Sou etsol sont les noms portés à la fois dans le langage courant et de façon officielle par différentesmonnaies, de compte ou de règlement, de l'Antiquité à nos jours. Le nom trouve son origine dans la corruption du mot latinsolidus.
Le mot sou est ancré dans de nombreuses expressions courantes de la langue française.
Face à la pénurie d'or, une nouvelle « stabilisation » (c'est ainsi que l'on appelle souvent lesdévaluations) va venir deCharlemagne : lesolidus ne désignera désormais plus un1⁄72e delivre romaine d'or, mais1⁄20e delivrecarolingienne d'argent. Il est lui-même divisé en 12deniers, qui, sauf rares exceptions (legros deSaint Louis), seront dans la pratique les seuls à circuler.
Le principe général de douzedeniers valant un sou et de vingt sous valant unelivre va se retrouver avec de nombreuses variantes en fonction de l'alliage utilisé et dubimétallisme or/argent parfois utilisé pour certainesfrappes. De fait, ce sont principalement les membres de la corporation deschangeurs qui étaient capables de s'y retrouver dans les équivalences et les nombreuses monnaies en cours en Europe à chaque époque et qui étaient donc incontournables pour de nombreuses opérations commerciales[3].
En France, la prononciationsou est définitivement actée auXVIIIe siècle[4]. Avant ladécimalisation en France (1795), de profondes réformes monétaires ont eu lieu : deniers etliards pouvaient s'exprimer en sous, dans le langage courant. Pour autant, le mot « sol » reste en vigueur, il marque officiellement les monnaies debronzerévolutionnaires et lesbillets.
Le dernier "sou" : pièce de 5 centimes français de 1939 (Ø réel : 19 mm).
Mille ans après la réforme monétaire carolingienne, quand lalivre tournois cède la place aufranc en 1795, sols/sous et deniers disparaissent des bourses. Toutefois, les Français continuent d'appelersou le vingtième dufranc. Ainsi, la pièce en bronze de 5 centimes pesant 5 grammes était-elle qualifiée de sou (sous la plume d'unHonoré de Balzac ou d'unVictor Hugo, par exemple), la « pièce de cent sous » faisant référence à lapièce en argent de cinq francs pesant 25 grammes[5] et que l'on appelait aussi « écu » (dansGerminal de Zola), par analogie avec l’ancien écu de 6 livres pesant environ 29 grammes. La dernière pièce de 5centimes, lointain souvenir hérité dufranc germinal, est démonétisée dans lesannées 1940, mais le mot sou continue d'être employé (sauf pour la pièce de 5 centimes denouveau franc de 1960 qui équivalait en fait à 5 anciens francs).
De rognage en dévaluation[6], l'antique sou d'or, puis d'argent, sera devenu une pièce debillon, decuivre, debronze avant de finir, frappé entre les dates de1914 et1939, sous forme d'une pièce percée de 5 centimes encupronickel puis enmaillechort ; elle est remplacée par des pièces de 10 centimesType Lindauer enzinc à partir de 1941 (la dernière pièce de 5 sous est la 5 centimes en zinc type Jespers de Belgique qui est démonétisée en 1957).
AuCanada, le mot « sou » est utilisé dans le langage courant pour dénommer la division dudollar canadien, dont le terme officiel est le cent :
Le cent est couramment appelé une « cenne » ou un « sou » tout comme la pièce de 25 cents est souvent appelée un « trente sous[7] » ; cette appellation de « sou » ou « trente sous » remonte à avant 1858. Il y a alors deux devises en circulation, le « penny » britannique et le « sou » utilisé par les francophones. Pour faciliter les échanges avec les populations d'origine française, les autorités britanniques décidèrent qu'undemi-penny équivaudrait désormais à un sou (exemple : la pièce de monnaie de 1837 « Province du Bas-Canada » : sur un côté de la pièce il est inscrit « 1/2 penny » et sur l'autre côté « un sou »).
