Le square a pris sa dénomination à la suite d'une délibération duconseil municipal de Paris du 30 décembre 1927[3] et d'un arrêté préfectoral du 11 février 1928[4].
Les deux voies carrossables entourant le square et perpendiculaires auboulevard Suchet portent également le nom de « square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France » et sont loties (duno 1 auno 8).
Le square est planté de rosiers, de massifs de plantes de terre debruyère, de plusieursfrênes à fleurs et d'un cèdre. Il possède le label ÉcoJardin[2].
Il ne présente aucune statue et ne se compose que d'une plate-bande centrale entourée d'une allée circulaire entourée d'arbres. Uneplaque commémorative rend hommage aux hommes de lettres morts durant laPremière Guerre mondiale.
Documentation de la mairie de Paris invitant les acquéreurs.
En juin 1927, la ville de Paris organisa la cession par adjudication des terrains issus de l'ancien bastion 58 (îlot n°20) afin de créer un nouveau quartier. La mairie publiait ainsi plusieurs annonces avec le texte suivant :« La Ville de Paris met en vente, par adjudication, à la limite dubois de Boulogne, entre les portes Molitor et de la Muette, des terrains provenant du dérasement, des fortifications. Jamais pareille occasion ne se représentera pour ceux qui forment le rêve d'avoir leur demeure devant la plus belle promenade du monde. Tout, dans ce coin privilégié, sera harmonie et mesure. Les habitations seront construites au goût des acquéreurs, mais la Ville de Paris veillera, par le respect des clauses d'un cahier des charges, à l'esthétique générale. C'est ainsi que la hauteur des constructions sera limitée à 13 ou 14 mètres, que des jardins devront être aménagés tout autour et que les clôtures devront être faites par de jolies grilles laissant apercevoir les belles perspectives du Bois. Pas de commerce, pas de publicité, tout y sera repos et calme. Ainsi se créera, à là limite de la grande ville, le quartier des hôtels particuliers »[5].
L’action du romanAttirances, écrit parDidier van Cauwelaert en 2005, se déroule en partie square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France :« Quand je l'ai découvert sur le plan, en arrivant à Paris, je me suis dit : C'est là. Square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France, pour moi c'est mieux qu'une adresse, c'est une profession de foi »[7].
Première demeure d'Édouard VIII, duc de Windsor, à Paris.
No 1 : cet hôtel particulier a été construit en 1932 dans un style Louis XVI sur lesanciennes fortifications par Louise Gubbay, comtesse Sabini et veuve du financier Antoine « Tony » Dreyfus-Dupont[8], qui était également juge honoraire au tribunal de la Seine. Leduc de Windsor fut, avec son épouseWallis Simpson, le premier résident de cet hôtel particulier situé à l'angle du 1 square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France et du 24boulevard Suchet[9],[10],[11].Le Figaro indiquait dans son édition du 4 novembre 1938 :« Le duc et la duchesse de Windsor, qui sont actuellement les hôtes de Paris, où ils habitent à l'hôtel, ont décidé d'y avoir désormais une résidence fixe. Ils ont donc loué, sur le boulevard Suchet, en bordure dubois de Boulogne, une charmante maison de style Louis XVI, et de construction récente. Celle-ci, en effet, date de dix ans seulement et fut édifiée par les soins de la comtesse Sabini. Le duc de Windsor, qui va faire procéder à d'importants travaux, compte aménager sa nouvelle demeure dans le style deFort Belvedere (Windsor Great Park), sa résidence préférée en Angleterre, dont le mobilier va prendre le chemin de Paris. Il espère pouvoir s'y installer vers le1er janvier ».
Hôtel particulier construit par André Hott pour Douglas Fitch.
