Lesstudios Idéfix sont desstudios d'animation créés le par le scénaristeRené Goscinny, le dessinateurAlbert Uderzo (président) et l'éditeurGeorges Dargaud. Tous trois associés à parts égales, ils ont nomméPierre Watrin etHenri Gruel comme directeurs de réalisation des films. Les studios ferment le après le décès de Goscinny.
Uderzo dessine unlogoparodiant ouvertement celui de laMetro-Goldwyn-Mayer, avecIdéfix à la place dulion « Leo », et la devise latine« Delirant isti romani » (« Ils sont fous, ces Romains ! »)[2] au lieu de« Ars gratia artis » (« L'art pour l'art »)[3].
En, pour accueillir sa nouvelle attractionAttention Menhir, leparc Astérix modifie son ancienCinématographe qui prend alors le nom desStudios Idéfix en hommage aux studios d'animation du même nom.
Les studios comptent seulement deux films à leur actif :
Ces deux films ont été écrits sur un scénario original, d'après les séries de bande dessinée d'Astérix et deLucky Luke.
Un film consacré àIznogoud avait commencé à être produit, mais la production fut arrêtée à la suite du décès deRené Goscinny.
Dans lesannées 1960, labande dessinée franco-belge à succèsAstérix a connu ses premières adaptations endessin animé. La première,Astérix le Gaulois, adaptée dupremier album du même nom, est produite par les studios belgesBelvision, sous l'impulsion de l'éditeurGeorges Dargaud, sans en informer les deux auteurs de la série,René Goscinny etAlbert Uderzo. Ces derniers ne découvrent le film que lors d'une projection privée, mais ne s'opposent pas à sa sortie en salle[4], qui est un succès. N'étant pas convaincus par la qualité artistique de cette première adaptation, ils décident de superviser eux-mêmes la direction artistique de la seconde adaptation,Astérix et Cléopâtre, d'après l'album du même nom, toujours produite par Belvision. Uderzo dessine lestoryboard tandis que Goscinny est épaulé parPierre Tchernia dans l'adaptation du scénario. Malgré leur implication dans la réalisation du dessin animé, Goscinny et Uderzo sont quelque peu déçus par l'aspect visuel du film, bien qu'ils aient effectué de nombreux voyages àBruxelles, aux studiosBelvision, pour surveiller la qualité de l'animation et le respect du graphisme des personnages[5]. Pour eux, ces voyages restent insuffisants et il leur faudrait une présence quasi-permanente auprès des animateurs pour réaliser de nombreuses vérifications et corrections[5].
À l'automne 1973,René Goscinny,Albert Uderzo et leur éditeurGeorges Dargaud s'associent donc pour créer leur proprestudio d'animation, les studios Idéfix[3]. Posséder leur studio de dessin animé est depuis longtemps un rêve pour Goscinny et Uderzo, qui veulent devenir lesWalt Disney français. À l'époque, lancer la création d'undessin animé de long-métrage enFrance est une aventure complexe et presque inédite[3], laFrance ne comptant plus de grand studio d'animation depuis la fermeture en 1952 des studiosLes Gémeaux dePaul Grimault[6],[7], ruinés par le projet deLa Bergère et le Ramoneur.
