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| Date | au |
|---|---|
| Lieu | autour de l'Alcazar de Tolède (Espagne) |
| Issue | Victoire nationaliste décisive |
• • | •CNT/FAI •UGT |
| 1 028 gardes civils, soldats, cadets et miliciens | entre 6 000 et 8 000 miliciens |
| 91 morts env. 455 blessés 22 disparus | inconnues |
| Coordonnées | 39° 51′ 30″ nord, 4° 01′ 14″ ouest | |
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Lesiège de l'Alcazar de Tolède est un épisode de laGuerre civile espagnole qui opposa lesforces républicaines auxinsurgés ducoup d'État militaire des 17 et. Cette bataille fut l’un des combats les plus symboliques de la guerre. Elle vit s’opposer dans la ville deTolède des miliciens fidèles au gouvernement de la République aux militaires insurgés contre ce même gouvernement. Ces derniers furent forcés de se réfugier dans l'Alcazar de Tolède, siège de l'Académie d'infanterie, de cavalerie et d’intendance, avec leurs familles.
Le siège de l'Alcazar commença au lendemain du coup d'État, le, et dura jusqu'à l'arrivée destroupes africaines du général nationalisteJosé Enrique Varela à Tolède, le, venu pour libérer les assiégés. Lorsque le généralFranco entra dans la ville le lendemain, il n’en restait qu'un champ de ruines. L'Alcazar, reconstruit après la guerre, est devenu un musée et un centre administratif de l'armée espagnole.
Depuis la nouvelle du coup d'État,, on se battait dansTolède, mais la supériorité numérique des troupes loyales au gouvernement du général Riquelme et de la milice leur donnait l'avantage. Le gouverneur militaire de laprovince de Tolède, le colonelJosé Moscardó[2], se rangea du côté des insurgés, sans rendre sa décision immédiatement publique. Aux ordres du gouvernement qui, les19 et20 juillet, lui demandait d'envoyer rapidement à Madrid des armes, des munitions et des produits pharmaceutiques qui étaient en dépôt àTolède, il répondit par le silence.
Finalement, le, à7 h du matin, le capitaine de l'académie militaire lut sur la place du Zocodover, au centre de la ville, une proclamation d'« état de guerre ». Il ordonnait l'arrestation des« activistes de gauche bien connus ». Mais, craignant l'arrivée de miliciens qui, partis de Madrid, s'approchaient, Moscardó décida de s'enfermer le22 juillet dans l'Alcazar de Tolède, qui hébergeait alors l'École des cadets, avec quelques centaines de civils et de militaires. Il n’eut cependant pas le temps de mettre à l'abri sa propre épouse, qui s'était réfugiée chez un ami à la campagne, et deux de ses fils.
Le colonel Moscardó avait eu le temps d’emmagasiner des réserves avant de s'enfermer dans l'Alcazar. On y avait ainsi réuni 1 300 000 cartouches, 1 200 fusils, 38 mitrailleuses et fusils-mitrailleurs et un mortier. Pour ravitailler les assiégés, on disposait de blé et de conserves, en quantités suffisantes au prix d'un sévère rationnement. L'eau était prélevée dans les citernes, mais elle fut rationnée à raison d'un litre par personne et par jour pour la boisson, la lessive et la toilette.
Moscardó était entouré de 847gardes civils, de 185 officiers et élèves de l'École de gymnastique, de 85phalangistes et militants d'extrême droite et de 6 cadets de l'École militaire (qui, à cette époque de l'année, était en vacances). Ces militaires étaient accompagnés de 600 femmes et enfants, pour la plupart parents des assiégés, ou d'autres Tolédans, 200 « notables », 3 sœurs de la Charité et leur supérieure, mère Josepha, ainsi que deux médecins de l'armée et un chirurgien-major.
Le colonel avait également séquestré legouverneur civil, Manuel Gonzalez Lopez,« avec toute sa famille et une centaine de personnes appartenant aux milieux politiques d'extrême gauche, comme otages ». Il y avait donc en tout quelque 2 000 personnes enfermées dans l'Alcazar, véritable dédale de chambres, de salles communes, de galeries et de souterrains abrité par des murailles de 3,5 mètres d'épaisseur.
