ouvriers. Concepteur, il traduit en formes, en volume et en espaces un concept théologique proposé par l'évêque ou lechapitre des chanoines. Avec précision, de l'ensemble au détail, il dessine les plans et les élévations de sa cathédrale pour les soumettre à leur approbation. Ingénieur, il lui faut évaluer la résistance des matériaux, le poids des voûtes et des couvrements, apprécier l'interaction des forces dans les structures de la cathédrale, prévoir les lignes de pression qui détermineront la disposition des organes de butée, imaginer aussi les procédés ou les machines qui lui permettront de mener à bien son chantier.

Enfin, outre ces compétences technologiques, l'architecte doit posséder de solides connaissances théologiques, littéraires et philosophiques pour comprendre et discuter le projet avec les commanditaires, le plus souvent desprélats lettrés. Dans ce contexte, l'architecte gothique apparaît donc doué d'une culture bien supérieure à celle du maître maçon formé sur le chantier roman. Ne participant plus dès lors aux travaux manuels, l'architecte devient un homme d'exception. En fonction de sa réputation, il peut négocier lui-même un salaire élevé et des avantages en nature, comme des vêtements en harmonie avec son statut social, un logement gratuit, de la nourriture pour sa famille et ses serviteurs et parfois même une exemption d'impôts.

Ce statut privilégié peut être générateur de tensions entre le maître d'ouvrage et l'architecte, surtout lorsque celui-ci est réputé et se voit confier la direction de plusieurs chantiers simultanés :Gautier de Varinfroy collabore ainsi à la construction des cathédrales deMeaux et d'Evreux,Martin Chambiges à celles deSens,Troyes etBeauvais. De ce fait, il ne peut être durablement présent sur chacun de ses chantiers, et ses absences auront des répercussions sur le déroulement des travaux. Les commanditaires s'emploieront alors à rédiger des contrats plus rigoureux, interdisant à l'architecte de diriger un autre chantier en dehors dudiocèse sans l'autorisation de sonévêque ou de sonchapitre, ou d'entreprendre plusieurs chantiers en même temps. Mais ces contrats continueront à garantir aux intéressés des salaires et des avantages importants.

Les plans et les modèles

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À la différence de l'église romane souvent construite de façon empirique, la cathédrale gothique est une œuvre dont la complexité ne supporte pas une telle approche : aux plans d'édifices romans tracés directement, grandeur réelle, sur un sol préalablement nivelé, l'architecte gothique oppose des projets planifiés et subtils, ou intervient lagéométrie, l'optiqueetc.

Pour visualiser l'œuvre à entreprendre et convaincre les maîtres d'ouvrages pour qui il travaille, il a souvent recours auxmaquettes, en papier mâché, bois, plâtre ou pierre : elles montrent à échelle réduite une partie ou l'intégralité du futur édifice. Autre moyen de visualiser l'œuvre projetée, les dessins d'architectures, qui précisent élévations, façades et détails architecturaux. Ce type de monument est aujourd'hui rare, car réalisé sur de coûteuxparchemins qu'on grattait par la suite pour les réutiliser. Les plus anciens dessins d'architectures connus en France sont ceux relatifs à lacathédrale de Strasbourg qui datent de 1250. Un carnet d'architecte médiéval nous est également parvenu, celui dupicardVillard de Honnecourt, réalisé vers 1230. bien qu'incomplet, il comporte 33 feuillets de parchemins recouverts de dessins à la plume : l'architecte y traite demécanique, degéométrie, detrigonométrie pratique; il y reproduit des détails d'architecture observés lors de ses visites àChartres etReims ; il y fait également figurer des ornements, des esquisses de machines de guerre et d'appareils de levage, particulièrement utiles sur les chantiers des cathédrales : on y remarque aussi de nombreux croquis du corps humain.

Ces maquettes et dessins suffisent certes aux commanditaires, mais ne peuvent répondre aux besoins pratiques des différents corps de métiers. L'architecte exécute donc à leur intention d'autres documents pour préciser ses intentions. Outre des dessins techniques, dont beaucoup disparaîtront à l'issue du chantier, desépures représentent, grandeur réelle, un détail architectonique, un fragment de l'édifice en construction, afin de fournir auxtailleurs de pierre ou auxcharpentiers le modèle à exécuter. Ces épures sont peu onéreuses car le plus souvent tracées dans des matériaux réutilisables (plâtre ou terre argileuse): on peut donc les recommencer, les compléter ou les corriger autant de fois que nécessaire. D'autres sont durablement gravées sur les dalles ou les murs de l'édifice.

