Peu de choses sont connues au sujet de Spartacus au-delà des événements de la guerre, tandis que les récits historiques conservés sont parfois contradictoires et ne sont pas toujours fiables. Toutes les sources s'accordent néanmoins pour dire qu'il est un ancien gladiateur et un chef militaire accompli.
Cette interprétation est néanmoins contredite par les historiens contemporains soulignant qu'aucun récit historique ne mentionne que l'objectif des rebelles est de mettre fin à l'esclavage dans laRépublique romaine et qu'aucune des actions des chefs rebelles n'y semble spécifiquement destinée[1].
La vie de Spartacus et la guerre qu'il a menée sont connues grâce à plusieurs auteurs antiques. La source la plus proche des faits estSalluste : il est le seul qui aurait pu bénéficier du témoignage direct des acteurs des événements (sauf les esclaves, tous morts). De sesHistoires, qui relatent les événements allant de 78 à, il reste des fragments. Les passages de l'Histoire de Rome deTite-Live relatifs à la période sont perdus. Il n'en reste qu'un résumé[2].
Mosaïque représentant ungladiateur thrace, reconnaissable à son sabre et à son bouclier.
Le nom d'origine de Spartacus est inconnu. Lesgladiateurs peuvent en effet porter un « nom de scène », mais cet usage n'est attesté qu'à l'époque impériale. Ce nom est cependant bien d'originethrace : des rois de Thrace s'appellent Spardocos (ouSpartokos). Il est en tout cas Thrace de naissance libre. Le passage dePlutarque (Vie de Crassus, 8) est ici peu sûr : le terme « Nomadikos » des manuscrits médiévaux a sans doute remplacé par erreur le terme « Maidikos » du texte antique. Il faut donc lire « Thrace de la nation desMaides(en) », qui du temps de Spartacus est une peuplade en train de passer sous l'autorité des Romains[3], mais la lecture « Thrace nomade » est aussi possible[Note 1]. Sa date de naissance, inconnue, se situe vraisemblablement vers[4].
Son statut social initial est aussi inconnu : de simple berger à prince. Mais le fait qu'il combatte à cheval, ainsi que ses capacités de rassembleur et destratège inclinent à pencher pour l'origine aristocratique[5] et laissent penser qu'il a pu être éduqué dans l'élite d'un État structuré, tel leroyaume des Odryses dont les Maides font partie avant de passer sous l'influence romaine[6],[7].
Plutarque ajoute qu'il est« un homme d’une grande force de corps et d’âme, d’une douceur et d’une intelligence supérieures à sa fortune, et plus dignes d’un Grec que d’un Barbare ». Ces quelques mots tracent un portrait élogieux de Spartacus. Ils suggèrent que Spartacus n'est pas seulement unbarbare, mais que, en contact avec lesGrecs, il aurait pu recevoir une éducation grecque[4].
Florus résume cette période de la vie de Spartacus en une phrase :« ancien Thrace tributaire devenu soldat, de soldat déserteur, ensuite brigand, puis, en considération de sa force, gladiateur ». Appartenant à une population tributaire de Rome, Spartacus sert dans l'armée romaine, dans lestroupes auxiliaires. Les Thraces sont notamment réputés comme cavaliers. Cela se passe sans doute entre 87 et, époque oùSylla est présent en Grèce et enMacédoine lors de laguerre contre Mithridate. Soldat dans l'armée romaine, Spartacus a ainsi pu la connaître de l'intérieur, en assimiler l'organisation, se former à sa tactique et à sa stratégie. Ensuite il déserte et devient un brigand (latro)[4]. Toutefois, d'autres versions laissent penser qu'il aurait plutôt déserté pour se joindre aux rebelles se battant contre les troupes romaines. Il aurait ainsi, selonAppien, été fait « prisonnier de guerre »[3].
Il est peut-être capturé par des Romains au cours de la campagne deCaius Scribonius Curio enDardanie en, ou lors d'un raid contre son village pardes pirates qui vendent leurs prises sur de grands marchés internationaux, comme celui duport franc de l'île deDélos. Il est conduit àRome, sans doute en 74, et vendu comme esclave[8]. À Rome, Spartacus est accompagné de son épouse, thrace elle aussi, « devineresse et sujette aux transports inspirés deDionysos » selon Plutarque (Vie de Crassus, 8). Seul ce passage de Plutarque en fait mention. Le statut de prêtresse de cette épouse pourrait suggérer que Spartacus a bien des origines aristocratiques[9]. Le sort habituel des prisonniers de guerre, qui n'ont en général pas d'utilité particulière dans un cadre domestique, est de travailler dans les mines et les carrières, dans des conditions effroyables. Quelques-uns toutefois sont destinés à la gladiature, ce qui est le cas de Spartacus[8].
