Pour les autres navires du même nom, voirSoleil Royal.
| Soleil Royal | |
LeSoleil-Royal dessiné parMorel-Fatio pour l'Histoire de la Marine. | |
| Type | Vaisseau de ligne |
|---|---|
| Histoire | |
| A servi dans | |
| Chantier naval | Brest |
| Quille posée | |
| Lancement | |
| Armé | août 1670 |
| Équipage | |
| Équipage | 980 à 1 200 hommes |
| Caractéristiques techniques | |
| Longueur | 55 mètres |
| Maître-bau | 15,64 mètres |
| Tirant d'eau | 7,64 mètres |
| Déplacement | 1 630 tonne |
| Port en lourd | 2 450 tonneaux |
| Propulsion | voile |
| Caractéristiques militaires | |
| Armement | 98 puis 104 canons |
| Pavillon | Royaume de France |
| modifier | |
LeSoleil-Royal est unnavire de guerrefrançais, en service de 1669 à 1692. C'est unvaisseau de ligne depremier rang, portant 98 puis104 canons sur trois ponts. Il est le premier du nom, ainsi que levaisseau-amiral de laflotte du Ponant pendant laguerre de la Ligue d'Augsbourg. Il est brûlé à l'issue de labataille de la Hougue, le.
LeSoleil-Royal estconstruit de 1668 à 1670 àBrest par le maître charpentierLaurent Hubac. Il est tout d’abord appeléGrand-Henry (en souvenir d'Henri IV), puisRoyal-Soleil et enfinSoleil-Royal (référence àLouis XIV, le « Roi-Soleil »). La coque est lancée le ; elle fait164pieds et6pouces de long (de l'étrave à l'étambot),44 pieds6 pouces de large (sans bordages) et20 pieds de tirant d'eau. Son premier armement est de98canons (de 36, 18, 12, 8 et4 livres) sur ses trois ponts, sesgaillards et sa dunette. C’est unvaisseau depremier rang, doté comme leRoyal-Louis (construit àToulon), d’ungaillard d’avant ; seuls ces deux vaisseaux à l’époque disposaient de cette caractéristique sur ordre deLouis XIV. Cesvaisseaux-amiraux disposaient en outre comme autre marque distinctive de trois fanaux au sommet de leurpoupe et un sur le mât d’artimon. Autre caractéristique propre à ces vaisseaux, tous les canons à bord sont enbronze, et non enfonte.
Avec ses 2 500 tonneaux[1] et ses104 canons, sa coque noire, blanc, bleu et ventre-de-biche, coupée de listons d'or, c'est un bâtiment superbe. Avec les mantelets rouge vif de ses sabords et les éclatantes couleurs du bordé, il est décoré avec magnificence. Les peintresFrançois Verdier,Claude Audran II,Gabriel Revel etFrançois Bonnemer ont participé aux décors du navire.Coysevox a taillé lui-même dans le cœur de chêne les figures de la poupe et de la proue, une sirène tenant à la main un globe terrestre. Les ornements de l'arrière sont sculptés par Puget[2]. Cette magnificence sur un vaisseau de guerre peut surprendre. Elle ne doit cependant rien au hasard. Le navire, par la combinaison de ses canons et la richesse de son décor doit illustrer toute la puissance de Louis XIV, le « Roi Soleil », alors en pleine gloire.

Le vaisseau n'est pas utilisé comme navire-amiral pendant laguerre de Hollande (1672-1678) ; lecomte d'Estrées,vice-amiral duPonant, met sa marque sur leSaint-Philippe (de78 canons) lors de labataille de Solebay (1672).Duquesne le monte cependant en 1671 duConquet aucap Finisterre[2]. Le vaisseau estradoubé en 1686, avant d'être réarmé en 1688 au début de laguerre de la Ligue d'Augsbourg avec104 canons de tous calibres. Il porte la marque ducomte de Tourville, le nouveauvice-amiral de laflotte du Ponant.
À la tête d'une escadre de75vaisseaux, avec leSoleil-Royal au centre de laligne de bataille, lecomte de Tourville est vainqueur des flottes anglaise et hollandaise, commandées parLord Torrington etCornelis Evertsen, à labataille du cap Béveziers le. Temporairement, la flotte française est maîtresse de laManche.