Plans,dessins,esquisses ouépures sont le plus souvent tracés et conservés dans une salle réservée à l'architecte : c'est la « chambre aux traits », dont on connaît l'existence àRouen etParis. Avec lesgabarits et lesmôles qui, découpés dans le bois, donnent le profil grandeur réelle d'une base, d'uneogive, d'unenervure ou d'unarc, ces documents graphiques constituent l'indispensable mémoire du chantier et ils permettent, malgré l'étalement prévisible des travaux dans le temps, une relative homogénéité dans l'architecture de la cathédrale.

Les métiers sur le chantier

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Métiers de la pierre

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Sur le chantier de lacathédrale se côtoient des groupes d'ouvriers aux compétences variées, ou prédominent traditionnellement les métiers liés à la pierre et au bois. Chacun de ces groupes, parfois rivaux même si leur activité est coordonnée par le maître d'œuvre, possède sa loge et ses coutumes. Si humble qu'on l'oublie également, lemortelier ou « gâcheur de mortier » est représenté sur pratiquement toutes les miniatures, au pied de l'édifice gothique. Il faut dire que sa tâche, aussi ingrate soit-elle, ne souffre pourtant d'aucun amateurisme: pour éviter les effondrements et leur lot d'accidents parfois mortels, pour assurer la longévité de la cathédrale, ce modeste ouvrier doit préparer un matériau fiable.

Scène de chantier : porteurs transportant une pierre sur une sorte de civière etpotier au travail. Détail du vitrail du Mauvais Riche (cathédrale de Bourges).

Sculpteurs (ou imagiers) ettailleurs de pierre semblent constituer un groupe unique. En effet, il n'est guère possible d'établir une distinction très franche entre ces deux spécialités : lesminiatures gothiques montrant un chantier cathédral intègrent généralement les sculpteurs à l'équipe destailleurs de pierre et les livres de compte des cathédrales, d'une précision pourtant scrupuleuse, se contentent de consigner des gages légèrement supérieurs pour les sculpteurs, admettant tacitement une compétence particulière pour mettre la pierre « en image ».

Lestailleurs de pierre ne sont pas présents sur le chantier de lacathédrale seulement : sur le site même de lacarrière, ils peuvent constituer des ateliers spécialisés qui dégrossissent les blocs de pierre et produisent des éléments se prêtant à la fabrication en série. Pierres de parement,tambours decolonnes,moulures,claveaux,remplages, seront ainsi préparés à l'aide degabarits, puis transportés sur le chantier et définitivement posés par les maçons dans la cathédrale. Ce procédé, réduisant d'une part le volume de pierre à transporter vers le chantier et d'autre part celui des déchets à évacuer, diminuait considérablement les frais de charroi, mais il ne pouvait convenir aux sculptures ornementales trop fragiles pour supporter sans dommages un acheminement souvent chaotique. Le sculpteur travaille donc son bloc de pierre au pied de la cathédrale, souvent guidé dans ses gestes par un dessin, un modèle ou même une maquette en plâtre. À la différence dumaçon dont l'activité cesse avec l'arrivée du mauvais temps, lesculpteur peut exercer son art l'hiver, abrité dans sa loge, si les comptes de la fabrique permettent de le rémunérer à l'année.

Lasculpture, ayant trouvé sa place dans la cathédrale, ne prendra sa valeur définitive qu'après l'intervention du peintre imagier, qui applique sur lapierre des couleurs vives, dont la plupart sont codifiées à partir duXIIe siècle, conséquence de la diffusion des règles del'héraldique : le jaune symbolise l'intelligence, la grandeur, la vertu; le blanc est associé à la pureté, la droiture, la sagesse; le noir évoque la tristesse mais aussi la volonté; le vert se rattache à l'espérance, la liberté, la joie; le rouge est la couleur de la charité et de la victoire; le bleu symbolise le ciel, la fidélité, la persévérance et le pourpre la souveraineté. Le spectateur moderne quant à lui n'a bien souvent qu'une vision partielle de cettesculpture gothique, lestympans,piédroits,chapiteaux et beaucoup destatues ayant perdu leur polychromie d'origine.

