Les langues officielles de l'État sont l'anglais, lenépalais, lesikkimais etlepcha, mais ses langues traditionnelles sont desdialectes dutibétain, levbras-ljongs-skad (souvent orthographiédrejonke), lelepcha et lelimbou, trois languestibéto-birmanes. Le Sikkim est le seul État de l'Inde dont la majorité de la population est non pas autochtone mais d'originenépalaise.
L'origine la plus acceptée du nom « Sikkim » est la combinaison de deux motslimbu :Su qui signifie « nouveau » etKhyim qui signifie « palais » ou « maison » en référence au palais construit par le premier monarque du pays,Phuntsog Namgyal. Le nomtibétain du Sikkim estDenjong : la « vallée duriz ». LesLepchas, premiers habitants du Sikkim, l'appelaientNye-mae-el (« bon pays ») et lesBhutia le nommaientBeymul Denjong (« vallée cachée du riz »).
Le fils de Phuntsog Namgyal,Tensung Namgyal, lui succède en 1670. Ce dernier déplace la capitale de Yuksom àRabdentse. En 1700, le Sikkim est envahi par leBhoutan avec l'aide de la demi-sœur duchogyal, qui avait été écartée du trône. Les Bhoutanais sont ensuite chassés par lesTibétains, qui restituent le trône auchogyal en 1710. Entre 1717 et 1733, le royaume fait face à de nombreuses incursions des Népalais à l'ouest et des Bhoutanais à l'est ; elles culminent avec la destruction de Rabdentse par les troupes népalaises. En 1791, la Chine envoie des troupes soutenir le Sikkim et défendre le Tibet contre lesGurkhas. À la suite de la défaite du Népal, ladynastie Qing prend le contrôle du Sikkim[2],[3].
Drapeau de l'ancien royaume du Sikkim, conçu en 1670 par Tensung Namgyal.
À la suite de l'arrivée duRaj britannique dans l'Inde voisine, le Sikkim s'allie avec la Grande-Bretagne contre leur ennemi commun, le Népal. Les Népalais attaquent le royaume, envahissant la région, y compris leTeraï. En conséquence, laCompagnie britannique des Indes orientales (1600-1875) attaque le Népal, conduisant à laguerre anglo-népalaise de 1814-1816. Les traités signés entre le Sikkim et le Népal conduisent ce dernier à restituer en 1817, autraité de Titalia, les territoires précédemment annexés. Par la suite, les relations entre le Sikkim et les Britanniques se tendent lorsque ces derniers commencent à taxer la région deMorang.
En 1849, deux médecins britanniques,Joseph Dalton Hooker etArchibald Campbell(en) (ce dernier chargé des relations entre les Britanniques et le gouvernement du Sikkim), s'aventurent dans les montagnes du Royaume, secrètement et sans autorisation. Ils sont détenus par le gouvernement du Sikkim, conduisant les Britanniques à organiser une expédition punitive à la suite de laquelle ledistrict de Darjeeling et Morang sont annexés à l'Inde en 1853. Lechogyal devient un dirigeant opérant sous la direction du gouverneur britannique.
En 1861, letraité de Tumlong(en), de libre-échange, et de protection des voyageurs se rendant au Sikkim, fait du Sikkim un État protégé par les Britanniques. En 1890, le Sikkim devient officiellement un protectorat britannique.
Le, laconvention entre la Grande-Bretagne et le Tibet, signée entre les Britanniques et le gouvernement tibétain, reconnaît les frontières entre le Sikkim et leTibet[4] mais n'entre pas en vigueur faute d'être ratifiée par le souverain impérial chinois[5],[6].