Il est acheté par lelanisteLentulus Batiatus, qui possède une école de gladiateurs (unludus) àCapoue. Spartacus, par son origine, est vraisemblablement destiné à exercer laspécialité de thrace, bien que Florus en fasse unmirmillon. On ignore si Spartacus a combattu dans l'arène avant de se révolter[10].
À l'été,300 esclavesgladiateurs (le sort de ces « esclaves combattants » étant souvent moins enviable que celui de la domesticité, mais plus que celui de finir dans une mine de sel ou une carrière de pierre, puisqu'ils peuvent être affranchis[11]) de l'école deLentulus Batiatus complotent pour retrouver leur liberté, mais sont dénoncés. Prenant les devants, entre 70[12] et78 gladiateurs[13],[Note 2] réussissent à s'évader sans armes ni vivres. Après s'être emparés de chariots transportant un stock d'armes destinées à une autre école deCapoue et avoir défait la milice de Capoue, ils ne se dispersent pas, mais traversent laCampanie en direction de la baie deNaples, où ils sont rejoints par de nombreux travailleurs agricoles — esclaves fugitifs et hommes libres — deslatifundia et se réfugient sur les pentes duVésuve. Trois hommes sont élus chefs, Spartacus,Crixus etŒnomaüs[14]. Spartacus,parmatus de l’armaturathrace — oumirmillon selon Florus, ce qui est peu vraisemblable[15], — et ses compagnons parviennent à vaincre les quelques gardes régionaux envoyés par la ville de Capoue et complètent ainsi leur armement. Pour subvenir à ses besoins, la petite armée commence à organiser des razzias sur les exploitations agricoles de laCampanie. Spartacus ne cesse alors d'attirer non seulement desesclaves, mais aussi des petits paysans et des bergers, organisant ainsi une armée et révélant les faiblesses de Rome.
L'armée servilebat alors lescohortes de 3 000 auxiliaires romains commandés par lepréteurGaius Claudius Glaber, grâce à une ruse de Spartacus. En effet, selonFlorus, ce dernier fuit le volcan où il est assiégé par un versant raide, et avec l'aide d'échelles faites avec des sarments de vignes, ses hommes surprennent les auxiliaires de Glaber par derrière[16]. Spartacus rassemble de plus en plus de combattants, mais Rome ne le considère pas encore comme une menace sérieuse et le sous-estime largement. Les autorités romaines n'envoient d'abord que deux nouvelles légions, dirigées par deux autres préteurs pour stopper la rébellion. Les autres légions sont accaparées par la révolte deSertorius, enHispanie, et par le conflit avecMithridate VI, en Orient. Les esclaves rebelles passent l’hiver de à armer, équiper et instruire leurs nouvelles recrues, et étendent leur territoire depillages pour atteindre les villes deNola,Nuceria,Thurii etMetapontum[17].Salluste mentionne que les esclaves« au mépris des ordres de leur chef, violèrent des femmes et des filles, puis d’autres […] ne songèrent qu'au meurtre et au pillage. » Spartacus est impuissant à empêcher ces excès, malgré ses insistances[18]. Par la suite, il est conscient de la nécessité d'organiser une armée régulière disciplinée qui pourrait réussir à affronter les puissantes légions romaines.
Gravure représentant la chute de Spartacus, parNicola Sanesi (vue d'artiste).
À ce moment, l'armée des esclaves se divise, ce qui cause la perte de nombreux hommes. Environ 30 000 hommes (Gaulois et assimilés :Ibères,Celtibères) suivent le gladiateurCrixus enApulie tandis que le gros des troupes (Thraces et assimilés :Grecs et orientaux) monte vers le nord par lesApennins.Crixus est tué et ses troupes massacrées lors d'unpremier engagement près du montGargano. Spartacus, en revanche, vient à bout des légions que dirigent contre lui les consulsCnaeus Cornelius Lentulus Clodianus etLucius Gellius Publicola, mettant 16 000 Romains en déroute dans le Picenum. Pour venger la mort de Crixus, Spartacus organise des jeux funèbres dans lavallée des Abruzzes durant lesquels des Romains faits prisonniers sont contraints de s'entretuer dans un combat de gladiateurs dans un grand cirque de bois construit à cet effet[16].