No 2 : cet hôtel particulier de 478 m² de styleArt déco, situé à l'angle du 22boulevard Suchet et du 2 square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France, a été construit par l'architecte André Hott en 1930 et décoré par l'architecte-décorateur Jacques de Veyrac-Paulhan pour le compte des propriétaires de l'époque, Douglas Louis Fitch et son épouse Marie Thérèse Gouttenoire de Toury. La maison et sa décoration, alliant style Louis XV et moderne, ont fait l'objet d'un article complet dans le magazine de référence américainArts & Decoration en 1934[12]. L'hôtel a été primé en 1935 par le jury du Concours des façades et devantures[13]. Devenu propriété deMarcel Dassault, ingénieur et fondateur du groupeDassault Aviation, l'hôtel particulier est refait par son architecte Clément Palacci en 1951[14]. Il a ensuite connu une nouvelle restructuration importante en 1982 sous la direction de l'architecte Tigrane Hekimian, autre architecte personnel de l'industriel[15]. L'immeuble a ensuite été acquis par le princeRainier III deMonaco auprès de Marcel Dassault[16]. Ce bâtiment est depuis 1984 l'ambassade de Monaco en France, après avoir accueilli le siège de l'ambassade de Syrie en France jusqu’en 1980. À cette même adresse, un attentat a été commis en fin de matinée dans les locaux de l'ambassade de Syrie, ravageant le rez-de-chaussée du bâtiment. Le bilan de cet attentat fut d'un mort et huit blessés[17].
No 3-5 : les édifices se trouvant à cette adresse furent successivement la propriété deMme Richard[18] avant-guerre puis des États-Unis après guerre[19]. Un immeuble de quatre étages avec 10 logements pour 44 pièces a ensuite été construit en 1957 par l'architecte Joseph Wetzstein[20]. L'homme d'affaires et écrivainPaul-Loup Sulitzer habita dans cet immeuble dans les années 1980[21]. A vécu auno 5Georges Pâques, résistant et haut fonctionnaire français[22], premier fonctionnaire depuis 1945 arrêté pour espionnage au profit d'une puissance étrangère[23]. Aussi, un attentat à l'explosif a été commis à cette adresse au cours de la nuit du 16 au 17 avril 1976. Il a été revendiqué par l'organisation Front de libération de la Bretagne - Armée républicaine bretonne (FLB-ARB). L'attentat semble avoir visé les intérêts d'Armen Dabaghian, président-directeur général de Transocéan, installé à Brest[24].
No 6 : l'architecte de bâtiments haussmanniensHenri Dubouillon dépose le 27 septembre 1927 un permis de construire d'un hôtel particulier situé près du boulevard Suchet, dans le 16e arrondissement de Paris, au niveau d’un square qui ne porte pas encore de nom. Cet immeuble prestigieux construit au cours de l'année 1928 est considéré comme l’une des œuvres majeures de l’architecte. Sa qualité architecturale fut saluée dans plusieurs publications de l’époque, notamment parLa Construction moderne, une revue faisant autorité en matière d’architecture. Le numéro 48, publié le 1er septembre 1929, rend hommage à l’élégance et à la maîtrise du projet : « J’ai eu l’occasion de visiter quelques-uns des grands immeubles édifiés à Paris par M. Dubouillon. Tous ces immeubles se recommandent et fixent l’attention. Tous, dans l’ordre architectural moderne, présentent leur côté particulier et, à ce titre, sont dignes de colonnes de la Revue. De ces constructions, je n’en sais cependant aucune qui m’ait aussi agréablement surpris que son hôtel particulier du boulevard Suchet. Par la beauté des proportions, par l’élégance des profils et la symétrie des lignes, M. Dubouillon ne nous offre là, rien moins que le plaisir d’un retour judicieux à la belle ordonnance architecturale des temps néoclassiques fin XVIIIe »[26]. Cet hôtel particulier se distingue par ses lignes harmonieuses et son utilisation habile des codes du style néoclassique, offrant une synthèse entre modernité et tradition architecturale. Cet immeuble fut par ailleurs habité notamment parÉmile Fould, fils deRené Fould et Esther Lazard, fille deSimon Lazard, cofondateur de la banqueLazard. Émile Fould, diplômé de l'École libre des sciences politiques, fut président de laSociété des hauts fourneaux, forges et aciéries de Pompey et de la Compagnie industrielle et financière de Pompey et administrateur desChantiers et Ateliers de Saint-Nazaire[27].