Métiers du bois

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Compas de charpentier

Comme lestailleurs de pierre, lescharpentiers constituent une catégorie d'ouvriers relativement privilégiée. Longtemps considérés comme les maîtres incontestés des chantiers, ils ont dû cependant s'incliner devant la suprématie des métiers de la pierre, qui, avec la généralisation desvoûtes à partir duXIe siècle, avaient soustrait de la vue des fidèles leurscharpentes jusqu'alors apparentes. Ces deuxcorporations se disputeront, jusqu'à la fin duXIXe siècle et parfois violemment, le titre de « seigneurs du compagnonnage », mais n'en demeureront pas moins étroitement liées, le travail des uns dépendant largement de celui des autres.

À la tête des métiers du bois, le maîtrecharpentier intervient du début à la fin du chantier. Véritable technicien, il conçoit avecl'architecte desengins de levage qui prendront appui sur les murs en construction puis sur les charpentes dès qu'elles auront été levées. Il dresse encore leséchafaudages qui permettront aux ouvriers de travailler dans les parties hautes de l'édifice, ainsi que les solidescintres de bois qui soutiendrontvoûtes etarcs pendant le temps nécessaire à leur réalisation et au séchage dumortier. Mais l'œuvre majeure des charpentiers reste lacharpente que lescouvreurs s'empressent d'habiller de plomb et d'ardoises. Ces charpentes spectaculaires sont des ouvrages d'une très haute technicité, dont les assemblages et les forces qui s'y combinent rappellent la charpente navale et témoignent de liens parfois étroits entre charpentiers de marine et charpentiers de cathédrales. D'ailleurs, dans les régions de forte tradition maritime, comme laNormandie ou laBretagne, les charpentiers étaient à la fois constructeurs de navires et de charpentes d'églises.

Doloire de charpentier.

Les charpentiers ont besoin pour leurs travaux de belles pièces de bois, si possible bien sec, et en grande quantité. Mais un tel approvisionnement, idéal, aurait supposé un stock constant, immobilisé de longues années pour le séchage, ainsi qu'un fonds de roulement important. Peu de fabriques pouvant s'offrir un tel luxe, les charpentiers se contentent la plupart du temps de bois vert, ce que confirme l'analyse des dates d’abattage, de transport et d'ouvrage consignées dans les livres de compte du chantier. Cet usage quasi général de bois vert est sans conséquences majeures pour la fabrication descintres, descoffrages, deséchafaudages ou desappareils de levage qui sont des ouvrages éphémères. Mais appliqué aux charpentes, il cause un gauchissement parfois important de certaines pièces et l'imperfection de certains assemblages: ces défauts apparaissant plus ou moins longtemps après la fin des travaux, découlant donc non pas d'une technique mal maîtrisée par les charpentiers mais d'une grande difficulté à s'approvisionner en bois d'œuvre de qualité. Pour leur part, lesmenuisiers n'ont besoin pour leurs travaux, que de petites pièces de bois, ou bois « menu ». Leshuisseries qu'ils fabriquent ne souffrant d'aucune modification ou gauchissement pour rester parfaitement ajustées, ils veilleront à ne travailler que du bois parfaitement sec. Longtemps, sous la tutelle des charpentiers, les couvreurs ne gagneront leurs propres statuts et leur indépendance qu'en 1321. Mais les deux corps de métiers resteront très étroitement associés, l'un réalisant les assemblages que l'autre habillera, suivant les régions, deplomb,d'ardoise ou detuile. Ce sont les couvreurs encore qui mettent au point le réseau d'évacuation deseaux pluviales : ils dissimulent des rigoles sur le faîte des murs et desgouttières dans lescontreforts, ils répartissent autour de l'édifice les fameusesgargouilles de pierre que réaliseront les sculpteurs.