En 1947, unréférendum rejette l'intégration du Sikkim dans l'Union indiennenouvellement indépendante. LePremier ministre de l'Inde,Jawaharlal Nehru, accorde un statut deprotectorat au royaume. Un conseil d'État est établi en 1955 pour permettre la constitution d'un gouvernement constitutionnel sous la direction duchogyal. Pendant ce temps, le Congrès national du Sikkim exige de nouvelles élections et une meilleure représentation des Népalais. En 1973, à la suite d'émeutes devant le palais, le pays demande officiellement la protection de l'Inde. Lechogyal devient extrêmement impopulaire. En 1975, le Premier ministre fait appel au parlement indien pour modifier le statut du Sikkim et le faire admettre comme un État à part entière de l'Union. En avril, l'armée indienne prend le contrôle deGangtok et désarme les gardes du palais. Un référendum (auquel 59 % des électeurs participent) approuve l'union avec l'Inde à 97,5 %. Le, le Sikkim devient officiellement le22eÉtat de l'Union indienne et la monarchie est abolie[7].
Le Sikkim est entouré par les chaînes de l'Himalaya sur ses frontières nord, est et ouest. La zone la plus densément peuplée est située dans le sud de l'État. Il possède 28 sommets, 21 glaciers, 227 lacs d'altitude dont leTsongmo, leGurudongmar et leKhecheopalri. Huit cols le relient au Tibet, au Bhoutan et au Népal.
Les pentes rocheuses et à pic rendent la plupart des terres impropres à l'agriculture. Toutefois, certains coteaux ont été convertis en terres agricoles en utilisant des techniques deculture en terrasses. Environ un tiers du territoire est densément boisé.
De nombreux ruisseaux alimentés par la fonte des neiges ont creusé des vallées fluviales, à l'ouest et au sud du Sikkim. Ces cours d'eau se combinent pour former leTista et son affluent, leRangit. Le Tista coule à travers l'État du nord au sud.
Les sources chaudes du Sikkim sont connues pour leurs propriétés médicinales et thérapeutiques. Les plus importantes sources d'eau chaude sont situées à Phurchachu (Reshi), Yumthang, Borang, Ralang, Taram-chu et Yumey Samdong. Elles ont une teneur élevée en soufre et sont situées près des berges des rivières. Certains émettent également de l'hydrogène. La température moyenne de l'eau de ces sources atteint50 °C.
Les collines du Sikkim sont principalement constituées degneiss et de roches à moitié schisteuses, recouvrant leur sol d'une terre argileuse brune généralement pauvre et peu profonde. La terre est grossière, avec de grandes concentrations d'oxyde de fer, allant de neutre à acide, pauvre en nutriments organiques et minéraux. Ce type de sol a tendance à supporter des forêtssempervirentes etcaducifoliées.
Une grande partie du territoire du Sikkim est couverte par des rochesprécambriennes et est nettement plus jeune que les collines. Cette roche se compose dephyllites et deschistes et, par conséquent, les pentes sont très sensibles aux intempéries et sujettes à l'érosion. Ceci, combiné avec l'intensité de la pluie lors de la mousson, provoque une érosion des sols intense et de lourdes pertes d'éléments nutritifs du sol par lessivage. En conséquence, les glissements de terrain sont fréquents, isolant de nombreuses petites villes et villages des grands centres urbains.
De toutes les teintes, de toutes les tailles, lesorchidées sont la parure du Sikkim. On en trouve jusqu'à 3 000 mètres d'altitude. Aux côtés de ces aristocrates du règne végétal, on peut voir quatre mille espèces différentes de fleurs, desrhododendrons, desmagnolias, mais aussi des plantes étranges comme l'Arisaema griffithii qui ressemble à un cobra.
On y trouve également dans les forêts, entre 700 et 1 400 m, uneOleaceae, l'Olea gamblei qui est une espèce endémique du pays.
Carte politique du Sikkim indiquant sa subdivision en quatre districts et la localisation de leur chef-lieu.
