Leski acrobatique, ouski freestyle ou encorefreeski, est un ensemble de disciplines artistiques de la famille duski alpin et qui se pratiquent dans un contexte de loisirs ou de compétition.
Le ski acrobatique (Freestyle Skiing en anglais) est un terme apparu à la fin des années 1970 pour regrouper les disciplines duski de bosses, dusaut acrobatique et duballet à ski relevant toutes trois de laFédération internationale de ski[1]. À la fin des années 1990, elles sont complétées par de nouvelles disciplines qui font leur apparition sous l'appellation « ski freestyle » (en français : « figures libres[2],[3] »,« on fait ce que l'on veut »[4]) : leslopestyle, leskicross, lehalf pipe et leBig Air[1] et qui sont déclinées en versionsnowboard. Elles sont également intégrées dans la Fédération internationale de ski dans les années 2000.
Enfin, de nombreuses écoles de ski (Freeski Academy, etc) proposent de nouvelles pratiques de ski se développant également en hors-piste et en snowpark, regroupées sous le terme « freeski »[5] et qui se décline en deux sous-catégories : d'une part, le skifreeride où la seule contrainte est celle du terrain, et d'autre part le ski freestyle.
Le terme « Ski acrobatique » est privilégié par leComité international olympique[6] pour désigner toutes les disciplines olympiques depuis son introduction au programme olympique en 1988. Au programme olympique de 1988, le ski acrobatique comprend trois disciplines : leski de bosses, lesaut acrobatique et leballet à ski (ou acroski). Dans les années 2000, après le retrait du ballet à ski, de nouvelles disciplines font leur apparition dans le programme olympique : leslopestyle, leskicross, lehalf pipe, puis, en 2022, lebig air. Toutes sont issues de ce que le CIO nomme sur son site officiel « ski acrobatique » pour les disciplines historiques (ski de bosses, saut acrobatique) et « ski acrobatique freeski » pour les disciplines plus récentes (slopestyle, etc.). Pour autant, lors des épreuves desJeux olympiques d'hiver de 2022, les panneaux d'affichage officiels désignent l’épreuve de bosses par les termesFreestyle Skiing - Moguls - Start List (Ski Freestyle - Bosses - Liste de départ) et le saut acrobatique par les termesFreestyle Skiing - Mixed Team Aerials - Start List (Ski Freestyle - Saut acrobatique mixte par équipes - Liste de départ)[7].
Après deux apparitions aux olympiades de1988 et1992 en tant que sport de démonstration, leski ballet n'est plus programmé aux Jeux olympiques par la suite. Le programme olympique est désormais composé de six disciplines.
LaFédération internationale de ski privilégie de nos jours les termes de « Ski freestyle »[11] à ceux de « Ski acrobatique » pour désigner ce sport. Elle organise leschampionnats du monde qui se sont appelés en français tour à tour « championnats du monde de ski acrobatique et artistique » lors de sapremière édition à Tignes, « championnats du monde de ski acrobatique » dans les années 1990 et 2000, prend la dénomination « championnats du monde de ski acrobatique et snowboard » et « championnats du monde de ski freestyle et snowboard » alternativement, et enfin est adopté dernièrement la dénomination « Championnats du Monde FIS de freestyle, freeski et snowboard » depuis les années 2010 à la suite de l'intégration des nouvelles disciplines et le regroupement avec les épreuves desnowboard.
Les fédérations nationales n'ont pas uniformisé les termes. Lafédération française de ski utilise le terme « Ski freestyle »[13] pour toutes ces disciplines, sauf l'équipe de France olympique qui continue d'utiliser le terme « Ski acrobatique »[14] à l'instar du CIO. La fédération suisse continue de privilégier les termes de « Freeski et Freestyle »[15]. Au Canada, la dénomination « Ski Freestyle » est également largement répandue tandis que le Québec privilégie celle de « Ski acrobatique »[16].
Leballet(ou acroski) est une ancienne discipline disparue en2000. Prenant place dès la première saison de laCoupe du monde en1980 et jusqu'en1998, ses dernières épreuves, ne comptant pour aucun classement officiel, se déroulent lors de la saison1999-2000. La discipline est également présente lors deschampionnats du monde de1986 à1999 inclus.
Terminologie en dehors des organisations sportives
Les termes peuvent également être employés comme outils de marketing et vecteurs publicitaires au profit de l'industrie du ski[17], semant parfois la confusion sur le terme à adopter. Il est communément admis que le« freeski » est un terme regroupant la pratique du ski freestyle (avec un parcours créé artificiellement) et du ski freeride (avec un parcours libre comportant une pente naturelle parsemée de barres rocheuses)[18]. On le trouve aussi employé comme terme générique pour désigner les disciplines freestyle exclusivement.