Métiers du fer

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Complémentaires des deux précédents métiers, les plombiers sont spécialisés dans la réalisation des crêtes etépis de faîtage. Ils rivalisent d'habileté pour réaliser les somptueux ouvrages deplomb repoussés au marteau et ciselés, qui ornent les parties hautes de la cathédrale. Ils préparent également les lourdes feuilles de plomb qui serviront à étancher la toiture. Impliqués de façon permanente dans la construction de la cathédrale, du début à la fin du chantier, lesforgerons sont le plus souvent sédentaires. Ils fabriquent, réparent ou affûtent la quasi-totalité des outils du chantier, dont ils augmentent l'efficacité et le rendement en travaillant des aciers de plus en plus résistants. Ils forgent des clous de toutes sortes en quantité phénoménale et les fers indispensables aux multiples animaux de trait. On oublie très souvent qu'ils sont aussi présents au cœur même de l'édifice, fabriquant des chaînages de fer qui, scellés dans lamaçonnerie, renforceront les murs, destirants qui contiendront la poussée des voûtes, des ferronneries qui soutiendront lesvitraux.

Enclume de serrurier.

La confection des grilles ouvragées, des peintures de portes et de toute laferronnerie ornementale revient auxserruriers de fer. Ces spécialistes conçoivent et fabriquent encore les serrures et leurs clefs qui muniront les portes et protégeront l'accès aux trésors et aux reliques de lacathédrale. La technique de construction gothique visant à supprimer les pleins, c'est-à-dire les murs, laisse peu de place à lapeinture monumentale. Lespeintres, qui jouaient durant l'époque romane un rôle majeur dans l'ornementation intérieure, voient leur champ d'intervention se réduire progressivement, même s'il leur reste encore l'immense surface desvoûtes à mettre en couleur. Inversement, le travail desverriers augmente avec l'agrandissement desverrières et desrosaces.

Techniques utilisées dans l’architecture gothique

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L’architecture romane a remplacé l’idée de la basilique charpentée par celle de la basilique voûtée qui nécessite des murs d’appui épais, le plus souvent renforcés par des contreforts accolés de place en place.

L’architecture gothique amène une solution aux problèmes de forces que connaît l’art roman[77]. Par ce changement, on peut alors édifier des parties beaucoup plus hautes, plus légères et plus lumineuses. En effet, l’arc brisé, la croisée d'ogives et l’arc-boutant permettent d’équilibrer efficacement les forces tout en allégeant la structure et en permettant l’ouverture de larges baies. Ainsi, les murs épais de l’architecture romane sont remplacés par des piles et des murs bien plus allégés dans l’architecture gothique. Une église gothique est un monument éminemment structuré et planifié.Les concepts physiques sur lesquels repose l’architecture gothique ne seront toutefois théorisés qu’à partir duXVIe siècle[réf. nécessaire].

Les constructions de cathédrales dites gothiques se démarquent des autres par leur chantier de construction. Les historiens ont remarqué[78] que pour réaliser de tels édifices en si peu de temps (80 ans pour lacathédrale de Laon (1155-1235) ou90 ans pour celle deReims (1211-1300)), ces chantiers devaient fonctionner un peu comme des laboratoires modernes[78]: il s’y concentrait des talents, de la main d'œuvre, des ressources et de l’argent. À Chartres, l'évêque Thierry a établi la premièreécole cathédrale, une des premières écoles en Europe où l'on a étudié des phénomènes naturels. De même, dans cette école, de nombreux artisans ont pu poursuivre leur formation, et mêler arts et travaux.

Ce développement et le partage des connaissances ont poussé les artisans à se spécialiser dans un domaine. Ainsi, ceux qui avaient les connaissances les plus importantes sont devenus architectes, tandis que d'autre, moins formés, devenaientmaçons et exécutaient les plans desarchitectes. Avant que s'établisse cette distinction, les maçons réalisaient à la fois la planification et la construction d’un édifice. Simplement, ils ne pouvaient se spécialiser dans aucun des deux domaines car ils faisaient les deux.

La distinction entre maçon et architecte, encore valable aujourd'hui, a permis au style architectural gothique d’évoluer rapidement grâce à la possibilité de se spécialiser dans un domaine spécifique. Au milieu duXIIIe siècle, on a pu remarquer, notamment lors de la construction de lacathédrale de Chartres, que la science et les techniques ne faisaient qu'un. De même, certaines connaissances et compétences étaient uniquement connues des maçons et d'autres artisans. Ainsi, les compétences utilisées à l’époque ne sont plus connues aujourd’hui et ont en quelque sorte disparues.

