La qualité du sirop d'érable produit change à mesure que la saison avance, d'un sirop doré au goût délicat à un sirop très foncé au goût prononcé. Des études démontrent que ce changement dequalité est dû à la quantité debactéries qui augmente au fil de la saison.
Le sirop d'érable est récolté dans lesforêts du nord-est de l'Amérique du Nord, particulièrement auQuébec (trois quarts de la production mondiale et 95 % de la production canadienne). Il se vend aujourd'hui partout dans le monde, en particulier auJapon[1].
La méthode de transformation de l'eau d'érable en sirop était déjà connue et maîtrisée par lespopulations autochtones du Canada lors de l'arrivée desEuropéens. On s'en servait en particulier commealiment tonique, au printemps. De nombreuses légendes autochtones mettent en scène la découverte du sirop d'érable par les Amérindiens en observant des animaux gourmands qui consomment ce liquide sucré[2] :« des chiens en proie à la gourmandise se seraient bousculés autour d'une branche cassée pour lécher le délicieux liquide, tandis qu'un écureuil assoiffé se serait attaché à l'arbre comme un bébé au sein de sa mère[3] ».
Aujourd'hui, la consommation de sirop d'érable est généralisée au Québec et en Ontario où le sirop est parfois consommé au quotidien, se vendant à un prix relativement peu élevé. Le sirop d'érable est aussi populaire dans des pays comme leJapon ou l’Allemagne en tant qu'aliment exotique rare. AuCanada et auxÉtats-Unis, le sirop peut être remplacé par le « sirop de table », de prix moins élevé, contenant dusirop de maïs et des arômes artificiels. Au Québec, on appelle péjorativement « sirop de poteau » le sirop de maïs ou tout autre type de sirop sucré considéré comme étant inférieur au sirop d’érable.
Pour évaluer les caractéristiques organoleptiques de l'érable, une "Roue des flaveurs de l'érable" a été créée par Agriculture et Agroalimentaire Canada[4].
L'eau d'érable est majoritairement produite au Canada et sa transformation en sirop également — 78 % de la récolte mondiale[6] — particulièrement auQuébec (74 % de la production mondiale, 95 % de la production canadienne)[7], avec une plus faible production en Ontario et auNouveau-Brunswick[8]. Il est aussi produit dans certains États desÉtats-Unis d'Amérique, notamment auVermont, dans l'État deNew York, auMassachusetts, auNew Hampshire, auConnecticut, auMaine, et enPennsylvanie. Le climat caractéristique de ces régions à la fin de l’hiver est un facteur déterminant de la production de sirop d’érable.
Récolte aux États-Unis, où la méthode est très semblable à celle du Québec.Seaux pour la récolte traditionnelle de l'eau d'érable.
Lesacériculteurs collectent l'eau d'érable essentiellement à la fin de l'hiver ou au début du printemps, suivant les régions, lorsque les nuits de gel sont suivies par des jours de dégel (température diurne positive, journée idéalement ensoleillée, et température nocturne négative) — on appelle cette période la « saison des sucres » ou le « temps des sucres » au Québec[9]. Une entaille (dans la version traditionnelle) permet de récupérer l'eau d'érable, liquide qui contient environ 2 % à 3 % de sucre. Ce sucre (essentiellement dusaccharose)[10] provient de la transformation printanière de l'amidon stocké dans lesracines de l'arbre, sous l'action d'uneenzyme (amylase), dès que la température des racines atteint au moins1 °C. Au printemps, il monte sous l’écorce, à travers lexylème, dans la totalité de l'arbre afin de fournir l'énergie suffisante pour relancer son métabolisme.
L'eau d'érable (ousève brute) est différente de lasève élaborée. Cette dernière, chargée de molécules organiques complexes provenant de laphotosynthèse, n'est transportée depuis les feuilles vers les racines que lorsque le métabolisme de l'arbre est relancé. L'arrivée de la sève élaborée et de son goût amer marque la fin de la récolte d'eau d'érable[11].
La méthode traditionnelle de récolte au moyen de seaux tend à disparaitre de plus en plus, au profit de l'installation permanente d'un système de tubulures reliées à une ou des pompes à basse pression, ce qui évite une manipulation couteuse en temps et en efforts et augmente la production par arbre de plus de 50%[12]
C'est uniquement après l'évaporation que l'eau devient plus consistante et donne naissance au sirop d'érable. Il faut entre 35 et40 litres d'eau d'érable pour obtenir un litre de sirop. Le bouillage se fait dans un évaporateur (souvent appeléchampion) chauffé traditionnellement au bois, mais dans certaines installations modernes au mazout ou à l'électricité. Dans la pratique industrielle, la technique de l'osmose inverse permet une première étape de concentration pour une dépense énergétique moindre.