« Goscinny et moi étions très malheureux à la vision des précédents films, même si le public les avaient suivis. Les deux premiers films n’ont pas été un titre de gloire pour nous. Et il a fallu subir plusieurs fois lespremières… À force de revoir ces défauts que nous ressentions toujours plus parce que nous les connaissions mieux, ils étaient devenus énormes ! Pour celui-ci, on pourra éviter ce genre de choses. Goscinny et moi faisons lestoryboard et nous espérons tout superviser. Car cette fois le dessin animé sera réalisé à Paris, par un studio que nous avons nous-mêmes créé. Nous serons à la fois auteurs et réalisateurs, nous travaillerons vraiment étroitement avec les animateurs. Si l’on se lance dans cette aventure, c’est que l’on a mis le paquet ! »
« C’est un vieux rêve d’enfance que nous avions avec Albert Uderzo, qui lui a débuté d’ailleurs dans le dessin animé. C’est l’aboutissement de dix ans de travail, parce que nous avons commencé à faire du dessin animé dans d’autres studios. Il a fallu dix ans pour que nous puissions avoir nos propres studios et réaliser les films tels que nous les souhaitions. Nous l’avons fait, je dois dire, grâce àAstérix, qui est un personnage miracle et qui est notre vedette, et qui nous a permis de plusieurs façons de réaliser ce rêve. »
René Goscinny fait appel àHenri Gruel pour constituer les équipes techniques et artistiques des studios Idéfix[7]. Ce dernier a réalisé plusieurs courts-métrages d'animation (dontLa Joconde,Palme d'or du court métrage aufestival de Cannes 1958) et a été le responsable des effets sonores d’Astérix le Gaulois etAstérix et Cléopâtre, ainsi que des deux réalisations dePierre Tchernia scénarisées par Goscinny,Le Viager etLes Gaspards[7]. Gruel obtient de Goscinny de pouvoir partager la direction artistique des studios avecPierre Watrin, qu'il considère comme un excellent dessinateur, l'un des meilleurs anciensanimateurs dePaul Grimault[7]. Durant plusieurs mois, Gruel et Watrin contactent d'anciens artistes et animateurs, ainsi que de jeunes artistes prometteurs[7]. La plupart des anciens animateurs de Paul Grimault travaille alors dans de petites structures dedessin animé, et serait intéressée par l'idée de retravailler dans un « vrai » studio[7]. Pourtant, la recherche de Pierre Watrin et Henri Gruel s'avère finalement difficile, la plupart des anciens employés des studiosLes Gémeaux s'étant reconvertis dans l'illustration et la publicité[7]. Les talents manquent et, à la demande de Goscinny, Henri Gruel envoie son amiSerge Caillet,directeur de production sur des films enprise de vues réelle, à laChambre de commerce et d'industrie de Paris pour réclamer l'ouverture d'une section cinéma d'animation pour fournir en jeunes artistes les studios, qui offrent ainsi un emploi aux étudiants dès leur sortie de l'école ; quelques mois plus tard, sous l'impulsion dePierre Ayma, ancien professeur de physique-chimie, un département « Cinéma d'animation » est créé dans leCentre de formation technologique des Gobelins[7],[note 1].
Les locaux des studios Idéfix sont installés au 16rue Guillaume-Tell, dans le17e arrondissement deParis[7].Gérard Pradal devient le directeur des studios, et confie son poste de rédacteur en chef dePilote àGuy Vidal[7]. Lors d'une réunion préparatoire le, René Goscinny demande aux nouveaux animateurs et aux jeunes postulants d'animer« en guise de test d'embauche, une scène dans laquelle Astérix et Obélix arrivent dans l'image par la droite, face à deux Romains rapidement ejectés du cadre, d'une baffe pour l'un et d'un uppercut pour l'autre », pour se familiariser aux graphismes d'Uderzo[7].
Le premier projet des studios Idéfix est le long-métrageLes Douze Travaux d'Astérix, basé sur un scénario original de Goscinny etPierre Tchernia.
Le, la veille de sa mort, Goscinny participe à une séance de travail aux studios Idéfix sur le projet de filmLa Ballade des Dalton. Examinant des suites d'épreuves et de dessins, il donne son avis sur tel ou tel point à revoir, comme le menton d'Averell Dalton ou la selle deJolly Jumper. Cette dernière séance, ayant fait l'objet d'un enregistrement audio pour les besoins des retouches à prévoir, est le dernier témoignage enregistré de la vie de Goscinny[9]. Pour la première fois, le public a pu écouter l'intégralité de cet enregistrement lors de l'expositionGoscinny et le cinéma à laCinémathèque française en 2017-2018.