Une nouvelle opération destinée à débarquer enAngleterre est décidée en 1692. Mais le, labataille de la Hougue, menée contre des forces très supérieures, oblige levice-amiral de Tourville à rompre le combat. Le combat a été particulièrement acharné : sur les973 hommes d'équipage, 500 sont hors de combat, et le lendemain, à8 h du matin, il n'est plus qu'à une lieue de la meute des vaisseaux ennemis qui le poursuivent[2]. Larade de Cherbourg n'étant pas encore protégée et défendue par des forts, Tourville décide de mettre le cap à l'ouest pour rallierBrest ouSaint-Malo. Hélas au passage du cap de laHague auRaz Blanchard, lecourant de marée se retourne et tandis qu'une partie de sa flotte parvient à filer vers lesîles Anglo-Normandes, une quinzaine de vaisseaux, dont lenavire amiral est ramenée par le courant versCherbourg et la flotte anglo-hollandaise. Tourville décide devirer lof pour lof et d'aller abriter ce qu'il reste de sa flotte derrière la pointe de La Hougue où se trouvent quelques batteries qui pourraient protéger ses navires.

Dans la nuit du, leSoleil-Royal est si endommagé que Tourville est contraint de l'abandonner au commandement de son capitaine,Charles Desnos, pour passer sur l’Ambitieux et partir versSaint-Vaast-la-Hougue. LeSoleil-Royal, ne pouvant doubler lapointe de Fermanville, se retrouve isolé avec l’Admirable et leTriomphant devant Cherbourg, et des navires ennemis qui, le serrant de près, se préparaient à le couler[3]. Il s'échoue au soir du 30 sur la pointe du Hommet (aujourd'hui à l'emplacement de l'arsenal de Cherbourg).
Lechevalier de Rantot,corsaire etcontrebandier originaire de la région deBeaumont, saute dans une chaloupe, se fait hisser à bord duSoleil-Royal et donne l’ordre d'en couper la mâture. Il réussit ainsi à le rapprocher de la terre d’environ ½ quart de lieue, non sans avoir tiré cinq coups de canon de la batterie d’en bas contre les vaisseaux anglais qui le poursuivaient[3]. Le, leSoleil-Royal résiste encore aux17 vaisseaux anglais qui l'attaquent et met à mal celui du contre-amiralDelaval[2].
Le chevalier de Rantot voulait conduireSoleil-Royal dans la fosse du Galet où il aurait été à l’abri des brûlots. Mais les officiers du vaisseau s’y opposent[3]. Le, la mâture fracassée, il est jeté à la côte. Le, la flotte anglaise l'attaque, ainsi que les deux autres vaisseaux échoués. Unbrûlot, le troisième lancé contre lui, l'accroche sur lapoupe[note 1].LeSoleil-Royal s'embrase et saute alors qu'il tire encore. L'explosion éparpille devant Cherbourg tout ce qui survit de l'équipage. On ne compte qu'un seul survivant. Les deux autres vaisseaux se sabordent, leurs équipages sont évacués avec des chaloupes, et ce qui reste est incendié par les Anglais.[réf. nécessaire]
La bataille donne lieu à l'édition d'une foule de gravures en Angleterre et en Hollande, et de nombreux tableaux rendent compte de l'évènement. Une médaille est éditée auxProvinces-Unies, montrant symboliquement les flûtes hollandaises arrêtant le Soleil péniblement poussé parColbert[2], une propagande antifrançaise qu'il faut replacer dans le cadre de l'époque : cette défaite est la première des armées deLouis XIV. Elle intervient dans un contexte de guerre européenne générale où les troupes terrestres des coalisés sont incapables de l'emporter et essuient de lourdes défaites dans les Flandres. Cette victoire est donc particulièrement mise en valeur par les Anglo-Néerlandais, d'autant qu'elle intervient sur mer, c'est-à-dire dans un domaine considéré comme essentiel pour la sécurité et la prospérité des deux puissances navales.
Le nom deSoleil-Royal est perpétué dans laMarine royale : ledeuxième vaisseau portant ce nom est lancé en 1693 et letroisième exemplaire en 1749.
Sur les autres projets Wikimedia :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
| Vice-amiraux (1669-1792) |
| |
|---|---|---|
| Navires amiraux | ||