Motif structurel de base de la plupart despolymorphes dudioxyde de silicium qui forme des assemblages de tétraèdres SiO4 liés les uns aux autres par leurs sommets, chaque atome d'oxygène étant commun à deux tétraèdres, d'où la formule générale de SiO2[1].
Dans le cas le plus simple, celui desnésosilicates (orthosilicates), les tétraèdres sont présents dans la structure sous forme d'anions (SiO4)4−.
Les tétraèdres SiO4 peuvent mettre en commun un certain nombre d'atomes d'oxygène par les sommets[2] pour former d'autres structures également de petites dimensions.
On distingue ainsi les disilicates (sorosilicates) caractérisés par la présence de l'anion (Si2O7)6− et lescyclosilicates comportant des anions cycliques qui résultent de l'enchaînement de trois, quatre ou six groupes SiO3.
Les anions sont associés à descations qui assurent la neutralité électrique de l'ensemble.
Les tétraèdres SiO4 peuvent s'associer pour former des structures de taille très grande (structurespolymères). Ces structures sont caractérisées par de longs enchaînements covalents -Si-O-Si-O-Si-O- qui peuvent êtreunidimensionnels ou former des réseauxbi- outri-dimensionnels.
Ci-contre (et ci-dessous) les modèles moléculaires de macroanions et de la silice cristallisée (atomes Si en gris et O en rouge).Les formules des structures sont écrites selon la notation propre aux polymères :
Les macroanions, comme les anions, sont associés à descations qui assurent la neutralité électrique de l'ensemble.
Dans la macromolécule de silice cristallisée, lemotif de répétition est un tétraèdre qui se répète dans les trois directions de l'espace. Les quatre atomes d'oxygène O aux sommets d'un tétraèdre SiO4 sont mis en commun avec d'autres tétraèdres SiO4. Un atome O est partagé entre deux tétraèdres, il compte donc pour1⁄2 O dans un tétraèdre. Le motif de répétition s'écrit alors SiO4/2, soit SiO2[3]. La formule de la silice s'écrit donc [SiO2]n[4].
L'indicen est généralement omis dans l'écriture [SiO2]n, et la formule s'écrit simplement SiO2.
Remarque
Les formules des structures peuvent également être représentées avec la charge du macroanion et non celle du motif, par exemple [SiO3]n2n− au lieu de [SiO32−]n[5].
La classification chimique recoupe partiellement la classification structurale. Notamment, les orthosilicates sont en général desnésosilicates, les métasilicates desinosilicates et les pyrosilicates dessorosilicates.
Les géologues ont longtemps considéré les silicates duglobe terrestre comme dessels d'acide silicique issus de ladissolution dudioxyde de silicium. Ils les envisagent désormais comme des édifices chimiques résultant de l'association d'oxygène et de silicium (voire d'aluminium dans le cas desaluminosilicates), formant des tétraèdres (Si, Al)O4 reliés entre eux soit par un ou plusieurs atomes d'oxygène, soit par descations (ceux-ci, tels Mg, Fe, Al se trouvent aux centres d'octaèdres quasi réguliers)[8].
Les silicates peuvent être classés selon plusieurs critères, mais les deux classifications les plus employées en minéralogie sont basées sur l’enchaînement des tétraèdres :
la classification topochimique (classification de Machatski-Bragg) est basée sur l’enchaînement des tétraèdres, dans lesquels le silicium et l’aluminium peuvent donner lieu à une substitutionisomorphe ; les tétraèdres où seul l’aluminium est présent sont qualifiés d'hétéro-tétraèdres ;
la classification topologique (classification de Zoltai) est basée sur l’enchaînement des tétraèdres centrés sur n’importe quel cation.
Les sous-catégories définies par ces deux critères sont les mêmes et, dans la plupart des cas, le résultat final est aussi le même. Toutefois, dans le cas d’aluminosilicates dont la structure comporte des tétraèdres centrés sur des cations autres que le silicium et l’aluminium, les deux classifications divergent.
Les principaux groupes de silicates sont :
lesnésosilicates (ou orthosilicates) : les tétraèdres n'ont aucun sommet commun, mais seulement avec d’autres polyèdres ; les anions appartiennent tous aux tétraèdres. Exemples :zircon,olivines,grenats ;
Les principales différences entre la classification topochimique de Machatski-Bragg et celle topologique de Zoltai sont données dans le tableau suivant.
Exemples de différence entre les deux classifications des silicates.[4],[6] et[8] indiquent lacoordination des cations.
Le profil spectral de ces raies, qui dépend du type de silicate, de la géométrie des grains de poussière et de la présence additionnelle d’autres composés (exemple : laglace à moins de300K), donne des indications sur les conditionsphysico-chimiques des environnements étudiés.
On sait que le climat agit sur l'altération des roches, et qu'il existe aussi desboucles de rétroaction faisant que les composés d'altérations modifient le cycle duCO2 et du carbone dans l'océan, et par suite l'évolution du climat[9],[10].
Le lessivage des roches riches en silicates a considérablement augmenté en raison des pratiques humaines d'agriculture, de sylviculture et d'aménagement des sols, d'incendie/écobuage et plus généralement detransformation écologiques des paysages. De même les phénomènes depluies acides et d'acidification des eaux douces exacerbent localement la dissolution de roches et sols. Ces phénomènes contribuent à dégrader les sols en amont, mais ils contribuent aussi en aval à la formation de rochescarbonatées dans les océans, et donc au transfert de CO2 de l'atmosphère à lalithosphère (« puits de carbone » dans ce cas). L'altération des roches contribue au cycle du carbone[11],[12],[13],[14],[10], dans le contexte dudérèglement climatique a justifié la production d'une cartographie planétaire lithologique (world lithological map) pour 6 grands types de roche par latitude, continents, et bassin de drainage océanique et pour 49 grands bassins fluviaux terrestres. Ce travail de cartographie a été couplé aux modèles disponibles sur le cycle du CO2 pour évaluer la quantité de CO2 atmosphériqueconsommé par les roches durant leur processus d'altération et pour évaluer l'alcalinité apportée par les cours d'eau à l'océan. On a montré que l'altération des roches a dans le passé considérablement varié selon les phasesglaciaires etinterglaciaires despaléoclimats[15]. Parmi les roches silicatés, les schistes (shales) et lesbasaltes[16] semblent jouer une grande influence sur la quantité de CO2 pompée par le processus d'altération du substratum rocheux[9].
↑Berner, R. A., A. C. Lasaga, and R. M. Garrels, The carbonate-silicate geochemical cycle and its effect on atmospheric carbon dioxide over the past 100 millions years, Am. J. Sci., 283, 641–683, 1983.
↑Meybeck, M., Global chemical weathering of surficial rocks estimated from river dissolved loads, Am. J. Sci., 287, 401–428, 1987.
↑P. Amiotte Suchet et J. L. Probst, « Flux de CO2 atmosphérique consommé par altération chimique continentale: Influence de la nature de la roche »,C. R. Acad. Sci.,vol. Ser. II,no 317,, p.615–622.
↑Dessert, C., Dupré, B., Gaillardet, J., François, L. M., & Allegre, C. J. (2003).Basalt weathering laws and the impact of basalt weathering on the global carbon cycle. Chemical Geology, 202(3), 257-273.