Sialkot (enourdou : le سیالکوٹ) est une ville située dans le nord de la province duPendjab auPakistan aux pieds des crêtes enneigées duCachemire près du fleuveChenab. Elle se trouve à environ 125 kilomètres au nord-est deLahore et seulement à quelques kilomètres deJammu.
« Sagala » ou « Sangala », qui désignait engrec ancien l'actuelle cité de Sialkot, auPakistan, se trouve dans le nord du Pendjab. C'était la capitale duroyaume gréco-bactrien de Ménandre Ier, fils deDémétrios. Les habitants de la région l'appelaient Sakala dans l’Antiquité.
On y retrouve le nom de Sakala, avec une rivière nommée Apaga, et un clan des Vahikas appelé clan des Djarttika (Mbh 8:44). Nakoula, se rendant à Sakala, ville des Madras, fit accepter par amour par son oncle Chalya l'audace desPandava (Mbh 2:31).
Sagala était une forteresse du Pendjab oriental, marquant la limite extrême des campagnes d’Alexandre en Asie (Pakistan).
Cette ville est mentionnée dans la geste d'Alexandre le Grand dans les colonies perses d’Asie orientale. Après avoir franchi l'Hydraotes, Alexandre, rejoint par Porus et ses éléphants ainsi que 5 000 guerriers indiens, mit le siège devant Sagala, où les Cathéens s'étaient retranchés. Une fois prise, la ville fut rasée et ses habitants mis à mort :
« Les Cathéens... disposaient d'une forte cité, du nom de Sangala, près de laquelle ils comptaient mettre leur camp. (...) Le jour suivant Alexandre fit reposer son armée, avant de marcher sur Sangala le surlendemain, où les Cathéens et leurs voisins, qui s'étaient ralliés à eux, s'étaient massés devant les murs de la ville. (...) C'est à ce même moment que survint Porus, avec le reste des éléphants et 5 000 hommes. (...) Alexandre s'en retourna vers Sangala, fit raser les remparts de la cité et s'empara de ses territoires. »
Plusieurs villes gréco-bactriennes possédaient une architecture grecque. Contrairement aux autres satrapies, les sources littéraires indiquent que les Grecs et la population autochtone de villes comme Sagala vivaient en relative harmonie, certains indigènes exerçant même des fonctions publiques et quelques Grecs se convertissant même au Bouddhisme et épousant les traditions locales.
Mais les meilleures descriptions de Sagala nous viennent duMilinda Panha, un dialogue entre le roi Ménandre et le moine bouddhiste Nagasena. Certains historiens, à l'instar de Sir Tarn, estiment que ce document est postérieur d'un siècle environ au règne du roi Ménandre, ce qui témoignerait du souvenir de prospérité et de bienveillance laissé parmi ses sujets ; cela confirme la théorie selon laquelle le souverain aurait même été considéré comme un « Chakravartin ».
