Son nom est associé àMarvel Comics, une maison d'édition pour laquelle il a imaginé de nombreux personnages desuper-héros. Il se surnommait lui-même « Stan the Man ».
Stan Lee est — avec des dessinateurs commeJack Kirby etSteve Ditko — le cocréateur de plusieurs milliers de personnages qui sont le fondement de l'univers Marvel[1]. À compter desannées 1960, le succès de ses séries a permis l'ascension de Marvel Comics, passée avec le temps du rang de petitesociété d'édition à celui de groupe industriel multimédia. Il est aussi reconnu pour avoir contribué à ce que lescomics américains s'émancipent d'un registre artistique à l'origine réservé à un lectorat pour la jeunesse, pour atteindre tous les publics[1].
Après son départ de Marvel, il crée en un nouveau studio, nomméPOW! Entertainment. Demeuré associé à Marvel en tant que symbole historique de l'entreprise, il est crédité commeproducteur délégué de la plupart des adaptations audiovisuelles descomics mettant en scène ses personnages.
Dans les dernières années de sa vie, dès le début des années 2000[2], et principalement après la création de l'univers cinématographique Marvel et le rachat de Marvel parDisney en 2009, Stan Lee fait des apparitions dans chacune des œuvres produites sur ses personnages, avec descaméos.
Alors qu'il est encore mineur, Stan Lee commence à travailler dès 1940 comme assistant, homme à tout faire, puis rédacteur pour l'éditeur de bandes dessinées bon marché (pulps) Timely Comics, avec le soutien de son oncle Robbie Solomon. Le patron de Timely Comics, Martin Goodman, est un de ses cousins par alliance. D'un naturel bavard et persévérant, il se retrouve vite sous l'autorité de Joe Simon et Jack Kirby, les dessinateurs vedettes de Timely Comics. Il sert les cafés, apporte les sandwichs, mais effectue aussi de petits travaux sur les planches avant publication.
Sa première œuvre publiée est une page de texte datée de 1941 dans lecomicsCaptain America[5]. À l’époque, lescomics comportaient deux pages rédigées, ce qui permettait de bénéficier d’un tarif postal préférentiel, et les auteurs n'avaient aucun problème à en déléguer la rédaction, puisqu'ils pensaient qu’elles n’étaient pas lues[1]. Très vite, il utilise lepseudonyme « Stan Lee » (qui dérive de son vrai nom), ayant pour projet de réserver« Stanley Martin Lieber pour le grand roman que je n’ai jamais écrit »[1]. Bien vite, il devientscénariste à part entière. Travailleur passionné, il rédige des scripts des séries dessinées à la chaîne, et sous différents pseudonymes, afin de laisser croire que Timely Comics emploie un grand nombre de scénaristes[1]. Puis, à la suite du départ de Jack Kirby et Joe Simon (à cause d’un désaccord avec Martin Goodman sur leur rémunération), Lee devient lerédacteur en chef de Timely, à moins de 20 ans[1].
Stan Lee sous les drapeaux (entre 1942 et 1945).
En, Stan Lee est appelé sous les drapeaux. Il est cantonné enCaroline du Nord puis dans l'Indiana, où il dessine des documents pédagogiques comme des posters pour prévenir lasyphilis[6]. Il est aussi l'un des neuf appelés américains à servir comme auteur dramatique[7].
Après la guerre, l'industrie des comics traverse une crise et Timely connaît différents échecs dans les années 1950[1]. Les comics étant accusés de favoriser ladélinquance juvénile, les ventes de comics desuper-héros accusent une baisse notable[1]. Timely Comics, devenuAtlas Comics en 1951, tente également d’affronter une crise concernant sa structure de distribution des numéros. Malgré les problèmes, Stan Lee reste fidèle au poste : il écrit des scénarios de comics dans tous les genres en vogue (romance, guerre, fantastique, western etscience-fiction) en se consacrant aux titres les plus vendeurs, attendant un hypothétique retour en grâce[1]. À la fin des années 1950, il devient las de son travail et songe à démissionner après vingt ans de bons et loyaux services. À l'époque, il est l’un des derniers salariés à travailler à plein temps pour Martin Goodman[1].