Spartacus arrive ensuite dans laplaine du Pô, sans doute versModène, et bat les 10 000 hommes de l'armée deCassius, proconsul deGaule cisalpine. Spartacus tue même Longinus, selon Orose[19]. Puis il fait demi-tour vers le sud de l'Italie. Il vainc à nouveau les armées consulaires et s'installe dans le petit port deThurii où selon plusieurs mythes il aurait créé une république idéale[11]. De là, il commerce avec les peuples de lamer Méditerranée, faisant des réserves d'armes, de bronze et de vivres. Il part ensuite pour leRhegium.
Pendant ce temps, le Sénat romain confère àCrassus, riche et ambitieux, le commandement d'une armée de quatrelégions. Crassus, réclamant et obtenant l’imperium, engage les opérations, et finance une armée supplémentaire composée de six nouvelles légions de vétérans sur ses deniers personnels. Il ne cherche pas à engager le combat avec l'armée de Spartacus, dont il se contente de contrecarrer les raids pour l'empêcher de se ravitailler. Mummius, un de ses légats, désobéissant à ses ordres, attaque une partie des troupes de Spartacus avec deux légions, et subit un désastre. Pour faire un exemple et impressionner les esprits, Crassus n'hésite pas à remettre en usage un châtiment qui n'était plus pratiqué : celui de ladécimation. Un dixième des soldats du premier rang, principalement responsables de la déroute, sont ainsi fouettés puis mis à mort.
L'objectif de Spartacus est de passer enSicile pour lui permettre, de là, de rentrer dans son pays d'origine. Il espère que les esclaves de cette île déjà ravagée par ladeuxième guerre servile de lui fourniront un appui. Mais les piratesciliciens, avec qui Spartacus a passé un accord, se laissent acheter par le propréteur de Sicile,Caius Licinus Verres. Trahi, Spartacus se trouve pris au piège à la pointe de l'Italie[16]. Crassus entreprend de bloquer Spartacus dans le Rhegium par une ligne de retranchements de 55 km de long, composée d'un fossé de 4,5 m de large et de profondeur doublé d'un remblai palissadé, pour barrer l'isthme devant Spartacus. Celui-ci réussit à forcer le blocus par une nuit de neige en profitant du manque de visibilité. Mais il est poursuivi par l’armée de Crassus et subit quelques petites défaites. Installé dans leBruttium, il vainc trois légions romaines. Contre son avis, ses hommes, échauffés par ces dernières victoires, veulent battre définitivement l'armée de Crassus. L'affrontement final a lieu sur le territoire actuel deSenerchia sur la rive droite duSélé dans la haute vallée, dans la région à la limite des communes d'Oliveto Citra et deCalabritto, près du village deQuaglietta(it), territoire qui à l'époque fait partie de laLucanie. À l'issue de cettebataille du Silarus, Crassus bat définitivement les révoltés, tuant 60 000 insurgés et ne perdant que 1 000 légionnaires. Avant la bataille, selon Plutarque, comme on lui amène son cheval, Spartacus égorge l'animal, disant :« Vainqueur, j'aurai beaucoup de beaux chevaux, ceux des ennemis ; vaincu, je n'en aurai pas besoin. » Puis il tente de se porter contre Crassus, mais ne peut l'atteindre et tue deux centurions qui l'attaquent. Tandis que ses compagnons prennent la fuite, Spartacus est encerclé par de nombreux adversaires et est diminué après avoir été atteint par une flèche à la cuisse[20]. Il meurt les armes à la main en Son corps ne sera jamais formellement identifié.
La répression est sanglante : 6 000 esclaves sontcrucifiés sur laVia Appia, entreRome etCapoue. De plus,Pompée, entre-temps rappelé d'Espagne par le Sénat, massacre 5 000 esclaves en fuite dans le nord de l'Italie. Cette victoire vaut à Pompée des honneurs dont Crassus est privé. Néanmoins, l'année suivante, les deux hommes sont promus consuls, alors même qu'ils n'avaient pas formellement parcouru lecursus honorum.
Outre les qualités d'organisateur, de stratège et de meneur qu’Appien prête à Spartacus, plusieurs raisons matérielles peuvent expliquer le succès initial et la durée de la révolte :
l'insuffisance des premières forces romaines engagées contre lui, qui ne tiennent pas le choc contre ses troupes : au plus fort de ses batailles, l'armée de Spartacus aurait compté près de 120 000 combattants ;
la situation politique (Rome intervenant sur d'autres fronts) qui freine une mobilisation plus rapide des légions ;
la situation sociale enItalie du Sud, où Rome est peu populaire : dans ces régions soumises depuis environ230 ans se sont établis de grandslatifundia (exploitations agricoles) très durs pour les masses d'esclaves et même pour les populations locales d'originesosque,samnite oulucane qui n'ont pas oubliéles combats de leurs ancêtres ; tous ces travailleurs agricoles pauvres peuvent se joindre à la révolte ;
en revanche,Appien note l'isolement politique de Spartacus : aucune cité ne le soutient, par crainte que la rébellion ne s'étende à ses propres esclaves.