Terminologie du freeski en dehors des instances sportives
Terme général
Terme de la discipline
Définition de la discipline
Freeski
Ski freestyle
pratique acrobatique non chronométrée sur des pistes aménagées en snowpark pour exécuter des figures sur des modules naturels en neige ou artificiels comme des rails ou des boxes et dont les disciplines sont leslopestyle, lehalf-pipe, leski cross et leBig Air.
Ski freeride
pratique hors piste sur parcours libre non chronométré comportant une pente naturelle parsemée de barres rocheuses amenant le skieur à choisir l'itinéraire avec la présence de juges pour noter sur cinq critères : la ligne, la fluidité, le contrôle, les sauts et figures (air and style) ainsi que la technique.
Ski freestyle backcountry
pratique acrobatique dans des espaces vierges hors-piste associant le freeride et le freestyle. Le skieur réalise des figures sur un parcours libre non chronométré parsemé de barres rocheuses et d'obstacles naturels ou artificiels construits à la pelle (tremplins, etc).
Par conséquent, la terminologie employée ne fait toujours pas consensus entre les différentes organisations sportives. Pour certains observateurs[19], le terme ski acrobatique est désormaisdésuet. SelonSacha Theocharis, athlète de haut niveau en ski de bosses,« les sauts deviennent bien plus freestyle avec de plus en plus de tours et degrabs »[20].
Dans les années 1920, l'allemand Fritz Rauel invente des figures à ski à l'image de celles du patinage artistique et qui préfigurent le ballet. Il publie en1929 un recueil desnouvelles possibilités du ski, où ces techniques sont décrites et illustrées[21].
Ce n'est qu'à partir des années 1960 que cette forme de ski prend un véritable élan : d'une part sur le continentnord-américain où des spectacles (exhibitions) sont organisés avec épreuves de saut et de bosses et d'autre part sur le continenteuropéen où des skieurs codifient et mettent en place de véritables compétitions. L'une des premières disciplines à l'origine du ski acrobatique est le« ski hot dog »[22], né aux États-Unis dans les années 1970. Pour amuser le public, les skieurs réalisent des acrobaties en utilisant les bosses des pistes de ski et simulent des chutes toujours plus spectaculaires[23]. Cette pratique marque la naissance d'un véritable sport qui deviendra le ski de bosses. Au Canada, le ski acrobatique organisé naît en 1974 avec la création de l'Association canadienne des skieurs acrobatiques[24].
LaCoupe du monde est créée en 1976 puis, trois ans plus tard en 1979, laFIS intègre ces compétitions dans son programme. En 1985, la FIS décide de créer leschampionnats du monde avec la première édition àTignes en 1986.
Après avoir été sport de démonstration auxJeux olympiques d'hiver de 1988 àCalgary, six de ses disciplines sont finalement admises au programme olympique à partir de 1992 : l'épreuve des bosses en 1992, le saut acrobatique en 1994, le skicross en 2010, le slopestyle et le half-pipe en 2014 et le big air en 2022. Chaque compétition est disputée individuellement et par équipes mixtes seulement pour le saut en 2022.
Finale du concours olympique de saut acrobatique en 2010.
Malgré leur caractère historique, les disciplines du ski acrobatique n'ont pas toujours été immédiatement reconnues par les fédérations et instances internationales, ainsi la Fédération internationale de ski a progressivement procédé à leur intégration en programmant des compétitions et en les proposant ensuite au Comité international olympique. Aujourd'hui, six d'entre elles sont programmées officiellement aux Jeux olympiques d'hiver : leski de bosses depuis 1992, lesaut acrobatique depuis 1994, puis les nouvelles disciplines de ski freestyle avec leskicross en 2010, lehalf-pipe et leslopestyle en 2014 et lebig air en 2022. Le ski de ballet fut sport de démonstration en 1988 et 1992. Quant aux ski freeride et ski freestyle backcountry, ils disposent de compétitions internationales à part et préfèrent philosophiquement ne pas participer à des compétitions du circuit officiel[25]. Ils font souvent l'objet d'une médiatisation particulière et d'un partenariat avec l'industrie du ski et de grandes marques de produits alimentaires.
Leski de bosses est une disciplineolympique depuis 1992. L'épreuve se déroule sur une piste d'une longueur de250 mètres, de24 à 30 degrés de pente (28 degrés pour la piste desJeux olympiques d'hiver de 2022), recouverte de bosses de1 mètre de hauteur et larges de40 centimètres. La piste comprend aussi deux tremplins placés aux 1/3 et 2/3, sur lesquels le skieur effectue un saut acrobatique. Un jury attribue aux compétiteurs une note qui est le résultat d'une addition de points sanctionnant la vitesse (20 % de la note), la technique d'exécution (60 %) et les deux sauts acrobatiques (20 %). Après deux runs (manches) de qualification, la finale est disputée sur trois runs. Le ski de bosses en parallèle est une discipline qui présente les mêmes caractéristiques que la précédente mais se dispute en duel.