Néanmoins, en 1568,Philibert de l’Orme[79] décrivait le style architectural gothique comme « l’art moderne de la voûte ». Même si la phrase est courte, elle partage implicitement tout le savoir-faire et les compétences développés à partir du milieu duXIIe siècle.Cette capacité à construire des édifices structurellement complexes avec le système de voûtes et d'arcs boutant, sans les outils de constructions moderne dont on dispose aujourd’hui[pas clair]. Cela a été permis grâce au développement de lastéréotomie, à l’évolution des compétences et aux partage des connaissances, éléments qui ont permis aux artisans maçons de se spécialiser en architecte[80].

L'ogive

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Article détaillé :Ogive (architecture).
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L'une des caractéristiques de l'architecture gothique est le transfert de la pression exercée par la voûte du mur vers des arcs. Le roman a pratiqué en fin de période la voûte d'arêtes, l'arête étant déterminée par l'intersection de deux voûtes; certaines de ces arêtes étaient déjà brisées. Ce système transférait déjà une partie de la pression de la voûte vers les piliers où aboutissaient les arêtes. Les pierres formant l'arête étaient cependant difficiles à travailler, les arêtes étaient souvent irrégulières. Dans un premier temps, on eut l'idée d'habiller ces arêtes de pierres travaillées séparément pour régulariser le tracé. Presque simultanément, on s'aperçut que l'alignement de pierres pouvait servir non seulement de décoration, mais aussi de support à la voûte elle-même. On les appela ogifs, puis ogives.[réf. nécessaire]

L’arc-boutant

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Quelques termes d'architecture.
Quelques termes d'architecture.

L'arc-boutant est un étai formé d'unarc enmaçonnerie qui contrebute la poussée latérale desvoûtes encroisées d'ogives. Il reprend non seulement la fonction descontreforts de l'architecture romane, mais permet aussi de limiter la force des vents et de la pluie sur les fenêtres hautes. Il comprend un ou plusieursarcs clavés et une ou plusieursculées chargés depinacles. D'abord simple, c'est-à-dire un seularc enjambant le bas-côté, l'arc-boutant ne tardera pas à comporter deux niveaux, l'un épaulant la poussée de la voûte, l'autre la poussée de lacharpente et de la toiture.

Lorsque l'édifice est doté debas-côtés doubles, sanef centrale est épaulée suivant le même principe mais avec deux volées et une culée intermédiaire. La culée est un organe d'épaulement dont la masse s'oppose à la poussée oblique des voûtes, tandis que sa hauteur rythme la cathédrale d'une verticalité propre à l'architecture gothique.

Enfin, il est souvent associé au système d'évacuation des eaux de pluie de la toiture, en portant sur leur sommet la rigole qui conduit les eaux de pluie vers les gargouilles comme pour la première fois à lacathédrale d'Amiens.

L'arc brisé (longtemps appelé « en ogive »)

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Arc dont la courbe inférieure est formée à partir de deux segments d'arcs symétriques s’appuyant l’un sur l’autre.

La culée

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Contrefort massif maçonné supportant lesarcs-boutants, la culée est généralement couronnée par unpinacle. Petite pyramide effilée sur plan carré ou polygonal, il n'est pas qu'une simple fantaisie ornementale: son but premier est de charger laculée pour « verticaliser » la ligne des pressions obliques émanant des grandes voûtes et transmises par la volée.

Le pinacle

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Lespinacles sont des petits édicules au sommet des arcs-boutants. Parfois en plomb et de forme pyramidale de base polygonale (ou simplement une flèche ou pointe), ils servent en premier lieu à augmenter la masse des arcs-boutants pour améliorer l’équilibre des forces issues des murs. Ils sont parfois ajourés et ornés de fleurons servant de couronnement, ajoutant donc une fonction décorative.

Le triforium

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Galerie, souvent voûtée, ouverte sur l'intérieur et aménagée latéralement au-dessus des bas-côtés de lanef d’uneéglise. Comme les arcs-boutants, letriforium fait partie des éléments qui contrebutent les poussées des voûtes. Il n'a aucune fonction liturgique ou de circulation dans l'édifice.