Les écuries contenaient encore 177 chevaux et 30 mulets. Leur nombre diminua graduellement, les animaux servant de viande de boucherie : au jour de la délivrance, il n'en restait plus que 10. Faute de sel, on saupoudrait les quartiers de viande avec du salpêtre gratté sur les murs[3].
Les troupes républicaines étaient composées d'environ 8 000 miliciens chargés de tenir la province de Tolède. Issus desmilices confédérales de laCNT et de laFAI ou des milices de l'UGT, ils étaient équipés de plusieurs pièces d'artillerie, de quelques voitures blindées et de quelques chars. L'aviation républicaine les appuya en menant des missions de reconnaissance et en bombardant l'Alcazar à trente-cinq reprises.
Le, les républicains contrôlaient la plus grande partie de la ville de Tolède. Ils cherchèrent tout d'abord à obtenir la reddition des défenseurs de l'alcazar : les ministres de l'Éducation et de la Guerre, puis le général Riquelme, téléphonèrent tour à tour au colonel Moscardó, sans succès. Le23 juillet,Candido Cabello, chef des milices, aurait appelé par téléphone Moscardó et l'aurait menacé de fusiller son fils de dix-sept ans, Luis, fait prisonnier le matin même. Moscardó ayant refusé de céder au chantage, les Républicains auraient exécuté Luis Moscardó[4].
C'est le journaliste pro-communiste américainHerbert Matthews qui, en1957, a le premier contesté ce récit[5]. Cette version de l'histoire présente effectivement une similitude étonnante avec la légende duXIIIe siècle d'Alonso Pérez de Guzman (1256-1309), dit Guzmanel Bueno, qui sacrifia aussi la vie de son fils, devant les murs de la forteresse de Tarifa assiégée par les musulmans au temps de laReconquista. Nombre d'historiens, dont Vilanova, Nourry etPreston, ont ultérieurement abondé dans le sens de Matthews. Le journaliste et polémiste de gaucheHerbert Southworth s'efforce de démontrer que la mort de Luis n'avait rien à voir avec le siège de l'Alcazar : Luis Moscardó aurait été exécuté le à la puerta del Cambrón avec 80 autres prisonniers, en représailles d'un raid aérien[6].
Toutefois, plusieurs historiens ont rassemblé des éléments plaidant en faveur de la réalité de la conversation téléphonique.Alfonso Bullón de Mendoza et Luis Eugenio Togores[7] affirment qu’elle a eu plusieurs témoins, du côté de Moscardó comme du côté de Cabello. De fait, dans sonHistoire de la guerre d'EspagneHugh Thomas soutient la thèse de la réalité de la conversation tout en en donnant une version moins sensationnaliste que celle répandue à l’époque[8].Bartolomé Bennassar estime lui aussi que l'entretien téléphonique entre José et Luis Moscardó a eu lieu[9], après l’avoir considéré jusqu’en 1995 comme « une pieuse légende »[10].
La ligne téléphonique n’aurait pas été coupée, mais seuls les miliciens occupant le central téléphonique de Tolède et en auraient eu le contrôle.

Au fil des jours, Moscardó fut peu à peu supplanté par le colonel de la Garde civilePedro Romero Bassart. Bien que la nourriture fût rare, il y avait de l'eau et des munitions. Les provisions furent même augmentées grâce à une razzia menée dans un grenier voisin, d'où furent rapportés deux mille sacs de blé. Du pain et de la viande de cheval composeront l'ordinaire de la garnison.
Les assiégés continuèrent même à avoir des loisirs. Ainsi, desdactylographes composaient quotidiennement le journal des assiégés,El Alcázar, simples feuillets tapés à la machine qui contenaient des reproductions de communiqués transmis par la radio, des listes de morts et de blessés ou des nouvelles de l'activité intérieure. Le14 août,El Alcázar affichait le programme du lendemain, fête nationale de l'Assomption. Le15 août, dans l'abri souterrain, les enfants purent applaudir leCirque Alcázar.
L'effectif des attaquants républicains oscillait entre 2 000 et 5 000. Il y avait parmi eux beaucoup de « touristes » de la guerre venus deMadrid pour passer l'après-midi. Les offensives républicaines furent, tout au long du mois d'août, constamment repoussées.