Épreuve de saut acrobatique.
Lesaut acrobatique est une disciplineolympique depuis 1992, qui demande de grandes qualités gymniques. Après s'être élancé à ski sur l'un des tremplins enneigés (pente de67 degrés) de trois à quatre mètres de hauteur, à plus de10 mètres de haut, le sauteur exécute des rotations aériennes avec un ou plusieurs sauts périlleux et des vrilles. Il est noté par un jury selon des critères précis : l'amplitude et la forme du saut et la qualité de la réception. Les points sont multipliés par un coefficient en fonction de la difficulté du saut prévu. Le sauteur doit effectuer deux sauts. Le saut acrobatique se distingue par la nature du saut, plus en hauteur, comparé au big air dont le saut se fait sur la longueur.
Epreuve de skicross.
Leskicross est une disciplineolympique depuis 2010. Le skicross, qui conjugue vitesse et sauts, consiste en une course de quatre skieurs le long d'un parcours d'environ600 mètres et de 33 % d'inclinaison et agrémenté de divers obstacles comme les bosses, les courbes relevées et les tremplins. Seuls les deux premiers de chaque descente sont qualifiés pour la manche suivante. Les courses continuent ainsi jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que quatre skieurs en lice. L'avant-dernière course constitue la petite finale pour attribuer les places 5 à 8. La finale oppose les quatre meilleurs skieurs.
Epreuve de Half-pipe.
Lehalf-pipe est une disciplineolympique depuis 2014. Les skieurs effectuent une série de sauts et de figures sur une structure neigeuse se présentant sous la forme d'un « U ». Ils sont jugés sur la difficulté, l'exécution, l'amplitude des figures et des sauts. Après deux manches de qualification, la finale est disputée sur trois manches et la meilleure note est retenue.
Épreuve de slopestyle.
Leslopestyle est une disciplineolympique depuis 2014. Il consiste à effectuer à ski des sauts à partir de différentes structures en neige ou en métal appeléesmodules, puis d'accomplir en l'air des figures, ditestricks, que l'ongrab (attraper, saisir les skis de différentes manières pendant le vol) avant dereplaquer, c'est-à-dire retomber sur les skis en marche avant ou arrière (fakie ou switch) (voir tricks). Ces figures sont notées par des juges, notamment le style, la qualité, la difficulté et la variété. Après deux manches de qualification, les finalistes s'affrontent sur trois manches.
Épreuve de Big air.
LeBig air est une disciplineolympique en 2022, validée par laFédération internationale de ski. Le saut est jugé sur l'amplitude, la difficulté, la créativité et l'exécution. La note tient compte également de la qualité de la réception. Les qualifications se déroulent sur deux sauts et la finale sur trois. Big Air désigne également le tremplin en neige utilisé pour cette discipline.
Leballet à ski (ou acroski) est une ancienne discipline où le skieur effectue des figures sur un thème musical sur une piste de30 mètres de largeur,200 mètres de longueur, en pente de 11 à16 degrés. Cette discipline n'est plus présente aux championnats du monde de ski acrobatique depuis 1999. Bien que le ballet ait été un sport de démonstration auxJeux olympiques en 1988 et 1992, la Fédération internationale de ski n'a plus organisé de compétition officielle de cette discipline après l'an 2000[21].
Disciplines indépendantes des instances officielles
La discipline du ski freestyle backcountry nécessite une connaissance duhors-piste[26] à laquelle il faut ajouter des compétences acrobatiques. Elle diffère des précédentes par une pratique dans des espaces vierges hors-piste. Le skieur réalise des figures acrobatiques (rotation inversée,grab, etc) à partir d'obstacles naturels rencontrés sur le terrain : souches, blocs rocheux voire barres rocheuses, séracs, ou artificiels tels que tremplins façonnés à la pelle (kickers), paravalanches, etc. Cette discipline est organisée de manière à atterrir dans la neige poudreuse afin de limiter les risques de blessure.
En 2014, s'est tenue laSkiers Cup 2014 Backcountry Slopestyle àZermatt au cours de laquelle se sont affrontés desriders européens et nord-américains. En 2015, la station desArcs a accueilli laRB Freestyle Ski Backcountry Competition. En 2016, c'est au tour de la station deTignes de recevoir leRB Linecatcher, compétition consacrée notamment au Freestyle Backcountry. En février 2019, s'est déroulé leFreestyle Backcountry Contest àGourette dans les Pyrénées.