Tympan gothique de lachapelle Sainte-Croix de Forbach.

Le tympan

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Letympan est la surface verticale d'unfronton remplissant le carré délimité par les corniches, ou la partie verticale d'unportail, comprise entre lelinteau et unarc plein-cintre ou unevoûte d'ogive. Il est surmonté par desarchivoltes.

Il est souvent utilisé pour présenter unbas-relief en façade deséglises d’architecture gothique.

Genèse de la croisée d’ogives

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Genèse de la croisée d’ogives.

Si l'arc en plein cintre donnait satisfaction pour la construction d’unenef simple munie d’unevoûte dite en berceau, il convenait mal à la croisée dutransept et de la nef. Il en résultait, auxdiagonales de l’intersection, desarcs elliptiques aplatis beaucoup plus fragiles. L’effondrement de la coupole de l’égliseSainte-Sophie àConstantinople avait illustré ce problème.

La solution fut de réserver la robustesse des arcs en plein cintre aux diagonales de la croisée, ce que l’on appelle une croisée d’ogives (les ogives étant les nervures en plein cintre qui se croisaient à leur clé). Laprojection orthogonale de cette croisée selon l’axe de chacune des nefs donne alors une demi-ellipse posée dans sa hauteur, très résistante en son sommet. Par chance, il existe une bonne approximation de cet arc pour cette époque où, sur le chantier,à défaut de bons moyens de calcul et de mesures précises, il vaut mieux recourir à des tracés simples à exécuter[réf. nécessaire] : il s’agit d'un arc brisé composé de deux arcs de cercle centrés respectivement au premier et au troisième quart de la distance à franchir.

Cette approximation est souvent observable à une légère déformation de la voûte de la croisée à l'endroit où elle se raccorde aux nefs.

Décoration

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Il y a de grandes portes, les édifices sont à la fois hauts et fins, il y a des flèches souvent pointues et ciselées, des vitraux nombreux et colorés, représentant des scènes très complètes des évangiles, il y a des rosaces sur la façade des cathédrales, des statues sur des colonnes contre les murs à l'extérieur. Il y a aussi des sculptures, desgargouilles et des anges.

Les vitraux

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Article détaillé :Vitrail.

Le style roman permettait des ouvertures limitées et des jeux de contraste entreombre etlumière.

Au nord, ce parti pris structurel rendait probablement les bâtiments très sombres. Des ouvertures plus grandes ont dû être envisagées pour laisser pénétrer lalumière. Mais l'arc en plein cintre ne permet pas de percer des ouvertures suffisamment grandes pour la luminosité tant recherchée par l'art gothique, sans risquer d'affaiblir les murs. Les forces latérales appliquées aux murs sont très importantes et on ne peut envisager d’élever la voûte sans renforcer les murs pour contrebuter la poussée résultante. Il faut néanmoins nuancer cette vision de l'église romane relativement sombre, opposée à l'église gothique baignée de lumière[81].

L'arc brisé et la croisée d'ogives permettent d'équilibrer les forces sur des piles. Les murs n’ont donc plus à supporter le poids de la structure et peuvent alors être ouverts vers l'extérieur. Lalumière devient donc suffisamment abondante pour que les peintres-verriers puissent jouer à la colorer par desvitraux. Ces derniers ne laissent rien voir de l'extérieur mais laissent entrer la lumière. Cependant, l'expression « cathédrale de lumière » est à nuancer : les vitraux qui filtrent la lumière naturelle ont tendance à assombrir les églises et cathédrales d'autant plus que la fumée des bougies et des encens encrassent les murs et vitraux qui se colmatent et s'opacifient au cours des siècles (vitrauxlixiviables)[82] ; le clergé duXVIIe siècle et surtout duXVIIIe siècle qui recherche plus de clarté privilégie ainsi les vitreries claires aux bordures décoratives et les vitraux en grisaille qui rendent les églises moins sombres[83]. Les vitraux sont censés être édifiants pour lesfidèles et représentent bien souvent des scènesbibliques, lavie dessaints ou parfois même la vie quotidienne auMoyen Âge, constituant une véritable « Bible des pauvres ». Ils sont considérés comme de véritables supports imagés, à la façon d'une bande dessinée, pour lecatéchisme desfidèles supposés n'avoir alors qu'à lever lesyeux. En réalité, cette conception utilitariste de l'art médiéval est fausse, les vitraux existant comme œuvres d'art par elles-mêmes, car certaines verrières étaient trop hautes[84] pour être lisibles, leurs scènes bien souvent trop petites et souvent situées à hauteur d'œil n'étaient pas interprétables (à l'exception des grands classiques qu'étaient la Nativité, l'Assomption, etc.) par les fidèles (lecatéchisme originel ne s'adressant pas aux fidèles, mais aux prêtres)[85].