Pendant ce temps, les défenseurs de l'Alcazar acquéraient un grand renom. Tandis qu'ils continuait de résister, plusieurs autres foyers de résistance nationalistes cédaient : la caserne de Loyola àSan Sebastian se rendit le, les gardes civils d'Albacete furent écrasés le et la caserne des officiers deValencia fut prise d'assaut le. Le retentissement de la résistance de l'Alcazar incitaFranco à reporter l'offensive contreMadrid pour libérer les assiégés : le, la défaite de l'armée républicaine àCalzada de Oropesa permit à la colonne du colonelJuan Yague, remplacée ensuite par celle du généralJosé Enrique Varela, de marcher sur Tolède. Le, elle s’en trouvait à moins de 30 kilomètres, àTalavera de la Reina.
Le, le commandant républicainVicente Rojo Lluch, ancien professeur de l'Académie d'infanterie, transmit aux assiégés une proposition du gouvernement. Conduit devant Moscardó, il lui proposa d'accorder, en contrepartie de la reddition, la liberté à toutes les femmes et aux enfants et un jugement en conseil de guerre pour les hommes. Moscardó refusa fermement[11].
Le, le père Enrique Vazquez Camarrasa, connu pour ses sympathies de gauche, se présenta pour une visite de trois heures. Il célébra la messe, écouta les participants en confession publique et se rendit au chevet des blessés pour leur donner l'absolution et les derniers sacrements. Avant de partir, il renouvela les propositions du commandant Rojo, toujours sans succès[12].
Le12 septembre, c'est l'ambassadeur duChili en Espagne, José Ramón Gutiérrez, qui chercha à s'entremettre, mais il essuya lui aussi un échec.
Du 16 au, les républicains entreprirent de mettre un point final à la résistance en creusant des galeries sous les murs d'enceinte afin de poser des mines sous chacune des deux tours jouxtant la cité. On fit évacuer les civils en vue de l'assaut et on invita des correspondants de guerre à venir assister à la chute de l'Alcazar.
Le à l'aube, 86 obus de 15,5 tombèrent sur l'Alcazar. À7 h du matin, la grande tour sud-ouest fut soufflée par l'explosion d'une mine actionnée parFrancisco Largo Caballero en personne et s'écroula, mais l’explosion ne causa que peu de pertes chez les combattants. Une deuxième mine placée sous la tour nord-est fit long feu. Près de 2 500 hommes et 1 500 miliciens parfaitement équipés avec deux chars blindés, un grand char d'assaut, un canon de 75, 16 mitrailleuses et neuf mortiers passèrent à l'attaque. Quatre attaques furent successivement lancées, mais elles furent toutes repoussées par les défenseurs.
Les assauts reprirent le, mais la progression fut lente. À5 heures du matin, le, les Républicains s'emparèrent par surprise des bâtiments au nord, après avoir envoyé des bombes et des grenades. Repoussés, ils revinrent quelques heures plus tard avec un char. Après 45 minutes, l'assaut se solda par un nouvel échec.

Le, l'armée franquiste parvint à quelques kilomètres de Tolède. Craignant d'être encerclés, les Républicains commencèrent à abandonner la ville, et l'Alcazar connut une certaine accalmie malgré quelques bombes et quelques tirs isolés. Au soir du, à19 h, les éclaireurs desregulares du généralJosé Enrique Varela entrèrent dans la ville.
Le lendemain, à l'aube, le général Varela, ganté de blanc, était salué sur l'esplanade par les combattants rangés en carré. Moscardó déclara à Varela, reprenant le mot de passe des insurgés aux premiers jours de l'insurrection :
Le, Franco vint à son tour exprimer à Moscardó et à ses compagnons la reconnaissance des nationalistes :
Un clairon sonna l'appel aux morts. À l'annonce de chaque nom, un camarade du défunt répondait : « Mort à l'Alcazar ! »
D'après le journal intime de Moscardó, il y a eu en tout, parmi les défenseurs, 86 morts tous grades confondus, 455 blessés, deux morts naturelles, trois suicides et quelques disparitions (probablement des désertions). Il y a eu également deux naissances pendant le siège.
