Engéométrie plane, lesspirales forment une famille decourbes d'allure similaire : une partie de la courbe semble s'approcher d'un point fixe tout en tournant autour de lui, tandis que l'autre extrémité semble s'en éloigner.
On trouve aussi le terme de spirale pour des courbes en dimension trois qui tournent autour d'un axe en s'en éloignant ou s'en rapprochant comme lesspirales coniques(en) ou en restant à distance fixe comme l'hélice circulaire.
La forme de la spirale apparait dans de nombreux aspects de la nature, comme laspirale de Fibonacci et l'escargot de Pythagore. Elle a inspiré les artistes et les écrivains de toutes les époques.
Ainsi, il est difficile de trouver une définition générale d'une spirale. Les auteurs semblent s'accorder sur l'idée qu'il s'agit de la trajectoire d'un point tournant autour d'un centre tout en s'en éloignant (ou s'en rapprochant).
« La spirale est en général une ligne courbe tracée de manière à s'éloigner toujours de son point de départ, en faisant autour de ce point une ou plusieurs révolutions[3] »
« Les spirales sont les courbes qu'engendre un point qui tourne autour d'un autre en s'éloignant ou en se rapprochant de plus en plus de ce centre[4]. »
Soitf une fonction croissante, la courbe d'équation polaire est une spirale[5].
« Une spirale plane est une courbe ayant une équation polaire du type avecf monotone[6]. »
Une spire est alors la portion de courbe parcourue par le point quand il effectue un tour complet autour du centre.
Quelques formes classiques de spirales
Spirale d'Archimède: elle démarre à l'origine et part vers l'infini en une infinité de spires régulièrement espacées
Spirale logarithmique: elle s'enroule infiniment vers l'origine et vers l'infini en une infinité de spires d'espacement croissant.
Une spirale algébrique dont l'équation polaire est oùf est une fonction positive décroissante (). L'enroulement des spires a changé de sens.
Certains auteurs ajoutent des conditions supplémentaires : elles ne peuvent ni se fermer ni se terminer, une droite les coupe en une infinité de points[4], elles sont définies sur un intervalle non borné[6], elles sont declasse de régularité importante[7]. On les imagine parfois sans début ni fin, ou ayant une infinité de spires...Mais ni ces définitions, et encore moins ces restrictions ne peuvent couvrir l'ensemble des courbes que leur découvreurs ont appelées spirales.
Quelques formes moins classiques de spirales
Spirale hyperbolique: elle possède une droite asymptote et certaines droites du plan ne la rencontrent pas
Une spirale algébrique dont l'équation polaire est pourθ positif. Elle démarre à l'origine et possède le cercle unité comme asymptote.
Spirale de Théodore formée de segments de droites qui n'est pas une courbe de classe C1
On trouve même des courbes portant le nom de spirale et ne respectant pas la condition première de s'éloigner constamment d'un point central. On trouve même des spirales tournant successivement autour de deux centres ou des courbes qui n'ont de spirale que le nom. L'étude desfractales offre aussi de beaux exemples de développements de spirales.
Quelques formes de spirales qui ont un rapport plus lointain avec les originales.
Spirale de Fermat: les spires s'approchent puis s'éloignent du point central
On peut construire des spirales par morceaux à l'aide d'arcs de cercles ou de segments. Lesspirales à centres multiples sont ainsi utilisée pour tracer desvolutes. Les spirales tracées à l'aide de segments de droites sont desspirangles(en).
Des moyens mécaniques permettent aussi de construire des spirales : ainsi l'extrémité d'une corde enroulée autour d'un arbre et que l'on déroule en maintenant la corde tendue, dessine une spirale proche d'unedéveloppante du cercle.
Une hélice circulaire évoquant un tire-bouchon ou un escalieren spirale
De nombreusescourbes gauches sont appelées des spirales ou des hélices (hélice vient du grec heliks signifiant spirale[10]) parce qu'elles semblent s'enrouler autour d'un axe en s'en éloignant, ou s'en rapprochant constamment. La projection orthogonale de ces courbes dans un plan perpendiculaire à l'axe dessine souvent une spirale plane (ou un cercle). Les solides de révolution sont propices au tracé de spirales sur leur surface. Parmi ces courbes, on distingue plusieurs grandes familles non disjointes, ni exhaustives.
Ce sont des courbes dont la tangente fait un angle constant avec un axe fixe. Dans cette famille, on trouve les hélices cylindriques dont la courbe se dessine sur un cylindre (dont l'hélice circulaire), les hélices coniques dont la courbe se dessine sur un cône et les hélices sphériques.
