Massif des Alpes et localisation des Préalpes de Digne
Le territoire se situe en limite est des Baronnies orientales, sur des formations calcaires provençales duJurassique supérieur et duCrétacé inférieur (roches sédimentaires issues d'un ancien océan alpin), entre trois formations géologiques majeures des Alpes[2] :
Lors de laglaciation de Riss, la commune est entièrement recouverte par le glacier de la Durance. Lors de laglaciation de Würm, le glacier n’en recouvre qu’à peu près la moitié. Sesmoraines latérales sont visibles[5].
Le torrent de Syriez, né dans la commune de La Motte-du-Caire, s’écoule dans l’est de la commune, puis forme la limite sud-est de Sigoyer avecVaumeilh avant de sortir de Sigoyer[1].
À l’ouest, le Mouson coule dans une vallée encaissée de direction nord-est/sud-ouest, et est limitrophe de Sigoyer et de Thèze. Un torrent intermittent, le ravin de la Combe de Chane, de même direction, fait la limite entre Vaumeilh et Sigoyer. Ces deux torrents sont courts et se jettent directement dans laDurance[1].
Aucune des 200 communes du département n'est en zone de risque sismique nul. Lecanton de La Motte-du-Caire auquel appartient Sigoyer est en zone 1a (sismicité très faible mais non négligeable) selon la classification déterministe de 1991, basée sur lesséismes historiques[7], et en zone 3 (risque moyen) selon la classification probabiliste EC8 de 2011[8]. La commune de Sigoyer est également exposée à trois autres risques naturels[8] :
La commune de Sigoyer est de plus exposée à un risque d’origine technologique, celui de rupture de barrage[9]. En cas de rupture dubarrage de Serre-Ponçon, toute la vallée de la Durance serait menacée par l’onde de submersion[10].
Le nom du village, tel qu’il apparaît la première fois vers 1200 (castri de Cigoier) puis en1202 (de Ciguerio), fait l’objet de différentes interprétations :
selonCharles Rostaing, il est construit sur la racine*Sik/*Sig, qui sert à désigner une rivière de montagne[22],[23] ;
selonErnest Nègre, il dérive d’un nom propre germanique,Sigowar[24] ;
selon le couplé Fénié, il s’agit d’un toponyme issu de la racine*Sik-[25].
Selon Rostaing et le couple Fénié, le toponyme est antérieur aux Gaulois[26],[25].
Le nom de Sigoyer est souvent assorti d’un second toponyme, Malpoil, qui sert à le distinguer deSigoyer (anciennement Sigoyer-sur-Tallard), dans le département voisin desHautes-Alpes. Cet usage, pour désigner la communauté de Sigoyer, est attesté dès1335 et dure encore[23].Malpoil signifierait la mauvaise montagne, à cause du caractère friable de la roche[27].
Au, Sigoyer est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[28].Elle est située hors unité urbaine[29]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Sisteron, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[29]. Cette aire, qui regroupe 21 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[30],[31].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (63,7 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (58,4 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (33,9 %), zones agricoles hétérogènes (28,7 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (22,3 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (7,6 %),terres arables (7,2 %), cultures permanentes (0,2 %), prairies (0,2 %)[32].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le prieuré Saint-Benoit, à l’Est du Planet, est une fondation du prieuré de Chane, dans la commune voisine deVaumeilh, et donc une dépendance de l’abbaye d'Aniane. Il existait auXIIe siècle, et est abandonné au cours de la grande crise desXIVe et XVe siècles[36].
Le château est endommagé[37] à l’issue d’un épisode desguerres de religion. Il était défendu par une compagnie commandée par Louis des Isnard, appointée par le seigneur Laidet. Le,Sommerive s’empare deSisteron, et afin d’éviter que les protestants ne s’emparent de Sigoyer, il envoie Saint-Jailleassiéger la place. Des Isnards ne tarde pas à lui livrer le château, qui est incendié et en partie rasé[38]. À la fin des guerres de religion, l’église a perdu son toit, et les réparations ne commencent qu’en 1610, pour ne s’achever qu’en1644[39].
Un certain Marcian de Bernardy, originaire du comté de Sault, acquiert (en partie) les seigneuries de Sigoyer et de Melpoil, que l'évêque de Gap, le 10 juin 1572, lui donne à bail avec inféodation. Son fils Gilbert vend en 1590 la seigneurie de Sigoyer - dont sa descendance conservera le nom et reprendra même le titre - à Henri_Louis Laidet ou Leydet[40]. Le fief de Sigoyer-Malpoil est érigé en marquisat, avec l'ancien marquisat deBeynes, pourPierre de Laidet par lettres patentes de septembre1719[33], qui furent enregistrées[41]. À la veille de la Révolution française, le domaine du château faisait150ha, soit environ 10 % de la commune, et parmi les meilleures terres[38].
