Ses films se focalisent souvent sur la communautéafro-américaine et, en général, sur les problèmes sociaux et identitaires des minorités. Certaines de ses œuvres ont suscité des polémiques et des débats[2].
Il est souventacteur dans ses propres films, notamment ses premiers.
Né àAtlanta enGéorgie[3], il est le fils de Jacqueline Carroll (née Shelton), professeure d'arts et de littérature, et deBill Lee, musicien et compositeur[4],[5]. Il est issu d'une famille nombreuse :Joie (née en 1962), David (né en 1961), etCinqué (né en 1966). Sa famille part ensuite pourNew York. Spike Lee grandit à Fort Greene, un quartier de l'arrondissement deBrooklyn. Durant son enfance, sa mère le surnomme « Spike ».
Il enchaine avec lefilm biographiqueMalcolm X (1992). Malgré de bonnes critiques, le film ne rencontre pas de succès aubox-office[8],[9]. Après de multiples prises de position contre la communauté WASP (White Anglo-Saxon Protestant), sa renommée est en partie écornée. Au milieu des années 1990, il développe des projets plus modestes, essentiellement situés àBrooklyn, commeCrooklyn (1994) etClockers (1995). Il peine alors à retrouver le succès commercial de ses débuts[6].Girl 6, sorti en 1996, premier de ses films au scénario duquel il ne contribue pas. Le film recevra lui aussi des critiques négatives et sera unflop aubox-office[10],[11],[12].
Alors qu'il continue de tourner fréquemment, ses films sont des échecs commerciaux. Ce n'est qu'avec le thrillerInside Man : L'Homme de l'intérieur, qu'il renoue avec le succès au box-office en 2006. Pour un budget de45 millions de dollars, le film récolte186 millions de dollars dans le monde et enregistre plus d'un million d'entrées enFrance (38e meilleur résultat auBox-office annuel français)[13],[14].
Admirateur deMichael Jackson, il a réalisé deux clips pourThey Don't Care About Us en 1996 ainsi que le documentaireBad 25 en 2012, pour fêter les25 ans de l'albumBad. Également ami de longue date dePrince, il a réalisé son clip pour la chansonMoney Don't Matter 2 Night, tirée de l'albumDiamonds and Pearls, qui aborde le thème de la pauvreté aux États-Unis. À l'annonce de la disparition du « Kid de Minneapolis », Spike Lee réunit plusieurs milliers de personnes devant son domicile pour lui rendre hommage et organise quelques semaines plus tard une fête à Brooklyn — code vestimentaire violet, bien sûr — pour célébrer l'anniversaire de la vedette récemment disparue.
En 1991, Spike Lee donne un cours à l'université Harvard sur la façon de faire un film.
En 1993, il enseigne à laTisch School of the Arts de l'université de New York, où il avait lui-même étudié. En 2002, il est nommé directeur artistique de l'école[18]. Il est ensuite professeur titulaire de l'université de New York[19].
Spike Lee milite pour une discrimination positive en faveur des Noirs. Il demande ainsi la mise en place de quotas, y compris dans le domaine culturel, par exemple pour les Oscars, où les acteurs noirs sont rarement nommés[23].
Spike Lee rencontre l'avocate Tonya Lewis en 1992. Ils se marient l'année suivante àNew York[25]. Ils ont une fille Satchel (née en 1994) et un fils Jackson (né en 1997)[26].
Dans la plupart des génériques de ses films, il n'est pas écrit« A Spike Lee film » (« un film de Spike Lee ») mais« A Spike Lee Joint » (« un“joint” de Spike Lee »). Le cinéaste n’a jamais réellement expliqué cela. Certaines personnes évoquent la possibilité que cela aurait un rapport avec l'expression« That’s my joint », qui signifierait« C’est un super truc ».« Joint » peut aussi désigner quelque chose qui a de l’importance ou un endroit où l’on se sent bien[27].
Déçu par le montage final de104 minutes de son filmOld Boy (2013), alors qu'il avait supervisé une version de140 minutes, Spike Lee désavoue son film et préfère mettre« A Spike Lee film », au lieu de sa mention habituelle[28].
Dans plusieurs de ses films, il utilise un style de plan surnommé« Double Dolly Shot ». On peut voir un ou plusieurs personnages fixés au même support que la caméra sur unedolly. Le décor derrière l'acteur bouge, mais la caméra reste toujours à la même distance de l'acteur[29],[27],[30].
Spike Lee a parfois déclenché des controverses, notamment par sa manière de défendre la communauté afro-américaine et ses critiques adressées à des cinéastes les plus réputés d'Hollywood. Il s'est ainsi heurté, notamment par média interposés, principalement avec les réalisateursQuentin Tarantino etClint Eastwood[31],[32].
Spike Lee reproche à Tarantino l'usage répété du mot« nigger ».
Spike Lee reproche àQuentin Tarantino, qu'il a dirigé dansGirl 6 (1996), d'utiliser à outrance le mot« nigger » ou l'équivalent argotique« nigga » (« nègre » ou « négro » en français) dans ses films. Selon Spike Lee, ce ne sont pas les mots en eux-mêmes qui dérangent, mais l'usage excessif que Quentin Tarantino en fait qui pose un problème. Lorsqu'un journaliste demande à Quentin Tarantino s'il retravaillera un jour avec Spike Lee, il déclare« Il me reste encore deux films à faire, et je n’ai pas l’intention de perdre du temps à y travailler avec cefils de pute. Il serait très heureux que j’accepte de travailler avec lui. Mais ça n’aura pas lieu »[33].