Au-delà de lareprésentationiconographique, c'est aussi pour toute lasymbolique de lalumière que l'on avait recours auxvitraux durant leMoyen Âge, et plus particulièrement pendant la période dite gothique. SelonVitellion, intellectuel duXIIIe siècle, on distingue deux sortes de lumières : la lumière divine (Dieu) et la lumière physique (la manifestation de Dieu). Les vitraux étaient alors chargés de transformer lalumièrephysique en lumière divine, autrement dit de faire entrer la présence divine dans lacathédrale.

Toujours dans la mentalitémédiévale, on associait le sombre ou l'absence de lumière auMalin[réf. nécessaire]. Ainsi, quand unfidèle entrait dans la cathédrale, il se sentait protégé du mal parDieu et cela grâce à laluminosité des vitraux. On retrouve une explication du lien entreDieu et lalumière dans laBible, dès le livre de laGenèse (1, 4-5) :« Dieu vit que la lumière était bonne et Dieu sépara la lumière des ténèbres… ». Cette métaphore se trouve en de nombreux versets, par exemple en l'évangile selon saint Jean 3, 19 :« La lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises ».

Le contexte historique dans lequel cettethéologie de la Lumière s'est mise en place est décrite dans l'œuvre de l'historienGeorges Duby (plus particulièrement dans son livreLe Temps des cathédrales, Gallimard, 1976, p. 121-162).

« Je suis la lumière dumonde ; celui qui Me suit ne marche point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

— Évangile selon Jean, VIII, 12

En outre, lalumière provenant des vitraux a pour but de délimiter unmicrocosme céleste au cœur de l'église.

Le fer

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Reconstitution du marteau hydraulique de l'abbaye de Fontenay.

L'utilisation dumarteau hydraulique, développé par les moines cisterciens de l'abbaye de Fontenay en 1220, permet de fabriquer des barres de plus de 3 cm d'épaisseur (ce que ne pouvaient pas faire les forges à bras) et augmente fortement la productivité. Il devient alors possible de produire les dizaines de tonnes de fer[86] nécessaires à la construction d'une cathédrale (tirants,chaînages,barlotières des vitraux)[87].

Notes et références

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Notes

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  1. Lacathédrale de Durham, l'abbatiale de Lessay sont entièrement voûtées d'ogives, mais conservent l'esthétique du roman anglo-normand.
  2. « Puis, il faut bien le dire tout de suite, l'ogive ou plutôt l'arc en tiers-point que l'on s'imagine encore être le signe distinctif d'une ère en architecture, ne l'est pas en réalité, comme l'ont très nettement expliqué Quicherat et, après lui, Lecoy de la Marche. L'École des Chartes a, sur ce point, culbuté les rengaines des architectes et démoli les lieux communs des bonzes. Du reste, les preuves de l'ogive employée en même temps que le plein-cintre, d'une façon systématique, dans la construction d'un grand nombre d'églises romanes, abondent : à la cathédrale d'Avignon, de Fréjus, à Notre-Dame d'Arles, à Saint-Front de Périgueux, à Saint-Martin d'Ainay à Lyon, à Saint-Martin-des-Champs à Paris, à Saint-Étienne de Beauvais, à la cathédrale du Mans et en Bourgogne, à Vézelay, à Beaune, à Saint-Philibert de Dijon, à la Charité-sur-Loire, à Saint-Ladre d'Autun, dans la plupart des basiliques issues de l'école monastique de Cluny ».Joris-Karl Huysmans,La Cathédrale, 1898.

Références

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Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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