Le Sikkim est subdivisé en quatre districts, chacun dirigé par un gouverneur nommé par le gouvernement central, lecollecteur de district, qui est chargé de l'administration des zones civiles. L'armée indienne contrôle une proportion importante de l'État, le Sikkim étant une zone frontalière sensible. L'accès à de nombreuses régions est restreint et des permis sont nécessaires pour les visiter.
Cultures en terrasses.Lacardamome est la principale production agricole du Sikkim.
L'économie de l'État est essentiellement basée sur l'agriculture. Les Britanniques y ont introduit la culture duriz enterrasses. On y trouve également des cultures demaïs,millet,blé,orge,oranges,thé etcardamome. Le Sikkim est le premier producteur de cardamome en Inde.
Dès 1997, anticipant un mouvement devenu universel, le gouvernement de l’État lance une campagne de mesures visant à créer une économie verte. Les domaines prioritaires définis dans sa politique sont l’agriculture biologique, l’horticulture, lafloriculture, l’écotourisme et lesénergies renouvelables, surtouthydraulique etsolaire. Inaugurée en 2006, la campagne « Planter un arbre » oblige chaque habitant à faire pousser un jeune plant tous les ans afin de lutter contre ladéforestation[8].
En 2003, le gouvernement du Sikkim, dirigé par Pawan Chamling, a décidé de convertir l’intégralité du territoire à l’agriculture biologique[9]. Le Sikkim s'est déclaré complètement bio en 2013, devenant le premier État 100 % bio[10]. Cependant la production alimentaire bio n'est pas économiquement soutenable et même la classe moyenne n'a pas les moyens de se l'offrir[11],[12]. L'État doit donc importer la majorité de sa nourriture[13],[14].
En raison du terrain accidenté et de l'absence d'infrastructures de transport fiables, l'État ne possède pas de grandes industries. Les principales industries sont desbrasseries, desdistilleries, destanneries et deshorlogeries. Elles sont situées dans le sud de l'État, principalement dans les villes deMelli(en) etJorethang. En 2005, letaux de croissance de l'État atteignait 8,3 %, le deuxième plus fort taux du pays aprèsDelhi.
Au cours des dernières années, le gouvernement du Sikkim a largement favorisé letourisme[1]. En conséquence, les recettes de l'État sont 14 fois plus grandes que ce qu'elles étaient au milieu des années 1990. L'État a récemment investi dans l'industrie naissante desparis en ligne. La loteriePlaywin a été un succès commercial et opère dans l'ensemble du pays.
Les gares ferroviaires les plus proches sont celles de Siliguri etNew Jalpaiguri. Les autoroutes nationales 31 et 31A relient Siliguri à Gangtok. La compagnie de transport nationale du Sikkim gère des services de bus et de camion. Des bus, taxis touristiques et services de jeep privés traversent le Sikkim et le relient également à Siliguri. Une branche de l'autoroute relieMelli(en) à l'ouest du Sikkim. Les villes du sud et de l'ouest de l'État sont reliées àKalimpong etDarjeeling, au nord du Bengale-Occidental. L'État est relié à laChine par le col deNathu La.
Le Sikkim est l'État le moins peuplé de l'Inde, avec seulement 610 577 habitants, 323 070 hommes et 287 507 femmes[1].Il est également l'un des États indiens les moins densément peuplés avec seulement86 habitants au kilomètre carré[1].Sur la période 1991-2001, sonaccroissement démographique est de 32,98 %. Avec 50 000 habitants,Gangtok est la seule ville importante ; 11,06 % de la population du Sikkim est urbaine. Lerevenu par habitant s'élève à 11 356roupies, l'un des plus élevés du pays.
