La basse vallée de l'Indus coule dans le Sind, bordé à l'est, en Inde, par ledésert du Thar. Les principales cultures sont lecoton, leblé, lacanne à sucre et surtout le riz. On y cultive aussi divers fruits comme labanane et lamangue. L'agriculture joue aussi un rôle important pour l'économie, bénéficiant d'un important réseau d'irrigation. On trouve également d'importantes industries, notamment textile, surtout concentrées àKarachi, par ailleurs principal port d'exportation du pays.
Il fut ensuite gouverné par la dynastie Rai, d'abordbouddhiste puishindoue, dont nous connaissons plusieurs râjas. Le dernier, Dâhar — ou Dâhir — est assassiné parMuhammad ibn-Qâsim. Après la conquête de la région par Muhammad ibn-Qâsim en711-712, l'islam devint la religion des dirigeants. La dynastie arabe desHabbarides domine la région à partir du milieu duIXe siècle, tout en reconnaissant l'autorité nominale ducalifeabbasside deBagdad.
À la fin duIXe siècle, lesQarmates deBahreïn y envoient des missionnairesismaéliens. Les ismaéliens prennentMultan par surprise en977 puis prennent la totalité du Sind auxHibbârîdes en985. Ils forment un État indépendant dont les souverains font allégeance au califefatimide duCaire. Un commerce prospère se développe alors par la route de lamer Rouge.
Le PerseNâdir Shâh incorpore le Sind à son empire après la prise deDelhi en1739, puis il passe en1747 dans les mains d'Ahmad Shâh, fondateur de la dynastiedurrani. En1803, il est attaqué une première fois par les Britanniques mais résiste. En1842-1843, les forces britanniques conduites par le généralCharles Napier s'en emparèrent finalement. Le premierAga Khan qui aida les Britanniques dans cette conquête en fut récompensé par une pension.
La province intègre le Pakistan en 1947 après lapartition des Indes, à la suite d'un vote de l'Assemblée législative. L'importante population sindhie hindoue, particulièrement concentrée dans les agglomérations urbaines, ne manifestera pas pour une éventuelle partition de la région, et migrera progressivement hors du Sind vers les territoires de l'Inde actuelle ou à l'étranger[2]. Inversement, le Sind accueille alors des millions d'immigrés venus d'Inde, dont notamment lesMuhadjirs qui s'installèrent àHyderabad et surtoutKarachi. Cette dernière ville devient d'ailleurs capitale du pays, avant d'être transférée àRawalpindi puisIslamabad en 1959.
Le Sind est la troisième province pakistanaise par ordre de superficie. Elle mesure 579 kilomètres du nord au sud et 442 kilomètres d’est en ouest (dans sa plus grande largeur) ou 281 kilomètres (en moyenne), avec une superficie de 140 915 km2. La province est bordée par leplateau iranien à l'ouest, la mer d'Arabie au sud-ouest, ledésert du Thar à l'est et au nord. Le centre de la province est constitué de terres fertiles, le long du fleuveIndus qui traverse le Sind du nord au sud. On trouve les montagnes Karoonjhar au sud, autour dudistrict de Tharparkar.
Le climat de la province est varié,semi-aride dans les régions désertiques, dans le nord et à l'est, et surtoutsubtropical dans le centre. L'été est particulièrement chaud, avec des températures souvent supérieures à 40 degrés Celsius de mai à août, et des moussons en juillet et août. L'hiver est relativement doux et sec, avec des températures pouvant occasionnellement être négatives en décembre et janvier. Les records de températures à l'échelle nationale sont souvent enregistrés dans la province, le record étant détenu parMohenjo-daro dans ledistrict de Larkana avec 53,5 degrés Celsius le[3].
En 2023, le rencesement national dénombre 55,6 millions d'habitants pour la province du Sind, La population de la province comptait près de 30,4 millions d'habitants selon le recensement de 1998, et 47,9 millions selon le recensement de 2017[4],[5]. En 1951, peu après l'indépendance, le Sind ne comptait que six millions d'habitants, ce qui en fait la province à connaitre la plus forte croissance démographique, profitant d'importantes migrations, d'abord originaires d'Inde, puis de l'intérieur duPakistan, venant de tous les territoires et provinces du pays. Le Sind est donc la deuxième province la plus peuplée du pays, étant seulement dépassée par lePendjab et ses 127 millions d'habitants. D'après lerecensement de 2023, 54 % des habitants de la province sont urbains et 57,5 % sont alphabétisés, dont 64 % pour les hommes et 50 % pour les femmes[6].
La province est donc logiquement la plus cosmopolite du pays, regroupant la plupart des groupes ethniques et linguistes nationaux. La population majoritaire est lesSindhophones (60 %), dont une partie est lointainement originaire de la province duBaloutchistan. On trouve également des minoritésbaloutches parlantbaloutchi oubrahoui (2,6 %). Le second groupe sont lesMuhadjirs, parlantourdou, avec environ 22 % de la population provinciale et vivent essentiellement àKarachi etHyderabad où ils sont majoritaires. Ayant immigré peu après l'indépendance duPakistan, ce sont des musulmans originaires d'Inde et qui avaient soutenu la création du pays. On trouve ensuite 4,1 % dePendjabis ainsi que 5,3 % dePachtounes parlantpachto. Ces derniers sont les plus récents immigrés de la province, arrivés principalement depuis les années 1980. On trouve enfin des minorités bien moins importantes, comme les communautés parlantsaraiki (1,6 %),hindko (1,5 %)[1],gujarati,hazara,marwari,dhatki et bien d'autres. Cette situation a fait naitre des conflits, tant au niveau politique que dans le cadre d’affrontements communautaires violents (voir infra).