Cette discipline utilise, comme modules, les éléments du mobilier urbain desstations de ski ou de villages de montagne, comme les rampes d'escaliers ou les toits sur le même principe desrails ou certains tremplins en snowpark. Spectaculaire, elle fait l'objet de tournages (clips, etc.) qui mettent en scène l'élite du ski freestyle[27]. Une variante, appelée ski freestylejib[28], se pratique sur tous les obstacles non constitués de neige.
Des manifestations de vulgarisation du ski freestyle urbain peuvent également être organisées au cœur des villes (stades, esplanades) avec l'aménagement de structures temporaires reproduisant les conditions d'un snowpark[29],[30].
leschampionnats du monde, organisés par laFédération internationale de ski, sont un événement sportif international organisé tous les deux ans depuis1986. Ils se nomment désormais « championnats du Monde FIS de freestyle, freeski et snowboard » ;
Half-pipe aux Winter X-Games.Martin Rulsh (skieur freestyle professionnel) au Winter Youth Olympics sautant à ski en faisant une figure en l'air.
Le slopestyle, le half-pipe et le big air sont des disciplines courues auxX Games organisés par leréseau de télévisionESPN, équivalents des Jeux olympiques pour les sports extrêmes jusqu'à leur admission aux Jeux, en ski et en snowboard. Le half-pipe est appeléSuperPipe car le module est beaucoup plus gros qu'à l'habitude, notamment aux Jeux olympiques.
Les épreuves de cross ne sont plus présentes aux X Games depuis 2012. Auparavant, le boardercross s'appelaitSkier X (prononcer Skieur Cross) pour les skieurs etSnowboarder X (prononcer Snowboarder Cross) pour les snowboarders.
L'équipement de base se compose d'une paire de skis à double spatuletwin-tips (une à l'avant, une à l'arrière), ce qui permet d'évoluer également vers l'arrière, d'un doublerocker (outre les spatules, l'avant et arrière du ski sont légèrement relevés). Ces skis sont généralement plus légers, plus flexibles, plus courts que la moyenne et paraboliques. Les premiers modèles double spatule sont apparus à la fin des années 1990. La plupart des marques de skis développent aujourd'hui une gamme de skis entièrement destinée au freestyle[32].
Conseillé pour le ski alpin, le port ducasque se révèle indispensable pour la pratique du ski freestyle en raison des réceptions ratées, fréquentes dans cette discipline.
Les chutes pouvant être violentes, le port de lunettes de soleil est à proscrire, car les verres pourraient se briser et entraîner de graves lésions oculaires. Il est plutôt conseillé de porter un masque, accessoire de protection mais aussi vecteur publicitaire à vocation esthétique qui participe à l'image du freestyleur.
Enfin, pour la pratique des barres de slide (rails) notamment, le port d'une protection dorsale est recommandé.
Les professionnels du ski freestyle s'entraînent sur des trampolines, sur des « rampes d'eau »[33](tremplins donnant sur une piscine ou un lac) ou des airbags afin de garantir une totale sécurité. La structure est construite en bois avec des tapis plastique permettant une excellente glisse. L'atterrissage se fait en douceur dans l'eau, parfois à bulles[34].
Freestyler ou« rider » évoluant sur une barre de slide.
Figure de ski freestyle diteMute Grab (saisie d'un ski (Grab) à l'avant de la fixation avec la main opposée (Mute) au ski saisi).
Un vocabulaire spécifique au ski freestyle est utilisé pour décrire les sauts et figures pour l'ensemble des disciplines[36] sauf le skicross et le saut acrobatique :
Les compétitions de freestyle sont régulièrement l'objet de controverses. En effet, avec l'expérience duski de bosses qui se sclérosa dans les années 1990 à cause de son système de notation strict ne laissant que peu de liberté aux skieurs sur les figures, des voix se sont élevées contre les compétitions de freestyle afin qu'elles ne connaissent pas le même sort.
Un compromis semble avoir été atteint aujourd'hui avec un système de notation accordant une large place à des critères volontairement subjectifs, comme l'esthétique générale du rideur, notamment.
Globalement, le regroupement de sports extrêmes auxX Games contribue à conserver l'esprit d'ouverture et de spectacle du freestyle : de telles compétitions sont aujourd'hui surtout un grand spectacle visuel dans lequel le podium n'a qu'un intérêt secondaire.
↑Championnats du monde de ski slopestyle, Aspen (États-Unis), Rafaël Regazzoni arbitre international de ski freestyle et consultant pour l'Équipe, 14 mars 2021