Au début des années 1960, l'éditeur concurrent DC Comics relance le genre des comics de super-héros avec succès. Martin Goodman, souhaitant profiter de cette tendance, demande à Stan Lee de créer leur propre équipe de super-héros pour Marvel Comics (le nouveau nom de l'éditeur succédant à Atlas Comics et Timely Comics).
En 1961, Stan Lee etJack Kirby (que Lee a fait revenir en 1958) créent la sérieLes Quatre Fantastiques (Fantastic Four) qui révolutionne les bandes dessinées de super-héros de l'époque ; la structure des récits est en effet plus adulte, en rupture avec les habitudes narratives classiques[1]. Les personnages sont aux prises avec des problèmes personnels divers (sentimentaux, financiers), se chamaillent et usent éventuellement de l'argot. Le succès n’est pas immédiat, mais se consolide au fil du temps,Les Quatre Fantastiques devenant la plus longue série éditée par Marvel, jusqu’en 2011[1]. Portée par l'imagination sans limite de Kirby et le sens dusoap opera de Lee,Les Quatre Fantastiques deviendra « culte » et fera de Marvel l'un des leaders du marché[1].
Ces personnages humains, faillibles, sont parfois torturés et souvent craints par la population, ce qui tranche résolument avec les super-héros « positifs » de DC Comics (Superman, Wonder Woman, etc.)[8]. Parmi ses héros, Stan Lee déclarera avoir une certaine faiblesse pour laChose (The Thing), un personnage rendu prisonnier de son corps de pierre et objet de beaucoup de questions existentielles. Certains personnages négatifs (les « super-vilains ») sont, eux aussi, en proie à des questions existentielles et des souffrances personnelles qui les rendent plus humains et faillibles, tel l'Homme-sable dont les mauvaises actions sont motivées par la nécessité de trouver de l'argent pour soigner sa petite fille malade[1], ou le génie du mal et savant mégalomane leDocteur Fatalis.
Cocréateur de la majorité des personnages, Stan Lee s'occupe aussi du courrier des lecteurs, des revues et du matériel rédactionnel. Entouré d'une équipe de dessinateurs de grand talent (principalementJack Kirby etSteve Ditko, puisJohn Romita,Gene Colan, etc.), il leur délègue progressivement la construction des intrigues, se réservant l'écriture des dialogues[9]. Cette méthode, qui fait des dessinateurs les coscénaristes des revues qu'ils dessinent, permet d'obtenir des récits dynamiques, axés sur le dessin et l'action. Le rôle de coscénariste des dessinateurs n'est cependant pas reconnu et tous les personnages qu'ils contribuent à créer demeurent la propriété deMarvel.
Dans les années 1980,Jack Kirby, en conflit avec son ancien éditeur au sujet de la propriété de ses planches originales, reproche vivement à Stan Lee ses méthodes de travail et le fait de s'être approprié certaines de ses idées.
Dans les années 1970, Stan Lee abandonne progressivement l'écriture de scénarios et la gestion éditoriale des revues. Confiant ses personnages à une équipe de jeunes auteurs qu'il a formés (Roy Thomas, Gerry Conway, Len Wein…), il se consacre à des tournées dans les universités et aux relations avec la presse pour faire connaître l'univers Marvel. Il supervise également plusieurs adaptations télévisées de ses super-héros, telles que les séries Spider-Man ou L'Incroyable Hulk. Il participe ainsi à une quinzaine de projets de films, dessins animés et séries télévisées mettant en scène les héros Marvel à l'écran, bien que tous ces projets ne se concrétisent pas à chaque fois.
À la fin des années 1990, le groupe Marvel traverse une grave crise financière et renégocie le contrat qui le lie à Stan Lee. À cette occasion, Lee perd l'exclusivité qui le liait à Marvel. S'il conserve un titre de producteur exécutif sur les films adaptés de ses personnages (Spider-Man, X-Men…), il peut dès lors initier des projets pour d'autres éditeurs. Il coécrit ainsi la collection Just Imagine pour DC Comics, réinventant les héros de l'éditeur concurrent principal de Marvel (Superman, Batman…).
Stan Lee entouré decosplays de ses personnages lors de la DragonCon 2012.