La nouvelle de l’abolition des privilèges parvient à Sigoyer le, avec le décret ordonnant que les biens nobles devront êtrecadastrés pour être soumis à l’impôt. Dans la nuit du, le château est pris d’assaut par les villageois, les chartes pillées et brûlées[38]. Le château est endommagé[37].
Un peu plus tard, la commune compte unesociété patriotique, créée après la fin de 1792[42]. En 1793, le château est mis aux enchères pour démolition[37].
Lecoup d'État du 2 décembre 1851 commis parLouis-Napoléon Bonaparte contre laDeuxième République provoque un soulèvement armé dans les Basses-Alpes, en défense de la Constitution. Après l’échec de l’insurrection, une sévère répression s’abat sur ceux qui se sont levés pour défendre la République, dont un habitant de Sigoyer[43].
Comme de nombreuses communes du département, Sigoyer se dote d’une école bien avant leslois Jules Ferry : en 1863, une école dispensant uneinstruction primaire aux garçons fonctionne déjà[44]. Aucune instruction n’est donnée aux filles : laloi Falloux (1851) n’impose l’ouverture d’une école de filles qu’aux communes de plus de 800 habitants, et la premièreloi Duruy (1867), qui abaisse ce seuil à 500 habitants, ne concernent pas Sigoyer[45],[46]. Si les subventions accordées par la deuxième loi Duruy (1877) permettent de construire une école neuve[47], ce n’est qu’avec les lois Ferry que les petites filles de Sigoyer sont scolarisées.
Jusqu’au milieu duXXe siècle, lavigne était cultivée dans la commune, uniquement pour l’autoconsommation. Cette culture a depuis été pratiquement abandonnée, et en 2005, les surfaces plantées en vigne étaient relictuelles[48],[49].
De par sa taille, la commune dispose d'un conseil municipal de 9 membres (article L2121-2 duCode général des collectivités territoriales[53]). Lors duscrutin de 2008, il n’y eut qu’un seul tour et Michel Hernandez a été réélu conseiller municipal avec le meilleur total de 46 voix, soit 58,17 % des suffrages exprimés. La participation a été de 88,71 %. Il a ensuite été nommé maire par le conseil municipal[54].
L'élection du maire est la grande innovation de la Révolution de1789. De1790 à1795, les maires sont élus au suffrage censitaire pour 2 ans. De 1795 à 1800, il n’y a pas de maires, la commune se contente de désigner un agent municipal qui est délégué à lamunicipalité de canton.
En 1799-1800, leConsulat revient sur l'élection des maires, qui sont désormais nommés par le pouvoir central. Ce système est conservé par les régimes suivants, à l'exception de laDeuxième République (1848-1851). Après avoir conservé le système autoritaire, laTroisième République libéralise par la loi du l'administration des communes : leconseil municipal, élu au suffrage universel, élit le maire en son sein.
La population a toujours été répartie sur le territoire communal dans des bastides isolées. Le village, accroché au château n’a jamais compté une importante population. Comme dans tout le Haut Pays, la principale cause du déclin de la population, qui semble arrêté aujourd’hui, est l’exode rural : les difficultés de culture dans les régions de montagne, la pauvreté des sols et la rudesse du climat ont poussé la population à émigrer vers le sud de la Provence.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1765. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[64]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[65].
L’histoire démographique de Sigoyer est marquée par une période d’« étale » où la population reste relativement stable à un niveau élevé. Cette période dure de 1806 à 1876. L’exode rural provoque ensuite un mouvement de recul démographique de longue durée. En 1921, la commune a perdu plus de la moitié de sa population par rapport au maximum historique de 1806[67]. Le mouvement de baisse ne s'interrompt définitivement que dans lesannées 1960. Depuis, la population a crû légèrement.
Le château de Sigoyer est l'un des seuls points stratégiques sur la rive gauche : il domine le Val de Durance et permet d'observer une partie de lavia Domitia. Les campagnes de constructions se sont étendues duXIe siècle auXVIe siècle.
Il est probable qu’auXIe siècle, une simple tour soit élevée sur un éperon rocheux déjà occupé à l’époque romaine[27]. AuXIIIe siècle, cette tour est rehaussée sur voûte, et un logis lui est ajouté, flanqué dudonjon, d’une enceinte renforcée d’une tour carrée et d’une tour ronde destinée au guet, vers l’ouest et la Durance. Une chapelle est également construite dans cette enceinte. Enfin, une deuxième muraillee ceinture ce premier ensemble, avec une ferme, les écuries, et une citerne de 165 m3[38].
À la Renaissance, le château est une résidence, des bâtiments sont ajoutés pour la rendre plus confortable[38].
Aujourd'hui, d'imposantes ruines face à la vallée suggèrent encore ce qui fut sa puissance. La partie Est du château a été restaurée par un particulier, mais n'est pas classée.