En 1998, peu après la sortie deJackie Brown (1997), Quentin Tarantino déclare :
« [Spike Lee] n'a pas été suivi, je n'ai vu personne d'autre monter au créneau, et ce sont plutôt des libéraux blancs qui reprochent au film de n'être pas très correct. J'utilise le motnigga parce que je n'ai qu'une idée en tête : être au plus près de la vérité des personnages d'Elmore Leonard, c'est ainsi qu'ils s'expriment : “Comment ça va, nigga ?” J'ai grandi dans un environnement où on parlait comme ça. Je ne vois pas pourquoi je n'écrirais pas les choses telles qu'elles sont. Je devrais prendre des pincettes pour écrire un personnage noir ? Je suis bien placé pour écrire des personnages de jeune femme ou de vieux gangster mais pas des personnages noirs ? C'est délirant[34]. »
« Je ne peux pas en parler, parce que je n'irai pas le voir. Je ne veux pas le voir. […] Je pense que ça serait manquer de respect à mes ancêtres. C'est tout ce que j'ai à dire. Je ne peux pas manquer de respect à mes ancêtres. » Puis : « L'esclavage américain n'était pas unwestern spaghetti deSergio Leone. C'était unholocauste. Mes ancêtres étaient esclaves. Je leur ferai honneur[35]. »
Louis Farrakhan, dirigeant de l'organisation politique et religieusesuprémaciste noireNation of Islam depuis 1981, déclare quant à lui à ce sujet :« Le film a changé la direction des armes[36]. »Jamie Foxx, interprète du rôle-titre deDjango Unchained, déclare quant à lui :« Je respecte Spike, c'est un réalisateur incroyable, mais il devient très lourd lorsqu'il se met à parler du travail de ses collègues sans avoir vu leurs œuvres. Pour moi, ça c'est irresponsable. Pour moi, la question est : “D'où vient Spike Lee ?” Il n'a jamais aiméWhoopi Goldberg, il n'aime pasTyler Perry, il n'aime personne. Je pense juste qu'il continue ce qu'il a toujours fait[37]. »Samuel L. Jackson ajoute quant à lui :« Y avait-il un autre mot pour appeler les personnes noires dans le langage courant à cette époque ? Si vous devez faire un film d'époque, alors vous devez utiliser le langage qui était présent. Et c'était ce langage qui était présent à cette époque. J'ai grandi dans le Sud, j'ai entenduN****r toute ma vie. Je ne suis pas perturbé par ça[38]. »
Lors de la promotion deMiracle à Santa Anna aufestival de Cannes 2008, Spike Lee fait de multiples reproches àClint Eastwood, notamment sur l'absence de soldats afro-américains dans son diptyque de guerreMémoires de nos pères /Lettres d'Iwo Jima (2006) :« Clint Eastwood a fait deux films sur Iwo Jima qui dépassaient les quatre heures au total et pas un acteur noir n'est vu à l'écran. […] Dans sa version d'Iwo Jima, les soldats noirs n'existaient pas ». Clint Eastwood répondra que des soldats afro-américains« n'ont pas hissé le drapeau. L'histoire est celle (…) de la photo au drapeau, et ils (les Noirs) n'ont pas fait cela. Si je mettais un acteur afro-américain à cet endroit, les gens diraient : “Ce gars a perdu la raison”. Ce n'est pas conforme à l'Histoire[39]. »
Eastwood ajoutera que Spike Lee lui en voulait depuis qu'il avait faitBird, film biographique sur le musicien noirCharlie Parker. Spike Lee répondra plus tard aux remarques d'Eastwood :« D'abord cet homme n'est pas mon père et nous ne sommes pas sur une plantation. Je n'ai jamais dit qu'un des mecs portant le drapeau devait être noir. J'ai dit que les Afro-américains avaient joué un rôle important à Iwo Jima[40],[32]. »
Peu après, Spike Lee déclarera cependant que tout cela a été exagéré par les médias et qu'ils se sont réconciliés, via leur ami communSteven Spielberg, et qu'il a envoyé une copie deMiracle à Santa Anna à Clint Eastwood[41].
En, Spike Lee obtient une injonction par laCour suprême de New York afin d'empêcher le changement de nom de la chaîne The New TNN enSpike TV, de crainte que le public l'associe à la chaîne. L'affaire est réglée hors cour le. Le changement de nom a cependant bien lieu de. La chaîne conservera le nom de Spike jusqu'en 2018, où elle est renommée Paramount Network[42],[43],[44].
Lorsque le filmGreen Book : Sur les routes du Sud obtient l'Oscar du meilleur film en2019, Spike Lee lève les bras et quitte la salle en signe de désaccord. Il ne revient dans lethéâtre Dolby qu'après les discours. Il explique son choix en critiquant le point de vue selon lui pro-blanc du film, qui montre comment un homme de main blanc et raciste devient finalement l'ami d'un pianiste noir et homosexuel et déclare notamment :« Pas ma tasse de thé. Un tel point de vue sur les Noirs n'est vraiment pas tolérable[32]. »
↑Épisode7, septième épisode de la première saison de la sérieWho Do You Think You Are?. Diffusé pour la première fois le April 30, 2010 sur le réseauNBC..