Monastère deRumtek au Sikkim, siège duKarmapa en exil
L'hindouisme est la principale religion de cet État de l'Inde, pratiquée par 60,9 % de la population. Les bouddhistes ne constituent plus qu'une minorité religieuse, mais la plus importante, avec 28,1 % de la population. Leschrétiens regroupent 6,7 % de la population, essentiellement des personnes d'origine lepcha qui ont été converties par des missionnaires britanniques à partir de la fin duXIXe siècle. Parmi les autres minorités, on trouve desmusulmans d'origine bihari. Bien que les tensions entre les Népalais et les Lepchas aient augmenté depuis le rattachement du Sikkim à l'Inde, l'État n'a pas connu la violence qu'ont rencontrée la plupart des autres États indiens.
Le Sikkim compte 67 monastères bouddhistes[18], dont le plus ancien, Dub–de, a été fondé par Lhatsun Chenpo vers 1642[18]. Le monastère deRumtek, siège duKarmapa en exil enInde, est situé à proximité deGangtok, ainsi que le monastère d'Enchey, l'Institut de tibétologie Namgyal et lechorten (stoupa) de Do-Drul.
Le gouverneur, nommé par le gouvernement fédéral de l'Inde, est le chef du pouvoir exécutif. Son poste est essentiellement honorifique et son principal rôle consiste à superviser le serment duministre en chef. Celui-ci, qui possède le véritable pouvoir exécutif, est le chef du parti ou de la coalition qui remporte la majorité des suffrages aux élections au Parlement de l'État. Le gouverneur nomme ensuite les ministres sur proposition du ministre en chef.
Après l'abrogation de la monarchie, leParti du Congrès obtient la majorité aux élections de 1977. En 1979, après une période d'instabilité, un gouvernement populaire mené parNar Bahadur Bhandari, chef duSikkim Sangram Parishad Party, s'installe aux commandes. Bhandari conserve le pouvoir aux élections de 1984 et 1989. En 1994,Pawan Kumar Chamling, duFront démocratique (SDF), devient ministre en chef. Le parti reste au pouvoir en 1999 et 2004. Aux élections de 2009, il gagne l'ensemble des sièges du parlement. À partir de 2014, le SDF est concurrencé par le Front révolutionnaire (SKM) qui remporte les élections du en obtenant17 sièges au Parlement. Le suivant, P.S. Golay remplace Chamling comme ministre en chef.
Alexandra David-Néel arrive au Sikkim en 1912. En 1955,Serge Bourguignon, Didier Tarot et Victor Barlandelli sont les premiers Occidentaux à avoir été autorisés à pénétrer au Sikkim. Ils y tourneront un long-métrage documentaire,Sikkim, terre secrète, encore inédit aujourd'hui, ainsi qu'un disque de musiques tibétaines[20]. Serge Bourguignon raconte ce voyage dans un ouvrage,Sikkim ou le Langage du sourire[21].
↑Michel Bernard et Anne-Marie Clémençon, Reporterre, « La bio en Inde, un développement freiné par le manque d’intérêt des autorités », 22 juin 2018,lire en ligne, consulté le 19 janvier 2019.
↑Gilles van Grasdorff,L'histoire secrète des dalaï-lamas, 2009, p. 309 :« Sikkim - où le bouddhisme tibétain est religion officielle ».
↑« SIKKIM: Land of the Uphill Devils »,Time, 12 janvier 1959 :« The British took over Sikkim in 1860, but even today, members of the ruling Maharajah's family traditionally marry Tibetans, and Buddhism is Sikkim's official religion, even though three-fourths of the Sikkimese people are Nepalese by descent and Hindu in worship. »
↑Aparna Bhattacharya,The Prayer-wheel & Sceptre, Sikkim, 1992, p. 73 :« allegiance to Tibet on the part of Sikkim was religious affinity. The Dalai Lamas not only enjoyed political supremacy but also ecclesiastical jurisdiction over the religion-oriented State of Sikkim ».
↑Serge Bourguignon,Musique Tibétaine du Sikkim, Paris, Contrepoint, Collection du Musée de l'Homme, 1956, 33 tours.
↑Serge Bourguignon,Sikkim ou le Langage du sourire, Paris, Éditions de Quincy,.