Déjà avant la Révolution, les partisans de l'abolition de l'esclavage produisent des œuvres dans lesquelles est mise en scène la figure d'un chef capable de conduire les esclaves à la liberté. L'abbé Raynal, dans l’Histoire des deux Indes, est le premier à établir une comparaison explicite entre ce chef noir potentiel et le Spartacus de l'Antiquité[24].
« Il ne manque aux Nègres qu'un chef assez courageux pour les conduire à la vengeance et au carnage. Où est-il ce grand homme que la nature doit à ses enfants vexés, opprimés, tourmentés, où est-il ce Spartacus nouveau, qui ne trouvera point de Crassus ? N'en doutons pas, il se montrera, il lèvera l'étendard sacré de la liberté. »
Avec laRévolution française et larévolte des esclaves deSaint-Domingue en 1790-1791, menés parToussaint Louverture, les anti-esclavagistes, dans la lignée de l'abbé de Raynal, donnent à Spartacus une nouvelle actualité. Mais son évocation se fait de manière ambiguë. Apparaissant comme un chef de bande chezEschassériaux aîné par exemple, il peut apparaître à l'occasion comme la figure d'une menace potentielle pour la République. Ce sont toutefois les qualités de Spartacus qui sont mises en avant parSonthonax lorsqu'il le compare en 1791, dans lesRévolutions de Paris, àVincent Ogé, mulâtre anti-esclavagiste, ou encore parWilliam Wilberforce lorsqu'il oppose Toussaint Louverture au « général Buonaparté »[26]. Si Spartacus sert de référence aux anti-esclavagistes en tant que chef des esclaves révoltés, en revanche il est quasi ignoré des révolutionnaires en tant que chef des opprimés, contrairement à d'autres personnages de l'Antiquité tels que Caton, Brutus ou Scævola. La libération par la violence qu'il symbolise en fait un personnage trop extrême à leurs yeux[27].
Après la Révolution française, la littérature anti-esclavagiste livre des œuvres dans lesquelles les chefs des esclaves noirs révoltés ont tous pour modèle implicite le héros de l'Antiquité. Cette mode pour les guerres d'esclaves est peut-être à l'origine de l'érection, sur la demande du roi Louis-Philippe, d'unSpartacus dans lesjardins des Tuileries, statue due au sculpteurDenis Foyatier. Il faut toutefois attendreLamartine et sonHistoire des Girondins pour que Spartacus soit de nouveau explicitement évoqué dans la littérature : le députéOgé lui est là encore comparé[28]. Lamartine évoque aussi Spartacus dans un discours du, et surtout dans sa pièceToussaint-Louverture, dont la première a lieu au théâtre de la Porte Saint-Martin le 6 avril 1850. La pièce se déroule en 1802 et Spartacus y est le modèle qui pousseToussaint Louverture à l'action[29].
L'argumentation selon laquelle les esclaves sont inéluctablement amenés à recourir à la lutte armée, sous la direction d'un « Spartacus » (etVictor Schœlcher lui-même y a recours), parcourt tous les textes anti-esclavagistes jusqu'à la révolution de 1848. Cette image d'un Spartacus effrayant va contribuer à l'abolition de l'esclavage lors de cette révolution[29].
Scène finale du balletSpartacus, lors d'une reprise au Bolchoï en 1968.
L'insistance sur la violence du personnage de Spartacus par les anti-esclavagistes dans leur combat pour l'abolition a sans doute conduit à sa récupération par la gauche révolutionnaire au cours de la seconde moitié duXIXe siècle. Lesprolétaires modernes sont donc assimilés aux esclaves de l'Antiquité. Ainsi le nom de Spartacus est cité dans les congrès de l'Association internationale des travailleurs[30]. PourKarl Marx, à la lecture d'Appien,« Spartacus y apparaît comme le type le plus épatant de toute l’Antiquité ! Grand général (pas un Garibaldi), caractère noble,real representative du prolétariat antique. Pompée : vrai salopard »[31]. Durant laPremière Guerre mondiale, l'aile gauche duParti social-démocrate d'Allemagne, menée parKarl Liebknecht etRosa Luxemburg, fait paraître ses tracts clandestins, à partir de 1916 sous le nom deSpartakus, qui sert ensuite à désigner leur mouvement, laLigue spartakiste. Rosa Luxemburg elle-même évoque un Spartacus mort sur la croix[30] :
« Parce qu'il [Spartacus] est celui qui exhorte les révolutionnaires à agir, parce qu'il est la conscience sociale de la révolution, il est haï, calomnié, persécuté par tous les ennemis secrets et avérés de la révolution et du prolétariat. Clouez-le sur la croix, vous les capitalistes, les petits-bourgeois… »
— Rosa Luxemburg, Que veut la ligue spartakiste[Note 3].