Le sirop d'érable est ensuite classé par teinte : d'extra clair à foncé. Plus le sirop est clair, meilleure est la classe, mais moins le goût est prononcé. Le sirop le plus fin est fabriqué en mi-saison. Pendant longtemps, la préférence est allée vers un sirop d'érable qui soit le plus clair possible. Jusqu'auXVIIIe siècle, le sirop d'érable était principalement consommé directement par les producteurs ou par leurs proches. À l'époque, il était pour ces personnes plus difficile et plus cher d'obtenir du sucre de canne que du sirop d'érable. On cherchait à obtenir unsucre d'érable qui se rapproche le plus possible du sucre de canne. Aujourd'hui, certains reviennent à des sirops plus colorés car ils ont un goût plus prononcé.
Les différentes qualités de sirop et d'eau d'érable influent sur le processus, généralement réalisé à lacabane à sucre.
Depuis 2020 lesacériculteurs classent le sirop d'érable en utilisant une nouvelle méthode. L'association des Producteurs et productrices acéricoles du Québec a changé la méthode de classement pour la rendre moins péjorative. L’entièreté de la catégorie est maintenant de classe A et est déclinée en 4 variantes[réf. nécessaire] :
Doré, goût délicat
Ambré, goût riche
Foncé, goût robuste
Très foncé, goût prononcé.
Il existe au Canada, une classification en cinq niveaux, qui correspondent à cinq niveaux de transparence[13] :
1 : Extra clair
La luminosité est supérieure à 75%, jusqu'à 80-82%, ce qui signifie dépourvu de bactéries. Sa saveur est ultra subtile et son usage est pur.
2 : Clair
La luminosité est entre 61 et 74%. Sa saveur est délicate et son usage est pur.
3 : Médium
La luminosité est entre 44 et 60%. Sa saveur est marquée et son usage est pour une sauce ou pour laquer une viande.
4 : Ambré
La luminosité est soutenue et son usage est idéal pour les gâteaux.
5 : Foncé
La luminosité est inférieur à 27%. Sa saveur est un peu brutale,il est riche en minéraux, et son usage est bon pour la confiserie.
Le sirop d'érable est issu d'une transformation alimentaire (concentration par évaporation) ne faisant appel à aucun additif. Pour le commerce, le sirop d'érable peut également obtenir la certification qu'il est produit selon le cahier des charges de l'agriculture biologique. Les normes attachées à cette certification de production agricole visent l’aménagement de l’érablière, la diversité végétale, la fertilisation éventuelle, le contrôle des ravageurs, l’entaillage, la collecte et la transformation de l’eau d’érable. Par ailleurs, le procédé d'osmose inverse est autorisé pour le sirop d'érable biologique. Toutefois, seules les membranes de type osmose inverse et nanofiltration (ultraosmose) sont autorisées (Cf.CAN/CGSB-32.310-2015 - Remplace CAN/CGSB-32.310-2006 - Modifiée en - 7.2.12.3 Osmoseur et membranes).
Les normes font l'objet d’un cahier des normes, respectées par lesacériculteurs (agriculteurs spécialisés dans la culture de l'érable) et contrôlées de manière indépendante. Selon les sources, plus d'un quart (1/4) du sirop d’érable produit au Québec est certifié biologique[14],[15].
Des microbes sont également présents qui donnent cette sève unique[16].
Étalage d'aliments à base de sirop d'érable àOttawa.
Plus on réduit par évaporation le sirop, plus on obtient un produit consistant.
Latire d'érable est constituée de sirop, chauffé jusqu'à avoir une consistance beaucoup plus ferme. Traditionnellement, on la dépose chaude sur de la neige, qui la fait refroidir, pour la déguster molle enroulée autour d'un bâton. Une fois refroidie, beaucoup plus dense, elle se vend aussi en pot et se mange à la cuillère.
Lebeurre d'érable, sorte de fondant qui peut être utilisé commepâte à tartiner. Le beurre d'érable ne contient pas de matière grasse, seulement du sucre.
Le sucre mou, moulé en pains, coulé en cornets ou en bonbons.
Le sucre dur (appelésucre d'érable), aussi moulé en pains ou en bonbons.
L'acerum est une eau-de-vie faite au Québec à partir de sirop d'érable du Québec ou d'eau d'érable concentrée.
