Simonne Kaminker fait des études secondaires classiques. Au lycée, elle est la condisciple et l'amie deCorinne Luchaire (1921-1950), qui arrête ses études dès laclasse de troisième (vers 1936) et entame une carrière cinématographique.
De retour à Paris, Simonne Kaminker doit travailler pour aider sa mère. En, elle est engagée pour1 400 francs par mois comme assistante de la secrétaire personnelle deJean Luchaire — père de son amie Corinne Luchaire — un partisan sans réserve de lacollaboration, directeur du journalLes Nouveaux Temps[3]. Au printemps 1941, elle quitteLes Nouveaux Temps, décidée à faire du cinéma[3]. Du fait de sa condition de demi-juive et sans la carte duCOIC que délivrait laPropagandastaffel, elle commence, avec l'aide de Corinne Luchaire, par faire de la figuration au cinéma, notamment dansPrince charmant etBoléro deJean Boyer,Les Visiteurs du soir deMarcel Carné,Adieu Léonard dePierre Prévert[3]. Elle choisit alors unnom de scène, en substituant à sonnom patronymique celui de sa mère, Signoret, et en supprimant une lettre « n » à son prénom.
La carrière de comédienne de Simone Signoret est lancée en 1946 par le filmMacadam, pour lequel elle obtient leprix Suzanne-Bianchetti de la révélation en 1947. Allégret offre à Simone Signoret ses premiers rôles importants, notamment dansDédée d'Anvers en 1948 etManèges en 1950.
Avec son épouxYves Montand en 1958, elle s'implique politiquement à gauche et voyage dans les pays de l'Est, à l'époque dans lebloc communiste.
En 1954, le couple crée la version française desLes Sorcières de Salem d'Arthur Miller dans une mise en scène deRaymond Rouleau, qui sera portée à l'écran trois ans plus tard (Les Sorcières de Salem), une œuvre qui dénonce le phénomène dumaccarthysme. En 1956, ils jouent dans un film deYannick Bellon,Un matin comme les autres, court métrage sur le problème de l'insalubrité des logements en banlieue. En 1957, Simone Signoret accompagne Yves Montand dans la tournée (triomphale) qu'il effectue dans les pays dubloc de l'Est. Mais ils reviennent déçus par la réalité des pays du « socialisme réel » et prennent dès lors des distances avec le parti, sans renier toutefois leurs convictions politiques.
Simone Signoret et Yves Montand lors de la soirée de la remise des Oscars en 1960.
Le, Simone Signoret reçoit l'Oscar de la meilleure actrice pour sa prestation dansLes Chemins de la haute ville, devenant la première actricefrançaise à recevoir ce prix[b], puis elle rentre enFrance tandis qu'une idylle naît entreYves Montand etMarilyn Monroe. Cette relation prend fin lorsqu'elle est dévoilée par la presse américaine[12]. Il rejoint cependant son épouse après la promotion du film. Lorsque, des années plus tard, un journaliste évoquera avec Simone Signoret la liaison entre son mari et l'actrice américaine, elle répondra qu'elle regrettait simplement queMarilyn Monroe (morte en 1962) n'ait jamais su qu'elle ne lui en avait pas voulu[13].
À partir de 1981, la santé de Simone Signoret, qui a coutume de fumer et boire de l'alcool, se détériore sérieusement : elle subit une première opération de lavésicule biliaire, puis devient progressivement aveugle, atteinte de lacataracte[14], ne distinguant plus à terme que la silhouette des objets. Ses apparitions à l'écran deviennent rares. Elle tourne, entre autres,L'Étoile du Nord avecPierre Granier-Deferre en 1982, ainsi que deux téléfilms avecMarcel Bluwal :Thérèse Humbert en 1983 etMusic-hall en 1985. Une de ses dernières apparitions marquantes a lieu, quelques mois avant sa mort, dans l'émission7 sur 7 où elle demande à la journalisteAnne Sinclair de présenter le logo deSOS Racisme qui comporte le slogan « Touche pas à mon pote ».
Atteinte d'un cancer du côlon[15], elle subit une intervention chirurgicale en et meurt dans sa propriété d'Autheuil le suivant, âgée de64 ans. Elle est inhumée aucimetière du Père-Lachaise (division 44) ;Yves Montand la rejoint six ans plus tard, en.
Primetime Emmy Awards 1966 : meilleure actrice dans un téléfilm où une mini-série pourBob Hope Presents the Chrysler Theatre, épisode « A Small Rebellion »
Serge Reggiani a rendu hommage à Simone Signoret et à son rôle dans le filmCasque d'Or avec la chansonUn menuisier dansait (1973). Reggiani y tient aussi le rôle principal masculin.
En 1986, dans son albumÇa fait rire les oiseaux,la Compagnie créole publie une chanson intituléeSimone.
↑Après laLibération, il travaille comme interprète pour l'ONU en cours de création : cette nouvelle organisation internationale l'envoie en tant qu'observateur auprocès de Nuremberg, car on y pratique pour la première fois de manière systématique l'interprétation simultanée ; plus tard, il devient chef interprète duConseil de l'Europe et participe à la création de l'Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) dont il devient le président.
↑Claudette Colbert, née en France en 1903, a remporté un Oscar de la meilleure actrice en 1935, mais elle étaitaméricaine depuis sa naturalisation en 1912, l'année de ses9 ans. Sa famille avait émigré vers les États-Unis dès 1906,
↑abcd eteJacques Siclier, « Simone Signoret disparaît. Les grands rôles de la vie »,Le Monde,(lire en ligne)
↑a etbArchives de Paris17e, « Acte de mariageno 1259 Kaminker et Signoret, vue 4/31 », il s'agit de l'acte de mariage des parents de Simone Signoret qui naîtra l'année suivante, surarchives.paris.fr(consulté le) :« Le 17 avril 1920 […] devant nous ont comparu publiquement […] André Kaminker, agent de service de restitution industrielle, né àSaint-Gratien […] le,31 ans, domicilié 81avenue [de] Malakoff, fils de Henry Kaminker décédé et de Ernestine Hirschler, sa veuve sans profession, domiciliée àAnvers (Belgique) d'une part. Et Georgette Signoret, sténo-dactylographe, née àParis 17e le,24 ans, domiciliée 49avenue des Ternes, fille de Louis Eugène Charles Signoret, artiste peintre et de Célestine Dubois son épouse, sans profession, domiciliés 49 avenue des Ternes, présents et consentants d'autre part […] qu'ils sont unis par le mariage »
↑Archives de Paris17e, « Acte de naissance de Georgette Signoret n° 123, vue 21/29 », voir aussi les mentions marginales, surarchives.paris.fr(consulté le) :« Mariée en cette mairie le avec André Kaminker […] Georgette Signoret […] née le 11 de ce mois [] […] fille de Charles Louis Eugène Signoret,28 ans, artiste peintre, et de Léonie Célestine Dubois,30 ans, sans profession, mariés […] Légitimée en cette mairie le Décédée à Paris13e le »
↑Marie-France Skuncke et association internationale des interprètes de conférence,Tout a commencé à Nuremberg... : il aurait ainsi inauguré ce type de procédé car, auparavant, les interprétations étaient exclusivement consécutives.
↑Simone Signoret,La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, début du chapitre 2,p. 37.
Susan Hayward,Simone Signoret, une star engagée, trad. Samuel Bréan, Paris, L'Harmattan, 2013, 300 p.(ISBN978-2-343-02002-0) (Édition originale : Susan Hayward,Simone Signoret: The Star as Cultural Sign, Londres-New York, Continuum, 2004)