Une borne interactive racontant l'histoire du château est adossée à l'église sur la place du village[56].
La rénovation est achevée en1683[34]. Elle est sous la titulature de laVierge et le patronage deJoseph (ajouté au milieu duXVIIe siècle<[76]). Son architecture est ambitieuse, selonRaymond Collier[39]. Lanef possède deuxtravées voûtées d’arêtes, tout comme lechœur. Le clocher est un clocher-mur[77]. Les chapiteaux sont réduits à une bague lisse entourée de deux moulures circulaires. Les bas-côtés, élément rare dans la construction régionale, sont voûtés d’arêtes bombés. Enfin, le chœur est voûté d’arêtes rayonnantes[39]. Elle possède, dans son mobilier :
la statue de Notre-Dame-de-l’Espavent, en bois peint en bleu et en rouge, du typeSedes sapientiae, de la même époque, également classée au titre objet[79]. Marc de Leeuw envisage qu’elle puisse être contemporaine, et sculptée par un paysan[39] ;
Une tradition était liée à la statue de Notre-Dame-d’Espavant (« Notre-Dame d’Épouvante ») : les gens qui passaient sous sa statue étaient guéris de leur lâcheté[39].
Antonin de Bernardy, marquis de Sigoyer (1788-1860), sous-préfet et poète ;
Martian de Bernardy, marquis de Sigoyer, (1824-1871), fils du précédent, commandant le 26e bataillon de chasseurs à pied, fut le sauveur dumusée du Louvre et de ses collections en1871. Chargé d'occuper le jardin des Tuileries, et apercevant l'incendie du palais au milieu de la nuit, il lança ses sections sur les barricades du Carrousel, qu'il emporta d'assaut, et employa ses troupes à éteindre le feu. Malheureusement, il fut retrouvé mort le lendemain 26 mai près de la Bastille ; son corps carbonisé (sans doute à la suite de l'écroulement d'une maison) fit croire qu'il avait été capturé et brûlé vif par les insurgés. Il est à noter que les Bernardy n'avaient plus depuis longtemps de rapports avec la commune dont ils portaient toujours le nom, assorti du titre de marquis, ayant vendu la seigneurie dès 1590[40].
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Maurice Jorda, Cécile Miramont, « Les Hautes Terres : une lecture géomorphologique du paysage et de ses évolutions », in Nicole Michel d’Annoville, Marc de Leeuw (directeurs) (photogr. Gérald Lucas, dessin. Michel Crespin),Les Hautes Terres de Provence : itinérances médiévales, Le Caire : Association Les hautes terres de Provence ; Saint-Michel-l'Observatoire : C'est-à-dire, 2008, 223 p.(ISBN978-2-952756-43-3).p. 33.
↑Dossier départemental sur les risques majeurs dans les Alpes-de-Haute-Provence (DDRM), Préfecture des Alpes-de-Haute-Provence,,, p.39.
↑a etbMinistère de l’Écologie, du développement durable, des transports et du logement,Notice communale sur la base de données Gaspar, mise à jour le 27 mai 2011, consultée le 3 août 2012.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Charles Rostaing,Essai sur la toponymie de la Provence (depuis les origines jusqu’aux invasions barbares), Marseille, Laffite Reprints, (1reéd. 1950), p.254.
↑abcd eteMarcDe Leeuw,« Sigoyer-Malpoil », dans Nicole Michel d’Annoville et Marc de Leeuw,Les Hautes Terres de Provence : itinérances médiévales, Le Caire - Saint-Michel-l'Observatoire, Association Les hautes terres de Provence - C'est-à-dire,, 223 p.(ISBN978-2-952756-43-3), p.180.
↑abc etdDaniel Thiery, « Sigoyer »,Aux origines des églises et chapelles rurales des Alpes-de-Haute-Provence, publié le 22 décembre 2011, mis à jour le 23 décembre 2011, consulté le 3 août 2012.
↑a etbHenri de Woelmont de Brumagne,Notices généalogiques, to 8, p 545-548 (1931-35, article posthume).
↑Eric Thiou,Dictionnaire des Titres... (2003), p 225 : cote AD13, B3398, folio 30 v°. Expilly,Dict. des Gaules... (1768), donne la date d'enregistrement du 15 janvier 1720 (tome 5, p 976b). Notez qu'à l'articleSigoyer (to 6 p 816), il ne cite que la famille de Roux et ne fait aucune mention du marquisat, comme s'il s'agissait d'un autre fief.
↑Patrice Alphand, « Les Sociétés populaires»,La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence,no 307,1er trimestre 1989,108e année,p. 296-298.
↑Henri Joannet, Jean-Pierre Pinatel, « Arrestations-condamnations »,1851-Pour mémoire, Les Mées : Les Amis des Mées, 2001,p. 72.