Symbolisme afférent à la transmutation des végétaux en médications ciblées[1].
Laspagyrie est l'« art de séparer et de réunir-rassembler les principaux constituants des corps[2] ». Elle découle des travaux deParacelse (1493-1541) qui, à l'époque, met en place tout un système de médecine qui, selon ses dires, lui aurait notamment permis d'enrayer desépidémies de peste dans des villages[H 1],[3]. DansOpus paramirum, Paracelse introduit le terme d'art spagyrique ouart de Vulcain pour désigner la technique alchimique de décomposition des substances« en rétrogradant à la première de toute chose[4] ». La spagyrie se fonde sur cinq piliers quintessentiels : l'alchimie, laphilosophie, l'astronomie, l'astrologie et lavertu.
Le mot spagyrie paraît pour la première fois dans un livre de Paracelse. Le terme est probablement issu de la combinaison des deux verbes grecsσπάω etἀγείρω et signifierait« séparer, extraire →σπάω, [spáô] → réunir →ἀγείρω, [ageírô][5],[6] ».
Basile Valentin, alchimiste de son état et religieux de l'ordre de Saint-Benoît, aurait vécu au couvent d'Erfurt en Allemagne, dans la seconde moitié duXVe siècle[note 1],[7]. Il aurait travaillé entre autres sur l'antimoine pour en tirer desmédicaments. Il pourrait être le prédécesseur de Paracelse, bien qu'il n'ait pas conféré de nom à sa pratique. Les (le) livre(s) deBasile Valentin sont qualifiés d'« apocryphes ». Ils ont été trouvés en de curieuses circonstances. Par exemple, la foudre aurait ouvert une colonne du temple d'Erfurt dans laquelle était caché un ouvrage intituléLes Douze Clefs de philosophie[7],[8].
La spagyrie se base sur les principes inhérents à l'alchimie selon laquelle toute matière est composée de 3 principes. Le corps également est composé de ces trois principes :mercure,soufre etsel[9].
La spagyrie opérative va développer une médecine en laboratoire par un travail prolongé et assidu pour arriver à des extractions deteintures, d'élixirs pharmacologiques, demagistères et dequintessences cosmologiques. La composition galénique tripartite — mercure, soufre et sel — exercerait une action conjointe à la fois sur le corps physique et sur ce que lesésotéristes appellent« corps énergétique » de l'être humain[9].
La firmeSpagyros — établie conjointement àGümligen en Suisse et àRottweil en Allemagne — décrit un processus de fabrication selon lequel« [les] plantes, purifiées, triées à la main, sont broyées et fermentées dans de l’eau de sourcedistillée et de lalevure. Unedistillation douce permet de diviser la trempe alcoolisée en plusieurs fractions. Les résidus restant sont réduits en cendres, le sel séparé des cendres ». Une fois la séparation accomplie,« la fusion consiste à réunir sels et distillats[10] ».
La totalité des composés intimement liés à laplante se retrouvent intégralement dans la préparation finale[11].
La spagyrie est une méthode de soin qui se base sur une vision« énergétique » de l'Homme et qui vise à rééquilibrer ce dernier dans son harmonie intrinsèque et extrinsèque[11].
Dans les pharmacies, des substances sont parfois vendues sous l'étiquette de spagyrie. Même s'il n'existe pas de véritables médicaments spagyriques sur le marché[12], la pratique de cette médecine, qui commence véritablement par l'expérience en laboratoire, a été mise au point par l'AllemandCarl-Friedrich Zimpel, ditDr Zimpel[H 2].
Le poète et auteur dramatique allemandAlexander von Bernus(de) (1880-1965) est l'un des derniers spagyristes européens[H 3]. Il travaille pendant sept années avecConrad Johann Glückselig(de) (1864-1934) sur la mise au point de médicaments spagyriques avant de fonder son propre laboratoire[H 4].
Les sept plantes de Paracelse, basées sur l'astrologie médicale, se déclinent en vertu des jours de la semaine selon un« calendrier »phytothérapeutique associatif ainsi conçu :
↑a etbLes Douze Clefs de philosophie[7] auraient été rédigées parBasile Valentin et se voient, dans un premier temps, publiées au moins trois fois, initialement àEisleben en 1599, puis àFrancfort en 1602 ; elles sont ensuite reprises parMichael Maier en 1618 qui en propose une version latine — Duodecim Clavibus — avec des illustrations supposément attribuées àAnna Maria Sibylla Merian. La publication de 1599 n'est pas mentionnée dans Ferguson [sur les mss Ferguson, cf.Aurora consurgens]. On en trouve la mention au catalogue de laBritish Library ainsi que dans J. Read [Von dem grossen Stein der Uhralten, Eisleben, 1599]. LesDuodecim Clavibus sont publiées par Maier dans leTripus Aureus en 1618 :Tripus Aureus, hoc est, Tres Tractatus Chymici Selectissimi... [réed. Francfort, 1677 ; apparaît dans Ferguson II 65 et Duveen, 382 ainsi que dans Macphail, I, 77]. LeTripus Aureus contient, outreLes Douze Clefs de philosophie, leTestament de Abbot Cremer et leCrois-moi deThomas Norton.
↑La spagyrie : une médecine complémentaire, Gümligen, Rottweil, Spagyros, booklet(lire en ligne[PDF]), « La spagyrie – une médecine alternative complémentaire »,p. 2
↑Jean Paul Tessier et Pierre Jousset,L'Art médical : journal de médecine générale et de médecine pratique, Au bureau du Journal,(lire en ligne),p. 224
« Quand la substance ainsi élevée en perfection appartient à la médecine, elle constitue le médicament spagyrique,forma pollens,non materia, qui, en raison du départ de ses impuretés, s'est affranchi de tout ce qui pouvait exister en lui de vénéneux ou acre, et ne se compose que des parties essentielles, balsamiques, au dire de l'école ; qui, en outre, sous le rapport de sa forme médicatrice, laisse bien loin derrière lui les produits pharmaceutiques. »