Stephen Bantu Biko, ditSteve Biko, né le et mort le, est un militant noir d'Afrique du Sud et une des figures de lalutte anti-apartheid. Il meurt en détention en 1977 à l'âge de 30 ans, vraisemblablement tué par des policiers.
Étudiant à l'université de médecine duNatal où il est élu au conseil représentatif des étudiants noirs, Biko est délégué en1968 à la Conférence de laNational Union of South African Students (NUSAS) à l'Université de Rhodes. Révolté par sa condition de Noir dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, il en vient rapidement à rompre avec lelibéralisme et la diversité multiraciale prônée par la NUSAS, dominée par les étudiants blancs.
En 1968, les étudiants noirs quittent la NUSAS et fondent, l'année suivante, la South African Students' Organisation (SASO), pour les étudiants non-blancs[1].
Maison de Steve Biko au 698 Ngxata Street, township de Ginsberg, àKing William's Town.
En 1969, à l'université du Nord près dePietersburg, il participe aux côtés de nombreux étudiants noirs du Natal à la création de laSouth African Students Organisation (SASO, Organisation des étudiants sud-africains), et en devient le premier président élu. Le SASO était l'un des principaux représentants duBlack consciousness movement (Mouvement de conscience noire) dont Biko était l'initiateur.
Biko et leBlack Consciousness movement critiquent l'ANC et les libéraux blancs, préconisant une émancipation des Noirs par eux-mêmes, en affirmant que, même s'ils sont de bonne volonté, les Blancs ne peuvent comprendre entièrement le point de vue des Noirs sur la lutte à mener. Il se prononce contre l'intégration entre Noirs et Blancs, se déclarant contre« le fait qu'une minorité de colons impose un système entier de valeurs aux peuples indigènes ».
Pour lui, la « libération psychologique » doit précéder la « libération physique » : les Noirs ne peuvent se libérer politiquement de l’apartheid que s’ils cessent de se sentir inférieurs aux blancs. C'est pourquoi ils ne doivent ni ne peuvent compter sur l’aide ou l’assistance de Blancs et doivent cesser de participer à tout mouvement incluant des Blancs. L'idée que les Noirs puissent ainsi déterminer de leur propre destinée et le principe de la fierté de la conscience noire ont un grand retentissement alors que les lois d'apartheid sont à l'apogée de leur mise en œuvre[1].
La pensée de Biko est ainsi influencée par celle d'autres grands leaders de l'émancipation des Noirs, telsW.E.B. DuBois,Marcus Garvey,Alain Locke,Frantz Fanon et les penseurs de laNégritude,Aimé Césaire etLéopold Sédar Senghor. Biko développe cette doctrine en adaptant le slogan desBlack Panthers américains « black is beautiful », préconisant aux Noirs de croire en leurs capacités et de prendre en main leur destinée. Attentif à la pensée deGandhi et deMartin Luther King, Biko emploie des techniques denon-violence, mais davantage en tant que moyen efficace de lutte face à l'appareil répressif de l'État ségrégationniste que par convictionpacifiste[2].
Malgré cette stratégie non violente, la SASO est assimilée par le pouvoir en place auBlack Power américain[réf. nécessaire].
En 1972, la SASO se prononce contre toute coopération avec les leaders noirs impliqués dans le système de l'apartheid. Biko qualifie même de « collaborateurs » les modérés travaillant à l'intérieur du système ou ceux qui prônent de tels rapprochements, et fait entériner une idéologie radicale. La même année, Biko lance laBlack Peoples Convention (BPC), version post-étudiante de la SASO.
En 1973, il est détenu sous l'accusation deterrorisme avec d'autres membres de la Conscience noire, alors que les écoles sont progressivement politisées par les membres de son organisation et que se développent les tentatives deboycotts et de fermetures d'écoles. Biko est alors banni et assigné à résidence dans sa région duCap-Oriental, empêché de tenir des discours en public et de parler à plus d'une personne à la fois. Dans le même temps, les désirs d'émancipation des jeunes noirs lui apportent de plus en plus de militants qui rejettent les principes de modération et d'intégration de leurs parents.
En juin 1976, cette évolution débouche sur des soulèvements populaires dans tous lestownships du pays, à mesure que se durcit la répression des forces de sécurité et notamment la révolte des écoliers contre l'imposition de l'éducation enafrikaans qui deviendra lemassacre de Soweto. Biko est d'abord mis au secret pendant101 jours puis, bravant les interdictions de séjour, il sillonne le Cap-Oriental. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec le journaliste progressisteDonald Woods qui écrira sabiographie.
Le[3], Biko meurt en détention, officiellement après s’être blessé en se cognant la tête contre un mur, en réalité après avoir été torturé par la police[4]. Le prêche lors de ses funérailles est assuré parDesmond Tutu, futur prix Nobel de la paix, alors proche de laBlack theology (théologie noire)[5].
Les conditions de la détention ainsi que le décès brutal de Biko font l'objet d'une polémique internationale qui débouche sur la condamnation du régime sud-africain. À l'ONU, le conseil de sécurité vote coup sur coup les résolutions417 () et418 (), cette dernière imposant unembargo sur les ventes d'armes à destination de l'Afrique du Sud[6]. Après son décès, Biko devient le symbole de la résistance noire face à la cruauté du pouvoir en place[7].
Aux questions de la députée libéraleHelen Suzman sur la mort de Biko, la réponse du ministre de la Justice,Jimmy Kruger, résonne à travers le monde entier :« La mort de Steve Biko me laisse froid ». Les policiers concernés ne reçoivent qu'un blâme dans un premier temps, alors que les médecins impliqués sont pris à partie par leurs collègues, notamment avec une enquête d'éthique médicale menée parFrances Ames, qui s'achèvera en 1985, quand la Cour suprême d'Afrique du Sud statue en faveur de sanctions contre les chirurgiens. La police finit par avouer le meurtre de Steve Biko à laCommission vérité et réconciliation à la fin desannées 1990[8].
Le, soit près de dix ans après l'avènement d'un régime multiracial enAfrique du Sud, la justice sud-africaine renonce à poursuivre les cinq policiers pour manque de preuves et absence de témoins[réf. nécessaire].
Le, la justice sud-africaines réouvre l'enquête sur sa mort[4].
Steve épouse en 1970 Ntsiki Mashalaba[9]. De ce mariage naissent deux enfants :
Nkosinathi, en 1971 ;
Samora.
Biko aura également d'autres enfants de relations hors mariage :
deMamphela Ramphele, il a une fille, Lerato, née en 1974 mais morte deux mois après de pneumonie. Il a également de cette liaison un fils posthume,Hlumelo(en), né en 1978 ;
de Lorraine Tabane, il a une fille, Motlatsi, née en 1977.
↑Y. Gomy, « Contribution à la connaissance des Acritini éthiopiens (IX). Description de deux nouvelles espèces d'Acritus LeConte d'Afrique du Sud (Coleoptera, Histeridae) »,Nouvelle Revue d'Entomologie (N.S.),vol. 18,,p. 53-60.