Hôtel particulier construit par André Hott pour André Goldet.
No 7 : André Raymond Goldschmidt dit Goldet, homme d'affaires et éminent actionnaire dePétroles Jupiter[28] et son épouse Marie-Annette « Mania » Goldschmidt dit Goldet (née Heilbronn) résidaient dans un hôtel particulier dénommé « Hôtel des Anciens Combattants », situé à l'angle du 7 square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France et du 23avenue du Maréchal-Maunoury. L'hôtel particulier de deux étages fut construit en 1929 par l'architecte André Hott à la demande d'André Goldet[29]. L'hôtel particulier des Goldet, grands parents de la journalisteSylvie Pierre-Brossolette, a été détruit et un immeuble a été construit à la place. La demeure fut, selon les renseignements généraux, réquisitionnée par l'occupant allemand le 8 septembre 1940. Selon les archives de l'architecte voyer en chef, disponibles auxArchives de Paris, une réquisition officielle par les forces allemandes a été émise le 22 août 1942[30]. Les Brammer ont occupé les lieux et ont immédiatement recherché du personnel de maison parlant allemand[31]. Le commissaire général aux question juives décida, en application de la loi relative aux entreprises et biens ayant appartenu à des Juifs absents ou disparus, dite « Loi d'aryanisation », prise par le gouvernement de Vichy, la dépossession de cet hôtel particulier le 5 mai 1943 au détriment de la famille Goldet[32]. L'hôtel particulier fut ensuite mis en vente par son administrateur provisoire, M. Bardon, 142rue de Courcelles, le 16 mars 1943[33]. L'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, l'organisme chargé des confiscations de biens appartenant à des Juifs et des francs-maçons dans les territoires occupés par la Wehrmacht, a saisi la collection d'art des Goldet constituée de nombreux tableaux et de sculptures[34].
No 6 : hôtel particulier. Cet hôtel particulier a été construit à l’emplacement des bastions n°58 et 59 de l’ancienne enceinte de Thiers en 1928, par l’architecteHenri Dubouillon (1887-1966). Le projet était de créer, à côté du square, un quartier composé de huit hôtels particuliers qui devaient respecter certaines normes. En effet, comme l’indique le bulletin municipal officiel de la Ville de Paris datant de juin 1927, la hauteur des constructions devait être limitée à 13 ou 14 mètres, les jardins devront être aménagés tout autour des bâtis et les clôtures « devront être faites par de jolies grilles laissant percevoir les belles perspectives du bois ». Le n°6, en pierre de taille, respecte ces règles édictées par le conseil municipal. Face au square, un petit jardin avec clôture devance la façade principale agencée en trois travées. Édifié sur un imposant soubassement, le rez-de-chaussée est accessible un perron. Au-dessus de ce niveau se dresse un étage carré percé de baies en plein cintre, un étage attique et un autre sous comble. De style éclectique, la façade est délimitée par deux pilastres ioniques, similaires à ceux de l’hôtel voisin. Deux autres pilastres, reliés par une frise à denticules, ornent la porte d’entrée en verre et ferronnerie ouvragée. Ils soutiennent le balconnet de l’étage supérieur. De la même façon que les consoles qui maintiennent les balconnets du rez-de-chaussée, ce dernier ne dispose d’aucune ornementation classique. Les balcons voisins, sont quant à eux, en ferronnerie ouvragée. L’étage attique et l’étage sous comble comportent des balustres prenant la forme de colonnes. Contrairement à l’étage sous comble, le balcon de l’étage attique est en saillie. Il est maintenu par des pilastres, deux consoles et une frise monumentale à denticules.