Des courbes tournant sur un hémisphère possèdent aussi souvent cet aspect de spirale. Parmi ces courbes, on peut citer les courbes suivantes : certainesclélies dont laspirale de Pappus sphérique, l'hélice sphérique dont les tangentes font un angle fixe avec l'axe de la sphère, lesloxodromies (qualifiées parfois de spirales[13]) dont les tangentes font un angle fixe avec les méridiens.
On trouve des formes évoquant celles de la spirale dans toutes les échelles du vivant et du monde physique.
Le premier type d'occurrence est associé à une croissance combinée avec un mouvement tournant. La spirale est bien connue et bien visible dans les formes de coquilles d'escargots ou degastéropodes qui se développent de manière orientée[14] - chaque espèce se répartissant majoritairement selon un type soit lévogyre (en regardant le coquillage la pointe placée en avant et l'ouverture en arrière, les spires tournent dans le sens trigonométrique) soit dextrogyre (les spires tournent dans le sens horaire). Les cornes de cervidés (tels celles des béliers et desantilopes) offrent de beaux développements spiralés[15].
La spirale est un peu moins voyante mais fréquente enbotanique, avec par exemple la structure duchou romanesco ou de lapomme de pin[16], la disposition spiralée des graines dutournesol[17], ou le point d'insertion des feuilles sur la tige (l'angle dièdre passant par l'axe de la tige et deux points qui se succèdent est la divergence, valeur caractéristiques de l'espèce).
D'autres spirales sont issues de l'adaptation du vivant à l'environnement. Les animaux à queue comme lecaméléon ou l'hippocampe enroulent leur appendice et on retrouve alors la spirale[18] comme on peut l'observer dans une corde enroulée posée au sol[19]. C'est la même forme que l'on peut observer chez desmyriapodes. Les plantes grimpantes dessinent des spirales quand elles s'enroulent autour d'un tuteur ou lancent des vrilles pour s'y agripper[20].Lespirographe déploie ses filaments en spirales pour se nourrir et respirer[21]. Pour construire sa toile, l'araignée procède à la construction successive de deux spirales[22].
On retrouve cette courbe dans la trajectoire des animaux méfiants s'approchant de leur cible[23]. Asa Schaeffer voit même en elle la trajectoire naturelle d'un être vivant privé de ses moyens d'orientation[22],[24]. On observe également une organisation en spirale dans les rassemblements derennes[23],[25] , depingouins[26] ou dans les vortex de poissons[27] pour se protéger des prédateurs ou du froid. Ce comportement est à rapprocher descourbes de poursuites mutuelles étudiées en mathématiques.
La spirale est également présente dans le monde animal (certains tissus musculaires) et dans le monde microscopique chez certainesbactéries. Les bactéries spiralées sont souvent pathogènes pour divers animaux et certaines le sont pour l'homme (exspirochètes responsables de la syphilis, ou bactéries du genreBorrelia responsables de lamaladie de Lyme, ou chez lesCampylobacter[28],Campylobacter pyloridis responsables d'ulcères de l'estomac. Chez ces bactéries, la morphologie spiralée est souvent associée à unemotilité particulière, adaptées au mucus[28] ou à d'autres environnements mucilo-gélatineux (ex : intérieur de l'œil pour certaines borrélies). La forme spiralée (en tire-bouchon) et une motilité particulière de ces organismes semblent leur donner un avantage sélectif dans les environnements visqueux et mucilagineux[28].
Dans des dimensions encore plus petites, l'ADN est lui-même spiralé (quand il n'est pas déroulé), mais il existe aussi chez les bactéries des ADN circulaires (en anneau).
La chimie[29] et la physique, en particulier lamécanique des fluides et l'astrophysique présentent aussi des exemples de déploiement en spirale. La formation de tourbillons d'air ou d'eau ou les phénomènes météorologiques en offrent de nombreuses illustrations[30],[31] ainsi que lesgalaxies spirales[32].
Mouvement contraint de deuxspirales d'Archimède l'une dans l'autre, qui évoque schématiquement le principe de certainscompresseurs. Les points de contact entre les deux spirales se déplacent eux-mêmes en suivant le tracé de la spirale rouge.
La spirale possède des propriétés géométriques exploitées par plusieurs mécanismes créés par l'homme, par exemple leressort spiral ou ledisque microsillon.
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En latinspira ou engrec ancienσπείρα /speira, ce mot désigne un enroulement.
Dans le langage courant, et notamment en dessin et en architecture les adjectifsspiral etspiralé désignent toutes les formes évoquant la spirale mathématique (escalier en spirale...) ou comprenant une suite de circonvolutions.