Le sirop d'érable comporte despolyphénols et affiche une valeurORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity) comparable à celle de fruits et légumes courants de notre alimentation, tel le brocoli[note 1]. Il faut noter que l'USDA ne considère plus les valeurs ORAC comme ayant une valeur scientifique[19]. L'eau d'érable et le sirop d'érable contiennent également d'importantes quantités deterpènes, et plus particulièrement d'acide abscissique. Cet acide est reconnu, entre autres, pour stimuler le relâchement de l'insuline par les cellules pancréatiques et accroître la sensibilité des cellules adipeuses à l'insuline, ce qui lui confère des propriétés thérapeutiques contre lesyndrome métabolique et lediabète[20].
Le sirop d'érable du Canada renferme plus de 20 composés antioxydants selon des travaux du chercheur américain Navindra Seeram de l'Université de Rhode Island[21].
Une étude menée par des chercheurs de l'Université McGill en 2015 a montré qu'un concentré de sirop d'érable rend les bactéries plus vulnérables aux antibiotiques. Selon les chercheurs, cette découverte pourrait permettre d'atténuer les problèmes d'antibiorésistance et de réduire la quantité d'antibiotiques administrée à un patient[22],[23].
Une équipe de chercheurs de l'Université Laval a démontré des propriétés anti-inflammatoires d'une molécule présente dans le sirop d'érable, lequébécol[24]. Cette molécule, ainsi que d'autres molécules dérivées, pourrait permettre un nouveau traitement pour l'arthrite ainsi que d'autres maladies inflammatoires. Les chercheurs ont été capables de synthétiser le québécol en laboratoire, ainsi que ses molécules dérivées.
La principale utilisation du sirop d’érable consiste à en verser sur descrêpes, desgaufres, dupain doré.
À la place des fruits dans leyogourt nature pour en rehausser le goût. Il est aussi souvent ajouté aux céréales pour la même raison.
On le mélange à lacrème glacée, au parfum de vanille, nature ou chocolat, sous forme de sirop ou encore de brisures de pain desucre d’érable, sa forme cristallisée, pour une texture plus croustillante.
Des vins apéritifs, mousseux ou plats sont fabriqués par fermentation du sirop d’érable pur ou macéré avec d’autres herbes, plantes ou jus de fruits. Unedistillation subséquente permet d’obtenir desliqueurs apéritives ou digestives, à des degrés divers de concentrationéthylique. Des cuisines plustendance, des pâtisseries également, usent judicieusement des divers alcools d’érable en finition ou en composition d’unmets, pour cuire, déglacer, flamber.
On l’utilise dans plusieurs recettes, dont celle des « fèves au lard » qui consiste à les faire longuement cuire au four à feu doux dans la graisse de porc avecbouquet garni et à les servir toujours chaudes nappées de sirop dans un mélange sucré-salé. Ce plat québécois a traditionnellement utilisé lagourgane pour sa taille et sa richesse nutritive, mais toute autrefève cultivée localement remplissait bien cet office.
On badigeonne de sirop d’érable certaines viandes, dont le porc, lejambon ou les côtes levées avant de les cuire. Sa saveur particulière (douce et vanillée en début de saison, caramélisée en fin de saison, en lien avec lesréactions de Maillard)[25], son goût sucré et ses arômes naturels pénètrent la viande et il caramélise la surface des morceaux de vianderôtis à laquelle il donne unglaçage brillant.
Des cristaux desaccharose peuvent précipiter dans le sirop. Ce phénomène s'explique par un déséquilibre entre la quantité de sucre et d'eau contenue dans le sirop. Pour y remédier, il suffit de chauffer le sirop aubain-marie jusqu'à ce que les cristaux soient dissous.
Lorsqu'on profite de la saison des sucres pour faire provision de sirop d'érable, celui-ci peut être conservé au réfrigérateur ou au congélateur jusqu'au printemps. Une foislaboîte de conserve[pas clair] ouverte, le contenu peut être transféré dans un récipient muni d'un couvercle hermétique.
D'éventuelles pellicules blanchâtres (moisissures) peuvent se développer à la surface ; on les supprime en passant le sirop à travers uncoton à fromage et en l'amenant à ébullition ; il est ensuite nécessaire de consommer rapidement le sirop.
Lors de l'ébullition de l'eau d'érable, si celle-cis'emporte[pas clair] et menace de déborder, comme le fait parfois le sucre chauffé, il suffit d'y ajouter une faible quantité de corps gras, comme de la crème ou du beurre.
↑Le Japon est le principal importateur hors d'Amérique du NordFédération des producteurs acéricoles du Québec,Dossier économique. Statistiques acéricoles. 2014,(lire en ligne)
↑Vincent Moriniaux,Un sirop au goût amer : le sirop d'érable québécois, produit industriel standardisé ou produit du terroir ?,(lire en ligne), pp. 81-96