En 1998, il fonde Stan Lee Entertainment pour la création d'œuvres sur Internet, mais la société fait faillite en décembre 2000. Il monte alors en 2001 la structure de production POW! Entertainment, qui développe des projets pour la télévision ou le cinéma. En 2008, il crée même une nouvelle ligne de comics pour l'éditeur indépendant Boom Studios, créant et supervisant trois séries, animées ensuite par des auteurs comme Paul Cornell ou Mark Waid. Le 3 avril 2008, Disney et POW! Entertainment signent un contrat pour la production de trois films.
En 2009, il se lance dans lemanga en créantHeroman — qui sera adapté en dessin animé — et il scénarise le mangaUltimo avecHiroyuki Takei.
Stan Lee demeure cependant lié à Marvel, pour qui il écrit ponctuellement des épisodes spéciaux, tels queStan Lee Meets Spider-Man (nommé auxEisner Awards 2007) ouFantastic Four: The Lost Adventure, d'après des planches deJack Kirby prévues pourFantastic Four #102. Le, avec le rachat deMarvel Entertainment, Disney accroît son partenariat avec POW! Entertainment, le studio de Lee[10], et investit 2,5 millions de dollars dans le capital, soit 10 %[11].
En 2011, il monte un projet de série animée avec Arnold Schwarzenegger, intitulée The Governator. Cependant, à cause du scandale lié aux infidélités conjugales de Schwarzenegger, les sociétés productrices se retirent du projet, qui est alors abandonné.
En dehors des comics et films Marvel, il participe au développement de lasérie télévisée britanniqueLucky Man (Stan Lee's Lucky Man), diffusée dès 2016.
Stan Lee meurt le àLos Angeles à l’âge de 95 ans, des suites d’uneinsuffisance cardiaque et respiratoire[12],[13]. Selon le site médiaTMZ, il souffrait également d'une pneumonie par aspiration que le médecin légiste a considéré comme une « affection importante contribuant au décès »[12].
Stan Lee se marie le avec la top-modèle et actrice britanniqueJoan Boocock Lee(en) (née Boocock)[15],[16]. Celle-ci meurt le à 95 ans[17] Bien que de multiples sources la citent comme ayant 93 ans au moment de sa mort, leGeneral Register Office(en) britannique montre qu'elle avait, en fait, 95 ans[18]. Le couple a eu deux filles, Joan Celia « J. C. » Lee (née en 1950) et Jan Lee, qui est morte trois jours après sa naissance en 1953[15],[16]. Affaibli dans ses dernières années et affecté par la mort de sa femme Joan, Stan Lee continuait cependant d’apparaître régulièrement en public[1].
Dans un documentaire de 2010 lui étant entièrement consacré, intituléWith Great Power : The Stan Lee Story, il affirme :« Je ne rêvais pas de faire des comics étant enfant. Je voulais être acteur. Mon premier héros étaitErrol Flynn »[1].
Stan Lee avait pris l’habitude de signer ses tribunes dans les comics avec l'expression « Excelsior », une expression dont personne ne saurait ce qu’elle signifie, afin de se démarquer de ses concurrents qui reprenaient sesgimmicks. (« Que signifie "Excelsior" ? Plus haut et plus loin vers une gloire supérieure. C’est ce que je vous souhaite à chaque fois que je finis detweeter. Excelsior ! »)[19].
En, une masseuse, Maria Carballo, porte plainte contre Stan Lee pour agression sexuelle, l’accusant notamment d’attouchements et réclamant au moins 50 000 dollars de dommages et intérêts. Les faits remonteraient à, quand Stan Lee se rendit àChicago pour une convention de comic-books. L’avocat de Stan Lee dément cette version, affirmant à propos de son client :« C’est une personnalité connue et je pense que c’est de l’extorsion [...] Il a 95 ans, je ne pense pas qu’il ferait ça[20]. »
2000 :X-Men : un client avec une chemise bleue et un short rouge au stand du vendeur de hot-dogs sur la plage où apparaît le sénateurRobert Kelly(en) transformé en homme-méduse.
2002 :Spider-Man : l'homme terrifié qui parvient malgré tout à sauver une petite fille lors de la première apparition duBouffon vert.