Dans leMilinda-panha, la ville de Sagala est ainsi décrite :
« Il y a au pays des Yonaka un grand centre de commerce : la ville appelée Sâgala, située dans une région délicieuse, bien arrosée et vallonnée, couverte de jardins, de vergers, de lacs et de fontaines, un paradis de rivières, de montagnes et de bois. De sages architectes en ont dessiné les rues, et ses habitants ne connaissent pas l'oppression, puisque tous les ennemis et adversaires ont été vaincus. Elle est fortifiée de plusieurs tours imposantes et de remparts, avec de belles portes décorées d'arches ; au centre, la citadelle royale au murs blancs et fossés profonds. Ses rues sont tracées régulièrement, à angle droit avec des carrefours et des marchés. Les innombrables marchandises dont regorgent ses échoppes sont bien en évidence. Elle est parsemée de centaines d'aumôneries de toute taille, et de milliers de magnifiques maisons qui se dressent vers le ciel comme les montagnes de l'Himalaya. Ses rues sont encombrées d'éléphants, de chevaux, de chariots et de piétons, on y croise hommes élégants et belles femmes, et de toute condition : brahmanes, nobles, artisans et esclaves. Les rues résonnent de cris de bienvenue pour les prosélytes de toute obédience, et c'est dans cette cité que résident les grands maîtres des différentes sectes. Dans les échoppes on trouve des mousselines de Bénarès, des étoffes de Kotoumbara et des habits de toute espèce ; les bazars, où s'exhibent profusion de fleurs et de parfums, exhalent de bonnes odeurs. Il y a là quantité de pierres précieuses, tant que le cœur en peut désirer, et les guildes des marchands en tout raffinement offrent leurs marchandises sur des bazars ouverts à la face du ciel. La ville regorge tant d'argent, de plats de bronze, d'or et d'argent incrustés de pierreries, que c'en est une véritable mine aux trésor. Il s'y étale une multitude d'entrepôts plein de grains, d"aliments et de boissons de toutes sortes, de sirops et de gâteaux. Elle rivalise en richesse avec Uttara-kuru, et son éclat égale celui d’Âlakamandâ, la ville des dieux. »
— Les Questions du roi Milinda, trad. par T. W. Rhys Davids (1890)
« Alors le roi Pouchyamitra leva quatre armées et, déterminé à en finir avec la religion bouddhiste, marcha vers le pays de Kukkutarama. (...) C'est ainsi que Pouchyamitra détruisit les monastères (sangharama), fit exécuter leurs moines et reprit sa marche. Au bout d'un certain temps, il arriva à Sakala et proclama qu'il offrait 100dinars de récompense à quiconque lui apporterait la tête d'un moine bouddhiste. »
— Shramana, Açokavadana, 133 ; trad. par John Strong.
Devenu chef desHuns Hephtalites (512-528[2]),Mihirakoula, fils de Toramâna, envahit l’Inde du Nord et établit sa capitale à Sakala. Il est cité comme adorateur du dieu hindouShiva dans une inscription du temple du soleil situé dans le territoire deGwalior. D’après laRâja-taranginî, c’est un tyran d’une grande cruauté.
Elle est l'un des centres industriels principaux duPakistan, bien connu pour la fabrication et l'exportation d'instruments chirurgicaux, d'instruments de musique, d'articles de sports (notamment des balles debaseball cousues main), de maroquinerie, de textile et de nombreux autres produits.
La ville concentre ainsi les deux-tiers de la production mondiale de ballons de sports. Les conditions de travail sont souvent déplorables[3].
La population de la ville a été multipliée par plus de trois entre 1972 et 2017, passant de 203 650 habitants à 655 852 lors du recensement de 2017. Entre 1998 et 2017, la croissance annuelle se situe à 2,4 %, soit le même niveau que la moyenne nationale[4]. Selon le recensement de 2023, la population grimpe à 911 817 habitants[1].
La ville est essentiellementpendjabie, puisque près de 86 % des habitants en parlent la langue. Environ 10 % des habitants ont l'ourdou pour langue maternelle, tandis qu'on compte quelques minoritésPachtounes parlantpachto (3 %)[5].
Essentiellementmusulmane, la ville inclut une petiteminorité chrétienne, comptant plus de 50 000 fidèles, soit presque 4 % des habitants de la ville[6].
La ville compte l'un des plus fort taux d'alphabétisation du pays, à 83 % en 2023 (contre une moyenne nationale de 61 %), dont 84 % pour les hommes et 82 pour les femmes[7].
Elle est la septième plus grande ville de la province duPendjab et la douzième au niveau national.
Une université des sciences et de technologie a été installée à Sialkot (près deSambrial) avec la collaborationsuédoise. Une université médicale y a également été fondée. Un institut polytechnique et une école d'infirmiers s'y trouvent aussi.
↑Ainslie T. Embree et Friedrich Wilhelm,India : historia del subcontinente desde las culturas del Indo hasta el comienzo del dominio inglés, Volume 3, Madrid, Siglo XXI de España Editores,, 335 p.(ISBN84-323-0124-8,lire en ligne)