Le Sind est la seconde économie du pays après la province duPendjab. En l'an 2000, elle représente 30 % du PIB du pays, alors que sa population en représentait seulement environ 22 %. Ainsi, la population de la province est plus riche que la moyenne nationale, tout comme sonindice de développement humain, de 0,628 en 2012. Les disparités au sein de la province sont toutefois énormes, s'étalant en ce qui concerne l'IDH de 0,802 pourKarachi soit la troisième meilleure performance au niveau national, à 0,314 pour ledistrict de Tharparkar (sud), le plus faible du pays.
Près d'un quart de la production provinciale provient de l'agriculture, qui emploie toutefois une large part de la population rurale, qui représente la moitié de la population du Sind. Un autre quart de la richesse est concentré dans les services. L'industrie représente donc près de 50 % de la richesse de la province, et sa part dans l'industrie nationale approchait les 40 % en 2000, une performance comparable à la plus puissante province du pays, le Pendjab, qui en représente 50 %[7]. La province présente donc une économie diversifiée, malgré un secteur des services un peu faible, mais important à Karachi qui accueille de nombreuses banques, ainsi que le principal indice boursier, leKSE 100.
Le secteur agricole est principalement situé dans la vallée de l'Indus et bénéficie d'un vaste système d'irrigation hérité de l'époque de la domination britannique. On y trouve des cultures decoton, deblé, decanne à sucre et surtout de riz, ainsi que des fruits comme labanane, lamangue et ladatte, notamment. L'industrie produit du charbon, du ciment, du plastique et fabrique du textile notamment. Enfin, la quasi-totalité des produits exportés depuis tout le pays partent du port de Karachi, et la plupart des transports sont orientés vers cette ville, comme les réseaux ferrés. On trouve trois autoroutes dans la province, toutes situées dans le sud. L'autorouteno 9 relie Karachi àHyderabad, les deux principales villes. L’autorouteno 10 contourne simplement la mégapole, et enfin lano 7 est en cours de construction, et doit relier Karachi àDadu, puis à terme avec la province duPendjab et donc les grandes villes du nord du pays.
L'Assemblée provinciale du Sind estmonocamérale et exerce lepouvoir législatif de cette province fédérée. Sur ses 168 membres, 130 sont élus directement par le peuple ausuffrage universel direct uninominal majoritaire à un tour, et leur mandat est de cinq ans. Les 38 sièges restants sont réservés à des femmes et des minorités religieuses et leurs titulaires sont élus par les autres membres.
Lepouvoir exécutif est en revanche exercé par un gouvernement local, dirigé par leministre en chef, responsable devant l'Assemblée. Le gouvernement provincial dispose d'un important pouvoir en matière d'éducation et de santé, ainsi que du pouvoir de police civile générale. Il est composé de nombreux ministres, avec notamment un ministre de l'intérieur, de l'éducation et de la santé. Le budget de la province est établi par le gouvernement fédéral mais doit ensuite être voté par l'Assemblée provinciale. Enfin, un gouverneur nommé par le président de la République représente le pouvoir de l’État fédéral.
La province du Sind regroupe la plus forte minoritéhindouiste du pays (8 % de population), puisqu'on y trouve même près de 93 % des hindous duPakistan. La religion est presque majoritaire dans les districts deTharparkar etUmerkot. L'islam reste largement majoritaire même si la province compte donc la plus faible proportion de musulmans du pays, avec 91 % dans le Sind contre 96 % au total. On y trouve aussi des minorités chrétiennes et sikhs[13].
La province est relativement éduquée en comparaison de la moyenne nationale, avec untaux d'alphabétisation de 69,5 % en 2012, contre 60 % au niveau national. En 1998, le gouvernement estimait que près de 82 % des enfants étaient enrôlés en école primaire, environ 52 % continuent en école moyenne, 18 % en école intermédiaire, et près de 9 % suivent des études supérieures. Il y avait alors environ 600 000 étudiants à travers la province.
Les principaux établissements d'enseignement supérieur sont :
Les divers groupes ethniques et linguistiques présents dans la province du Sind sont souvent entrés en conflit, principalement dans les deux plus grandes villes provinciales,Karachi etHyderabad. Dans la première, les conflits communautaires entretenus par des groupes politico-mafieux font souvent des dizaines, voire des centaines de victimes, dépassant parfois les mille pour une seule année. Les principalesethnies présentes dans ces deux villes sont lesMuhadjirs venus d'Inde peu après lapartition, majoritaires, ainsi que lesSindis, originaires de la province, et enfin lesPachtounes, plus récemment immigrés. Certains forment des clans qui sont particulièrement impliqués dans le crime organisé et infiltrent des partis politiques, ces derniers représentant souvent les droits de leur propre communauté. Les conflits portent généralement sur le contrôle des trafics et des quartiers, dans un contexte de pauvreté, de surpopulation et de services publics souvent insuffisants.