
Lesparagmos (engrec ancienσπαραγμός /sparagmós, deσπαράσσω /sparássō, « démembrer, déchirer, tirer en morceaux ») est, dans lareligion grecque antique, un acte de démembrement rituel, de déchirement ou de mutilation[1], généralement dans un contextedionysiaque.
Dans le rite dionysiaque (selon lessources anciennes) un animal vivant et parfois, selon de rares écrits, unêtre humain, est sacrifié en étant démembré. Lesparagmos était fréquemment suivi d'uneomophagie (consommation de la chair crue après le démembrement). Il est associé auxMénades ou Bacchantes, adeptes deDionysos, ainsi qu'auxDionysies et autrescultes à mystèresdionisiaques.
Des exemples desparagmos apparaissent dans la pièce d'EuripideLes Bacchantes. Dans une scène, les gardes envoyés pour contrôler les Ménades les voient mettre en pièces un taureau vivant avec leurs mains. Plus tard, après que le roiPenthée ait interdit le culte de Dionysos, le dieu l'attire dans une forêt, pour y être déchiré membre par membre par les Ménades, dont sa propre mèreAgavé. Selon certains mythes,Orphée, considéré comme un prophète de lareligion orphique ou bachique, mourut après avoir été démembré par des femmesthraces enragées.
Médée aurait tué et démembréson frère alors qu'elle fuyait avecJason et latoison volée afin de retarder leurs poursuivants, les obligeants de récupérer la dépouille du prince pour pratiquer les rites funéraires. Le réalisateur italienPier Paolo Pasolini a mis en scène un rituel de sparagmos dans le cadre d'une longue séquence au début de son filmMédée (1969), avant de dramatiser l'épisode dans lequel Médée tue son frère de la même manière.
Le sparagmos est un rituel de magie fécondante selon la docteur en sciences de l'Antiquité Monique Halm-Tisserant[2].
Interprétant le rituel à travers le prisme ducomplexefreudien d'Œdipe, Catherine Maxwell identifiele sparagmos comme une forme decastration, notamment dans le cas d'Orphée[3].
Historiquement, il est présumé que les femmes célébrant les rites de Dionysos ne démembraient pas d'animaux ni ne mangeaient de chair crue[4], bien que l'on pense que ces actes avaient encore une certaine base dans les rituels ménadiques[5].
Dans la littérature contemporaine, ceci est utilisé dans la pièce deTennessee Williams,Soudain, l'été dernier.
Sparagmos est également brièvement mentionné dansThe Secret History deDonna Tartt.
Camille Paglia, dans son enquête controversée sur la culture occidentaleSexual Personae, utilise les sparagmos pour décrire la violence déchirante dans plusieurs œuvres, dontLes Bacchaes, des films d'horreur contemporains,Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë et un poème d'Emily Dickinson.
Sparagmos est un thème central deLa Première Mort deDimitris Lyacos, qui raconte les tourments d'un protagoniste mutilé échoué sur une île. Le livre s'appuie sur le démembrement de Dionysos ainsi que sur les rituels et pratiques de la Grèce antique[6].