2003 :Daredevil : le passant imprudent lisant un journal alors qu'il traverse la rue, sauvé par le jeuneMatt Murdock.
2004 :Spider-Man 2 : apparition lors d'une courte scène où il sauve une personne menacée de se faire écraser par des blocs de béton dans la rue. On le voit également traverser l'écran au ralenti derrièrePeter Parker, après que ce dernier ait jeté le costume de Spider-Man.
2005 :Man-Thing : une affiche dans le bureau d'Eric Fraser, au commissariat.
2012 :Avengers : lui-même ; il apparaît à la fin du film, passant dans un journal télévisé.« Des super-héros à New York ? N'importe quoi ! »
2012 :The Amazing Spider-Man : un bibliothécaire du lycée rangeant des livres en écoutant de la musique classique dans des écouteurs. Derrière lui se déroule un violent combat entreSpider-Man etLe Lézard, dont il ne se rend pas compte.
2012 :Ultimate Spider-Man (saison 1, épisodes 1, 2 et 18) : Stan, l'homme de ménage dans le lycée fréquenté par Peter Parker.
2018 :Deadpool 2 deDavid Leitch : lui-même, sous forme de peinture urbaine dans le film et en personne dans le premier teaser, complimentant Deadpool sur son costume
Plaque reprenant une célèbre citation de Stan Lee (« With great power there must also come -- great responsibility. », littéralement « Un grand pouvoir, implique de lourdes responsabilités. »)[29] affichée au State Attorney General Building de la ville deProvidence dans l’État deRhode Island.Stan Lee félicité par leprésident des États-UnisGeorge W. Bush alors qu'il reçoit laNational Medal of Arts en 2008.
1964-1969 : prix Alley du meilleur éditeur et du meilleur scénariste.
1964 : prix Alley de la meilleure histoire courte pour « The Human Torch Meets Captain America », parue dansStrange Tales #144 (avecJack Kirby).
1965 : prix Alley du meilleur roman pour « Captain America Joins the Avengers », parue dansThe Avengers #4 (avec Jack Kirby) ; prix de la meilleure nouveauté pour la sérieCaptain America (avec Jack Kirby).
1966 : prix Alley de la meilleure histoire courte pour « The Origin of Red Skull », parue dansTales of Suspense #66 (avec Jack Kirby).
1967 : prix Alley de la meilleure histoire complète pour « How Green was my Goblin », parue dansThe Amazing Spider-Man #39 (avecJohn Romita, Sr.) ; prix de la meilleure série complémentaire pour « Tales of Asgard », parue dansThe Mighty Thor (avec Jack Kirby).
1968 : prix Alley de la meilleure série complémentaire pour « Tales of Asgard » et « Tales of the Inhumans », parue dansThe Mighty Thor (avec Jack Kirby).
1969 : prix Alley de la meilleure histoire complète (ex aequo) pour « Origin of the Silver Surfer », parue dansThe Silver Surfer #1 (avecJohn Buscema) ; prix de la meilleure histoire courte pour « Today Earth Died », parue dansStrange Tales #168 (avecJim Steranko) ; prix de la meilleure série complémentaire pour « Tales of the Inhumans », parue dansThe Mighty Thor (avec Jack Kirby) ; prix de la meilleure nouveauté pour la sérieLe Surfeur d'Argent.
1970 : prix Alley de la meilleure histoire complète pour « ...And Who Shall Mourn for Him? », parue dansThe Silver Surfer #5 (avec John etSal Buscema).
L'explication donnée par Stan Lee est simple : ayant créé un univers relativement vaste de personnages, il a inventé cette astucemnémotechnique pour se souvenir des noms de ses créations[31].
↑« Stan Lee, des millions de fans et des héritiers orphelins », Olivier Bénis,France Inter, 13 novembre 2018 :« Un amour [de fan que lui portait Kevin Smith] que le père de Spider-Man lui rendait bien, acceptant même d'apparaître en 1995 dans son propre rôle dans l'une de ses comédies,Mallrats, bien avant l'avalanche d'apparitions du même genre que lui ont offertes ensuite les films Marvel. »