Pendant que les vainqueurs se congratulaient, lesregulares « nettoyaient » les postes républicains. Ils s'emparaient des miliciens, les dépouillaient et les passaient par les armes. Les hommes étaient examinés pour vérifier leur participation aux combats[14]. Les « Maures » de Franco pillèrent la ville, provoquant la fuite d'une partie de la population tolédane.
La victoire nationaliste de l'Alcazar ne fut qu'un épisode de la guerre civile espagnole, mais elle marqué les mémoires. Moscardó survécut vingt ans à son exploit. Général de l'armée d'Aragon, puis, la paix revenue, attaché militaire de Franco etcapitaine général de l'Andalousie en 1946, nommé comte de l'Alcazar en 1948, il mourra en 1956. Sa dépouille sera déposée dans la citadelle restaurée, dans la même tombe que son fils Luís.
Parvenu àMaqueda, presque aux portes de Madrid,Franco dévia une partie de ses troupes versTolède pour y désencercler l’Alcazar assiégé par les républicains. Cette décision controversée, qui donna aux républicains le temps de renforcer les défenses de Madrid, lui vaudra un grand succès personnel de propagande. L’Alcazar était un foyer de résistance nationaliste où, dans les premiers jours du soulèvement, un millier degardes civils et dephalangistes étaient allés se retrancher avec femmes et enfants, et d’où ils opposaient à leurs assaillants une résistance acharnée. Après les avoir libérés le, le camp fasciste s’appliqua à transformer cette opération en légende, confortant encore la position de Franco parmi les chefs rebelles. La photo le montrant aux côtés deJosé Moscardó et deVarela occupé à parcourir les ruines de l’Alcazar et serrant les survivants dans ses bras fera le tour du monde et lui servira à se faire reconnaître comme le chef de l’insurrection militaire[15],[16].

Le choix stratégique de donner la priorité aux assiégés de l’Académie militaire de Tolède au détriment de Madrid a été critiqué, mais Franco était pleinement conscient du retard que causerait cette décision[17]. Il voulut profiter de l’effet qu’aurait sur son prestige le sauvetage de l’Alcazar, à un moment où était débattu l’intérêt d’une direction militaire unique et où les généraux nationalistes devaient prendre une décision définitive sur l’unification du commandement militaire, et par extension, sur la nature du pouvoir politique qui allait être instauré dans la zone nationaliste. Franco aspirant à prendre le pouvoir[18],[19] , il avait intérêt à délivrer les héros assiégés de Tolède et à apparaître de la sorte comme leur libérateur[20]. Il dira lui-même à ce sujet : « nous avons commis une erreur militaire et l’avons commise délibérément. Prendre Tolède exigeait que nous déviions nos forces de Madrid. Pour les nationalistes espagnols, Tolède représentait un sujet politique qu’il fallait résoudre »[21]. D’autres, comme Kindelán, ont mis en avant un autre motif, à savoir l’accomplissement d’un devoir sacré, « un objectif de caractère spirituel », et ce sans préjudice majeur pour Madrid, qui n’aurait dû sa survie qu’à l’intervention « de forces internationales rouges », circonstance imprévisible à ce moment-là[22],[23].Brian Crozier indique que Franco, ancien élève de l’Académie de Tolède, se sentait concerné affectivement par la menace qui pesait sur les cadets. En outre, la ville, longtemps capitale impériale de l’Espagne, était sur le plan symbolique un enjeu essentiel. Peut-être, avec le sens politique dont il commençait à faire preuve, préféra-t-il les vertus de la communication à celles de l’héroïsme hasardeux. D’autres auteurs, notammentMax Gallo, y ont perçu la manifestation du machiavélisme supérieur de Franco et la décision mûrement réfléchie de prolonger la guerre pour avoir le temps d’asseoir définitivement son pouvoir[24] : la prise de Madrid aurait été trop précoce et n’aurait pas permis d’écraser totalement l’adversaire ; pour atteindre cet objectif, il fallait que la guerre durât[25]. Si donc Franco s’attachait bien à organiser la victoire de son camp, il allait le faire sans hâte excessive, car il lui fallait laisser mûrir son prestige et asseoir son pouvoir[26].Paul Preston souligne lui aussi que la prise de Madrid fin septembre eût sans doute signifié la fin de la guerre, rendant dès lors inutile de créer un commandement unique ; le Directoire des généraux aurait sans doute dû sans tarder résoudre le problème de la nature de l’État, avant que Franco eût obtenu la position privilégiée qu’il souhaitait[27]. Une déclaration faite par Franco en semble pointer dans le même sens :
« Dans une guerre civile, une occupation systématique du territoire, accompagnée du nettoyage nécessaire, est préférable à une défaite rapide des armées ennemies qui laisse le pays infesté d’adversaires »
— Francisco Franco[28].