Sandro Botticelli - La Carte de l'Enfer - Illustration de l'Enfer dansLa divine Comédie de Dante
La spirale s'invite aussi en littérature.Dante Alighieri décrit sa descente aux enfers comme un voyage en spirale de cercle en cercle[73]. Edgar Poe dans sa nouvelleUne descente dans le Maelstrom fait de ce phénomène une descente aux abîmes suscitant effroi et admiration[74] et dont on ressort transformé comme« un voyageur revenu du monde des esprits »[75]. Ces deux expériences sont à rapprocher de l'expression « spirale infernale » indiquant un phénomène dans lequel on est entrainé et conduisant à une destruction.
Gustave Flaubert avait le projet d'une nouvelleLa Spirale, inspirée parLes Paradis artificiels deCharles Baudelaire dans laquelle son héros« enroulerait autour duthyrse de la réalité la spirale de rêves » provoqués par lehaschich[76].
Véritable portrait de Monsieur Ubu, par Alfred Jarry
Alfred Jarry, quant à lui, fait de la spirale de son pèreUbu, un phénomène en expansion illustrant les appétits dévorants de son personnage, mais aussi sa vanité et son enflure[77]. Cette « Gidouille » devient le signe de reconnaissance despataphysiciens.
La spirale est un élément central dans l’œuvre du poèteWilliam Butler Yeats (La seconde venue[78] -A vision -l'Escalier en spirale ). Elle illustre la vision de Yeats sur l'évolution d'une vie, ou plus généralement de l'histoire de l'humanité, qui procèderait en spires successives sur une double escalier conique se rétrécissant et s'élargissant[79].
Elle est une symbolique puissante chezJames Joyce (Ulysse[80] -Finnegans Wake[81]) à tel point queConstantin Brancusi utilise cette image pour représenter Joyce (Symbole de Joyce[82]), ou chez Samuel Beckett (L'Innommable[83]) comme une vision concentrique vers un anéantissement[84].
Chez les philosophes commeHegel et sonKreislauf[85] ouRoland Barthes[86], elle illustre une conception de l'histoire ou du monde. La didactique utilise l'image d'une progression en spirale[87] pour évoquer le principe de revenir sur une notion en cercles successifs à des niveaux croissants de connaissance et de maîtrise.
La spirale est unmotif fréquent dans la décoration (frises, bijoux, tissus, dessins, tatouages, carrelages, etc.).
Regarder une spirale qui tourne provoque un effet d'optique, qui fascine et est réputé faciliter l'hypnose. C'est un thème souvent exploité dans les dessins animés.
En bande dessinée, les yeux d'un personnage dessinés en spirale évoquent — selon le contexte — la confusion du personnage, le fait qu'il soit sonné, fou, etc.
La spirale est utilisée dans la série américaineTeen Wolf pour désigner la vengeance d'un loup-garou. Peter Hale l'utilise dans la saison 1 pour se venger de Kate Argent. Elle est également utilisée dans la saison 3A.
Lesound system britanniqueSpiral Tribe doit son nom à l'un de ses fondateurs, Mark Harrison, fasciné par la symbolique de la spirale.
↑ab etcStuart L. Hazell, drian Lee, Lynette Brady et William Hennessy (1986),Campylobacter pyloridis and gastritis: association with intercellular spaces and adaptation to an Environment of Mucus as Important Factors in Colonization of the Gastric Epithelium ; Journal of Infectious disease (J Infect Dis), 153 (4): 658-663. doi: 10.1093/infdis/153.4.658 (résumé)
↑« Le symbolisme de la spirale est opposé à celui du cercle; le cercle est religieux, théologique; la spirale, comme cercle déporté à l'infini, est dialectique: sur la spirale les choses reviennent, mais à un autre niveau ; il y a retour dans la différence, non ressassement dans l’identité (...). La spirale règle la dialectique de l’ancien et du nouveau ; grâce à elle, nous ne sommes pas contraints de penser :tout est dit, ou :rien n’a été dit, mais plutôt rien n’est premier et cependant tout est nouveau », Roland Barthes, «Réquichot et son corps», dansBernard Réquichot, Édition de la connaissance, 1973 - cité dansIsrael 2015,p. 22
traduit de l’original en espagnol de 1899, revu et très augmenté. Réédition: dans lesObras sobre Matemática,volumeV, 1908–1915; Chelsea Publishing Co, New York, 1971; Éditions Jacques Gabay, Paris, 1995[lire en ligne].
DeniseFaucher,la spirale : symbole mystique dans l’art,(lire en ligne)
René Huyghe,Formes et Forces : de l'atome à Rembrand, Flammarion,
René Huyghe,Dialogue avec le visible : connaissance de la peinture, Flammarion,
(en)Theodor A. Cook,The Curves of Life : An account of spiral formations and their application to growth in nature, to science and to art, London Constable,(lire en ligne)
Tania Zimmermann et Michael Zimmermann, « La spirale, forme de pensée de la création »,Genesis (Manuscrits, recherche, invention),no 24,(lire en ligne)