À la suite deKarl Liebknecht etRosa Luxemburg, un culte est rendu à Spartacus dans tous lespays socialistes. Les recherches historiques sur l'esclavage y connaissent un fort développement, contribuant à faire de Spartacus un mythe fondateur. De nombreuses œuvres lui rendent hommage, en particulier leballet Spartacus deKhatchatourian, créé authéâtre Kirov de Leningrad en 1956. En appelant « Spartakiades », à partir desannées 1920, des manifestations sportives destinées à concurrencer lesJeux olympiques, ouSpartak une équipe de football de Moscou créée en 1926, ces mêmes pays leur donnent une dimension politique[30]. De nombreux monuments, noms de rues ou de clubs sportifs lui sont consacrés.
Les mouvements de gauche dans les pays de l'Ouest se sont aussi référés à Spartacus. Des revues ou des maisons d'édition ont porté son nom. Mais c'est surtout à la littérature et au cinéma que le gladiateur doit sa célébrité. Plusieurs ouvrages romancés lui ont été consacrés[32]. La série, marquée par la politique, est inaugurée parMarcel Ollivier, qui publie en 1929 unSpartacus, ouvrage historique de bonne facture entremêlé de passages imaginés. Il est à la source duSpartacus d'Arthur Koestler[33], qui s'inspire en outre de son expérience dans les mouvements sioniste et communiste[34]. LeSpartacus (1951) deHoward Fast, membre du Parti communiste américain, est quant à lui marqué par le bolchévisme et reçoit unprix Staline en 1953[35]. Au cinéma, lepéplum s'est emparé du personnage. LeSpartacus deRiccardo Freda, réalisateur de films à grand spectacle, dénonce le fascisme, représenté par l'armée romaine.Celui deStanley Kubrick est une fresque hollywoodienne au message politique sur les méfaits de la dictature, inspiré du roman de Howard Fast. Un fils imaginaire permet àSergio Corbucci de tourner en 1962 une suite, sous le titreLe Fils de Spartacus. La bande dessinée lui a aussi donné un fils, en 1975, avecun album de la sérieAlix[32].
Les adaptations cinématographiques ont particulièrement mis en avant les qualités physiques des gladiateurs, donnant ainsi occasion à de multiples scènes de combat et de courage. Spartacus y apparaît semblable à d'autres héros de cinéma, telsHéraclès,Samson, ouMaciste. Par ailleurs la plupart de ces œuvres, qu'elles soient littéraires ou artistiques, font mourir Spartacus sur la croix, contrairement à la vérité historique, exploitant ainsi une autre dimension du mythe, celle d'une figure christique[32] ou biblique.Lewis Grassic Gibbon a été le premier à introduire cet aspect dans son roman de 1933, avec la présence d'un personnage esclave et juif que l'on trouve aussi dans le roman de Fast. En réalité, il est fort peu probable qu'il y ait eu des esclaves juifs à cette époque. L'image est reprise dans le personnage interprété par Kirk Douglas, Spartacus étant dans le film de Stanley Kubrick une sorte de nouveau Moïse conduisant son peuple vers la Terre promise[36].
1985 :Les Mondes engloutis, série d'animation deNina Wolmark inspirée du mythe de l'enfer grec. Jusque dans l'au-delà Spartacus continue à libérer les esclaves.
1873 :Benoît Malon,Spartacus ou la guerre des esclaves, inspiré par le parallèle entre la révolte des esclaves et la Commune de Paris. (rééd. par Jacques André éditeur 2008).
2010 :Spartacus, pièce de théâtre par la compagnie du théâtre de la Licorne.
2022 :Spartacus (ou l'incroyable et véritable histoire des esclaves qui se sont levés pour arracher leur liberté), écrit et mis en scène par Hugo Fréjabise (Joussour Théâtre, coprod. Rassemblement Diomède), créé à Montréal et présenté auFestival Off d'Avignon au théâtre Au Bout Là-Bas.