La monnaie canadienne était sous le régime anglais, divisée comme suit :
12 pences font 1shilling et 5 shillings font unecouronne. Pour faciliter les échanges avec lesÉtats-Unis, les autorités britanniques décidèrent qu'une couronne vaudrait undollar américain (voir la pièce de monnaie britannique de 1804 deGeorge III), ainsi il y a 60 pences dans une couronne, multiplié par deux (1/2 penny vaut un sou) , on obtient le calcul suivant :
120 sous font cinq shillings ou une couronne ;
120 sous divisés par quatre égalent trente sous ;
un dollar divisé par quatre égale 25 cents. Ainsi, un dollar vaut une couronne et 25 cents valent trente sous. En 1858, le nouveau gouvernement canadien décide d'adopter le dollar, subdivisé en 100 cents comme celui des États-Unis, la population canadienne francophone a continué à appeler familièrement la pièce de 25 cents un « trente sous ». On entend aussi souvent dire « changer quatre trente sous pour unepiastre ». Cette expression signifie donc, changer pour quelque chose d'exactement identique.
Pièce luxembourgeoise de 1/8e de sol, cuivre, revers, 1775.
Leduché de Luxembourg émet des monnaies appelées sous ou « patards », en argent, à partir de 1615, d'une valeur de 1/20e deflorin, puis, entre 1775 et 1790, le duché émet des monnaies libellées en sols, en cuivre (1/8e et 1 sol), en billon (3 sols) et en argent (6 et 12 sols).
LesÉtats belgiques unis émettent, en 1790, des monnaies en argent d'une valeur de 10 sols (½ florin).
EnSuisse, une pièce de cent-sous désigne une pièce de cinqfrancs suisses et une pièce de quatre-sous désigne une pièce de vingt centimes suisses. Le motsou reste également dans le langage familier dans les termes« dix, vingt, ... sous ».
AuMaghreb, le termesolidus est resté pour designer le terme monnaie, bourse ou somme d'argent sous la formesordi (en arabeصردي), mais elle n'est pas utilisée pour les comptes de monnaies courantes (dinar,dirham,...), puisque c'est ledoro (دورو), le franc (فرنک) et leréal (ريال) qui sont utilisés au quotidien.
Utilisé pendant plus de 1000 ans, le termesou s'est ancré dans le langage et les expressions françaises[8]. Les sous, au pluriel, sont devenus synonyme d'argent.
« Une affaire de gros sous » pour parler d’une affaire dans laquelle sont manipulées d’importantes sommes d’argent.
« Être sans le sou », « ne pas avoir sou vaillant » signifient ne pas avoir d'argent.
« N'avoir ni sou ni maille », lamaille étant un demi-denier, le denier étant 1/12 de sou.
« Le sou du franc »,bakchich consenti à qui achète[9].
« Se faire des sous », c'est percevoir un salaire ou plus largement gagner de l'argent.
Quand on n'a « pas un sou en poche » ou « pas sous vaillant », on est désargenté.
« Pas ambigu pour un sou » : pasambigu du tout, sans aucun doute.
« Pas fier pour un sou » signifie être abordable, ne pas être vaniteux.
« Pas modeste pour un sou » signifie être prétentieux.
« Pas courageux pour un sou » signifie être pleutre.
« Pas vaillant pour un sou » selon le contexte signifie être peureux ou être fainéant.
Ne pas avoir « un sou vaillant », c'est ne pas avoir d'argent sur soi ou ailleurs.
« Pour un sou valant de tabac » signifie acheter du tabac au détail pour la valeur d'un sou.
« Ne pas valoir un sou, deux sous » signifie ne pas valoir grand chose.
« Je l'ai acheté trois francs six sous » signifie qu'on l'a acheté pour un prix dérisoire, pour signifier soit que c'est une très bonne affaire, soit que l'objet est vraiment de mauvaise qualité.
↑La permanence du sou permet de mesurer l'érosion monétaire sur une longue période : la richissime famille gallo-romaine qui se serait transmis 1 million d'aureus de la conquête de la Gaule à nos jours sans jamais les placer mais en modernisant l'apparence à chacune de ces quelque 65 générations se serait retrouvée avec 50 000 anciens francs français, puis 500 nouveaux francs français, puis 76,22 euros. Elle ne possèderait plus 8 tonnes d'or comme au temps de César mais pourrait à peine en acheter 8 grammes, bref son million de sous serait devenu un sou. Toutefois, l'érosion constatée n'est que de 0,68 % l'an en moyenne, il aurait suffi de placer la somme à ce taux pour ne rien perdre.[pertinence contestée]