Pour d’autres auteurs, la priorité donnée par Franco à la libération de l’Alcazar était dans une certaine mesure fondée sur ses souvenirs dudésastre d’Anoual de 1921, quand de grandes unités avaient été abandonnées à leur sort, et surtout sur sa conviction que les facteurs politiques et psychologiques avaient une importance particulière dans une guerre civile[29]. Ces auteurs démontent l’argument selon lequel Franco aurait commis une erreur opérationnelle très grave en retardant d’une semaine la marche sur Madrid afin de libérer l’Alcazar, stratégiquement secondaire. Certes, au début d’octobre, Madrid n’avait pas de défenses fortes et aurait pu être prise facilement, avant que la situation militaire ne change une semaine après ; toutefois, on ignorait alors l’arrivée des armes soviétiques et du personnel spécialisé appelé à s’engager dans le combat quelques semaines plus tard ; jusqu’à fin octobre, c’est-à-dire quand les armes soviétiques et les spécialistes militaires étaient entrés en action en force, Franco n’était pas conscient de l’ampleur de l’intervention soviétique[30]. D’autre part, il apparaît douteux qu’une avancée résolue et concentrée sur Madrid dès septembre, avec les flancs peu protégés, avec une logistique faible, et en dédaignant totalement les autres fronts, eût permis à Franco de s’emparer rapidement de la capitale et de mettre ainsi abruptement un point final à la Guerre civile. En pratique, il était improbable que Franco adopte une stratégie aussi audacieuse, car cela allait à l’encontre de ses principes et de ses habitudes, et surtout de ce qu’il avait appris au Maroc[31]. De toute façon, il n’avait pas, à la fin de septembre, la possibilité de lancer en toute sécurité un assaut sur Madrid, car il ne pouvait pas s’appuyer sur une concentration de troupes suffisante. Le retard d’un mois ne s’explique pas uniquement par la libération de l’Alcazar, mais aussi, et principalement, par les ressources limitées des nationalistes, en plus de la nécessité d’affecter des renforts à d’autres fronts où ils étaient en danger. Aucun élément probant ne vient à l’appui de la thèse selon laquelle Franco avait pour principal motif, en libérant l’Alcazar, de faire un gros coup de propagande pour renforcer sa candidature au commandement unique, d’autant plus que son élection par laJunta de Defensa n’était en réalité nullement conditionnée par la libération de l’Alcazar[32]. Enfin, en donnant, au détriment de l’assaut contre Madrid, la priorité à la conquête de la zone républicaine nord, enclavée, où se trouvait la majeure partie de l’industrie lourde et des mines de charbon et de fer, une population qualifiée et l’essentiel de l’industrie d’armement, Franco faisait basculer l’équilibre des forces en sa faveur[33].
Quelles qu’aient été ses intentions, la libération de l’Alcazar représente selon Andrée Bachoud « le coup médiatique de la Guerre civile. Toute guerre a besoin du symbole qui la transforme en geste : le siège de l’Alcazar fournit la légende et les héros qu’il fallait à Franco et à son camp. C’est une formidable opération de communication, qui pour une partie de l’opinion étrangère effaça au moins partiellement le scandale des massacres »[34]. Quand Franco pénétra dans la citadelle libérée, il fut acclamé aux cris de « Vive Franco, vive l’Espagne ! »[35]. À l’approche de l’importante réunion du directoire militaire, aucune autre personnalité militaire ou civile du camp fasciste ne pouvait faire concurrence à Franco, qui jouissait de la confiance des milieux conservateurs et capitalistes, et de l’armée[36].
En, durant laguerre d'Algérie et à la suite de lasemaine des barricades est créé, à Alger, le « commando Alcazar » composé de nationalistes français insurgés et dont le nom, choisi parPaul Delouvrier, est une référence directe au siège de l’Alcazar.